Livre:Montre-moi ta foi/La venue du Seigneur

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L’apôtre a présenté la beauté de la vie pratique chrétienne au milieu d’une vaste chrétienté professante (chap. 1) ; il nous a donné les critères prouvant la réalité de la foi en notre Seigneur Jésus Christ (chap. 2) ; il nous a mis en garde contre les différentes formes de mal qui se trouvent parmi ceux qui prétendent être en relation avec le vrai Dieu (chap. 3 et 4). Maintenant, dans le dernier chapitre, il distingue clairement les deux classes de personnes, d’une part la grande masse chrétienne de nom, d’autre part, ceux qui, au milieu de celle-ci, ont une foi personnelle dans le Seigneur Jésus. Lorsque Jacques écrivait son épître, les douze tribus formaient la grande religion traditionnelle, et le résidu pieux, les vrais croyants. Aujourd’hui, c’est à la chrétienté professante et aux vrais croyants au milieu d’elle, que ces vérités s’appliquent.

L’apôtre place devant nous l’état véritable de chacune des classes, l’une extérieurement riche et prospère, l’autre, pauvre et dans la souffrance. Il présente la venue du Seigneur comme étant le terme des deux conditions. Il exhorte les fidèles à la patience au sein de la souffrance, et montre que les souffrances qu’ils traversent font partie de la discipline du Seigneur pour leur bénédiction.

1. Les riches de ce monde (v. 1-6)

(v. 1-3) L’apôtre s’adresse d’abord à ceux qui, professant reconnaître le vrai Dieu, mais n’ayant pas de foi personnelle en Christ, font des richesses et de la prospérité dans ce monde leur principal objet. Ceux-ci feraient bien de penser au jugement qui va tomber sur la profession religieuse, et de pleurer en poussant des cris, à cause des misères qui vont venir sur eux. Non seulement leurs biens leur feraient défaut et seraient pourris, mais ils seraient le moyen de leur propre destruction, comme un feu destructeur. Que de fois les richesses, avec toutes les occasions qu’elles offrent de satisfaire chaque convoitise, n’ont-elles pas prouvé la vérité des paroles de l’apôtre, en devenant un instrument de la destruction tant du corps que de l’âme ! « Votre or et votre argent sont rouillés, et leur rouille… dévorera votre chair comme le feu ». En outre, le temps va bientôt prendre fin, car nous vivons « dans les derniers jours ». Ainsi, les riches de ce monde sont avertis que le jugement approche (v. 1) ; que leurs richesses sont pourries (v. 2) ; que leurs propriétaires seront eux-mêmes détruits, corps et âme ; et que ce sont les derniers jours (v. 3).

(v. 4, 5) Les richesses non sanctifiées ne détruisent pas seulement ceux qui les possèdent, mais trop souvent, au lieu d’être pour le profit des pauvres, font que ceux-ci sont dépouillés et opprimés. De plus, indépendamment de toute oppression des pauvres, les richesses orientent vers une vie de délices et de paresse, dans laquelle les pauvres n’ont pas de place et sont oubliés. On a dit très justement : « Les biens matériels sont un danger réel, même pour nous chrétiens, car ils risquent de nourrir notre orgueil et de durcir notre cœur en nous éloignant des pauvres auxquels le Seigneur Lui-même s’est associé dans ce monde » (J.N.D.).

Le Seigneur, lui, veille spécialement sur les pauvres. Il n’est pas indifférent à leurs besoins, ni sourd à leurs cris. Lui-même a vécu dans la pauvreté, afin que par sa pauvreté nous soyons enrichis. C’est aux pauvres que l’évangile est envoyé ; et Dieu a choisi « les choses folles », « les choses faibles », « les choses viles », « les choses méprisées » de ce monde. Quelques puissants et quelques nobles peuvent certes être appelés, mais l’Écriture dit : « pas beaucoup » (1 Cor. 1, 26-29).

(v. 6) Les riches ont non seulement frustré et négligé les pauvres, mais ils ont condamné et mis à mort le Juste. Celui qui a dit : « Je suis affligé et pauvre » n’est pas recherché par l’homme religieux fortuné qui déclare : « Je suis riche, et je me suis enrichi ». Les riches en Israël ont condamné et mis à mort le Juste ; les riches dans la chrétienté le mettent à la porte (comparer Ps. 40, 17 et Apoc. 3, 17).

2. Les pauvres du troupeau (v. 7-11)

(v. 7-8) Dieu n’est pas indifférent aux torts causés aux pauvres d’entre les siens, ni au fait que Christ est rejeté par le monde. Mais pour le moment Il n’intervient pas publiquement en faveur des siens. Lorsqu’Il interviendra, ce sera en jugement sur le monde. Actuellement, Il agit en grâce, ne voulant pas qu’aucun périsse. Pour cette intervention publique, il nous faut attendre la venue du Seigneur. L’apôtre fait allusion à ce moment quand il dit : « Usez donc de patience, frères, jusqu’à la venue du Seigneur ». En vue de tout ce que le peuple du Seigneur peut avoir à souffrir, ces deux choses sont placées devant lui : la patience présentement nécessaire et la venue toute proche du Seigneur. Lorsqu’Il viendra, chacun saura que Dieu n’a pas été indifférent aux souffrances et aux torts subis par les siens. Alors la tribulation tombera sur ceux qui l’ont fait subir au peuple de Dieu, et ceux qui ont subi la tribulation, seront introduits dans « le repos » (2 Thess. 1, 6-10). Dans l’intervalle, le peuple de Dieu est appelé à user de patience, comme le laboureur qui doit travailler avec « patience », attendant le fruit précieux de la terre. Lorsque le Seigneur viendra, les siens moissonneront en bénédictions célestes le fruit précieux de leur longue patience. C’est pourquoi en vue de ces fruits précieux que nous allons recevoir, et de la venue imminente du Seigneur, Jacques dit : « Affermissez vos cœurs ».

L’attente réelle du Seigneur — non pas simplement la doctrine de la seconde venue — gardera l’âme dans la séparation du monde avec son abondance, ses plaisirs et sa légèreté. Elle l’élèvera au-dessus de toute souffrance et de tout mépris, quelle que soit leur provenance. Elle le rendra capable de supporter patiemment tout conflit ; et de marcher dans une calme confiance, ne rendant pas d’outrage quand elle est outragée, ne menaçant pas lorsqu’elle doit souffrir à tort, comme Christ n’a pas résisté lorsqu’Il a été condamné par les chefs de ce monde (1 Pier. 2, 21-23).

(v. 9) Il s’ensuivra aussi que nous ne murmurerons « pas les uns contre les autres ». Sachant que le Seigneur, à Sa venue, redressera toutes choses, nous sommes exhortés à aller de l’avant dans la tranquillité d’esprit, contents de ce que nous avons présentement, ne nous plaignant pas de notre sort, et ne condamnant pas ceux qui semblent être dans des circonstances plus faciles que les nôtres, car « le juge se tient devant la porte ». Il ne nous appartient pas de juger ce qui est préférable pour nous dans nos circonstances présentes. Murmurer, c’est nous condamner nous-mêmes en mettant en question Ses voies envers nous. Nous devrons reconnaître que le Seigneur est le Juge et qu’Il sait ce qui est le meilleur pour chacun de nous.

Gardons-nous aussi de toute forme de rancune et d’irritation contre ceux qui ont peut-être dit du mal de nous. Ce n’est pas à nous de chercher à nous venger, nous avons plutôt à supporter avec patience, sachant que « le juge se tient devant la porte ». Trop souvent ce que nous faisons pour nous défendre nous-mêmes nous amène à agir par la chair et de ce fait à nous soustraire à la protection du Juge suprême pour nous placer sous la condamnation. Acceptons donc silencieusement l’injustice, sachant que le Juge se tient devant la porte. Il n’est pas indifférent aux torts faits aux siens. Il a une connaissance parfaite de tout ce qui se passe, et Il est juste et impartial dans Son jugement. On a dit très justement : « Il est de toute importance de tenir en échec les mouvements de la nature. Nous le ferions, si nous pouvions voir Dieu devant nous ; nous le ferions certainement en présence de quelqu’un à qui nous désirerions plaire. Or, Dieu est toujours présent ; aussi, manquer de ce calme et de cette modération est une preuve que nous avons oublié la présence de Dieu » (J.N.D.). Recherchons donc la grâce dont nous avons besoin pour nous souvenir que non seulement « la venue du Seigneur est proche », mais aussi que « le juge se tient devant la porte ».

(v. 10, 11) L’apôtre nous rappelle l’exemple de deux hommes qui, dans le passé, ont souffert et ont usé de patience. Parmi les prophètes, nous voyons des hommes qui ont souffert injustement et qui, au lieu d’outrager leurs persécuteurs, ont supporté leurs souffrances avec patience, heureux malgré le tort qui leur était fait. Ils sont des exemples pour nous, lorsque nous sommes appelés à souffrir injustement pour le nom de Jésus et le témoignage rendu à la vérité. Nous devons suivre les traces de Celui « qui n’a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n’a pas été trouvé de fraude ; qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2, 22, 23). « Le juge se tient devant la porte » ; laissons-Lui le jugement.

Nous avons en outre l’exemple magnifique de Job. Dans son cas, nous voyons non seulement la patience de quelqu’un qui souffre, mais aussi le but poursuivi par le Seigneur. Si nous endurons avec patience la souffrance et les injustices, nous découvrirons qu’à la fin, « le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux ». Le cas de Job est spécialement instructif. Il nous apprend que, quelles que soient les épreuves que nous pouvons être appelés à traverser, Dieu s’en sert pour notre instruction. Dans tout ce par quoi Job a passé, nous voyons la discipline de Dieu en vue de la bénédiction de Son serviteur. Job s’était mis à se complaire dans sa propre bonté et à se confier dans sa propre justice. Pour détruire cette autosatisfaction, il est permis à Satan dans sa malveillance, de cribler le patriarche, jusqu’à un point déterminé, par de terribles épreuves. Le résultat de tous les assauts que Job a subis de la part de Satan l’accusateur, de sa femme et de ses amis, fut que non seulement il triompha de toute la puissance de l’Ennemi, mais que, par ces épreuves, il découvrit et jugea la méchanceté secrète et insoupçonnée de son propre cœur. Se complaisant dans sa propre bonté, qui certes était réelle et reconnue de Dieu, il avait déclaré : « Quand l’œil me voyait, il me rendait témoignage » ; mais quand enfin il se trouve dans la présence de Dieu, il s’exclame : « Mon œil t’a vu : C’est pourquoi j’ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre » (Job 29, 11 ; 42, 5, 6).

Par la grâce de Dieu, Job endure triomphalement les épreuves et par cette même grâce, il est amené à se connaître lui-même dans la présence du Seigneur. Puis ayant découvert son propre cœur, il est en mesure de discerner le cœur du Seigneur, car il comprend que « le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux ». Après avoir sondé le cœur de Job et avoir repris ses contradicteurs, Dieu le bénit abondamment, car nous lisons : « L’Éternel rétablit l’ancien état de Job… et l’Éternel donna à Job le double de tout ce qu’il avait eu… Et l’Éternel bénit la fin de Job plus que son commencement » (Job 42, 10, 12).

(v. 12) L’apôtre nous a mis en garde contre l’impatience en présence de torts, qui nous inciterait à la vengeance en oubliant que « le juge se tient devant la porte ». En prenant ainsi nous-mêmes notre cause en main, nous sommes condamnés (v. 9). Il nous avertit maintenant qu’il y a une autre manière d’oublier Dieu et de tomber sous Son jugement. En murmurant contre les hommes, nous pouvons oublier la présence de Dieu ; mais aussi en nous défendant nous-mêmes nous risquons d’oublier ce qui est dû au Dieu souverain au point de L’invoquer légèrement en jurant, pour confirmer nos déclarations. N’est-ce pas le manque de respect le plus élémentaire que dans le feu de la discussion quelqu’un vienne se servir des noms divins pour gagner du crédit devant les hommes ? Aussi l’apôtre dit-il : « Avant toutes choses, mes frères… que votre oui soit oui, et votre non, non ».

(v. 13) L’apôtre aborde à présent notre grande ressource face aux injustices. Il suppose que nous sommes en présence d’une vaste profession religieuse et que les vrais enfants de Dieu auront à souffrir de sa part. Quelle que soit la source d’où viennent les torts, que ce soit du monde ou de nos frères, il nous a avertis de veiller à ne pas murmurer et à ne pas chercher à nous venger nous-mêmes de celui qui a mal agi (v. 9) ; et de ne pas nous protéger par des serments (v. 12). Que devons-nous donc faire ? Sa réponse est simple : « Quelqu’un parmi vous est-il maltraité, qu’il prie ». Notre tendance naturelle est de répondre aux outrages par des outrages, aux accusations par des contre-accusations, à la méchanceté par la méchanceté. C’est tout simplement répondre à la chair par la chair. Le chemin de Dieu pour nous est à la fois très différent et très simple. Face à n’importe quel tort qui nous est fait, nous avons une ressource donnée par Dieu. Au lieu de prendre notre cause en main, apportons-la à Dieu par la prière. Il n’est pas nécessaire de sous-estimer le mal ; nous pouvons le considérer dans toute sa méchanceté et sa laideur ; mais après cela, nous avons à nous approcher de Dieu et à le placer devant Lui par la prière. Le sentiment charnel de revanche sera ainsi étouffé, le cœur consolé et l’esprit apaisé. Quelqu’un a dit : « Dans tous les cas d’affliction, la prière est notre ressource ; nous reconnaissons notre dépendance du Seigneur et nous nous confions dans Sa bonté. Le cœur s’approche de Lui, il Lui parle de ses besoins et de sa peine, les plaçant devant le trône de la grâce et sur le cœur de Dieu ». En outre, ce ne sont pas seulement nos peines qui nous conduisent à Dieu, ce sont aussi nos joies. Aussi l’apôtre nous dit-il : « Quelqu’un est-il joyeux, qu’il chante des cantiques ». Nos peines comme nos joies doivent être l’occasion de nous tourner vers Dieu. Il y a une issue pour nos peines dans la prière, et une issue pour notre joie dans les cantiques.

(v. 14, 15) L’apôtre a parlé des torts que nous pouvons subir de la part d’autrui. Il mentionne maintenant une autre forme d’affliction — les voies du Seigneur. Indépendamment de ce que les autres peuvent faire par méchanceté pour nous causer du préjudice, le Seigneur peut s’occuper de nous en amour, pour notre bénédiction. Ainsi, la maladie peut nous frapper. Cette maladie est peut-être simplement inhérente à nos corps d’infirmité, mais elle peut aussi être le châtiment direct du Seigneur ; dans les deux cas, notre ressource est la prière. Nous ne devons pas considérer la maladie comme un événement fortuit, mais voir en elle la main du Seigneur ; et si nous nous tournons vers Lui avec la foi, nous verrons qu’Il est prêt à écouter la prière de la foi et à y répondre. Si des péchés ont été commis, ils seront pardonnés. Ici, le fait de prier et de rechercher les prières de ses frères exprime la soumission de l’âme à ce que Dieu a permis, au lieu de se laisser aller à des plaintes et à des murmures qui seraient l’expression d’un cœur en rébellion.

(v. 16-18) La prière à Dieu peut être accompagnée par la confession l’un à l’autre. Il n’y a pas la moindre idée de confession unilatérale à un prêtre ou à un ancien, mais « l’un à l’autre ». On a dit très justement : « Quel que puisse être l’état de ruine dans lequel l’Assemblée de Dieu se trouve, nous pouvons toujours confesser nos fautes l’un à l’autre, et prier l’un pour l’autre, en sorte que nous soyons guéris. Cela ne demande pas l’existence d’un ordre officiel, mais cela suppose l’humilité, la confiance fraternelle et l’amour. Nous ne pouvons en effet pas confesser nos fautes si nous n’avons pas confiance dans l’amour d’un frère. Nous pouvons choisir un frère sage et discret (plutôt que d’ouvrir notre cœur à des personnes indiscrètes), mais ce choix ne change rien quant à l’état d’âme du coupable. Ne cachant pas le mal, mais ouvrant son cœur, il libère sa conscience humiliée ; peut-être aussi son corps » (J.N.D.).

Pour nous encourager à la prière, l’apôtre dirige nos pensées vers Élie et nous montre que « la fervente supplication du juste peut beaucoup ». Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous. Il avait lui aussi ses périodes de faiblesse et de découragement, et cependant, en réponse à sa prière, il ne plut pas pendant trois ans et six mois. Dans son histoire en 1 Rois 17, 1, nous ne voyons que le déploiement extérieur de la puissance de Dieu à travers Son serviteur. Élie déclare en effet : « L’Éternel, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens, est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée ni pluie, sinon à ma parole ». Mais dans notre passage la source secrète de cette manifestation publique de puissance nous est révélée. Il pria et Dieu entendit sa prière et y répondit.

Ainsi, dans toute cette portion de l’épître, nous apprenons qu’en présence aussi bien de torts causés par les autres, que de la maladie ou de fautes que nous avons pu commettre, la prière est notre ressource, et la prière de la foi — la fervente supplication du juste — peut beaucoup.

(v. 19, 20) L’apôtre termine l’épître en détournant nos pensées de nos fautes et de nos maladies, pour les diriger vers les besoins et la bénédiction des autres. Si quelqu’un s’égare de la vérité, l’amour ne sera pas indifférent à l’égard de celui-ci et cherchera à le ramener, sachant que s’il l’est, il est sauvé de la mort et ses péchés sont couverts. Car, hélas ! la vanité offensée et la méchanceté découlant de la jalousie découvriront, pour servir leurs propres fins, les fautes de celui qui s’est égaré, même si celles-ci ont été confessées depuis longtemps et que le coupable a été restauré. L’amour couvre toujours ce qui a été jugé et ôté.