Messager Évangélique:La conversion de Job, ou Dieu qui justifie/Partie 3
Puisse ce mot : dorénavant, pénétrer jusqu’au plus profond de notre âme ! Que doit être dorénavant votre vie et la mienne ? Pensez, je vous en conjure, à l’amour de Christ, à ses droits sur votre cœur. Voulez-vous connaître des jours de prospérité spirituelle, des années de jouissances célestes ? Dans ce cas, abandonnez tout ce qui ne s’accorde pas avec un Christ rejeté du monde, mais glorifié dans le ciel. Cherchez à Le servir d’un cœur intègre et obéissant, dans une simple dépendance du Saint Esprit, en n’ayant pas de confiance en la chair. Je suis persuadé qu’il est d’une grande importance que vous soyez bien décidé à marcher réellement avec Dieu. Vous avez péché, et puis les liens et les chaînes vous ont arraché des cris. Rappelez-vous que le croyant ne peut toucher au péché sans qu’il en ressente une grande amertume dans son âme. Et Dieu se sert de cette amertume même pour relever et restaurer l’âme du saint en chute. « Mais ceux qui sont hypocrites en leur cœur, attirent sur eux la colère ; ils ne prient point, quand Dieu les enchaîne. Leur personne meurt dans le premier âge ; et ils perdent la vie, comme les victimes de l’infamie » (v. 13). Vous dites : Si j’étais un enfant de Dieu, certainement je n’aurais pas tout ce trouble et cette amertume. — La parole que nous venons de citer prouve que, si vous n’étiez pas un véritable enfant de Dieu, mais que vous fussiez un hypocrite de cœur, vous n’auriez pas toute cette amertume, et que, au contraire, vous persisteriez dans la voie du péché jusqu’à ce que vous périssiez pour toujours.
Le reste du discours d’Élihu expose la majesté de Dieu et montre l’entière dépendance de l’homme envers Lui. Alors Jéhovah, l’Éternel Lui-même, parle à Job. Voici l’ordre du livre : Job — le témoignage de Dieu quant à lui — Satan accusant et opposant par le moyen des amis de Job — puis Élihu, le médiateur et arbitre. — Puis enfin Dieu Lui-même. Ainsi nous avons l’homme de Dieu — Satan contre lui — Christ souverain sacrificateur pour lui — puis Dieu.
Remarquez maintenant l’effet pour Job de se trouver ainsi en la présence de l’Éternel Lui-même. Étonné de se trouver contestant avec le Tout-puissant, il répondit alors à l’Éternel : « Voici je suis un homme vil ; que te répondrai-je ? Je mettrai ma main sur ma bouche ». Il dit qu’il est au bout de ses paroles et qu’il ne continuera plus. Mais oui, Job ira un peu plus loin cependant. Dans cette confession il se reconnaît pour ce qu’il est, un homme vil. Mais dans la seconde confession il ira bien plus loin que cela.
Quelle parole solennelle pour Job que celle-ci : « Anéantiras-tu mon jugement ? Me condamneras-tu pour te justifier ? ». Je vais expliquer cela par des exemples. Supposez un fondeur ayant beaucoup d’ouvriers à son service, et deux monceaux de métal dans sa cour. L’un de ces monceaux est entièrement mauvais, impropre à toute bonne chose, et tout essai pour l’utiliser est une perte de temps, car aucun objet valable ne saurait en sortir. L’autre monceau, au contraire, est exactement approprié à l’usage qu’on désire. Maintenant le maître a une connaissance parfaite de ces deux monceaux, et avertit ses ouvriers de la nature de l’un et de l’autre. Ils ne veulent pas le croire, mais se mettent à essayer de faire de bons articles avec le mauvais monceau. N’est-ce pas là contester avec le maître ? Encore un exemple : Un grand fermier avertit ses gens, qui sont au moment d’ensemencer ses champs, que tel tas de semence est entièrement mauvais ; qu’il n’y a pas, dans ce grain, le plus petit germe de vie ; mais que la semence de l’autre tas est sûre, et donnera certainement une bonne récolte. Ils ne le croient pas. Ils sèment la mauvaise semence, et quand l’été est venu, voilà qu’il n’y a autre chose que de la mauvaise herbe dans le champ. Ah ! disent-ils alors, il nous faut prendre garde de faire une meilleure culture ; nous allons essayer de nouveau. Essayer de nouveau ! Ne serait-ce pas là contester avec le fermier ? De cette même manière, Dieu nous a dit aussi clairement que possible que l’homme est une masse pécheresse, coupable et perdue ; et que, sur le principe de la loi, il ne peut jamais être juste. Et d’un autre côté Il nous a dit que le sang de Jésus justifie tout pécheur impie qui croit en Lui (voyez Rom. 3, 19, 25 ; Gal. 2, 21 ; 3, 10). Maintenant, supposez un homme ne croyant pas Dieu là-dessus, mais essayant de se justifier en gardant la loi, ou prêchant la justification à d’autres au moyen de la loi, Dieu ne dit-il pas à cet homme : « Me condamneras-tu pour te justifier ? ». C’est une chose terrible que de contester avec Dieu. Si ces lignes venaient à tomber sous les yeux de quelque prédicateur de la loi pour le salut, je lui dirais : Tu es un adversaire de Dieu, un persécuteur de Christ. J’ai vu hier une lettre d’un homme revêtu d’une autorité ecclésiastique humaine. Cette lettre menaçait d’excommunier, de ce qu’il appelait l’Église, une personne parce qu’elle avait été convertie des efforts du vieil homme pour garder la loi, au parfait et éternel salut en Christ. Pensez un peu à cela : une lettre menaçante, de la part d’un pasteur officiel, parce qu’un pauvre pécheur a trouvé une paix assurée en Christ ! Puisse le même Dieu, qui révéla Jésus à l’insensé persécuteur Saul de Tarse, révéler Jésus à ce pauvre malheureux ainsi séduit, et combattant contre Dieu. Et puis ce ne sont pas seulement les ministres de Satan qui s’efforcent de retenir les âmes loin de Christ, et qui disent aux hommes qu’il y a encore, dans la vieille et mauvaise masse de l’humanité, quelque chose qu’on peut encore très bien façonner et refondre ; mais le témoignage de Dieu, quant à l’entière ruine de l’homme en Adam, et à la seule rédemption dans le Christ Jésus pour des pécheurs perdus, est si peu compris, même par de vrais enfants de Dieu, qu’ils emploient la plus grande partie de leur vie à essayer de faire croître la mauvaise semence, c’est-à-dire à chercher de la justice en eux-mêmes, tout en ne trouvant constamment que des ronces au lieu de fruits. Et certainement il doit en être ainsi, aussi longtemps que nous essayons d’être justes dans ce en quoi Dieu nous a déclarés coupables. Dieu veuille que nous n’essayions plus d’être justes en nous-mêmes ; mais plutôt que, nous réjouissant dans la justice de Dieu, nous marchions désormais dans la puissance de la nouvelle vie. Dieu montre ensuite à Job, sous l’image du léviathan, que la puissance de Satan est trop grande pour lui. Quel être terrible que ce roi de tous les orgueilleux ! Ce monde a rejeté le Roi de justice, et a préféré l’horrible esclavage de Satan. Mais quel pouvait être le but de Dieu, en décrivant ainsi le pouvoir de l’adversaire ? Assurément c’était d’amener Job à une entière dépendance de Lui. « Je sais, dit Job, que tu peux tout ». Quel repos en cela ! Le croyant, considéré en lui-même, n’a point de force pour vaincre Satan. Si l’homme a failli devant lui quand il était innocent, bien moins encore sera-t-il en état de lui résister, maintenant qu’il est tombé. L’indépendance de Dieu, voilà ce qui a ouvert la porte à Satan au commencement ; et ce n’est que la simple dépendance de Dieu qui peut la fermer. Que Dieu nous donne un sentiment profond de dépendance de Lui. C’est une grande grâce qu’Il nous ait dit ce qu’était la puissance de l’ennemi, afin que nous sachions que notre seule ressource consiste dans une ferme confiance en Lui. « Je puis toutes choses en Christ », dit Paul. « Ma grâce te suffit », dit Jésus. Et maintenant la leçon de Job est apprise. Il va un peu plus loin, il dit : « J’avais ouï de mes oreilles parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu : c’est pourquoi j’ai horreur d’avoir ainsi parlé, et je m’en repens sur la poudre et sur la cendre ».
En quoi consistait la repentance de Job ? Était-ce un changement de pensées relativement à une marche d’ivrognerie ou d’impureté ? Était-il profondément affligé à cause d’une vie de péchés grossiers et d’immoralité ? Oh ! non, ce n’était pas du tout le cas de Job. Job était un véritable homme de Dieu, sa carrière avait été une des plus morales et des plus intègres dont nous ayons le récit. Comme Paul il était, quant à sa vie devant les hommes, sans reproche, et tel qu’on en trouverait à peine entre dix mille un seul qui pût en dire autant. De quoi donc se repentait-il ? Il se repentait de ceci : de ses efforts pour établir sa propre justice. Dieu lui était révélé maintenant, et il avait horreur de lui-même, oui de lui-même ! Est-ce que mon lecteur a horreur de lui-même ? De tout ce qui l’exalte lui-même, de toute religion qui tend à le rendre juste lui-même devant Dieu envisagé comme Juge ? Je vous le demande, avez-vous horreur de tout ce qui tendrait à élever l’homme, en tant que fils d’Adam ? En avez-vous horreur surtout, parce que cela déroberait à Christ une part de Sa propre excellence ? Avez-vous compris que tout cela est un combat contre Dieu, et par conséquent quelque chose des plus odieux ? L’apôtre l’avait appris lui — oui, il avait appris la leçon de Job, et senti profondément la repentance de Job. Il pouvait regarder en arrière à toute sa vie religieuse, à son zèle et à sa conduite irréprochable comme Juif — comme pharisien ; et tout ce qui exaltait Paul, il pouvait le fouler aux pieds. Il dit : « Quant à la justice qui est par la loi, étant sans reproche. Mais ce qui m’était un gain je l’ai regardé comme une perte, à cause de Christ. Et certes je regarde toutes choses comme étant une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes choses, et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ, et que je sois trouvé en lui, n’ayant pas ma justice qui est de la loi, mais celle qui est par la foi en Christ, la justice qui est de Dieu moyennant la foi ; pour le connaître lui et la puissance de sa résurrection, etc. » (Phil. 3, 1-11). Quelle conversion complète nous avons ici de la religion du moi à la justice de Dieu ! Est-ce que mon lecteur en a fini ainsi avec lui-même ? Est-ce que vous voyez en Christ une telle excellence que vous puissiez dire avec Job : « Maintenant mon œil t’a vu, c’est pourquoi j’ai horreur de moi-même, etc. » ? Je vous le demande : Avez-vous réellement été converti des efforts du vieil homme contre Dieu ?
Quel changement pour Job, une fois cette leçon apprise que tout en lui était vil et méprisable : « Et l’Éternel tira Job de sa captivité, quand il eut prié pour ses amis ; et il rendit à Job le double de tout ce qu’il avait eu ». S’il avait perdu sept mille brebis, il en avait quatorze mille maintenant ; et ainsi en était-il des chameaux et des bœufs et des ânes. Et certes le croyant a deux fois autant, par Christ, en la résurrection, qu’il avait perdu par Adam en la mort. L’innocence humaine est perdue par le péché. La justice divine est gagnée en Christ par la grâce. Un jardin de délices terrestres est perdu ; la joie éternelle du ciel est trouvée. En un mot, mon moi est perdu ; Christ est trouvé. Je suis mort, Christ vit. Je suis enseveli, Christ est ressuscité. Je ne pouvais jamais être juste devant Dieu, Christ est ma justice, et Dieu mon justificateur. Quel calme après un tel orage ! Quelle divine consolation après tant d’amertume. Oh ! quelle paix solide donnent à l’âme l’abandon de tout effort, de toute prétention à être juste en moi-même, et la connaissance que j’ai une justification et une justice parfaites en Christ ressuscité d’entre les morts. Ne justifierai-je pas Dieu dans la glorieuse rédemption qu’Il a accomplie ? Plus je serai occupé du plan merveilleux de Dieu pour me justifier, moi pauvre pécheur, plus mon âme sera remplie de joie en Dieu. Soyez donc en garde contre toute tentative d’élever l’homme dans la chair. Le mot mort est écrit sur lui tout entier. Puissions-nous, dorénavant, connaître la joie et la puissance de notre position de résurrection, pleine et entière en Christ. Car, tandis que, en Adam, l’homme est complètement perdu dans le péché, et n’a aucun pouvoir pour la justice ; et tandis que la loi n’a fait que produire des transgressions et prononcer une malédiction sur l’homme, maintenant, non seulement le croyant est ressuscité en Christ, entièrement sans péché et sans condamnation, mais de plus, étant ressuscité avec Christ, et ayant l’Esprit de Dieu, il a de la puissance, la puissance même de la résurrection et de l’Esprit de Dieu contre tout péché.
C’est ainsi que si Job avait perdu ses fils et ses filles dans la mort, il les reçoit maintenant, pour ainsi dire, en résurrection. Les noms mêmes de ses filles sont très significatifs. Il appelle la première Jémima, qui signifie belle comme le jour ; la seconde Ketsia, ce qui veut dire casse, un des doux parfums du sanctuaire ; et la troisième Kéren-Happuc, ce qui veut dire enfant de beauté. « Et il ne se trouva point dans tout le pays de si belles femmes que les filles de Job ».
Le péché en effet a gâté tout ce qui était beau, si beau dans cette vieille création dont Adam était le chef. Mais comment parlerai-je du Christ ressuscité, chef de la création nouvelle ? Ô toi qui es choisi entre dix mille ! ta beauté, Seigneur, est parfaite, ta gloire sans aucune tache ! Comme tu es saint, précieux, divinement doux ! Ton nom est comme un parfum répandu ! Et j’ai pu chercher si longtemps, et chercher vainement à trouver la perfection dans la chair adamique ! Oh ! que la mort passe sur elle ; que la mort la possède tout entière ! Qu’elle ait tout ce que je suis, avec le péché si odieux ! Je te contemple, Seigneur de résurrection, et j’ai horreur de moi-même ! Est-ce bien vrai que tout ce que tu es est à moi ? Ta beauté et ta gloire, le parfum de ta sainte personne, que tout cela m’appartient ! Est-ce là la part de tout pécheur sauvé par toi ? Ah ! c’est ici la conversion : abandonner tout ce que je suis dans la mort, et me tenir debout maintenant et pour toujours dans l’éternelle fraîcheur, l’excellence et la beauté qui te sont propres, ô mon Seigneur ressuscité !
Que Dieu bénisse, cher lecteur, le dorénavant de votre vie, comme il bénit le dernier état de Job ! Que haïssant tout ce qui est de vous-même, et ayant l’œil fixé sur Jésus, votre âme se repose en Dieu, votre justificateur ; et alors votre paix coulera comme un fleuve. Que contemplant la face de notre adorable Jésus, votre sentier soit comme la lumière qui augmente son éclat, jusqu’à ce que le jour soit en sa perfection.