Écho du Témoignage:Ressemblance et image
Je ne sache pas que je vous eusse importuné d’aucunes remarques sur les expressions « ressemblance » et « image », quoiqu’elles aient évidemment de l’importance, si, en étudiant les Écritures à leur sujet, je n’avais pas vu s’élargir devant moi d’une manière précieuse pour ma propre âme le champ de la vérité. Je serai cependant très bref, n’ayant pour but que de signaler dans l’Écriture une matière aux recherches de vos lecteurs.
Je passe sous silence plusieurs termes traduits par image et ressemblance, comme « temuna », qui est plutôt la brillante révélation de Dieu, pendant qu’Il est Lui-même invisible[1], ou la tentative faite pour la reproduire ; « tavnith », « pesel », « semel » ou d’autres encore qui parlent d’images, de statues, etc., pour ne m’occuper que de ceux qui sont employés à l’égard de l’homme, « d’mooth », ressemblance, et « tzelem », image. Je nie complètement qu’ils impliquent l’idée de justice et de vraie sainteté ; ceci est positivement déclaré être la nouvelle création, et n’appartient en aucune façon à la vieille. Christ et Adam ne sont nullement la même chose. La justice et la sainteté supposent la connaissance du bien et du mal, laquelle Adam ne possédait pas avant la chute, ainsi que cela ressort de l’Écriture de la manière la plus certaine. Ce point n’est pas sans importance quant à ce que notre rédemption implique. Est-elle une restauration de l’homme, dans l’état du premier Adam, ou une introduction dans l’état du second ? Incontestablement elle est cette dernière chose. Tel qu’est celui qui est poussière, tels aussi sont ceux qui sont poussière, et tel le céleste, tels aussi les célestes : et comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste ; rendus conformes à l’image du Fils de Dieu afin qu’Il soit le premier-né entre plusieurs frères : précieux privilège ! Ce n’est pas de retour à l’image du premier Adam, ni de perte de la connaissance du bien et du mal, qu’il s’agit ; mais de conformité, en tant que participants de la nature divine, à ce qui est au-dessus du mal en vertu de la sainteté, la chair ici-bas restant la même. Il vous faut à la fois exalter Adam plus que ne le fait l’Écriture, et rabaisser Christ, pour ne voir dans notre conformité au dernier qu’un retour au premier. Et c’est bien, hélas ! ce qu’a fait l’église professante. Ceci n’était donc pas ce qui constituait la ressemblance et l’image de Dieu en Adam. Mais qu’était-ce donc ? Je rejette l’anthropomorphisme, c’est-à-dire l’idée que ce fût par la forme de son corps qu’Adam ressemblait à Dieu et était Son image. Cette idée rabaisse Dieu, et même la position d’Adam, et n’est que confusion pure, tout en étant une erreur bien ancienne ; quoiqu’il soit vrai toutefois que, comme incarné et anticipant des manifestations, Dieu a pris cette forme. C’est là un mystère béni, mais il réfute complètement l’idée de toute ressemblance corporelle d’Adam avec Dieu ; car c’est l’incarnation — et la création d’Adam n’était point cela, bien que, sans doute, elle fût en vue de cela. Qu’étaient-ce donc que cette ressemblance et cette image, et qu’elle différence existait-il entre elles ? Nous sommes renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés. Cela même démontre que ce n’était pas ce qui se trouvait en Adam. Ce qui nous est présenté là (Col. 3, 10), c’est le Ο νεος, le nouvel homme, l’homme entièrement nouveau, qui l’est. Et c’est un καινος ανθρωπος, une nouvelle espèce d’homme.
Le mot ressemblance a pour chacun de nous un sens fort simple. Il signifie être semblable. Celui d’image est quelque peu différent. Une image représente, qu’elle soit semblable ou différente. L’image de Jupiter le présente aux hommes. L’une a les mêmes traits, les mêmes attributs que l’autre. Or Adam était semblable à Dieu, et il était Son image. Il était absolument pur de tout mal. Il ne se trouvait, ni ne pouvait se trouver en lui aucun péché, aucun mal quelconque. C’était là un point essentiel dans la ressemblance avec Dieu, quoique ce ne fut pas la sainteté ; en un sens, c’était quelque chose de plus important, de plus intrinsèque. La sainteté est quelque chose de relatif ; elle suppose le mal, en étant au-dessus de lui et le haïssant. L’absence du mal est dans la nature même de l’être. Dieu est lumière ; pur, et manifestant toute chose ; mais Il est saint, et non pas sainteté. Il ne saurait être ce qui est relatif ; et Son existence, Sa nature, ne suppose pas non plus le mal, comme la sainteté le suppose. Sa nature est le bien, la pureté absolue ; quoique ce soit là un terme imparfait et relatif ; mais je serai compris. Adam était très bon ; il n’y avait pas de mal, pas de péché en lui. Mais il y avait plus que cela. Il fut établi comme centre dans la sphère dans laquelle il était placé, et c’est lui que tous les êtres appartenant à cette sphère devaient aimer et révérer. Aucun ange ne fut jamais fait centre d’une sphère quelconque. L’homme fut placé dans cette position, et fut un centre aimable, attrayant et bon ; n’ayant assurément (si seulement il était demeuré tel !) que des sentiments d’amour et de bonté pour tout ce qui l’environnait ; le centre en un mot de toute cette sphère de bien créé. Je parle ici d’un caractère qui pouvait être cela ; car sa position comme tel, de fait, tenait plutôt à ce qu’il était l’image de Dieu. Je n’ai pas besoin de dire combien tout ceci sera accompli glorieusement en Christ dans la création tout entière. Il est la vraie image du Dieu invisible. Adam était Son image ; mais ce qui le rendait propre à l’être, c’était sa ressemblance avec Dieu — de n’avoir rien à faire avec le mal, car il n’avait rien à faire avec le mal en effet ; et il n’aurait jamais eu rien à faire avec lui, s’il ne fût pas tombé : entièrement pur, pas de mal d’aucune sorte en lui, et bon ; centre heureux et béni de félicité, abaissant son regard sur tous, et fait pour que tous élevassent le leur vers lui. Si Ève fut aussi créée, elle le fut pour être devant lui (Kenegdo). Mais ceci se rapproche de l’idée impliquée dans l’image, et la ressemblance et l’image se pénètrent en effet l’une l’autre. Adam occupait sa position de la part de Dieu, et afin de Le représenter sur la terre. Il était Son représentant à l’égard de tout ce qui était autour de lui et au-dessous de lui. S’il n’eût pas été là de la part de Dieu, pour Dieu, et semblable à Dieu, il n’eût pas été propre à être Son image sur la terre. Mais il l’était, et Christ le sera dans le sens le plus élevé et d’une manière infinie dans la création tout entière.
Telle est la signification, ainsi que nous le trouverons partout, je crois, des termes ressemblance et image. Le premier point que Dieu eut dans Sa pensée fut de faire l’homme à Son image (Gen. 1, 26) ; et c’est en conséquence sur ce trait-là qu’il est insisté dans le verset 27. Il le fit, pour être semblable à Lui, pour Le représenter à l’esprit des autres créatures, devant les autres créatures ; mais ce fut aussi en le faisant semblable à Lui… Ce n’était point comme il en est d’une statue de marbre faite simplement pour rappeler celui qu’elle représente, mais qui ne lui est point semblable : l’homme devait être devant les autres êtres comme l’image de Dieu, Lui étant réellement semblable. Aussi lui fut-il donné domination sur la création dans laquelle il se trouvait ; et c’est par suite de cela qu’en Genèse 9, l’énormité du crime qu’il y a à le mettre à mort est rattachée, non pas à la circonstance qu’il était semblable à Dieu, car désormais certes il ne Lui était point semblable, mais au fait que Dieu l’avait placé dans cette position. Si je mutile la statue du roi, il ne s’agit pas de savoir si elle lui ressemble, mais si j’ai mutilé son image. En Jacques 3, au contraire, nous bénissons Dieu et maudissons ce qui a été fait à Sa ressemblance — quel sens cela a-t-il ? Sûrement ce n’est pas le mal survenu que nous maudissons ; mais nous maudissons ce qui fut fait primitivement à la ressemblance de Dieu. D’un autre côté, nous lisons, 1 Corinthiens 11, 7 : « Car un homme ne doit pas se couvrir la tête, étant l’image et la gloire de Dieu » — tient ainsi sa place et sa dignité là où il se trouve ; — « mais la femme est la gloire de l’homme ». Puis Adam engendre un fils à sa propre ressemblance. Hélas ! oui ; semblable à lui ; ayant sur lui les signes de ce qu’il était ; non pas, assurément, semblable aux brutes qui périssent, mais tombé et pécheur ; et aussi selon son image, tenant dans le monde la place publique qu’il occupait lui-même, chef du monde sans doute, mais chef tombé. L’image tend à nous faire supposer que celui dont elle est l’image est semblable à elle, voir Actes 17, 29 ; Psaume 50, 21. La ressemblance est là simplement ce que le mot signifie ; l’image exprime la représentation, à sa propre gloire à elle devant les autres, de Celui dont nous sommes l’image. Maintenant, si nous ouvrons l’épître aux Éphésiens et l’épître aux Colossiens, nous trouverons que dans l’une Dieu tient une place que Christ tient dans l’autre, et que la première s’occupe de notre ressemblance avec Dieu, et la dernière de l’image de Dieu, laquelle Christ est parfaitement.
Remarquez ici qu’il n’est jamais dit de Christ qu’Il est semblable à Dieu, ou la ressemblance de Dieu, par la raison qu’Il est Dieu ; tandis qu’Il est dit être l’image de Dieu, car Il Le représente et Le glorifie, et que Dieu sera pleinement manifesté en Lui dans la gloire milléniale. Ainsi, dans l’épître aux Éphésiens, nous devons être saints et irréprochables devant Lui en amour. C’est là Sa ressemblance, et c’est devant Lui et non en vue de notre manifestation. Nous devons être imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marcher dans l’amour comme aussi le Christ nous a aimés et s’est donné Lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur. De cette manière Dieu est tout ; et nous sommes en Christ, homme ressuscité des morts par Dieu. Et s’Il est en nous, c’est afin que nous soyons remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. Nous devons pardonner comme Dieu nous a pardonné en Christ. Aussi y a-t-il une différence dans la manière dont l’épître aux Éphésiens et celle aux Colossiens parlent du nouvel homme et du fait que nous avons dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau[2].
Dans les Éphésiens, « la vérité en Jésus » est… « et que vous avez revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu en justice et en vraie sainteté ». L’Esprit de notre entendement doit être celui qui est entièrement nouveau, celui que nous n’avions pas avant (νεος) et le καινος ανθρωπος revêtu nouveau quant à son espèce et à sa nature. Il est créé selon Dieu, semblable à Lui en justice et en vraie sainteté, ce que Dieu est comme connaissant le bien et le mal. Tel est le nouvel homme selon que l’épître aux Éphésiens le caractérise.
Dans les Colossiens, nous avons revêtu le nouvel homme, un nouveau (νεος) que nous n’avions pas avant, nouveau en caractère (καινος) selon l’image de Celui qui nous a créés. Ici Christ est en tous ; et c’est l’image et non la ressemblance qui est présentée. Nul doute qu’il est semblable ; toutefois, ce qui est signalé, c’est l’image, ce qui doit représenter et glorifier Dieu ; et comme nous l’avons vu, Christ est tout et en tous. Pareillement il s’agit de se pardonner les uns aux autres, comme Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même ; et en conséquence, nous avons dans le chapitre premier Christ l’image du Dieu invisible, ainsi que Sa place dans la création, le premier-né de toute créature. Toutefois remarquez avec quel soin Sa nature divine et Son titre divin sont maintenus. Non seulement Il est le créateur, mais toute la plénitude s’est plu à habiter en Lui ; et, de fait, en Lui, toute la plénitude de la déité habite corporellement. Dans le premier chapitre des Éphésiens, vous avez « saints et irréprochables devant lui en amour », ce qui veut dire ressemblance à Dieu en Sa présence.
Je me borne ici à suggérer ces pensées. Que le second homme, le Seigneur (venu) du ciel soit la vraie image de Dieu, c’est ce que l’Écriture enseigne clairement ; mais je pense que le lecteur de ces précieuses épîtres trouvera d’un bout à l’autre cette différence que je signale, concurremment avec une riche mesure d’autres vérités bien importantes dont je ne désire nullement détourner son attention. Bien des passages enseignent notre conformité avec Christ sous ce rapport, et le caractère progressif de notre conformité avec Lui ; voyez par exemple, Romains 8, 29 ; 1 Corinthiens 15, 48, 49 ; 1 Jean 3, 1-3 ; 2 Corinthiens 3, 18. Mais cela rend un merveilleux témoignage à ce que le chrétien est, et doit être ; sa place en Christ.
- ↑ En conséquence, chercher la véritable force de Psaume 17, 15.
- ↑ Permettez-moi de corriger ici la nouvelle traduction de ce verset qui, sans être inexacte, n’est pas claire. « Selon que la vérité est en Jésus (savoir) que, quant à la conversation précédente, vous avez dépouillé et que vous êtes renouvelés… et que vous avez revêtu le nouvel homme ». Telle qu’elle est imprimée, cela pourrait sembler être présenté comme un devoir à remplir.