Livre:Étude sur l’épître aux Galates/Chapitre 1
« Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts ». Comme nous l’avons déjà remarqué dans l’introduction, les premières paroles de l’épître sont particulières. Dans plusieurs autres épîtres, Paul insiste sur son appel comme esclave et apôtre de Jésus Christ « par la volonté de Dieu », mais nulle part ailleurs il ne relève l’absence de toute intervention humaine avec autant de force. De même l’adjonction « qui l’a ressuscité d’entre les morts » est inhabituelle et caractéristique de cette épître. Non seulement l’appel de l’apôtre n’avait aucune intervention humaine comme point de départ, mais l’homme n’y avait participé ni comme intermédiaire, ni comme instrument. Cet appel avait été adressé directement par Jésus Christ, non pas à Jérusalem, le domicile et la sphère d’activité du jeune Saul, mais loin du grand centre du monde religieux de l’époque, sur le chemin de Damas. C’est là que Dieu le Père l’avait rencontré en Son Bien-aimé, que Saul haïssait si ardemment, mais que Dieu avait ressuscité d’entre les morts. Paul n’avait pas été introduit dans sa charge, comme les autres apôtres, par un Messie vivant sur la terre, mais tout à fait indépendamment d’eux, par le Seigneur ressuscité d’entre les morts et glorifié à la droite de Dieu. C’est ainsi que ce fait, employé par les séducteurs pour amoindrir Paul aux yeux des Galates, devenait une preuve de l’importance particulière et de la puissance de son appel. L’inconsistance totale des affirmations de ces mauvais ouvriers était mise à nu d’un seul coup.
« Non de la part des hommes, ni par l’homme ». Sur un chemin dans lequel la haine de Christ l’avait conduit, muni par les hommes de lettres de recommandation et investi de pleins pouvoirs, Paul avait été arrêté subitement et de merveilleuse façon : une lumière du ciel l’avait éclairé et une voix lui avait parlé d’en haut. Puis, trois jours après, quand un messager fut envoyé à celui qui était devenu aveugle, pour qu’il recouvrât la vue et fût rempli de l’Esprit Saint, Dieu n’avait pas employé un homme éminent, un apôtre ou au moins une colonne dans l’assemblée, mais « un certain disciple », « un homme pieux selon la loi ». C’est lui qui lui imposa les mains et qui l’engagea à être baptisé (Actes 9 et 22). Ainsi Dieu avait dirigé les circonstances extérieures de la conversion et de l’appel de l’apôtre pour qu’il ne restât pas la moindre place à l’homme et à son intervention. Tout eut lieu non pas seulement de la part du Seigneur, mais « par Jésus Christ, et Dieu le Père ». Et lorsque le temps vint pour Paul de commencer son service comme apôtre des nations, « l’Esprit Saint dit : Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (Act. 13, 2). C’est ainsi que Dieu eut soin que l’homme destiné à occuper une place si particulière dans Son œuvre et à devenir le grand héraut de Son évangile et l’administrateur richement béni de Ses mystères, fût appelé sans intervention ou légitimation d’hommes éminents.
En principe il en est toujours ainsi : le Seigneur donne des évangélistes, des pasteurs et des docteurs, Dieu opère tout en tous, l’Esprit Saint distribue comme il Lui plaît (Éph. 4 ; 1 Cor. 12). Des hommes fidèles, craignant Dieu, ou les frères les plus âgés d’une assemblée peuvent donner, par la prière en commun, peut-être par l’imposition des mains, leur accord au service d’un frère ; ils peuvent le recommander à la grâce spéciale de Dieu pour un long voyage ou une œuvre particulièrement pénible (comme par exemple en Actes 13, 3), mais cela n’a rien à faire avec l’appel au service. Bien sûr nous ne voulons et ne pouvons oublier à ce propos que le service et la charge d’un apôtre étaient une chose tout à fait particulière. Les apôtres et les prophètes ne devaient-ils pas poser le fondement du temple saint dont Christ est la maîtresse pierre du coin ?
Dans d’autres épîtres l’apôtre joint volontiers à son nom celui d’un frère ou d’un autre, de Timothée, de Silvain, etc. ; ici il dit : « et tous les frères qui sont avec moi ». Le fait-il pour rehausser le sérieux et l’importance de ses déclarations ? Ou pour montrer aux Galates : Voyez, tous les frères qui sont auprès de moi sont du même avis que moi, considérez bien où vous en êtes arrivés ? Les deux choses peut-être. En tout cas, le fait de s’en référer à tous les frères qui étaient avec lui, et d’un même avis, était sérieux pour les Galates. Il était non moins remarquable pour eux qu’à sa salutation habituelle : « Grâce et paix à vous, de la part de Dieu le Père et de notre Seigneur Jésus Christ », l’apôtre ajoutât ces paroles : « qui s’est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu’il nous retirât du présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père ».
C’est justement cela qu’ils avaient oublié. Leur Seigneur Jésus Christ avait souffert pour leurs péchés, était mort pour eux, alors qu’ils étaient encore pécheurs et ennemis, et ils voulaient se placer maintenant sous une loi qui ne pouvait jamais ôter les péchés ! Leur Sauveur avait dû devenir malédiction pour eux, afin de les retirer du présent siècle mauvais, et ils voulaient retourner dans ce monde-là ! La loi avait été donnée pour l’homme « dans la chair », pour ceux qui appartenaient à ce présent siècle. C’est à eux qu’elle devait servir de règle, c’est eux qu’elle devait convaincre tout à la fois de leur état de péché et de leur complète impuissance. Mais le croyant, lui, n’est plus « dans la chair » ; il est « dans l’Esprit », c’est un homme en Christ pour lequel il n’y a plus de condamnation, un homme qui ne marche plus selon la chair, mais selon l’Esprit (Rom. 8). Bien que la chair soit encore en lui, elle a été jugée dans la mort de Christ et le croyant « l’a crucifiée avec ses passions et ses convoitises ».
Mais il y a plus. Bien qu’étant encore dans le monde, nous ne sommes plus du monde. Nous appartenons à un monde nouveau. « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5, 17). La loi s’adresse aux hommes du présent siècle. Elle est bonne « si quelqu’un en use légitimement », c’est-à-dire s’il l’applique à ceux à qui elle est destinée (1 Tim. 1, 8-10). Cependant, sur ceux qui ne sont pas du monde, comme Christ n’est pas du monde, la loi n’a plus aucun droit. Ils sont « à un autre, à Celui qui est ressuscité d’entre les morts », pour porter du fruit pour Dieu (Rom. 7, 4). Ils ont été envoyés dans le monde par le Seigneur après Sa résurrection, comme Lui avait été envoyé par le Père. Messagers de paix, ils doivent témoigner envers le monde par leur parole et par leur marche, qu’étant un peuple affranchi, ils ne lui appartiennent plus, mais appartiennent au ciel. Retirés du monde et transportés dans une toute nouvelle sphère par suite de la révélation du Père dans le Fils, ils ne sont absolument plus considérés comme étant « encore en vie dans le monde » (Col. 2, 20). Morts et ressuscités avec le Christ, ils sont appelés à chercher les choses qui sont en haut et à Le glorifier selon la position qu’Il occupe maintenant à la droite de Son Dieu et Père. « À Lui soit la gloire aux siècles des siècles ! ». C’est ainsi que l’apôtre termine ses paroles d’introduction. C’est de tout cœur que nous ajoutons notre « Amen » à cette action de grâces.
Dans le verset suivant Paul arrive sans aucun préambule au sujet si important qui remplissait son cœur. Cela fait penser aux paroles d’Élihu, qui adressait en son temps à Job et à ses amis ces mots sortant du fond de son cœur oppressé : « Je suis plein de paroles, l’esprit qui est au-dedans de moi me presse » (Job 32, 18).
« Je m’étonne de ce que vous passez si promptement de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, à un évangile différent, qui n’en est pas un autre » (v. 6, 7). Nous aussi nous pourrions nous étonner de ce que l’ennemi ait réussi, après si peu d’années, à troubler ces chrétiens récemment encore si heureux, et à les détourner du fidèle enseignement de l’apôtre. Mais nous ne devons pas oublier qu’ils ne possédaient pas la Parole de Dieu comme nous l’avons aujourd’hui entre nos mains. Ils ne pouvaient pas confronter les enseignements qui leur étaient apportés, avec cette pierre de touche infaillible. Il était pourtant étonnant qu’ils se soient laissés détourner si vite de Celui qui les avait appelés par la grâce de Christ.
Et à qui ces Galates avaient-ils prêté l’oreille ? Aux prédicateurs d’un autre évangile qui différait essentiellement de celui que Paul prêchait et qui, en réalité, n’en était pas un autre. Car comment aurait-il pu y avoir un autre évangile, une bonne nouvelle autre que celle dont Dieu avait rendu témoignage au sujet de Son Fils ? Toute autre chose n’était pas, n’est pas, ne peut pas être la vérité. Dès que l’on ôte quelque chose à l’évangile de Dieu ou que l’on y ajoute quoi que ce soit d’humain, ce n’est plus l’évangile de Dieu ; en acceptant cet autre message, on se détourne en réalité de Dieu Lui-même, de Celui qui nous a appelés par la grâce de Christ.
Cette brève expression « par la grâce de Christ » dirige immédiatement nos pensées sur le moyen de séduction dont l’ennemi s’était servi dans le cas présent. C’était la loi, la loi qui dit à l’homme : « Fais ceci et tu vivras », c’est-à-dire absolument le contraire de ce que l’apôtre leur avait annoncé. Il avait apporté le message de la grâce de Dieu, gratuite et imméritée, à ces pauvres Gentils, qui l’avaient acceptée et avaient été de cette manière « justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus ». Tout était l’œuvre de Dieu, l’action de Dieu, rien ne venait d’eux, rien n’était d’eux. C’est la grâce qui les avait approchés si intimement de Dieu et avait rempli leur cœur d’une joie ineffable, eux qui autrefois étaient sans Dieu et sans espérance dans le monde. Ils voulaient se détourner maintenant des richesses qui leur avaient été données par grâce en Christ, pour se tourner vers l’homme et ses œuvres misérables ! Ils voulaient quitter le terrain de la grâce et se placer sous une loi qui ne pouvait apporter à l’homme que malédiction, mort et condamnation !
Ils ne pensaient certes pas abandonner Christ et se passer de Lui, mais ils voulaient placer leur propre œuvre à côté de Sa personne et de Son œuvre, y ajouter la circoncision, mélanger la grâce et la loi. Ils avaient écouté des docteurs qui pensaient de cette manière pervertir l’évangile. Ce n’était pas un autre évangile que ces gens apportaient : leur but n’était que de troubler les Galates et de pervertir l’évangile du Christ (v. 7). En vérité, prêter l’oreille à de tels hommes était plus que funeste, c’était un grand mal.
L’état général de la chrétienté de nos jours nous montre combien ce mal, qui à ce moment-là se trouvait à ses débuts, a agi d’une manière néfaste, pernicieuse. Si la différence entre le catholicisme et le protestantisme est grande, très grande sous plus d’un rapport, ils sont à cet égard tous deux sur le même terrain. Certes, on ne prêche pas la circoncision, on ne parle pas d’un retour à la loi cérémonielle (bien qu’il ne manque pas de voix qui réclament l’observation du sabbat et le paiement de la dîme), mais on place sa propre activité sous les formes les plus diverses, les unes plus raffinées, les autres plus grossières, à côté de l’œuvre de Christ ou même à sa place. On va jusqu’à employer à cela le baptême et la cène. Il est vrai que l’Esprit de Dieu agit avec puissance de nos jours pour dégager les vrais croyants de leurs relations avec une religion qui laisse place à la chair (il y a aussi une chair religieuse) et à la volonté de l’homme, une religion qui consiste principalement en l’observance de préceptes moraux et en l’accomplissement de simples formes et règles chrétiennes extérieures. L’Esprit de Dieu s’efforce plus que jamais de les ramener à Christ seul, à Sa Parole et à Son nom. Mais partout se montre, à des degrés divers il est vrai, la tendance à mélanger à la grâce des œuvres légales, des œuvres de propre justice. De nos jours le christianisme dans son ensemble porte plus ou moins le caractère de cette fatale confusion de principe entre la loi et la grâce, entre la chair et l’Esprit, et cette confusion vise à troubler les âmes et à pervertir l’évangile de Christ.
La manière dont l’apôtre parle ensuite de la proclamation d’un évangile qui ne concordait pas avec celui qu’il annonçait lui-même, est des plus sérieuses : « Mais quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème » (v. 8). Pouvons-nous imaginer déclaration plus solennelle ? Et n’oublions pas que c’est l’Esprit Saint qui parle par l’apôtre. Si donc quelqu’un, que ce fût Paul lui-même ou un ange venu du ciel, annonçait comme évangile autre chose que ce qu’il leur avait annoncé, ou, comme il l’ajoute avec emphase, outre ce qu’ils avaient reçu, l’anathème devait atteindre un tel homme. Rien ne devait être mêlé à ce qu’il avait annoncé, il n’y fallait pas toucher. Rien ne devait être ajouté à ce qu’ils avaient reçu. Si quelqu’un le faisait, qu’il fût anathème !
Qu’est-ce qui poussait l’apôtre à parler d’une manière si sévère ? Pensait-il à son honneur comme apôtre ? Ou était-ce même de la jalousie à l’égard de ces autres docteurs ? Non, aucune de ces choses ! Les Galates connaissaient mieux leur apôtre. Et de plus il se plaçait lui-même sous les conséquences terribles qu’une telle manière de faire aurait entraînées. Non, ce qui le poussait, c’était l’amour, un amour pur, divin envers les Galates, une profonde sollicitude quant à leur bien spirituel. Ce qu’il leur avait annoncé, ce qu’ils avaient reçu, était l’évangile de Dieu. Le pervertir ne pouvait provenir que de l’ennemi des âmes et devait nécessairement tourner à leur perte.
De tels sentiments ne devraient-ils pas remplir nos cœurs lorsque nous voyons et entendons tout ce que l’on offre aujourd’hui aux âmes des hommes, et avant tout aux croyants, que ce soit en paroles ou par écrit ? À la faiblesse de tels sentiments en nous, nous pouvons mesurer combien petits sont et notre amour pour nos frères et notre sollicitude pour eux. Puisse le Saint Esprit éclairer davantage les cœurs des enfants de Dieu et réveiller leurs consciences ! Et n’oublions pas, en ce qui nous concerne, que nous sommes responsables d’être vigilants à l’égard de ce que nous entendons ou lisons, et de prendre garde à qui nous prêtons l’oreille. Plus d’un pense avoir la liberté de tout lire, d’aller partout. Combien de ravages cette prétendue liberté a déjà occasionnés ! Plusieurs pourraient, s’ils le voulaient, en rapporter des conséquences affligeantes.
Dans ce domaine, le désir de plaire aux hommes joue souvent un grand rôle. On va ici ou là pour ne pas offenser des voisins ou des amis. On désire être connu comme quelqu’un qui a un cœur assez large pour passer par-dessus ce qui est plus ou moins erroné quant à la doctrine ou à la vie pratique. Mais quelque bons et recommandables que soient, à leur place, un cœur large et un esprit tolérant, ils deviennent inquiétants, affligeants même, lorsque la vérité de Dieu est en jeu ; lorsque, pour ne mentionner qu’une chose, la personne ou l’œuvre de Christ sont attaquées. Paul veillait avec une sainte jalousie sur la pureté de la doctrine, que cela plût ou déplût aux hommes. « Car maintenant, est-ce que je m’applique à satisfaire des hommes, ou Dieu ? Ou est-ce que je cherche à complaire à des hommes ? Si je complaisais encore à des hommes, je ne serais pas esclave de Christ » (v. 10).
Être un esclave fidèle de Christ et aspirer à l’approbation des hommes sont deux choses qui ne peuvent absolument pas aller de pair, et pourtant combien sont nombreux ceux qui s’efforcent de les unir. Paul savait très bien qu’en tenant ferme, d’une manière inflexible, à la pureté de l’évangile de Christ, il choquait les hommes et qu’il pouvait même être incompris de croyants. Il n’en est pas autrement aujourd’hui : celui qui défend la vérité avec fidélité doit s’attendre à des accusations telles que celles-ci : « sans amour », « orgueilleux », « intolérant ». Mais qu’importe ? Paul ne parlait ni n’écrivait pour plaire aux hommes. Il ne recherchait que l’approbation de Dieu et désirait être trouvé en toutes choses un esclave de Christ. Ne voulons-nous pas l’imiter ?
C’est ainsi que l’évangile qu’il avait annoncé n’était pas « selon l’homme » (v. 11). Son contenu merveilleux correspondait aussi peu aux pensées des hommes que la manière dont l’apôtre avait été établi dans son service ne correspondait à ce que les hommes auraient attendu. Les Galates savaient qu’il avait rencontré Jésus d’une manière tout à fait extraordinaire. Mais ils devaient entendre, et nous avec eux, de plus amples détails à ce sujet. Paul n’avait entendu prêcher l’évangile par personne et si ce fut le cas occasionnellement, comme par exemple à la lapidation d’Étienne, cela n’avait servi qu’à augmenter sa haine envers Christ et à remplir son cœur d’une fureur débordante envers les disciples de Jésus. De plus, lors de sa conversion sur le chemin de Damas, il n’avait pas appris à connaître Christ comme le roi des Juifs, mais comme le Fils de l’homme glorifié, la tête de l’Assemblée, qui est Son corps. La voix venue du ciel l’avait appelé : « Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? ». Jésus dans le ciel en haut et les saints sur la terre en bas étaient un : ils formaient un tout, un corps, le Christ. C’est ainsi qu’il dit, en parlant de l’évangile : « Je ne l’ai pas reçu de l’homme non plus, ni appris, mais par la révélation de Jésus Christ » (v. 12).
Personne ne pouvait mettre en doute la sincérité et l’authenticité de sa conversion. Comme les Galates le savaient aussi, il avait été dans le passé un ardent zélateur des traditions de ses pères, il avait devancé tous ceux de son âge dans la stricte observation des ordonnances juives et, dans ce chemin, il était devenu « outre mesure » un persécuteur et un dévastateur de l’Assemblée de Dieu (v. 13, 14). En même temps, combien ces faits condamnaient les Galates dans leur penchant à retourner aux choses qui avaient conduit cet homme dans un tel chemin ! Qu’est-ce qui aurait pu l’arrêter dans sa course et lui faire faire volte-face, si ce n’était la miséricorde puissante de Dieu ? Il l’avait « mis à part dès le ventre de sa mère » et l’avait « appelé par sa grâce ». Et c’est en lui qu’il plaisait maintenant à Dieu de révéler Son Fils. Quel Dieu merveilleux, digne d’adoration ! Lui qui peut tirer le bien du mal, et le fait souvent, s’est servi de la folie des Galates pour nous apprendre tant de choses qui autrement nous seraient sans doute restées cachées. Un fait après l’autre doit être mis en lumière pour nous faire connaître de plus près la personne et l’histoire de ce « vase d’élection » (Act. 9, 15), à la confusion des Galates, mais pour notre joie et notre affermissement dans la foi.
L’apôtre Pierre avait eu aussi, une fois, une révélation particulière de la part de Dieu, et en cela il y a une ressemblance entre lui et Paul. Lorsqu’il confesse Jésus comme étant « le Fils du Dieu vivant », le Seigneur lui adresse les paroles connues : « Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux » (Matt. 16, 17). Mais il y a pourtant une différence remarquable dans la manière et le contenu de ces deux révélations. Dans le premier cas, la révélation fut faite à Pierre lui-même : Dieu lui révéla Son Fils. Dans le cas de Paul, il plut à Dieu « de révéler son Fils en lui ». Si petite que paraisse cette différence au premier abord, elle devient de la plus haute importance lorsqu’on l’examine de plus près. C’est encore un des nombreux exemples qui montrent que nous ne pouvons jamais lire la Parole de Dieu, « affinée sept fois », avec trop d’attention ; au contraire, nous la lisons souvent avec trop peu d’attention.
Nous avons relevé plus haut que la merveilleuse vérité de l’union des croyants avec Christ avait déjà été révélée à Paul lors de sa conversion ; l’action du Saint Esprit allait compléter en lui la connaissance de cette vérité qu’il devait annoncer ensuite aux Juifs et aux Gentils. Elle n’a pas été confiée à Pierre ni aux autres apôtres. Elle était un mystère dont l’administration était remise à Paul. C’est pourquoi il parle à plusieurs reprises de « son évangile ». Cela ne signifie pas qu’il en avait annoncé un autre, un évangile édifié sur un autre fondement — cela était impossible — mais bien un évangile auquel une vérité jusque-là non révélée avait été ajoutée, précisément cette vérité de l’union de Christ et de l’Assemblée, Son corps. Il est vrai que le passage qui nous occupe ne fait qu’allusion à cette vérité ; mais sans doute était-elle dans la pensée de l’auteur lorsqu’il disait qu’il avait plu à Dieu de révéler Son Fils en lui.
Rappelons à cette occasion que Paul désigne aussi le message qui lui était confié comme « l’évangile de la gloire du Christ » (2 Cor. 4, 4). C’est l’évangile d’un Sauveur qui n’est pas seulement mort et ressuscité, mais qui a aussi été glorifié en haut à la droite de Dieu et qui maintenant est donné comme chef sur toutes choses à Son corps, l’Assemblée (Éph. 1, 20-23). Les autres apôtres ne développent pas cette glorification du Fils de l’homme ni les conseils de Dieu qui s’y rattachent. C’est pourquoi Paul pouvait aussi écrire aux Colossiens qu’en communiquant les choses qui lui avaient été révélées, il avait, comme serviteur de l’Assemblée, « complété la parole de Dieu », c’est-à-dire y avait ajouté ce qui manquait encore. La révélation du mystère de Christ et de l’Assemblée, mystère qui était caché dès les siècles et dès les générations, fermait le cercle des communications de Dieu. Au-delà de cela il n’y avait plus rien.
En considérant tout ceci nous comprenons encore mieux que l’évangile de Paul n’était « pas selon l’homme », ni ne pouvait avoir été « reçu de l’homme non plus », mais avait été communiqué par une révélation directe du Seigneur. Lorsqu’il plut donc à Dieu de révéler ainsi Son Fils en lui pour qu’il L’annonçât aux nations, il n’avait pas pris conseil de la chair ni du sang, ni n’était monté à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant lui (v. 16, 17). Il ne se concerta pas avec l’homme : ni avec lui-même, ni avec d’autres ; il n’alla pas non plus à Jérusalem pour annoncer son appel aux apôtres qui y séjournaient et le faire confirmer par eux. Dieu l’avait appelé et c’est à Lui qu’il laissait la disposition de tout son chemin futur. Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées et nos voies ne sont pas Ses voies. Il conduisit Son esclave dans le silence de l’Arabie, après qu’il eut prêché pendant quelques jours dans la synagogue de Damas que Jésus est le Fils de Dieu (Act. 9, 19, 20). C’est là qu’il séjourna trois ans. Rien d’autre ne nous est communiqué quant à cette longue période. Mais nous ne nous tromperons pas en la considérant comme un temps sérieux de préparation, comme l’école de Dieu pour Son esclave, en vue de son service futur. Nous constatons cette façon d’agir de Dieu envers plus d’un de Ses serviteurs dont Il voulait se servir d’une manière éminente (Joseph, Moïse, Élie, etc.). Avant de leur confier un service public, Il les conduisait à part, dans la solitude, non seulement pour leur donner une connaissance plus intime de Ses pensées, mais aussi pour leur enseigner leur propre néant.
« Puis, trois ans après » (dans lesquels se situe un second séjour à Damas), « je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas, et je demeurai chez lui quinze jours ; et je ne vis aucun autre des apôtres, sinon Jacques le frère du Seigneur » (v. 18, 19). L’apôtre souligne expressément la brièveté de son séjour à Jérusalem (seulement quinze jours) pour exclure d’emblée toute pensée qu’il aurait pu suivre là un enseignement. Il est très compréhensible qu’il ait désiré faire la connaissance de Pierre, l’apôtre de la circoncision. Mais à part lui, il n’avait vu que Jacques, le frère du Seigneur. Après avoir encore témoigné solennellement : « dans les choses que je vous écris, voici, devant Dieu, je ne mens point » (v. 20), il poursuit : « ensuite j’allai dans les pays de Syrie et de Cilicie. Or j’étais inconnu de visage aux assemblées de la Judée qui sont en Christ, mais seulement elles entendaient dire : Celui qui nous persécutait autrefois, annonce maintenant la foi qu’il détruisait jadis ; et elles glorifiaient Dieu à cause de moi » (v. 21-24). Le contenu de ces versets est simple et ne demande pas d’explication. Les Galates aussi auront compris sans peine l’enseignement humiliant qu’ils contenaient. Les assemblées de Judée, auxquelles l’apôtre était inconnu de visage, et qui avaient seulement entendu que celui qui autrefois persécutait les disciples de Jésus annonçait maintenant la foi qu’il détruisait jadis, glorifiaient Dieu à cause de lui. Elles avaient reconnu avec gratitude la grâce que Dieu avait accordée à cet homme, et avec une joie profonde, elles s’étaient laissé conduire plus avant dans l’intelligence des pensées et des conseils de Dieu.
Mais qu’en était-il des assemblées de Galatie qui avaient été formées par Paul à la suite d’un travail pénible et persévérant ? Ne leur avait-il pas apporté le précieux évangile de la grâce à travers beaucoup de souffrances et de dangers ? N’avaient-elles pas appris, par un contact personnel, à connaître le zèle infatigable, l’amour plein d’abnégation et la fidélité de cet esclave de Jésus Christ ? Hélas, les Galates ne le comprenaient plus ! Ils trouvaient toutes sortes de choses à critiquer chez lui, blessaient son cœur en se laissant ensorceler par des séducteurs juifs, et se détournaient pour servir de nouveau les faibles et misérables éléments du monde. Qu’ils avaient été heureux jadis, alors que Paul avait dépeint Jésus Christ devant leurs yeux d’une façon si vivante, comme s’Il avait été crucifié au milieu d’eux ! Et maintenant ? Oh ! combien la solennelle affirmation du verset 20 et le rappel qui suit concernant les assemblées de Judée devaient toucher leur cœur et atteindre leur conscience ! Ne seront-ils pas revenus à la raison, n’auront-ils pas eu honte et n’auront-ils pas recommencé à glorifier Dieu à cause de Son serviteur ?