Messager Évangélique:La conversion de Job, ou Dieu qui justifie/Partie 2
Chapitre 9. Ce chapitre nous découvre l’état du cœur de Job. Il dit : « Certainement je sais que cela est ainsi. Et comment l’homme mortel se justifierait-il devant Dieu ? ». Il se présente devant Dieu comme juge, et grande est sa perplexité. De mille articles il ne saurait lui répondre sur un seul. « Je suis épouvanté de tous mes tourments. Je sais que tu ne me jugeras point innocent ». Pauvre Job ! il ne sait maintenant de quel côté se tourner. Et n’est-ce pas le cas de tout croyant du moment qu’il se présente devant Dieu comme juge ? Comment peut-il — comment pouvez-vous être juste devant Dieu ? Ne suffit-il pas d’un seul péché entre mille autres pour vous condamner entièrement ? Cependant, c’est l’effort désespéré de Job et celui de tout cœur d’homme, de vouloir être juste devant Dieu. « Si je me justifie, ma propre bouche me condamnera ». Comment ! est-ce que Dieu sait que vous êtes innocent ? C’est bien tout le contraire. Mais lors de votre conversion, vous espériez le devenir. En a-t-il été ainsi ? Pouvez-vous regarder la face de Dieu comme celle d’un juge et dire que vous avez été innocent depuis votre conversion ? Impossible. Dans ce cas la pensée de vous tenir devant Dieu comme juge, ne vous effraie-t-elle pas ? Certainement Job sentait qu’il était entièrement impossible de se tenir devant Dieu, Juge, et d’être trouvé juste ; et de là le sentiment profond de la nécessité d’un médiateur, ou arbitre. « Car Dieu n’est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, et que nous allions ensemble en jugement. Entre nous, il n’y a point d’arbitre qui interpose sa main entre nous deux. Qu’il éloigne de moi sa verge, et que ses terreurs ne m’effrayent plus ».
Chapitre 10. La pensée de Dieu, Juge, remplit Job de confusion. Elle en vient à être pour lui ce qu’il exprime par ces paroles : « Tu vas, tel qu’un grand lion, me donner la chasse ». Il y a aussi contrition et humiliation devant Dieu. Mais tout n’est encore qu’obscurité et véritable ombre de mort. Quelle pouvait être la cause de tout ceci ? Et quelle est, ajouterai-je, la cause pour laquelle tant de chers enfants de Dieu peuvent se trouver dans la même obscurité et la même incertitude ? Parcourons ensemble le livre, et nous parviendrons à trouver cette cause.
Chapitre 11. C’est Tsophar, ami de Job, qui prend la parole. Il expose la majesté de Dieu, mais c’est seulement pour écraser Job. Il voit que Job a tort de chercher à être pur à ses propres yeux ; et dans son zèle il dit : « Il serait à souhaiter que Dieu parlât, et qu’il ouvrît ses lèvres contre toi ». Mais pour lui, il ne sait pas ou ne peut pas montrer à Job comment il peut être pécheur, et néanmoins justifié. Il peut bien dire que si Job n’était pas pécheur, ce serait fort heureux pour lui. Mais c’est là tout ce que Tsophar ou les simples lumières humaines peuvent faire. C’est là la religion de l’homme. Il faut que je fasse en sorte de n’être pas pécheur, alors je serai heureux, et Dieu ne sera pas contre moi. Vains efforts encore, vous le voyez, n’est-ce pas ? Vous êtes pécheur. Comment donc pouvez-vous subsister devant un Juge saint ? Voilà la difficulté.
Job répond de nouveau. Lui aussi peut discourir très bien sur la majesté de Dieu dans toutes Ses voies ; mais cela ne saurait décider la question : comment un homme pécheur peut-il être juste devant Dieu ? Un homme peut être capable de parler fort bien sur les astres, sur les pierres — il peut être instruit dans toute la science de ce monde, et néanmoins n’être pas capable de dire comment le pécheur est justifié devant Dieu. La terrible pensée que Dieu est contre lui est toujours là pour angoisser Job. Et quoi de plus accablant que cette affreuse pensée ? À qui pouvez-vous aller si Dieu est contre vous ? Le soleil peut briller, mais, hélas ! ce n’est pas pour vous. Vous pouvez essayer de fuir le péché, mais Satan vous poursuit et le presse sur vous d’autant plus fort. Job a dit à Dieu : « De tes terreurs ne m’épouvante pas » ; c’est là ce qui donne occasion à Éliphaz de renouveler l’attaque.
Chapitre 15. Éliphaz dit : « Tu attentes à la crainte de Dieu, et tu restreins la prière qui s’élève à lui ». C’est encore là une terrible tentation de Satan. Alors que l’âme passe par l’obscurité, il lui semble souvent qu’elle ne peut prier, tant elle est différente de ce qu’elle était auparavant. « À présent, dit Satan, n’est-ce pas une preuve que tu n’es qu’un méchant ? Certainement il faut que tu sois un hypocrite ». « Car l’assemblée des hypocrites sera désolée et le feu dévorera le logis de la corruption. Le méchant est comme en travail d’enfant tous les jours de sa vie ». « Hélas ! dit le croyant, c’est justement ce qui m’arrive. Je n’aime plus à prier comme autrefois. Je suis rempli d’angoisse ». « Vous êtes tous des consolateurs fâcheux », dit Job, et il se désespère toujours davantage. De nouveau lui vient la pensée, que Dieu est contre lui, qu’Il l’a abandonné. « J’étais en repos, et il m’a écrasé ; il m’a saisi au collet, et m’a brisé, et m’a dès lors pris pour son point de mire ». — « Oh ! dit le croyant, comment se fait-il que Dieu permette qu’il en soit ainsi avec moi ? Comment cela est-il possible ? ». Et aussitôt Satan lance une volée de pensées infidèles, que le papier ne saurait contenir.
Puis de nouveau un désir ardent après la sacrificature de Christ se fait jour dans le cœur de Job (16, 21 ; 17, 3). « Oh ! si quelqu’un pouvait plaider pour l’homme auprès de Dieu, comme un homme pour son ami ! Donne-moi, je te prie, donne-moi une caution auprès de toi ; mais qui est-ce qui me touchera dans la main ? ».
Chapitre 18. Bildad reprend sa place dans le plaidoyer. Son intention est bonne, mais ses paroles sont autant de flèches empoisonnées. « La lumière des méchants sera éteinte ». Oui, cela est parfaitement vrai du méchant, mais comme c’est écrasant pour Job ! Les circonstances semblent donner du poids à l’accusation. « Jusques à quand, dit Job, affligerez-vous mon âme, et m’accablerez-vous de paroles ? Ayez pitié de moi ! Ayez pitié de moi, vous, mes amis, car c’est la main de Dieu qui m’a frappé ! ». Il est étonnant qu’il leur accorde tant de choses, tout en ayant cependant une vue si claire sur certains points. Il dit (19, 25) : « Pour moi, je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’il demeurera au dernier jour sur la terre. Et lorsque, après ma peau, ceci aura été rongé, je verrai Dieu de ma chair ; je le verrai moi-même, et mes yeux le verront et non un autre ; mes reins se consument dans mon sein ».
C’est véritablement là un beau rayon de lumière au milieu de tant de ténèbres et de confusion. Il peut de même y avoir souvent une bonne mesure de connaissance de la rédemption et de la gloire future, et, par moments, la jouissance bénie des consolations du Saint Esprit, sans que pour cela la question de la justification soit encore clairement comprise. Et, remarquez-le, cela n’empêche pas Tsophar de redoubler l’attaque à son tour.
Chapitre 20. « Le triomphe des méchants est de courte durée, et la joie de l’hypocrite n’a qu’un instant ». C’était une violente secousse après un moment de répit. Job est quelque peu excité, et repousse vivement cette insinuation, en montrant que quelquefois les méchants prospèrent dans ce monde. Chapitre 22, Éliphaz recommence l’attaque avec fureur. Il dit : « Ta méchanceté n’est-elle pas grande, et tes injustices ne sont-elles pas sans fin ? ». Puis il va frapper Job au point le plus sensible ; il élève de fausses accusations contre lui : « Tu as pris, sans motif, des gages de ton frère ; tu as ôté la robe de ceux qui étaient nus. Tu n’as pas donné de l’eau à boire à celui qui était fatigué du chemin ; tu as refusé ton pain à celui qui avait faim. Tu renvoyais les veuves à vide, et tu laissais briser les bras des orphelins ». Job se plaint amèrement de ces dures inculpations. Il dit : « Ma plainte est pleine d’amertume ; et pourtant la main qui me frappe arrête de son poids l’essor de mon gémissement. Oh ! si je savais comment le trouver, j’irais jusqu’à son trône ». Voilà de nouveau Bildad qui répète la grande difficulté : « Comment l’homme se justifierait-il devant Dieu ? Et comment celui qui est né de femme serait-il pur ? » (chap. 25). Ce qui n’est d’aucun soulagement, d’aucun secours à Job.
Job prononce maintenant son dernier discours — il fait un dernier effort pour se justifier lui-même. Oui, se justifier, voilà la raison pour laquelle il a fallu toutes ces épreuves, toutes ces afflictions. Ses paroles sont touchantes. « Oh ! qui me rendra les mois de jadis… comme j’étais aux jours de ma jeunesse » etc. ; c’est toujours : Oh ! si j’étais. Comme cela ressemble aux souhaits illusoires de l’âme qui s’éloigne de Christ en se repliant sur elle-même. Il y a un plaisir tout particulièrement séduisant à être satisfait de soi-même. Souvent, après la conversion, vient la pensée que notre état est beaucoup meilleur maintenant qu’autrefois — que nous marchons dans les voies de Dieu. Il en est même quelques-uns qui se trompent au point de croire que la vieille nature est entièrement changée, et qu’il ne reste en eux aucune racine de péché. Mais, hélas ! quand la tentation arrive, tout cela tombe en ruines, tout cela est réduit à néant. Lisez maintenant les chapitres 29-31, et vous verrez que si quelqu’un eût pu être justifié par les œuvres, c’était Job. Il n’y a pas, dans toute la ville où vous demeurez, un seul homme qui en pût dire autant, et le dire avec vérité. À l’égard de sa bonté envers les pauvres, il était précisément l’opposé de ce dont on l’accusait. Ainsi il repasse dans sa mémoire chaque bonne action de sa vie passée, mais tout cela est impuissant pour donner du repos à son esprit troublé. Je, je, je, je faisais ceci, je ne faisais pas cela. Mais tout ne sert à rien. « Que la terre me produise des épines au lieu de blé, et de l’ivraie au lieu d’orge. C’est ici la fin des paroles de Job ».
Non, Job, il n’en sera pas ainsi ; tu parleras encore une fois, et tes paroles, bien qu’en petit nombre, seront alors pleines de sens. Maintenant si Job n’a pu être juste devant Dieu, comment le pourriez-vous ? Jetez un coup d’œil rétrospectif sur tout le cours de votre vie passée. Quels péchés et que de péchés devant Dieu ! Est-ce là la fin de vos paroles ? Êtes-vous battu à mort ? En êtes-vous à dire : Je ne sais plus que devenir ? Alors Élihu parlera.
Cet Élihu est un étrange personnage — précisément celui que Job avait désiré — l’arbitre ou le médiateur, type de notre grand souverain sacrificateur Jésus. Les accusations mensongères avaient manifesté la propre justice de Job ; et Élihu fut embrasé de colère contre Job. Pourquoi ? « Parce qu’il se justifiait plus qu’il ne justifiait Dieu ».
Vous verrez que le dernier effort, l’effort désespéré de Job pour se justifier, occupe six chapitres. Et combien de chapitres de la vie de plus d’un chrétien sont aussi employés au vain effort de se justifier, au lieu de se reconnaître pécheur perdu, et de justifier Dieu de ce que, tout pécheur perdu qu’il était, Dieu l’a justifié, et cela en demeurant conséquent avec Sa sainteté et Sa gloire. C’est là la grande méprise — la cause de toute obscurité et confusion chez le croyant.
Lecteur, permettez-moi de l’exposer clairement devant vous. La pensée de chercher comment vous pourriez être juste devant Dieu ne vous a-t-elle pas occupé ? Et la découverte, qu’il vous a fallu faire, de la totale impossibilité de l’être, puisque vous péchez toujours, ne vous a-t-elle pas rempli de confusion et de doute ? Vous avez pu, parfois, vous oublier vous-même, et être heureux dans la conscience de l’amour de Dieu quand vous pensiez à l’œuvre de votre Rédempteur, ainsi que Job le fit un moment. Mais ensuite est revenue l’angoissante pensée : Je ne suis pas ce que je devrais être, et que deviendrai-je ? Je ne puis subsister devant Dieu, le Juge saint. Je ne suis pas juste ! Il est parfaitement inutile de retourner en arrière sur les six chapitres de votre expérience passée, même quand elle vaudrait celle de Job. Et vous avez essayé si souvent, et sans rien avancer, que vous avez perdu tout courage et tout espoir d’être réellement ce que vous devriez être — d’être juste devant Dieu.
Or qu’est-ce que tout cela, sinon votre plus grand et meilleur effort pour vous justifier vous-même ? Dieu dit que vous êtes pécheur. Vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour prouver qu’il n’en est pas ainsi ; et quand vous découvrez que vous êtes réellement un pécheur, cela vous remplit de confusion. Il est parfaitement sûr que vous ne pouvez subsister devant Dieu, le Juge saint, et être trouvé innocent, bien moins encore être trouvé juste. De tous les millions d’hommes qui ont foulé successivement cette terre, un seul a pu subsister devant Dieu, considéré comme Juge. C’est notre précieux Sauveur Jésus. Le feu de la sainteté de Dieu a pu Le sonder jusqu’au fond, il ne s’est trouvé aucun péché en Lui. Cet Être saint, Lui seul, s’est en effet tenu devant Dieu, Juge, comme le substitut de Son peuple. Le jugement du Dieu saint a passé sur Lui, pour nos péchés. Et maintenant Dieu, dans Sa justice divine, appelle de pauvres pécheurs non pas à se tenir devant Lui comme Juge, mais à se tenir devant Lui comme Celui qui justifie. Ô Dieu trois fois saint et béni ! c’est là toute la différence ! Je ne saurais me tenir devant toi, et me justifier moi-même ; mais tu peux, toi, me justifier, tu m’as justifié par le précieux sang de Jésus. Oh ! ta présence est maintenant ma demeure, et quelle demeure !
Nous verrons que c’est là le refrain du message d’Élihu. Il est à remarquer que, du moment où Élihu ouvre la bouche, Satan est réduit au silence dans les trois amis de Job. « Ils sont éperdus, et ne répliquent plus ; on leur a ôté l’usage de la parole ». Oh ! puisse le croyant éprouvé et souffleté se rappeler aussi les paroles qui sont écrites pour sa consolation : « Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez pas ; et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste ; et lui est la propitiation pour nos péchés » (1 Jean 2, 1). Maintenant si ces trois hommes sont éperdus de voir Élihu se constituer l’avocat de Job, combien Satan doit-il être éperdu aussi, lorsque après avoir longtemps tenté l’enfant de Dieu, il réussit, dans un moment où celui-ci ne veillait pas, à l’enlacer dans le péché ; et qu’il est aussitôt allé l’accuser devant Dieu ; combien, dis-je, il doit être étonné de trouver que là-haut, à la cour céleste, ce pauvre et indigne chrétien a pour avocat le Juste par excellence, qui présente en faveur de Son racheté la valeur de Son propre sang ! Ils n’ont plus ouvert la bouche, et la simple mention du nom de Jésus ferme la bouche à l’accusateur des frères. « Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau » (Apoc. 12, 11). Pense à ceci, croyant, je t’en supplie. Tes plus grands efforts pour te justifier ne pourront jamais fermer la bouche de l’accusateur — elle ne peut être fermée que par le sang de l’Agneau.
Élihu était pour Job, mais il n’était pas pour sa propre justice. C’est contre elle qu’il fut embrasé de colère. Lorsque notre bien-aimé Sauveur était sur la terre, rien n’excitait autant Sa sainte colère que la propre justice des pharisiens. C’est contre elle qu’Il était rempli d’indignation. Vous pouvez avoir été profondément affligé de ce qu’il vous était impossible d’arriver à être juste, de manière à pouvoir vous justifier vous-même. L’essai même que vous en avez fait a affligé le Seigneur davantage encore. Mais bien qu’Élihu fût tellement affligé de voir Job tomber dans une aussi grande illusion, oh ! comme néanmoins son cœur était porté vers lui. Il dit : « Voici, mon ventre est comme un vaisseau qui n’a point d’air, et il crèverait comme des vaisseaux neufs. Je parlerai donc et je me mettrai au large ».
Là-haut, ô croyant ! par-dessus les trônes et les dominations, là-haut dans la gloire éclatante, il y a un homme dont le cœur tendre et humain est ému de compassion envers toi et envers moi. Ô resplendissement de la gloire du Père ! n’as-tu pas revêtu ma nature, dans le but exprès d’être un souverain sacrificateur miséricordieux, fidèle et plein d’amour ? Tu es en la présence de Dieu pour nous ! Ton cœur est rafraîchi ou mis au large quand tu intercèdes pour moi, pauvre et indigne créature. Jamais, non jamais, ton amour n’est fatigué de moi. Ô amour merveilleux, amour tendre et divin ! Que le Seigneur en remplisse le cœur et de celui qui écrit, et de celui qui lit !
Et maintenant Élihu ouvre la bouche pour s’adresser à Job. Il dit : « Mes paroles répondront à la droiture de mon cœur ». Quel délicieux changement, lorsque, fatigué de mes efforts à chercher la justice en moi-même, l’Esprit de Dieu met devant moi le Seigneur, ma justice, dans le ciel.
Ce qui répondait au besoin si profondément senti de Job se trouve en Élihu. « L’Esprit de Dieu m’a créé… — Voici, je suis, selon ton désir, en la place de Dieu ; du limon je fus aussi formé. Voici, ma frayeur ne te troublera point, et ma main ne s’appesantira point sur toi ».
Quelle illustration frappante nous avons ici de la réelle humanité de notre précieux substitut, le Seigneur de gloire. Il fut conçu du Saint Esprit, et cependant né de femme. Le médiateur, l’arbitre entre Dieu et l’homme, ce fut l’homme Christ Jésus. N’est-il pas des plus précieux que Dieu se soit ainsi manifesté à nous en chair ? La frayeur que nous avons de Lui ne peut nous épouvanter. Voyez-Le au milieu de pauvres pécheurs coupables, tels que la femme de Samarie, la pécheresse de la ville, le brigand à la croix. Oh ! ne viendrions-nous pas avec assurance à un tel Sauveur !
Élihu tance Job de ce qu’il a voulu à tout prix se justifier lui-même, puis, pour avoir eu l’affreuse pensée que Dieu était contre lui ; il lui dit ensuite : « Voici, je te réponds qu’en cela tu n’as pas été juste : car Dieu sera toujours plus grand que l’homme mortel ; pourquoi donc as-tu combattu contre lui ? ». Comme la question du combat du chrétien devient simple, une fois que cette lumière vient l’éclairer : Tu n’es pas juste — tu es coupable, c’est un fait, la déclaration de la Parole de Dieu. Il n’y a pas de différence, car tous ont péché. Comme pécheur, tu es jugé dans la mort de Jésus ; et comme pécheur jugé, condamné, mort, par cette mort tu es réputé mort, et mis de côté à jamais. En tant que fils d’Adam, tu ne peux jamais être juste ; et ainsi tout ce que tu pourrais tenter pour relever ta vieille nature, le vieil homme coupable, en quelque manière que ce soit, c’est tout simplement combattre contre Dieu. Dieu n’est pas contre toi, mais il est contre tes efforts pour te justifier. Et je te répondrai que Dieu est trop fort pour toi. Ce ne sera que confusion pour toi, si tu oses combattre contre Dieu. On vient de me raconter une anecdote, qui montre cela d’une manière frappante. Un cher enfant de Dieu, vieux chrétien déjà, qui demeurait ici, fut grièvement éprouvé sur son lit de mort. Tous les péchés de sa vie passée lui apparaissaient distinctement, et le sentiment de sa culpabilité et de sa honte devint si accablant qu’il fut près de tomber dans le désespoir. À la fin il apprit et comprit la leçon de Job, et dit : « Je vois maintenant que si j’avais été seulement un peu meilleur, cela eût tourné à ma condamnation. Si j’eusse pu faire reposer mon salut sur la plus petite chose qui eût été en moi, je l’aurais fait et je serais péri dans mon égarement ; mais maintenant il n’y a uniquement que le sang de Christ ». Tel est, chez tout enfant de Dieu, l’effort désespéré du cœur humain contre Dieu. Il faut que la leçon de Job s’apprenne. D’une manière ou d’une autre, la pensée de l’homme est de se justifier lui-même. Ce peut être en gardant la loi, ce peut être en mêlant la justice de Christ avec la sienne propre, en cherchant à répondre aux exigences de la loi, afin de rendre ainsi sa cause juste devant Dieu. Peu importe la manière ; tout effort que je fais pour me justifier moi-même devant Dieu n’est autre chose que combattre contre Dieu. C’est travailler à rétablir ma vieille nature adamique que Dieu a renversée et ensevelie pour toujours. « Quand Dieu ouvre l’oreille aux hommes et scelle la leçon qu’il leur donne, afin de détourner l’homme de son train et de mettre le mortel à l’abri de l’orgueil », alors, il faut que l’homme passe par cette dure affliction. Il peut arriver que ce soit à la suite de quelque chute que toute confiance en soi-même est détruite. Et peut-être qu’à moins d’une chute aucun chrétien n’arrive réellement à comprendre Philippiens 3. Ah ! certes, ce n’est pas chose facile d’estimer comme une perte — comme du fumier, tout ce qui tient au moi religieux — de n’avoir aucune confiance en la chair — d’être trouvé uniquement en Christ.
Élihu nous montre que le but de Dieu est la pleine délivrance de Job. Et c’est dans ce même but qu’Il permet tous les soufflets, tous les combats par lesquels le croyant peut avoir à passer. Oui, et alors quand il arrive au point le plus humiliant, « s’il se trouve alors un messager pour lui, un intercesseur, un d’entre mille, qui manifeste à l’homme son droit chemin ; alors il prend pitié de lui, et dit : Garantis-le, afin qu’il ne descende pas dans la fosse ; j’ai trouvé une rançon » (ou la propitiation).
Quel bonheur pour nous d’avoir un véritable Messager du ciel, un véritable interprète de Dieu pour nous montrer Sa justice. Le Saint Esprit, envoyé du ciel, est le meilleur interprète du dessein de Dieu dans la croix de Christ. Dans la bonne nouvelle qu’Il a apportée, la justice de Dieu est révélée. Oui, c’est Son œuvre bénie de faire voir la justice de Dieu en justifiant le pécheur — de montrer que Dieu est conséquent avec Lui-même, avec Sa sainteté, en étant miséricordieux envers le pauvre pécheur coupable. Comment Dieu peut-Il dire : « Garantis-le, afin qu’il ne tombe pas dans la fosse » ? Est-ce que l’homme est juste ? Oh ! non. Est-il innocent ? Non. Ne mérite-t-il pas de descendre dans la fosse ? Oh ! certainement oui ! Alors donc comment Dieu peut-il être juste en l’épargnant ? « J’ai trouvé la propitiation, ou la rançon ».
L’homme est coupable. Il n’a pas de justice. Mais Dieu a trouvé une rançon. Ceci change tout et explique tout. Je ne suis plus un pécheur tremblant devant Dieu, envisagé comme mon Juge ; mais je suis devant Dieu qui est Celui qui me justifie. Dieu a trouvé une rançon, une propitiation dans le sang de Jésus, dans le but exprès de manifester Sa justice, en justifiant gratuitement par Sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Quatre fois cela nous est montré comme étant la justice même de Dieu, dans Romains 3, 21-26. Remarquez bien que ce n’est pas que moi, comme enfant d’Adam, je suis juste. Cela ne peut jamais être.
Les chapitres 5, 6, 7 montrent que par la mort de Christ je suis mort et enseveli. Et si je suis justifié, c’est uniquement et entièrement dans le Christ ressuscité. Christ n’est pas mort pour les justes, mais pour les injustes, afin de les amener à Dieu.
Maintenant, cher lecteur, où en êtes-vous ? Est-ce que vous combattriez encore contre Dieu en essayant d’être par vous-même juste devant lui comme Juge ? S’il en est ainsi, il n’est pas étonnant que votre âme soit tourmentée de confusion et de ténèbres. Ou bien, est-ce que vous vous reposez entièrement sur la valeur de ce sang expiatoire, de cette rançon qui fait que Dieu est juste en vous justifiant ? Ah ! chaque fois que votre âme est abattue par un simple doute, vous pouvez dire avec certitude : « Voilà de nouveau que je cherche à me justifier moi-même, au lieu de me réjouir en Dieu qui me justifie ». Si Dieu est votre juge vous ne pouvez être sauvé. Si Dieu est votre justificateur, vous ne pouvez être perdu. « Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? C’est Dieu qui justifie ; qui est celui qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, mais plutôt qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ».
Ce n’est pas vous qui avez trouvé la rançon. Dieu l’a trouvée. Satan peut Lui parler de tous vos péchés ; et surtout de votre profonde ingratitude et de vos manquements depuis que vous êtes enfant de Dieu. La réponse de Dieu est celle-ci : « J’ai trouvé une propitiation ».
Alors certainement je dois avoir une parfaite délivrance — en ayant Dieu pour mon justificateur — Jésus pour mon avocat. Oh ! quel rafraîchissement cela procure à l’âme : « Sa chair devient plus délicate qu’elle n’était dans son enfance ; il revient aux jours de sa jeunesse ». Ce n’est plus à présent : « Oh ! qui me ferait être comme j’étais autrefois ! ». Maintenant j’en ai fini avec le moi. Ce n’est plus moi, mais Christ en moi — ce ne sont plus de misérables efforts pour me justifier moi-même, ou mon vieil homme. Oh ! non, c’est mon âme toute remplie de fraîcheur en contemplant la rançon que Dieu a trouvée et la perfection de Dieu en me justifiant par cette rançon. Comme la prière est douce maintenant : « Il adresse à Dieu sa prière, et Dieu lui redevient propice ; il contemple sa face avec des transports, et Dieu lui rend sa justice ». Que c’est merveilleux ! L’homme qui n’a aucune justice en propre, possède maintenant la justice de Dieu. « Elle est envers tous, et sur tous ceux qui croient » (Rom. 3). Quelle bénédiction ! Christ est fait justice aux croyants — ils sont la justice de Dieu en Lui ; et par-dessus tout, notre justification dans le Christ ressuscité est, pour ainsi dire, la justice même de Dieu. Et aucune chose n’arrête plus le plein déploiement de toutes ces bénédictions et jouissances, si ce ne sont les efforts de la propre justice, le travail pour être juste en soi-même. Confessez simplement la vérité telle qu’elle est : « Il regarde vers les hommes, et dira : J’avais péché, j’avais renversé le droit, et cela ne m’avait point profité. Dieu a garanti mon âme afin qu’elle ne passât point par la fosse, et ma vie voit la lumière ».
Comme ce verset est simple. Oh ! dira peut-être quelqu’un de mes lecteurs, maintenant je commence à voir clairement que je n’ai jamais été chrétien du tout. Ma religion n’a été autre chose que de la confiance en moi-même. « Il dira, j’avais péché ». Est-ce là le langage de votre cœur maintenant ? Pouvez-vous vous jeter aux pieds de Christ comme un pécheur avoué ? Vous pouvez prendre cette place sans aucune crainte d’être hypocrite. En vous reconnaissant pour ce que vous êtes, un pécheur devant Dieu, vous n’avez pas à craindre de vous tromper vous-même, bien moins encore de tromper Dieu. Si c’est là l’état dans lequel vous confessez être, Dieu délivrera votre âme de la fosse, et vous serez éclairé de la lumière des vivants. Ne demeurez pas satisfait, jusqu’à ce que vous soyez assuré que « Dieu vous a justifié gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus ». C’est assurément une grande chose que Dieu dit dans ce passage ; cependant il faut qu’elle soit vraie, car c’est la Parole de Dieu. Il ne se trouvera donc jamais dans la fosse, un seul de ceux qui auront été amenés à venir à Dieu comme des pécheurs perdus. « Il garantira son âme afin qu’elle ne passe point par la fosse et sa vie verra la lumière ». Combien, par conséquent, il importe de vous assurer, si vous avez été ainsi amené à faire devant Dieu une confession sincère et réelle. Il n’est pas dit : si quelqu’un m’a servi, ou si quelqu’un n’a pas péché ; mais si quelqu’un a péché. « Si quelqu’un dit : j’ai péché ». Maintenant, lecteur, Dieu discerne vos pensées dans ce moment-ci. Que dites-vous à Dieu ? Pouvez-vous dire : J’ai péché ?
Élihu dit : « Si tu as à parler, réponds-moi, parle ; car je désire de te justifier ». Certes c’est un fait merveilleux que le propre but de Dieu, Son désir, Son intention en envoyant Son Fils bien-aimé dans ce monde, était de justifier des pécheurs impies. Que le pécheur réveillé et inquiet apprenne donc ceci, c’est qu’en venant à Lui, il rencontre un Dieu tout disposé en sa faveur, un Dieu qui désire le justifier. Oui, du moment que vous croyez en Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts pour notre justification, dès ce moment vous êtes justifié de toutes choses (voy. Act. 13, 38 ; Rom. 4, 24 à 5, 1).
Élihu parle maintenant à ceux qui ont des oreilles pour entendre. Il montre en quoi Job avait si gravement erré. Premièrement, en disant : « Je suis juste », et ensuite en disant qu’il ne servait à rien de servir Dieu. C’est ainsi que la propre justice est montrée comme conduisant à l’infidélité et à la plus profonde méchanceté spirituelle. Ensuite Élihu fait voir que Dieu est juste dans toutes Ses voies. Que l’homme l’aperçoive ou non, il y a une raison, une nécessité pour chaque acte, chaque permission de Dieu dans Ses voies, soit envers une nation, soit envers un individu ; « car ses yeux sont sur les voies de chacun, et il regarde tous leurs pas. Il n’y a ni ténèbres, ni ombre de mort, où se puissent cacher les ouvriers d’iniquité ».
Quelle que puisse donc être la providence de Dieu à l’égard du monde, ou Sa discipline à l’égard de Ses enfants, que ce soit un châtiment, que ce soit même la mort du corps (1 Cor. 11, 30, 31), toutes Ses voies sont justes et véritables.
Chapitre 35. Élihu applique tout cela à Job lui-même, et il en vient ensuite à justifier Dieu, « à parler en faveur de Dieu, à lui attribuer la justice ». Il est très frappant de voir comment toute l’affaire d’Élihu consiste à justifier Dieu. Cela nous rappelle les paroles de Jésus : « Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi, je t’ai connu ». La grande affaire de Jésus, le Fils, était, par Sa mort, de glorifier le Père en justifiant les impies. Il est de toute importance pour l’âme qu’elle comprenne bien ceci, savoir que Dieu est parfaitement juste en justifiant les impies par le sang de Jésus. Et que, étant ainsi justifiés, ils sont considérés comme justes dans le Christ ressuscité. Il a constamment les yeux sur eux en Christ. « Du juste, il ne détourne pas ses yeux, et avec les rois sur le trône pour toujours il le place, afin qu’il soit élevé » (36, 7). Certainement il faut qu’il en soit ainsi : Quand Dieu voit une fois le pauvre pécheur, coupable, devenu juste en Christ, et qu’Il ne retire plus ses yeux de dessus lui, alors il doit être établi pour toujours ; car Christ est établi pour toujours. Si Christ est élevé pour toujours, alors le croyant est, en Lui, élevé pour toujours aussi. Je puis détourner mes yeux de Christ, ma justice vivante devant Dieu, pour regarder ce que je suis, moi. Dieu ne le fera jamais. Ô mon frère ! ton cœur ne bondit-il pas de joie, à la pensée que, dans ce moment, Dieu te voit juste en Christ établi pour toujours ? Mais, diras-tu, « alors il est bien étrange que je doive passer par tant d’angoisses et d’afflictions, que je sois ainsi comme un captif dans les fers, retenu dans les chaînes de l’adversité ! ». Ah ! c’est que la leçon de Job n’est pas encore apprise.
Les quelques versets qui suivent exposent le but de Dieu dans la discipline. « S’ils sont liés de chaînes, et s’ils sont prisonniers dans les liens de l’affliction, c’est que Dieu veut leur montrer ce qu’ils ont fait, et que leurs péchés se sont augmentés ; faire que leur oreille s’ouvre aux leçons ; et leur dire de se détourner de l’iniquité. S’ils l’écoutent et le servent, ils achèveront heureusement leurs jours et leurs années dans les délices. Mais s’ils n’écoutent point, ils courent au-devant de la flèche, et ils périssent faute d’avoir voulu comprendre ». Il est des plus importants de ne pas confondre la position du croyant et son salut en Christ avec sa marche et la discipline du Père envers lui. Quant à sa position en Christ, elle est, comme nous l’avons vu, établie pour toujours. La faire dépendre, le moins du monde, de ses œuvres, ce serait nier la grâce de Dieu. Cependant combien de choses dépendent en effet de sa marche avec Dieu. Ce ne sera pas sans doute la prospérité terrestre, ni les plaisirs du monde. — Plus nous marcherons près de Dieu, moins nous aurons de ceux-ci. Témoin l’apôtre Paul, et tous ceux qui veulent vivre pieusement dans ce présent siècle mauvais.
Mais qui peut dire combien notre prospérité spirituelle, combien la jouissance des joies célestes dépendent d’une marche avec Dieu et près de Dieu. La question est très fermement posée ici ; et c’est la Parole de Dieu. Le but béni qu’Il se propose dans toutes nos afflictions, dans toute Sa discipline et Ses châtiments, c’est de nous rendre participants de Sa sainteté. Oh ! pensez à ce qu’Il nous a fait être en Christ, et puis dites, si vous le pouvez, que vous avez été affligés sans cause. Ah ! il y avait quelque accommodement avec l’iniquité. Et si Dieu n’était pas intervenu avec le châtiment, qui peut dire si nous n’aurions pas continué dans cette voie à tel point que Dieu eût dû nous retrancher par la mort. Le Seigneur discipline celui qu’Il aime (Héb. 12, 5-9).
Qui peut dire les résultats bénis d’un abandon complet de soi-même à Dieu ? Quelle honte pour le croyant de servir le monde, la chair ou le diable ! Quelle puissance dans cette parole : « Et il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus dorénavant pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Cor. 5, 14, 15) !