Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 40

De mipe
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1830

… Il est écrit : « Quand le Fils de l’homme sera venu, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». Si c’est un sujet de honte pour nous que d’avoir si mal employé le talent qui nous était confié, nous pouvons néanmoins nous réjouir de ce que l’Église n’est pas inconnue à son Seigneur. Si les Juifs sont encore « bien-aimés à cause des pères », combien plus le sommes-nous à cause du Fils. N’est-Il pas toujours la tête et l’Époux de Son Église, le Sauveur du corps ? Il aime encore celle pour laquelle Il s’est livré ; Il la sanctifie et Il la purifie encore ; Il regarde encore au temps où Il se la présentera glorieuse, cette Église, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais au contraire sainte et irrépréhensible ; Il l’aime encore comme Lui-même ; Il la nourrit et la soigne encore tendrement, comme étant l’ensemble des membres de Son corps, comme étant de Sa chair et de Ses os ; Il demeure étroitement uni à Son Épouse, car les deux sont un seul esprit. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui ». Considérés individuellement, nous sommes fils et filles du Seigneur tout-puissant ; mais, comme Son corps, l’Église, nous sommes Son Épouse céleste (voyez Apoc. 21, 9). C’est là ce que l’apôtre appelle « un grand mystère » ! Tout ce qui est dit de l’épouse terrestre, de la Jérusalem glorifiée, est vrai aussi de l’épouse spirituelle, de la « Jérusalem d’en haut ». Quoique aucun individu, ou aucun corps composé d’individus ne soit infaillible, l’infaillibilité demeure cependant dans l’Église, parce que tous ceux en qui est l’Esprit ont un docteur infaillible ; quoique aucun individu, ou aucun corps composé d’individus, ne possède la toute-puissance, la toute-puissance demeure cependant dans l’Église, car c’est un Dieu de puissance qui habite au milieu d’elle, c’est pourquoi « les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ». Qu’il est intéressant de chercher à connaître Jésus comme homme ! D’éternité en éternité, Il possède une connaissance toujours parfaite et sans possibilité d’accroissement, par laquelle Son œil scrutateur parcourt la terre et l’enfer, et pénètre jusqu’au fond des plus insondables profondeurs ; mais, comme homme, Il possède une connaissance dans laquelle Il croissait en même temps qu’Il croissait en années, et c’est de cette connaissance, intimement unie à Son amour, « qu’Il connaît ses brebis ». C’est l’amour qui L’a amené dans l’école où nous sommes, et qui lui en a fait parcourir toutes les classes. C’est l’amour qui L’a initié à la connaissance de la mort et du tombeau. C’est par l’amour qu’Il s’est tellement identifié avec les tentations individuelles de toute Sa famille, qu’Il peut dire à tous : « Venez à moi, et vous trouverez du repos pour vos âmes ». Son cœur est plein de sympathie, et Il se souvient de chaque leçon apprise sous la verge. Sa connaissance infinie le rend capable de tenir les rênes du gouvernement, et de présenter dans tous les instants, à Son Père, des millions de Ses créatures. Il poursuit de Ses miséricordes ceux qui se perdent, jusqu’à ce qu’ils se précipitent dans l’abîme de la destruction. Il connaît nos besoins jusque dans les moindres détails, et Il sait par Sa propre expérience que Son alliance nous est absolument nécessaire et qu’il nous faut dans tous les instants toute Sa grâce, tout Son amour, toute Sa vérité et toute Sa justice. Nous expérimentons ce qu’est Sa connaissance, dans la justesse avec laquelle Il adapte à nos besoins multipliés et divers ce qu’Il veut accorder, tout en nous rendant capables de tout recevoir de Sa main. Souvent Il nous fait voir qu’Il prend note de nos péchés, soit en nous jetant à la figure quelques étincelles de l’enfer, comme lorsqu’Il regarda Pierre, soit aussi en les éteignant par Sa tendresse, comme lorsqu’Il lui demanda par trois fois : « M’aimes-tu ? ». Nous pouvons avoir faim et soif, mais à la fin nous serons rendus capables de recevoir tous les trésors de sagesse et de connaissance qui sont cachés en Lui pour nous. Les anges n’ont pas cette capacité-là. « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux ». Nous désirons acquérir la connaissance de notre Maître, mais nous ne voudrions pas passer par la même discipline que Lui ; nous sommes bien des écoliers, mais nous ne sommes pas des écoliers assez ambitieux. C’est avec la célérité de l’instinct que nous devrions apprendre. Que Sa discipline nous enseigne ce qu’il nous faut savoir maintenant, afin que nous croissions sans cesse en connaissance ! Jésus fut autrefois un enfant, et c’est parce qu’Il mangeait Sa nourriture « qu’Il faisait des progrès en sagesse, et en stature, et en grâce ». Nous trouvons une grande douceur à épeler les lettres dans le livre dont Il a lui-même coupé les feuillets. À Son école nous apprenons les leçons si difficiles de la dépendance, et il nous faut quelquefois la discipline la plus sévère pour nous empêcher de devenir idolâtres de nous-mêmes. À Son école (celle où Il a Lui-même reçu instruction), nous apprenons à aller à notre Père, dans nos difficultés, de la même manière que l’enfant se cache, à l’approche du danger, dans le sein de celle qui l’aime, et s’y trouve heureux. C’est à Son école que nous apprenons à vivre ici-bas, à éteindre, avec le bouclier de la foi, tous les traits enflammés du méchant, à marcher sur les eaux des épreuves de la vie, et sur les charbons brûlants de la prospérité, comme aussi à passer par la vallée de l’ombre de la mort, sans craindre aucun mal, parce que Son bâton et Sa houlette nous consolent. La débonnaireté et l’humilité de notre instituteur nous enseignent la docilité, et c’est avec la douceur des brebis que nous disons : « Je n’aurais point de disette ». Combien le Seigneur travaille pour nous engager à croire que tel qu’Il est, tels aussi nous sommes ! N’était-ce pas du corps glorifié de Jésus séant à la droite de Dieu, dans la lumière d’en haut, que l’apôtre parlait, quand il disait : « Qui transformera le corps de notre humiliation, pour qu’il soit conforme au corps de sa gloire » (Phil. 3, 21 ; voy. Apoc. 1, 16 ; Matt. 17, 2 ; 13, 43) ? « Nous lui serons semblables ! Nous le verrons tel qu’Il est ! » (1 Jean 3, 2 ; Apoc. 3, 20, 21). « Ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thess. 4, 17). Il n’y aura plus pour nous ni souillure de péché, ni obscurcissement de douleur ; la mort ne sera plus, et la fausseté ne sera plus connue. Dieu remplira de Sa plénitude nos personnes glorifiées.

Votre amie très affectionnée

T.A. Powerscourt