Messager Évangélique:Pensées sur 2 Corinthiens 12

De mipe
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Ce chapitre nous fait voir, d’une manière remarquable, d’où procède la force par laquelle le chrétien peut marcher dans ce monde. Il ne s’agit pas seulement d’un sentier dans lequel le chrétien peut marcher, mais du moyen d’avoir la force pour y marcher, et de ce qu’est l’œuvre parfaite de Dieu pour l’y faire marcher. Nous avons ici deux extrêmes : jusqu’où un chrétien peut s’élever, et jusqu’où il peut tomber.

Au commencement du chapitre nous voyons un homme ravi au troisième ciel : là il était au suprême degré de la béatitude spirituelle. Et cette béatitude qu’il avait éprouvée était telle, qu’il ne pouvait l’exprimer quand il était revenu à son état naturel. Nul doute que la foi de l’apôtre n’ait été par là fortifiée pour son œuvre ; mais il ne pouvait parler de telles choses. C’est bien là l’état de spiritualité le plus élevé que vous puissiez supposer, et néanmoins c’est ce qui est vrai pour chacun de nous. Sans doute, cela avait pour l’apôtre une application toute spéciale, mais la bénédiction qu’il a ainsi réalisée est vraie pour nous aussi. Puis, à la fin du chapitre, nous avons l’autre extrême, l’état terrible dans lequel un saint peut tomber. Il est question d’animosités, de colères, d’intrigues, d’impureté, de fornication, etc. L’état des Corinthiens était tellement mauvais que l’apôtre ne pouvait aller à Corinthe dans ce moment-là. C’était un lieu tellement corrompu qu’il avait même passé en proverbe parmi les anciens ; et ceci se trouvait être vrai même à l’égard des saints qui y étaient, que « les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs ». C’est pourquoi l’apôtre dit : « Je crains que quand j’arriverai je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que moi je ne sois trouvé par vous tel que vous ne voudriez pas ». D’abord il ne voulait pas retourner chez eux ; mais maintenant sa première lettre avait agi sur l’esprit des Corinthiens, et ils avaient retranché l’homme qui avait commis le terrible péché. Tite aussi avait été chez eux, en était revenu, et lui avait parlé de leur repentance, de leur douleur et de leurs fervents désirs quant à lui, en sorte que son cœur avait été consolé. Cependant ils étaient dans une position fort difficile, et de grands pièges les environnaient, car, dit-il, « je crains qu’il n’y ait parmi vous des querelles, des animosités, des colères, des intrigues », etc. Il y avait même eu parmi eux une telle fornication qu’il n’en était pas fait mention de pareille parmi les nations. Ils avaient, il est vrai, reçu la répréhension de l’apôtre, et l’homme avait été retranché ; mais ils étaient si accoutumés à voir le mal tout autour d’eux, qu’ils ne le sentaient pas. Il en est autrement pour nous, attendu que nous avons été élevés de manière à juger de tout d’après une lumière morale, qui est répandue dans le monde depuis que le christianisme y est professé. Mais eux avaient été de tout temps accoutumés à l’impureté ; ils avaient corrigé les choses en gros, néanmoins l’apôtre tremblait encore pour eux. « Je crains que quand j’arriverai… je ne sois trouvé par vous tel que vous ne voudriez pas ». Je serai trouvé bien sévère à votre égard ; il se peut que je vienne avec la verge. Il tremblait d’être contraint d’exercer cette espèce de sévérité envers ceux qui ne s’étaient pas repentis.

Nous avons donc, au commencement du chapitre, le point extrême où un chrétien peut arriver en fait de spiritualité, et à la fin l’autre extrême auquel il peut descendre, dans la chair. Tel est le mal terrible qui reste en nous-mêmes, chrétiens, et d’un autre côté la béatitude dont un homme est susceptible en fait de jouissance spirituelle. Ce n’est pas, cela va sans dire, que chacun soit élevé au troisième ciel ; mais tous les croyants possèdent, d’un côté, la bénédiction d’un homme en Christ ; de l’autre, l’incorrigible méchanceté de la chair. Je ne dis pas d’un homme dans la chair, car ceci n’est pas l’état chrétien du tout. Nous voyons ce qu’est la place du chrétien, au point de vue de ses privilèges, et puis ce qu’il est, considéré dans sa marche ici-bas, et comment il se fait qu’une personne, susceptible de toute cette infirmité, si elle ne marche pas dans la vigilance, peut pourtant marcher suivant ses privilèges. Nous sommes ici dans un monde de tentation et de mal, et nous avons la chair, par laquelle le diable cherche constamment à nous entraîner ; et comment est-il possible qu’une personne, marchant au milieu de la tentation, la chair étant là, et le diable aussi, comment est-il possible qu’une telle personne marche selon cet état céleste dans lequel elle a été placée ? La première chose qu’il faut savoir, c’est ce en quoi le privilège consiste. L’apôtre avait été rendu capable d’en jouir d’une manière extraordinaire ; mais la place qu’il se donne à lui-même est une place qui, en principe, appartient à tout chrétien. Le titre de Paul pour être au troisième ciel est le titre de tous. Nous ne le réalisons pas maintenant au degré où il le réalisait, mais il n’en est pas moins vrai que ce titre nous donne place au ciel. Nous sommes venus à la gloire de Dieu maintenant ; c’est la place qui nous est donnée. C’est pourquoi il dit : Je ne parle pas de Paul — « Je connais un homme en Christ », je ne dis pas un homme dans la chair, mais un homme en Christ. C’est là que l’Esprit de Dieu place un chrétien. C’est la place de tout croyant ; ils peuvent passer par de grands exercices de cœur avant d’y arriver, mais l’Esprit de Dieu les place, non pas dans la chair, mais en Christ. Ce n’est pas la chair, c’est la gloire à la droite de Dieu. Un homme dans la chair ne peut être là.

Quand l’apôtre dit : « Lorsque nous étions dans la chair », il entend par là que nous n’y sommes plus ; c’est une chose passée. Si je dis : Quand j’étais à Paris, je faisais ainsi et ainsi, cela veut dire que je n’y suis pas maintenant. Et c’est de cette même manière qu’il dit : « Quand nous étions dans la chair ». Il connaissait le commandement, dont il pouvait dire qu’il était bon, mais il ne pouvait obtenir de la force par ce moyen. Il n’était donc pas alors question pour lui de se réjouir toujours dans le Seigneur, et de dire : « Je me glorifierai d’un tel homme ». Son être même, sa nature, sa marche, tout en lui était opposé à Dieu, et le sentiment qu’il avait de lui-même et de sa chair était celui-ci : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ». Voilà ce dont il avait la conscience devant Dieu. Supposant un homme qui désirait faire ce qui était bon, mais ne le faisait pas — faisait plutôt le contraire — il avait la conscience d’être tel devant Dieu. Dans Romains 7, étant dans le premier Adam, il marchait dans le péché et dans la mort, et était responsable pour cela. Au chapitre 8, il dit autre chose : « Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit ». Là nous avons l’homme en Christ, et : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Là on pourra voir ce que c’est que marcher, non selon la chair, mais selon l’Esprit. Mais où est maintenant la puissance pour le faire ? « Ce qui était impossible à la loi en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché en la chair ». Remarquez que quand il est sous la loi, et qu’il a ces saints désirs que la nouvelle nature doit toujours avoir, il voit que la loi est juste, il l’approuve comme étant bonne ; mais il voit une autre loi dans ses membres, qui le rend captif de la loi du péché. Il voit qu’elle ne lui sert de rien. Comment puis-je subsister devant Dieu ? Je voudrais faire le bien et je fais le mal. Ne suis-je pas responsable envers Dieu ? Et comment puis-je Lui répondre, si je fais toujours ce qui est mal ? Dans toute cette portion de Romains 7, remarquez que Paul ne parle pas de Christ, mais de l’homme dans la chair. Il y avait bien en lui de nouveaux désirs, mais il ne les accomplissait pas ; et le voilà, homme responsable, ayant à répondre de son propre état devant Dieu ; et il dit : Mon état est entièrement mauvais. « Misérable homme que je suis », etc. Cela était vrai, mais de quoi parlait-il pendant tout ce temps ? De la loi. « Nous savons que la loi est spirituelle, mais je suis charnel, vendu au péché ». C’était non seulement la loi jugeant quelque acte grossier, mais requérant de lui qu’il fût ce qu’il devait être, ranimant en lui le désir d’être tel, et néanmoins il n’était pas cela. « J’approuve la loi, reconnaissant qu’elle est bonne ». Il a à faire avec la loi. Ensuite en quoi prend-il plaisir ? « Je prends plaisir à la loi quant à l’homme intérieur ». J’ai le vouloir de faire ce qui est bien, mais je n’ai pas de Sauveur. J’ai une loi ; et que dit-elle ? Tu dois aimer Dieu de tout ton cœur. Mais je ne le fais pas. — Alors tu es perdu. Elle exige de moi ce que je devrais être, mais ce que je ne suis pas. Elle requiert d’un homme qu’il ne convoite pas ; qu’il aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa pensée et de toute sa force, et son prochain comme lui-même. Mais qui est cet homme duquel tout cela est requis ? Eh bien ! c’est un homme dans la chair, avec toutes les convoitises de la chair, l’entraînant constamment au mal. La loi demande d’un homme pécheur qu’il ne soit pas pécheur ; c’est précisément cela. Si donc, comme être responsable, je suis sous la loi, que peut-elle faire ? Hélas ! me condamner — me condamner justement ; elle ne pourrait absolument rien faire que me condamner. Elle vient exiger de moi, quand je suis pécheur, que je sois ce que, en tant que pécheur, je ne puis être ; par conséquent, pour un homme dans la chair, si la loi de Dieu vient, elle le condamne. Elle doit le condamner, parce que le cœur est si foncièrement corrompu et méchant, que le fait même qu’un commandement est donné n’a d’autre résultat que de manifester le mal qui s’y trouve. Nous le savons par l’expérience de nos propres cœurs. S’il y avait quelque chose sur cette table, et que je disse : Je ne veut pas que personne sache ce qui est là, aussitôt chacun désirerait savoir ce que c’est. Voilà précisément ce qu’est la nature humaine ; ce n’est pas du tout la faute de la loi. Supposons que vous ayez des enfants ; ils pourront n’avoir aucun désir particulier de sortir de la maison ; mais si vous leur dites de ne pas sortir, et que vous mettiez une barrière pour les en empêcher, en voilà tout de suite un qui a envie de sortir, et s’il rencontre la barrière, il la poussera d’autant plus fort. La loi dit qu’elle veut être obéie ; mais j’ai une volonté désobéissante. La loi dit qu’elle ne peut tolérer une convoitise ; mais la convoitise est là, et c’est pourquoi la loi dit : « Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire ». Il va sans dire que la loi de Dieu est juste en le disant. Mais dans tout cela il n’y a pas un mot de Christ. Nous avons là les droits de Dieu quant à l’homme, considéré comme responsable, comme enfant d’Adam, quand il est dans ses péchés, la loi réclamant de lui qu’il n’ait pas de péchés.

Il en résulte une complète condamnation, dont l’homme ne peut se délivrer. C’est que, non seulement il tombe et retombe dans tel ou tel péché ; mais que, de plus et surtout, l’arbre est mauvais, la volonté est mauvaise. Or c’est justement le contraire de ce que nous trouvons en Christ. Christ, en entrant au monde, dit : « Voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Et il en est ainsi du saint dans sa mesure. Mais la loi étant là, et la convoitise aussi, un droit exigé de lui a pour effet moral de l’amener à sentir que, considéré comme étant dans la chair, il est un pécheur aux yeux de Dieu. Cela lui montre sa condition réelle, mais ne l’en sort pas ; et en conséquence il s’écrie : « Misérable homme que je suis », etc. Il avait fait des efforts pour devenir meilleur, et le seul résultat en est qu’il acquiert cette expérience de lui-même, et cela par le moyen même de la loi que Dieu lui a donnée, comme règle de ce qu’il devait être. Alors il dit autre chose : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? ». Il cherche maintenant, non pas comment lui, en tant que dans la chair, pourrait s’améliorer ; ce qu’il cherche, c’est qu’un autre vienne, et prenne l’affaire à sa charge, et l’accomplisse entièrement. Voilà où une âme est amenée lorsqu’elle est convertie, quand elle se découvre non seulement pécheresse, mais sans force. Alors seulement j’ai la conscience de la faiblesse que le péché a produite dans ma chair, et je dis : Il faut que quelqu’un se charge de l’œuvre à ma place ; je ne puis la faire moi-même. J’ai la conscience de ce que le péché m’a fait être en la présence de Dieu, et je ne puis sortir de cette condition. « Qui me délivrera ? ». Remarquez la réponse : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ». Tout est donc bien réglé ; il rend déjà grâces à Dieu. Pourquoi cela ? Parce que, « ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair »… (la loi était bonne ; mais ce que la loi ne pouvait faire)… « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché en la chair ». Là je trouve Dieu faisant tout. Ce que la loi ne pouvait faire, à cause de ce principe de péché qui est en moi, Dieu l’a fait en envoyant Son Fils. Supposez que je dise à mon enfant : Tu dois m’aimer, et si tu ne le fais pas, je te fouetterai. Pensez-vous que cela produirait de l’affection pour moi dans le cœur de mon enfant ? Certainement non. Je n’obtiendrais pas de lui un atome d’amour. Ainsi en est-il de la loi. La loi dit : Aime Dieu, mais elle ne produit jamais l’amour ; le commandement ne change jamais la nature humaine qui n’aime pas. Qu’est-ce donc qui peut le faire ? « Nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier ».

La loi me dit que Dieu est un juste juge ; elle me dit ce que je devrais être, mais que me dit-elle de Dieu, sinon ceci qu’Il ne veut tolérer aucun mal ? Elle me dit que je dois aimer Dieu, mais me dit-elle ce qu’est le Dieu que je dois aimer ? Elle n’en dit rien. Elle dit : tu L’aimeras, et si tu ne le fais pas, tu seras puni ; elle ne me dit pas ce qu’Il est, afin que je L’aime.

Mais qu’est-ce que me dit l’évangile ? Il me dit : Tu n’as pas aimé Dieu, cependant Dieu t’a aimé. Or voici le point de départ pour l’âme : Dieu m’a aimé quand je ne L’aimais pas. Il est vrai que nous avons de nouvelles pensées et de nouveaux désirs ; or si je suis simple, l’effet en est que ma conscience entrant dans la lumière, elle voit et juge tous mes péchés dans cette lumière ; mais je trouve que cet amour de Dieu, ayant envoyé Christ, et Christ venant dans le même amour, Dieu ne dit pas : Je veux t’aider à m’aimer, mais je veux t’aimer toi ; tu ne saurais te débarrasser de ce péché dans la chair, mais je veux t’aimer. « Ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils… pour le péché, a condamné le péché en la chair ». Où est-ce qu’Il l’a condamné ? À la croix. Maintenant donc, je suis pardonné, maintenant je suis libre. Je vois l’amour de Dieu, en ce que quand je me trouvais dans cette terrible condition de mort dans le péché, dans la chair, Christ s’est placé dans cette condition et l’a condamnée. La sentence de Dieu a été sur cet état de l’homme et c’en est fait. C’est pour cela que, regardant à Christ, l’homme peut dire : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ ». Quand il a vu ce qu’est l’homme, considéré comme responsable envers Dieu sous la loi, il dit : « Misérable homme que je suis ! ». Mais ensuite il voit que Christ a été là et a tout fait pour lui, et il peut dire : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ».

L’homme maintenant n’est pas sur le pied de pécheur responsable envers Dieu, parce qu’il s’est reconnu entièrement perdu dans cet état, et ce qu’il a appris est ceci, savoir, que Dieu a envoyé Son Fils, et a condamné le péché en la chair. Par conséquent il n’y a aucune condamnation. Dieu l’a déjà condamné, et ainsi le croyant en vient à n’être plus un homme dans la chair, mais un homme en Christ. C’est ce que nous avons dans le chapitre 8. Il est considéré en Christ ; il a Christ comme sa vie dans l’Esprit. Maintenant il peut dire : Je suis en Christ. Le second Adam, après avoir ôté mon péché à la croix, et être ressuscité, me communique Sa vie. C’est la vie éternelle qui était auprès du Père, et qui nous a été manifestée. J’ai vu cette vie ; j’ai contemplé Christ marchant dans le monde, et je vois quel amour, quelle bénédiction il y avait dans toutes Ses voies ; quelle tendresse, quelle patience avec Ses disciples. C’est bien là en effet la vie éternelle, la vie de Dieu ; elle m’a été manifestée. Dans le second chapitre, Jean dit : « Ce qui est vrai en lui et en vous ». Et maintenant je suis en la présence de Dieu, non plus dans la vieille et misérable chair, mais je suis un homme en Christ, parce que Christ est ma vie. Voilà la position dans laquelle nous sommes placés. Christ est notre nouvelle vie, et nous sommes en Christ, en la présence de Dieu.

Dans le cas de Paul, où cette vérité avait eu sa plus haute réalisation, il était au troisième ciel. Le corps ne pouvait avoir aucune part à cette place. Il était là, ne sachant pas si c’était dans le corps ou hors du corps, et c’est ce qu’il appelle « un homme en Christ ». Il est un homme qui vit, tirant réellement sa vie de Christ, et uni à Lui dans la puissance du Saint Esprit, joint à Lui dans un même Esprit, et cela, non dans sa condition d’enfant d’Adam, mais comme né de Dieu. Ainsi quand je regarde à Christ, marchant dans ce monde, je puis dire que c’est cela qui est ma vie. Je vois en Lui cette vie dans toute sa perfection, et je dis : C’est très précieux. Je vois cette vie éternelle qui était auprès du Père, et je dis encore : C’est là ma vie. J’avais une vie dans le premier Adam, qui produisait les fruits amers du péché et de la corruption, mais maintenant j’ai la vie de Christ. Cependant Paul ne pouvait pas rester au troisième ciel ; il avait à marcher dans ce monde. Mais même comme marchant dans le monde, c’est toujours cet Être béni qu’il faut prendre comme notre vie. Quand je contemple Christ marchant dans ce monde, y avait-il en Lui quelque chose qui fût en désaccord avec cette place céleste ? Jamais. Il était la manifestation de la nature divine ici-bas. Eh bien ! c’est ce que vous devez être. « Celui qui dit qu’il demeure en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché ». J’ai reçu, non pas seulement ce qu’avait l’homme sous la loi, mais ce qu’est la nature divine, exprimée dans un homme sur la terre, et c’est là ce qu’un chrétien doit être. C’est un homme qui est devenu un être céleste, qui a sa place en la présence de Dieu, le péché étant ôté pour toujours, et le Saint Esprit l’unissant à Christ ; il est en esprit et par la foi en la présence de Dieu. Maintenant il doit agir dans le monde, non pas comme étant dans la chair, mais la chair étant là ; et dans tous les genres d’épreuves qu’il a à traverser, dans tous les devoirs qu’il a à accomplir, il doit demeurer avec Dieu. S’il ne peut pas demeurer avec Dieu dans ce qu’il a à faire, il faut qu’il y renonce.

Mais Paul revient dans le monde, et maintenant commence l’épreuve. La chair se montre : il avait été au troisième ciel ; il avait obtenu cette merveilleuse richesse de révélations, et la chair lui dit : Il n’y a personne que toi qui ait été au troisième ciel. Dès lors le voilà enflé, et certes ceci n’est pas céleste. C’est tout le contraire. Et voilà comment la chair profite de ce qu’on a été même au troisième ciel. Il n’est pas enflé pendant qu’il y est, parce que la présence de Dieu est là, et que personne ne saurait être orgueilleux en la présence de Dieu. Quelques personnes s’imaginent que d’être au troisième ciel rend orgueilleux. Jamais ! Le danger arrive, quand on sort du troisième ciel ; alors la chair peut s’enorgueillir de ce qu’on y a été. En la présence de Dieu nous sentons notre néant. Mais Paul découvre que la chair est tout aussi mauvaise et méchante que jamais. Partout où la chair agit, si même il s’agit de l’idée du troisième ciel, elle fait du mal, et quand vous pourriez donner à un homme la pensée d’un quatrième ciel, elle n’en serait que pire. Il n’y a aucun moyen de la corriger. Et qu’est-ce que Dieu envoie ? Une écharde en la chair, un messager de Satan pour le souffleter. C’est là de la grâce, que Satan lui-même doive être serviteur de Dieu dans le monde, précisément comme cela eut lieu dans le cas de Job. Qui est-ce qui commence l’affaire avec Job ? Est-ce Satan ? Non, c’est Dieu. Dieu dit à Satan : « N’as-tu point considéré mon serviteur Job, qui n’a point d’égal sur la terre, etc. ? ». Alors Dieu permet à Satan d’amener Job au point même où Dieu le voulait, pour lui faire connaître ce qu’il était. Job avait dit : « L’oreille qui m’entendait disait que j’étais bienheureux, et l’œil qui me voyait déposait en ma faveur ; car je délivrais l’affligé qui criait », etc. Et il l’avait fait : c’était là son troisième ciel, et voilà pourquoi l’Éternel permet à Satan de l’abattre entièrement. Et que dit-il alors ? « J’avais ouï de mes oreilles parler de toi, mais maintenant mon œil t’a vu. C’est pourquoi j’ai horreur d’avoir ainsi parlé, et je m’en repens sur la poudre et sur la cendre ». C’est exactement ce dont il avait besoin. Satan a été employé de Dieu comme instrument, pour amener Job à n’être rien à ses propres yeux, et alors Dieu peut le bénir. C’est une chose fort désagréable que d’apprendre à nous connaître nous-mêmes, mais c’est une chose très utile. Pierre est criblé, et doit apprendre que cette confiance qu’il a en lui-même est précisément l’occasion de sa chute. À la fin, non seulement le Seigneur restaure son âme, mais Il fait de lui un canal de bénédiction pour d’autres. Quand tu connaîtras ton propre néant, alors tu pourras aller et aider les autres. Pais mes brebis, dit le Seigneur à Pierre. Il est très humiliant et très pénible d’être réduit à rien, mais c’est très utile, parce que nous sommes tous disposés à penser trop bien de nous-mêmes.

De peur donc que Paul ne s’élevât outre mesure, il lui est donné une écharde en la chair. Nous apprenons par l’épître aux Galates, que c’était quelque chose qui le rendait méprisable dans sa prédication. C’était quelque chose qui le préservait de l’orgueil, mais ce n’est pas là de la force. Nous avons la béatitude de Paul au troisième ciel ; nous avons l’homme en Christ qui peut remercier et bénir Dieu pour ce que nous sommes faits en Christ, qui peut dire de nous tous : « Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer à l’héritage des saints dans la lumière ». Mais après cela, nous avons une autre chose : la chair et sa disposition à s’élever, et puis enfin une troisième chose : la chair rendue extrêmement fâcheuse. Mais ceci n’est pas la force ; au contraire, c’est le dépouillement de la force. Impossible que Dieu favorise la chair, ou vienne en aide à la volonté propre. Il brisera la chair, Il vous humiliera par elle, mais Il ne la favorisera jamais. Il brise le vase, afin que nous sachions que la puissance n’est pas de l’homme, mais de Dieu. Aussi Paul dit ici : « Quand je suis faible, alors je suis fort ». Quand je suis faible, je sens ma faiblesse, je suis dans la vérité quant à moi-même. Ici l’apôtre prêchait, et sa manière de prêcher était méprisable, et cependant des milliers étaient convertis par son moyen. Or cela ne venait pas de ce qui était méprisable ; cela ne venait pas de Paul, mais de Dieu. Alors, après lui avoir fait sentir sa faiblesse, le Seigneur dit : « Ma grâce te suffit ; car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité ». Si Paul avait eu de la force, il n’eût pas été nécessaire que Christ en eût autant pour lui ; mais si Paul n’en avait aucune, la force qui venait de Christ était en lui. L’homme avait été amené à la conscience de sa faiblesse, afin que la puissance de Christ pût reposer sur lui.

Maintenant j’ai là, non pas l’homme en Christ, mais Christ en l’homme, et c’est ce dont j’ai besoin ici-bas. Si je pense à l’homme en Christ, c’est la perfection. Mais s’il est question de marcher ici-bas, nous avons besoin de force aussi bien que de sincérité, nous avons besoin de puissance. Si la puissance est en moi, voilà le vieil homme élevé, et cela ne vaut rien. Le vieil homme doit être abaissé, et alors une autre puissance est introduite : j’ai Christ avec moi, je suis un homme dépendant. Christ a dit : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Nous Le voyons constamment dépendant, et toujours parfait. Voilà ce qui est si difficile pour nous. Nous entrons dans le mal à proportion que nous sortons de la dépendance de Dieu. Et c’est pour cela que chez le chrétien, on voit si souvent une chute après un temps de grande joie. Pourquoi ? Parce que sa joie l’a sorti de la dépendance de Dieu. Quand je suis vidé de moi-même, que je suis dans les détresses, les infirmités, les nécessités pour l’amour de Christ, alors je puis dire : Je me glorifierai de cela. Et pourquoi ? « Afin que la puissance de Christ repose sur moi ». Maintenant voici où est la bénédiction : avoir la conscience que je ne suis rien, mais en même temps avoir la conscience de la puissance de Christ reposant sur moi. Ce n’est pas l’homme en Christ, mais la puissance de Christ reposant sur lui pendant qu’il marche ici-bas ; c’est Christ dans l’homme. Supposez que je sois vidé de moi-même, et que Christ vive en moi, qu’est-ce que j’aurai ? Je ne serai pas toujours au troisième ciel, mais Christ y est toujours. C’est là que j’ai ma sûreté, là que j’ai ma vie, ma justice, tout ce dont j’ai besoin. Christ est mon titre : je suis en Christ, et non dans le premier Adam.

La robe qui fut mise sur le fils prodigue, quand il revint à la maison, il ne l’avait jamais eue auparavant. Ce n’était pas un rapiéçage de ses vieux haillons, mais une robe neuve. La plus belle robe fut apportée et donnée. Ainsi ce que nous avions en Adam est perdu, et ne pourra jamais se recouvrer ; mais nous obtenons quelque chose de nouveau et de beaucoup plus précieux. Un homme innocent est celui qui ne connaît pas le bien et le mal ; un homme saint connaît le bien et l’aime. Ce que j’ai maintenant, ce n’est plus la simple innocence, mais c’est ce que Christ vaut en la présence de Dieu. La robe que le père mit sur le fils prodigue était une robe neuve, tirée des trésors de sa maison, une robe qu’il n’avait jamais eue auparavant. Dieu nous a donné Christ dans le ciel. Je ne suis pas toujours dans le troisième ciel, mais Christ y est, et ma place, aussi bien que mon titre, c’est d’y être par la foi, selon l’œuvre de l’Esprit de Dieu. Si Christ est ma vie, il n’y a rien dans cette vie-là, qui ne soit pas en harmonie avec le troisième ciel. Le Christ qui est dans le ciel pouvait dire, même quand Il marchait sur la terre : « Le Fils de l’homme qui est dans le ciel », et toute Sa vie ici-bas était l’expression de cela. Notre union avec Lui est une union réelle, vivante. Je suis dans le Christ en haut, et ce même Christ est en moi en bas ; c’est de là que je tire le principe, comme aussi la puissance de toute ma marche. Je puis être à mon ouvrage et à mes affaires ; mais dans cet ouvrage et ces affaires, j’ai à vivre Christ — à marcher dans l’esprit de Christ — quelles que soient les circonstances dans lesquelles je me trouve. Si je le fais, l’Esprit n’est pas contristé, et je jouis du troisième ciel : je n’ai pas été inconséquent avec cette place. Je n’y ai pas été, mais j’ai marché d’une manière conséquente, parce que j’ai marché en Christ qui y est. Il est à la fois ma vie, et la puissance de ma vie. Si j’ai été dans le troisième ciel et que j’en sois sorti pour être occupé dans le service, je puis aller en avant avec des affections, moralement et spirituellement, les mêmes, et lorsque j’y retourne je n’en jouis que davantage. Prenez un homme qui travaille toute la journée pour sa famille. Il peut avoir à travailler beaucoup, et éloigné des siens ; mais une fois l’ouvrage fini, il revient, et jouit des siens d’autant plus. Ainsi le chrétien n’est pas seulement dans le troisième ciel ; il a encore à marcher dans le monde. Mais Christ est sa justice, son titre pour être là ; par conséquent sa place est dans le ciel ; et, marchant dans la puissance de cette vie, il se retrouve dans le troisième ciel avec la même fraîcheur de bonheur que jamais. Nous pouvons manquer en cela, mais c’est ce que la puissance de Christ, reposant sur nous ici-bas, accomplit en nous. Remarquez comment Paul parle de notre titre pour prendre une telle place : « Je connais un homme en Christ… Je me glorifierai d’un tel homme ». C’est en cela que nous devrions nous glorifier. Si je dis que je suis en Christ, je me glorifie en cela. Je dis : Quelle étonnante place que celle où Dieu m’a mis ! Il m’a tiré du bourbier, et m’a placé avec Son Fils. Il prend un brigand sur la croix, et le met dans la même gloire que le Fils de Dieu. Il prend une Marie de Magdala, de laquelle Il chasse sept démons, et la met dans la même gloire que le Fils de Dieu. Je dois me glorifier de cela. Et quel en est l’effet ici sur la terre ? Que je passerai pour un fou. Si vous parlez d’un homme en Christ, il dit : Je me glorifierai d’un tel homme ; mais si vous parlez de moi Paul, hélas ! j’étais sur le point de m’élever pour avoir été dans le troisième ciel ! Il ne peut y avoir là aucun bien pour moi, à moins que je ne sois vidé de moi-même. Quand Paul était là, il avait si peu la pensée du moi, qu’il ne savait s’il était dans le corps ou hors du corps.

On dira peut-être que tout cela est de la présomption. Permettez-moi de dire un mot là-dessus. Êtes-vous en Christ ? Si vous n’êtes pas en Christ, vous êtes perdu. Il ne sert à rien de dire que c’est de la présomption. Si vous n’êtes pas en Christ, vous êtes perdu. Si vous êtes en Christ, vous êtes sauvé. Qu’en résulte-t-il ? Christ n’est-Il pas votre justice ? N’est-ce pas dans cette justice et non en vous-mêmes, que vous allez à la gloire ? Nous ne pensons jamais assez mal de nous-mêmes, comme pécheurs dans la chair. Si je sais ce que c’est que d’être perdu — sans Christ — je ne penserai pas qu’il y ait de la présomption à me glorifier d’être en Lui. Je n’ai nul besoin de penser à moi-même, parce que je suis parfaitement heureux en la présence de Dieu. Il m’a rendu heureux par la grâce qui m’a amené là, et par la communion que j’ai maintenant avec Lui-même dans le lieu où Il m’a placé. Nous devons être enseignés pratiquement, et c’est pourquoi Paul avait cette écharde dans la chair. Après qu’il eut connu sa propre misère et Christ sa justice, il avait encore à apprendre à fond son propre néant. Voilà la grande affaire qui reste pour nous. Nous sommes en Christ, L’ayant comme notre justice ; mais si nous n’en avons qu’une légère idée, ce n’est pas de la communion avec Dieu, quoique la grâce intervienne, et qu’il y ait intercession. L’homme en Christ a sa position devant Dieu, et dès lors son affaire est de manifester Christ devant le monde. Pour cela il a besoin de puissance, et la puissance ne vient pas simplement du fait qu’on a été dans le troisième ciel, elle ne vient pas simplement de ce qu’on est devenu justice de Dieu en Christ. Il a besoin d’une puissance actuelle. Être sincère n’est pas assez. Vous rencontrerez des tentations, vous aurez vos affaires, vos épreuves, d’une sorte ou d’une autre, et vous avez besoin de la puissance qui rend Christ précieux à votre cœur, qui fait que tout ce que vous rencontrez est comme rien pour vous. C’est Christ Lui-même qui devient votre puissance — la puissance de Christ reposant sur vous.

Maintenant je vous demanderai, si vous pouvez dire : « Quand nous étions dans la chair » ? C’est une chose importante, et l’apôtre en en parlant dit : « Quand nous étions dans la chair ». Avez-vous appris que le terrain sur lequel vous êtes debout devant Dieu, n’est pas le terrain sur lequel était le premier Adam, mais que Dieu vous a mis sur un nouveau terrain dans le second Adam, le Seigneur Jésus Christ ? S’il en est ainsi, je dis que vous êtes un homme en Christ, et que, en conséquence, vous avez à marcher comme Christ a marché. Sinon, vous avez une leçon à apprendre, vous avez à réaliser dans votre âme que sans Christ vous êtes perdu, et que, par conséquent, si vous devez avoir une espérance quelconque, ce doit être en Christ. Mais Dieu me place en Christ, et alors je dis : Oh ! je suis en Christ devant Dieu. Il a porté mes péchés et les a ôtés ; Il les a effacés pour toujours. Mais bien que la puissance de la nouvelle vie et la présence du Saint Esprit soient là, je ne me glorifierai pas de moi-même, sinon dans ce qui brise cette misérable chair, mais je me glorifierai en Christ.

Votre désir est-il de manifester Christ devant le monde ? Vous direz que vous avez besoin de puissance ; mais pour cela, il vous faut être vidé du moi, et le trouver, Lui, comme votre justice devant Dieu ; alors, dans votre faiblesse, vous aurez Sa puissance comme votre puissance pour marcher dans ce monde. C’est alors que nos cœurs pourront dire : « Viens, Seigneur Jésus ! ».

Que le Seigneur vous apprenne ce que c’est que L’apprécier maintenant, d’abord en votre qualité de pauvres pécheurs, qui Le connaissent comme répondant à tous nos besoins, puis dans la communion de Son amour, comme Celui qui est cher à nos cœurs, et comme Celui que nous languissons de voir face à face dans toute Sa plénitude.