Livre:Études sur la Parole — Apocalypse/Chapitre 4

De mipe
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Mais entrons d’abord dans la série des événements préparatoires qui auront lieu dans le monde. Et il est à remarquer qu’il n’est pas fait mention ici de la venue du Seigneur en rapport avec l’Assemblée. Il est promis qu’Il vient promptement, et l’Assemblée est menacée d’être vomie hors de Sa bouche. Mais le fait de Sa venue pour les siens, ou l’enlèvement de l’Assemblée à un certain moment, n’est pas indiqué. Cela entre pleinement dans ce que nous avons vu du ministère de Jean[1], il s’occupe de la manifestation du Seigneur sur la terre, et touche à peine aux promesses célestes, sauf quand cela est nécessaire, au moment où le Seigneur va quitter Ses disciples. Ainsi, nous trouvons cette exception aux chapitres 14 et 17 de son évangile, mais, dans l’Apocalypse, c’est une chose laissée de côté. Même au chapitre 12, qui confirme d’une manière remarquable ce que je dis, l’enlèvement des saints n’est vu que comme identifié avec celui de l’enfant mâle, Christ Lui-même. C’est pourquoi, nous n’avons dans ce livre aucune époque spéciale relative, qui soit indiquée pour l’enlèvement des saints ; sauf que nous les voyons pris en haut, avant le combat qui a lieu dans le ciel et qui conduit aux trois années et demie de la fin. Mais, d’un autre côté, les saints appartenant à l’Assemblée, ou ceux qui existaient avant, sont toujours vus en haut, après les épîtres aux assemblées. Ils attendent que le jugement leur soit donné pour venger leur sang, mais ils ne sont jamais vus sur la terre.

Nous avons à considérer à quel moment le quatrième chapitre commence les voies de Dieu. Il ne s’ensuit pas nécessairement que l’assemblée a été vomie de la bouche de Christ. Elle en avait été menacée ; mais le jugement sur Sardes, ou même sur Thyatire, n’a pas encore eu lieu. Seulement les voies de Dieu commencent, après que Christ a cessé d’agir à l’égard de l’assemblée professante comme telle, la considérant comme Sa lampe devant le monde. Le nom qu’elle prendra encore elle-même n’est pas indiqué : Il en a fini avec elle. Une apostasie ouverte doit arriver. La date n’en est pas révélée, non plus que celle de l’enlèvement des saints ; mais je vois, d’après 2 Thessaloniciens 2, que ce dernier fait aura lieu avant l’apostasie. Ainsi, ce que nous venons d’établir c’est que, dans l’Apocalypse, l’action de Dieu envers le monde commence lorsque celle de Christ envers les assemblées a pris fin. Les assemblées sont « les choses qui sont » ; ce qui suit, c’est « les choses qui viennent après celles-ci ». Dès lors, Christ n’est pas vu marchant au milieu des assemblées : Il est l’agneau au milieu du trône. Jean ne Le voit plus sous Son premier caractère, et n’est plus employé à envoyer des messages aux assemblées ; il est appelé dans le ciel, où maintenant toutes les voies de Dieu se poursuivent envers le monde, et non point envers l’assemblée. Nous avons le trône, maintenant, et non le sacrificateur revêtu d’une robe qui allait jusqu’aux pieds. Les rois et sacrificateurs dont il est parlé au chapitre 1 sont maintenant en haut. D’autres pourront les suivre ; mais eux sont dans les lieux célestes, assis sur des trônes, ou adorant, ou offrant leurs encensoirs remplis de parfum. D’un autre côté, le Seigneur n’est pas venu pour juger le monde, mais Il est sur le point de recevoir l’héritage. Les saints donc, qui auront été ravis à la rencontre de Christ, ne sont plus vus qu’en haut ; ils appartiennent au ciel, ils n’ont plus rien à faire avec la terre, mais ont leur propre place dans le ciel.

La relation entre les deux parties de l’Apocalypse est celle-ci : Christ, qui était comme juge au milieu de l’église professante, est maintenant vu en haut, ouvrant le livre du jugement de ce monde, dont Il est sur le point de prendre publiquement l’héritage. Les saints sont loin de cette scène de jugement. L’apôtre cesse maintenant de s’occuper de l’Assemblée — point important à retenir, car le Saint Esprit doit s’occuper d’elle aussi longtemps que les saints qui sont en elle se trouvent sur la terre ; — Jean est ravi dans le ciel, où il voit Dieu selon l’alliance qu’Il a traitée avec la création, c’est-à-dire sur un trône de gouvernement entouré d’un arc-en-ciel. Les saints Le célèbrent comme le Créateur, Celui pour qui toutes choses furent créées. Le trône n’est pas un trône de grâce ; les emblèmes de la puissance et du jugement en sortent ; mais en cercle autour du trône, ceux qui représentent les saints reçus en haut, à la venue de Christ, les rois et sacrificateurs, sont assis sur des trônes. On ne voit là aucun autel pour le sacrifice, comme lorsqu’il s’agit de s’approcher de Dieu ; la cuve d’airain, qui renfermait l’eau pour le lavage des sacrificateurs, est remplacée par une mer de verre. C’est l’image d’une sainteté stable et parfaite ; il n’y a plus lieu au lavage des pieds. Les anciens sont couronnés ; le nombre vingt-quatre rappelle celui des diverses classes de sacrificateurs. Les sept esprits de Dieu sont devant le trône, dans le temple, comme sept lampes de feu (4, 5) ; ce ne sont pas les sept esprits exprimant la perfection en gouvernement que Christ a dans l’assemblée (chap. 3, 1), ou qui sont envoyés dans le monde (chap. 5, 6) ; ici, c’est la perfection qui caractérise les attributs de Dieu dans Son action dans le monde. C’est ce qui porte maintenant la lumière au milieu du monde.

Quatre animaux se trouvent dans le cercle du trône lui-même et autour du trône. Ils peuvent être envisagés comme formant le trône, ou à part, quoique y étant rattachés comme à un centre. Sous quelques rapports, ils ressemblent aux chérubins, et sous d’autres, aux séraphins, tout en différant des uns et des autres. Ils sont pleins d’yeux, devant et derrière, pour voir toutes choses selon Dieu. Ils sont aussi pleins d’yeux au-dedans, et ils ont six ailes : ils sont parfaits en perception intérieure, perception qui leur est donnée, parfaits aussi dans la rapidité de leurs mouvements. Ils représentent les quatre classes de créatures sur la terre : l’homme, le bétail, les bêtes sauvages et les oiseaux de l’air, symbolisant les puissances ou attributs de Dieu, que les païens adoraient, mais qui ici ne sont que les instruments du trône (ou autorité souveraine). Les païens ne connaissaient pas Celui qui y est assis. L’intelligence, la fermeté, la force et la rapidité d’exécution qui appartiennent à Dieu, sont vus en type dans ces animaux, comme nous le trouvons aussi ailleurs. Divers agents peuvent être les instruments de leur activité, mais ils ne sont que des symboles. Bien qu’il y ait entre eux et les chérubins une analogie générale — le pouvoir judiciaire et gouvernemental — ils ont un caractère particulier.

Les chérubins sur l’arche, dans le temple, avaient deux ailes qui formaient le trône ; ils regardaient vers le propitiatoire, et, en même temps, étant d’or pur, ils portaient le caractère de la justice divine du trône dont on approchait. Dans le livre du prophète Ézéchiel, les chérubins supportaient le firmament au-dessus duquel était le Dieu d’Israël : c’était un trône de jugement exécutif. Ils étaient comme de l’airain embrasé et comme du feu — symbole que nous avons déjà considéré. Ils avaient quatre ailes ; deux pour voler et deux pour se couvrir. D’après le chapitre 10 d’Ézéchiel, on voit qu’ils étaient pleins d’yeux (il n’est pas dit au-dedans), c’était pour gouverner, selon Dieu, ce qui était extérieur, ce n’était pas l’intelligence divine au-dedans. Dans le sixième chapitre d’Ésaïe, les séraphins (ou brûlants) ont six ailes, ainsi que les quatre animaux : ils sont au-dessus du trône et crient, de même qu’ici : Saint, saint, saint ! Avec un charbon brûlant ils purifient les lèvres du prophète.

Les symboles employés ici deviennent plus clairs à comprendre, d’après ces différents cas. Les animaux sont au milieu et à l’entour du trône, avec les attributs des chérubins qui y sont unis, car c’est un trône exécutoire de jugement ; mais ce n’est pas simplement, comme en Israël, un jugement terrestre providentiel, un vent de tempête venant du nord (Éz. 1, 4). Nous avons devant nous, dans l’Apocalypse, le gouvernement de toute la terre, un jugement exécutoire selon la sainteté de la nature de Dieu[2]. C’est ce qu’expriment les quatre animaux, chez lesquels il n’y a pas seulement une entière perception de toutes choses extérieurement, mais aussi une perception intérieure et morale. Nous ne voyons pas ici un trône d’or dont on approche, comme dans le tabernacle ; la sainteté intrinsèque de Dieu est appliquée au jugement. Il manifeste Sa nature et Son caractère dans la création tout entière. La providence ne sera plus une énigme. Ce ne sont pas des attributs complexes sans solution, pour ainsi dire, quoique appliqués dans des circonstances spéciales ; chaque acte aura maintenant son caractère propre.

Remarquons aussi qu’ici Dieu n’est pas présenté, ainsi que dans le premier chapitre, comme le Dieu qui est, bien qu’embrassant le passé et le futur, Dieu en Lui-même ; mais c’est le Dieu des siècles « qui était, et qui est, et qui vient » (v. 8). Tous les noms de l’Ancien Testament Lui sont donnés : Jéhovah (Seigneur ou Éternel) ; Élohim (Dieu) ; Shaddaï (Tout-puissant). Ses attributs (les quatre animaux) célèbrent la plénitude de Son nom, comme le Saint qui vit aux siècles des siècles, n’ayant pas une existence ou une puissance qui passe, comme celle de l’homme qui, dans sa meilleure condition, n’est que vanité. Et les saints tombent sur leurs faces devant le trône : ils se prosternent devant la place qu’Il occupe dans Sa gloire, ils L’adorent dans l’éternité de Son être, et déposent la gloire qui leur est donnée, devant Sa suprême et propre gloire ; ils rendent tout honneur à Lui seul, comme en étant seul digne ; mais la manière dont la gloire est célébrée montre que les hommages s’adressent à Dieu comme au Créateur pour qui sont toutes choses. À travers tous les changements, ces choses restent vraies.

On remarquera encore que les animaux ne font que célébrer et déclarer ce qu’est Dieu, tandis que les anciens adorent avec intelligence. Dans toute l’Apocalypse, les anciens donnent le motif de leur adoration. Il y a en eux l’intelligence spirituelle.

Remarquez ensuite que, lorsque les tonnerres, les éclairs et les voix, signes de la terreur qui accompagne le jugement, sortent du trône, les anciens, sur leurs trônes, demeurent impassibles ; ils sont sur des trônes autour du trône de jugement, quand celui-ci est introduit. Telle est leur place devant Dieu par rapport au jugement. C’est leur position, à quelque moment qu’Il prenne le jugement en main. Ils font partie de la gloire — ils sont assesseurs du trône d’où la terreur procède. Lorsque Celui qui y est assis est proclamé, ils sont tout activité, reconnaissent qu’à Lui appartient toute gloire, se prosternent sur leurs faces, et jettent leurs couronnes devant Lui, plus heureux de reconnaître Sa gloire que de posséder la leur.

Nous ne trouvons pas le Père ici ; c’est Jéhovah. Et de fait, si nous demandions en qui Il est manifesté, c’est, comme toujours, dans le Fils ; mais ici, en soi-même, c’est simplement le Jéhovah de l’Ancien Testament.



  1. Le caractère aussi sous lequel Christ est présenté, se rapporte au jugement parmi les assemblées et à l’Assemblée sur la terre ; elle n’est pas vue comme l’Épouse de Christ, mais comme un corps sur la terre.
  2. Car le jugement qui a lieu à la fin, bien que gouvernemental et terminant l’histoire de la terre, n’est pas seulement tel, c’est-à-dire répondant au caractère des chérubins ; il est aussi selon la sainteté et la nature de Dieu, conformément au caractère des séraphins, comme en Ésaïe 6, où Dieu est connu en Israël.