Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 66

De mipe
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Le 5 avril 1832
Ma bien-aimée,

J’espère que mon silence ne vous donne pas lieu de penser que je vous ai oubliée. Je vous assure que j’ai été avec vous au milieu de vos nombreuses épreuves. J’ai confiance que notre pauvre amie a été soutenue dans toutes ses douleurs et que sa santé n’en a pas souffert, car le Seigneur a mêlé beaucoup de miséricordes à l’amertume de sa coupe. Quel Dieu fidèle ! Comme Il entend les prières ! Quelle confiance cela donne pour l’avenir ! Nous pouvons avoir beaucoup à Lui demander, mais ce n’est jamais trop pour Sa grâce, car « Il est riche en compassion pour tous ceux qui l’invoquent ». Nous ne voyons pas qu’Il ait jamais refusé de guérir le corps d’aucun de ceux qui allaient à Lui avec foi ; et pourquoi ? « afin que nous sachions que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés » (Luc 5, 24).

Nous avons tous besoin de la discipline de notre Père céleste. Il nous montre Sa patience en nous envoyant de si nombreux châtiments, puisque notre méchanceté ne L’a point encore lassé, et ne L’a point forcé à dire : « Laissez-les ». Je vois qu’il n’y a rien dont nous soyons aussi indignes que d’être affligés, et cependant Il continue à envoyer l’affliction ligne après ligne, précepte après précepte, et dans chaque cas elle est parfaitement adaptée au caractère et aux sentiments particuliers de ceux qu’elle touche. Nous ne pouvons lire sans émotion l’histoire des miséricordes du Seigneur et de la perversité d’Israël dans le désert, lorsque nous nous l’appliquons à nous-mêmes. Elle nous aide à croire, en dépit des apparences, « que toutes choses travaillent ensemble en bien », quelque contraires que puissent être les apparences, comme quand l’Éternel changea le cœur des Égyptiens, « de sorte qu’ils eurent son peuple en haine, jusqu’à conspirer contre ses serviteurs ». S’Il nous promène par le désert, c’est afin d’avoir l’occasion de nous montrer Son amour, en étendant sur nous le bouclier de Sa protection, et en s’accommodant à tous nos besoins. S’il nous appelle à passer par quelque épreuve, nous trouvons toujours qu’Il y a passé Lui-même avant nous, et qu’Il y a déposé Ses insondables trésors, afin que nous en sortions enrichis. Que de fois Il a fait jaillir pour nous l’eau des rochers, nous faisant trouver des consolations là où il nous semblait impossible qu’il y en eût aucune ! Que de fois Il a fait courir les eaux dans les lieux secs que nous devons traverser pour arriver à la cité céleste ! Et pourquoi tout cela ? Parce qu’Il se souvient de la promesse qu’Il a faite à Jésus notre garant, et parce qu’Il veut se purifier pour Lui-même un peuple particulier, zélateur des bonnes œuvres. Il permettrait que la nature entière fût bouleversée, plutôt que de manquer à la plus petite de Ses promesses envers le plus chétif de Ses enfants. Quelle miséricorde que nous ayons affaire à un Dieu de vérité ! Il n’exagère jamais ! Il ne s’exprime jamais d’une manière équivoque ! Nous n’avons qu’à nous attacher de tout notre cœur à Sa promesse telle qu’elle est, et à Le glorifier tout simplement par notre obéissance.