Écho du Témoignage:Remarques sur l’Apocalypse/Partie 7

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Chapitre 12

Sous la septième trompette, les anciens anticipaient les résultats du fait de l’établissement du trône sur la terre. Mais maintenant, le temple apparaît de nouveau, de sorte qu’ici nous retournons en arrière, car ce qui nous est présenté, ce sont les desseins de Dieu en rapport avec le Seigneur Jésus dès le commencement — le fils mâle qui devait paître toutes les nations avec une verge de fer étant évidemment, je pense, Christ Lui-même. C’est Dieu qui revient à Son conseil en Christ, né l’héritier du monde — non pas en relation avec l’appel de l’Église, mais comme l’homme puissant destiné à gouverner toutes choses d’une main puissante. Il me semble que cette vérité explique un autre trait remarquable de la vision. Il n’y est pas fait allusion à la mort et à la résurrection de Christ, mais Sa naissance et Son enlèvement (pas Sa mort) sont mentionnés d’une façon sommaire. La femme nous est présentée en grand tourment pour enfanter ; puis le fils mâle naît ; et ensuite nous le voyons enlevé vers le trône de Dieu en haut. Bien entendu, ceci n’est pas donné comme histoire. Il y a longtemps que le Seigneur Jésus est né et qu’Il est mort ; et s’il se fût agi d’histoire, Sa mort — fait de la dernière importance — n’aurait pas été et n’aurait pu être passée sous silence. Ici, le Saint Esprit rattache la naissance de Christ et Son enlèvement vers le trône de Dieu dans le ciel, à Israël et aux desseins de Dieu concernant ce peuple. La naissance de Christ est d’une importance spéciale pour Israël. C’est pourquoi Sa généalogie est soigneusement donnée en Matthieu 1 ; et au chapitre 2, nous voyons que tout Jérusalem est troublé au sujet de Sa naissance. C’était là l’œuvre du dragon. Hérode était en quelque sorte l’expression de la puissance du dragon, qui aurait volontiers dévoré l’enfant aussitôt après Sa naissance, par le moyen de ce méchant roi comme instrument. L’enfant fut délivré ; mais, historiquement, au lieu d’être élevé sur le trône de Dieu, Il fut emmené en Égypte.

Notre chapitre ne saurait donc être regardé comme historique, dans sa première partie au moins ; et même lorsqu’il est fait allusion à des faits historiques, ils ne sont pas du tout arrangés historiquement, mais simplement liés avec les pensées de Dieu à l’égard d’Israël. L’Église, comme telle, est passée sous silence. Elle peut être mystiquement comprise dans la personne et la destinée du fils mâle, mais il n’y a point de manifestation graduelle des pensées de Dieu touchant Son dessein relatif à une épouse céleste pour Son Fils. Il n’est rien dit au sujet de l’épouse du fils mâle. Ce que nous trouvons ici, c’est la mère, mais non la femme de l’Agneau. Israël fut la mère de Christ, c’est de lui que, selon la chair, le Christ est né. C’est là le grand point sur lequel l’apôtre Paul insiste en Romains 9, parce que les Juifs pensaient qu’il n’appréciait pas à leur juste valeur les privilèges qui leur appartiennent, et qu’il y était contraire, vu la force avec laquelle il faisait ressortir la miséricorde de Dieu envers les Gentils. Mais il n’en était nullement ainsi. Il démontre que, de fait, c’étaient eux qui amoindrissaient leurs privilèges les plus élevés. À eux furent donnés l’adoption et la gloire et les alliances, et la loi et le service divin et les promesses. Ils avaient aussi les pères, et en dernier lieu leur fut donné un fils, l’enfant mâle, qu’ils ne connurent pas — le Christ — car c’est d’eux que descendit, selon la chair, Celui qui est Dieu sur toutes choses, béni éternellement. Loin de diminuer la juste gloire d’Israël, l’apôtre l’exalte plus que les Juifs eux-mêmes ne le faisaient. Et comme en Romains 9, il ne s’étend pas sur le sujet de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus, il en est de même ici. En conséquence, vous trouvez ces deux pensées liées l’une à l’autre en Apocalypse 12. Le fils mâle est enfanté, mais quitte la scène où le dragon lui faisait opposition, et prend sa place sur le trône de Dieu, ce que nul, sinon une personne divine, n’était en droit de faire. Le temps est proche où Il s’assiéra sur Son propre trône, mais cela aura lieu quand Il gouvernera la terre d’une manière directe et publique ; car Dieu ne se dessaisira jamais du droit et du titre que le Seigneur Jésus possède à la terre aussi bien qu’aux cieux. Outre Son droit essentiel comme Créateur, Il a acquis un nouveau droit comme Rédempteur. Mais, comme tel, Il veut faire beaucoup mieux que paître les nations avec une verge de fer, ou même bénir Son peuple terrestre : Il veut ouvrir Son propre cœur. Il lui faut, pour Son amour, un libre cours et un digne objet. Christ veut avoir, comme participants de Sa gloire en haut, ceux qui ne méritaient rien que le jugement. Il n’est pas fait allusion ici à ce qui est opéré par Christ et pour Christ pendant qu’Il est sur le trône de Dieu. Il est question d’Israël. Ces quelques pensées aideront peut-être à saisir la place et la portée propres de cette nouvelle vision.

Le temple de Dieu est donc ouvert dans le ciel[1], et l’arche du Seigneur y apparaît, gage de Sa fidélité envers Son peuple. Car, ainsi que nous l’avons remarqué dans le dernier chapitre, il y avait un certain résidu mesuré, lequel s’approchait de Dieu par le moyen du culte, et à ces témoins était confié un témoignage aux droits du Seigneur sur la terre, comme finalement le royaume était annoncé. Maintenant nous avons un autre ordre d’idées. En Apocalypse 4, il y avait le trône et un arc-en-ciel à l’entour. Ici nous avons le temple, et l’arche de l’alliance de Dieu y apparaît. Cela indique peut-être déjà la différence qui existe entre les deux sujets. Là, il s’agissait de l’autorité de Dieu sur la création. Des jugements providentiels étaient sur le point de tomber sur la terre, et l’arc-en-ciel était destiné à montrer, avant qu’un seul jugement fût senti, que Dieu n’oublierait pas d’user de miséricorde. L’arc-en-ciel autour du trône, au chapitre 4, et autour de la tête de l’ange puissant, au chapitre 10, était la garantie que Dieu travaillait non à la destruction, mais à la délivrance de la terre. Mais maintenant, nous touchons à un point plus élevé ; car, si béni que soit le trône, il ne nous fait pas entrer dans les profondeurs du caractère de Dieu autant que le temple uni à l’arche. Nos cœurs sont moins disposés à l’adoration devant des manifestations de la puissance divine que quand nous nous approchons du domicile et de la maison de Dieu Lui-même ; car, bien qu’il n’y ait rien qui doive nous rendre aussi véritablement honteux que la pauvre et inadéquate manière dont nous répondons à Sa sainteté, cependant c’est juste au fond de cette misère que Dieu nous a rencontrés dans Sa grâce.

Maintenant Dieu va nous montrer non seulement la création et le genre humain frappés, mais la connexion de Satan avec l’apostasie finale de ce siècle. Il avait été figurativement fait allusion à son influence au chapitre 9, 2, où il est dit que la fumée monte du puits de l’abîme ; puis au chapitre 11, 7, la bête monte de cet abîme ; mais ici (chap. 12), la source du mal est entièrement mise à découvert. Et n’est-il pas précieux de voir que dans le moment qui précède celui où Dieu met à jour le flot du mal tout entier, et nous en montre non seulement le développement et les instruments parmi les hommes, mais la grande source cachée et la personne de celui qui se place à la tête et qui n’a pas encore, jusqu’à présent, complètement produit cette épouvantable conspiration contre Dieu — n’est-il pas, dis-je, précieux de voir, avant tout cela, le temple de Dieu ouvert dans le ciel et l’arche de l’alliance de Dieu apparaissant dans Son temple ? Car, en de telles circonstances, le cœur n’a pas besoin de la manifestation de la puissance de Dieu seulement, mais il a besoin de savoir que la sainteté de Dieu est garantie et que, en vertu de ce fait, Son peuple est maintenu. Aussi voyons-nous que quand le temple est ouvert en haut, ce n’est pas un arc-en-ciel qui apparaît, mais c’est la relation de Dieu avec Son peuple, qui est présentée dans la figure de l’arche ; car, l’arche fut toujours la chose la plus rapprochée de Dieu, et, par conséquent, la chose à laquelle la foi s’attache le plus. Israël se montrait mort à tout sentiment juste et pieux, quand il voulut exposer l’arche dans l’espoir d’être délivré des Philistins. La douleur qui fit mourir Éli, et les vivants transports de David, sont des choses qui attestent également ce qu’était l’arche aux yeux de ceux qui étaient droits de cœur. Ici, il s’agit de l’arche de l’alliance de Dieu dans le ciel, et non seulement de l’arche d’Israël, qui pouvait être emmenée. Le roi particulièrement doué de sagesse, n’apprécia pas lui-même à sa valeur l’arche d’autrefois ; et ceci nous montre la supériorité de David, car la foi est toujours, si je puis parler ainsi, plus sage que la sagesse. Lors même que nous serions doués de l’intelligence humaine la plus étendue, et de la sagesse naturelle la plus élevée que Dieu puisse conférer, nous n’atteindrions pourtant pas à la hauteur de la simple foi. Salomon paraît devant le grand autel. C’était une chose magnifique. Il était, lui, un roi auguste, et il apportait des offrandes convenables. Mais David montre sa foi en ceci, à savoir qu’il n’appréciait pas seulement l’autel, mais l’arche par dessus tout. L’arche était une chose cachée ; le souverain sacrificateur lui-même ne pouvait la voir qu’enveloppée d’un nuage d’encens. Il fallait marcher par la foi et non par la vue pour apprécier l’arche de Dieu. C’est pourquoi David ne peut se donner du repos tant que l’arche de Dieu n’a pas une place stable en Israël ; et il n’éprouva jamais de plus grande joie que quand l’arche de Dieu fut ramenée à Jérusalem. Il est vrai que l’arche attirait le jugement sur tous ceux qui la méprisaient ; et le cœur de David lui-même eut peur pendant quelque temps, et l’arche resta dans la maison d’Obed-Édom, Guitthien. Mais David regagna la source de sa confiance en Dieu, qui marqua si généralement sa carrière, car nous le voyons un peu plus tard, quand l’arche est de nouveau ramenée avec bonheur, se réjouissant plus qu’en toutes ses victoires réunies.

Ici, il ne s’agit pas du tout de l’arche de l’alliance de l’homme, mais bien de l’alliance de Dieu ; le temple de Dieu dans le ciel est ouvert, mais cependant pas encore sur la terre (c’est-à-dire qu’il n’est question jusqu’ici que du dessein de Dieu à son égard) ; et, en rapport avec ce dessein, l’arche de l’alliance de Dieu apparaît, gage certain de miséricorde et signe de Sa fidélité envers Son peuple. Mais cependant les circonstances étaient telles, qu’elles nécessitaient le jugement ; et, en conséquence, « il y eut des éclairs et des voix, et des tonnerres, et un tremblement de terre et une grosse grêle »[2], choses qui toutes étaient des témoignages de jugement de la part de Dieu. Le jour de paix et de gloire n’est pas encore venu. Ainsi donc, vous avez ces deux choses réunies : premièrement, le gage de l’intérêt que Dieu prend en Son peuple et de Son triomphe pour Son peuple, et ensuite, les signes de Son jugement sur le mal qui doit être jeté de côté avant qu’arrive le temps de la pleine bénédiction.

« Et un grand signe parut dans le ciel, une femme revêtue du soleil, et ayant la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles » (v. 1). Je crois probable qu’il est ici fait allusion au songe bien connu, dans lequel Joseph vit le soleil, la lune, les étoiles, et interprété par lui-même comme s’appliquant à ses parents et à ses frères. Ici, les symboles ont un caractère plus général, et se rapportent naturellement : le soleil, à la gloire suprême ; la lune, à la gloire qui dérive de celle-là ; et les étoiles, à une autorité inférieure et subordonnée. Tout cela est en connexion avec Israël ; car, Dieu veut que, pour ce qui regarde ce monde, toute puissance et toute gloire aient leur centre en Israël. Quant à l’Église, elle aura tout dans la perfection avec Christ et en Christ ; mais pour ce qui concerne la terre, Israël en formera le centre. La femme est le symbole du dessein de Dieu comme se rattachant à Israël.

Au verset suivant, nous avons une autre chose : c’est l’homme par le moyen de la femme ; et, en conséquence, nous lisons « qu’étant enceinte, elle crie étant en travail d’enfant et en grand tourment pour enfanter », et un peu plus loin nous lisons (v. 5), « qu’elle enfanta un fils mâle, qui doit paître toutes les nations, etc. ». Ainsi nous voyons que ce n’est pas pour ce qu’elle est en elle-même, quoique revêtue de tous ces symboles de puissance glorieuse, que la femme a une telle importance, mais parce que c’est d’elle que naît le fils mâle. Et nous verrons que cette pensée n’est nullement étrangère à l’Écriture. Prenez, par exemple, les Psaumes, où la même chose est présentée par allusion et d’une manière mystique. Ainsi, au psaume 87 où l’Éternel est célébré, il est dit : « Sa fondation est dans les saintes montagnes ». Il appelle le monde à comparer ce qu’il a de mieux avec ce que Lui peut produire. « L’Éternel aime les portes de Sion, etc. ». Il a choisi Sion parmi toutes les villes d’Israël, parce que le choix souverain de Dieu doit être mis en évidence, même parmi Son peuple. « Je ferai mention de Rahab et de Babylone entre ceux qui me connaissent ». Rahab était le nom figuratif qui désignait l’Égypte, et l’Égypte et Babylone étaient les plus fameuses nations de terre au temps du psalmiste. La Palestine, Tyr et Cush étaient, sans doute, des pays bien inférieurs, mais pourtant bien célèbres par leur trafic, leur commerce, l’habileté de leurs habitants. D’eux, il était dit : « Celui-ci est né là ». Et de Sion, il sera dit : « Celui-ci et celui-là y est né ; et le Souverain lui-même l’établira. Quand l’Éternel enregistrera, etc. ». Je crois que ce passage renferme une obscure allusion à la naissance de Christ, en laquelle, pour ainsi dire, Dieu et Son peuple se glorifient — quelque personnage célèbre qui ait pu exister ailleurs — de ce que Celui-ci est né là. L’allusion est, je pense, principalement, sinon exclusivement, au Seigneur Jésus. Que les autres se vantent de leurs grands hommes, mais « l’Éternel comptera, quand il enregistrera les peuples, que celui-ci est né là ». Lorsqu’Il enregistre le peuple, à quoi pense-t-Il ? Oh ! c’est à Christ, à Celui qui est né d’une femme, né d’Israël, et maintenant enlevé au ciel. Quand le regard cherche Christ, on trouve que tous les passages de l’Écriture portent sur Lui, plus ou moins, mais d’une manière bien nette ; car Celui qui a écrit la Parole avait toujours Christ en vue. Ce n’est pas la mort de Christ que nous avons dans ce psaume, parce que ce sujet aurait particulièrement amené le péché des Juifs devant eux ; mais c’est Sa naissance qui était ou aurait dû être un sujet de joie sans mélange. C’est pourquoi, lorsque Jésus naquit, les armées célestes éclatèrent en louanges : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et sur la terre paix ; et bon plaisir dans les hommes ». Il n’y avait nul trouble parmi ces multitudes célestes, quels que fussent les sentiments d’Hérode et de tout Jérusalem. Leur grande joie était causée par la connaissance de ce que serait Christ pour Dieu et pour les hommes — et spécialement pour la cité de David. En d’autres mots, c’étaient précisément les sentiments justes de ces multitudes célestes, toutes désoccupées d’elles-mêmes, qui leur permettaient de discerner les conseils de Dieu relativement à Son peuple.

Il y a un ou deux autres passages dont je voudrais faire brièvement mention ici, parce qu’ils peuvent nous aider à saisir la signification figurée de cette femme et de son enfant, non seulement en ce qui touche le fait de la naissance, mais en ce qui touche sa relation avec la prophétie. En Michée 5, il est un passage qui reçoit et communique à la fois de la clarté en étant comparé avec Apocalypse 12. « Maintenant assemble-toi par troupes, fille de troupes ; on a mis le siège contre nous, on frappera le juge d’Israël avec une verge sur la joue ». Or, il y a évidemment ici ce que nous n’avons pas en Apocalypse : le rejet de Christ et l’opprobre dont Il est couvert par Son propre peuple. Puis, le Saint Esprit interrompt le cours du chapitre par une parenthèse, car tel est bien le verset 2 en entier. « Mais toi, Bethléhem Éphrata, petite pour être entre les milliers de Juda, de toi me sortira quelqu’un pour être dominateur en Israël ; et ses issues sont d’ancienneté, dès les jours éternels ». C’est le Christ, selon la chair, qui est Dieu sur toutes choses béni éternellement. Là, vous avez les deux aspects de la gloire de Christ : Sa gloire comme homme, comme le Messie, et aussi Sa gloire comme Celui dont les issues sont d’ancienneté, dès les jours éternels. Ensuite, ayant montré qui était celui dont il était question (l’homme qui devait être frappé, mais qui était une personne divine, ce qui aurait rendu impardonnable l’acte de l’avoir frappé, n’eût été l’intervention de la miséricorde infinie), le Saint Esprit reprend : « Ils frapperont le juge d’Israël avec une verge sur la joue … C’est pourquoi il les livrera jusqu’au temps que celle qui est en travail d’enfant aura enfanté ; et le reste de ses frères retournera avec les enfants d’Israël ». Il est dit, remarquez-le, qu’ils sont livrés par Dieu « jusqu’au temps que celle qui est en travail d’enfant, etc. ». Cela montre que nous ne devons pas prendre la naissance du fils mâle pour une allusion purement littérale à la naissance de Christ dans le monde, mais plutôt comme se rattachant à l’accomplissement des conseils de Dieu relativement à Israël. Christ est né (Mich. 5, 2) ; ensuite vient Sa réjection, et, comme s’il était la mesure de la durée de Sa réjection sur la terre et de Son exaltation dans le ciel, l’appel de l’Église. Mais ici la prophétie passe par-dessus tout ce qui se rapporte à l’Église, et traite d’une manière figurée de la naissance de Christ, la rattachant à la manifestation du conseil divin, qui lui-même est symbolisé par une naissance. Le Juge d’Israël est frappé avec une verge sur la joue, et, comme conséquence, Israël est abandonné jusqu’au temps qui, pour nous servir du langage de Jérémie, « sera un temps de détresse à Jacob, mais il en sera pourtant délivré ». Dans le passage de Michée, il s’agit, dans un sens figuré, du travail de Sion jusqu’à l’enfantement du grand dessein de Dieu concernant Israël. « Et le reste de ses frères retournera avec les enfants d’Israël ». Durant le temps que l’Église est appelée, le résidu des Juifs (« ceux qui sont sauvés ») est choisi en dehors d’Israël, cesse d’avoir des espérances juives et est absorbé dans l’Église. Mais quand le conseil de Dieu, relativement à la terre, commencera à recevoir exécution au dernier jour, le résidu de ce jour-là fera partie d’Israël et reprendra l’ancienne position juive. Les branches naturelles seront entées sur leur propre olivier.

Un autre passage traite de l’enfantement de Sion ; mais c’est dans un sens bien différent. Au dernier chapitre d’Ésaïe, il est parlé d’une naissance ; mais elle est dite avoir lieu en un jour. « Un son éclatant vient de la ville ; un son vient du temple, le son de l’Éternel rendant la pareille à ses ennemis. Elle a enfanté avant que de sentir le travail d’enfant ; elle a été délivrée d’un enfant mâle avant que les tranchées lui vinssent. Qui entendit jamais une telle chose, et qui en a jamais vu de semblables ? Ferait-on qu’un pays fût enfanté en un jour ? Ou une nation naîtrait-elle tout d’un coup, que Sion ait enfanté ses fils aussitôt qu’elle a été en travail d’enfant ? Moi qui fais enfanter les autres, ne ferais-je point enfanter Sion ? a dit l’Éternel ; moi qui donne la postérité aux autres, fermerais-je sa matrice ? a dit ton Dieu. Réjouissez-vous avec Jérusalem et vous égayez en elle, vous tous qui l’aimez, etc. ». Ici, évidemment, il ne s’agit pas du temps dont il est parlé en Apocalypse 12 ; de sorte qu’il y a évidemment trois grandes phases critiques se rattachant à l’histoire d’Israël. Premièrement, il y a la naissance du Messie ; deuxièmement, le passage de Michée ou le progrès des conseils de Dieu, à l’égard d’Israël, vers leur maturité, et l’effet qu’ils ont, passage qui se lie avec Apocalypse 12, où Dieu déploie Son dessein envers Israël, avant que l’Antichrist se révèle pleinement ; et troisièmement, il y a ce passage d’Ésaïe 66, qui est une espèce de contraste par rapport aux autres, les circonstances mentionnées étant positivement l’inverse de celles qui accompagnent l’enfantement naturel, et l’inverse de la figure employée dans notre chapitre. Les trois passages peuvent être ainsi rapprochés : — premièrement, Michée 5 nous montre la naissance de Christ et Israël abandonné jusqu’à ce que soit manifesté le résultat des desseins de Dieu à l’égard de ce peuple ; en second lieu, Apocalypse 12 touche au temps d’épreuve[3] qui doit juste précéder la dernière tribulation, où Satan, précipité des lieux de sa vieille demeure, essaiera de nouveaux plans dans le but de faire échouer l’intention que Dieu a de bénir et de magnifier Israël ; et, en dernier lieu, Ésaïe 66 est le temps où toute épreuve est passée, où Sion a enfanté avant d’être en travail — le temps où Israël sera pleinement et subitement béni par l’apparition du Seigneur. Toute la souffrance antérieure a passé en raison de la joie qui remplit la cité de Sion, ou n’est rappelée que pour la rehausser.

Mais, pour revenir à notre chapitre, nous voyons qu’outre la femme et le fils mâle, il y a un autre signe ; un grand adversaire de Dieu apparaît — ce n’est pas la Bête, mais un pouvoir beaucoup plus sérieux, « un grand dragon roux ». Il y a, en outre, cette remarquable circonstance, que la description même qui est appliquée à la bête, l’est au dragon. D’où vient cela ? Que Satan soit le grand dragon roux, il ne saurait y avoir de doute là-dessus. Ce chapitre même nous le déclare au verset 9 ; et pourtant il est décrit sous les mêmes traits qui caractérisent l’empire romain (chap. 13, 1), « ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses sept têtes, sept diadèmes ». La raison en est, je crois, que Satan est vu en rapport avec le pouvoir terrestre. Tout comme la femme a été vue investie des symboles d’une puissance émanant d’en haut, puissance que Dieu lui avait donnée, de même Satan est revêtu de la plénitude de l’autorité terrestre. Il a sept têtes — symbole du pouvoir délibératif, celui qui guide et gouverne — et dix cornes représentant des rois et des dignités royales. Il est le prince du monde et s’environne de toute la puissance qui se rattache à la terre. L’empire romain est le type par excellence de la puissance de Satan. Mais quand vous considérez cet empire au chapitre 13, il y a cette différence : les diadèmes sont non pas sur les têtes du dragon, mais sur les cornes de la bête, ce qui veut dire que dans l’empire romain, vous avez l’exercice du pouvoir représenté comme chose de fait ; mais pour ce qui regarde Satan, il s’agit seulement d’une affaire de principe, ou de la source même de la chose : Satan, quoique invisible, est la grande force motrice. C’est de principe et de caractère qu’il est question, et non pas d’histoire.

Premièrement donc, nous avons eu la pensée de Dieu à l’égard d’Israël et de Christ. Et il est clair qu’il s’agit de la destinée du fils mâle, et non encore de l’exercice de Sa domination sur toutes les nations ; car s’il s’agissait de ce dernier point, la femme n’aurait pas à s’enfuir au désert, et il ne serait pas permis à Satan de lui faire la guerre, à elle et au résidu de sa semence. Faire de ceci une application historique, c’est fausser l’enseignement de Dieu, qui fait voir ici Son dessein et rien de plus pour le moment. Ensuite apparaît le dragon, celui que Dieu considère comme le gouverneur de ce monde, le prince de la puissance de l’air, revêtu de symboles de puissance terrestre semblables à ceux que nous voyons un peu plus tard dans l’empire romain, avec la différence que, dans ce dernier, les diadèmes sont sur les cornes de la bête ou sur ceux qui ont de fait le pouvoir en main (Apoc. 13). « Et sa queue entraîne la troisième partie des étoiles du ciel » (v. 4). Ceci semblerait être sa puissance de méchanceté en fait de doctrine et de prophétie de mensonge. En Ésaïe 9, il nous est dit : « Le prophète enseignant mensonge, c’est la queue ». La queue du dragon ne représente pas son pouvoir terrestre, mais son influence pour égarer les âmes au moyen de la fausse doctrine, et ceux en particulier qui gouvernent et occupent une position d’autorité — « les étoiles du ciel ». « Et le dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin que lorsqu’elle aurait enfanté, il dévorât son enfant ». Comme toutes les parties de l’Écriture sont en merveilleuse harmonie ! Car si vous commencez par la toute première partie de l’Écriture qui parle du serpent, vous y voyez face à face la femme et cet adversaire rusé ; et ce qui est davantage encore, Dieu paraît sur la scène où Satan avait en apparence remporté un grand triomphe, et c’est alors qu’Il fait cette révélation bénie que « la semence de la femme écrasera la tête du serpent ». Ici, à la fin des Écritures, les mêmes parties réapparaissent, mais avec des différences marquées. Dans le jardin d’Éden, ce fut la victoire du serpent, mais ici, c’est le triomphe certain de Dieu ; là, ce fut la tromperie du diable, mais ici c’est la puissance de Dieu, longtemps déployée en patience, mais toute glorieuse à la fin. Dieu permet que le dragon se tienne devant la femme, prêt à dévorer son enfant aussitôt qu’il naît. Le dragon montre sa haine et sa méchanceté au dernier degré, et au chapitre qui suit, il laisse voir ses plans. En même temps, Dieu change la souffrance même en bénédiction d’autant plus positive pour ceux qui sont fidèles. La certitude même qu’Il peut écraser le dragon, Lui donne de la patience pour attendre, et Il désire que Son peuple soit comme Lui-même.

Je voudrais remarquer qu’il ne nous faut pas envisager le chapitre comme s’il était tout consécutif. Le verset 7 commence une nouvelle division. Et la preuve que tout ne suit pas dans un ordre immédiat, la voici : le moment où Satan est précipité du ciel sur la terre, précède celui où la femme s’enfuit au désert, et est, de fait, la cause de cette fuite (voyez le v. 13), tout en n’étant constaté qu’après. Le fait est que les six premiers versets nous fournissent le tableau complet. Dans le conseil divin, nous voyons la femme revêtue des corps célestes, représentant la puissance que Dieu seul peut conférer. Mais il y a un autre côté du tableau. Lorsque le fils mâle est enfanté, on voit la mère dans un état de faiblesse, obligée pour sauver sa vie, de s’enfuir au désert, où elle avait un lieu préparé par Dieu. Dieu se préoccupe avec tant de sollicitude du temps qu’elle y passe, qu’Il ne l’appelle pas « un temps, des temps et une moitié de temps » ; mais Il compte pour ainsi dire l’un après l’autre les jours qu’elle passe là : « afin qu’on la nourrisse là, mille deux cent soixante jours ».

Puis vient une nouvelle scène au verset 7. Il n’est plus question de ce qui se passe sur la terre, mais de ce qui a lieu dans le ciel, et, pour beaucoup, d’une chose nouvelle et alarmante. Un combat est signalé en haut. Comment cela ? Un combat dans le ciel ! C’est chose aisée d’imaginer l’ennemi des âmes sur la terre, et un combat contre lui ici-bas. Mais le combat commence ailleurs. « Et il y eut un combat dans le ciel : Michel et ses anges combattaient contre le dragon, et le dragon combattait, et ses anges ; et ils ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel ». Si la Bible est implicitement crue, elle donne distinctement à entendre que Satan a le pouvoir de s’approcher et d’accuser les saints devant Dieu. On peut être confondu de cela, et dire que ce n’est pas possible ; mais il vaut mieux se laisser guider par la Parole de Dieu que par les idées des hommes. Le livre de Job nous démontre le fait ; 1 Rois 22 aussi, et peut-être Zacharie 3. Vous pouvez dire que dans ces passages il s’agit de vision ; mais je prendrai l’épître aux Éphésiens, et là Paul me dit que notre lutte n’est pas semblable à celle d’Israël, qui combattait contre les Cananéens, « car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre les puissances spirituelles de méchanceté, qui sont dans les lieux célestes ». Il en est qui se servent de ce verset pour justifier les chrétiens qui résistent aux pouvoirs de ce monde, en contradiction évidente avec Romains 13 et d’autres passages. Mais les principautés et puissances dans les lieux célestes ne représentent pas du tout des hommes. Ce sont des esprits de méchanceté, en contraste avec les hommes. La lutte d’Israël avait lieu contre des hommes vivants, sur la terre ; tandis que celle des chrétiens a lieu contre les esprits de méchanceté, dans les lieux célestes. Sans doute, Satan ne peut pas s’approcher de la présence immédiate de Dieu, dans la lumière où Dieu habite, de laquelle nul homme ne peut s’approcher ; mais il peut s’approcher assez pour accuser le peuple de Dieu devant Dieu Lui-même. Ici, le terme : « les lieux célestes » signifie les cieux en général, et non pas seulement ce qui est appelé le troisième ciel ou ciel supérieur. Satan a accès aussi loin que s’étendent les cieux inférieurs ; on ne saurait mettre en doute qu’il soit le prince de la puissance de l’air.

Les Israélites avaient à combattre dans le but d’acquérir la possession de leur héritage. La terre leur fut donnée titulairement, et avant que Moïse fût retiré de cette vie, le Seigneur Lui-même le fit monter au sommet de la colline, et lui fit voir tout le pays, depuis Galaad jusqu’à Dan, nommant les districts par les noms des douze tribus d’Israël, comme si elles eussent déjà été là. Pour jouir de ses possessions, Israël avait à combattre, et il en est de même de nous maintenant. Il n’est pas possible de goûter la céleste portion de l’Église sans combattre contre l’ennemi, et voilà la raison pourquoi il en est un si grand nombre qui ne la goûtent pas. Si le chrétien n’entre pas, dès ici-bas, dans la plénitude de sa part céleste, c’est parce qu’il est occupé soit de lui-même, soit du monde, ou bien de quelque autre idole de l’ennemi, et alors n’en peut pas jouir. Le grand but de Satan, c’est de nous empêcher de goûter nos bénédictions célestes en Christ, et de jouir et de vivre d’elles. Dans la proportion où le monde et la chair sont tolérés, et où la porte est ainsi ouverte à Satan pour aveugler nos yeux, nous ne pouvons pas voir le bon pays. Il faut qu’il y ait victoire sur Satan avant que nous y puissions entrer. L’adversaire ne puise pas seulement sa puissance dans les convictions des hommes, ici-bas, mais spécialement dans la position qu’il occupe dans les lieux célestes — le pouvoir d’empêcher les chrétiens d’apprécier la portion qu’ils y possèdent. Mais il vient une fin à cet état de choses ; toutefois, ce n’est pas sans lutte qu’elle arrive. Dieu mettra un terme à tous les moyens d’accès de Satan au ciel. Il est un texte qu’on a trouvé obscur et que je ne puis que rattacher à ce sujet. En Hébreux 9, où il est parlé des diverses applications de la mort de Christ, il est fait allusion aux lieux célestes de la manière suivante : « Il était donc nécessaire que les images des choses qui sont aux cieux fussent purifiées par de telles choses ; mais que les choses célestes elles-mêmes, le soient par de meilleurs sacrifices que ceux-là ». Une des raisons de ce fait, je pense, est qu’il a été si longtemps permis à Satan d’y avoir accès comme accusateur. Si ce n’eût été la mort de Christ, Dieu aurait depuis longtemps manifesté Son propre jugement sur la souillure produite là par Satan. Mais comme Il supporte la rébellion de ce monde, Il en fait de même à l’égard d’une autre rébellion, l’audace de Satan, qui ose s’introduire même jusque dans Sa propre présence, pour apporter devant Lui des accusations contre Son peuple. Mais n’oublions pas que s’il en est un qui aime à accuser, il y en a un autre qui intercède, un Avocat qui ne sommeille ni ne dort jamais. Le diable peut se déclarer contre les saints, mais Christ se déclare pour eux, Lui qui est toujours vivant pour intercéder. Le temps approche où Dieu ne permettra pas à Satan de souiller davantage l’air du ciel. Il sera forcément précipité de là, et il ne lui restera plus que le pouvoir d’agir sur l’espèce humaine par des moyens terrestres. « Malheur à la terre et à la mer, car le diable est descendu vers vous » etc. (v. 12) — ce qui implique toutes les nations, tant celles qui sont dans une condition de stabilité, que celles qui sont dans un état d’instabilité. Satan est dorénavant complètement empêché d’usurper sa place la plus élevée, comme prince de la puissance de l’air. Les cieux sont à jamais débarrassés de lui et de ses anges, de façon à ce qu’ils ne rentrent jamais dans leur place en haut. Il pourra de nouveau sortir sur la terre pour un peu de temps après qu’il aura été lié ; mais il ne réapparaîtra jamais plus dans le ciel comme l’accusateur des frères devant Dieu. La différence essentielle dans les voies de Dieu à l’égard de Son peuple est bien marquée ici. Pendant toute la durée du temps actuel, il y a l’accusateur dans le ciel, mais à l’époque prédite, il est précipité, et il n’est plus trouvé là de lieu pour lui. Or, vous remarquerez que ceci implique naturellement, sinon nécessairement, l’enlèvement de l’Église au ciel avant que le changement ait lieu ; et en voici la raison : c’est que, si nous supposons l’Église encore sur la terre lorsque le diable et ses anges sont précipités du ciel, il ne serait plus vrai de nous alors que notre lutte est avec les esprits de méchanceté dans les lieux célestes. Telle ne sera pas la condition des saints, soit pendant le millénium, soit dans la grande tribulation qui doit le précéder.

Trois ans et demi s’écoulent après que Satan est précipité sur la terre, durant lesquels la femme et sa semence, c’est-à-dire Israël, sont les objets de sa persécution. « Et le grand dragon fut précipité, le serpent ancien, appelé diable et Satan, qui séduit le monde habitable tout entier ; il fut (dis-je) précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui. Et j’ouïs une grande voix dans le ciel, disant : Maintenant est venu le salut, la puissance, le royaume de notre Dieu et le pouvoir de son Christ, car l’accusateur de nos frères, qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit, a été précipité. Et ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de leur témoignage, et ils n’ont point aimé leur vie, même jusqu’à la mort » (v. 9-11). « Le sang de l’Agneau », voilà ce qui leur conservait une bonne conscience, et leur donnait confiance devant Dieu. Leur conscience était purifiée par le sang de Christ, et ils avaient de plus, leur témoignage pour Dieu. Il leur donna le sang de l’Agneau aussi bien que la parole de leur témoignage, et ils vainquirent par le moyen de l’un et de l’autre. L’un les fortifiait devant Dieu, et l’autre devant les hommes. « C’est pourquoi, réjouissez-vous, cieux, et vous qui y habitez ». Là, vous le voyez, sont les habitants du ciel, et ils ont à se réjouir, parce que Satan est précipité du ciel. L’Église y est au temps dont parle le passage ; les saints sont déjà emmenés de dessus la terre. « Or, quand le dragon vit qu’il avait été précipité sur la terre, il persécuta la femme qui avait enfanté le mâle. Et deux ailes d’un grand aigle furent données à la femme, afin qu’elle s’envolât dans le désert, en son lieu, où elle est nourrie un temps, des temps, et la moitié d’un temps, loin de la face du serpent » (v. 13-14).

Or, il est clair que ceci nous ramène au verset 6. La liaison importante qui nous est donnée dans les versets 7-13, était nécessaire, et après cela nous avons l’ordre consécutif. Nous sommes ramenés au fait de la persécution de la femme et de son enfant par le dragon, et à sa fuite dans le désert ; puis l’Esprit de Dieu retourne en arrière pour nous montrer les raisons les plus graves et la source la plus haute de tous ces faits. Satan sera obligé de quitter sa place dans le ciel, et maintenant en fureur « sachant qu’il a peu de temps », il descend sur la terre pour exercer toute sa fureur. Il hait la femme, sachant bien que la semence de celle-ci l’écrasera ; de sorte que, son inimitié longtemps caressée se concentre sur la femme et sur la semence. Voilà ce qui conduit la femme à s’envoler dans le désert : l’inimitié de Satan, non seulement à cause qu’elle a enfanté un enfant destiné à paître les nations avec une verge de fer, mais parce que Satan est précipité sur la terre. Satan fut autrefois innocent, mais il abandonna sa position de créature, s’admirant lui-même, et s’élevant contre Dieu. Maintenant, lorsque Satan est précipité du ciel, il manifeste tous ses sentiments de méchanceté contre Dieu, en persécutant la femme et sa semence.

« Et deux ailes d’un grand aigle furent données à la femme, etc. ». Remarquez ici la différence (analogue à Apocalypse 11) : « où elle est nourrie un temps, des temps et la moitié d’un temps ». Dans un verset précédent, le temps est, pour ainsi dire, aussi allongé que possible, parce que, c’est du moins ainsi que je le conçois, les soins de Dieu envers elle sont le grand point mis en relief. Il y avait un lieu préparé pour elle de la part de Dieu, et quand il est question de Ses soins et de ce qu’Il a préparé, Il allonge le temps le plus possible ; mais quand il est question de la puissance du diable, Il le raccourcit. C’est, je crois, la même période, mais présentée d’une manière différente.

Le serpent, ainsi appelé à cause de sa subtile inimitié, adopte maintenant un expédient nouveau. Il « jeta de sa bouche de l’eau, comme un fleuve, après la femme, afin de la faire emporter par le fleuve. Et la terre aida la femme, etc. » (v. 15-16). Ceci représente quelques moyens providentiels employés par Dieu pour délivrer et Son peuple terrestre et Son dessein, des instruments de l’ennemi mis alors dans un état de grande commotion. Ces derniers sont représentés par les eaux qui sortent comme un fleuve de la bouche du dragon (des peuples qui sont sous l’influence immédiate du diable), tandis que la terre qui aide la femme, représente ces parties du monde qui sont dans une condition plus stable, et employées par la providence de Dieu pour résister aux efforts que Satan fera pour vaincre les Juifs. Dans le cours de ce livre, l’expression « la terre » peut impliquer un caractère moralement mauvais ; mais Dieu peut produire une diversion quand Il le trouve convenable, et ainsi réduire à néant ce qui a été calculé pour vaincre Son peuple. « Et le dragon fut irrité contre la femme, et s’en alla faire la guerre contre le résidu de la semence de la femme, qui garde les commandements de Dieu, et qui a le témoignage de Jésus » (v. 17). Ce pourrait être pour quelques-uns une chose difficile à s’expliquer, qu’un résidu juif eût le témoignage de Jésus. Mais si vous m’avez suivi dans les chapitres précédents, la difficulté ne sera pas inextricable ; parce que dans le livre de l’Apocalypse, « le témoignage de Jésus » est toujours Jésus se présentant de nouveau comme l’héritier du monde, et non dans Ses relations de pleine, parfaite grâce, et de grâce céleste, comme nous en jouissons maintenant. Le résidu juif ne jouira pas d’une communion avec le Seigneur Jésus Christ semblable à celle que l’Église possède à présent ; mais ils se tiendront debout par la foi, et ils auront le témoignage que Jésus rend dans l’Apocalypse. Au chapitre 1, nous lisons : « Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt » etc. C’est, comme nous l’avons vu souvent, une certaine révélation que Dieu donne à Jésus, en rapport avec des événements, qui devaient arriver bientôt. Cette révélation est appelée, dans le verset suivant, « la parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ ». De même, en Apocalypse 19, 10 : « Le témoignage de Jésus est l’esprit de prophétie » — ce qui montre clairement qu’il s’agit de la connaissance de Jésus au point de vue de la prophétie. C’est ainsi que le témoignage rendu dans ce livre, quoique également divin, diffère de la manière bénie en laquelle Dieu a maintenant manifesté Christ à l’Église, qui est Son corps. Le résidu aura une connaissance semblable à celle que possédaient les saints des temps de l’Ancien Testament — probablement plus grande en somme, mais analogue en nature, me semble-t-il. Ils attendront l’apparition de Jésus. Ils diront avec des cœurs repentants : « Béni soit celui qui vient au nom de Jéhovah ». Ils crieront : « Jusques à quand, ô Maître souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas et ne venges-tu pas notre sang ? ». Je ne nie pas qu’ils ne puissent avoir le Nouveau Testament devant leurs yeux : mais il n’y aura pas de puissance pour appliquer les faits du Nouveau Testament à leurs propres âmes, pour autant, du moins, qu’il s’agit de la paix et de la communion qui sont actuellement notre partage. Quelle preuve que ce n’est pas seulement la Parole qu’il faut, mais le Saint Esprit, pour en donner l’intelligence pour le repos et la joie des âmes ! Même comme chrétiens, nous manquons, quelques-uns de nous, de lumières quant à certaines vérités, jusqu’à ce que dans la grâce de Dieu, il Lui plaise d’ôter le voile de devant notre œil. Et Dieu fait ordinairement cela par des moyens particuliers, car il n’est pas dans Sa manière de donner aux gens la capacité de prendre la Bible, et de la comprendre, indépendamment des moyens auxquels Il a pourvu pour le perfectionnement des saints. Dieu enseigne Ses enfants ; mais c’est en général par le moyen de ceux qu’Il a donnés pour le bien de l’Église, et quoiqu’Il ne s’assujettisse jamais à cet ordre, Il ne met pas de côté le sage et miséricordieux arrangement qu’Il perpétuera aussi longtemps que durera l’Église. Il y a des jointures et des liens pour fournir la nourriture au corps, et c’est ainsi que, bien uni ensemble, tout le corps croit d’un accroissement de Dieu. Dieu ne donne ni ne sanctionne jamais quelque chose, qui nous mettrait en état de nous passer les uns des autres.

Supposons une personne jetée dans une île déserte ; elle sera bénie de Dieu en lisant solitairement la Parole avec prière ; mais là où il y a d’autres moyens et d’autres occasions, comme de nous réunir pour l’édification, pour la lecture des Écritures, pour la prédication en public, l’exhortation, etc., négliger ou mépriser ces moyens, ces occasions, ce serait agir d’après la volonté de l’homme, et non suivre la direction de l’Esprit de Dieu.

Ces saints, comme ceux de jadis, craindront Jéhovah, et écouteront la voix de Son serviteur, mais aussi ils marcheront dans les ténèbres, et n’auront pas de clarté jusqu’à ce que le Seigneur revienne en gloire. Notre position à nous est identique à celle de Christ Lui-même, ressuscité et glorifié. Comparez Ésaïe 50, 8, 9, avec Romains 8, 33, 34, pour le dernier cas ; et Ésaïe 50, 10, 11, pour le premier. Les chrétiens peuvent ne pas toujours agir selon la lumière ; mais ils marchent dans la lumière, comme Lui est dans la lumière. « Celui qui me suit », dit notre Seigneur, « ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Le résidu de ce jour-là aura confiance dans le nom de Jéhovah, et s’appuiera sur son Dieu ; mais ce sera d’une autre manière. Thomas, en Jean 20, comparé aux autres disciples, peut être un type de cette position.

Je ne m’arrêterai pas à discuter l’application que font de ce chapitre les partisans de l’interprétation historique. Ils voient, dans le symbole de la femme revêtue du soleil, etc., l’Église chrétienne élevée au ciel politique avec l’éclat que projettent sur elle Constantin Licinius, et la constellation des principaux évêques ! Dans le grand dragon rouge, le vieux paganisme romain concentré pour un temps dans l’énergie de réaction païenne déployée par Maximin ; et, dans le fils mâle, Constantin encore réapparaissant comme empereur baptisé( ?) fils de la fidèle Église de Christ ! etc. Je ne nie pas, sans doute, qu’il n’y ait ici comme en d’autres endroits une vague analogie avec le renversement de par l’empereur de la puissance que l’ennemi tirait de l’idolâtrie ; mais ce sur quoi j’insiste, c’est qu’un accomplissement passé est loin de répondre à tous les traits de la scène.

Quelque ressemblance partielle qu’il puisse y avoir entre des événements déjà accomplis, et ce que nous présente notre chapitre, son accomplissement dans la crise se comprend suffisamment. La septième trompette nous a conduits d’une manière générale jusqu’à « la fin ». À partir d’Apocalypse 11, 19, nous entrons dans un sujet entièrement nouveau, dont ce verset est une sorte de préface. L’arche de l’alliance du Seigneur est vue dans Son temple en haut : ce n’est pas encore l’introduction effective de la maison d’Israël et de la maison de Juda sous l’efficace de la nouvelle alliance, mais c’en est un gage. La source de toutes choses, soit du côté de Dieu, soit du côté de l’ennemi, est mise à découvert. C’est pourquoi, comme cette vision nous ramène incontestablement en arrière, je pense qu’il n’y a rien d’inconvenant à présumer que la naissance et l’enlèvement au ciel du Messie d’Israël peuvent bien être signalés comme l’objet spécial de la haine de Satan, et l’occasion de sa haine toujours croissante et toujours plus intense contre les Juifs et contre les conseils de Dieu à leur égard. Je puis comprendre aussi que l’enlèvement du fils mâle implique celui de l’Église — comme une étoile double, dont le double caractère apparaît à un examen complet. C’est bien certainement de cette manière que nous voyons l’Église comprise, pour ainsi dire, en Christ. Le premier grand acte du royaume de notre Seigneur consistera, je pense, à précipiter Satan des lieux célestes avec les esprits de méchanceté (cf. Éph. 6, 12 et Apoc. 12, 7-12). Sur la terre, la question d’Israël, peuple choisi de Dieu, est tout à coup soulevée ; et soit comme dragon, soit comme serpent, Satan met en œuvre toutes ses ressources contre le dessein de Dieu, relativement à ce peuple, dessein qui attend encore son exécution, et contre le résidu fidèle qui a (prophétiquement je crois) le témoignage de Jésus, comme l’homme élevé à la droite de Dieu, comme le Fils de l’homme qu’Il s’est fortifié. Nous trouvons dans le chapitre qui suit, le développement de ses plans.



  1. La véritable leçon est probablement ο ἄρρητα ρηματαἐν τῷ οὐρανῳ (c’est-à-dire : qui est dans le ciel). C’est ainsi du moins que rendent bon nombre de manuscrits.
  2. Il est étonnant que le vrai rapport de ce verset ait échappé à l’attention d’un si grand nombre de chrétiens intelligents ; cela tient, je suppose, au simple fait qu’on l’a malheureusement attaché à la fin du chapitre 11, au lieu qu’il devrait ouvrir la nouvelle vision qui commence le chapitre 12.
  3. Quelques-uns n’admettent pas qu’il soit fait ici allusion à la naissance de Christ, parce que cette hypothèse ne s’accorde pas avec la portée exclusivement future de l’Apocalypse, et penchent vers l’idée que l’enfantement de la femme signifie, symboliquement, la formation de Christ dans les cœurs d’Israël ou d’une certaine partie au moins, avant la crise finale. Comparez Galates 4, 19.