Livre:Jonas, fils d’Amitthaï (E.G.)/Le combat de la foi

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« Et il dit : J’ai invoqué l’Éternel dans ma détresse et il m’a exaucé ; j’ai crié du fond du sépulcre, ô Éternel ! et tu as entendu ma voix. Tu m’as précipité dans l’abîme, dans le cœur des mers ; les courants d’eau m’ont environné ; tous tes flots et toutes les vagues ont passé sur moi. Et j’avais dit en moi-même : Je suis rejeté de devant ta face, ô Éternel ! Néanmoins je contemplerai encore le palais de ta sainteté ».

Dieu nous dit dans Sa Parole que le péché est Son ennemi et que nous devons le fuir, mais cela nous touche peu. Il permet donc que le péché nous châtie ; alors nous comprenons qu’il est notre ennemi comme il est celui de Dieu : cela nous touche beaucoup plus et nous apprenons à le haïr. C’est l’expérience que fait maintenant Jonas. Toutefois, sans perdre courage, le prophète adresse à Dieu sa requête du fond de l’abîme. Mais quelle est la supplication qu’il Lui présente ? Il nous la donne ici lui-même telle que l’Esprit du Seigneur la lui rappela sans nul doute, et qu’il l’écrivit plus tard sous Sa dictée. Elle est en partie composée de versets de psaumes (Ps. 3 ; 22 ; 31 ; 42) que Dieu lui avait remis en mémoire, et elle roule en entier sur deux idées principales que le verset troisième (le premier de la prière) résume, et que les suivants développent : c’est d’abord la détresse de Jonas dans sa geôle, puis sa parfaite confiance au secours divin ; c’est donc tout le combat de la foi.

« Et il dit : J’ai invoqué l’Éternel dans ma détresse ». La vraie prière est un cri du cœur, un cri qui va frapper tout droit au trône et au cœur de Dieu. C’est le besoin, c’est la douleur qui le fait pousser. La détresse est donc une bonne chose. Tel qui, dans la prospérité et pendant qu’il disait : « Je ne serai point ébranlé », n’avait pas prononcé une seule prière véritable, crie maintenant à l’Éternel dans la tribulation. Précieux fruit de l’épreuve ! En la recevant, puissions-nous dire à Dieu : « Je te rends grâces, Seigneur ! ». Il veut absolument nous bénir, mais comme absolument nous ne voulons pas nous laisser bénir par Lui, que fait-Il ? Il envoie sur nos traces la douleur et le péril, pour nous ramener au pied de ce trône où Sa charité nous convie et où Sa fidélité nous attend. L’épreuve nous vaut mieux que la prospérité. Où sont les hommes qui pourraient dire de celle-ci : « Elle a humilié mon cœur, m’a sevré de l’amour du monde et rapproché de mon Dieu » ? Voilà pourtant ce que plusieurs peuvent dire de l’affliction. Elle fut bonne à Jonas. Si le vent, toujours favorable, eût doucement poussé vers Tarsis le navire qui le portait, que fût devenu le prophète et où serait-il à cette heure ?

Après cela, remarquons que, au lieu de se plaindre du châtiment qui pèse sur lui, Jonas, au contraire, l’accepte pleinement et ne le trouve point trop fort. Il sent tout ce qu’a de juste, tout ce qu’a de paternel et de salutaire la correction de Dieu. C’est précisément celle dont il avait besoin : cet esprit indépendant courait au gré de ses désirs ; il lui fallait de l’espace et de l’air ; le monde, en quelque sorte, ne lui suffisait pas ; eh bien, Dieu l’enferme dans un étroit cachot ! Dans l’épreuve, abaissons-nous comme lui sous la main qui ne blesse que pour guérir ; et, « muets sous la verge » (Lam. 3), reconnaissons la bonté de Dieu dans la mesure du châtiment qu’Il nous inflige, car Il la proportionne toujours à notre faiblesse ; reconnaissons-la de même dans le motif pour lequel Il nous le dispense, dans le but auquel Il le destine, comme aussi dans la preuve qu’Il nous y donne de notre adoption : car c’est un fils qu’on fouette pour le corriger, c’est un sarment fructueux qu’on émonde pour qu’il porte plus de fruit ; c’est de l’or qu’on met au creuset pour le purifier de tout alliage. Enfin, reconnaissons encore la bonté du Seigneur dans la nature de la punition qu’Il nous envoie. Il a, permettez l’image, Il a dans Sa pharmacie tous les médicaments nécessaires pour la pleine guérison de notre âme, et toujours Il nous présente celui dont nous avons besoin ; sans jamais se tromper, Il met la main sur le spécifique, et nous le donnant : « Prends ceci, mon enfant, nous dit-Il, tu en recevras du bien ».

Mais remarquons, d’autre part, que, tout en courbant le front sous le châtiment, Jonas supplie pourtant le Seigneur de l’éloigner de lui. Or, ce que Dieu ne désapprouva point chez le prophète, Il ne le blâmera sûrement pas en nous. Il nous permet, que dis-je ! Il nous prescrit de demander le soulagement et même l’entière délivrance. « Invoque-moi », dit-Il, « au jour de la détresse et je te délivrerai ». Néanmoins, tout en le priant d’éloigner de nous la punition, demandons-Lui plus ardemment encore d’éloigner la folie qui nous l’a justement attirée ; autrement il vaudrait beaucoup mieux pour nous que Ses verges paternelles nous poursuivissent jusqu’au bord de la tombe.

Jonas dit : « J’ai crié du fond du sépulcre » (shéol), c’est-à-dire, j’ai crié du ventre du poisson, du séjour de la mort. Le sombre cachot où il est enfermé est tout à la fois pour lui comme un sépulcre et comme un enfer. Cependant il sait qu’il ne restera pas dans ce sépulcre, il sait qu’il sortira de cet enfer. Pécheur inconverti ! tu ne l’ignores point, il est un autre enfer, un enfer éternel, geôle affreuse, demeure de la révolte et du désespoir, d’où n’échappera nul captif, et d’où nulle prière ne s’élèvera jusqu’à Dieu. Songes-y sérieusement, et, dans le petit enfer où tu te plains peut-être d’habiter à cette heure et d’où néanmoins tu peux encore faire monter à Dieu ta requête, ah ! nous t’en conjurons, demande-Lui de tout ton cœur qu’Il te convertisse, de peur qu’un jour tu ne sois jeté dans le véritable enfer !

En même temps que sa détresse, Jonas exprime sa ferme confiance au secours de Dieu. « L’Éternel m’a exaucé… Tu as entendu ma voix ». Il est encore dans le ventre du poisson, et dès le début de sa prière, il s’écrie : « L’Éternel m’a exaucé, il a ouï ma voix » ! Il a la foi qui, longtemps après, devait inspirer le centenier et la Cananéenne, cette foi à laquelle le Seigneur finit toujours par répondre : « Qu’il te soit fait selon que tu as cru ! ». Il se rappelle peut-être les magnifiques délivrances accordées à la prière. En tout cas, il connaît, par une expérience personnelle, la fidélité, l’amour et le pouvoir de l’« Éternel son Dieu », et cela lui suffit. Puis, le Seigneur n’a-t-Il pas dit : Amen ! au cri de sa détresse, et ce précieux amen, Jonas ne l’a-t-il pas ouï dans son cœur ? Que la même confiance nous anime dans l’épreuve, et que, sous la main qui nous frappe, chacun de nous s’écrie avec le psalmiste : « Quoi qu’il en soit mon âme se repose en Dieu ! ». C’est le langage de la foi. Appuyée sur « les grandes et précieuses promesses », elle « espère contre espérance » ; quand la nature pense que c’en est fait, elle dit, au contraire : « Tout est possible à Dieu ! » — quand la nature s’écrie : « Qui ôtera de devant moi cette montagne d’épreuves et de difficultés ? », elle crie plus fort qu’elle : « Qui es-tu toi, haute montagne, devant le serviteur de l’Éternel ?… une plaine ! ». La foi ne demande pas comment elle sortira du ventre du poisson ; elle ne s’arrête pas aux apparences, elle ne calcule pas les probabilités, elle ne compte pas les obstacles ; elle ne voit nulle part d’impossibilités. La foi ne considère que Dieu, que Sa promesse, Sa puissance, Sa fidélité. « Il est écrit ! » tel est son mot. Armée de cette unique parole, elle repousse victorieusement tous les assauts du malin, et soulève, comme par enchantement, l’âme éprouvée, au-dessus « du puits bruyant, pour affermir ses pieds sur le roc et mettre dans sa bouche l’hymne du salut » (Ps. 40). La foi surmonte le monde et Dieu Lui-même ; et, parce qu’elle honore le Seigneur, le Seigneur à Son tour l’honore en faisant pour elle tout ce qu’elle avait espéré. Enfin, tout en implorant la délivrance de Dieu, la foi Le bénit d’avance comme si déjà elle la tenait ; elle mêle ensemble la plainte et l’action de grâce, le cri de la détresse et le chant de la louange et de l’adoration.

Mais, bien plus encore que la foi du prophète, j’admire ici les inépuisables compassions de mon Dieu. Il avait souvent appelé Jonas ; mais, au lieu de l’écouter, le rebelle avait obstinément suivi le chemin de son propre cœur. À peine a-t-il reconnu son tort et soupiré : « Mon Dieu ! Mon Père ! » que déjà le Seigneur a répondu : « Mon enfant ! ». D’aussi loin qu’Il a vu revenir à Lui l’ingrat, le coupable, Il s’est levé, Il a couru à sa rencontre et l’a reçu dans Ses bras.

L’exemple de Jonas, comme celui de tant d’autres, nous apprend enfin que c’est bien souvent au moment même où tout nous semble perdu sans nul espoir, que le Seigneur accourt à notre aide, que Son bras nous délivre magnifiquement et que Sa miséricorde nous élève à tous les regards. Voyez Joseph tiré subitement de son cachot pour monter sur le trône de Pharaon ; voyez Job se « relevant » tout à coup de son « fumier » pour aller « s’asseoir avec les principaux » ! Le fils d’Amitthaï va de même sortir tout à l’heure de sa tombe pour accomplir une glorieuse mission dans la première cité de l’univers.

Telles sont les pensées qu’inspirent le premier verset de la prière ; il en résume le contenu : les suivants le développent.

« Tu m’as précipité dans l’abîme, dans le cœur des mers ; les courants d’eau m’ont environné ; tous tes flots et toutes tes vagues ont passé sur moi ».

Affreuse situation que celle du prophète hébreu ! Séparé de tout être humain, enseveli dans les entrailles du monstre qui l’entraîne au plus profond des mers, « tous les flots et toutes les vagues » du Tout-puissant roulent tumultueusement sur lui. Toutefois, jusque dans les dernières profondeurs de l’abîme, la miséricorde de Dieu le suit et le protège, et sa vie ne court pas plus de péril dans le gouffre où il se trouve plongé, que s’il était avec Jacob à Béthel, ou avec David dans le pavillon du Dieu fort.

Une chose nous frappe dans l’expression de la détresse du Gath-Héphérite, c’est qu’il ne s’en prend point aux hommes, et que, au lieu de se débattre avec eux dans ses pensées et de dire : « Ces durs nautoniers m’ont jeté dans les flots », il s’écrie : « C’est toi, Éternel ! qui m’as précipité dans l’abîme, dans le cœur des mers ». Le fidèle en chute accuse autrui ; aussitôt relevé, il n’accuse plus que soi. Il parle comme Jonas. Frappé des hommes, il voit la verge dans la main du Père. Heureuse disposition que celle-là ! Repos de l’esprit ! Soulagement du cœur ! Joseph est patient dans l’épreuve, parce qu’il la reçoit de Dieu. Job endure avec courage ses afflictions parce qu’il peut dire : «  C’est l’Éternel qui l’a fait ! ». Et que sont, après tout, les Sabéens, qu’est le vent, qu’est le feu (Job 1), que sont toutes les causes secondes, sinon des verges dont Il se sert pour corriger le juste pendant qu’elles humilient et brisent le méchant !

Nous remarquons aussi que, ni dans le verset que nous méditons, ni dans toute sa prière, Jonas ne se plaint d’avoir été puni trop sévèrement. Il sentait bien que Dieu eût justement pu le châtier plus sévèrement encore. Peut-être nous sommes-nous plus d’une fois écriés : Pauvre Jonas, avec quelle rigueur Dieu le traite ! Mais la suite se chargea de justifier le Seigneur et de montrer qu’Il avait exigé de Jonas « beaucoup moins que l’iniquité » de celui-ci n’avait mérité (Job 11). Tout en châtiant, Il se souvient d’avoir compassion. Il pèse à la balance de Sa miséricorde les épreuves qu’Il nous dispense ; et jamais Il n’en fait la dose plus forte d’un scrupule que Son but et notre bien ne le demandent, et que notre faiblesse ne le comporte. C’est « par mesure, non dans sa colère, qu’il nous châtie » (Jér. 10), et toujours nous avons sujet de dire : Je te bénis, Seigneur, de ne pas frapper plus fort !

Jonas dit à Dieu : « Tous tes flots et toutes tes vagues ont passé sur moi ». C’est, en effet, Dieu qui les forme et c’est Lui qui les gouverne ; Il soulève ou enchaîne à Son gré leur fureur et leur dit : « Vous viendrez jusqu’ici et vous n’irez pas plus loin ! ». Ce que trois siècles auparavant le fils d’Isaï avait exprimé en figure (Ps. 42), voici maintenant le fils d’Amitthaï qui se l’applique littéralement. De vrais flots roulent en ce moment sur sa tête ; pareils aux messagers de Job, l’un n’attend pas l’autre, et leur furie est à ses yeux une saisissante image de la colère du ciel qui vient d’éclater contre lui. Angoisses au-dedans, terreurs au-dehors, quelle position que la sienne ! Rien ne nous rend l’épreuve à la fois pénible et redoutable comme la pensée qu’elle est envers nous l’expression du juste courroux du Seigneur. Si telle est à présent ta situation, cher lecteur, si les flots de l’épreuve roulent sur toi sans interruption, tellement qu’une vague n’attende pas l’autre, humilie-toi sans retard sous la main de Dieu ; reconnais à Ses pieds la justice du châtiment qu’Il t’inflige et demande-Lui grâce au nom du sang de l’Agneau : alors la même miséricorde, qui rassura Jonas dans le ventre du poisson, viendra rendre le calme à ton cœur agité.

Mais admirez sa présence d’esprit dans le fond des mers, ou plutôt admirez la bonté de Dieu qui, dans cette affreuse situation, lui remet en mémoire des passages entiers de la Parole de vie, et lui donne de les approprier si merveilleusement à son état actuel ! Jonas comprend les pieux soupirs des psalmistes comme il ne l’avait jamais fait auparavant. Quel soulagement dans la tribulation de pouvoir répéter les prières des saints qui nous ont devancés dans la lice ! Heureux qui se familiarise avec les oracles de Dieu et prend à tâche d’en enrichir de bonne heure son esprit ! Heureux qui, comme Jonas, porte en son cœur cet inappréciable trésor ! Le moment vient peut-être où les pages qu’il en aura confiées à sa mémoire, seront l’unique mais puissant cordial qui le soutiendra dans l’épreuve ou dans le péril.

Jonas va rappeler la sombre conclusion à laquelle l’avait conduit le désespoir. « Et j’avais dit en moi-même », s’écrie-t-il en répétant une autre parole des psalmistes (Ps. 31, 22), et « j’avais dit en moi-même : Je suis rejeté de devant ta face ! ». Il avait donc craint que Dieu ne l’eût « abandonné pour toujours et ne lui eût en colère fermé la porte de ses compassions » (Ps. 77). Comme sa mémoire ne lui rappelait pas de révolte semblable à la sienne, elle ne lui retraçait pas non plus de châtiment pareil au sien. Ni Job sur son fumier, ni Joseph dans sa fosse, ni David dans sa caverne, ne lui semblaient avoir été délaissés comme le fils d’Amitthaï. Nul salut pour lui que dans un miracle ; mais ce miracle, Dieu le ferait-Il pour un méchant ? Non, Jonas sera un éternel monument de Son juste courroux : « Je suis rejeté de devant ta face ! ». Rien ne lui brise le cœur comme la crainte qu’il a d’être à jamais banni loin du regard de son Dieu. Pauvre Jonas, quelle leçon tu nous donnes ! Tantôt tu fuyais de devant l’Éternel, et maintenant tu te plains d’être éloigné de Lui et tu trembles d’en être rejeté pour toujours ! Voie fatale que celle de la chair ! Chemin de la douleur et du désespoir ! Heureux celui que le Seigneur arrête sur la route de l’apostasie et qu’Il force, par Ses châtiments, à rebrousser chemin vers Sion ! Malheur, au contraire, malheur à l’âme qu’Il laisse s’avancer librement dans la voie de la révolte ! L’éloignement de ce Dieu dont elle fuit actuellement la présence, sera pour elle, dans l’éternité, le plus affreux des châtiments, « le ver qui ne meurt point, le feu qui ne s’éteint point ».

Jonas avait craint un instant cet enfer-là. Mais l’Éternel, le Dieu clément, riche en miséricorde, a ouï le cri de sa détresse ; Il a abaissé sur lui un regard de pitié ; un rayon de Sa grâce est descendu jusque dans le sombre cachot de Son prisonnier et en a dissipé l’horreur. Jonas sait maintenant qu’il sortira de sa geôle, enfant réconcilié. Mais il faut qu’auparavant il accomplisse trois jours dans le ventre du poisson. Il le faut, d’abord pour le bien de Jonas, afin qu’il sache toujours mieux que « le salaire du péché, c’est la mort ». Il le faut aussi pour la gloire du Seigneur, afin que le monde entier apprenne qu’on ne L’offense point impunément. Il le faut enfin pour une autre raison non moins digne de la sagesse de Dieu ; car Jonas devait préfigurer Jésus dans Sa mort et dans Sa sépulture. Mais sitôt les trois jours accomplis, il sortira de sa tombe, et son premier soin sera d’aller à Jérusalem adorer l’Éternel dans son temple. « Néanmoins je contemplerai encore le palais de ta sainteté ».

C’est bien le temple que Jonas désigne ainsi ; c’est vers le temple que, du fond de l’abîme, se tournent maintenant ses regards. Quoique l’Éternel remplisse le monde entier, bien que le « ciel » soit Son « trône » et la « terre » Son « marchepied », et qu’Il ait dit : « Quelle maison me bâtiriez-vous ? » cependant, sous l’économie légale, Il voulut avoir une demeure dans Jérusalem. C’est dans cette habitation de Son choix que se trouvaient l’arche et le propitiatoire, et que resplendissait la gloire, symbole de Sa présence au milieu de la nation sainte. C’est là que s’accomplissaient les sacrifices qui lavaient Israël de ses impuretés cérémonielles et nationales, et qu’assistait pour lui devant Dieu le souverain sacrificateur revêtu de la couronne de sainteté. C’est aussi là que, selon Sa promesse, se rencontrait le Seigneur pour bénir les tribus de Jacob, qui venaient chaque jour Lui présenter en ce lieu leurs vœux et leurs oblations. Le temple était le palais du grand roi, le théâtre et le centre du culte qu’Il avait institué, le rendez-vous général de Son peuple ; il était de plus l’image du vrai sanctuaire, du ciel même, où comparaît pour nous, devant Dieu, le vrai souverain Sacrificateur, et où Jonas, sans nul doute, espérait aussi que la miséricorde divine l’introduirait un jour.

« Néanmoins je contemplerai encore le palais de ta sainteté ». Admirable parole ! L’eussions-nous dite à sa place ? Sur quel objet se fût porté le premier regard de notre espérance ? Sur le temple de l’Éternel, ou sur la lumière du jour, sur les riantes scènes de la nature, sur nos amis, nos parents, le foyer domestique ? Le cœur de Jonas battait sûrement à quelques-unes de ces pensées ; et pourtant ce n’est pas ce qu’il exprime dans sa prière ! Un plus noble espoir le préoccupe, celui de se retrouver bientôt dans la maison du Seigneur et de Le louer dans Ses parvis. Image douce à son cœur angoissé ! « Tes autels, ô Éternel, mon Roi et mon Dieu ! » tel est le cri de son âme. Homme de Dieu, voudrait-il vivre pour autre chose que pour louer son Libérateur et Lui rendre publiquement ses vœux ?

« Je contemplerai le palais de ta sainteté ». Nouveau triomphe de cette foi qui voit plus de puissance en Dieu pour délivrer, que dans les flots pour engloutir ; plus d’efficacité dans la grâce pour sauver, que dans le péché pour perdre, ou dans la douleur pour ruiner. À elle appartient la victoire, à elle le dernier mot, dans le terrible débat que retrace le prophète, comme à Dieu seul en revient toute la gloire ; car nous connaissons le fils d’Amitthaï, et ce qu’il sait personnellement dire et faire, livré à ses propres sentiments.

Pauvre âme, que poursuivent les châtiments du ciel, et qui peut-être te crois aussi rejetée de Dieu, médite cette page de Sa Parole et reprends courage. Espère, espère encore et toujours au Dieu de Jonas. « Ses compassions ne sont point taries et c’est une grande chose que sa fidélité ». La masse entière des forfaits du genre humain pesât-elle sur toi, ne crains point tant qu’il demeure écrit que « le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché ». Au « cramoisi » de ta souillure, le Seigneur est prêt à substituer l’éclatante « blancheur » de Sa justice (És. 1). Maintenant « garrottée d’affliction et de fer », tu portes la juste peine de ta folie ; mais arrose-toi par la foi du sang de Jésus, enveloppe-toi du manteau de Son innocence, et te reposant sur le grand Sacrificateur qui comparaît pour nous dans le vrai tabernacle, crie, crie à l’Éternel et Il t’entendra. « Il fait descendre au sépulcre, et il en fait remonter ». Va tout droit à Son cœur ; et si, dans Sa sagesse, Il ne juge pas à propos de se lever sur l’heure pour ouvrir la prison dans laquelle Il a dû t’enfermer ; si, pour ton bien, Il t’y retient peu de temps encore, la jouissance de Son pardon et le sentiment de Sa paix en banniront du moins les ténèbres, et après t’être écriée avec Jonas : « Je suis rejetée de devant ta face ! » tu pourras ajouter avec Lui, mais dans le sens le plus glorieux du mot : « Néanmoins je contemplerai le palais de ta sainteté ».