Messager Évangélique:Le mur mitoyen détruit

De mipe
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« Qu’il soit monté, qu’est-ce sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses » (Éph. 4). — Un Agneau est vu au milieu du trône ; un Agneau comme immolé (Apoc. 5). C’est Celui qui, ayant fait par Lui-même la purification de nos péchés, s’est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux (Héb. 1) ; Celui qui, étant en forme de Dieu, est devenu obéissant jusqu’à la mort (Phil. 2).

De tels passages nous parlent, à la fois, d’élévation et d’abaissement ; d’une entière et ineffable proximité de Dieu, et cependant d’une parfaite proximité de nous. C’est comme Dieu et l’homme en un seul Jésus Christ. L’histoire de cet Être adorable est, ainsi, semblable à Sa personne.

Mystère des mystères ! et pourtant fait nécessaire dont tout dépend, tout ce qui tient à la gloire de Dieu en nous, et à notre bénédiction en Lui pour toujours.

Le premier chapitre de Jean est en rapport avec ces pensées. Le Christ nous y est montré depuis Sa divinité éternelle jusqu’à l’autel du sacrifice ; et tout en touchant ces points extrêmes, on Le voit en occuper tout l’intervalle. Il est le Créateur de toutes choses — la vie et la lumière. Le monde a été fait par Lui, et Israël était Son peuple. Fait chair, Il a habité parmi nous, révélateur de Dieu, plein de grâce et de vérité. Il est le Fils dans le sein du Père. Il était avant Jean, et pourtant Il a été baptisé par Jean ; et pour nous Le présenter au point extrême de l'abaissement, Il est l’Agneau immolé pour ôter le péché du monde.

Sous ces divers titres, sous ces divers traits, nous suivons le Seigneur tout le long de ce chapitre. En Lui les extrêmes se rencontrent. Il est Dieu et Il est pourtant l’Agneau sur l’autel. C’est ainsi qu’Il nous est montré quant à Sa personne.

Puis, dans les chapitres suivants (2-4), nous le voyons dans Son ministère, toujours de la même manière, c’est-à-dire depuis la plus haute élévation de puissance et de gloire, jusqu’à la plus étonnante condescendance de grâce. Comme Seigneur de la création, Il change l’eau en vin, non pas simplement en procurant, mais bien en créant des provisions pour une fête. Ensuite, comme Seigneur de la vie et de la mort, nous l’entendons dire : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai ». Après cela, comme Celui qui connaît d’avance les pensées ou qui, comme Dieu, sonde les cœurs, il est écrit de Lui : « Il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage de l’homme, car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme ». Puis encore, passant, pour ainsi dire, de la gloire à la grâce du ministère, Il enseigne un homme timide, tardif de cœur à croire, qui venait Le trouver de nuit, parce que, semblable à Gédéon (Jug. 6, 27), il avait peur de Le chercher de jour. Enfin, Il cherche une pauvre pécheresse, rebut de son sexe, et cela avec la plus douce et la plus riche condescendance. Il veut être le débiteur de cette femme pour le moindre de tous les dons, une coupe d’eau froide, afin de gagner sa confiance. Il veut faire sortir de sa conscience tous ses secrets, afin qu’Il puisse y pénétrer Lui-même pour la guérir et la purifier. Chose merveilleuse ! Celui qui entra dans ce ministère comme Dieu, en changeant l’eau en vin, nous apparaît ici comme ayant besoin pour Lui-même qu’un verre d’eau froide Lui soit donné par une main étrangère.

Quelle voie que celle-là !

Mais ce n’est pas seulement la perfection de la grâce dans le ministère que nous voyons dans ce dernier acte, la plénitude de la force et de la gloire divines y sont aussi manifestes. Cette demande d’un peu d’eau froide était précisément ce que personne n’eût pu faire si ce n’est Dieu Lui-même.

Cela vous surprend-il ? Oui, cela peut vous surprendre d’abord, comme le buisson ardent étonna Moïse. Mais en prêtant l’oreille et en adorant, nous pouvons trouver Dieu dans cette action, aussi réellement que Moïse Le trouva dans le buisson.

Dieu Lui-même, dès le commencement, avait élevé un mur mitoyen entre Lui et ses créatures révoltées. Le chérubin, à la porte du jardin, avec son épée flamboyante qui se tournait çà et là, gardant le chemin de l’arbre de vie, était comme un mur mitoyen de clôture et de séparation. Il en était de même de la distinction entre les animaux purs et impurs, instituée et connue dès les plus anciens temps des patriarches (voir Gen. 8, 20). Le même mur mitoyen fut encore consolidé de mille manières, dans la suite, sous la direction du législateur, la sainteté de Dieu exigeant ce témoignage de séparation dans un monde souillé et éloigné de Lui. Dieu ne pouvait pas reconnaître quelque chose d’aussi impur et d’aussi mort. Mais la grâce de Dieu trouva un moyen de ramener à Lui l’homme que Sa justice avait dû bannir de Sa présence ; en d’autres termes, Dieu a trouvé un moyen par lequel Il pût être juste, tout en justifiant le pécheur. C’est là Sa gloire, Sa propre gloire. « Il n’y a point d’autre Dieu que moi ; de Dieu juste et sauveur, il n’en est point d’autre que moi » (És. 45, 21). Celui qui éleva le mur mitoyen peut seul le renverser ; et c’est ce qu’Il a fait. Il l’a fait par la croix, par le sang de Son propre Agneau. Dès que ce sang fut répandu, dès que la vie, la vie éternelle, eut été volontairement laissée en sacrifice et pour la réconciliation, Dieu Lui-même abattit tous les murs mitoyens de séparation. Le voile du temple fut déchiré depuis le haut jusqu’au bas, les rochers se fendirent, et les sépulcres des saints s’ouvrirent. Ce spectacle grandiose fut publiquement donné, depuis les hauteurs des cieux jusqu’aux lieux profonds de l’empire de la mort. Le voile et le tombeau donnèrent passage, à la fois, alors que Jésus rendait l’esprit. Les splendeurs des plus hauts cieux rayonnèrent aux yeux des captifs de la mort.

Aussi, cette vertu de la croix est proclamée maintenant, sous l’économie de l’évangile. « C’est lui qui est notre paix, qui des deux en a fait un, ayant détruit le mur mitoyen de clôture, et ayant aboli dans sa chair l’inimitié ». Et encore : « Ayant effacé l’obligation qui était contre nous, laquelle consistait en ordonnances, et qui nous était contraire, et il l’a abolie en la clouant à la croix » (Éph. 2, 14, 15 ; Col. 2, 14). Tel est le grand fait publié par l’évangile, afin que les pécheurs — croyant que Dieu l’a opéré, que, dans Sa grâce, Il a passé par-dessus la barrière qui nous séparait de Lui — pussent, par la foi, la passer après Lui et Le rencontrer sur le terrain de la réconciliation.

Eh bien ! c’est précisément là ce que fait le Seigneur Jésus auprès du puits de Sichar. Là aussi, il y avait un mur mitoyen : les Juifs n’avaient point de relations avec les Samaritains ; et ils avaient raison. Le Seigneur Lui-même avait dit aux douze : « N’entrez dans aucune ville des Samaritains » (Matt. 10, 5). Dieu avait élevé toute espèce de murs de séparation, soit par les ordonnances de la loi, au milieu des patriarches circoncis, soit par l’épée du chérubin à la porte d’Éden. Or aucune main d’homme, ni même d’ange, ne pouvait, de sa propre autorité, ou dans sa propre force, toucher à une pierre d’une telle construction. David tenta de le faire et il faillit (2 Sam. 14). Mais Dieu voulait qu’il n’y restât pas pierre sur pierre, et ici, au puits de Sichar, Jésus anticipe le moment de l’accomplissement de cette volonté de Son Père. Il passe par-dessus la barrière : Il demande à boire à une femme samaritaine. C’était là renverser, d’une main puissante, les parois mitoyennes, et passer d’un pied ferme de l’autre côté des limites. Mais Celui qui les avait élevées en justice, peut les renverser en grâce par la justice ; et c’est ce que Jésus opéra, de fait, à la croix ; c’est ce qu’Il anticipe ici.

Tout cela était bien propre à étonner profondément la pauvre femme qui était de l’autre côté de la muraille — et c’est ce qui eut lieu en effet. Elle voit, pour ainsi dire, la muraille écroulée, et elle en est étonnée. Or le Seigneur ne réédifie par ce qu’Il a détruit, mais Il l’encourage à faire ce qu’Il a fait. Dans Sa divine grâce, Il avait franchi la limite depuis le côté de Dieu, et Il désire l’attirer à Lui depuis le côté de cette limite où les pécheurs se trouvent dans leur séparation de Dieu. Et c’est là ce qu’Il accomplit.

Mais c’est toujours à la conscience de faire ce pas. C’est la conscience qui nous a placés de l’autre côté. C’est la conscience qui poussa Adam au milieu des arbres du jardin, et c’est ce qui nous retient tous « exclus de la gloire de Dieu », ou de la présence divine dans la paix.

C’est par conséquent la conscience qui doit franchir la borne, et c’est la conscience de la Samaritaine que Jésus amène de l’autre côté de la borne, dans cette occasion. Il la dévoile elle-même à elle-même, Il la convainc de péché ; Il lui fait connaître tout ce qu’elle avait fait ; mais c’est dans cet état même qu’elle arrive à Lui (voir verset 29).

Avons-nous traversé la barrière, comme elle le fit ? Avec tout ce que la conscience pouvait nous rappeler, sans garder par devers nous un seul secret, sommes-nous arrivés à Christ ? Si l’éclat de sa gloire devait apparaître dans un clin d’œil, avons-nous, dans cet instant, l’assurance que nous n’en serions pas exclus ? Nous chantons quelquefois en esprit :

C’est là, sans doute, comme la pécheresse de Samarie, être du bon côté de la ligne frontière, c’est là fouler, d’un pied assuré, les ruines de tous les murs mitoyens, et cela en la paisible présence du Seigneur maintenant, et en attendant d’être en Sa glorieuse présence éternellement.