Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Galates/Partie 2

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Chapitre 2

Nous voyons encore l’apôtre en appeler à certains faits de sa propre vie et de sa propre histoire, comme fournissant les preuves les plus concluantes sur la grande question qui avait été soulevée, savoir, si la loi, sous quelque forme que ce soit, est la chose sous laquelle le chrétien se trouve placé. Il l’envisage pleinement quant à la justification ; mais il ne se borne pas à ce côté de la question. Nous voyons, dans les chapitres 1 et 2, l’appel divin au ministère, dont l’apôtre lui-même présentait un exemple si frappant, par opposition aux prétentions à la succession ; et nous trouverons, vers la dernière partie de l’épître, qu’il applique la grâce dans toute sa largeur, démontrant qu’en Christ Dieu a introduit un autre principe absolument différent, qui opère efficacement, tandis que la loi ne peut que maudire les coupables. En un mot, Dieu a établi la grande base de Sa propre grâce ; et tandis que cette grâce est en parfaite harmonie avec le gouvernement moral de Dieu, elle met entièrement de côté la loi comme impuissante à cause de la condition de l’homme — non pas comme si la loi en elle-même, n’était pas sainte, et juste et bonne. Mais en Christ, Dieu a introduit une telle énergie de vie en résurrection, et une nouvelle justice justifiante qui est à Lui, qu’Il place pour toujours le chrétien sur un terrain entièrement différent, celui de la grâce. Dans cette épître, l’apôtre entre dans le sujet avec d’autant plus de force, que le diable essayait d’introduire un emploi de la loi qui était particulièrement mauvais.

Nous trouvons là, je crois, la clef, quant à la différence de langage dans l’épître aux Romains et dans celle aux Galates. Dans la première, il y a une certaine tendresse en s’adressant à ceux d’entre les frères à Rome qui avaient connu la loi avant de connaître Christ, et qui avaient été sous la loi comme Juifs. Ainsi, en parlant de leur observance de jours, et de viandes, et de breuvages, l’apôtre montre que l’Esprit de Dieu demandait le plus entier support. Celui qui a égard au jour, y a égard à cause du Seigneur ; et celui qui n’a pas égard au jour, n’y a pas égard à cause du Seigneur ; et celui qui mange, mange à cause du Seigneur, car il rend grâces à Dieu : la raison en était que les saints à Rome étaient en grande partie des gens qui avaient été Juifs, et que, naturellement, il y en avait aussi beaucoup qui avaient été des Gentils. Le point important était donc de les exhorter à se respecter mutuellement et à se supporter les uns les autres. Le frère d’entre les Gentils, qui connaissait sa liberté, ne devait pas mépriser son frère juif, parce qu’il s’arrêtait encore à certaines distinctions, observant des jours, etc. De son côté, le Juif ne devait pas juger son frère d’entre les Gentils, parce qu’il ne s’abstenait pas des viandes, et qu’il n’observait pas les jours. Souvenez-vous que nous ne devons pas nous imaginer qu’en parlant de ces jours, l’apôtre fasse allusion au jour du Seigneur, car c’est là une chose entièrement nouvelle, qui n’a aucune connexion, soit avec la création, soit avec la loi. Le sabbat était le repos de la création, et il était aussi le signe, établi par Dieu et bien connu, entre Jéhovah et le peuple juif à toujours — signe qui leur fut donné comme une alliance perpétuelle, et qui les séparait d’avec toutes les autres nations. Mais le jour du Seigneur a un caractère entièrement nouveau ; l’Écriture en parle comme du « premier jour de la semaine ». Ce jour n’appartient qu’au chrétien ; ni Adam, ni les hommes, ni les Juifs n’avaient rien à faire avec ce jour. Ainsi donc, lorsque l’apôtre dit : « Celui qui n’a pas égard au jour, n’y a pas égard à cause du Seigneur », gardons-nous bien de nous permettre cette mauvaise pensée que le jour du Seigneur s’y trouve compris, et que c’est une question douteuse si on doit l’observer ou non. Quant aux jours et aux viandes, selon les distinctions lévitiques, la question de les observer ou non, est laissée pour être résolue selon le degré de l’intelligence spirituelle. Il n’en est pas ainsi du jour du Seigneur ; on peut bien ne pas le trouver sous la forme d’un commandement formel ; mais la chose n’en est pas moins obligatoire, parce qu’elle se présente à nous avec le sceau de la volonté du Seigneur, et reconnue de Lui sous diverses formes solennelles et touchantes. C’est le jour où Il ressuscita d’entre les morts, le jour où Il sanctionna, par Sa présence spéciale, le rassemblement de Ses disciples, de même que, plus tard, le Saint Esprit les conduisit à se réunir régulièrement ce jour-là pour rompre le pain. Ainsi donc, il ne devrait y avoir aucune question au sujet de la grave importance du jour du Seigneur, et l’intelligence de cette importance accompagne toujours des pensées convenables quant à la véritable grâce de Dieu dans laquelle nous sommes. Il se peut que l’on ait adopté la confusion de ce jour et du sabbat, afin d’en confirmer l’institution en la faisant résulter de la loi ; mais c’est là une erreur complète, qui en abaisse et affaiblit le caractère, et qui est à la fois le fruit et la preuve de l’ignorance quant au terrain sur lequel le croyant se trouve maintenant placé à l’égard de Dieu. Dans l’épître aux Galates, à la place de l’exhortation au support fraternel, sur lequel nous voyons l’apôtre insister auprès des saints de Rome, il y a au contraire une force et une véhémence étonnantes, comme on le voit clairement dans les chapitres 3 et 4. Mais nous parlerons plus au long de ces choses dans leur propre place.

L’apôtre fait allusion à son voyage à Jérusalem. Quand il dit (chap. 1, 18) : « Puis trois ans après je montai à Jérusalem », cela fait allusion, je suppose, à sa conversion comme point de départ, et les « quatorze ans », dans le premier verset du chapitre 2, doivent dater de la même époque. La chose importante pour l’Esprit de Dieu, c’était d’enlever tout prétexte de lier avec Jérusalem la mission et le ministère de Paul. Le principe de succession apostolique se trouve ainsi implicitement écarté. Les années qui s’étaient écoulées avant ces visites, et encore plus le caractère de ces visites, lorsque en effet il monta à Jérusalem, excluent absolument toute idée d’une telle chose. « Ensuite au bout de quatorze ans, je montai encore à Jérusalem avec Barnabas, prenant aussi avec moi Tite. Or, j’y montai par révélation ». Cette dernière circonstance n’est pas mentionnée dans les Actes. C’est à la même occasion qu’il y est fait allusion (Act. 15), quoique d’une manière différente. Dans les Actes, il nous est dit : « Et quelques-uns étant descendus de Judée, enseignaient les frères, (disant) : Si vous n’êtes circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés. Et une contestation s’étant élevée et une grande dispute entre Paul et Barnabas et eux, ils résolurent que Paul et Barnabas, et quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour cette question ». Mais quand ils furent arrivés à Jérusalem, ils y trouvèrent le même parti. « Et quelques-uns de la secte des pharisiens qui avaient cru, s’élevèrent, disant qu’il les faut circoncire, et leur commander de garder la loi de Moïse » ; ce qui montrait clairement que la question s’élevait au sein même de l’Église. Puis nous avons la conférence des apôtres et des anciens en présence de toute l’Église touchant cette affaire. Dans Galates 2, le Saint Esprit fait ressortir le fait — qui n’est pas distinctement mentionné dans les Actes — savoir, qu’en cette occasion, Paul prit avec lui Tite, et qu’il monta par révélation : il avait reçu de Dieu une communication positive sur ce sujet. Dans les Actes, nous trouvons les motifs chrétiens qui agirent sur Paul par le moyen d’autres personnes ; mais dans les Galates, il nous fait connaître quelque chose de plus profond encore, savoir qu’il monta par révélation — outre le fait qu’il avait pris avec lui Tite. Quoi qu’il en eût été des autres, c’était aussi un fait d’une immense importance, parce que Tite n’était en aucune manière un Juif. Il n’était pas même comme Timothée, dont la mère était juive. Tite était grec. Timothée était quelque chose entre les deux ; et à cause de cela, il semble y avoir eu sagesse et grâce dans la conduite bien différente de l’apôtre par rapport à Timothée. Il ferma certainement la bouche à ceux qui auraient pu soulever à l’égard de ce jeune disciple des questions fondées sur la loi, bien que je ne puisse pas dire que, strictement parlant, Timothée pût se trouver sous l’application de la loi. On doit avouer qu’il n’était pas selon la loi qu’une Juive fût mariée à un Gentil. Toutefois, quant à Tite, il était, sans aucun doute, un Grec. L’apôtre, en face des douze apôtres, et en face de tous, amène avec lui à Jérusalem ce Grec qui n’avait jamais été circoncis. Il agissait, de la manière la plus hardie, selon la liberté qu’il avait la conscience d’avoir en Christ. Et il ajoute encore : « Or j’y montai par révélation, et je leur communiquai l’évangile que je prêche parmi les nations ; mais (seulement) en particulier à ceux qui sont en estime, de peur qu’en quelque sorte je ne courusse ou n’eusse couru en vain ». Puis, dans une de ses parenthèses si pleines de signification, il ajoute seulement comme en passant : « Cependant, même Tite qui était avec moi, quoiqu’il fût Grec, ne fut pas contraint d’être circoncis ».

Faisons attention à la manière dont le Saint Esprit fait allusion au fait que Paul communiqua son évangile à ceux qui étaient à Jérusalem ; car c’était un coup de mort porté à l’insinuation que Paul l’avait reçu d’une manière irrégulière. Il ajoute aussi : « De peur qu’en quelque sorte je ne courusse ou n’eusse couru en vain ». Il y avait dans ce que Paul enseignait assez d’avancement dans la manifestation de la vérité, mais il ne voulait pas courir le risque de causer une division parmi les saints à Jérusalem. S’il avait été indifférent à l’état des saints, il aurait présenté toute les vérités célestes dans lesquelles il était si loin au-delà des autres. Mais il y a deux choses dont il faut tenir compte en communiquant la vérité. Non seulement il doit y avoir la certitude que c’est la vérité qui vient de Dieu ; mais il faut que ce soit la vérité appropriée à ceux auxquels on s’adresse. Ils pouvaient avoir besoin de toutes ces choses ; mais ils n’étaient pas en état de les recevoir ; et plus la vérité dont il s’agit est précieuse, plus le dommage est grand, dans un certain sens, si elle est présentée à ceux qui ne sont pas en état d’en profiter. Supposez des personnes qui sont sous la loi : à quoi bon présenter à de telles personnes l’espérance de la venue de Christ, ou l’union avec Christ ? Il n’y aurait pas de place pour ces vérités dans un tel état spirituel. Lorsque des âmes sont encore sous la loi, ne sachant pas qu’elles sont mortes à la loi, dans la mort et la résurrection de Christ, elles ont besoin d’être établies dans la grâce de Dieu. Il semble que c’est là une des raisons pour lesquelles, dans l’épître aux Galates, l’apôtre ne fait jamais allusion à ces vérités bénies. La sagesse qu’il y avait à les omettre est évidente. De telles vérités seraient inintelligibles, ou tout au moins mal appropriées, pour des âmes dans un état comme le leur. On n’aurait pu leur faire aucun bien en les développant. Il faut nécessairement qu’il y ait d’abord la conscience que la loi a été complètement mise de côté, et que nous sommes introduits dans une atmosphère tout entièrement nouvelle. Le Seigneur avait beaucoup de choses à dire à Ses disciples, lorsqu’Il était avec eux, mais ils ne pouvaient les supporter alors. De même, l’apôtre dit aux Hébreux qu’ils avaient besoin de lait et non de nourriture solide ; « car quiconque use de lait, est ignorant dans la parole de la justice, car il est un enfant ; mais la nourriture solide est pour les hommes faits, qui pour y être habitués ont les sens exercés à discerner le bien et le mal ». Mais ils avaient de nouveau besoin qu’on leur enseignât les premiers rudiments ; et pourtant cette épître ne fut pas écrite longtemps avant la destruction de Jérusalem. Il n’y a rien qui arrête autant les progrès des saints que des principes légaux. Il n’y avait pas longtemps que les Corinthiens étaient convertis, en sorte que leur ignorance n’avait rien de surprenant. Mais les Hébreux étaient convertis depuis plusieurs années, et pourtant ils n’étaient occupés que de l’alphabet du christianisme. Ainsi donc, la raison qui en réalité empêchait ces croyants hébreux, c’était qu’ils ne comprenaient pas qu’ils étaient morts à la loi, ni leur union avec Christ ressuscité. Ils n’étaient pas même affermis sur le fondement complet de la vérité chrétienne — l’entière et éternelle abolition des péchés par le sang de Christ. Ils n’étaient pas au-dessus de la condition d’enfants en fait de spiritualité.

Ayant donc fait allusion à ces faits, qu’il leur avait communiqué son évangile, mais seulement en particulier à ceux qui étaient en estime, et encore, qu’il avait pris avec lui Tite, qui était connu pour être grec, et qui pourtant ne fut pas contraint d’être circoncis, l’apôtre laisse tout cela avoir son propre poids sur l’esprit des Galates ; il donne aussi cette raison : « Et cela à cause des faux frères, furtivement introduits ». Si vous lisez le troisième verset comme une parenthèse, cela ajoute à la clarté du passage. Il était monté à Jérusalem, et il avait communiqué de cette manière son évangile aux apôtres, à cause de ces faux frères furtivement introduits. Il ne désirait pas entrer en controverse touchant des vérités qu’ils ne pouvaient pas supporter, et pourtant il ne désirait pas les cacher à ceux qui pouvaient les apprécier. Mais il donne clairement à entendre quel était le but de ces faux frères, « qui s’étaient insinués pour épier la liberté que nous avons dans (le) Christ Jésus, afin de nous réduire à la servitude ». Ceci montre clairement la connexion entre le légalisme et le manque de droiture en ceux qui s’introduisent furtivement pour épier la liberté qu’ils ne comprennent pas. « Et nous ne leur avons point cédé par soumission, non pas même un moment, afin que la vérité de l’évangile demeurât avec vous ».

Mais maintenant il va plus loin, et fait allusion, non pas à de faux frères qui travaillaient à saper l’évangile par la loi, mais à ceux qui prenaient la place la plus importante à Jérusalem. « Or de ceux qui sont estimés être quelque chose…, quels qu’ils aient pu être, cela ne m’importe en rien ; Dieu n’a point égard à l’apparence de l’homme… à moi certes ceux qui sont en estime n’ont rien communiqué de plus ; mais au contraire, Jacques, et Céphas, et Jean, qui sont estimés être des colonnes, ayant vu que l’évangile (auprès) de l’incirconcision m’était confié, comme celui (auprès) de la circoncision (l’était) à Pierre (car celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat de la circoncision, a opéré en moi aussi envers les nations), et ayant reconnu la grâce qui m’a été donnée, me donnèrent à moi et à Barnabas la main d’association, afin que nous (allassions) vers les nations et qu’ils (allassent), eux, vers la circoncision ». Toutes les insinuations de ces docteurs judaïsants, savoir, qu’il n’y avait pas un accord réel entre Paul et les autres apôtres, étaient ainsi renversées. Ce qui était démontré, c’est que Paul était celui qui avait communiqué, et non Pierre ; et que les trois qui étaient les principaux à Jérusalem, avaient donné à Paul la main d’association. Ils ne contrôlèrent en aucune façon son ministère, mais ils reconnurent la grâce qui lui avait été donnée. Ils sentirent, dans le fait, soit pour ce qui regarde Dieu, soit pour ce qui regarde Sa puissance qui opérait dans Paul, que Paul et Barnabas étaient les personnes les plus convenables pour agir à l’égard de l’incirconcision. La vaste sphère du monde païen était évidemment pour Paul et ceux qui étaient avec lui, tandis que, pour eux, ils demeuraient renfermés dans leur cercle étroit. Paul détruit ici les efforts de l’ennemi pour mettre le croyant d’entre les Gentils sous la loi.

Maintenant il va plus loin. Car tandis qu’il fait connaître le respect que Pierre, et Jacques, et Jean à Jérusalem, avaient pour lui et pour son œuvre, il fait une autre chose plus désastreuse encore pour ceux qui voulaient imposer la loi aux Gentils. « Mais quand Pierre fut venu à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il (méritait) d’être blâmé ». Bien loin qu’il fût vrai que Pierre eût résisté à Paul à Jérusalem, Pierre au contraire lui donna la main d’association. Mais quand Pierre fut venu à Antioche, Paul lui résista en face. Et c’était là évidemment une chose connue. « Car avant que quelques-uns fussent venus d’auprès de Jacques, il mangeait avec ceux des nations », ce qui était une marque de communion avec eux, comme c’est maintenant et partout le signe bien connu de ce qui est équivalent. Je ne parle pas ici de la participation à la cène du Seigneur, qui est le signe le plus élevé de la communion ; mais, dans la vie ordinaire, prendre ensemble un repas commun, est la preuve d’un sentiment d’amitié, et il devrait en être bien particulièrement ainsi parmi les chrétiens, car ils sont appelés à marcher en toutes choses avec une sincérité qui est selon Dieu. De là l’importance attachée à un tel acte entre des personnes, quand il s’agit de chrétiens, et plus particulièrement en face de la séparation des Juifs d’avec les Gentils, séparation qui sous la loi était un commandement de Dieu. Pierre avait été dans l’habitude de manger avec les Gentils, pensée qu’aucun homme, agissant d’après des principes juifs, n’aurait pu entretenir ; mais après que quelques-uns furent venus d’auprès de Jacques, « il se retira et se sépara, craignant ceux de la circoncision ». Combien est étonnante l’influence des préjugés, et particulièrement des préjugés du légalisme ! Dominé par là, Pierre abandonne sa liberté, et ne mange plus avec les Gentils ; et il s’agissait ici du chef même des apôtres ! Quelque insignifiant que pût paraître cet acte, c’était un acte important aux yeux de Dieu et de Son serviteur. Il fut donné à Paul de voir que dans cette chose, en apparence petite, il y avait eu l’abandon de la vérité de l’évangile.

Considérons combien une telle chose est solennelle et pratique. Dans quelque simple affaire de la vie journalière, il peut y avoir virtuellement un abandon de Christ et de la vérité de l’évangile, un mensonge contre Sa grâce. Il est bon de se rappeler que, dans un acte tout ordinaire, dans une chose qui pourrait paraître comparativement de nulle importance, Dieu veut que nous considérions les choses dans leurs sources, selon qu’elles touchent à la vérité et à la grâce de Dieu. Nous sommes disposés à traiter légèrement ce qui se rapporte à Dieu, et à donner une grande importance à ce qui nous affecte nous-mêmes. Pourquoi Paul dut-il reprendre ainsi Pierre publiquement ? N’y avait-il pas une cause ? N’y avait-il pas une crise arrivée dans le cours des événements ? Lorsque Pierre agissait comme l’apôtre de la circoncision, alors Paul parle en particulier. Mais maintenant, lorsqu’il est question du fondement de la grâce, le même homme est hardi comme un lion, et résiste à Pierre en face, parce qu’il méritait d’être condamné. Il n’y avait point de compromis, point de timidité, point de prudence purement humaine touchant l’affaire, point de considérations de son propre caractère, ni de celui de Pierre ; mais il regardait à la gloire de Christ dans l’évangile. C’était dans le champ même où Pierre était responsable envers son maître pour le maintien de la vérité, et c’était là qu’il avait failli. C’est pourquoi l’apôtre se tenait ici sur un terrain solide, et il agissait sans crainte. Il résista en face à Pierre, qui ne s’était nullement montré dans cette affaire selon le nouveau nom que le Seigneur lui avait donné. Il ressemblait plus à Simon, fils de Jonas, qu’à l’homme-rocher — ce qu’il aurait dû être. Il était retombé dans ses propres voies naturelles ; car l’ardeur de la nature est constamment disposée à la réaction. Ce qui donnait tant de force aux remontrances de l’apôtre, c’est que la chose eut lieu après cette solennelle conférence à Jérusalem, où Pierre prit une part active pour prouver la liberté que Dieu avait donnée aux Gentils ; où il montra que Dieu avait fait Son choix parmi eux, afin que par sa bouche les Gentils entendissent la parole de l’évangile et la crussent ; où il avait conclu sa déclaration par ces paroles remarquables, si blessantes pour l’orgueil d’un Juif, et si encourageantes pour les Gentils qui auraient pu être inquiets : « Mais par la grâce du Seigneur Jésus, nous croyons être sauvés de la même manière qu’eux aussi ». Il avait enseigné, même à la face des Juifs, non pas que les Gentils seraient sauvés de la même manière qu’eux aussi, mais que les croyants juifs seraient sauvés de la même manière que les Gentils aussi. Ainsi rien ne pouvait être plus fort. Il n’avait nullement la pensée de traiter les Gentils comme s’ils étaient seulement bénis maintenant d’après quelque titre irrégulier et disputable de miséricorde ; car en vérité, s’il y avait quelque différence, Dieu présentait plus clairement encore le salut aux Gentils. « Par la grâce du Seigneur Jésus, nous croyons être sauvés de la même manière qu’eux aussi ». Le salut présenté aux Gentils était devenu le patron même de ceux qui seraient sauvés d’entre les Juifs. Et quelle chose douloureuse qu’après tout cela, Pierre sur ce chef même se soit égaré ! Et Barnabas lui-même, non le compagnon de Pierre, mais celui de Paul — qui avait le premier discerné le prix et le dévouement de Paul et qui s’était réuni à lui dans tant de travaux parmi les Gentils — qui avait été spécialement nommé comme l’un de ceux qui devaient monter à Jérusalem pour la décision définitive de cette grave question ; lui aussi fut entraîné par la dissimulation de Pierre et des autres ! L’apôtre Paul ne fut pas en défaut dans cette occasion, et il discerna bientôt « qu’ils ne marchaient pas de droit pied, selon la vérité de l’évangile ». Mais en quoi avaient-ils montré ce manque de droiture ? En cessant de manger avec ceux des nations. Ainsi la vérité de l’évangile dépendait d’un repas. Le simple acte de manger ou de ne pas manger avec les Gentils trahit la pensée du cœur quant à la question de délivrance de la loi.

Ce point était tellement fatal si la chose était permise, que Paul dit « à Pierre devant tous : Si toi, qui es Juif, vis comme les nations, et non pas comme les Juifs, comment contrains-tu les nations à judaïser ? ». Qu’avait fait Pierre ? Il n’avait, en aucune façon, maintenu la loi comme une règle pour les croyants juifs. Pourquoi donc avait-il cédé à un acte qui impliquait la chose parmi les Gentils ? S’il n’en était pas ainsi à Jérusalem, là où Dieu l’avait autrefois rendue obligatoire pour leurs consciences, quel abandon de la vérité, que celui qui connaissait sa délivrance, insistât pratiquement sur la chose à Antioche ! C’était là la sérieuse affaire pour laquelle Paul reprit Pierre. Et maintenant, il raisonne là-dessus. « Nous (qui sommes) Juifs de nature et non point pécheurs d’entre les nations » (il est nécessaire de remarquer la force du « nous » comme comparé avec le « vous » dans cette épître et ailleurs), « sachant que l’homme n’est pas justifié sur le principe des œuvres de loi, mais seulement par (la) foi en Jésus Christ, nous aussi, nous avons cru au Christ Jésus, afin que nous fussions justifiés sur le principe de la foi en Christ ; et non pas sur le principe des œuvres de la loi ; car sur le principe des œuvres de loi, nulle chair ne sera justifiée ». Rappelez-vous aussi que quand l’apôtre Paul appuie sur le principe de loi, il ne borne pas ses remarques à la loi donnée aux Juifs, mais il raisonne d’une manière abstraite. Il ne dit pas seulement, et il ne veut pas seulement dire que vous ne pouvez être justifiés par les œuvres de la loi, mais par aucune loi, quelle qu’elle soit. S’il y avait une loi qui eût le pouvoir de justifier, c’était nécessairement la loi de Dieu divulguée par Moïse. Mais Paul va plus loin, et insiste sur ce point que « sur le principe des œuvres de loi » vous ne pouvez être justifiés. Le principe de loi est opposé à la justification, au lieu d’en être le moyen. Il prend le fait, que sur le principe de ces œuvres de loi, nulle chair ne peut être justifiée.

Puis il en vient à discuter le point, et il demande : « Or, si en cherchant à être justifiés en Christ, nous sommes nous-mêmes aussi trouvés pécheurs, Christ donc est ministre de péché. Qu’ainsi n’advienne ! » c’est-à-dire que, si vous faites profession d’avoir la foi dans le Seigneur Jésus et que vous retourniez à la loi, l’effet en est nécessairement de vous placer dans la position de pécheur. Vous avez, dans le fait, le péché dans votre nature, et voici la conséquence : c’est que si vous avez en aucune façon à faire avec la loi, c’est là la condition même dans laquelle vous êtes après tout laissés comme pécheurs. La loi ne donne jamais la délivrance du péché ; comme l’apôtre dit ailleurs : « La puissance du péché, c’est la loi ». De cette manière, si, en cherchant à être justifiés en Christ, vous êtes vous-mêmes trouvés pécheurs, « Christ donc est ministre de péché » ! Voilà le résultat auquel la loi conduit nécessairement. Elle se saisit du péché. Et par conséquent, si après que vous avez trouvé Christ, vous ne vous trouvez après tout n’être que pécheurs par le moyen de la loi, vous faites de Christ, en réalité, un ministre de péché. Telle est la conséquence nécessaire, quand on introduit la loi après Christ. L’âme qui a à faire avec la loi, ne réalise jamais sa délivrance du péché ; au contraire, la loi, parce qu’elle ne fait que découvrir le mal, et qu’elle n’élève pas l’âme au-dessus du mal, laisse l’homme sans puissance, et misérable, et condamné.

Il y a des gens qui parlent d’un pécheur croyant, ou du culte offert à Dieu par de pauvres pécheurs. Et même il y a beaucoup de cantiques qui n’amènent jamais l’âme au-delà de cette condition. Mais quand la Parole de Dieu parle de pécheurs, elle veut désigner une âme qui est tout entièrement sans paix, une âme qui peut sentir peut-être qu’elle a besoin de Christ, ayant été vivifiée par l’Esprit, mais sans la connaissance de la rédemption. Il n’y a point de vérité à nier ce que sont les saints aux yeux de Dieu. Si j’ai failli en quelque chose, est-ce qu’en prenant la place d’un pauvre pécheur, je ferai que le péché sera moindre, ou que je le sentirai davantage ? Non ! si je suis un saint, béni avec Dieu en Son Fils bien-aimé, fait un avec Christ, et ayant le Saint Esprit qui m’a été donné pour demeurer en moi, alors je dis : Quelle honte si j’ai failli, si j’ai succombé, et si j’ai déshonoré le Seigneur, et si j’ai été indifférent à Sa gloire ! Mais si je sens ma propre froideur et ma propre indifférence, je dois traiter un tel état comme une indignité, et je dois le haïr comme étant du péché. Tandis que si je prends la place d’un pauvre pécheur, c’est réellement, quoique je n’en aie pas l’intention, faire des excuses pour le mal. Laquelle de ces deux manières d’agir opérerait le plus puissamment sur la conscience ? Laquelle humilierait l’homme le plus, et exalterait le plus Dieu ? Il est clair que plus vous réalisez ce que Dieu vous a donné, et ce que Dieu vous a fait être en Christ — si vous marchez d’une manière qui n’y répond pas — plus vous sentirez et le péché et le déshonneur de votre train de vie. Tandis que si vous continuez de parler de vous-mêmes comme de pécheurs, cela pourra paraître humble à ceux qui sont superficiels, mais cela ne devient qu’une sorte de palliatif pour le mal qui est en vous ; et, dans ce cas, ce mal n’humilie jamais aussi complètement que Dieu l’attend de l’enfant de la foi.

Prenez un autre exemple dans les formes de culte qui sont établies sur ce principe. Une première chose, que l’on trouve dans quelques-unes de ces formes, c’est qu’on y cite l’Écriture au sujet du méchant qui se détourne de sa méchanceté. Mais si chaque dimanche, vous recommencez votre carrière comme chrétiens, et que vous ayez besoin encore de l’absolution sacerdotale ou de choses semblables, cela donne du large au cœur pour agir traîtreusement envers le Seigneur tout le reste de la semaine, et en outre c’est une dénégation virtuelle de l’efficace de Son œuvre. C’est là une chose bien sérieuse. La semaine de préparation pour le sacrement est une chose du même genre. C’est le méchant qui se détourne de sa méchanceté, qui renouvelle ses vœux et qui tâche de se corriger. Même au troisième et au quatrième siècles, quand on parlait de la cène du Seigneur, on l’appelait un terrible sacrifice, etc. Tout cela montre une ignorance complète de la base même du christianisme, qui est celle-ci : que « par une seule offrande il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés ». Et dans ces mots : « ceux qui sont sanctifiés », je maintiens que le Saint Esprit parle de tous les chrétiens, de cette mise à part qui est vraie de tous les croyants, qu’ils soient nationaux ou dissidents, ou de ceux qui abandonnant le terrain des dénominations, comprennent mieux, selon moi, ce qu’est la volonté de Dieu quant à Son Église. Ceci contribuera à montrer combien est sérieuse la question de la loi. Toujours et partout lorsqu’elle est maintenue, il n’y a point de délivrance de la condition de pécheur. Le culte chrétien est une impossibilité dans de telles circonstances. Si c’est là le cas, Christ devient ministre de péché ; parce que c’est supposer que nous sommes laissés par Lui sous la servitude de notre péché, au lieu d’en être délivrés. « Car si je rebâtis ces mêmes choses que j’ai renversées, je me constitue moi-même un transgresseur ». C’est-à-dire qu’en allant à Christ, j’abandonne virtuellement la loi ; et si après tout cela, je retourne à la loi, alors je me constitue moi-même un transgresseur. Il est clair que si je suis dans le vrai maintenant, j’étais entièrement dans le faux auparavant. Qui est-ce qui m’a fait abandonner la loi ? C’est Christ. Ainsi donc, si je retourne à la loi, l’évangile de Christ est le moyen de constituer les personnes des transgresseurs, et non de les justifier. Les Galates n’avaient point pensé à cela. Mais le Saint Esprit fait porter sur eux la lumière de Sa propre vérité, et montre ce qu’impliquait la chose qu’ils faisaient. L’effet d’imposer la loi, c’était virtuellement, faire devenir Christ ministre de péché, au lieu d’être Celui qui en délivre.

Mais il n’en est pas ainsi. « Car pour moi, par (la) loi, je suis mort à (la) loi afin que je vive à Dieu ». Il montre ici comment il se fait qu’il était mort à la loi. C’était par le moyen de la loi. Ce n’était pas seulement une chose opérée en dehors de sa propre âme. Il avait passé par la question au-dedans, de la manière la plus complète. Il avait été sous la loi ; et quand Dieu l’avait vivifié, et que sa conscience avait été réveillée sous la lumière divine, il réalisa ce à quoi il n’avait pas songé auparavant, sa propre et complète impuissance. « Car pour moi, par (la) loi, je suis mort à (la) loi ». Il avait vraiment senti sa position comme pécheur, et il reconnaît la puissance de la loi pour tuer, et non pour vivifier. Mais alors, il s’agissait en ceci de grâce maintenant, et non de jugement plus tard. Dès lors, dit l’apôtre, si je suis mort par la loi, je suis mort à la loi, et je suis complètement en dehors de son atteinte. Je suis mort, et je n’ai plus besoin de mourir par elle ; « je suis mort à (la) loi, afin que je vive à Dieu. Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi ». Ainsi, dans l’âme de l’apôtre, nous voyons la loi maintenue dans toute sa force, et pourtant lui-même affranchi en Christ, et en dehors de la loi en grâce. De même, en Christ, nous trouvons la même chose, à la fin de Romains 3. « Annulons-nous donc (la) loi par la foi ? Qu’ainsi n’advienne ! Au contraire, nous établissons (la) loi ». Comment est-elle maintenue ? La mort de Christ fut la sanction la plus forte et la plus divine que la loi ait jamais reçue. C’était la loi se saisissant de la caution, et recevant sa pleine exécution, dans la personne de Christ ; de sorte que son autorité, comme la foi le sait, a été parfaitement maintenue en Lui. Elle a été pleinement exécutée, et infiniment plus encore, dans la mort de Christ. Mais si vous appliquez ce passage pour prouver que la loi doit être imposée aux chrétiens comme leur règle de vie, la chose dénote autant d’ignorance que d’erreur. La loi est la règle de mort, et non de vie : et c’est ce que prouve l’expérience de Paul. « Pour moi, par (la) loi, je suis mort à (la) loi, afin que je vive à Dieu ». Comment vivait-il à Dieu ? Ce n’était pas dans cette vieille vie, à laquelle seule la loi s’applique, car il dit qu’il était crucifié avec Christ, qui avait souffert à sa place. Mais si Christ est mort, Il est ressuscité aussi, et ressuscité, afin que Paul vive — que moi je vive — à Dieu : non plus moi, il est vrai, « mais Christ vit en moi » — c’est une vie tout entièrement nouvelle. La loi touche à l’ancienne vie, et n’a aucune autorité au-delà de cette vie. Du moment que je crois, je vis ; et la vie, c’est Christ, et elle est fondée sur la croix. Et en outre, il dit : « Et ce que je vis maintenant en (la) chair, je le vis dans (la) foi, la (foi) du Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ». Sans doute j’ai ma vie naturelle ici-bas, mais celle dans laquelle je vis maintenant en la chair, je la vis dans la foi du Fils de Dieu. Le croyant vit donc, mais c’est en regardant, non pas à la loi, mais à Christ. Ainsi donc, il ne peut rien y avoir qui mette plus définitivement la loi de côté, en quelque manière et sous quelque forme que ce soit. Le croyant est introduit dans un état d’existence tout entièrement nouveau — une vie entretenue par le « Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ». C’est Christ, non seulement comme caractérisant la nouvelle créature, mais comme une personne, qui vit et qui aime, placée devant l’âme. C’est pourquoi il peut dire : « Je n’annule pas la grâce de Dieu ». Mais ceux-là l’annulaient, qui maintenaient la loi, en quelque façon que ce soit, dans la pensée que la justice vient par elle. « Car si la justice est par (la) loi, Christ est donc mort pour rien ». L’effet de la loi, même sur le croyant, c’est qu’il ne s’élève jamais par sa propre confession au-dessus des sentiments et des expériences d’un pécheur. Il est toujours dans cette condition — s’écriant toujours : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? ». Tandis que, lorsqu’il entre dans la place glorieuse qu’il a en Christ, il est rendu capable de dire : « La loi de l’Esprit de vie dans (le) Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ». Il devrait dire : Oh ! que je suis heureux ! Christ m’a délivré ! « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans (le) Christ Jésus ». Telle est la place, la vraie place, la place assurée du chrétien. En vérité, dans un tel cas, Christ n’est pas mort pour rien.