Livre:Étude sur l’Apocalypse/Chapitre 3
« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Sardes, écris : Voici ce que dit celui qui a les sept Esprits de Dieu et les sept étoiles ». Il y a ici une allusion évidente à la manière dont le Seigneur s’était présenté à l’assemblée à Éphèse qui, nous l’avons vu, représentait la première condition générale de l’Église. Sardes offre le commencement du nouvel état de choses, qui n’est pas strictement ecclésiastique, le Seigneur agissant plutôt par voie de témoignage. C’est pourquoi il n’est pas dit ici qu’Il marche au milieu des sept lampes d’or, ce qui était dans un ordre tout à fait ecclésiastique, mais Il a les sept Esprits de Dieu. Il est Dieu ; toute puissance, le pouvoir gouvernemental tout entier, sont en Ses mains, ainsi que les sept étoiles, c’est-à-dire tous les instruments par le moyen desquels Il agit sur l’Église.
« Je connais tes œuvres — que tu as le nom de vivre, et tu es mort ». Tel est le protestantisme. — « Sois vigilant, et affermis ce qui reste, qui s’en va mourir, car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu ». Ce qui juge le protestantisme, c’est qu’il possède le témoignage de la Parole de Dieu, d’une manière beaucoup plus complète que ceux qui étaient plongés dans le formalisme ecclésiastique du Moyen-Âge. À cette époque la Parole de Dieu avait été supprimée, parce que le clergé et cette Parole ne peuvent jamais marcher parfaitement ensemble. L’effet du principe clérical est et doit toujours être de substituer plus ou moins l’autorité de l’homme à celle du Seigneur, comme aussi d’affaiblir et de gêner l’action immédiate de l’Esprit de Dieu sur la conscience, action qu’Il exerce par le moyen de la Parole. Je n’ai ici nullement en vue les personnes ; je parle du cléricalisme en général, n’importe où il se trouve, chez les catholiques ou dans des dénominations quelconques, nationales ou dissidentes.
Mais le principe protestant est très différent. On peut ne pas être fidèle à ses principes, et c’est ce qui arrive souvent ; mais en somme, l’un des grands points pour lesquels on a combattu lors de la Réformation, et qui a été acquis au protestantisme, quelles que puissent être les défectuosités de celui-ci, c’est que l’homme est placé complètement, librement et ouvertement en présence de la Bible. La Parole de Dieu peut maintenant agir directement sur la conscience de l’homme.
Je ne parle pas de la justification par la foi. Luther lui-même, à mon sens, n’a jamais été parfaitement au clair quant à cette doctrine ; et si les catholiques, sur ce point, sont misérablement induits en erreur, les protestants, même aujourd’hui, ne comprennent pas la justification. Ils possèdent la vérité en quelque mesure, mais non point de manière à mettre les âmes hors de la servitude, c’est-à-dire à les amener distinctement dans la liberté, la paix et la puissance de l’Esprit. Même Luther n’a jamais eu la paix dans son âme, comme l’état constant dans lequel il marchait. Plus d’un parmi nous sait par quels combats il passa, non seulement au commencement, mais à la fin de sa carrière ; et je ne parle pas de ses luttes concernant l’Église, mais touchant son âme. Il serait inutile de citer ici les passages des écrits de Luther, qui prouvent combien il fut amèrement éprouvé par des combats intérieurs contre l’incrédulité ; ils montrent qu’il était loin de la calme jouissance de la paix que procure l’évangile, mais ce serait une erreur de les imputer en eux-mêmes à autre chose qu’au manque d’une claire connaissance de la grâce. Dans un tel état, toutes sortes de choses peuvent troubler l’homme (quels que soient ses talents, quelque honoré qu’il soit), qui ne repose pas entièrement sur le Seigneur. Assurément Luther est un de ceux desquels nous avons tous beaucoup à apprendre ; son courage, sa fidélité, son renoncement à lui-même, et sa patience à supporter les maux, sont à la fois instructifs et édifiants. D’un autre côté, il est inutile de supprimer les faits : il était plein d’énergie ; il fut l’instrument dont Dieu se servit pour accomplir une œuvre immense ; mais il resta fort en arrière quant à l’intelligence de ce qu’est l’Église et l’évangile.
Cependant, malgré tout ce qui a manqué, une chose a été conquise pour les enfants de Dieu en particulier, et aussi pour l’homme. C’est la Bible ouverte pour tous. Mais c’est précisément ce qui condamne l’état du protestantisme, parce que, tout en ayant la liberté de lire la Bible librement, on a eu à peine la pensée de se conformer en tout à la Bible, et de régler tout d’après elle. Rien de plus commun parmi les protestants que d’admettre une chose comme parfaitement vraie parce qu’elle est dans la Bible, sans que l’on ait la moindre intention d’agir en conséquence. Combien cela est sérieux ! Les catholiques romains connaissent en général trop peu la Bible pour savoir ce qui s’y trouve ou non. Excepté les lieux communs de controverse, ils ignorent à peu près l’Écriture, et sont tout surpris quand on leur dit qu’une chose ou une autre y est contenue. Surtout ils ne la connaissent pas dans son ensemble, ne l’ayant presque jamais lue que sous la direction de leur confesseur. Le protestant peut lire sa Bible sans ce contrôle ; c’est une faveur réelle, un privilège précieux, mais à cause de cela même, combien est grande sa responsabilité !
« Je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. Souviens-toi donc comment tu as reçu et entendu, et garde, et repens-toi. Si donc tu ne veilles pas, je viendrai sur toi comme un voleur ». C’est la manière même dont le Seigneur menace de venir sur le monde. S’il y a dans l’état du protestantisme un trait qui doive frapper plus que tout autre, c’est la disposition à rechercher toujours l’appui des pouvoirs du monde pour être délivré de la puissance du prêtre et de l’église. Tel a toujours été et tel est encore le piège dans lequel tombe le protestantisme. Dès que l’on touche à ce qui appartient au monde, il se trouble et s’agite. Je ne dis pas cela faute de sympathie ou parce que j’ai le moindre doute que ce ne soit un grand péché, que de vouloir effacer toute reconnaissance publique de Dieu dans le monde. Il est impossible de croire que la mondanité sans égale qui apparaît dans l’association de dissidents avec des catholiques et des infidèles provienne de motifs purs, justes, saints et désintéressés. Il faut plutôt l’imputer à un esprit croissant d’infidélité, si ce n’est pas aussi à une vile soumission à la superstition. Sans doute l’incrédulité espère avoir gain de cause, comme de son côté la superstition attend le jour où elle triomphera, mais la vérité est que le diable aura la haute main pour mener à la destruction ceux qui s’attachent à l’une et à l’autre, quand le Seigneur apparaîtra dans Son jour pour le jugement de tous Ses adversaires.
Le Seigneur avertit donc l’ange de l’assemblée à Sardes, que s’il ne veille pas, Il viendra sur lui comme un voleur, « et tu ne sauras point », ajoute-t-Il, « à quelle heure je viendrai sur toi ». Ce n’est pas du tout ainsi qu’il est parlé de Sa venue pour les siens. Ceux-ci L’attendent constamment ; Sa venue est leur joie ; comment les surprendrait-elle comme un voleur ? Ils soupirent après Sa présence plus que la sentinelle après l’aube du jour. La figure d’un voleur qui vient inopinément ne peut convenir qu’au monde et à ceux qui y ont attaché leurs pensées. Cet avertissement solennel suppose donc que l’assemblée de Sardes avait cessé d’attendre patiemment le Seigneur comme l’objet de son amour. Tout indique qu’ils Le redoutent, et à bon droit, comme un juge. Ils ont glissé dans le monde et partagent ses craintes et ses anxiétés. Ils ont perdu le sentiment de la paix profonde que Christ a laissée aux siens, et ne se réjouissent plus à la pensée qu’Il vient, plein d’amour, prendre ceux qu’Il aime parfaitement pour qu’ils soient toujours avec Lui. S’ils jouissaient de la sainte et douce espérance que Lui-même donne dans Sa Parole quand Il dit : « Voici, je viens bientôt », Il ne pourrait être pour eux comme un voleur, dont la venue inopportune ne peut que troubler.
« Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs », car il y en avait quelques-uns à Sardes qui n’avaient pas souillé leurs vêtements, et qui devaient marcher avec Lui en vêtements blancs, comme en étant dignes. Il se trouve donc là aussi, comme toujours, des âmes précieuses. On doit être heureux de leur aider, si on le peut, à acquérir une plus exacte connaissance de la grâce du Seigneur ; non pas, sans doute, en atténuant le fait de leur position ou de leur manière d’agir, mais avec l’amour le plus profond envers eux à l’exemple du Seigneur : « Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs, et je n’effacerai point son nom du livre de vie, et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges ».
Nous arrivons maintenant à l’assemblée à Philadelphie.
« Et à l’ange de l’assemblée qui est à Philadelphie, écris : Voici ce que dit le saint, le véritable, celui qui a la clef de David, celui qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira ». Chacune de ces paroles, par lesquelles Christ se présente Lui-même, diffère de ce qui est dit de Lui dans le chapitre 1. C’est là ce qui caractérise le chapitre 3 et surtout la portion dont nous nous occupons en ce moment. On a déjà vu que le commencement de l’épître à Sardes, quoiqu’avec une allusion à celle d’Éphèse, offre avec cette dernière un contraste évident. C’est comme un second commencement, et en cela il y a quelque analogie avec Éphèse ; toutefois le Seigneur est présenté sous un aspect tout à fait nouveau. Christ, ayant les sept Esprits de Dieu, diffère entièrement de la description qui nous est faite de Lui dans l’épître à Éphèse ; et, dans celles qui suivent immédiatement, nous ne trouvons rien de semblable. C’est un nouvel état de choses, mais qui apparaît d’une manière encore bien plus évidente quand nous en venons à Philadelphie. « Voici ce que dit le saint, le véritable, celui qui a la clef de David » : rien de semblable n’avait été dit du Seigneur dans le premier chapitre.
Dans le deuxième chapitre, ce qui est dit du Seigneur est une répétition de ce que Jean venait de contempler dans sa vision. La seule exception se trouve dans l’épître à Thyatire où Il est nommé le Fils de Dieu ; mais Thyatire offre un état de transition, comme on l’a déjà fait remarquer. C’est l’Église dans sa responsabilité, mais sans puissance réelle ; un corps ecclésiastique qui présente des choses abominables aux yeux du Seigneur, tout en renfermant un résidu qui Lui est cher. Cet état continue jusqu’à la fin et conduit à la venue du Seigneur, ce qui n’est le cas pour aucune des trois premières assemblées. Les mots qui sembleraient s’y rapporter dans ce qui leur est adressé ont trait seulement à des jugements présents, tandis que dans les lettres à Thyatire, Sardes et Philadelphie, nous trouvons la mention de la venue du Seigneur.
Mais en outre, c’est à Philadelphie qu’est manifestée de la manière la plus remarquable la personne du Seigneur et Sa gloire morale. C’est Christ Lui-même, Christ que la foi découvre revêtu d’une nouvelle beauté, qui ne dépend pas simplement des visions de gloire qui avaient été vues auparavant, mais de ce qu’Il est réellement en Lui-même : « le saint, le véritable ». Plus que cela, c’est Christ, vu selon toute l’étendue de Sa gloire. La foi découvre que le saint, le véritable, est le même qui a la clef de David, c’est-à-dire Celui auquel se rapportent les prophéties de l’Ancien Testament, de sorte qu’ici sont introduites les vérités relatives aux diverses dispensations. Il est « celui qui ouvre et nul ne fermera ». Il y a maintenant une parfaite liberté ; liberté pour le service du Seigneur, liberté pour chacun de ceux qui Lui appartiennent.
« J’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer, car tu as peu de force, et tu as gardé ma parole ». Des œuvres puissantes, comme celles que Sardes a pu accomplir, ne distinguent pas les saints de Philadelphie. Il n’y a parmi eux rien qui attire l’attention du monde, rien qui excite l’étonnement, l’admiration et l’estime des hommes. Sommes-nous satisfaits d’une aussi petite place ? Telle est Philadelphie qui marche sur les traces d’un Christ rejeté. Nous savons tous combien peu de cas on faisait de Lui sur la terre ; il en est ainsi de cette assemblée ; mais cela n’a-t-il pas du prix aux yeux du Seigneur ?
« Tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom ». Jésus avait montré combien Il appréciait et aimait la Parole de Dieu, Lui qui seul, en parlant de Lui-même, avait pu dire avec vérité à Satan : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » ; et la même vie de foi distingue Philadelphie. Il peut sembler à certains que c’est peu de ne pas renier le nom de Christ ; rien cependant n’est plus précieux au Seigneur. À Pergame, il avait été question de ne pas renier Sa foi, mais ici, il s’agit de Lui personnellement. Ce qu’Il est, voilà le point capital : une simple orthodoxie ne suffit pas ; il faut tenir à Sa personne quoique absente, et à la gloire due à Son nom.
« Voici, je donne de ceux de la synagogue de Satan qui se disent être Juifs — et ils ne le sont pas ». N’est-ce pas le réveil de ce terrible fléau qui avait affligé l’Église des premiers temps, c’est-à-dire Smyrne ? N’en avons-nous pas entendu parler et ne l’avons-nous pas vu nous-mêmes ? Le protestantisme avait rejeté, comme nous le savons, une partie de ce que les pères avaient travaillé à introduire dans les esprits des hommes ; cependant, après tant de siècles, les mêmes tendances se retrouvent, de sorte que maintenant que Dieu a suscité Son nouveau témoignage, il s’en élève un contraire : Satan fait revivre l’ancien esprit judaïsant, au moment même où Dieu affirme de nouveau le vrai principe de la fraternité chrétienne, et, par-dessus tout, fait que Christ Lui-même est tout pour les siens. Examinons les faits. À quoi tend en Angleterre ce que l’on nomme le puséysme, sinon à faire renaître cet esprit de ceux qui se disent être Juifs et ne le sont pas ? Et ce système n’est pas confiné à cette contrée-là. On le retrouve en Allemagne et ailleurs ; en réalité partout où existe le protestantisme, mais surtout là où cette tendance est provoquée soit par le scepticisme d’une part, soit d’une autre, par la vérité qui les juge et les condamne tous deux dans l’éclat de la lumière céleste. En voulant se maintenir eux-mêmes sur un terrain religieux, les hommes tombent dans un système d’ordonnances légales. C’est là, je pense, ce qu’il faut entendre ici par la synagogue de Satan.
Mais le Seigneur forcera ceux-là mêmes à reconnaître le témoignage qu’Il a suscité pour Son nom. Je ne dis pas quand, ni où, ni de quelle manière ; mais aussi certainement qu’Il vit, Il justifiera la vérité qu’Il a donnée ; Sa parole est certaine : « Je les ferai venir et se prosterner devant tes pieds, et ils connaîtront que moi je t’ai aimé ».
Ce n’est pas tout. Nous savons qu’un temps terrible doit venir sur ce monde : l’heure, comme il est dit ici, non pas simplement de tribulation, mais de tentation ou d’épreuve. Je pense que l’heure de l’épreuve embrasse toute la période apocalyptique, c’est-à-dire que ce n’est pas seulement l’époque redoutable où Satan, chassé du ciel, descend plein de fureur, et où la bête, ayant reçu de lui sa puissante énergie, arrive au faîte de son pouvoir, mais en outre la période pleine de trouble, de séduction et de jugement qui précède celle-ci. L’heure de la tentation est, à mon sens, un terme qui embrasse beaucoup plus que la grande tribulation d’Apocalypse 7, et encore plus que la tribulation sans égale qui doit tomber sur le pays d’Israël (Daniel 12 ; Matthieu 24 ; Marc 13). S’il en est ainsi, qu’elle est complète et précieuse la promesse : « Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre ». En vain les hommes essaient d’échapper ; l’heure de l’épreuve doit venir sur tous : elle les atteindra où que ce soit qu’ils espèrent s’y dérober. Ceux-là seuls échapperont, qui à l’appel de Christ seront ravis au ciel. Ils ne traverseront pas cette heure. Remarquez bien que cela ne veut pas dire seulement qu’ils seront mis à l’abri comme Lot dans Tsoar, ainsi que le prétendent quelques-uns, mais ils seront placés en dehors de la scène de l’épreuve. Quelle pleine et parfaite exemption ! Telle est cependant l’étendue de la promesse qui leur est faite et de la bénédiction qui leur est réservée. Je ne puis comprendre d’autre moyen de garder quelqu’un de l’heure de l’épreuve qui doit venir sur la terre habitée tout entière, que de le retirer d’abord du lieu de l’épreuve. C’est seulement ainsi que l’on peut être en dehors de la période remplie par le grand trouble ou l’épreuve à venir. La résidu pieux d’entre les Juifs, devant passer à travers une tribulation spéciale, plus terrible, mais circonscrite dans son étendue, devra seulement s’enfuir vers les montagnes jusqu’à ce que Jésus apparaisse en gloire pour confondre leurs ennemis. Mais il en est tout autrement pour les chrétiens.
« Je viens bientôt ». Ici, Il ne vient pas « comme un voleur », mais pour la joie de ceux qui L’attendent. Le Seigneur a fait revivre dans les cœurs la vraie espérance de Son retour ; il en est qui L’attendent ainsi et c’est à eux que cette épître semble particulièrement s’adresser. « Je viens bientôt » ; en principe, cela est vrai pour tous ceux qui sont réellement fidèles, mais il peut y avoir, et nous savons qu’il y a des chrétiens engagés dans l’un ou l’autre des divers états qui ont été décrits et qui évidemment dureront jusqu’à la fin. C’est donc en vain que l’on s’attendrait à voir formellement effacées ces conditions coordonnées ; cela ne peut avoir lieu avant que le Seigneur vienne.
« Tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. Celui qui vaincra, je le ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, et il ne sortira plus jamais dehors ; et j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nouveau nom ». Celui qui vaincra sera revêtu au jour de la gloire d’une puissance aussi remarquable que l’est maintenant la faiblesse dans laquelle il est heureux de se trouver, sur la scène présente où la grâce se déploie.
Nous en venons maintenant à la dernière épître adressée à l’ange de l’assemblée à Laodicée. Je n’en dirai que quelques mots. L’état qui y est décrit résulte, à mon avis, de ce que le témoignage suscité précédemment par le Seigneur a été haï et méprisé. Si l’on méconnaît et dédaigne la vérité possédée par ceux qui attendent le Seigneur, on est en danger de tomber dans la terrible condition que la Parole met ici sous nos yeux. Christ cesse d’être l’unique objet auquel le cœur s’attache ; le sentiment de la bénédiction attachée à Sa venue et qui conduit à L’attendre, n’existe plus ; encore moins se glorifie-t-on dans la faiblesse, afin que la puissance de Christ demeure et se manifeste dans cette faiblesse même. Au contraire, on désire être grand, estimé des hommes, de manière à dire : « Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien ». On voit quelle large place l’homme se fait ici.
C’est pour cela que le Seigneur se présente comme « l’Amen », la fin de toute espérance en l’homme, la sécurité ne se trouvant plus que dans la fidélité de Dieu. Lui seul est « le témoin fidèle et véritable ». C’est précisément ce que l’Église aurait dû être et n’était pas, et par conséquent Il doit Lui-même prendre cette place. C’est celle qu’Il occupait quand, plein de grâce, Il était ici-bas, et maintenant Il doit la reprendre en puissance, en gloire et en jugement. Peut-on concevoir un blâme plus grand et plus solennel infligé à la condition de ceux qui auraient dû être Ses témoins sur la terre ? En outre, Il est « le commencement de la création de Dieu ». C’est mettre l’homme entièrement de côté, et la raison en est que Laodicée est la glorification de l’homme et de ses ressources dans l’Église.
« Je connais tes œuvres — que tu n’es ni froid ni bouillant. Je voudrais que tu fusses ou froid ou bouillant ! Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche ». Ils sont indifférents en principe et en pratique ; leur cœur n’est qu’à moitié du côté de Christ. Je suis persuadé que rien n’est plus propre à faire naître l’indifférence qu’une appréhension saine de la vérité, lorsque le jugement de soi-même et une sincère piété n’existent pas. Plus on se sera trouvé en avant portant la responsabilité du témoignage de Dieu, plus on aura connu et professé connaître la grâce et la vérité de Dieu, le cœur et la conscience n’étant pas gouvernés et animés par la puissance de Son Esprit, par le moyen de cette vérité et de cette grâce qui sont en Christ, plus profondément aussi, tôt ou tard, on tombera dans un état d’indifférence, sinon d’inimitié active. On deviendra indifférent à tout ce qui est bon, et s’il existe encore quelque zèle, ce sera pour ce qui est mal.
C’est là exactement l’état de Laodicée. « Ainsi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je vais te vomir de ma bouche. Parce que tu dis : Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et que tu ne connais pas que, toi, tu es le malheureux et le misérable, et pauvre, et aveugle, et nu : je te conseille d’acheter de moi de l’or passé au feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas, et un collyre pour oindre tes yeux, afin que tu voies ». Les Laodicéens manquaient de tout ce qui est précieux : « de l’or », c’est-à-dire de la justice divine en Christ ; et « des vêtements blancs », ce qui signifie la justice des saints. De plus, ils avaient besoin d’un collyre pour oindre leurs yeux, afin qu’ils vissent. Ils avaient perdu la vraie perception de ce qui était pour Dieu. Tout était obscur quant à la vérité, et incertain quant au jugement moral. La sainteté de la séparation et la saveur de la vie avaient disparu.
« Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte et je frappe : si quelqu’un entend ma voix et qu’il ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui, et lui avec moi ». Là même, dans cette triste condition, le Seigneur se présente plein de grâce pour répondre aux besoins des âmes. Mais dans les paroles qui terminent l’épître, nous ne trouvons rien de spécial ; elles ne vont pas au-delà de la promesse de régner avec Lui. Or c’est ce qui est réservé à chacun de ceux qui auront part à la première résurrection, même aux Juifs qui, à une époque ou à une autre, souffriront sous le règne de l’Antichrist. C’est donc une méprise que de voir dans cette promesse une distinction particulière. Elle revient à ceci, c’est qu’après tout, le Seigneur se montrera fidèle, en dépit de l’infidélité. Il peut y avoir une foi individuelle réelle dans le milieu le plus misérablement éloigné de la fidélité et du dévouement.