Livre:Croître dans la grâce/Chapitre 3

De mipe
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« L’Éternel, ton Dieu, au milieu de toi, est puissant ; il sauvera ; il se réjouira avec joie à ton sujet : il se reposera dans son amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe »

Le glanage, nous l’avons vu, constitue le grand sujet du deuxième chapitre ; dans les chapitres 3 et 4, c’est le repos qui est le thème central. Dans le premier verset du chapitre 3, ce repos est mentionné en relation avec Ruth : « Ma fille, ne te chercherai-je pas du repos ? ». Dans le dernier verset, il apparaît en relation avec Boaz : « l’homme n’aura pas de repos qu’il n’ait terminé l’affaire aujourd’hui ».

Il y a sans aucun doute un progrès méthodique dans les vérités présentées dans les quatre chapitres du livre de Ruth.

Dans le chapitre premier, Ruth représente la foi, l’amour et l’énergie consacrée d’une âme nouvellement convertie.

Dans le chapitre 2, Ruth est une image de la croissance dans la grâce, par laquelle le croyant fait des progrès spirituels.

Dans le chapitre 3, Ruth recherche la paix du cœur, qui seule donne satisfaction au croyant.

Dans le chapitre 4, l’histoire de Ruth se termine sur le repos atteint, et montre comment Christ et le croyant parviennent au repos de Dieu.

I

Glaner dans les champs de Boaz et recevoir les bénédictions de ses propres mains, aussi heureux et juste que cela soit, ne peut donner une entière satisfaction et un repos parfait ni au cœur de Boaz, ni à celui de Ruth. Rien ne saurait mettre le cœur en repos hormis la possession de l’être aimé. C’est pourquoi, dans le chapitre 3, Ruth cherche à gagner Boaz, et Boaz ne ménage pas ses efforts pour faire sienne la jeune femme. L’amour ne se satisfait jamais des dons, si précieux soient-ils, il lui faut le donateur.

Boaz, jusqu’ici, a montré dans son comportement à l’égard de Ruth une grâce merveilleuse. Il a mis à sa disposition ses champs, son grain, ses jeunes filles et ses jeunes hommes. Il lui a donné de l’eau de son puits, du grain rôti de sa table, et des poignées tirées des gerbes intentionnellement. Si toutes ces bénédictions ont permis de gagner la confiance de Ruth et de réveiller ses affections, elles n’ont cependant pas satisfait son cœur. Une fois les affections conquises, rien d’autre que la possession de la personne qui les a suscitées ne saura combler le cœur. Cela vaut tant pour les relations humaines que pour les relations divines. Nous le répétons, la grâce et les faveurs par lesquelles Boaz a su éveiller les affections de Ruth ne pouvaient en elles-mêmes satisfaire ces affections. C’est la possession de celui qui bénit et non pas les bénédictions, qui comble le cœur.

Telles sont les voies du Seigneur à l’égard des croyants. Il agit à notre égard de façon à nous amener à la conviction qu’Il est plus grand que toutes les bénédictions qu’Il octroie. Heureux sommes-nous lorsque nous avons appris que les bénédictions ne peuvent apporter de satisfaction en elles-mêmes. Christ seul peut satisfaire le cœur.

N’est-ce pas cette grande leçon que Pierre dut apprendre en Luc 5 ? Le Seigneur accorda à Pierre une grande bénédiction temporelle. Il lui donna de faire la plus grande prise de poissons de sa vie. C’était une bénédiction si considérable qu’elle ne pouvait être contenue dans ses filets et son bateau, mais c’est précisément par ce don que le Seigneur se révéla à Pierre de telle façon qu’Il devint dans l’estime de Son disciple plus grand que la bénédiction octroyée. Nous lisons en effet immédiatement après : « ils quittèrent tout et le suivirent ». Quoi ? Laisser les poissons donnés par le Seigneur ? Oui, Pierre abandonna tout — filet, bateau, poissons — pour suivre le Seigneur. S’il est une prise que Pierre avait le droit de garder pour lui, c’était bien celle que le Seigneur lui avait donnée ! Mais il laissa la bénédiction pour suivre Celui qui en est la source.

Une autre humble croyante fit la même expérience : Marie de Magdala. Elle avait été entièrement soumise au pouvoir du diable, puisque le Seigneur avait chassé d’elle sept démons. Si elle avait été richement bénie, son cœur s’était attaché à la source de ses bénédictions. C’est pourquoi, au matin de la résurrection, alors que les disciples s’en étaient retournés chez eux, Marie se tenait près du sépulcre, dehors, et pleurait. Les bénédictions reçues ne lui suffisaient pas ; elle ne pouvait trouver aucun repos dans ce monde sans Christ. Heureuse avec Lui, elle était inconsolable sans Lui.

De la même manière, le Seigneur s’occupa d’un homme qui avait autrefois blasphémé le nom de Christ et persécuté les saints. La grâce le toucha et le bénit de telle façon que Christ devint pour lui plus grand que toutes les bénédictions qu’il pouvait recevoir de Lui. Tout son désir se trouve exprimé dans ces mots : « que je le connaisse, lui », et « afin que je gagne Christ ». Connaître toutes les bénédictions sur lesquelles Christ lui avait donné des droits ne pouvait le satisfaire ; il lui fallait connaître le donateur des bénédictions. Il ne lui suffisait pas de gagner le ciel, il lui fallait gagner Celui qui lui en avait assuré l’accès.

Nous sommes malheureusement bien lents à apprendre que Christ, et Christ seul, peut satisfaire nos cœurs. Parfois, nous cherchons notre repos dans nos bénédictions spirituelles. Nous consacrons nos efforts à maintenir dans nos âmes la joie ressentie à notre conversion, et le sentiment des bénédictions reçues. Mais s’il est légitime de jouir de son salut, de tels efforts sont tous voués à l’échec. Nous ne pouvons jouir des bénédictions en dehors de Celui qui les dispense ; Dieu n’a jamais eu une telle intention pour nous. Toutes les bénédictions reçues ont leur source en Christ, et ne peuvent être goûtées qu’en Sa compagnie.

D’autres cherchent leur satisfaction dans une activité débordante. Il est certes souhaitable d’être occupés au service du Seigneur, mais si ce service est effectué dans le but de trouver le repos, nous nous apercevrons, comme Marthe, qu’il nous distrait plutôt. Le service est bon en soi, mais il ne satisfait pas le cœur.

D’autres encore cherchent quelque satisfaction passagère dans les choses vaines de ce monde, mais seulement pour réaliser que plus nous nous entourons des choses terrestres, plus nous augmentons nos soucis, au lieu de trouver du repos. Le prophète déclare avec raison : « Levez-vous et allez-vous-en ! Car ce n’est pas ici un lieu de repos, à cause de la souillure » (Mich. 2, 10). Nous le répétons, seul Christ peut satisfaire le cœur.

Ainsi, pour une raison ou une autre, nous sommes contraints d’admettre qu’en tant que chrétiens, nous ne connaissons guère la satisfaction du cœur. Certes, tout vrai chrétien est sauvé, mais c’est une chose d’être sauvé, et une autre d’être satisfait. Une fois sauvés par l’œuvre de Christ, nous ne pouvons trouver de satisfaction qu’en la personne de Christ. La mesure dans laquelle nous jouissons de la compagnie de Christ est aussi la mesure de notre repos et de notre satisfaction. La satisfaction parfaite, nous ne la connaîtrons que lorsque poindra l’aurore de ce grand jour dont il est dit : « Les noces de l’Agneau sont venues ; et sa femme s’est préparée » (Apoc. 19, 7). C’est en mystère que cette grande vérité nous est présentée à la fin de la belle histoire de Ruth. Les deux premiers chapitres ont montré, en image, comment l’amour pour Christ est réveillé. Les deux derniers nous enseignent comment l’amour peut être satisfait.

II

Commençons par relever l’instruction donnée à Ruth aux versets 1 à 5. Naomi enseigne à la jeune femme le secret du repos, dans le but de lui assurer le bonheur. Tout d’abord, elle dirige les pensées de Ruth sur la personne de Boaz, lui disant qui il est et ce qu’il fait. Elle déclare qu’il est « de nos amis ». Elle clame en quelque sorte : « Boaz est des nôtres et nous avons des droits sur lui ». Ainsi, nous avons le privilège de pouvoir considérer Christ comme « nôtre » : Il est devenu chair, a habité au milieu de nous, est mort pour nous et, après Sa résurrection, Il nous appelle Ses frères. Il peut dire à Marie : « Va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu ».

Deuxièmement, Naomi dit à Ruth ce que Boaz est en train de faire : « Voici, il vanne cette nuit les orges dans l’aire ». De même, notre divin parent, notre Boaz, passe toute la longue et sombre nuit de l’époque actuelle, si l’on ose s’exprimer ainsi, à vanner Son orge. Le Seigneur Jésus ne s’occupe pas de la balle aujourd’hui. Il le fera en jugement dans un jour futur ; pour le présent, Il s’occupe des siens, « il vanne les orges ». En d’autres termes, Il sanctifie Son Assemblée, afin de se la présenter à Lui-même sans tache, ni ride, ni rien de semblable. Le Seigneur dans les cieux s’emploie pour les siens en vue du jour qui va poindre.

Après avoir rappelé à Ruth ses droits sur Boaz, Naomi poursuit son instruction en lui montrant quel état convient à la présence de Boaz. Si nous réalisons que nous sommes de la parenté de Christ, que nous Lui appartenons et qu’Il est pour nous, nous désirerons sûrement Sa compagnie. Mais la conscience de Sa présence réclame un état d’âme approprié, que les instructions de Naomi à Ruth nous décrivent de manière imagée : « Lave-toi donc, et oins-toi, et mets sur toi tes habits ».

La première condition nécessaire, « lave-toi », ramène nos pensées au lavage des pieds en Jean 13. Jean doit d’abord avoir les pieds lavés avant de pouvoir se pencher sur le sein de Jésus. Le lavage des pieds précède nécessairement le repos du cœur. Le Seigneur a dû déclarer à Pierre : « Si je ne te lave, tu n’as pas de part avec moi » (Jean 13, 8). Son œuvre nous a acquis une part en Lui, mais pour avoir une part avec Lui, pour jouir de la communion avec Lui dans la demeure où Il est allé, nous devons avoir nos pieds lavés, et nous sommes malheureusement si souvent négligents sur ce point-là. Nous permettons aux influences néfastes et polluantes du monde de s’infiltrer furtivement en nous et d’entraîner nos affections vers les choses de la terre.

Lorsque le lavage des pieds est négligé, les souillures s’accumulent jusqu’à encombrer notre esprit et émousser nos affections à tel point que notre communion avec Christ devient chose rare, voire inconnue. Soyons attentifs à l’avertissement du Seigneur : « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites ». Il ne suffisait pas à Ruth d’accepter l’instruction de se laver ; encore fallait-il qu’elle s’exécute. De même, les bienfaits que nous pouvons retirer de Jean 13 ne résident pas dans la connaissance de la vérité présentée dans ce chapitre, mais dans sa mise en pratique.

Mais il faut plus encore. Après s’être lavée, Ruth doit aussi s’oindre. Il ne suffit pas de purifier nos esprits des influences polluantes, il nous faut aussi nous souvenir de l’exhortation de l’apôtre : « Au reste, frères, toutes les choses qui sont vraies, toutes les choses qui sont vénérables, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne renommée — s’il y a quelque vertu et quelque louange — que ces choses occupent vos pensées » (Phil. 4, 8). Le lavage est un acte négatif, dans le sens qu’il élimine la souillure. L’onction est un acte positif, qui dégage un parfum agréable. Non seulement il est nécessaire de purifier nos esprits et nos affections des mauvaises influences, mais il faut aussi les occuper des choses de Christ, pour que nous répandions autour de nous une odeur de Christ, qui convienne à Sa présence.

Après la mention de l’onction, Naomi ajoute : « mets sur toi tes habits ». Cela ne nous parle-t-il pas du fin lin, qui symbolise la justice pratique des saints ? Si le verset 8 de Philippiens 4 nous parle de l’onction, le verset 9 ne nous donne-t-il pas une réponse quant à la justice pratique ? « Ce que vous avez et appris, et reçu, et entendu, et vu en moi — faites ces choses… ». Le mot-clé de Philippiens 4, 8 est « pensées » ; le mot-clé du verset 9 est « faites ». Si nous avions un plus grand sentiment de la beauté de Christ, ne désirerions-nous pas plus ardemment Sa compagnie et la jouissance consciente de Sa présence ? De tels désirs nous exerceraient encore davantage à garder nos pensées, nos affections, nos paroles et nos voies pures de toute souillure, et à nous occuper de ce qui sied à Christ.

Une fois Ruth rendue propre à la présence de Boaz, sa ligne de conduite est claire : elle doit se coucher aux pieds de Boaz et écouter ses paroles car, comme Naomi le dit, « lui, te fera connaître ce que tu auras à faire » (Ruth 3, 4). Cela ne nous transporte-t-il pas dans nos pensées à cette heureuse scène de Béthanie, décrite en Luc 10, où nous voyons Marie assise aux pieds de Jésus et écoutant Sa parole ? N’est-ce pas ce qui fait tant défaut aujourd’hui ! Dans l’agitation et le stress de la vie, il ne reste guère de temps pour se retrouver seul avec le Seigneur et écouter ce qu’Il veut nous dire. Puissions-nous entendre Sa voix à travers Naomi, et répondre comme Ruth : « Tout ce que tu as dit, je le ferai » (v. 5). Ainsi, lavés, oints, et revêtus, nous pourrons nous asseoir en Sa présence et écouter Sa Parole.

III

Une fois Ruth aux pieds de Boaz, le récit se concentre naturellement davantage sur ce que fait ce dernier. Boaz va travailler à satisfaire les désirs que son amour et sa grâce ont suscités, mais il va aussi agir en vue de la satisfaction de son propre cœur. Tout cela évoque à nos yeux le mystère beaucoup plus profond de Christ et de Ses désirs envers Son Église. Rien ne saura satisfaire Son cœur si ce n’est d’avoir les siens avec Lui et semblables à Lui. Son amour doit jouir de la compagnie de Ses bien-aimés. Nous allons au ciel parce que c’est l’amour qui nous désire là. Il n’a pas suffi au cœur du père d’ôter les haillons du fils prodigue et de suppléer à ses besoins ; il le voulait en sa propre compagnie, dans une tenue convenant à sa présence, revêtu de la plus belle robe, avec des sandales à ses pieds et un anneau à sa main. De même, le cœur de Christ ne saurait se contenter de nous délivrer du jugement et de nous purifier de nos péchés : Il veut nous avoir avec Lui et semblables à Lui.

C’est dans ce but qu’Il rassemblait les âmes autour de Lui tandis qu’Il traversait ce monde ; en effet, lorsqu’Il appela les douze, c’était en premier lieu pour qu’ils soient « avec lui » (Marc 3, 14).

Cela a été l’objet de Sa prière en Jean 17 : « Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi » (v. 24).

C’est dans ce but qu’Il est mort, « afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui » (1 Thess. 5, 10).

C’est également ce qu’Il poursuit aujourd’hui dans Son service à notre égard, nous lavant les pieds pour que nous ayons une part avec Lui.

C’est aussi ce qu’Il a en vue lorsqu’Il recueille l’un de Ses saints : Il veut lui donner d’être « avec Christ ».

Finalement, lorsque le Seigneur viendra sur la nuée pour nous prendre auprès de Lui, ce sera, afin que là où Il est, nous soyons aussi, pour « toujours avec le Seigneur ».

Telle est la vérité que nous apprenons à Ses pieds. Non seulement que nous Le désirons, mais que Lui nous désire. S’il n’est guère étonnant que nous soupirions après Lui, Son désir à notre égard restera un éternel sujet d’émerveillement. Marie apprit à Ses pieds qu’Il peut se passer de tout notre service, mais non pas de nous-mêmes. « Je suis à mon bien-aimé, et son désir se porte vers moi » (Cant. 7, 10) est la vérité — combien grande et glorieuse — que nous apprenons à Ses pieds. C’est de cette même vérité que nous parle Ruth, car aux pieds de Boaz, la jeune femme apprit non seulement qu’elle languissait auprès de lui, mais que lui aussi la désirait. Émerveillée par cette découverte, Ruth peut désormais attendre et laisser Boaz terminer l’affaire (v. 18).

IV

La démarche qu’entreprend Boaz pour assurer le repos et la satisfaction de son propre cœur comme de celui de Ruth est très significative. Il y a d’abord ce qu’il fait avec Ruth, puis l’œuvre qu’il fait pour Ruth. Au chapitre 2, il gagne son affection ; au chapitre 3, il lui donne la hardiesse de chercher à satisfaire l’affection qu’il a suscitée.

Après avoir refusé tout autre et suivi Boaz, elle reçoit en premier lieu l’assurance de la bénédiction : « Bénie sois-tu » (v. 10). Deuxièmement, Boaz enlève de son cœur tout vestige de crainte, en lui disant : « Ne crains pas » (v. 11). Puis il l’assure que tous les obstacles à l’accomplissement de son propos seront surmontés (v. 12, 13). Entre-temps, il pourvoit richement à ses besoins et lui donne six mesures d’orge. Lorsque Ruth avait cherché sa propre bénédiction, elle avait obtenu une mesure d’orge (Ruth 2, 17) ; mais lorsqu’elle recherche la personne même de Boaz, elle en obtient six. Notons toutefois qu’il y en a six seulement, et non pas sept, le nombre parfait. L’orge, en quelque quantité que ce soit, ne saurait procurer une satisfaction complète.

C’est ainsi également que le Seigneur agit envers les siens aujourd’hui. N’y a-t-il pas une bénédiction spéciale en réserve pour ceux qui ont appris le grand secret que le Seigneur nous désire pour Lui-même ? Cette certitude n’enlève-t-elle pas toute crainte de nos cœurs ? Ne nous donne-t-elle pas au contraire une sainte hardiesse, ainsi que l’assurance que nul obstacle ne saurait empêcher l’accomplissement de Son propos à notre égard ? En attendant, Il supplée à tous nos besoins, et nous rend ainsi capables de demeurer tranquilles, dans la ferme conviction qu’Il n’aura pas de repos tant qu’Il n’aura pas terminé ce qu’Il a commencé. « Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre, l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ » (Phil. 1, 6).

V

Dans le dernier chapitre, nous voyons comment Boaz œuvre en faveur de Ruth. Dans ce labeur, Ruth n’a aucune part. Boaz est seul lorsqu’il monte « à la porte » (v. 1). La porte d’une ville est l’endroit où s’exerce le jugement. En effet, la justice doit être satisfaite avant que Ruth puisse être bénie ou le dessein de Boaz réalisé. À la porte, Boaz répond à tout et règle tous les points qui peuvent être soulevés. Dix témoins sont convoqués. Boaz leur enjoint de s’asseoir, comme ils n’ont rien d’autre à faire que de constater l’incapacité du propre parent, tout en prenant acte que ses droits ont été pleinement reconnus et satisfaits. Ne voyons-nous pas là une image de l’œuvre puissante de notre grand Rédempteur, qui monta seul « à la porte », le lieu du jugement ? Là, sur la croix, Il régla toute question entre le croyant et Dieu. Là aussi, Il démontra pleinement l’incapacité de la loi de répondre à notre situation, tout en reconnaissant ses justes exigences et en y satisfaisant.

Une fois tout obstacle écarté, le jour des noces arrive, où « Boaz prit Ruth, et elle fut sa femme » (v. 13). « Et tout le peuple qui était à la porte, et les anciens, dirent : Nous en sommes témoins » (v. 11). Ils sont témoins de la bénédiction de Ruth, mais ils attribuent la puissance et la gloire à Boaz : « Deviens puissant en Éphrata, et fais-toi un nom dans Bethléhem » (v. 11).

L’heureuse conclusion de l’histoire de Ruth est une très belle préfiguration de ce grand jour en vue duquel l’Église a été fiancée à Christ, et que nous attendons encore, ce jour duquel nous lisons : « les noces de l’Agneau sont venues ; et sa femme s’est préparée ». En contemplant cette grande vision, le prophète Jean entend à nouveau, si l’on peut dire, la voix de « tout le peuple qui était à la porte, et des anciens », s’élever en louange, quoique la louange soit maintenant amplifiée en un chant d’une puissance infinie, puisque Jean entend « comme une voix d’une foule nombreuse, et comme une voix de grandes eaux, et comme une voix de forts tonnerres, disant : Alléluia ! car le Seigneur, notre Dieu, le Tout-puissant, est entré dans son règne. Réjouissons-nous et tressaillons de joie, et donnons-lui gloire » (Apoc. 19, 6, 7).

Le jour des noces de l’Agneau constituera la réponse magistrale à l’œuvre de la rédemption. La gloire répond à la croix. Ce jour-là, l’Épouse sera infiniment bénie, mais c’est à l’Agneau que seront la puissance et l’honneur. Toute la gloire Lui reviendra, mais plus encore, le Seigneur Jésus verra en ce jour-là le fruit du travail de Son âme et sera satisfait. Nous aussi, nous verrons Sa face en justice et serons rassasiés de Son image (cf. Ps. 17, 15).