Écho du Témoignage:Plénitude de délivrance
Permettez-moi de vous adresser sur les épîtres aux Romains, aux Colossiens et aux Éphésiens, quelques remarques dont l’intelligence me semble devoir compléter l’enseignement de l’Écriture, quant à notre délivrance de notre état de péché comme enfants d’Adam.
Il y a deux points capitaux, dans l’application individuelle de la mort de notre adorable Seigneur, qu’il faut absolument comprendre pour être complètement affranchis. D’abord, la propitiation pleine et parfaite qui a été offerte pour tout péché pesant sur nous comme enfants du premier Adam et dans la chair ; ensuite, la délivrance de cette condition naturelle. Quant au premier point : Sommes-nous coupables ? Nous sommes justifiés ; sommes-nous souillés par le péché ? Nous sommes purifiés ; avons-nous offensé Dieu ? Nous sommes pardonnés. Tout ce qui nous séparait de Dieu a été complètement enlevé. Mais il y a plus encore, nous sommes aussi rachetés de la condition où nous étions dans la chair. Nous sommes morts avec Christ à la chair, et nous sommes maintenant en Lui, le second Adam. La rédemption nous a aussi délivrés. Nous ne sommes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si l’Esprit de Dieu habite en nous. Comme principe général, Romains 3, 20 à 5, 11 nous présente la première de ces vérités ; Christ se chargeant de nos péchés, et le parfait amour de Dieu se manifestant ainsi. La délivrance ou l’affranchissement se réalise par le fait de notre mort avec Christ. Le péché, dans la chair, a été condamné lorsque Christ, dans la ressemblance de chair de péché, s’offrit en oblation pour le péché, et nous sommes ainsi délivrés de cette condition dans laquelle nous nous trouvions devant Dieu à cause du péché d’Adam. Ce sujet a été traité dans un article sur la nouvelle naissance, dans « l’Écho du Témoignage », mais je désire maintenant le faire ressortir avec plus de clarté.
La première partie de l’épître aux Romains relève les actes par lesquels les Juifs et les Gentils s’étaient rendus coupables devant Dieu, et ferma la bouche à tous, puisque tous se trouvaient être ou sans la loi, ou bien violateurs de la loi. Les forfaits des Gentils, et l’hypocrisie des Juifs qui, en les condamnant, se rendaient coupables des mêmes offenses, laissaient les uns et les autres sans excuse aucune. Le Juif s’appropriait l’Écriture, et l’Écriture affirme qu’il n’y a point « de juste, non, pas même un seul ». Mais Dieu a présenté Christ « comme victime de propitiation par la foi en son sang, afin de montrer sa justice dans le support des péchés » des saints de l’Ancien Testament ; justice dès lors déclarée établie comme le fondement sur lequel se reposait la foi, reconnaissant Dieu « pour être juste et justifiant le pécheur qui est de la foi de Jésus ».
L’exemple d’Abraham et de David, ces deux grands chefs du peuple juif et de ses espérances, atteste la même grande vérité, savoir que la justification ne pouvait s’obtenir par les œuvres, mais uniquement par la foi. C’est ainsi que nous sommes comptés justes d’une justice qui est la même pour le Gentil que pour le Juif, car elle appartient à la foi et Abraham l’avait obtenue étant incirconcis. La circoncision n’était que le sceau de ce qu’il possédait. Deux autres grands principes sont mis en évidence dans ce chapitre. Premièrement, jusqu’ici la justice et le pardon sont équivalents. C’est l’abolition complète des péchés du croyant, en sorte que Dieu n’a rien à alléguer contre lui. La seconde vérité qui ressort est celle-ci : la foi d’Abraham contemplait la résurrection, mais comme dans la puissance de Dieu, une résurrection déjà accomplie par cette puissance ; de sorte que nous croyons en Celui qui a ressuscité Christ quand Il était mort pour nos péchés, nous donnant ainsi l’assurance qu’ils étaient abolis pour toujours. Mais dans toute cette portion de l’épître, les péchés effectivement commis, qui doivent faire l’objet du jugement à venir, sont le sujet de l’enseignement de l’apôtre.
Ce jugement est prévenu par la mort de Christ livré pour nos offenses et ressuscité pour nous. Mais quand l’âme est complètement ouverte à la vérité, une autre question se présente, qui n’a pas été suffisamment distinguée de la précédente bien que cette vérité elle-même dans les faits les plus essentiels soit reconnue par les chrétiens. Il ne s’agit pas maintenant d’actes qui doivent encourir le jugement dans un temps à venir, car nous serons jugés selon nos œuvres, mais de notre condition présente d’éloignement de Dieu, qui ne se mesure pas aux fruits actuels que nous portons, mais qui remonte bien au-delà, et qui nous trouve dans notre état naturel — conséquence du péché d’Adam. Ce n’est donc pas une question d’œuvres réservées à un jugement futur, mais de notre condition actuelle vis-à-vis de Dieu. Le chrétien est non seulement justifié de sa culpabilité comme enfant vivant d’Adam ; mais comme déjà mort dans le péché, il est passé de la mort à la vie. « Par la seule désobéissance d’un seul homme, plusieurs ont été constitués pécheurs », chassés loin de Dieu et séparés de Lui avec une volonté perverse et de coupables convoitises. L’obéissance d’un homme obvie à cet état de choses, et cette obéissance est mise en regard de la loi, par laquelle se mesure l’obéissance des enfants d’Adam, mais qui est intervenue par parenthèse, παρεισηλθε, afin que l’offense abondât. Le premier Adam et le dernier, la séparation d’avec Dieu par le péché, et l’état de mort spirituelle dans lequel nous entrions par le premier — et grâce à la justice de Dieu maintenant révélée, notre entrée dans une condition toute nouvelle devant Dieu par le second Adam. Mais ceci ne se trouve pas dans l’épître aux Romains. L’homme y est considéré comme un pécheur vivant devant Dieu. Par l’obéissance d’un seul, le croyant est constitué juste, la grâce régnant par la justice. Mais où était la délivrance de la nature mauvaise ? Ici survient la seconde vérité de l’épître aux Romains — nous sommes morts. Si nous faisons profession de participer à la justice par Christ, c’est en participant à Sa mort. Si nous sommes morts au péché, nous ne pouvons pas vivre dans le péché. Il ne s’agit pas ici de Christ mourant pour nos péchés, mais de nous mourant en Lui. Nous sommes identifiés avec Lui dans la ressemblance de Sa mort ; notre vieil homme a été crucifié avec Lui afin que le corps de péché soit annulé. Le chrétien se tient pour mort au péché, mais vivant à Dieu en Jésus Christ notre Seigneur. Par la même raison il est mort à la loi, qui n’a d’autorité sur l’homme qu’aussi longtemps qu’il vit. Je n’insiste pas davantage sur ce point maintenant. C’est l’enseignement de Romains 7 ; la dernière partie du chapitre est rétrospective ; c’est comme un regard jeté en arrière par le chrétien quand, tout en étant renouvelé, il était encore sous la loi — le premier mari. — Romains 8, 2, 3 est comme le résumé de cet affranchissement. L’expression : « quand nous étions dans la chair » (Rom. 7, 5) prouve que c’était là un état passé. Ainsi, les Romains nous enseignent que Christ en mourant a aboli toutes les offenses des croyants, c’est-à-dire les fruits de la chair ou du vieil homme ; et aussi que nous qui vivions autrefois dans le péché sommes morts avec Christ et vivants à Dieu en Lui. Remarquons que l’épître aux Romains ne parle pas du fait que nous sommes ressuscités avec Christ. Au chapitre 8, Paul tient pour constant que nous sommes en Christ, mais il s’agit surtout de la parfaite propitiation accomplie pour nos péchés, du fait que nous sommes morts avec Lui au péché, vivants à Dieu par Lui, justifiés de nos péchés par Son sang, justes devant Dieu à cause de la valeur de Son obéissance, vivant d’une vie nouvelle, et nous tenant comme étant morts au péché. Il n’est pas question d’une association avec Lui dans Sa nouvelle position ; mais d’une vie affranchie, justifiée, et de l’abolition de nos péchés. Voilà le sujet de l’épître aux Romains : nous sommes justifiés et placés individuellement dans une position nouvelle devant Dieu, et vivant par Christ, nous qui étions naguère pécheurs et coupables.
Les Colossiens et les Éphésiens nous mènent plus loin. C’est d’abord l’épître aux Colossiens qui sert de transition. Ceci est évident, de tout l’enseignement. Elle nous considère comme ayant été morts dans nos péchés, et étant maintenant ressuscités avec Christ qui est descendu dans la mort ; comme sur la terre, mais ayant notre espérance dans le ciel. Paul parle de l’espérance qui nous est réservée dans les cieux. Si nous sommes ressuscités avec Christ, nous devons chercher les choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Notre vie est cachée là avec Christ, et nos affections doivent y être aussi. Mais cette épître nous voit également dans une certaine mesure, comme ayant été vivants au péché : « ces choses dans lesquelles vous aussi vous avez marché autrefois quand vous viviez en elles », et par conséquent comme étant morts avec Christ (Col. 2, 20). Toutefois, il est question de nous ici comme étant morts dans les péchés, puis comme étant vivifiés ensemble avec Christ, et ressuscités ; Christ étant notre vie, nous étant ici-bas, mais ayant notre vie cachée avec Lui en Dieu. Pour tout enfant d’Adam vivant dans le péché, il faut que Christ meure afin qu’il puisse être pardonné ; mais dans l’épître aux Romains l’homme n’est pas envisagé comme mort dans ses péchés et ressuscité avec Christ. L’expression « nous sommes morts » implique l’ensemble de notre condition naturelle, actuelle, et non pas ce qui fera pour nous l’objet du jugement. Et quand Dieu vivifie, nous sommes en tant que ressuscités dans une position entièrement nouvelle, par l’effet de la puissance de Dieu. Ce n’est pas seulement que nous sommes vivants et purifiés de nos péchés ; mais notre condition est une nouvelle création de Dieu. De vivants au péché, nous mourons avec Christ. Nous étions morts dans les péchés, Il descend pour prendre notre place : nous sommes vivifiés et ressuscités avec Lui. Non seulement Il nous a vivifiés, mais quand nous étions éloignés de Dieu et plongés dans la mort, nous en avons été retirés et comme ressuscités avec Lui, placés là où Il est placé Lui-même. Ceci implique l’union, ou plutôt y conduit ; mais cette vérité n’est pas développée dans l’épître aux Colossiens. Il faut que Christ soit exalté, et qu’Il envoie le Saint Esprit pour effectuer l’union avec la Tête et pour former le corps. Aussi dans les Romains, nous sommes morts avec Christ et nous vivons par Lui. Dans les Colossiens, nous sommes considérés comme morts avec Christ, mais aussi morts dans les péchés et ressuscités ensemble avec Lui.
Dans l’épître aux Éphésiens nous sommes envisagés comme étant morts dans nos péchés. Christ Lui-même y est présenté d’abord comme ressuscité des morts par la puissance divine. Il n’est pas question de notre mort avec Lui, mais d’une création entièrement nouvelle et de cela seulement. C’est pourquoi le résultat de cet état de choses est clairement démontré. Christ est assis dans les lieux célestes, et nous y sommes aussi en Lui. Ainsi nous sommes placés non seulement dans une condition nouvelle, mais nous sommes unis à Christ là-haut. Il y a un seul corps et un seul Esprit, tandis que dans l’épître aux Colossiens, il s’agit de la vie et non de l’Esprit. Les exhortations dans les Éphésiens répondent bien à cet enseignement. Le chrétien est appelé à partir comme du ciel, et, selon l’exemple de Christ, à manifester Dieu sur la terre. Nous ne le voyons pas ici poursuivant sa course vers le ciel où il est appelé ; mais assis dans les lieux célestes en Celui qui est la Tête, et appelé à manifester le caractère de Dieu ici-bas.
Nous avons donc la mort de Christ pour nos péchés, la mort au péché, et la vie par Christ, puis l’état de mort dans les péchés, et ce fait que nous sommes ressuscités ensemble avec Jésus et assis avec Lui dans les lieux célestes développés successivement dans les épîtres aux Romains, aux Colossiens et aux Éphésiens. L’enseignement pratique de cette dernière épître est que nous devons être « imitateurs de Dieu » qui est lumière, et qui est amour.
La seconde épître aux Corinthiens nous présente encore un autre enseignement quant à la manière dont il faut agir avec notre « vieil homme », de manière à réaliser le fait que nous sommes morts avec Christ. Mais cela ne va pas au-delà de ce que nous avons dans les Romains, le fait de nous tenir nous-mêmes pour morts, et le moyen de réaliser cette mort. Cet enseignement est essentiel quant à la marche. « Nous avions en nous-mêmes », dit l’apôtre, « la sentence de mort, afin que nous n’eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts ». Il s’agit ici de se mettre au-dessus des circonstances extérieures et de la puissance de Satan quant à la mort ; mais le principe demeure le même. Paul tenait sa vie naturelle comme une chose morte, de sorte que ceux qui cherchaient à le détruire ne pouvaient avoir aucune prise sur son esprit. Il se confiait en Dieu qui ressuscite les morts, et s’il venait à succomber, la résurrection ne serait pas pour cela plus loin de lui. Il portait toujours dans son corps la mort de Jésus. Il s’appliquait personnellement la croix et la mort de Jésus de manière à asservir complètement l’homme naturel, afin que la vie de Jésus seule fût manifestée dans sa chair mortelle, et le Seigneur lui vint en aide, et le fit traverser des circonstances douloureuses qui tenaient la vieille nature dans la mort. Il était « toujours livré à la mort », afin que la vie de Christ, libre de tout alliage, pût être manifestée dans son corps. La mort opérait en Paul afin que rien en lui qui fût de la chair n’agît en aucune mesure. Ainsi la vie de Christ opérait par son moyen en ceux avec lesquels il était en contact. Ce sont là de grandes choses ; et nous devons aspirer à ce que la croix soit appliquée à tout ce qui est du vieil homme, afin que rien ne paraisse en nous que l’homme nouveau et que lui seul vive et agisse. Cet état est le fruit d’une vigilance continuelle qui n’accepte en aucune manière les révoltes de la chair. Pour en arriver là, il faut que Christ soit notre but, et s’il en est ainsi de nous, c’est un grand gain, une immense bénédiction qui fait que ce qui est éternel, ce qui appartient à Christ, constitue notre vie actuelle tout entière.
Bien que l’enseignement de l’épître aux Éphésiens ait un caractère plus élevé, comme le fruit même de la grâce dans la nouvelle création, la puissance est plus clairement manifestée dans les Corinthiens. Cette puissance, il est vrai, se montre dans la manière d’agir avec le vieil homme, et par la décision qui a un grand rapport avec la puissance. Dans les Éphésiens, il s’agit d’une création entièrement nouvelle, création de Dieu et selon Dieu. Le Saint Esprit est là, et les chrétiens sont vus dans la relation bénie d’enfants bien-aimés. Ils sont appelés à manifester le caractère de leur Père, Christ le Fils, tel qu’Il fut dans ce monde, étant leur modèle. Rien de plus aimable. C’est là une marche qui répond à l’abondante grâce qui est manifestée, et à la proximité de cette relation d’enfants où ils sont amenés. Dans les Corinthiens, l’apôtre est en conflit avec la puissance du mal, et il est appelé pour son œuvre à posséder dans sa plénitude la puissance même de Christ pour agir sur ceux avec lesquels il avait affaire. L’adversaire était moralement impuissant dans le cas particulier de Paul, car en cherchant à le tuer, ses efforts haineux se heurtaient contre un homme en qui la « sentence de mort » se trouvait continuellement et complètement réalisée. Et tenant ainsi sa chair toujours pour morte, quand l’occasion se présentait d’agir avec les autres, la vie de Christ seule se trouvait en contact avec eux. La mort opérait en Paul, et la vie en eux. Remarquez qu’il portait toujours dans son corps la mort de Jésus. Dans quelle mesure pourrions-nous dire que nous opposons à toutes les inclinations de l’homme naturel la puissance de la croix ? Cependant ce principe peut s’appliquer aux affections les plus profondes et les plus bénies comme le dit Pierre : « Christ ayant souffert pour vous en la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée ». C’est-à-dire, le cœur est tourné avec un saint dévouement vers Christ souffrant pour nous, afin que nous puissions être délivrés du péché et vivre d’une vie divine dans notre âme. La mort que nous portons partout avec nous, est la mort bénie du Seigneur Jésus par laquelle nous mourons au péché et à nous-mêmes, et c’est le gain de cette vie éternelle dont nous vivrons à toujours avec Lui, L’ayant servi ici-bas. C’est une délivrance actuelle dans la liberté et dans la lumière divine, bien qu’il soit nécessaire tant que nous serons ici de tenir le moi et la volonté de la chair dans le frein de la mort. Oh, si nous avions des yeux pour discerner où se trouve notre gain véritable, et des cœurs pour compter sur la force de Dieu pour tout accomplir ! C’est ainsi seulement que nous pourrons vivre dans ce qui est éternel.
La différence dans les épîtres aux Romains et aux Éphésiens, se fait mieux comprendre en comparant Romains 12, 1, 2, avec Éphésiens 5, 2. Dans Romains, nous avons la volonté du cœur qui présente la victime à Dieu, comme au chapitre 6, 19, car c’est le même mot qui est employé : « livrez vos membres », nous nous donnons tout entiers en sacrifice vivant. Dans les Éphésiens, nous avons l’amour et la plénitude de la grâce renonçant au moi pour autrui, cette divine et libre renonciation de soi-même dans la bonté. « Il nous a aimés et il s’est donné lui-même pour nous », point par devoir, mais s’offrant gratuitement soi-même pour être un sacrifice à Dieu.