Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes/Partie 6

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Psaume 36

Le psaume 36 se rapportant à une très grande épreuve, est, pour cette raison même, rempli de consolation. L’épreuve consiste en ce que les voies des méchants montrent au serviteur de Dieu qu’il n’y a en eux ni conscience pour les retenir, ni crainte de Dieu pour réprimer leur malice, ni aucune chose sur laquelle on puisse compter. Content de soi-même et se plaisant à l’iniquité, le méchant cherche à exercer sa haine. Combien souvent, hélas ! le saint peut voir cela, lorsqu’il se trouve en conflit avec la puissance de l’ennemi. Il est dur de croire à cette absence totale de conscience, à cette malice préméditée ; et cependant elles existent, notre cœur le sait bien, et la Parole les désigne comme traits caractéristiques du méchant. Mais la consolation n’en est que plus grande et plus bénie, parce que l’âme s’abandonne alors entièrement à un Dieu fidèle et plein de miséricorde, qui est au-dessus de tous les plans des hommes ; ainsi nous pouvons être parfaitement tranquilles. « Éternel, ton amour est dans les cieux ». Que peut alors le méchant ? Ses desseins ne sauraient atteindre aussi haut, ni déjouer les plans et le gouvernement célestes ; comment les empêcherait-il de se réaliser en faveur de l’âme qu’il persécute ? La miséricorde est hors de l’atteinte des ennemis ; mais il existe encore en Dieu une autre qualité, Il est fidèle. La miséricorde est la source de Ses actions, elle les dispose. Mais je puis aussi compter sur Sa fidélité ; elle s’élève bien haut au-dessus de toutes les machinations des iniques. Le principe immuable du gouvernement de Dieu en miséricorde et en fidélité, la justice de Ses actes, est aussi ferme et inébranlable que les montagnes ; Ses jugements et Ses actes sont aussi profonds que l’immense abîme. Impossible à nous d’en sonder d’avance le comment et le pourquoi. L’Éternel opère au-dessus de la puissance du mal ; mais aussi hors de l’atteinte de notre compréhension mesquine, de sorte qu’Il peut faire réussir, par la malice des hommes, Ses desseins de bénédiction. « Il conserve les hommes et les bêtes ». Du moment que nous introduisons dans nos circonstances le Seigneur connu de cette manière, la malice des hommes, toute libre qu’elle soit du frein de la conscience de Dieu dans leurs cœurs, fait que nous plaçons notre confiance en Dieu, et non pas dans l’homme ; c’est là son unique effet. L’épreuve est réelle, mais la paix est parfaite. L’on se détache de l’homme étranger à Dieu, pour s’attacher à Dieu même, en se confiant à Dieu de tout son cœur. L’effet moral est immense (v. 7-8) : « Qu’il est précieux ton amour, ô Dieu ». On ne trouve plus seulement une défense contre la malice, mais on jouit de la bonté même de Celui qui en délivre. Les fils des hommes se réfugient à l’ombre des ailes de l’Éternel, parce que Son amour est précieux. Telle est la condition juste et convenable de la créature ; mais elle suppose qu’il y ait du mal à souffrir et le besoin de recourir à cette bonté de Dieu.

Mais il y a plus encore. Cette bonté qui l’a protégé et abrité, devient la portion du saint. Voilà l’effet béni de s’être remis à Dieu et complètement détaché de l’homme. Amenés à l’ombre des ailes de l’Éternel, « ils se restaurent abondamment de la graisse de ta maison, et tu les abreuves du fleuve de tes délices ». Il y a des joies et des plaisirs qui appartiennent à la maison de Dieu, à Dieu Lui-même. C’est là ce qui caractérise la joie des saints, et ne peut être notre partage que si nous sommes rendus participants de la nature divine, car celle-ci trouve nécessairement sa joie là où Dieu a la sienne. Telle est la bénédiction spéciale des saints ; Dieu nous l’accorde abondamment. Il nous donne Sa présence, Il nous donne Christ. Quelle riche bénédiction, de recevoir une nature capable de jouir des joies divines, ayant sous tous les rapports des choses divines pour objet, car nous devons en jouir sous tous les rapports. Regardant en haut, notre vocation est d’être saints et sans blâme devant Lui en amour, de jouir de Dieu et d’être Ses délices, selon la nature divine qui nous est communiquée et quant à notre relation avec Lui, d’être Ses enfants adoptés. Le lieu de notre héritage, c’est la maison de Dieu, notre demeure, et comme héritiers de Dieu, cohéritiers avec Christ, tout ce qui Lui est assujetti. Ceci forme la partie inférieure de notre joie ; mais comme nous l’avons en tant que rachetés et rendus parfaitement heureux en Christ, cette joie n’en est pas moins divine. Nous l’avons aussi en communion les uns avec les autres. Le chrétien jouit de tout cela de la manière la plus élevée, parce que Christ est devenu sa vie, dans la relation la plus élevée et la plus intime avec le Père. Ainsi donc, par la puissance du Saint Esprit, nous avons communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. Notre joie est complète. Tout cela, quoique j’en aie parlé par rapport aux chrétiens, est établi en principe, dans ce psaume ; or, en principe, cela est vrai de tous les saints ; mais non pas au même degré, « Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous ». Notre psaume continue : « C’est chez toi qu’est la source de la vie, c’est en ta lumière que nous verrons la lumière ». Jusqu’ici, il a plutôt mentionné ce que Dieu est pour nous, considéré comme notre protection, notre asile, notre ressource, en un mot. Mais nous ayant amenés à la graisse de la maison de l’Éternel et aux fleuves de Ses délices, ce psaume indique ce que Dieu est, sous le rapport de la bénédiction, considéré intrinsèquement, c’est-à-dire en Lui-même ; toutefois plutôt ce qu’Il est pour nous que en nous, ceci est, par le Saint Esprit, le privilège des chrétiens.

Ce qui est en nous est vu ici en Dieu, comme sa source. Le psaume dit : « C’est chez toi » ; tandis que le Seigneur dit, en parlant du chrétien : « Ce sera en lui ». Cependant Dieu est bien tel qu’Il est révélé et connu dans ce psaume. C’est chez Lui qu’est la source de la vie. La grande portée de cette parole n’a jamais été pleinement révélée avant la venue de Christ. En Lui était la vie. Il y avait un arbre de vie duquel l’homme n’a jamais mangé, et qui était un moyen de vivre. Au temps des patriarches, la chose principale n’est pas la vie ; mais ce que l’Éternel est pour ceux qu’Il aime et qu’Il bénit. La loi, en promettant la vie, la mettait en rapport avec les œuvres des hommes et l’arbre de la science du bien et du mal, qui devait être en même temps l’arbre de vie. La vie est un rapport vivant avec la source de la bénédiction, ou, du moins, une jouissance vivante de la faveur de Dieu ; elle n’est pas nécessairement le ciel. Aucune loi, au monde, n’était la vie ni ne pouvait la donner. Dieu la promettait à celui qui accomplirait la loi. Lui-même en est la source ; mais la loi donnée à un pécheur, sur la base de sa propre responsabilité, loin d’être un moyen de vie, ne pouvait mener qu’à la mort et à la condamnation. Elle parlait de la vie, et la désignait comme une promesse faite à l’obéissance, mais, de fait, il se trouva que la loi était pour la mort.

Les Psaumes, quoiqu’ils parlent aussi de choses célestes, mettent en évidence la liaison du cœur du résidu avec Dieu, nous font connaître ses larmes et ses supplications dans la nécessité et sentir tout ce que Dieu est pour lui. Tout cela a lieu selon l’opération de l’Esprit de Christ, quoique la délivrance temporelle soit le désir principal du résidu. La vie et la résurrection, comme l’espérance de la foi, ont aussi nécessairement leur place dans les pensées du résidu, quoique seulement en dernier lieu ; elles répondront au besoin de ceux qui devront passer par la mort. Mais nous ne trouvons point ici la vie et l’incorruptibilité mises en lumière par l’évangile, la vie dans un homme, le Fils de Dieu, comme Esprit vivifiant, la vie en nous, parce qu’Il devient notre vie. Toutefois, comme l’Esprit de Christ parle dans les Psaumes, Lui qui avait la vie était sûr du sentier de la vie en ce monde, et ce sentier conduisant par la mort, selon le but pour lequel Il venait dans le monde, Il était sûr aussi de la résurrection, c’est-à-dire que Son âme ne serait pas laissée dans le hadès et que Sa chair ne verrait pas la corruption, mais cela dans la dépendance de Dieu, comme étant homme. Ainsi aussi, lorsque le cœur du saint est séparé de l’homme comme entièrement étranger même à la crainte de Dieu, non seulement il cherche la protection et la bonté de Dieu, mais il voit que c’est chez Dieu qu’est la source de la vie (v. 9).

Nous savons que la mort est vaincue, son pouvoir annulé (Κατηργουμενη). Nous savons que la vie éternelle qui était auprès du Père, est descendue du ciel, qu’elle nous est communiquée, que Christ est notre vie, qu’ayant le Fils nous avons aussi la vie, que nous sommes vivifiés selon l’excellente grandeur de Sa puissance, selon l’opération de la puissance de Sa force dans laquelle Il a ressuscité Christ d’entre les morts et L’a fait asseoir à Sa droite dans les lieux célestes ; de sorte que la vie pour nous et en nous, Christ étant notre vie, est le triomphe final sur la mort et atteint les lieux célestes. Voilà ce que l’évangile a révélé. Jean annonce la vie descendue et manifestée en Christ sur la terre, puis communiquée à nous. Paul montre la vie dans la plénitude de son résultat céleste, suivant les conseils de Dieu en gloire. Évidemment, les Psaumes ne parlent pas de tout cela ; il ne pouvait en être question avant la résurrection de Christ ; il n’aurait pas même pu y avoir de justice dans cette vie ainsi représentée. Qui est-ce qui avait droit aux lieux célestes avant que Christ n’y fût entré ? En qui la vie pouvait-elle être manifestée en gloire, avant que la Tête n’y fût entrée de cette manière ? Toutefois, le principe, la source de la vie est vue et révélée dans ce psaume.

Les Psaumes ne sont pas la loi, quoique la loi y soit reconnue. Mais ils expriment l’opération de l’Esprit de Christ et de vie en ceux qui sont sous la loi ou en Christ Lui-même, et en ceux aussi qui ont à confesser qu’ils sont pécheurs sous la loi, et qui par conséquent ne peuvent espérer d’avoir la vie par son moyen, mais dont les yeux se dirigent sur la miséricorde, le pardon, la grâce, sinon sur le ciel, sauf dans le sentiment de la joie de la présence de Dieu, lorsque la vie est exprimée de la manière la plus complète, comme au psaume 16. Ainsi le résidu et ceux qui parlent dans ce psaume voient la source de la vie, lorsque tout est mort et condamnation sous la loi. Ils ne peuvent pas dire : « la vie a été manifestée et nous l’avons vue », encore moins : « notre vie est cachée avec Christ en Dieu » ; mais ils peuvent dire, ils sont enseignés à dire : « c’est chez toi qu’est la source de la vie ».

Aussi s’abreuvent-ils du fleuve de Ses délices. Car cette vie, où serait-elle satisfaite ? Les besoins du cœur animé par elle, même à son insu, où pourraient-ils être contentés, sinon à ce fleuve des délices de la maison de Dieu ? Nous qui sommes venus à Christ et avons bu de l’eau qu’Il donne, nous avons en nous-mêmes une source d’eau découlant jusque dans la vie éternelle ; et même, par l’Esprit, des fleuves découlent de nous, ils découlent de la conscience intime de notre bénédiction ; mais ceci, c’est la puissance de vie dans l’Esprit. Cependant, il est également précieux de savoir que la nature de cette vie est divine. J’ai fait remarquer autre part que ce qui est présenté dans les Colossiens comme la vie et la nature, est appliqué, dans les Éphésiens, au Saint Esprit. Ici, dans ce psaume, nous voyons que c’est Dieu qui est la source de la vie. Quelle bénédiction de savoir que la source est Dieu Lui-même ! Le Père a la vie en soi ; cela est vrai de Christ comme homme ; ainsi nous qui avons le Fils, nous avons la vie.

Dieu étant la source de la vie, nos cœurs doivent s’appliquer à sentir et à connaître ce qu’est la vie, quelle joie divine elle est, et que, puisque nous possédons une vie divine, elle est capable de se réjouir. Sa nature est de se réjouir en ce qui est divin. En effet, elle ne peut jouir d’autre chose, sauf de la bonté et de la vérité qui en sont l’expression ; elle trouve sa joie dans ces fleuves intarissables découlant de l’amour divin et dans lesquels nous nous abreuvons de la bénédiction qui est en la nature de Dieu, possédant une nature qui, étant spirituellement la même que celle de Dieu, doit et peut en jouir selon la perfection de cette nature elle-même. Nous nous réjouissons en Dieu. Mais il y a encore autre chose : « En ta lumière nous voyons la lumière ». Dieu n’est pas seulement une source, mais aussi une lumière qui luit. De même qu’Il a la vie en Lui-même, et qu’Il en est la source, de même aussi Il est la lumière, et Il la produit, Il la communique. En Christ aussi était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Enfin, quant à nous, Christ est notre vie et nous sommes lumière dans le Seigneur.

Ici, dans ce psaume, on cherche la lumière plutôt comme consolation au milieu des ténèbres de l’épreuve, lorsque l’homme, sous la puissance de Satan, est manifesté comme étant réellement l’obscurité la plus complète ; mais cela fait découvrir ce que Dieu est Lui-même (v. 9). En principe et d’une manière abstraite, rien, dans les Psaumes, ne nous fait autant approcher de ce qui a été accompli en Christ. Seulement ici, la lumière est vue en Jéhovah comme sa source et Celui en qui elle se manifeste. Cela même lui donne sa perfection divine. « C’est en toi qu’est la source de la vie, c’est en ta lumière que nous voyons la lumière ». Confiance, au milieu des ténèbres et de l’angoisse, que Jéhovah en grâce, est une source de vie, et que dans Sa lumière on voit la lumière. En Christ nous trouvons, de toute manière, des vérités plus profondes, car, lorsque la lumière des hommes, non pas simplement comme délivrance extérieure, mais brillant dans l’obscurité morale de ce monde, l’obscurité resta, et ne comprit pas la lumière. Aussi longtemps qu’Il fut dans le monde, Christ était la lumière du monde. Les hommes préférèrent les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

La fin du psaume revient de nouveau à l’espérance de la délivrance par le gouvernement de Dieu et à l’assurance qu’elle arrivera. La connaissance de Jéhovah et la droiture de cœur caractérisent ici les justes, tandis que les méchants se distinguent par leur orgueil et leur malice. La foi du juste les voit d’avance terrassés (v. 12).