Traduction:L’œil méchant
Traduit de l’anglais
[Bible Treasury N5 p. 148]
Combien triste au-delà de toute mesure est l’état que décrit ici notre Seigneur ! Combien est solennel le contraste avec l’œil simple, et le corps tout entier plein de lumière ! « Mais si ton œil est méchant, ton corps tout entier sera ténébreux ; si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres ! ».
Nous comprenons que le Seigneur, comme dans toutes Ses paroles sur la montagne, n’est occupé en rien ici de la rédemption, mais du besoin d’une nature nouvelle et de son propre effet intérieur d’un côté, et de l’autre du mal moral en celui qui n’est pas né de Dieu. Il n’est pas possible de saisir la pensée ou la volonté de Dieu, quand il n’y a que l’homme naturel. Un tel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie ; et il ne peut les connaître, parce qu’elles se discernent spirituellement. Mais celui qui est spirituel discerne toutes choses ; mais lui n’est discerné par personne. La capacité intellectuelle et l’éducation ne servent à rien d’autre qu’à masquer le vide affreux, à soi-même ou aux autres qui sont charnels.
L’« œil » est l’indication de la nature, non pas seulement extérieurement, mais aussi intérieurement. « Mais si ton œil est méchant, ton corps tout entier sera ténébreux ». C’est la condition de l’homme, à moins qu’il ne soit renouvelé par la grâce. Sur ce point essentiel, les Juifs, jugés à la lumière qui était dans notre Seigneur Jésus, n’étaient pas meilleurs que les Gentils. Ils n’aimaient pas les disciples qu’ils voyaient, encore moins le Dieu qu’ils ne voyaient pas. S’ils avaient réellement aimé Celui qui engendrait, ils auraient aussi aimé ceux qui étaient engendrés de Lui. Le Seigneur a rendu cela certain et manifeste ; car en Lui, il n’y avait pas de péché, et pourtant ils L’insultaient. La grâce et la vérité vinrent par Lui, et pourtant ils Le rejetèrent comme un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des pécheurs, au lieu de reconnaître le Fils de l’homme venu pour chercher et sauver ce qui était perdu.
C’est pourquoi Il dit à Ses disciples, quand Il approchait de la fin de Sa course terrestre : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que moi je vous ai dite : L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu, et haï et moi et mon Père. Mais c’est afin que fût accomplie la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans cause » (Jean 15, 18-25).
Quel commentaire de l’œil méchant et du corps plein de ténèbres pourrait être plus direct et plus simple ? C’est le mal affreux et persistant de l’homme naturel ; l’esprit de la chair, qui est non seulement mort moralement, mais inimitié contre Dieu, dont la grâce lui est inintelligible, tout autant que Sa justice en vertu de la mort expiatrice de Christ pour justifier l’impie, s’il croit en Lui. La foi de l’homme naturel, si on peut appeler cela de la foi, est de croire en lui-même, complètement aveugle quant à son iniquité et à sa ruine complète devant Dieu.
Le fait même que Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes, ajoute immensément à la culpabilité de l’homme, comme le montrent les paroles du Seigneur Lui-même.
Qui est si plein de pitié pour les manquements, qui est si prêt à pardonner les péchés, s’ils sont sentis et confessés devant Lui ? Mais la démonstration du mal irrémédiable du monde gît dans la vérité indéniable que, alors que Dieu était en Christ pour le réconcilier, il refusa toute réconciliation ; quand Dieu s’est élevé au-dessus de toutes les offenses, il a méprisé cette faveur, a frappé Celui qui l’offrait et les pressait de l’accepter, a craché sur Son visage, et L’a crucifié.
Il était inutile de s’adresser à l’homme. Qui pouvait concevoir quelque chose d’aussi grand que ce que Dieu a fait en Christ ? L’homme était irrémédiablement ruiné. Si le Juif se vantait d’être seul une lumière de ceux qui étaient dans les ténèbres, pouvait-il nier qu’il était le conducteur d’aveugle contre la vraie lumière, et qu’il faisait tout son possible pour éteindre ce qui le condamnait lui-même tout autant que le Gentil méprisé ? Si donc la lumière qui était en Israël était ainsi démontrée être ténèbres, « combien sont grandes les ténèbres » !
Le seul espoir pour l’homme perdu repose dans le Christ rejeté et crucifié ; et telle était la grâce infaillible de Dieu, que le meilleur de Lui-même fut manifesté quand l’homme faisait le pire. Car Celui qui n’a pas connu le péché, Il l’a fait péché pour nous (qui croyons), afin que nous devinssions justice de Dieu en lui. Il s’agit uniquement du second homme, du dernier Adam, qui a souffert une fois — cela suffisait — pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu, lavés de tout péché par le sang de Jésus Christ Son Fils. C’est Dieu qui justifie le croyant, ayant fait Christ péché pour nous, afin que nous devinssions Sa justice. Quelle grâce ! Quel salut !