Traité:Le chrétien nazaréen

De mipe
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Sépare-toi du monde et attache-toi à Dieu, lecteur ! Tel est l’unique, le sûr moyen d’être béni, et telle est la grande vérité qui ne cesse de nous être enseignée depuis la vocation d’Abraham. Elle le fut dans l’appel du peuple d’Israël. Ce qui les distinguait c’est qu’ils étaient séparés de toutes les autres nations pour être la nation de Dieu. « Vous me serez saints ; car moi, le Seigneur, je suis saint, et vous ai retranché d’un autre peuple pour que vous soyez miens » (Lév. 20, 26). Leurs lois et leurs ordonnances avaient pour but de les maintenir dans cette séparation ; mais ils apprirent bientôt les manières de faire des nations parmi lesquelles ils habitaient, et voulurent être comme elles, et ainsi ils perdirent leur vrai caractère distinctif devant Dieu.

Il y avait plusieurs degrés de relation avec Dieu dans ce peuple qu’Il s’était ainsi clairement séparé. C’était un grand privilège d’appartenir à la nation de Dieu, mais ce n’était point là la séparation parfaite. Il y avait des sacrificateurs établis de Dieu qui étaient plus près de Lui que les Lévites, et eux, à leur tour, étaient plus près de Dieu que le peuple. Ainsi parmi les lois que Dieu donna à cette nation, il en était une pour le nazaréen, homme ou femme, qui se séparait plus particulièrement pour le Seigneur.

Dieu savait que le plus haut degré de joie était d’être trouvé en Lui-même. Le péché de l’homme avait été d’avoir « adoré et servi la créature plus que le Créateur qui est béni éternellement ». Et Dieu savait bien qu’à moins que ce principe ne fût mis en vigueur, l’homme ne pouvait être béni, et que même les Israélites ne pouvaient jouir des bénédictions qu’Il voulait leur donner, à moins qu’ils n’apprissent aussi à apprécier Dieu Lui-même au-dessus de Ses bénédictions. Telle était la leçon donnée au nazaréen sous la loi : — « Parle aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand un homme ou une femme se sépareront pour faire le vœu d’être nazaréen, en se séparant eux-mêmes pour le Seigneur, ils se retrancheront le vin et les liqueurs fortes, et ne boiront ni vin, ni vinaigre ; ils ne boiront aucune liqueur de raisins, et ne mangeront point de raisins frais ou secs. Tout le temps de leur séparation, ils ne mangeront rien de ce qui est produit de la vigne, depuis le pépin à la gousse. Tout le temps de leur séparation, aucun rasoir ne passera sur leur tête » (Nomb. 6, 2-5). Cette pratique n’était que temporaire et pouvait souvent être répétée durant la vie d’une personne. Elle n’avait rien à faire dans la purification du cœur et de la conscience, mais cependant, même dans cette pratique, Dieu montrait cette grande vérité que la personne qui Lui était mise à part, selon Son ordonnance, avait la force de Dieu. Ceci parut évident dans le cas de Samson. Aucun rasoir ne devait passer sur sa tête, parce qu’« il devait être un nazaréen à Dieu depuis le sein de sa mère » (Jug. 13, 5). Aussi longtemps que cette marque de séparation demeura, l’Esprit du Seigneur vint sur lui, et il fit vraiment des merveilles. Mais quand elle ne se trouva plus, il fut faible comme un autre homme. Ainsi donc, le grand principe que la séparation pour Dieu fait la force, fut clairement mis en évidence dans la vie de Samson.

Dans Jean-Baptiste, nous voyons un autre ordre de nazaréen. Sa naissance fut ainsi annoncée : « Il sera grand devant le Seigneur et ne boira ni vin ni liqueur forte ; et il sera rempli du Saint Esprit même depuis le sein de sa mère, et il ramènera au Seigneur leur Dieu plusieurs des enfants d’Israël ».

Ce n’était pas la portion du premier ordre de nazaréen d’être plein du Saint Esprit. L’Esprit du Seigneur venait sur Samson et le rendait capable de déployer une force prodigieuse ; mais Jean se retirait de son ordre de Jérusalem, et allait même au désert prêcher la repentance à tous ceux qui venaient à lui.

Son nazaréat était d’en haut, d’un ordre moral. Il avait à dire aux religieux pharisiens et à l’infidèle sadducéen : « Ô race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ! ». Jean était fondé pour être le juste censeur d’eux tous. La séparation des hommes pour Dieu agissait avec une merveilleuse efficace sur la conscience des hommes. Ils regardaient tous Jean comme un prophète. Hérode lui-même qu’il avait réprimandé pour adultère, Hérode craignait Jean, sachant qu’il était un homme juste et saint : il avait de la considération pour lui, et il faisait plusieurs choses d’après ses avis et l’entendait volontiers. Un pharisien qui aurait pu être exact à garder son vœu de ne toucher à rien de ce qui avait du vin ou des liqueurs fortes depuis le pépin de raisin à la gousse, aurait pu être compris dans cette allocution : « race de vipères ». En tant qu’un homme ordinaire, Jean était réellement un nazaréen de l’ordre le plus élevé. Tel fut le jugement que le Seigneur Jésus porte de lui : « Parmi ceux qui sont nés de femme, il n’y en a pas eu un plus grand que Jean-Baptiste ».

Mais il devait y avoir un ordre encore plus élevé de séparation pour Dieu que celui de Jean-Baptiste même. Il était de la terre ; mais un ordre céleste doit être introduit.

À cet ordre de séparés, Jean-Baptiste rend lui-même témoignage. — « Il doit croître, mais je dois diminuer. Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous ». Jean n’était pas d’en haut comme il le dit : « celui qui est de la terre est terrestre et parle comme venant de la terre ; Celui qui est du ciel est au-dessus de tous ». Il n’y avait rien de céleste dans la séparation de Jean, quoique son ministère fut ordonné du ciel. Il était de la terre, séparé des choses de la terre ; et ainsi séparé non seulement par les anciennes ordonnances, mais encore par le pouvoir immédiat du Saint Esprit qui le portait à protester avec force contre le mal moral. Il était séparé des choses de la terre pour Dieu. Mais Jean, en présentant le Seigneur Jésus, met entièrement de côté son propre ordre de nazaréen par la raison que « Celui qui vient des cieux est au-dessus de tous ».

Ainsi nous avons le nouvel ordre de nazaréen venant d’en haut, du ciel ; et parce qu’il est du ciel, il mène à la séparation des choses terrestres. Ici comme en toute autre chose, les pensées de Dieu sont plus hautes que nos pensées, et Ses voies plus élevées que nos voies. L’ancien ordre était séparation des choses de la terre pour Dieu ; le nouvel ordre est qu’étant séparés pour Dieu, en conséquence et dans la pratique nous devons l’être de toutes les choses qui nous environnent. Séparez-vous vous-mêmes, dit l’ancien ordre, séparez-vous du vin, des liqueurs fortes et d’autres choses, et vous serez saints. Vous êtes saints, dit le nouvel ordre ; marchez comme il convient à ceux qui sont tels.

Considérons maintenant le nazaréen du nouvel ordre. Comme il est différent de Jean-Baptiste ! Il ne lui est point prescrit de s’abstenir des choses extérieures comme dans le cas de Jean. « Le Saint Esprit viendra sur toi et le pouvoir du Très-haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi cet être saint qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu ». Voilà un être qui n’est pas né de femme de la même manière que Jean le fut, mais par le prodige le plus grand ; il est intrinsèquement saint, Sa nature humaine est conçue par le Saint Esprit. Aussi fut-ce par le pouvoir d’une sainteté intérieure qu’Il fut gardé de toute chose capable de souiller ici-bas, et par le même pouvoir Il fut capable de faire usage de toute créature à la gloire de Dieu. Son ordre de nazaréen devait être au monde, et pourtant n’être pas du monde et montrer que rien qui Le touchait ne pouvait souiller Sa séparation nazaréenne. De là nous trouvons marqué le contraste entre Jean et le Seigneur Jésus. Jean vint ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : Il a un diable ; le Fils de l’homme vint mangeant et buvant, et ils disent : Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs. Jean se gardait par l’abstinence ; le Seigneur Jésus, dans la liberté de la vie et dans la sainteté de Sa vie divine, faisait usage de ce dont Jean s’abstenait. Les hommes pouvaient apprécier à la mesure des austérités nazaréennes de Jean, quoique à leur jugement il eût pu les porter trop loin ; mais ils ne pouvaient pas apprécier la sainteté intrinsèque du Seigneur, ou la divine tendresse de Sa voie. Le Saint Esprit pouvait trouver Sa place de repos en Lui, comme sur le seul saint, et les démons même Lui rendaient témoignage comme au Saint de Dieu ; mais l’homme ne pouvait discerner nulle beauté en Lui, quoique Il pût les défier ainsi : « lequel d’entre vous me convaincra de péché ? ». Il était le seul en qui Dieu prît tout Son plaisir, et même Son sentier était parmi les lieux fréquentés par les hommes. Il ne s’interdisait pas des relations sociales avec eux, et Il mangeait et buvait ce qu’on mettait devant Lui. Et comme Il faisait, ainsi enseignait-Il : « Ce n’est pas ce qui entre dans le corps qui souille le corps, mais c’est ce qui en sort, car c’est du cœur que procèdent les mauvaises pensées, etc., toutes ces choses souillent l’homme ; mais de manger avec des mains non lavées, cela ne souille point l’homme ». Ainsi Celui qui était Lui-même un nazaréen à Dieu par l’intérieur, montrait que la sainteté à Dieu doit commencer par l’intérieur. « Mais plutôt faites aumône de tout ce que vous avez, et voici toutes choses vous seront saintes ». C’est ainsi que nous trouvons le Seigneur Jésus ne justifiant pas Son nazaréat par l’observation d’anciennes ordonnances d’abstinence, mais par la pureté de cœur, usant avec actions de grâces de ce qui était mis devant Lui.

En Lui, nous voyons l’énergie de la nouvelle vie agissant au milieu des vieilles choses. À l’œil de l’homme, Il ne paraissait pas si séparé que Jean-Baptiste ; mais à l’œil de Dieu, Il était saint, innocent, pur, et séparé des pécheurs. Tel était Jésus, le vrai nazaréen.

Mais il y eut une heure où même ce Nazaréen béni devint souillé. Il avait, quoique sans péché, à faire avec le péché des autres comme leur substitut devant Dieu. Alors devint-Il comme le nazaréen dont « le contact avec un mort souille le principe de sa consécration » (Nomb. 6, 9). Qu’elle fut solennelle, cette heure, lorsque Celui en qui seul Dieu avait déclaré qu’Il mettait tout Son bon plaisir fut contraint à s’écrier : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Quel doit être cet amour qui pourrait conduire ce Nazaréen pur et sans tache à prendre sur Lui-même notre lourd fardeau de crimes !

Mais demandons ce que c’était qui, imputé à Christ, souillait le principe de Sa consécration, le séparant de Dieu même, comme une chose souillée ? C’était le péché — ce mal qui est le principe gouvernant de la chair. C’était le jugement dû à la chair et à ses œuvres que Christ, l’homme sans péché, supportait alors. Dieu exprimait quel cas Il faisait de la chair quand Il fit tomber Sa colère sur notre substitut sans tache. Peut-il y avoir donc quelque chose qui puisse plus clairement que ceci montrer l’insuffisance d’un nazaréat existant seulement dans la répression de la chair ou la prétention à la perfectionner ? Nature humaine pécheresse tant rangée qu’on voudra, n’en est pas moins toujours nature humaine pécheresse ; c’est après tous nos efforts les plus heureux précisément ce que Dieu condamna, racine et branche, quand le Seigneur Jésus supporta Sa colère sur le Calvaire. Un extérieur décent dans la chair est une chose facile à atteindre. Prenez garde : l’orgueil, l’amour-propre, portent l’homme à le rechercher ; mais quel est le témoignage donné par la croix quant au cas que Dieu en fait ? Est-il possible de concevoir qu’on puisse prévenir et apaiser Dieu avec ce qui, imputé à Son Fils innocent, L’a fait rejeter de Sa présence comme une chose souillée ? Est-il possible que ce qui, imputé une seule fois au seul vrai nazaréen, L’a tellement souillé, soit le réel nazaréat (voyez Galates) ?

Si nous disons que la chair peut profiter, et que nous retournions au premier ordre de nazaréat, nous ignorons réellement la grande leçon morale de la croix. Celui qui est amené là par le Saint Esprit voit la chair jugée de Dieu, et il est forcé de dire : « Notre vieil homme a été crucifié avec lui ». Une telle personne apprend la vérité humiliante que la chair ne peut plaire à Dieu ; et toute tentative pour la relever altère la doctrine de la croix. Si l’homme peut être assez avancé moralement pour se préparer pour Dieu, alors Christ est mort en vain. Et sûrement, ceci est un des grands efforts de Satan même pour discréditer la grâce de Dieu et annuler l’œuvre de Christ, sous le masque de chercher l’avancement de l’homme et le bon ordre de la société. Et où est le scandale de la croix, si la chair profite de quelque chose ? Le scandale de la croix est précisément qu’elle publie que la chair n’est bonne à rien. Ce scandale de la croix n’offense-t-il pas l’orgueil et l’amour-propre inhérent à la chair, et ne fait-il pas de la prédication de la croix en tout temps un scandale et une folie pour l’homme ? Mais jetons encore nos regards sur le Seigneur Jésus, le vrai Nazaréen. Le troisième jour, Il ressuscita d’entre les morts selon l’Esprit de sainteté.

Ainsi Il apparut encore dans Sa pureté propre et intrinsèque, vrai nazaréen du premier jour de la semaine, jour de résurrection. Son contact avec la mort et la souillure était pour toujours loin de Lui, et Il se leva, Lui la tête et le modèle du nouvel ordre de nazaréen selon Dieu. C’est en cette qualité qu’Il monte au ciel, se consacrant à Dieu. C’est ainsi qu’Il se sacrifia, retournant à Dieu en vertu de la rédemption qu’Il avait Lui-même accomplie ; preuve non seulement de Sa propre, intrinsèque et parfaite pureté, mais encore de la perfection de cette œuvre par laquelle Il nous lava de nos péchés. Jésus ressuscité et élevé au-dessus des cieux est donc le témoin et le modèle de l’ordre des nazaréens selon Dieu. Et ainsi, l’union par la foi avec Jésus ressuscité comme en l’Agneau immolé est la seule séparation que Dieu veuille de l’homme. Les hommes élèvent leurs étendards et assemblent autour d’eux pour séparer d’autres hommes de la masse du genre humain, mais Dieu a placé Jésus à Sa droite et attire uniquement à Lui. Et toutes les instructions données aux disciples de Christ, soit sur la terre par Lui-même, ou par le Saint Esprit envoyé depuis Son ascension dans la gloire, s’accordent avec cela. Il n’imposa nullement à Ses disciples de s’abstenir des viandes. Leur nazaréat devait être d’un ordre bien supérieur à celui qui consistait en boissons et aliments, et c’est pourquoi en les envoyant dans le monde, Il dit : « mangeant et buvant ce qu’on vous offre ». La première leçon que le Seigneur Jésus donna à un Juif instruit était ceci : « À moins qu’un homme ne soit né de nouveau, ou d’en haut, du ciel, il ne peut voir le royaume de Dieu ». Toute pensée humaine de séparation reste bien au-dessous de celle-ci. L’homme ne songe qu’à bonifier la chair, mais Dieu dit : « Il nous faut naître de nouveau ». Juifs et Gentils pouvaient comprendre une séparation par règlements tels que ceux-ci : Ne touche pas, ne goûte pas, ne mange pas. C’étaient toutes règles et langage familiers à un Juif sous la loi ou à un Gentil dans une école de philosophie. De tels commandements sont la base des castes parmi les Indiens, et forment des sociétés parmi les Européens. Mais le christianisme est distinct de tout cela : il est d’en haut. Le christianisme est donc essentiellement différent de ce qui est simplement la morale, quelque rigide qu’on la conçoive. Et cependant, le christianisme est le conservateur de tout ce qui est aimable et de tout ce qui est de bonne renommée ; car Christ n’est pas venue abolir la loi, mais l’accomplir, montrant toute son étendue dans l’intention de Dieu, et son étroitesse dans les limites posées par les hommes.

Mais le christianisme diffère essentiellement de la moralité néanmoins, car la moralité ne va pas plus loin que certaines restrictions mises sur l’homme et certains devoirs qu’il doit accomplir, tandis que le christianisme est l’introduction d’un pouvoir entièrement nouveau, c’est-à-dire la vie du ciel. Le christianisme commence donc par la vie. Il traite l’homme non comme ayant besoin d’amendement, mais de régénération. Conséquemment, les préceptes du christianisme sont adressés seulement aux personnes réveillées, à celles qui sont ressuscitées, sanctifiées en Jésus Christ, qui ont reçu l’onction du Saint, qui sont en conséquence capables de juger non seulement des fautes d’un homme en tant qu’homme, mais encore de celles d’un homme uni au Fils de Dieu et marchant sur Ses traces. Ces choses une fois comprises, comme il est aisé de décider qui est le vrai nazaréen ! Loin de nous de croire que c’est un homme qui se sépare pour Dieu en s’abstenant de beaucoup de choses, dont les lois, la sagesse, lui permettent l’usage ! Mais reconnaissons que c’est celui que Dieu Lui-même s’est séparé par Son pouvoir souverain, en le ressuscitant quand il était mort dans ses fautes et dans ses péchés.

Tel est donc le vrai nazaréat, la vraie communion en Jésus à la droite de Dieu ! Rappelez-vous que c’est l’union et la communion avec Christ, pour tout le temps que nous sommes sur la terre, qui seule peut nous mettre dans le véritable nazaréat. C’est par la résurrection et son pouvoir sur nous entrons dans cet ordre. La croix nous enseigne le jugement de la chair. Dans la résurrection, nous trouvons une nouvelle vie. Le déploiement de cette vie sera à la fois la manifestation et l’exercice de notre nazaréat : déploiement qui porte les caractères du nouvel homme, renouvelé en connaissance d’après l’image de Celui qui l’a créé. Et ce nouvel homme est à coup sûr entièrement différent de toute forme admirée que la chair peut prendre.

Le contraste est si grand en effet que le plus haut degré d’amabilité du nouvel homme sera méprisable aux yeux de la chair ; et les choses que les hommes estiment le plus, celles qui sont le but de leur vie, comme la science, la sagesse, les richesses, les honneurs de ce monde, seront comme du fumier et de la balayure, pour le nouvel homme. Le vrai nazaréen n’a nulle confiance en la chair, et par cela il s’est séparé autant d’un raffinement purement intellectuel que des passions dégradantes. En un mot, il ne connaîtra aucune raison de se glorifier que Christ, et ne reconnaîtra d’autre pouvoir en fait de sagesse et de sainteté que l’Esprit de Dieu. Parmi ceux qui prétendent au nom de chrétiens, il en est qui ne se glorifient que dans ce qui est à leur honte : ils ne pensent qu’aux choses terrestres, et ils font leur dieu de leur ventre. Mais le sujet de gloire pour le riche qui se glorifie dans ses richesses, pour le sage qui se glorifie dans sa sagesse, ou pour l’homme fort qui se glorifie dans sa force, est aussi opposé au génie du nouvel ordre des nazaréens, que l’acte même de se glorifier dans des débauches ou des convoitises. Il a été arrêté dans le conseil de Dieu (et qui pourrait le changer ?), il a été arrêté, dis-je, dans le conseil de Dieu, que nulle chair ne se glorifiera en Sa présence, mais que celui qui se glorifie, se glorifie au Seigneur. Tout ce qui tend à élever l’homme à ses propres yeux, comme s’il était par là mieux fait pour Dieu, le place moralement encore plus loin de Dieu. Les pharisiens se confiaient en eux-mêmes, comme s’ils eussent été justes, et ils ne voulaient point entrer dans le royaume de Dieu, ni laisser les autres y entrer. Les publicains et les femmes de mauvaise vie les devançaient dans le royaume de Dieu. À coup sûr, ni les ravisseurs ni les femmes de mauvaise vie comme tels n’hériteront le royaume de Dieu ; mais parmi de tels gens, il y en a eu qui ont été lavés, sanctifiés et justifiés au nom du Seigneur Jésus et par l’Esprit de notre Dieu, et ils sont devenus les héritiers du royaume. Jamais l’immoralité n’a été un invincible obstacle pour entrer dans le royaume des cieux, et jamais il n’y a eu d’autre moralité que la grâce de Dieu pour nous rendre agréables à Dieu. C’est l’incrédulité qui exclut du ciel, et c’est la foi qui y introduit (Jean 3, 18). Il ne s’agit pas de discuter la convenance de certaines privations, de certains sacrifices moraux, ou de l’exercice de certaine abnégation de soi-même : ce sont là des devoirs obligatoires, mais ce n’est pas là le caractère du vrai nazaréen. Le vrai nazaréat est au-dessus de tout cela. L’exercice d’un pouvoir divin dans toutes les choses qui ont rapport à la vie et à la sainteté doit nécessairement avoir cours, indépendamment des efforts de la nature. Ce pouvoir la tient assujettie, bien loin de coopérer avec elle quand elle veut se rendre recommandable autrement. La sagesse de Dieu est compromise. L’homme dit que ses propres efforts et ses résolutions sont capables de produire une régénération morale : Dieu dit que ce qui est né de la chair est chair, et que nonobstant tout perfectionnement, elle ne peut être qu’une chose souillée.

« Ceux qui sont en la chair ne peuvent plaire à Dieu ». Mais Dieu éveille une âme ! Cette personne est alors née de Dieu ; elle tient de Lui sa nouvelle nature, et elle a ainsi le pouvoir d’exercer le vrai nazaréat. Cette nouvelle nature peut seule être fortifiée de tout ce qui s’accorde avec elle : du pain céleste. Si quelqu’un, après avoir commencé par l’Esprit, cherche à se perfectionner selon la chair, nous devons nous attendre qu’à la moindre chute, sa condition sera pire.

Que le Seigneur donne à Ses enfants, comme au véritable ordre de nazaréen, la grâce de marcher dès à présent d’une manière digne de leur haute vocation ; et dans peu de temps, ils apparaîtront dans ce caractère élevé de gloire qui leur est propre avec leur Seigneur ressuscité, non seulement comme séparés pour Dieu en Christ, mais en nouveauté de vie dans cette nouvelle création dans laquelle la souillure ne peut entrer.