Messager Évangélique:Méditation sur le chapitre 9 de l’épître aux Romains/Partie 1

De mipe
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Je voudrais d’abord dire encore quelques mots sur le huitième chapitre que nous n’avons pas entièrement terminé la semaine passée. Nous avons considéré les trois sujets qu’il renferme : 1° l’œuvre de vie opérée en nous, en rapport avec ce principe : « Il n’y a maintenant aucune condamnation » ; 2° non pas simplement l’œuvre qui est opérée en nous par le Saint Esprit, mais la présence du Saint Esprit Lui-même en nous, impliquant une distinction à faire entre ce qui est né de l’Esprit et l’habitation personnelle du Saint Esprit ; 3° non seulement ce que Dieu a opéré en nous, mais ce que Dieu est pour nous, dans Ses opérations extérieures.

C’est ce troisième point qui forme le sujet de la dernière partie du chapitre 8. Là il n’est plus du tout question de l’œuvre en nous, mais il s’agit de ce qui nous donne une pleine sécurité, c’est-à-dire de ce que Dieu est pour nous ; il s’agit de la puissance souveraine de Dieu agissant en grâce pour nous : « ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés ». Dans ce passage, la sanctification et toute l’œuvre de l’Esprit (sujets traités à fond dans le commencement de ce même chapitre) sont passées sous silence ; l’apôtre traite de la préconnaissance de Dieu, et parle de ce que Dieu est et de ce qu’Il fait pour ceux qu’Il a préconnus. Et remarquez-le bien, la préconnaissance ici mentionnée est celle des personnes ; — il n’est pas dit : « ce qu’il a préconnu » en eux, mais : « ceux qu’il a préconnus ».

Au verset 29, nous est révélée une merveilleuse pensée de Dieu à notre égard : c’est qu’Il veut que nous soyons conformes à l’image de Son Fils. Il y a, même ici-bas, une conformité spirituelle dans les saints ; mais cela ne soit pas se borner à une conformité spirituelle, car le dessein arrêté de prédestination de Dieu, c’est de les rendre conformes à Christ Lui-même. Dans ce merveilleux décret, Dieu a élevé l’homme Christ Jésus, en qui Il prenait tout Son plaisir, en Sa présence dans la gloire. Considérant donc Christ comme le second homme, nous voyons qu’Il s’est sanctifié Lui-même, qu’Il s’est mis Lui-même à part comme Celui auquel nous devons être rendus conformes. Il est monté dans la gloire, et s’est assis à la droite de Dieu, avant que l’Église fût rassemblée ; et quoique nous ne voyions pas encore que toutes choses Lui soient assujetties, nous voyons cependant l’homme Jésus couronné de gloire et d’honneur. Or, « comme nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste » ; car la pensée merveilleuse de Dieu à notre endroit, est, non seulement de nous amener en Sa présence, mais aussi de rendre nos corps eux-mêmes conformes au corps glorieux de Son Fils bien-aimé, « afin qu’il soit le premier-né entre beaucoup de frères ». Ce n’est pas précisément l’Église, comme corps, qui est présentée dans l’épître aux Romains, mais plutôt les relations individuelles des saints avec Dieu. En tant que frères du Seigneur Jésus, Dieu ne les a pas seulement préconnus, Il n’a pas eu seulement des déterminations et des pensées à leur égard, mais Dieu les a appelés — ils sont devenus participants de la bénédiction devant Lui — non par des ordonnances, ni par leur naissance ou leur origine, mais par Son appel ; et ici apparaît un nouveau trait du caractère de Dieu, savoir l’activité et les ressources de Son amour pour appeler les âmes hors de ce présent siècle mauvais. « Ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés » ; car si Dieu les avait préconnus, s’Il les a appelés, ce n’est pas pour les rejeter : Il les a non seulement appelés, mais Lui-même les justifie. C’est là ce que Dieu Lui-même a fait ; en d’autres termes, nous ne sommes pas seulement justifiés devant Dieu, mais encore c’est Dieu qui nous justifie. Il veut nous avoir en Sa présence sans qu’il y ait un seul péché sur nous. C’est Son œuvre à Lui, de nous avoir auprès de Lui-même, selon les conseils de Son amour et de la sainteté de Sa nature. Si nous sommes justifiés à Ses yeux, c’est Dieu qui nous justifie, selon la perfection avec laquelle Il fait toutes choses. Il en parle comme d’un grand fait, et (l’œuvre intérieure étant ici passée sous silence) c’est une base bien étonnante que celle sur laquelle Dieu a placé cette justification, car elle repose sur ce que Dieu est, et sur Son œuvre propre. Et l’on peut ajouter qu’il est bien remarquable de voir, tout le long de cette épître, que tout y est présenté comme s’appuyant sur ce que Dieu est. L’homme ayant été éprouvé de différentes manières, sans loi, sous la loi, sous la grâce, il est manifesté et démontré qu’il ne vaut absolument rien ; alors Dieu apparaît et agit dans Sa propre souveraineté, selon ce qu’Il est. C’est ce qui fait qu’il est absolument impossible qu’une chose quelconque, soit le péché, soit Satan, intervienne désormais contre nous — Dieu est pour nous. Voilà le grand résultat que l’âme découvre et dont le Saint Esprit tire des conclusions. Le cœur peut dire : D’où vient donc que je rencontre tant de tribulations, si Dieu m’aime réellement ainsi — s’Il est en effet pour moi ? Toutes choses dépendent de ce que Dieu est, de cette vérité fondamentale, prouvée par Ses voies souveraines envers nous en tant que pécheurs, qui sont rappelées dans les versets précédents, et qui montrent ce que Dieu est pour nous ; et si Dieu est pour nous, qui peut être contre nous ? Car qui peut se mettre en opposition à Dieu ? « N’est-ce pas ici un tison retiré du feu ? ». Si vous demandez qu’on vous prouve que Dieu est pour nous, eh bien ! en voici la preuve : Il a donné Son Fils. Si je m’approche de Dieu et que je dise : Que peut-Il faire pour un misérable pécheur tel que je suis ? Voici, Il a fait plus que le plus grand pécheur ne peut demander, plus que le plus grand saint ne pouvait imaginer, car Il a donné Son Fils pour moi ; en conséquence, non seulement nous en avons fini avec tout ce qui était contre nous — Satan, les accusateurs quelconques, mais encore le péché même, qui me faisait trembler, témoigne maintenant de l’étendue de l’amour de Celui qui est « pour nous ». Et j’ai appris cela du fait même que Dieu s’est montré pour moi en me justifiant. Mais si Dieu est ainsi pour nous relativement à nos péchés, nous avons certes bien lieu de compter sur Lui pour tout le reste. « Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi gratuitement toutes choses avec lui ? ».

L’Esprit argumente, non pas en partant de ce que l’homme est, mais en partant de ce qu’est Dieu, connu en grâce en Jésus Christ. Ainsi Dieu étant pour nous, il est absolument impossible qu’aucune accusation soit portée efficacement contre nous, car « qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? Dieu est celui qui justifie ». Remarquez que ce ne sont pas les élus simplement, mais les élus de Dieu. Eh bien ! dira quelque âme, tout cela peut être parfaitement vrai : mais combien de choses je trouve sur mon chemin, il y a la vie, ses besoins et toutes ses inquiétudes — les épreuves de la part du monde, et la mort devant moi, comment concilier tout cela ? Si Dieu est pour moi, comment se fait-il que j’aie toutes ces choses contre moi ? — L’amour de Christ s’appliquant à toutes nos circonstances actuelles, voilà la réponse à toutes ces questions, à tous ces doutes. Ce n’est pas simplement l’immense vérité : « Dieu est pour nous », que le Saint Esprit nous propose ; Il ajoute que Christ est pour nous, Lui qui est descendu dans toutes ces épreuves, même jusqu’à la mort ; comme il est écrit : « Christ est celui qui mourut ; bien plus, qui ressuscita » : c’est pourquoi, « qui nous séparera de l’amour de Christ ? ». Non seulement donc, l’apôtre dit que rien ne nous séparera de l’amour de Dieu, mais encore il applique cette vérité à nos infirmités journalières, en ajoutant : « À cause de toi, nous sommes mis à mort tous les jours », afin que, dans toutes ces épreuves de chaque jour dans le monde, nous soyons « plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés ». Mais vous dites : Comment toutes ces tribulations peuvent-elles être pour nous ? Eh ! quoi ! il n’est pas seulement vrai que nous remportons la victoire, que « nous sommes plus que vainqueurs », mais encore nous avons, avec nous dans le combat, Christ qui nous a tant aimés que de mourir pour nous, et qui a vaincu la mort. Tout ce qui chercherait à nous séparer de cet amour ne fait que démontrer, en détail, l’intérêt que cet amour de Christ prend à nous. Si vous dites : Mais Christ est trop élevé pour venir m’assister ici-bas ; Il est là-haut à la droite de Dieu. Oui, béni soit le Seigneur ! le même Jésus qui mourut est ressuscité, et Il est à la droite de Dieu où Il intercède pour nous. Parce qu’Il vit, nous aussi nous vivrons. Et si vous demandez : La mort ne me séparera-t-elle pas de l’amour de Dieu ? Non ; Christ mourut et ressuscita. — « Les choses présentes » le peuvent-elles ? Non ; car dans ces épreuves journalières, nous apprenons à connaître Son amour. — « Et les choses à venir » ? Non ; car Christ les a toutes surmontées ; en effet, s’agit-il des difficultés ici-bas ? Il a vaincu le monde ; s’agit-il d’un autre monde ? Les choses à venir ne seront que notre participation à Sa gloire. — « Les principautés et les puissances » le peuvent-elles ? Non ; elles ne sont, au plus, que des créatures, et nul être créé ne peut être plus fort que Dieu. Dieu est la source et la puissance de la bénédiction ; et Celui qui s’est abaissé et assujetti à la puissance de la mort et de Satan, quoiqu’Il ne pût pas être retenu par elle, est maintenant ressuscité et assis à la droite de Dieu dans les cieux, faisant intercession pour nous, et par la puissance du Saint Esprit Il apporte la bénédiction dans tous les détails de notre vie de chaque jour. Ainsi Dieu nous a parfaitement enfermés dans la grâce — précisément comme Noé était enfermé dans l’arche, et flottait au-dessus de toutes les peines : Noé entra dans l’arche, mais c’est Dieu qui la ferma sur lui.

Le grand secret dans cette épître, c’est que l’homme est réduit à l’état le plus bas possible, c’est-à-dire qu’il est mis à sa propre et vraie place ; il est montré et démontré comme étant tout ce qu’il y a de plus faible, de plus méchant et de plus complètement inutile. Alors Dieu intervient en grâce et dit : Voici ce que Dieu est pour vous ; et cela donne la paix du cœur et met la conscience en liberté, en vertu de la résurrection de Jésus ; cela met fin à toutes ses inquiétudes en montrant que ce sur quoi le cœur se repose est complètement en dehors de l’homme — basé sur la stabilité de Dieu Lui-même, et manifesté dans l’œuvre et dans la personne de Christ, quoiqu’une œuvre réelle soit opérée en lui pour le rendre capable de jouir de cette grâce. Dieu est en nous et pour nous ; Il fait, en Christ, concourir toutes choses à nos besoins journaliers ; nous ne pouvons qu’admirer et adorer ; et cependant cela cesse, en un sens, d’être merveilleux, quand nous considérons que c’est Dieu qui agit : nous savons qu’Il doit faire quelque chose d’extraordinairement grand pour montrer la surabondante richesse de Sa grâce. Ce qu’Il fait remonte à Lui en adorations et en louanges ; — néanmoins la bonté, agissant dans sa propre souveraineté, doit faire quelque chose qui soit au-dessus de toute louange. Ainsi, dans le psaume 84, nous avons cette double bénédiction : « Bienheureux sont ceux qui habitent en ta maison ; ils te louent incessamment ». Dans la maison — là où est Dieu — c’est la première et particulière bénédiction ; là il n’y a rien que louanges. Puis, « bienheureux est l’homme dont la force est en Dieu » : — la force nécessaire pour le chemin — « et ceux au cœur desquels sont les chemins » qui mènent à Dieu : car ayant appris la grâce ici-bas, nous apprendrons la gloire là-haut. Venons-en maintenant à notre chapitre 9.

La première chose que fait l’apôtre dans l’épître aux Romains, c’est de réduire l’homme à son vrai niveau comme pécheur, soit sous la loi soit sans loi : — et c’est à quoi répond l’aspersion du sang dont il est parlé au chapitre 3. Puis le chapitre 4 présente la foi en Dieu qui ressuscite les morts ; — non pas nos œuvres pour aller à Dieu, mais la foi en Dieu, qui est intervenu avec puissance, a ressuscité Celui qui s’était placé sous le pouvoir de la mort, et L’a fait asseoir à Sa droite. Dans le chapitre 5, nous avons cette foi appliquée à la justification, les résultats du fait que Jésus a été livré pour nos offenses, puis ressuscité, sont rappelés ; — nous sommes sauvés ; puis, assurés de l’amour de Dieu, nous pouvons nous réjouir dans la tribulation, et, ce qu’il y a de plus grand, en Dieu Lui-même. Dans le chapitre 6, nous sommes morts au péché. Dans le septième, morts à la loi ; et dans le huitième, nous avons le plein affranchissement du chrétien. Ce chapitre 8 étant le résumé de toute la position de l’enfant de Dieu, le résultat pour le croyant de l’œuvre de Dieu en grâce. Dieu, agissant dans la puissance de Son amour, nous introduit en Sa présence dans la personne de Christ ; — étant justifiés, nous avons la liberté, et Dieu, dans la puissance souveraine de Sa grâce, nous enferme dans l’arche — c’est-à-dire en Christ — dans la sécurité de Sa propre grâce. Mais alors surgit une difficulté : sans parler de la loi transgressée, que deviennent les promesses spéciales faites aux Juifs, si les Juifs et les Gentils sont ainsi réduits au même niveau moral ? Comment concilier cela avec les promesses inconditionnelles faites aux Juifs — telles que celles que reçut Abraham en Gen. 15 ; 17 ; 18 ? Les chapitres 9, 10 et 11 sont consacrés à résoudre cette difficulté.

Dans le chapitre 9, l’apôtre parle de la souveraineté absolue de Dieu. Le potier peut faire, de l’argile, ce qu’il lui plaît. La question traitée ici est, non pas ce que Dieu a fait, mais Son droit de faire ce qu’il Lui plaît. La fin des chapitres 9 et 10 rappelle que les propres prophètes des Juifs les avaient avertis de ce qui devait arriver. C’était une vérité connue par les Écritures, que la chute d’Israël et, par conséquent, sa réjection. Mais quoique Dieu veuille agir ainsi envers eux, Il ne les abandonnera jamais, et nous voyons, au chapitre 11, qu’Israël est toujours le peuple terrestre bien-aimé de Dieu.

La souveraineté de Dieu, tout en étant maintenue, n’affecte pas l’amour de l’apôtre pour Israël ; écoutons-le : « Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, ma conscience me rendant aussi témoignage dans l’Esprit Saint ; c’est que j’ai une grande tristesse et une douleur continuelle en mon cœur, car moi-même je désirais d’être exécration de la part de Christ pour mes frères, mes parents selon la chair ». Telle est la force du verset 3 : au lieu de mépriser ses frères, comme les Juifs ne cessaient de l’en accuser, la vraie impulsion de son cœur l’avait conduit — non dans la froide réflexion, car la chose était impossible, mais dans l’ardeur de son amour pour eux — à exprimer un sentiment qui, il est vrai, ne pouvait jamais se réaliser, quelque sérieux qu’il fût ; mais qui prouvait que Paul les aimait tout autant que Moïse les avait aimés, et qu’il était prêt, tant était grande son affection pour eux, à être, comme Christ, un anathème « pour ses frères, ses parents selon la chair ». Ici nous voyons la puissance de l’amour divin, qui est disposé à être et à faire absolument tout pour ceux qu’il voudrait servir. Il se plaît à chercher et à reconnaître tout le bien qu’il peut trouver dans son objet ; — l’affection doit agir ainsi, quoique la même affection puisse le faire en reproches sérieux. Précisément comme Paul disait aux Corinthiens, convaincus de tolérer un péché qu’on ne voyait pas même parmi les Gentils : « Je rends toujours grâces à mon Dieu à cause de vous… de ce qu’en toute chose vous avez été enrichis par lui, en toute parole et en toute connaissance,… de sorte qu’il ne vous manque aucun don, à vous qui attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ ». Cependant, s’il les visite, il ne les épargnera point ; il ira avec la verge. Il cherche à atteindre leur conscience en ouvrant leurs cœurs à leurs privilèges ; puis il peut les reprendre, quand la volonté a été humiliée par le sentiment de l’amour. Vous êtes vous-mêmes habitués à dire : Comment des gens si favorisés peuvent-ils bien agir ainsi ? Et les Corinthiens devaient sentir que, si Paul n’eût pas été forcé de les réprimander, il ne les aurait jamais réprimandés du tout ; aussi ce qu’il leur dit arrivait à leur conscience avec d’autant plus de puissance et d’autorité. De même ici l’apôtre accorde aux Juifs tout ce qu’il peut : « Ils sont Israélites ; à eux appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, etc. ». Pouvez-vous supposer que je veuille déprécier vos promesses ? — Au contraire, je les maintiens toutes. Vous, Israélites, vous ne les appréciez pas comme vous le devriez, vous ne les connaissez pas ; vous ne savez pas que vous avez Dieu, au-dessus de toutes choses, béni éternellement, pour votre Messie. C’est de cette manière, je crois, que nous devrions nous y prendre avec les pauvres Juifs de nos jours. « Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a préconnu ». Pour un temps, il est vrai, ils sont mis de côté comme nation, et cela pour la réconciliation du monde ; et dans leur nature et leur état de pécheurs, ils sont considérés comme étant dans la même condition que les Gentils, l’apôtre ayant démontré, au chapitre 3, qu’ils sont les uns et les autres, également sous le péché. Mais ici l’apôtre concilie le fait des promesses inconditionnelles faites aux Juifs, avec la doctrine de l’état de péché dans lequel ils sont aussi bien que les Gentils, et il prouve qu’ils auront les promesses d’une manière beaucoup plus élevée qu’ils n’auraient pu les avoir auparavant ; et tout en plaçant également soit Juif soit Grec sous le péché, il élève Dieu au-dessus de Ses promesses (bien que, sans doute, Il veuille les accomplir, malgré l’indignité des Israélites, qui y ont perdu tout droit, pour les avoir rejetées quand l’accomplissement leur en était offert en la personne de Jésus) ; et il montre aux Juifs, d’après leur propre histoire, qu’ils doivent laisser Dieu à Sa souveraineté (sinon il faut qu’ils perdent leurs promesses), et ensuite, que, dans l’exercice de cette souveraineté, Il fera entrer les Gentils aussi bien que les Juifs. Ceux-ci voudraient obtenir les promesses en vertu de leur naissance, ce qui naturellement excluait les Gentils. Si vous, Israélites, dit Paul, vous voulez avoir l’objet de vos promesses en vertu de votre origine, nous allons voir ce qui en résulte. Vous dites : Nous sommes la postérité d’Abraham et nous avons droit aux promesses par notre descendance de lui, tandis que ces Gentils ne sont que des chiens et n’ont nullement le droit d’avoir part avec nous aux promesses de Dieu. Eh bien ! si Dieu est souverain, Il fera en grâce entrer ces chiens gentils. Mais maintenant je vous prouverai que vous ne pouvez pas obtenir les promesses en vertu de votre descendance. Car, en premier lieu, « tous ceux qui sont d’Israël ne sont pas Israël » ; cependant, si c’est par descendance, vous devez embrasser toute la postérité d’Abraham. Et si vous prenez tous les enfants d’Abraham, alors vous devez recevoir Ismaël — donc les Arabes. Oh ! non, dites-vous, nous ne pouvons accorder cela ; — quoi ! des Ismaélites dans la congrégation d’Israël, et héritiers des promesses ! Oui, si c’est par descendance. Si vous ne les avez pas par descendance, il faut que vous les receviez par grâce ; et si c’est par grâce, Dieu ne veut pas que cette grâce soit restreinte à vous, mais Il veut aussi l’exercer envers les Gentils.

En suivant encore votre histoire, vous avez ensuite Jacob et Ésaü, et si c’est par descendance que vous entrez, vous devez laisser entrer les Édomites au même titre que vous-mêmes. Mais aux versets 8 et 9, il est dit : « Ce sont les enfants de la promesse qui sont comptés pour postérité »[1] ; en sorte que cela ne concerne que Isaac et Jacob, tandis que Ismaël et Ésaü demeurent en dehors : ainsi donc que votre bouche soit fermée sur le sujet de la descendance, car elle est liée par cette parole de Dieu : « J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Ésaü ». Dieu, agissant dans Son droit souverain, a voulu vous bénir, et c’est de ce droit que dépend votre bénédiction ; votre propre histoire le montre, votre témoignage prophétique le prouve : vous ne pouvez pas y compter en vertu d’un simple droit de descendance. Mais y a-t-il donc de l’injustice en Dieu (telle est l’objection naturelle de la chair) ? Non : « Je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde ». Si nous commençons à demander : Y a-t-il de l’injustice en Dieu ? comme si réellement nous doutions de Lui, nous cherchons à juger Dieu au lieu de laisser Dieu nous juger. Toutes les fois que la souveraineté de Dieu est mise en question, c’est l’homme qui dit, en effet : c’est à moi de juger Dieu, et ce n’est pas à Dieu de me juger. Mais en outre, voyez comme leur bouche est fermée, car quand est-ce que Dieu dit : « Je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde » ? Quand les Israélites, en corps, avaient perdu toute espèce de titre à tout ce que Dieu pouvait donner. Alors, si je puis employer cette expression, Dieu se retira dans Sa propre souveraineté, afin de ne pas les retrancher.



  1. La vraie traduction du verset 9 est : « Cette parole est de promesse : Vers cette saison… Sara aura un fils ».