Livre:Messages aux sept églises/Chapitre 10

De mipe
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Dans le message à Thyatire, nous avons, sous la figure de Jésabel, l’annonce prophétique de l’émergence d’un vaste système ecclésiastique qui cherchera à gouverner la profession chrétienne. L’histoire montre nettement l’accomplissement de cette prophétie, dans le développement de la papauté au Moyen-Âge. Aujourd’hui, ce système existe toujours. À Sardes, nous voyons un autre système ecclésiastique, formé par les hommes pour être une protestation contre le système papal, et qui, bien que marqué par la rectitude extérieure, est caractérisé par la mort spirituelle. Ce système aussi existe actuellement.

Ainsi, devant les hommes, il y a ces deux grands systèmes ecclésiastiques : le système catholique, comprenant l’église orthodoxe et trouvant son expression extrême dans Rome ; et le système protestant, englobant les églises nationales et les sectes dissidentes. Aux yeux du monde, tout chrétien professant appartient à l’un ou à l’autre système.

Dans le message à Philadelphie, nous voyons un résidu du peuple de Dieu qui a l’approbation du Seigneur, à l’écart des corruptions de Thyatire et de Sardes. Nous avons là une église que le Seigneur reconnaît, mais qui n’a aucune existence ecclésiastique distincte devant les hommes.

Quand nous arrivons à la dernière église, nous trouvons, en contraste avec Philadelphie, une assemblée qui est dans un état tel que le Seigneur l’a en dégoût, bien que, devant les hommes, elle n’apparaisse pas comme un système ecclésiastique distinct à côté de la papauté et du protestantisme.

Ainsi, nous concluons que, devant le monde, il y a les deux grands systèmes ecclésiastiques représentés par Thyatire et Sardes. Devant le Seigneur, il y a un résidu dans Thyatire, un résidu dans Sardes, un résidu philadelphien en dehors de Thyatire et de Sardes, et finalement, le terrible état présenté par Laodicée, dans lequel tombera la grande masse qui, distincte de ces résidus, forme les systèmes papal et protestant.

Verset 14 : Le Seigneur se présente à Laodicée d’une manière qui condamne entièrement l’état de l’assemblée et qui, cependant, est du plus grand encouragement pour le vainqueur. Il est « l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu ». En tant que l’Amen, Il est Celui qui se charge d’accomplir — et qui ratifie — toutes les promesses de Dieu, dans tout ce qu’elles comportent, pour faire aboutir tout bien et faire échec à tout mal, et ainsi, glorifier Dieu éternellement. En tant que témoin fidèle, Il fut toujours dévoué à Celui qui L’avait envoyé. Il aimait le Père et vint pour faire Sa volonté. Quel qu’en fut le coût pour Lui-même, Il ne s’écarta jamais de cette volonté et ne recula jamais devant ce qu’elle commandait. L’accomplissement de cette volonté Le manifesta comme le commencement de la création de Dieu qui, dans l’immensité de sa sphère, portera l’empreinte de la volonté de Dieu.

Dans la perfection de Son chemin comme l’Amen, le témoin fidèle et véritable, le commencement de la création de Dieu, Il éclipsa tous les autres. Il était plus beau que les fils des hommes. Et pourtant, hélas ! Celui qui aurait dû être, pour le cœur de l’Église, l’incomparable, c’est Celui-là qui est à la porte de Laodicée et traité avec la dernière indifférence. La mission de l’Église était de briller pour Christ afin de rendre témoignage à la grâce de Dieu et de montrer l’excellence de la nouvelle création. Hélas ! elle a failli dans toutes ses responsabilités. Elle aurait dû briller pour Christ dans un monde ténébreux, en dirigeant les regards vers Lui comme vers Celui en qui toutes les promesses de Dieu ont leur complet accomplissement, vers Lui qui est le Oui et l’Amen, vers Lui en qui se réalisent toutes les bénédictions que Dieu a préparées pour l’homme. La mission de l’Église dans le monde était d’être un témoin fidèle et véritable de la grâce de Dieu. Hélas ! bien loin d’être un témoin de la grâce, dans la dernière étape de son histoire, la grande multitude est étrangère à la grâce et même opposée à Dieu.

Finalement, l’Église aurait dû être les « prémices de ses créatures », montrant les fruits de la nouvelle création, « l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Jacq. 1, 18 ; Gal. 5, 22, 23 ; 6, 15). Combien peu ces fruits de la nouvelle création se trouvent dans le cercle de la profession chrétienne ! La chrétienté n’est-elle pas caractérisée par la haine, la misère et la guerre plutôt que par l’amour, la joie et la paix ? N’est-il pas vrai qu’il n’y a rien sur la surface de toute la terre qui soit si diamétralement opposé à Dieu que la chrétienté inconvertie ?

Ces traits sous lesquels Christ se présente à l’assemblée à Laodicée nous montrent aussi la manière dont l’Église aurait dû représenter Christ devant le monde.

Versets 15, 16 : Si complète est la faillite de l’Église dans son témoignage pour Christ, dans sa dernière étape, que le Seigneur ne peut rien trouver à approuver. Il n’y trouve rien qu’un état pour lequel Il a le plus profond dégoût : « Je connais tes œuvres, que tu n’es ni froid ni bouillant ». Le Seigneur voit un état moral qui n’a ni la froideur de la mort comme à Sardes, ni la chaleur du dévouement comme à Philadelphie. Rien n’est à Ses yeux plus irrémédiable pour l’homme et plus déshonorant pour Lui que la froideur de la mort ; aussi bien le Seigneur ajoute : « Je voudrais que tu fusses ou froid ou bouillant ! ». Il résume l’état de cette dernière phase par ces mots solennels : « Tu es tiède ». Qu’est-ce, sinon l’indifférence pour Christ, et, ce qui est toujours lié à l’indifférence, la tolérance du mal ? Dans la dernière phase de l’histoire de la chrétienté, on trouve ceux qui se réclament du nom de Christ, qui font profession de christianisme, mais qui, sondés par la question scrutatrice : « Que vous semble-t-il du Christ ? » (Matt. 22, 42), se révèlent d’une totale indifférence.

Travailler à cultiver l’homme, à élever le niveau des masses, à améliorer les conditions de vie, suscite leur vif intérêt ; mais les bonnes nouvelles concernant Christ, les intérêts de Christ, le peuple de Christ, ne les touchent guère, et quant à Christ Lui-même, ils Lui restent totalement indifférents. Il suffit que les gens soient sincères, charitables et respectables, qu’importe pour le Laodicéen ce qu’ils croient quant à Christ. Qu’on nie Sa divinité, qu’on diffame Sa parfaite humanité, le Laodicéen n’en a cure. Rejeter l’expiation, nier l’inspiration de Sa Parole, traiter le retour de Christ comme matière à moquerie, tout ceci ne préoccupe guère le Laodicéen tolérant, accommodant et tiède.

Un tel état est pour Christ un objet de profond dégoût. Le Seigneur exprime Son aversion pour cette église, lui annonçant qu’à terme, elle va être entièrement et définitivement rejetée comme Église. Il dit : « Je vais te vomir de ma bouche ».

Verset 17 : Il y a de plus un autre grief contre elle : à l’indifférence à l’égard de Christ s’ajoutent une suffisance et une satisfaction de soi affichées avec une extrême arrogance. Laodicée dit : « Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien ». Bien qu’indifférente à Christ, l’église laodicéenne est pleine d’elle-même et de ses prétentions. L’Église qui était laissée ici pour témoigner pour Christ, est tombée si bas, que non seulement elle cesse de témoigner pour Christ, mais qu’elle se met à rendre témoignage à elle-même. L’église cesse de parler de Christ, et parle de l’église. L’assemblée prend beaucoup d’importance et Christ est déprécié. L’assemblée cherche à attirer à elle-même et non à Christ. Elle usurpe la place de Christ en prétendant être la dépositaire des richesses et de la grâce. Christ est dehors et cependant elle peut dire : « Je n’ai besoin de rien ».

Tel est donc l’état de l’église laodicéenne indifférente à Christ, occupée d’elle-même et contente d’elle-même et, avec tout cela, totalement ignorante de son état réel devant le Seigneur. « Je connais », dit le Seigneur, mais « Tu ne connais pas ». Dans leur propre estimation, les Laodicéens n’avaient besoin de rien, mais, dans la pensée du Seigneur, ils avaient besoin de tout, et Il doit dire : « Tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu ».

Verset 18 : Ayant démasqué leur terrible état, le Seigneur leur donne un conseil : « Je te conseille d’acheter de moi », paroles qui montrent que leur besoin, c’est Christ, et qu’il n’y a pas de bénédiction en dehors de Lui. Ils doivent venir à Lui pour obtenir les vraies richesses. Quelle grâce qu’Il invite à venir à Lui, non seulement des pécheurs repentants, mais aussi ces professants occupés d’eux-mêmes et contents d’eux-mêmes ! Quelle manifestation précieuse de l’attitude pleine de grâce que le Seigneur continue d’avoir envers la profession sans Christ ! Ils déclarent avoir des richesses ; aussi le Seigneur les prend sur leur propre terrain et les invite à venir et à acheter. Leur seule dépense sera l’abandon de leur propre justice car, tout compte fait, les bénédictions qui sont dans la main du Seigneur s’obtiennent sans condition, sans argent et sans prix.

Ils sont invités à acheter « de l’or passé au feu », c’est-à-dire la justice divine assurée par le jugement porté à la croix, et « des vêtements blancs », c’est-à-dire la justice pratique ; lorsqu’ils sont ainsi vêtus, la honte de leur nudité ne paraît pas. Leur manque de justice pratique devant les hommes était une preuve solennelle de leur manque de justice divine devant Dieu. « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (Matt. 7, 15-20). Ensuite, ils ont besoin d’un collyre afin qu’ils voient, ce qui parle de l’onction de l’Esprit qui nous donne conscience du besoin que nous avons de Christ, et nous montre en même temps toute la perfection de Sa personne et de Son œuvre pour répondre à nos besoins, nous enrichir des vrais biens et nous rendre propres pour la gloire de Dieu.

Verset 19 : Le Seigneur ne se contente pas cependant de parler à la conscience de ces Laodicéens tièdes. Il cherche à atteindre le cœur de tout vrai croyant qui peut encore se trouver à Laodicée. Il dit : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi ». L’Église avait depuis longtemps perdu son premier amour, mais le Seigneur n’a jamais abandonné Son premier amour pour l’Église. Il ne peut plus parler de leur amour à eux, mais Il peut toujours parler du sien. Cet amour n’exprime pas cependant la satisfaction trouvée dans son objet ; il est contraint d’agir par la répréhension.

Verset 20 : Ensuite, le Seigneur attend avec patience à leur porte. Il parle à la conscience. Il s’adresse au cœur. Il se tient à la porte, Il frappe. Il appelle à la repentance, mais Il ne s’attend pas à ce que la masse se repente, car ce dernier appel est uniquement individuel. « Si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi ».

Telle est la dernière étape de l’histoire de l’Église sur la terre. Celle dont la mission était de rendre témoignage à Christ sur la terre, devient le témoin de sa propre misère et met Christ à la porte. Dans l’état de Laodicée, ne voyons-nous pas le plein résultat du déclin qui a commencé à Éphèse ? Au départ, il y a eu l’abandon du premier amour pour Christ ; à la fin, il y a une totale indifférence au sein d’une Église qui se satisfait d’avoir Christ dehors. Cette dernière étape de la chrétienté qui, avec une tranquille indifférence, ferme la porte à Christ, semble presque pire dans son endurcissement que la dernière étape du judaïsme, qui, dans son hostilité, a cloué Christ sur une croix.

Tout comme il s’était attardé en pleurant sur le judaïsme corrompu, de même Christ se tient à la porte de la chrétienté, attendant avec une patience infinie si, peut-être, il y aurait « quelqu’un », au milieu de la profession chrétienne, qui Lui ouvrirait la porte. Pour la masse, il n’y a pas d’espoir ; elle va être vomie de Sa bouche ; mais jusqu’à ce qu’arrive cet acte solennel de rejet définitif, il y a cette affectueuse invitation offerte à toute personne qui écoutera la voix de Christ. Quelqu’un est-il atteint dans sa conscience par le tableau que le Seigneur fait de la chrétienté, réveillé par Ses avertissements, attentif à Son conseil, touché par Son amour, qu’il ouvre seulement la porte et même à cette dernière heure, Christ entrera chez lui et soupera avec lui, et lui avec Christ. Qu’est-ce, sinon la douce communion du premier amour ? Cela ne montre-t-il pas que, tout à la fin de l’histoire de l’Église sur la terre, quand le jugement va tomber sur la grande masse de la profession, il est possible pour un seul d’être ramené au premier amour ? Le Seigneur ne parle aucunement du rétablissement d’un témoignage public à Sa personne, mais de communion secrète avec Lui.

Verset 21 : Pour le vainqueur, il y a la promesse de s’asseoir avec Christ sur Son trône comme aussi Christ s’est assis avec le Père sur Son trône. Celui qui remporte la victoire sur l’indifférence de Laodicée et ouvre la porte à Christ au jour où la grande multitude Lui a fermé la porte, jouira, non seulement de la communion secrète avec Lui au jour de Son rejet, mais sera associé à Christ devant tous au jour de Sa gloire. Christ a été vainqueur d’un monde qui a rejeté le Père et Il s’est assis sur le trône de Son Père ; celui qui est vainqueur d’un monde qui a rejeté Christ s’assiéra avec Christ sur Son trône.

Verset 22 : Le message se termine par l’appel à celui qui a des oreilles pour entendre. Il est bon pour nous de prêter attention à ce que l’Esprit dit à l’église de Laodicée, car ne présente-t-elle pas un état qui peut se développer même parmi les Philadelphiens ? Si ce n’était la grâce de Dieu, les lumières et les privilèges mêmes qui leur sont donnés, peuvent conduire au contentement de soi laodicéen. Puissions-nous avoir la grâce nécessaire pour écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées.