Messager Évangélique:Notes sur le Psaume 119/Partie 11

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Hajin. — v. 121. « J’ai pratiqué la justice et l’équité, ne m’abandonne point à ceux qui me font tort. »

Un autre aspect de la position du juste se présente ici. — Le caractère de serviteur, caractère manifesté dans sa marche en Israël, est la base sur laquelle il fonde sa prière, car « l’Éternel est juste, il aime la justice, sa face regarde l’homme droit » ; — ce caractère de justice assure au juste la protection et le droit qu’il réclame. Il faut bien remarquer à cet égard, que le terrain sur lequel est placé le juste, est celui de la justice, et non de la grâce ; en sorte que pour un Juif pieux, le langage qu’il tient dans notre verset n’est pas de la propre justice, dans le sens que nous l’entendons, car il ne s’agit pas ici de justification, mais de sa marche en rapport avec le gouvernement de Dieu sur la terre, gouvernement selon lequel le mal est puni et le bien récompensé.

Cette manière de s’exprimer démontre simplement que le juste a la conscience qu’il est dans les termes des principes de ce gouvernement et qu’il accomplit ainsi les choses qui répondent à la volonté de Dieu. On peut encore, à ce point de vue, lire 2 Rois 20, 3 et 1 Rois 18, 13, où les mêmes sentiments sont exprimés. Romains 10, 3 est tout autre chose.

v. 122. « Sois le garant de ton serviteur, pour son bien ; que les orgueilleux ne m’oppriment point. »

Maintenant, le juste se reposant entièrement sur l’Éternel son Dieu pour la récompense due à sa fidélité, est conduit à demander que Dieu soit son garant. Qui, comme Celui qui compte les cheveux de notre tête, peut répondre à ce besoin ? D’ailleurs, l’effet doit être le propre bien du juste — sa foi en sera retrempée — « ses yeux en seront éclaircis » (1 Sam. 13, 29) ; les orgueilleux peuvent parler d’opprimer, mais Dieu sauve l’âme du fidèle ; et en définitive, toutes choses contribuent à son bien.

v. 123. « Mes yeux se consument en attendant ta délivrance, et la parole de ta justice. »

Toutefois le cœur du juste est fortement exercé, bien des choses sont de nature à voiler sa vue spirituelle, il en a le sentiment, et plein de confiance en Dieu, il expose son état devant Lui, afin qu’en attendant la délivrance d’Israël, l’épreuve n’obscurcisse pas la lumière de son âme. Dans nos luttes intérieures, il y a des moments critiques, durant lesquels l’ennemi cherche à tout obscurcir, afin de ruiner la confiance et l’espoir de notre cœur. Or, dans ces pénibles moments, où Satan cherche à remettre tout en question dans le cœur, la lumière suffisante et invariable de la foi, c’est la parole de la justice ; et voici la promesse qu’elle renferme : « Dites au juste que bien lui sera » (És. 3, 10). Tel sera, après tous ses travaux, le résultat des voies de Dieu envers lui — Son serviteur.

v. 124. « Agis envers ton serviteur selon ta miséricorde et enseigne-moi tes statuts. »

Ayant une perspective si heureuse devant soi, le juste est encouragé à demander l’intervention de Dieu, dont il est le serviteur, et ce sentiment ne l’abandonne pas, quoi qu’il en soit ; toutefois, bien qu’un tel sentiment soit si profond en lui, il n’oublie pas ce qu’il est par nature, et de quoi il a besoin. Or quel que soit le degré de connaissance que nous ayons des pensées de Dieu — quels que soient nos désirs d’accomplir Sa volonté, la chair est toujours faible ; on manque même en pratiquant ce qui est bon. Aussi le juste, après avoir parlé de ce qu’il a fait, de sa justice et de son équité, considère combien imparfaitement il a réalisé son service envers Dieu ; c’est pourquoi il demande à Dieu d’agir selon Sa miséricorde, et non pas selon Sa justice à Lui. Quel bonheur que nous aussi ayons un tel privilège ! Oui, il y a un trône de grâce duquel nous pouvons nous approcher avec confiance pour obtenir miséricorde, dans la conscience de nos nombreux manquements.

v. 125. « Je suis ton serviteur, rends-moi intelligent, et je connaîtrai tes témoignages. »

Le juste ayant conscience de sa propre faiblesse a demandé, au verset précédent, d’être enseigné de Dieu et ici il demande d’être rendu intelligent ; c’est bien ici que se remarque l’effet de la foi d’un cœur qui aime Dieu ; c’est vers Dieu que sa pensée se dirige, car l’homme ne répond jamais aux besoins de la foi. Remarquons en passant l’analogie qu’il y a entre la conviction du juste et celle de l’apôtre Pierre sous l’œil de Jésus ; — il ne peut pas dire à son Sauveur : ma conduite démontre mon amour pour Toi, car sa marche avait été opposée à une telle réponse ; mais il dit à Celui qui connaissait son cœur : « Toi, tu sais que je t’aime » (Jean 21, 17). C’est dans un sentiment tout semblable que le juste déclare qu’il est le serviteur de l’Éternel. Ainsi faudrait-il que notre foi conservât toujours assez d’énergie pour que, même dans le sentiment de notre misère, nous conservassions cette vérité : que nous sommes serviteurs. L’enseignement de Dieu, l’intelligence de Ses témoignages est une chose que le juste requiert de l’Éternel, au milieu de l’apostasie de son peuple. Quelle grâce — quel bonheur ! de voir ici que, malgré tout, le cœur de Dieu est ce qui répond à tous les besoins de la foi !

v. 126. « Il est temps que l’Éternel opère ; ils ont aboli ta loi. »

Cette apostasie est nettement formulée par les paroles du verset que nous avons sous les yeux : « ils ont aboli ta loi » ; voilà ce que feront les Juifs aux derniers jours, eux dont la conduite sera caractérisée par la réception de celui qui viendra en son propre nom. Le témoignage, rendu ici contre les Juifs, est le même que celui qu’Élie le prophète rendit lui aussi contre le peuple d’Israël. Notre attention est donc attirée ici sur ce que fera la nation juive à la fin : après avoir extérieurement rétabli le culte public, ils abandonneront même la profession du nom de l’Éternel. Au milieu d’un tel état de choses, il est facile de se faire une idée de ce que sera la position du juste ; toutefois les versets 127 et 128 montrent que la vue du mal excite dans le cœur un zèle, une ardeur qui augmentent avec les difficultés. On peut donc dire qu’il faut voir en cela l’effet d’une conviction profonde. Au reste c’est toujours ce que produit la foi : le cœur est affermi et l’âme jouit du repos que donnent « les richesses d’une pleine certitude d’intelligence ». Tel est l’état spirituel du juste dans la position de témoignage qui lui est propre.