Messager Évangélique:Apocalypse 5

De mipe
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(Méditation)

Mes chers amis, le sujet du chapitre que nous venons de lire, bien que distinct de celui qui précède (chap. 4), en est le complément. Au chapitre 4, les droits du trône du Dieu créateur sont reconnus et exaltés ; ici, ce sont ceux de l’Agneau mis à mort, seul digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux.

En lisant ce chapitre, on est frappé du contraste qui existe entre ce qui se passe dans le ciel et ce qui se passe sur la terre ; là, on entend des louanges à l’Agneau ; ici, on entend tout autre chose ; quand il s’agit de Christ, ce sont des « paroles dures », dit Jude, que les hommes profèrent contre Lui. Il est donc heureux de penser qu’un si désolant contraste ne durera pas toujours ; de nombreuses portions de la Parole nous apprennent, qu’un temps viendra où de puissantes nations rechercheront le Seigneur et se glorifieront en Lui, et que même sur les sonnettes des chevaux on lira ces mots : « Consécration à l’Éternel » (És. 2, 1-3 ; Zach. 14, 20). Ce temps heureux arrivera lorsque la scène décrite ici, sera accomplie. Pour le présent, c’est une prophétie — une révélation anticipée de choses qui amèneront la bénédiction au milieu des hommes et dont le trône de l’Agneau rédempteur sera le centre. Quelle bénédiction pour nous, chers amis, d’avoir l’intelligence de ces choses avant qu’elles aient leur accomplissement ! Quel privilège le Seigneur nous accorde ! Et c’est ainsi que l’Esprit met en relief la séparation de l’Église et du monde. L’Église est intéressée à connaître les choses qui concernent l’Agneau, car elle est l’épouse de l’Agneau ; c’est pourquoi elle a le secret des choses qui ne se voient pas encore ; elle peut en parler comme témoignage, afin d’en sauver quelques-uns ; mais de telles révélations sont sa part, à elle, dans ce monde où tout est dans les ténèbres, où Christ est méconnu et où l’on ne se réclame pas de Son nom.

Je voudrais, chers amis, avant d’entrer dans quelques détails, attirer votre attention sur le dernier verset du chapitre précédent : « Seigneur, tu es digne de recevoir gloire, honneur et puissance ; car tu as créé toutes choses : c’est à cause de ta volonté qu’elles existaient, et qu’elles furent créées ». Pour saisir la portée de ces paroles, il nous faut ramener en arrière nos pensées, et nous souvenir du changement survenu, par la désobéissance de l’homme, dans sa condition, dans ses pensées envers Dieu, tellement que, depuis la chute, Dieu n’a pu jouir de Ses œuvres ; c’était cependant pour en jouir qu’Il les avait créées. Les paroles qu’expriment les vingt-quatre anciens montrent l’intelligence qu’ils ont du but primitif de Dieu ; c’est à Lui, non à Satan, quoiqu’il règne dans ce monde, qu’ils reconnaissent le droit de posséder tout ce qui existe et d’en jouir. Au reste, ce n’est pas pour Satan que le monde a été fait, mais pour Christ, car Dieu L’établira sur toutes Ses œuvres (Ps. 8).

Maintenant, chers amis, entrons plus particulièrement dans quelques détails. Un livre est dans la droite de celui qui est assis sur le trône ; ce livre donne droit d’héritage à celui qui sera digne de le prendre et d’en rompre les sceaux ; à ce sujet, une question sérieuse est proclamée, mais nul ne répond. Moment solennel, où l’âme du prophète est mise dans la plus grande angoisse ! Christ est encore caché dans le trône, et n’apparaît pas encore aux yeux de Jean désolé. Il est terrible, en effet, de penser que si personne ne se présente pour ouvrir le livre, tout restera inévitablement sous la dure domination de l’usurpateur. Les larmes de l’apôtre étaient donc légitimes, car que deviendrait le monde, que deviendrait Israël, si personne ne répondait à l’appel de l’ange ? C’est alors qu’un messager sort du sanctuaire et révèle à Jean, qu’il y en a un qui se présente et qui a vaincu pour ouvrir le livre ! Alors Jean est tiré de son affliction, ses pleurs cessent et ses yeux peuvent contempler, au milieu du trône, un agneau comme immolé ; quelle grâce ! Christ seul apaise et réjouit le cœur, dont la tristesse est changée en joie[1].

C’est donc par Sa mort, que Christ « a vaincu pour ouvrir le livre et en rompre les sept sceaux ». Le sacrifice qu’Il a fait de Lui-même a aboli le péché pour toujours ; Sa mort a rendu impuissant celui qui avait la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable ; partout où sa puissance était manifestée, par Sa mort, Christ en a triomphé. Sa mort L’a rendu digne d’ouvrir le livre et de devenir maître de tout. C’est ce glorieux fait, chers amis, qui est en vue ici ; par la foi, nous jouissons déjà du salut — ce précieux fruit de l’humiliation et de la mort de Jésus, l’Agneau de Dieu ! Le verset 5 nous montre qu’il s’agit bien ici de la terre, c’est pourquoi Israël est mentionné : Christ est « la racine de David, le lion de Juda » ! — Toujours quand il est question de la terre, Israël est sur le premier plan. Christ en est la source et la force. Cela sera glorieusement manifesté, lorsque Dieu commencera à agir envers Israël et le monde universel.

Ici, bien des pages des écrits prophétiques trouveraient leur place, mais leur examen nous mènerait trop loin pour aujourd’hui. Plusieurs d’entre vous, en lisant ce chapitre, ont pu trouver singulier que Jean, qui avait vécu avec le Seigneur, fût dans la nécessité de recevoir la communication qui lui est faite, par un des anciens. Jean, en sa qualité de prophète, reçoit cette communication ; il est comme en dehors des choses, il doit les apprendre comme ne les sachant pas. À ce sujet, un détail intéressant est à remarquer : ce n’est pas un des quatre êtres vivants qui est envoyé à Jean, mais un des anciens, un de ceux qui ont appris les voies de Dieu dans Son sanctuaire. Ce simple fait est, il me semble, une preuve à l’appui du caractère allégorique de ces hauts personnages. L’Église, à qui est donnée la communication des plans divins, rend dans ce monde un témoignage complet au caractère et aux droits de Christ, le Fils de Dieu ; mais à part cela, elle a une espérance qui lui est propre, car elle n’est pas de ce monde ; unie par l’Esprit à Christ, le Fils de Dieu, elle est du ciel, et c’est de là qu’elle attend Jésus qui apparaîtra pour elle, avant d’être manifesté au monde. Ni Israël, ni le monde, ne reçoivent actuellement Sa parole ; et Jésus Lui-même a dit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole » ; c’est là l’immense grâce qui est faite aux croyants ; ce sont eux qui verront le Seigneur avant qu’Il se rende visible au monde. « Et il vint, et prit le livre de la main droite de celui qui était assis sur le trône ». Maintenant, l’aspect de toutes choses change : l’Agneau est investi des droits, en vertu desquels Il va agir ; Il monte, pour ainsi dire, sur le trône. En rapport avec cet événement, et comme type, on peut lire avec intérêt 1 Rois 1, 32 à 48. Seulement, la scène, décrite ici, va beaucoup plus loin ; l’Agneau est le Rédempteur, non d’Israël seulement, mais de la création : « il est l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». À Son apparition glorieuse, la création, depuis si longtemps assujettie à la vanité, aura aussi part à la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8). Remarquons encore qu’un des traits distinctifs du gouvernement de Christ, sera l’exercice de la justice ; aussi en rapport avec ce fait, les anciens ont « des coupes d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints ». Dans la Parole, il y a deux catégories de saints : ceux qui appartiennent au ciel et ceux qui appartiennent à la terre. Quant à ces derniers, il est souvent fait mention d’eux comme étant aux prises avec la petite corne ou la Bête de la fin, ou des derniers jours (Dan. 7, 21 ; Apoc. 13, 7). Leurs prières, leurs supplications et leurs cris sont, pour Jésus et pour Dieu, ce qu’était le parfum offert autrefois, dans le tabernacle terrestre. Ce sera comme la bonne odeur des victimes qui seront mises à mort aux derniers jours. Celui donc qui exercera la justice, « vengera ses élus qui crient à lui jour et nuit » (Luc 18).

Les vingt-quatre anciens agissent donc ici dans le caractère de sacrificateurs, de ceux qui s’approchent de Dieu ; ce ne sont pas leurs propres prières qu’ils présentent à Dieu, mais celles de Ses élus, de Ses saints, sous le règne de la petite corne ; lesquels, qu’ils soient mis à mort ou non, régneront avec Christ mille ans (Apoc. 20, 4) ; — aussi les vingt-quatre anciens, en parlant d’eux, disent : « ils » (et non pas « nous ») régneront, bien que l’Église régnera ; mais ce n’est pas là le sujet traité ici. Comme sacrificateurs à Dieu, ils s’intéressent aux circonstances et aux besoins des saints qui, sous le règne de l’antichrist, souffriront pour la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus. Quel encouragement pour nous, chers amis, que de penser à l’influence bénie que nous sommes appelés à exercer comme sacrificateurs ! Et si cela est actuellement vrai et réel, malgré notre faiblesse, que sera-ce quand l’Église sera glorifiée et que, des lieux célestes, elle exercera sa sacrificature envers la terre ? Unie à Christ, dans l’exercice de Son caractère sacerdotal, l’Église contribuera puissamment à la bénédiction, à la paix et au bonheur des hommes sur la terre.

Maintenant, chers amis, remarquez comment se termine ce précieux chapitre. Ce ne sont plus uniquement les êtres vivants et les vingt-quatre anciens qui adorent et qui louent ; c’est un chœur universel : tout ce qui a une voix pour louer, exalte le Rédempteur, Jésus. Chose remarquable, ce qui se voit ici est précisément la réponse à ce qui est demandé à la fin du livre des Psaumes : « Que tout ce qui respire loue l’Éternel ! Louez l’Éternel ».

Et nous, frères, son cher troupeau,
Objets de son amour immense,
Disons avec reconnaissance :
Gloire à l’Agneau ! Gloire à l’Agneau !



  1. Je ne doute pas qu’ici Jean représente le résidu juif des derniers jours, consolé par la certitude des paroles prophétiques avant que Christ paraisse publiquement en puissance et en gloire. Voyez aussi Jean 16, 20-23.