Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Galates/Partie 1

De mipe
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Chapitre 1

J’espère qu’il me sera donné de montrer, en examinant l’épître aux Galates, que cette portion de la Parole est conçue (et il en est nécessairement ainsi d’une révélation venant de Dieu) avec la même perfection de sagesse que nous avons eu occasion de remarquer dans d’autres livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ; qu’elle est empreinte de la même évidence d’un but divin ; et que le Saint Esprit, ayant un objet spécial, subordonne tous les détails à la grande pensée et à la grande tâche qu’Il a en main.

Or, il est clair, même d’après un coup d’œil rapide, que l’objet de l’épître n’était pas tant de proclamer la vérité de la justification par la foi en contraste avec des œuvres de loi, que de la défendre contre les efforts de l’ennemi qui cherchait à l’ensevelir sous des ordonnances et sous une autorité humaine ; en d’autres termes, elle est l’antidote contre le poison judaïsant de plusieurs, qui faisaient profession du nom du Seigneur.

Dans l’épître aux Romains, il s’agit plutôt de publier des vérités positives ; dans celle aux Galates, de recouvrer la vérité après qu’elle a été enseignée et reçue, lorsque l’ennemi cherchait à l’absorber en introduisant la loi comme étant conjointement un moyen de justification. Le Saint Esprit, par l’apôtre Paul, s’applique à mettre entièrement à néant toute cette force de Satan ; et c’est là ce qui donne un ton particulier à cette épître.

Comme de coutume, les quelques versets du commencement portent l’empreinte de l’épître entière, et montrent ce que le Saint Esprit allait faire ressortir dans chacune de ses parties. Nous trouvons, naturellement, le choix d’expressions le plus parfait ; tous les points étrangers au sujet sont évités, de manière à révéler dans un cadre limité la pensée de Dieu quant à l’état des choses parmi les églises dans la Galatie. C’est ce qui explique la froideur comparative du ton de l’épître — la réserve, pouvons-nous dire, avec laquelle l’apôtre leur parle. Je crois que la chose est sans exemple dans aucune autre partie du Nouveau Testament. Et voici quelle en était la raison : le mauvais état dans lequel les Galates étaient tombés, ne provenait pas tant de leur ignorance que d’un manque de fidélité. Or, cela fait une grande différence. Dieu montre une très grande patience envers un simple manque de lumière ; mais Il ne souffre pas que Ses saints agissent légèrement à l’égard de la lumière qu’Il leur a donnée. L’apôtre était pénétré de la pensée de Dieu ; et il nous l’a donnée dans une forme écrite, sans le moindre mélange d’erreur humaine. Il nous a donné non seulement la pensée, mais les sentiments de Dieu. Or l’homme réserve sa censure amère pour ce qui est immoral — pour un homme coupable de friponnerie ou d’ivrognerie, ou de quelqu’autre chose grossière : toute personne d’une vie régulière serait sensible à ces choses. Mais ces mêmes personnes, qui sont vivement émues par le scandale moral, peuvent être indifférentes à un mal qui est mille fois pire aux yeux de Dieu. La plupart des gens sont sûrs de sentir l’immoralité, en partie parce que cela les touche eux-mêmes ; tandis que dans ce qui touche le Seigneur, ils ont toujours besoin d’être fortement exhortés, et d’avoir la lumière de Dieu présentée de manière à porter dans toute sa force sur le mal. Satan n’est pas disposé à présenter l’erreur nue et sans déguisement ; mais il l’orne généralement d’une mesure plus ou moins grande de vérité, ayant de l’attrait pour l’esprit. C’est ainsi qu’il séduit les personnes et les amène à refuser ce qui est bon et à choisir ce qui est mal.

Nous apprenons de Dieu ce que nous devrions sentir à l’égard de mauvaises doctrines. Prenez l’épître aux Galates, comme comparée à celle aux Corinthiens, pour preuve de ce que j’affirme ici. Si vous étiez entré dans une réunion à Corinthe, vous y auriez vu une foule de gens, bien fiers de leurs dons. Ils étaient charnels, faisant étalage de la puissance dont l’Esprit de Dieu avait scellé ces dons. Car on peut avoir un don réel de Dieu employé d’une manière très charnelle. À Corinthe, il y avait aussi beaucoup de choses qui étaient ouvertement scandaleuses. Dans les premiers temps du christianisme, c’était la coutume d’avoir ce qu’on appelle une agape, qui était réellement un repas, ou un souper, pris en commun, après que les hommes avaient fini leur ouvrage, ou avant leur ouvrage, lorsqu’ils pouvaient se réunir. À Corinthe, et ailleurs peut-être, ils associaient ce repas d’amour à la cène du Seigneur. Or on peut bien comprendre qu’ils pouvaient aisément se trouver excités : car il faut nous rappeler que ces croyants ne faisaient que de sortir des corruptions et des ténèbres du paganisme. L’ivrognerie était très commune parmi les païens : ils se faisaient même un point d’honneur de s’enivrer en l’honneur de leurs dieux. Ces saints de Corinthe ne doivent pas être jugés d’après la lumière que les personnes ont reçue depuis ; et même, c’est en grande partie par les fautes des premiers chrétiens, que nous avons appris ce qu’est la moralité chrétienne ou ce qu’elle devrait être. Ils étaient comme des petits enfants sortant des mains de leur nourrice, et leurs pas étaient faibles et chancelants. Il y avait trop souvent des ébullitions de la nature qui se montraient parmi eux comme parmi les païens. Il y avait, en outre, des partis parmi les saints. Les uns se rangeaient sous une bannière, et les autres sous une autre. Ils avaient leurs divers favoris qu’ils suivaient. D’autres même étaient tombés dans le mal le plus notoire, et d’autres encore se levaient pour défendre leurs droits, et avaient des procès entre eux. Il y avait en toute manière du relâchement dans leur marche. Toutes ces choses se manifestaient parmi eux. L’ordre moral des choses était bien bas. Si nous n’avions pas ce qu’un apôtre a écrit à de telles gens, nous aurions pu regarder comme une chose impossible qu’ils fussent en aucune façon des chrétiens. Mais, au contraire, quoique dans toute cette épître, on trouve le ton de sainteté le plus élevé, et la plus solennelle condamnation de leur péché, l’apôtre commence néanmoins d’une manière qui est d’autant plus frappante, que l’on y pense davantage et qu’on se rappelle l’état des croyants de Corinthe. Il commence par leur dire qu’ils étaient « sanctifiés dans le Christ Jésus », et « saints appelés ». Il leur parle aussi de la fidélité de Dieu, par lequel ils avaient été « appelés à la communion de son Fils, Jésus Christ notre Seigneur ». Quel contraste avec l’impulsion naturelle de notre esprit ! Nous aurions pu être disposés à douter qu’il pût y en avoir parmi eux de convertis, sinon un bien petit nombre.

Maintenant, d’où vient que Paul se sert d’expressions si fortes d’affection avec les Corinthiens parmi lesquels il y avait un tel désordre, tandis qu’on n’en trouve aucune dans ce qu’il écrit aux Galates ? Écrivant aux premiers, il les appelle « l’assemblée de Dieu ». « Paul, apôtre appelé de Jésus Christ… à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe, (aux) sanctifiés dans (le) Christ Jésus, saints appelés… Je rends grâces en tout temps à mon Dieu pour vous, à cause de la grâce de Dieu qui vous a été donnée dans (le) Christ Jésus, de ce qu’en toutes choses vous avez été enrichis en lui en toute parole et toute connaissance…, de sorte que vous ne manquez d’aucun don pendant que vous attendez la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ ». Puis il aborde la question de ce qui était mal, et il continue d’en parler dans toute l’épître. En écrivant aux Galates, au contraire, il dit : « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par le moyen de l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité des morts, et tous les frères qui sont avec moi, aux assemblées de la Galatie : Grâce et paix vous soient de la part de Dieu (le) Père, et de notre Seigneur Jésus Christ ». Pas un mot qui les mentionne comme étant en Christ ou en Dieu le Père ! Pas un mot qui les mentionne comme étant des saints en Christ Jésus et des frères fidèles. Il dit tout simplement le moins qu’il soit rigoureusement possible de dire à l’égard de chrétiens collectivement ici-bas. Il parle d’eux comme des « assemblées de la Galatie », il ne les associe pas à d’autres ; mais il les met, pour ainsi dire, tout seuls, comme étant méchants. D’un autre côté, l’apôtre a soin de dire : « Tous les frères qui sont avec moi aux assemblées de la Galatie ». S’il ne parle pas des saints en général, il parle universellement des frères qui étaient alors avec lui, de ses compagnons de service, qu’il associe à lui-même en écrivant aux Galates. Il avait une raison pour le faire. Il n’était pas seul dans son témoignage, quelles que pussent être les insinuations des faux docteurs. Tous les frères qui étaient avec lui, s’identifiaient, pour ainsi dire, avec ce qu’il écrivait alors.

En considérant la manière dont il parle de lui-même, nous y trouvons quelque chose de bien remarquable. « Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par le moyen de l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts », etc. Il commence aussitôt sa controverse. Les premières paroles mêmes sont un coup porté à la racine de leurs notions judaïques. Ils blâmaient l’apôtre parce qu’il n’avait pas été avec le Seigneur Jésus, lorsqu’Il était sur la terre. Quelle est la réponse de Paul ? J’accepte, dit-il, ce que vous m’adressez comme un reproche, je ne suis pas apôtre de la part des hommes, ni par le moyen de l’homme. Il exclut complètement et en toute manière un acte quelconque de la part de l’homme pour nommer ou reconnaître. Son apostolat n’était en aucune façon « de la part des hommes », quant à sa source, « ni par le moyen de l’homme » comme intermédiaire. Rien n’aurait été plus aisé pour Dieu de convertir Paul à Jérusalem : c’est là qu’il avait été élevé aux pieds de Gamaliel ; c’est là qu’avait d’abord éclaté sa violence contre les chrétiens. Mais quand Dieu le rencontra, il était loin de Jérusalem, poursuivant son ardente persécution contre les saints ; et là, aux environs de Damas, en plein jour, le Seigneur, depuis le ciel, invisible pour les autres, se révèle à Saul de Tarse, qui demeure frappé d’aveuglement. Il n’était pas seulement un saint appelé, mais un apôtre appelé ; « apôtre, non de la part des hommes, ni par le moyen de l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’avait ressuscité d’entre les morts ». Et, pour rendre la chose plus frappante encore, quand il fut baptisé, quel est celui que le Seigneur choisit, pour en faire l’instrument de son baptême ? Un disciple dont il ne nous est parlé que cette seule fois, comme d’un homme âgé et pieux, qui résidait à Damas. Dieu mit un soin particulier à montrer que l’apôtre, appelé à une position éminemment importante — la plus importante fonction qu’ait jamais occupée aucun homme appelé à servir le Seigneur Jésus Christ dans l’évangile — de montrer, dis-je, que Paul avait été ainsi appelé sans l’intervention de l’homme, sans l’autorisation de l’homme, et sans être formellement reconnu par l’homme, en quelque manière ou sous quelque forme que ce soit. Son baptême n’avait rien à faire avec sa qualité d’apôtre. Chaque croyant est baptisé comme chrétien, jamais comme apôtre. Paul s’en alla aussitôt en Arabie ; il y prêche l’évangile, et Dieu le reconnaît aussitôt comme serviteur de Christ dans l’évangile, sans aucune intervention humaine. Tel est, en réalité, le vrai principe du ministère, pleinement mis en relief, dans l’appel et l’œuvre de Saul de Tarse, désormais l’esclave de Jésus.

Il y a néanmoins des personnes qui pourront objecter qu’il est expressément parlé dans le Nouveau Testament de ceux qui ont été mis à part par des hommes, et qui ont reçu l’imposition des mains. Nous le reconnaissons pleinement. Mais dans certains cas, il s’agit d’une personne qui s’est déjà montrée qualifiée pour l’œuvre, puis mise à part d’une manière formelle par l’autorité apostolique pour une charge locale, et revêtue d’une certaine dignité aux yeux des saints, peut-être parce qu’il n’y avait pas beaucoup en fait de don. Car il faut remarquer qu’il n’est pas dit de l’ancien qu’il soit un « docteur », mais simplement « propre à enseigner ». La charge extérieure n’est pas nécessaire, lorsque la puissance existe à un haut degré. La puissance se fait sentir. Les saints de Dieu seront toujours à la longue obligés de la reconnaître. Dès lors, quand un homme a reçu un don du Seigneur, il devrait être le dernier à avoir de l’anxiété à ce sujet pour ce qui le touche lui-même. Dieu sait comment faire respecter le don, si les hommes manquent de voir ou d’entendre. Mais lorsqu’il y a des hommes qui ont des qualités graves et pieuses, sans une puissance qui soit évidente pour tous, ils ont besoin d’être investis d’autorité, s’ils doivent avoir du poids auprès de gens qui manquent de spiritualité. C’est pour cela, il semble, que nous voyons un apôtre, ou un délégué apostolique, faire une tournée, prendre la direction en gouvernant, nommer à des charges, donner des conseils, là où il y avait du mal parmi les saints ou quelque chose qui manquait.

Le fait est que l’on confond la charge d’ancien avec le ministère. Les anciens étaient établis par ceux qui tenaient eux-mêmes directement de Christ une autorité supérieure, mais il n’y eut jamais une telle chose que de consacrer un homme pour prêcher l’évangile. Dans l’Écriture, c’est le Seigneur, et le Seigneur seul, qui appelle les hommes à prêcher. Il n’y a pas, dans tout le Nouveau Testament, un seul exemple du contraire. C’est un désordre positif et une chose positivement contraire à la Parole de Dieu, qu’un homme recherche une commission humaine, afin de prêcher l’évangile, ou pour prendre la place d’un docteur en relation avec les assemblées chrétiennes. Dans les temps apostoliques, il n’y eut jamais une telle chose, qu’un homme établi pour être docteur, pas plus que pour être prophète. Mais parmi les anciens, il pouvait y en avoir qui fussent évangélistes, docteurs, etc. C’est pourquoi il est dit : « Que les anciens qui président dûment soient estimés dignes d’un double honneur, spécialement ceux qui travaillent dans la parole et dans l’enseignement ». Les πρεσβυτεροι, ou anciens, dont l’affaire était de présider, quand même ils n’étaient pas docteurs, étaient en danger d’être méprisés. Mais ils doivent être « estimés dignes d’un double honneur », s’ils présidaient dûment. Ils devaient être honorés comme une classe de personnes, et « spécialement ceux qui travaillent dans la parole et dans l’enseignement ». Plusieurs d’entre eux, outre qu’ils étaient anciens, pouvaient aussi être docteurs, et ceux-là auraient encore un surcroît de droit à l’estime des saints. Je ne désire nullement mettre de côté le fait, qu’il y avait des personnes mises à part par l’homme ; mais ce que je nie, c’est que tel fût le cas dans les classes ordinaires de ministère — pasteurs, docteurs, etc. Ceux-ci ne furent jamais établis par l’homme, en quelque manière que ce soit. Le corps entier de ceux qui sont ministres selon la Parole, est entièrement indépendant de la consécration. Le choix de l’assemblée trouvait sa place dans le cas des diacres, qui avaient soin des choses extérieures : ils étaient établis par la sanction apostolique — du moins, c’est ce qui fut mis en pratique en établissant les sept hommes sur l’affaire des tables à Jérusalem. Il en est de même encore à l’égard des administrateurs de la libéralité des assemblées d’entre les nations, dont il est parlé dans 2 Corinthiens 8, 19 à 23. Ils furent choisis pour cette œuvre par les diverses assemblées dont les contributions leur furent confiées. Les anciens étaient appelés plutôt à prendre la direction et à gouverner dans les diverses localités, quoiqu’il ne soit jamais donné à entendre qu’ils fussent élus par l’assemblée. Néanmoins, ils étaient formellement choisis par des apôtres ou des délégués apostoliques ; et le poids de ceux qui les choisissaient était sans doute destiné à leur donner une juste importance dans l’esprit des saints généralement.

Le cas de Timothée est sans doute particulier. Il avait été désigné par prophétie pour une certaine œuvre bien spéciale — celle de maintenir la saine doctrine. Puis l’apôtre et le corps des anciens lui imposèrent les mains ; et par là, un don spirituel lui fut communiqué, qu’il ne possédait pas auparavant. Il est évident qu’il n’y a aujourd’hui aucun homme vivant, qui ait été doué d’une telle manière et appelé à une telle œuvre.

On pourrait dire que, dans le cas de Paul, l’imposition des mains eut lieu, comme nous le lisons dans Actes 13. Qu’est-ce que cela montre ? Non pas, certainement, qu’il était un apôtre choisi par l’homme, car le Saint Esprit déclare ici qu’il était apôtre, non de la part des hommes, ni par le moyen de l’homme. Ce qui eut lieu à Antioche ne fut, dans aucun sens, une consécration de Paul pour être apôtre. Il est évident, d’après bien des portions de l’Écriture, que depuis bien des années avant qu’on lui eût imposé les mains, il avait été occupé à prêcher, et qu’il était l’un de ceux qui étaient des prophètes et des docteurs reconnus à Antioche (Act. 13, 1). Je crois que le point était alors de mettre à part Paul et Barnabas pour la mission spéciale pour laquelle ils étaient sur le point de partir — pour planter l’évangile dans de nouvelles contrées. Assurément, quand le Saint Esprit dit : « Mettez-moi à part Barnabas et Paul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés », cela ne signifie pas que, jusque-là, ils avaient été occupés, soit l’un, soit l’autre, à prêcher de leur propre volonté, sans l’autorité du Seigneur ; et, encore moins, que le grand apôtre des nations fut alors constitué tel par ses inférieurs. C’était donc, purement et simplement, une recommandation à la grâce de Dieu, pour la nouvelle œuvre dans laquelle ils allaient entrer. Quelque chose de semblable pourrait encore se faire de nos jours. Supposons qu’un homme, qui aurait déjà été occupé à prêcher l’évangile en Angleterre, se sentît pressé dans son cœur d’aller visiter les États-Unis d’Amérique, et que ses frères sentissent qu’il était justement l’homme pour cette œuvre, ceux-ci pourraient, afin de montrer leur concours et leur sympathie, se réunir, avec prière et jeûne, pour imposer leurs mains sur le frère qui allait s’y rendre. La chose, selon moi, serait tout à fait scripturaire. C’est ce qu’on a fait dans de tels cas. Mais ce n’est pas la consécration, c’est uniquement la recommandation à la grâce de Dieu, de personnes déjà douées pour l’œuvre qui ont quelque sentier nouveau tracé devant elles.

Mais voici ce que je regarde comme antiscripturaire, et même comme un péché positif, c’est d’insister sur une certaine cérémonie, par laquelle un homme est obligé de passer, avant d’être reconnu comme étant, à proprement parler, un ministre de Christ. Quelque générale que soit la chose, c’est une imposture traditionnelle, sans un seul lambeau de l’Écriture pour la couvrir. C’est uniquement quelque chose que l’homme a introduit, fondé principalement sur la sacrificature judaïque. Si quelqu’un appartenait à la famille sacerdotale, il ne pouvait entrer dans ses fonctions sacerdotales avant d’avoir passé par un bon nombre de cérémonies. C’est ce que les catholiques romains, plus que tous les autres, ont imité dans la mesure qui leur est propre. Mais la chose étonnante, c’est que des hommes, qui, dans leur langage, s’élèvent contre le papisme, ont continué à en imiter une des plus mauvaises parties ; car je crois que c’est dans cette chose même que le Saint Esprit est le plus attristé. L’effet de cela, c’est d’accréditer un bon nombre d’hommes qui ne sont pas ministres de Christ, et de décréditer un bon nombre d’hommes qui sont ses ministres, parce qu’ils ne passent pas par cette innovation particulière. Cela a pour effet de faire tout le mal possible, et d’empêcher tout le bien possible. C’est là un mal qui découle du cœur même du judaïsme, et on ne peut concevoir de plus grand obstacle à l’action du Saint Esprit dans l’assemblée dans le temps présent ou à quelque époque que ce soit. Il en est qui pourront prendre un air grave en entendant ces remarques, et dire qu’il n’est pas charitable de parler ainsi ; mais de telles personnes ne savent pas ce que charité veut dire. Elles la confondent avec l’indifférence. Et l’indifférence est la mort de la charité. Si vous voyiez votre enfant avec ses mains sur des charbons ardents, vous ne vous abstiendriez pas du cri le plus fervent, ni d’aucun autre moyen énergique de le délivrer, parce que certaines personnes vous diraient qu’il ne convient pas au chrétien d’élever la voix ou d’employer la vive force. Il en est ainsi du sujet même qui nous occupe : il y a ce qui se lie à la bénédiction de l’Assemblée d’une part, et à la malédiction de la chrétienté de l’autre. Que d’horreurs en sont sorties ! Le pape lui-même en est un produit : car si vous avez des sacrificateurs, il vous faut naturellement un souverain sacrificateur ; si vous avez les fils d’Aaron, vous avez besoin qu’Aaron aussi soit représenté. Le pape fut établi sur ce fondement même, et le système entier du papisme en dépend. Hélas ! c’est un démon que le protestantisme lui-même n’a pas réussi à exorciser.

« Paul, apôtre, non de la part des hommes, ni par le moyen de l’homme » ; cela exclut entièrement l’homme, soit comme étant la source de son ministère, soit comme étant d’une manière ou d’une autre l’intermédiaire qui s’y rattache. La grande chose que nous avons à nous rappeler quant au ministère, c’est que sa source est dans les mains de Christ ; comme Paul le dit ici : « par Jésus Christ ». Il ne dit pas : « de la part de Jésus Christ ». Je regarde l’expression : « par Jésus Christ », dans cette connexion spéciale, comme beaucoup plus forte, et par cette raison, c’est que les docteurs qui judaïsaient, auraient dit : Nous accordons pleinement que c’est de la part de Jésus Christ, mais il faut que la chose ait lieu par ceux qui furent choisis et établis par le Seigneur Lui-même lorsqu’Il était sur la terre ; il faut que les apôtres soient le canal. Dieu portait un coup de mort à l’idée de succession apostolique. Dans Sa grande bonté, Il excluait, pour tout homme spirituel, tout prétexte pour un pareil mal. Les Galates étaient probablement troublés et dans la perplexité, de ce que, de son propre aveu, Paul était un apôtre entièrement en dehors des douze autres. Pourquoi n’avaient-ils pas tous jeté le sort à l’égard de Paul, si Paul devait être l’un des apôtres dans le sens le plus élevé ? C’est à cela qu’il répond ici. Il lie son apostolat avec Dieu et notre Seigneur, non seulement quant à sa source, mais encore quant au moyen — « par Jésus Christ, et Dieu le Père qui l’a ressuscité d’entre les morts ». Voici encore un autre coup porté aux successionistes. Ils avaient établi un contraste entre Paul et les douze autres apôtres, au désavantage de Paul. Mais l’apôtre montre que, s’il y avait une différence entre lui et eux, c’est qu’il était apôtre par Celui qui avait ressuscité Christ d’entre les morts. Les autres n’avaient été appelés qu’au moment où notre Seigneur était ici-bas sur la terre, prenant Sa place comme homme ici-bas. Paul fut appelé par Jésus Christ ressuscité d’entre les morts. Il y avait une plus grande puissance, une plus grande gloire, une plus grande distinction, en tant qu’il en existait, dans le cas de l’appel de Paul pour être apôtre, que dans celui d’aucun des autres. L’apôtre met en déroute toutes leurs théories, et introduit ce qui était spécialement sa propre place, avec beaucoup de force. Paul est le patron des vrais ministres, même jusqu’à nos jours. En parlant du ministère, il aime à se placer sur ce terrain, le terrain sur lequel reposait son propre appel. Lorsqu’il est question de sa prédication, il dit : « nous croyons, c’est pourquoi aussi nous parlons » (2 Cor. 4). Il prend la chose sur la base la plus simple et la meilleure, savoir, si un homme connaît la vérité, qu’il en parle. Il n’y avait pas besoin d’attendre aucune chose. C’est dans ce but que le Seigneur agit dans l’assemblée. D’après cela, quand il parle de dons relatifs au ministère, dans l’épître aux Éphésiens, où la chose nous est présentée dans les formes les plus élevées qu’il est possible, sur quoi les fonde-t-il ? Sur Christ monté en haut, « et donnant » des dons aux hommes : « Et lui a donné les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les autres pasteurs et docteurs, en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’(état) d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ». Le ministère tout entier, depuis ses fonctions les plus élevées jusqu’aux plus basses, est posé sur le même principe. Si on insiste en disant : Tout ce que vous avez dit à l’égard de Paul est très bien, mais cela ne s’applique pas aux ministres ordinaires, je réponds que cela s’applique ; parce que le Saint Esprit nous enseigne, par le moyen de l’apôtre Paul, que, lorsque, depuis les apôtres et prophètes, vous descendez aux pasteurs, docteurs ou évangélistes, ils sont tous placés sur cette seule et même base ; ils sont tous des dons venant du même Seigneur, sans l’intervention de l’homme, de quelque manière ou à quelque degré que ce soit.

Mais alors, il en est qui diront : Que direz-vous à l’égard des anciens ? Ici, vous avez tort : vous ne les avez pas. Je réponds : Nous n’avons pas des anciens d’une manière formelle, parce que nous n’avons pas d’apôtres, et que nous ne sommes pas des apôtres. Il est clair qu’en cela, pour dire le moins, nous ne sommes pas plus mal partagés que tout ce qu’on appelle église ou secte ; car il n’en est pas une, que je sache, qui ait des apôtres. En sorte que la véritable différence entre ceux qui se réunissent autour du nom du Seigneur Jésus Christ, et d’autres, c’est que nous ne prétendons pas avoir ce que nous n’avons pas, tandis que ceux-là le font qui prétendent établir. Vous ne pouvez avoir des anciens établis, sans apôtres ; nous pouvons pourtant avoir certaines personnes qui possèdent les qualités propres aux anciens, et de telles personnes doivent être reconnues ; mais imiter l’établissement des anciens (πρεσβυτεροι), maintenant qu’il n’existe plus d’apôtres, c’est pécher. Ceci peut suffire sur le sujet du ministère.

Et que faisaient donc alors ces Galates ? Dans quel but imposaient-ils la loi à des chrétiens ? Si le Seigneur s’est déjà « donné lui-même pour nos péchés », et a réglé cette question-là, supposer qu’Il s’est « donné lui-même pour nos péchés », et que néanmoins les péchés ne sont pas effacés, c’est nier l’efficace de Son œuvre, sinon la gloire de Sa personne. Il leur montre la vérité élémentaire même de l’évangile, savoir, que Christ « s’est donné lui-même pour nos péchés ». En sorte qu’il ne s’agit pas du tout de l’homme, comme cherchant à acquérir une certaine justice, mais de Christ, qui « s’est donné lui-même pour nos péchés », alors que nous n’avions rien, sinon des péchés. Et Il ne l’a pas fait dans le but de placer les personnes de nouveau sous la loi, et faire de la loi le patron qui leur fût propre, comme chrétiennes, mais Il « s’est donné lui-même pour nos péchés, afin qu’il nous retirât du présent siècle mauvais ». Quel est l’effet produit, lorsque les hommes prennent la loi pour leur règle comme chrétiens ? Cela les rend mondains. Il n’y a point d’exception. Il ne saurait y avoir une telle chose qu’un homme séparé du monde, lorsqu’il est sous la loi. Nous ne sommes « pas dans (la) chair, mais dans (l’)Esprit ». Tel est le patron de tout croyant : non pas de quelques croyants en particulier, mais de tous. Nous ne sommes « pas dans la chair ». Il y a ce qui est de la chair en nous, mais nous ne sommes « pas dans la chair ». Ce que l’apôtre veut dire là, c’est que Dieu ne nous regarde plus comme de simples hommes mortels, chargés de nos péchés, et ne nous traite pas comme tels ; mais Dieu nous regarde d’après ce qu’est Christ, en qui il n’y a point de péché ; et si nous considérons notre état comme chrétiens, il n’y en a point en nous ; car notre nature a déjà été condamnée en la croix, et l’intention de Dieu n’est pas de prononcer deux fois la sentence sur elle. Ce que nous avons à faire maintenant, c’est de vivre de Christ, d’entrer dans la bénédiction de cette vérité — Il « s’est donné lui-même pour nos péchés, afin qu’il nous retirât du présent siècle mauvais ». La loi s’adressait à des citoyens de ce monde. Christ « s’est donné lui-même pour nos péchés, afin qu’il nous » rachetât — ou retirât du monde, même pendant que nous sommes dans ce monde. « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde ». Nous sommes regardés comme séparés du monde par la mort de Christ, et envoyés dans ce monde par Sa résurrection, mais envoyés dans le monde comme n’étant pas du monde — même encore moins de ce monde qu’un ange. La mort de Christ nous place complètement en dehors du monde. La résurrection de Christ nous y envoie de nouveau, comme de nouvelles créatures, messagers de la paix qu’Il donne, entièrement à part de ce qui se passe dans le monde. Notre Seigneur dit : « Et je ne suis plus au monde, mais ceux-ci sont au monde… ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis du monde… Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde ». Il donne la même mesure et pour Lui et pour eux ; et, en conséquence, après qu’Il fut ressuscité d’entre les morts, Il dit : « comme mon Père m’a envoyé, ainsi moi je vous envoie ».

L’apôtre se place avec eux devant Christ, « qui s’est donné lui-même pour nos péchés ». C’est la bénédiction commune de tous les croyants, « afin qu’il nous retirât du présent siècle mauvais », selon la volonté de notre Dieu et Père. La chose remarquable, c’est que, quand Dieu se révèle comme Celui qui donne la loi — comme Jéhovah — Il n’entreprend pas de séparer des hommes du monde. On ne pourrait pas dire que les Juifs étaient séparés du monde. Ils étaient séparés des nations, mais ils étaient le peuple le plus important dans le monde ; et ils furent faits tels, dans le but de maintenir les droits de Dieu dans le monde. Ils ne furent point appelés à être en dehors du monde, mais comme un peuple dans le monde. En conséquence, les Juifs eurent à combattre les Cananéens ; et c’est pour cela aussi qu’ils avaient un temple magnifique. Parce qu’ils étaient un peuple qui était du monde, ils avaient un « sanctuaire terrestre » (littéralement : « mondain »). Mais tout cela est entièrement mal pour des chrétiens, parce que Christ « s’est donné lui-même pour nos péchés, afin qu’il nous retirât du présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père ». Lorsque Dieu fait connaître Sa volonté, qu’Il ne donne plus seulement Sa loi, mais qu’Il se révèle comme « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ », qui a été donné, afin qu’Il mourût pour nos péchés, il en résulte un état de choses totalement différent. Nous entrons dans la relation d’enfants avec Dieu notre Père — d’enfants ayant la conscience de leur relation ; et notre affaire maintenant, c’est d’honorer Christ, selon la position qu’Il a prise à la droite de Dieu. On oublie que Christ « s’est donné lui-même pour nos péchés, afin qu’il nous retirât du présent siècle mauvais ». On s’enfonce dans le monde, dont l’effet de la rédemption aurait dû être de les délivrer ; et cela vient de ce qu’on s’est placé sous la loi. Si j’ai affaire à la volonté de Dieu mon Père, mon privilège est de souffrir comme Christ a souffert. La loi met une épée dans les mains de l’homme, tandis que la volonté de Dieu fait que le chrétien est content d’aller au bûcher, ou de souffrir par l’épée à cause de Christ : « Ainsi qu’il est écrit : Nous sommes livrés à la mort pour l’amour de toi, tout le jour, et nous avons été estimés comme des brebis de la boucherie. Au contraire, en toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés », mais c’est par les souffrances, et non par les choses dans lesquelles le monde se glorifie. Dieu glorifie Christ maintenant, d’après le modèle de la croix, et c’est là notre modèle ; ce n’est pas Israël, ce n’est pas la loi ; mais c’est la croix de Christ. Et maintenant, voici, pour ainsi dire, le langage de Dieu : J’ai Christ dans le ciel ; je suis occupé de Celui qui seul m’ait jamais glorifié, et c’est Celui dont vous devez être occupés.

Rien ne saurait offrir plus d’exactitude, ni de plénitude ; rien qui soit plus de nature à faire face à ces dangers de nos jours, qui revêtent cette forme, de faire revivre le principe de la succession, et les ordonnances religieuses, comme un moyen d’honorer Dieu. L’Écriture fait face à tous les cas, et un remède est donné pour chaque cas dans la Parole bénie de Dieu. Notre sagesse consiste à chercher à l’employer toute, à être « simples quant au mal », et « sages quant au bien ».

Il y a un ton remarquablement brusque dans la manière dont l’apôtre aborde immédiatement son sujet. Il venait de leur rappeler que le Seigneur s’était donné Lui-même pour nos péchés, afin qu’Il nous retirât du présent siècle mauvais ; et ceci avait amené quelques paroles d’actions de grâces à Dieu, « auquel soit gloire aux siècles des siècles. Amen ! ». Mais maintenant, il en vient aussitôt au grand objet qu’il prenait en main. Son cœur en était trop plein, pour ainsi dire, pour qu’il employât plus de paroles que n’en demandait la nécessité présente. Il y avait ce qui était tellement fatal aux fondements sur lesquels l’Assemblée, ou plutôt les chrétiens individuellement, doivent être placés devant Dieu, qu’il ne pouvait plus tarder. « Je m’étonne de ce que vous ayez si promptement passé de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, à un évangile différent ». Les paroles : « Si promptement passé », me paraissent être une expression un peu plus forte que celle dont l’Esprit de Dieu se sert. Cette dernière signifie : en voie de passer. Ils changeaient de place et s’éloignaient de Celui qui les avait « appelés par la grâce de Christ ». Le mal et le danger n’étaient pas encore une chose tellement déterminée, qu’il ne pût plus regarder à Dieu à leur sujet. Quand nous pensons que c’était l’apôtre Paul qui avait évangélisé ces âmes, et qu’il n’y avait que peu de temps depuis qu’il leur avait prêché, je ne connais pas de plus triste preuve de la facilité avec laquelle Satan trouve moyen d’égarer les âmes. Prenez même les enfants de Dieu qui ont reçu les meilleurs enseignements, et vous verrez pourtant les symptômes, qui ne manquent presque jamais de se montrer, les symptômes d’un penchant à ce qui est faible et mal, une promptitude à suivre des sentiments humains dans les choses de Dieu, détournés de la vérité par l’apparence, là où il n’y a point de réalité. Voilà les choses que vous trouverez, à moins qu’il n’y ait une puissance extraordinaire du Saint Esprit pour arrêter les opérations de Satan. Les choses sans valeur qui peuvent être introduites avec le fondement, dont l’apôtre parle dans 1 Corinthiens 3 — « du bois, du foin, du chaume » — tout cela nous montre comment il peut arriver que, quoique ce soit Dieu qui a formé l’Assemblée, toutefois il y a un autre aspect de l’assemblée dont il faut tenir compte, et c’est celui de l’homme. Paul parle de lui-même comme d’un « sage architecte ». Sous un point de vue, c’est Dieu qui bâtit l’Assemblée ; et en cela rien ne peut faillir. Ce que le Seigneur a pris en main directement, Il le maintient infailliblement par Sa propre puissance. Mais la responsabilité humaine entre dans cette grande œuvre, comme elle le fait dans presque toutes choses, sauf la création et la rédemption, où il ne peut y avoir de place que pour Dieu. Mais en toute autre chose, quelque bénie qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’appel des âmes à l’évangile, ou de les diriger après qu’elles ont connu le Seigneur, ou du rassemblement des enfants de Dieu en un seul corps — l’Église, l’homme y a sa part ; et il n’y apporte que trop certainement la faiblesse de sa nature. L’histoire que Dieu nous donne dans la Bible, c’est, que dans tout ce qu’Il a confié aux mains de l’homme, l’homme y est faible et tombe. « Je m’étonne de ce que vous ayez si promptement passé de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, à un évangile différent ». Or, après tout, ce n’est là que l’histoire, non seulement de l’Ancien Testament et des différentes voies dans lesquelles Dieu a éprouvé l’homme ; mais même là où vous avez le sujet infiniment plus béni du Nouveau Testament (ce que Dieu est en Son Fils et dans Ses voies avec les hommes par Son Fils, depuis que le Seigneur est monté au ciel, et que le Saint Esprit a été envoyé), même par rapport à ces choses, nous avons la faiblesse de l’homme qui se montre immanquablement. Et ce n’est pas seulement que des hommes inconvertis ont trouvé moyen de se glisser dans l’Église, mais les enfants de Dieu ont aussi la chair en eux. Ils ont leurs sentiments humains et leurs infirmités humaines ; ils ont ce que Satan peut trouver dans tout chrétien, et dont il peut se servir pour empêcher ou obscurcir la puissance de Dieu. C’était par de tels moyens que les saints de la Galatie avaient été égarés, et que tous sont en danger de l’être, à quelque moment que ce soit. Je retire de là deux importantes leçons. La première, c’est de ne pas être surpris, s’il y a un abandon de la vérité parmi les saints de Dieu. Je ne dois pas me permettre un seul instant de penser que cela montre la moindre faiblesse dans la vérité elle-même, ou dans le témoignage qui nous est confié, ni que cela jette un reproche sur ce qui est de Dieu, car il se peut que Dieu tolère ce qui est contraire à Sa propre nature, et permette pour un temps que l’homme montre ce qu’il est. Mais aussi sûr qu’il y a ce qui est selon Dieu, Dieu se justifiera Lui-même en cela, et Il permettra que ce qui n’est pas de Lui montre son vrai caractère. Mais une autre chose que nous apprenons, c’est que nous sommes appelés à veiller et à nous juger nous-mêmes. À ces mêmes Galates, qui, autrefois, étaient si zélés, qui auraient arraché leurs yeux dans leur amour pour Paul, cet apôtre lui-même a dû maintenant écrire : « Je m’étonne de ce que vous ayez si promptement passé de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ ». Remarquez le choix d’expressions : — « la grâce de Christ ». Parce que ce que Satan employait, c’était un mélange de la loi et de la grâce, de légalisme et de Christ. Ce qui avait caractérisé leur appel, c’était, simplement et uniquement, « la grâce de Christ ».

Dieu avait fait connaître aux Galates qu’ils étaient des pauvres pécheurs d’entre les nations, qu’il n’y avait rien pour eux sinon la miséricorde, et que la miséricorde était venue jusqu’à eux en la personne de Christ. Et si c’est là la seule chose à laquelle Il invite les âmes — à accepter la miséricorde qu’Il leur donne en Christ, cela suppose qu’elles sentent qu’elles ont besoin de miséricorde, et qu’elles sont contentes de regarder à Christ, et à nul autre. Mais il n’en demeure pas moins vrai que c’était uniquement la grâce de Christ qui avait agi sur ces croyants de la Galatie ; et c’est là ce qu’il leur rappelle. À quoi passaient-ils maintenant ? « À un évangile différent, qui n’en est pas un autre ». Dans la plupart des versions, il y a une sorte de paradoxe — « un autre évangile, qui n’est pas un autre ». Mais dans la langue dans laquelle le Saint Esprit écrivait, il y avait une richesse suffisante pour admettre une autre nuance d’expression. « Je m’étonne de ce que vous ayez si promptement passé de celui qui vous a appelés par la grâce de Christ, à un évangile différent, qui n’en est pas un autre ». Ainsi donc, la grâce de Christ était la source et la puissance de leur appel, l’évangile en était le moyen. Mais maintenant, ils avaient abandonné cet évangile pour quelque chose de différent. Remarquez qu’il ne dit pas : contraire à l’évangile, mais « un évangile différent », et pour cette raison même, il dit qu’il « n’en est pas un autre ». Il était indigne d’être appelé un autre évangile. Dieu n’en reconnaît qu’un seul. Il ne permet aucun compromis au sujet de l’évangile, et nous ne le devons pas non plus.

Cela peut paraître étrange à certaines personnes, et peut-être trop fort ; mais je suis complètement convaincu que le même mal, qui opérait alors parmi les Galates, est maintenant en activité universellement dans la chrétienté. Il peut prendre une forme quelque peu différente dans un lieu que dans un autre ; mais de quelque côté que vous vous tourniez, partout où vous voyez que l’on parle sur l’Écriture, ou que la possession extérieure du christianisme se présente sous la forme d’institutions chrétiennes, vous trouverez qu’on mêle, d’une manière ou d’une autre, la loi avec la grâce de Christ. Peu importe le nom donné aux gens, c’est la même chose partout. Il y a des différences de degré. Les uns sont plus ouverts ; d’autres plus intelligents, d’autres plus systématiques à cet égard ; mais le même poison, ici délayé, là concentré, se trouve partout, et à un tel point que la vérité sur ce sujet offre un son bien étrange aux oreilles des hommes. Comme preuve de cela, je prends une simple expression que nous rencontrerons dans les diverses épîtres de Paul — « la justice de Dieu », à l’égard de laquelle règnent les idées les plus erronées. On peut se réjouir en apprenant que des personnes prêchent Christ, ou même la loi, parce que Dieu se sert de la prédication de la loi pour convaincre bien des pécheurs. Toutefois nous ne devons pas supposer, parce que Dieu agit, même lorsque ce qu’on prêche est un évangile perverti, que les enfants de Dieu doivent traiter l’erreur légèrement. Une chose est de reconnaître que Dieu opère d’une manière souveraine ; mais autre chose est, quand la question pour nous est de savoir quel est Son véritable témoignage. Alors nous sommes tenus en conscience de ne jamais rien permettre, sinon la simple et pleine vérité de Dieu pour nos propres âmes. On ne devrait jamais écouter aucune chose, autre que cette vérité, et la vérité peut éviter d’entendre l’erreur. Je ne parle pas maintenant des méprises qu’on peut faire en prêchant. Une chose échappée ou dite par ignorance n’est pas une perversion de l’évangile. Une chose est d’écouter ce qui peut n’être qu’une méprise ; mais aller où l’on sait d’avance qu’il y a un mélange de la loi et de Christ, c’est pécher.

On pourra dire : C’est là un langage trop fort, que rien ne peut justifier. Mais, je le demande, est-ce que je vais m’ériger en juge du Saint Esprit ? Car il faut rappeler que ce que l’apôtre écrivait, il ne l’écrivait pas comme un simple homme, mais que c’était ce que le Saint Esprit écrivait pour notre instruction. Et voici ce qu’il nous dit : « Il y a des gens qui vous troublent et qui veulent renverser l’évangile du Christ. Mais quand nous-mêmes (vous évangéliserions), ou quand un ange du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème ». Qu’une personne impartiale pèse des paroles comme celles-ci, et qu’elle juge ensuite si, en aucune façon, je puis employer un langage qui insiste trop fortement sur le devoir d’une personne chrétienne par rapport à une perversion du témoignage de l’évangile. Car c’est là ce qui s’introduisait parmi les Galates.

Vous me direz peut-être qu’il y avait plus — que, chez eux, c’était le mélange de la loi cérémonielle avec la grâce, tandis qu’aujourd’hui c’est la loi morale que l’on maintient. Je ne puis dire qu’une chose, c’est que cela est encore pire, et plus mortel, parce que la loi cérémonielle peut être représentée comme typique de Christ ; mais la loi morale introduit, sous une forme ou une autre, ce que l’homme fait, tandis que la seule signification de toutes les formalités ou cérémonies judaïques est invariablement dans leur connexion avec Christ. Si je considère les institutions chrétiennes de nos jours, je dis qu’il n’y a aucune vertu dans l’eau du baptême, ni dans le pain ni dans le vin de la cène, sinon en la chose qu’ils représentent. Le fondement est ôté, dès que l’on introduit quelque chose, excepté Christ, pour justifier un homme ; et Christ doit m’être plus cher que toute autre chose — plus cher même que ces institutions. Être attaché à Christ, c’est la meilleure de toutes les preuves d’une âme sauvée. Mais je n’admets pas qu’il y ait un vif attachement pour Christ, quand une âme connaît Sa volonté en quelque chose, et que cette volonté n’est pas devenue pour elle de la toute première importance. Quand des saints de Dieu ont appris la vérité avec simplicité, et sont rendus capables de la retenir fermement, il vient un temps d’épreuve. Peut-être y a-t-il beaucoup de faiblesse et d’infidélité parmi ceux qui possèdent la vérité, et les gens disent : Je ne vois pas que ceux qui possèdent cette vérité valent beaucoup mieux que leurs voisins ; mais il y a cette différence entre la faiblesse de la conduite de ceux qui possèdent la vérité, et l’état de ceux qui ne la possèdent pas — c’est qu’on peut y remédier, tandis qu’il est impossible de changer le mensonge en vérité. Il n’est aucune puissance sur la terre, qui puisse déraciner le légalisme de l’état actuel des choses dans la chrétienté. Il faut que les systèmes religieux qui sont établis, cessent d’être des systèmes sur la terre, s’ils abandonnent la loi. Vous ne pouvez réformer une chose dont les fondations sont totalement vicieuses. L’édifice construit dessus peut être enlevé ; mais si les fondations sont sans valeur et fausses, on ne peut jamais y remédier. Il n’y a qu’une seule marche à suivre : c’est de le quitter tout à fait. Je dis que ceux qui voient ces choses, le doivent à notre Seigneur et Maître — le doivent à la vérité de Dieu et à Ses saints — de montrer une séparation entière et sans concessions, d’avec tout ce qui détruit la pleine vérité de cette grâce de Christ. Nous pouvons supporter individuellement ceux qui n’en savent pas davantage.

D’un autre côté, si vous voyez dans un corps religieux une personne bien mondaine, je crois que c’est une chose malséante que de s’accrocher aux individus et d’attaquer des abus, tels qu’un prêtre qui va à la chasse ou qui entonne bien. Nous avons mieux à faire que de faire des remarques sur des membres du clergé qui se livrent à la danse. De telles choses peuvent être dignes de l’attention du monde. Mais c’est une chose différente, lorsque le mensonge est prêché. Alors nous devons chercher à délivrer tout enfant de Dieu de la mauvaise influence. Qu’il est pénible de penser qu’il en est qui sont tenus de prêcher la loi, et tellement tenus, qu’ils manqueraient de droiture s’ils ne le faisaient pas ! Ce que Dieu donne, ce n’est pas seulement un remède, mais une délivrance d’un tel état de choses. Si nous croyons la Parole de Dieu, si nous croyons ce que le Saint Esprit dit sur ce sujet de la manière la plus solennelle, nous devons y renoncer entièrement. Il peut s’y trouver engagés des hommes vraiment pieux, qui sont comme enchaînés ; mais nous parlons du danger qu’il y a de mêler la loi avec l’évangile, et c’était le mal parmi les Galates.

Considérons quel est l’avertissement que le Saint Esprit adresse aux âmes qui se jetaient dans ce piège. Les gens peuvent vous dire qu’ils savent comment séparer le bon du mauvais ; mais Dieu est plus sage que les hommes, et un homme spirituel discernerait qu’une âme recule, quand de telles choses sont permises. Cela explique la force extraordinaire de l’avertissement de l’apôtre. Ils étaient ses propres enfants dans la foi ; et quant à ceux qui les bouleversaient et les troublaient, il était en perplexité à leur sujet. Voici ce qu’il dit — peu importe à qui cela s’applique : « Si quelqu’un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème ». Et : « Quand nous-mêmes (vous évangéliserions), ou quand un ange du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème ». Voici où ils auraient pu chercher un refuge : Sans doute c’est ce que Paul prêchait, mais nous avons des vérités additionnelles, outre ce que Paul donne. Mais il dit : « Si quelqu’un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème ». Il ne dit pas seulement : « ce que j’ai prêché », mais « ce que vous avez reçu ». Ce n’est pas seulement qu’il ne devait rien y avoir de mêlé avec ce qu’il prêchait ; mais rien ne devait être ajouté à ce qu’ils avaient reçu. Nous avons ce que Paul écrivait, aussi clairement qu’ils avaient ce qu’il prêchait. Il n’y a point de différence, sinon que ce qui est écrit a même une plus grande autorité, comme moyen employé, que ce qui était verbal. Dans ce dernier cas aussi, ce qui est de la nature pourrait s’introduire. L’apôtre eut à confesser, en certaines occasions, qu’il avait parlé précipitamment ; jamais qu’il eût ainsi écrit. Il n’était pas question d’ôter l’évangile, mais d’ajouter à l’évangile ce qui était de la loi.

« Car maintenant, est-ce que je cherche à satisfaire des hommes, ou Dieu ? ». C’est-à-dire, cherchait-il à les gagner, ou Dieu ? « Ou cherché-je à complaire à des hommes ? Certes si je complaisais encore à des hommes, je ne serais pas esclave de Christ ». Il savait bien que ce genre de témoignage qui ne cédait rien, le rendait particulièrement fâcheux aux hommes, et produisait même de l’hostilité parmi de véritables saints de Dieu. De même maintenant, la même chose serait appelée un manque de charité. En effet, il n’y a pas de manque de charité à parler sans faire des concessions ; mais il y en a à juger ceux qui le font. Il dit que c’est la manière, non de complaire aux hommes, mais de complaire à Dieu. C’est de cette manière même que Christ l’avait appelé à être serviteur. « Or, frères, je vous fais savoir que l’évangile annoncé par moi, n’est pas selon l’homme. Car quant à moi, je ne l’ai pas reçu de l’homme, ni appris, mais par la révélation de Jésus Christ ». Il y avait, sans doute, quelque chose d’extraordinaire dans la manière dont l’apôtre Paul avait reçu la connaissance de l’évangile. Il ne fut pas converti par la prédication de l’évangile, comme le sont la plupart. Le cas de Pierre fut semblable. La chair et le sang ne lui avaient pas révélé cela, mais le Père qui est aux cieux. Pierre fut la première personne à qui fut annoncée la gloire de la personne de Christ — à qui fut annoncée cette gloire, non comme liée seulement avec les prophéties relatives aux Juifs, mais la gloire plus profonde de Christ, comme les chrétiens doivent le connaître maintenant, comme le Fils du Dieu vivant ; — non en rapport avec la terre exclusivement. Pierre fut le premier à qui le Saint Esprit révéla la grande vérité que Jésus était non seulement le Messie, mais le Fils de Dieu dans un sens céleste et divin. Pierre, donc, fut honoré de Dieu, et placé par notre Seigneur dans une position bien spéciale. Il fut celui à qui notre Seigneur fit la première mention de Son Assemblée. Dans le cas de Paul, la vérité allait plus loin. Car si nous avons le Père révélant le Fils à Pierre, Paul va encore au-delà, et dit que Dieu a révélé Son Fils en lui. Pierre aurait pu dire : Il a plu au Père de me révéler Son Fils ; Paul pouvait dire : en moi. Paul fut amené par le Saint Esprit à une reconnaissance graduellement croissante, de la vérité infiniment grande et glorieuse de l’union du croyant avec Christ. Mais la chose n’est pas présentée ici. Toutefois, l’expression : « de révéler son Fils en moi », en est une qui n’aurait guère pu être employée par quelqu’un qui ne connaîtrait pas cette vérité. Ainsi dans l’épître aux Hébreux, l’apôtre parle des croyants comme ayant « une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus », quoique l’épître aux Hébreux ne révèle pas que nous sommes membres du corps de Christ ; toutefois nous ne pourrions être exhortés à « entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus », si nous n’étions pas « membres de son corps, de sa chair et de ses os » ; s’il n’en était pas ainsi, Paul n’aurait pu dire : « Il a plu à Dieu de révéler son Fils en moi ». Cela est lié avec la vérité dont Paul fut le témoin élu — l’union de Christ et de l’Assemblée, qui fut comme indiquée à l’époque même de sa conversion. « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? ». Il persécutait alors les saints, et le Seigneur dit : Les persécuter, eux, c’est me persécuter, moi. Ils étaient un. L’Assemblée et le Seigneur sont unis. Nous sommes membres, non de la divinité de Christ, mais de Son corps. Ce n’est que comme homme qu’Il a un corps. Mais pendant qu’Il était un homme sur la terre, nous n’étions pas des membres. « À moins que le grain de froment ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » : c’est-à-dire, que c’est sur le fondement de la mort et de la résurrection de Christ, qu’Il peut en associer d’autres avec Lui-même comme les « membres de son corps, de sa chair et de ses os ». Christ dans le ciel et les saints sur la terre forment un seul corps. C’est là ce que Paul apprit lors de sa conversion. Ayant en vue la substance de cela, l’apôtre dit : « Or, frères, je vous fais savoir que l’évangile annoncé par moi, n’est pas selon l’homme ».

Et permettez-moi seulement de mentionner encore une chose ou deux en connexion avec l’évangile de Paul. Il est le seul qui caractérise son évangile comme étant « l’évangile de la gloire ». Et il est intéressant de savoir que, lorsque l’apôtre emploie cette phrase, il ne dit pas : le glorieux évangile, comme on le traduit souvent, il dit : « l’évangile de la gloire ». Et voici la vraie force de cette expression : c’est l’évangile de Christ glorifié à la droite de Dieu. C’est la bonne nouvelle que nous avons un Sauveur qui est ressuscité et glorifié. Nous sommes appelés à participer à tous les effets de Sa gloire, comme à tous ceux de Sa mort sur la croix. Jamais aucun autre apôtre n’a écrit sur ce sujet — l’Assemblée faite une avec Christ ; Paul seul le fit. Il est donc possible que Paul fût le seul qui fût dans la position de dire : « Si quelqu’un ajoute quelque chose à mon évangile, qu’un tel homme soit anathème ». Quoique Paul eût ajouté quelque chose à leur évangile, ils ne pouvaient rien ajouter au sien. Les apôtres annonçaient Christ comme le Messie, et faisaient connaître la rémission des péchés par Son nom ; mais ils ne proclamaient pas la gloire céleste de Christ, comme le fit Paul. Il proclama toutes ces vérités, et d’autres encore, dont ils ne firent jamais mention. Voilà la raison pour laquelle il dit si constamment : « mon évangile ». En effet, tandis que naturellement, quant aux grandes vérités de l’évangile, il ne pouvait y avoir aucune différence entre ce que Paul prêchait, et ce que les autres apôtres prêchaient, il y avait dans ce que Paul prêchait une grande avance sur eux. Il n’y avait rien de contradictoire ; mais Paul ayant été appelé après l’ascension de notre Seigneur au ciel, il était celui auquel il appartenait spécialement de faire quelque addition. Jusqu’à ce que Paul eût été appelé, il fallait encore quelque chose pour compléter la somme totale de la vérité révélée. Dans Colossiens 1, 25, il dit qu’il était devenu serviteur de Christ, « pour compléter la parole de Dieu », pour combler un certain vide qui n’était pas encore rempli. Paul fut la personne employée par le Saint Esprit pour le faire. Jean proclama des vérités prophétiques — des prophéties entièrement en dehors de ce dont nous venons de parler, car elles révèlent les voies de Dieu avec le monde, et non avec l’Assemblée. C’est pourquoi l’apôtre pouvait insister sur le danger de toute tentative de s’écarter de ce qu’il avait annoncé, ou d’y ajouter quelque chose. Cela est très important. D’autres pouvaient ne pas prêcher toute la vérité, mais ce n’est pas là ce qu’il dénonce si fortement. Personne ne devrait être condamné parce qu’il ne déclare pas les vérités plus élevées que Dieu a données. Ce à quoi nous devons résister en face, c’est l’introduction de quelque chose de contraire à l’évangile, ou le mélange de la loi avec la grâce de Christ — ce qui serait mettre le vin nouveau dans de vieilles outres. Il en est qui peuvent alléguer l’épître de Jacques ; mais Jacques ne présente jamais la loi de manière à la mettre en opposition avec l’évangile, bien que ce qu’il dit puisse prémunir contre le danger qu’il y a pour les âmes à faire un mauvais usage du solennel avertissement du Saint Esprit à l’égard du mélange de la loi avec l’évangile, de quelque manière ou sous quelque forme que ce soit. Nous aurons bien des occasions pour montrer comment l’apôtre Paul touche à ce point dans cette épître.

Le point auquel il fait ensuite allusion dans son argument, c’est sa conduite et sa vie antérieures. Il dit, en parlant de son évangile, qu’il ne l’avait « pas reçu de l’homme, ni appris, mais par la révélation de Jésus Christ ». Ils auraient pu élever des doutes à ce sujet ; mais il montre que toute sa vie antérieure avait été opposée à l’évangile. Il n’y avait aucun autre antagoniste de Christ, tel qu’il l’avait été. « Car vous avez ouï dire (quelle a été) autrefois ma conduite dans le judaïsme, comment je persécutais outre mesure l’assemblée de Dieu et la ravageais » (il peut y avoir ici un petit mot à leur adresse, parce qu’ils commençaient à persécuter ceux qui s’opposaient à leurs idées sur la loi et à montrer un esprit d’amertume) ; « et j’avançais dans le judaïsme plus que plusieurs de mon âge dans ma nation, étant le plus ardent zélateur des traditions de mes pères ». Il n’y avait donc aucun doute de la sincérité avec laquelle l’apôtre avait usé de la loi pendant qu’il était inconverti. « Mais quand il a plu à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère, et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l’annonce parmi les nations, aussitôt, je ne pris pas conseil de la chair ni du sang ».

Ici, il introduit aussitôt une masse de vérités, laquelle, s’ils en avaient seulement compris la force, ruinait tout leur système de fond en comble. Il montre que c’était Dieu qui l’avait appelé hors de la loi : lorsqu’il était au milieu même de ce qu’ils commençaient à établir de nouveau, il était un ennemi de Christ. Il fait pleinement la part de son histoire providentielle. Il avait été élevé aux pieds de Gamaliel, et il avait avancé dans le judaïsme plus que plusieurs de son âge. Mais, quoiqu’il eût plu à Dieu de le mettre à part dès le ventre de sa mère, toutefois il insiste sur ceci, c’était plus encore qu’il fût appelé ; cet appel venait de la grâce. « Aussitôt je ne pris pas conseil de la chair ni du sang ». Ici, il renverse leur légalisme, à la fois positivement et négativement. Il avait été appelé à prêcher parmi les nations, là où l’on ne connaissait pas de loi. Il n’y avait absolument aucune parole de la part de Dieu pour qu’ils montassent à Jérusalem. Et pourtant, c’était à une chose de ce genre qu’ils désiraient de revenir. Il en est de même de nos jours. La plus petite secte sous le soleil a une espèce de Jérusalem, un centre auquel il faut envoyer un ministre, afin de le qualifier pour ce qu’il a à faire. Mais lorsqu’on a recours à cela dans le dessein de faire ressortir la gloire de Christ, cela ne se trouve produire que la mort. Bien des personnes ont pris conseil de la chair et du sang, et sont montées à « cette montagne », ou à cette ville, et leur âme a complètement décliné, et s’est éloignée de la croix de Christ ; et maintenant, elles deviennent les plus ardents zélateurs de cette loi même dont elles avaient été délivrées ; mais la marche simple est le sentier de la dépendance à l’égard du Dieu vivant. Ainsi donc, quelque valeur qu’aient pour le monde ces écoles pour former les hommes, quelque admirables qu’elles soient pour leur donner une certaine position, la chose aboutit seulement à ce que l’homme peut enseigner, et non à ce que Dieu donne.

Moïse avait pensé qu’après avoir passé quarante ans en Égypte, il avait été rendu propre à délivrer le peuple de Dieu, mais il eut à apprendre que ce n’était qu’après avoir été enseigné de Dieu dans le désert, qu’il fut capable de conduire le peuple hors d’Égypte. En général, il est nécessaire pour Dieu de faire passer les âmes par un crible, de les abattre et de les briser dans leurs propres imaginations, s’Il va se servir d’elles d’une manière réellement honorable.

Vous voyez ici Dieu Lui-même, lorsqu’Il appelle un homme remarquable à une œuvre toute spéciale, l’envoyant dans le désert, au lieu de le faire monter vers les apôtres à Jérusalem. Il y a une telle chose que d’aider non seulement les saints, mais encore ceux qui prêchent dans la vérité ; et l’apôtre Paul fait sentir à Timothée, quant aux choses qu’il avait reçues, qu’il doit les commettre « à des hommes fidèles qui soient capables d’enseigner aussi les autres ». Il y a des instruments humains pour aider dans leur voie ceux qui sont plus jeunes dans l’œuvre du Seigneur. Ainsi, nous devons laisser la place pour les diverses voies de Dieu, évitant seulement avec soin les innovations humaines et la présomption humaine, qui ne peuvent jamais édifier les hommes, pas plus qu’elles ne peuvent glorifier Dieu.

« Et je ne montai pas à Jérusalem vers ceux (qui avaient été) apôtres avant moi, mais je m’en allai en Arabie, et de nouveau je retournai à Damas. Puis trois ans après je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je demeurai chez lui quinze jours ». Il fait mention du nombre de jours, dans le but de montrer que ce n’était pas un cours d’instruction qu’il venait de suivre. « Or, dans les choses que je vous écris, voici, (je vous dis) devant Dieu que je ne mens point. J’allai ensuite dans les pays de Syrie et de Cilicie. Or j’étais inconnu de visage aux assemblées de la Judée qui étaient en Christ ; mais seulement elles entendaient dire : Celui qui autrefois nous persécutait, annonce maintenant la foi qu’il détruisait autrefois, et elles glorifiaient Dieu à cause de moi ». Les faits avaient de l’importance, dans le but de démontrer combien peu de temps il avait passé à Jérusalem, et même qu’il était inconnu aux assemblées de la Judée généralement. Mais ces assemblées, au lieu de blâmer Dieu (car c’est à cela que se réduisait la conduite des Galates), au lieu de trouver à redire à son témoignage, avaient glorifié Dieu en la personne de Paul. Les premières assemblées de la Judée, que les Galates considéraient si attentivement, glorifiaient Dieu en lui ; tandis que, quant à eux-mêmes, ils s’élevaient contre la riche miséricorde que Dieu venait de montrer envers les nations. Il leur avait prêché l’évangile plus pleinement que les autres apôtres ne l’avaient présenté ; et pourtant ils s’en écartaient déjà, en cherchant à introduire la loi. Paul sentait que la chose, par sa nature même, était si mortelle que, bien que les âmes détournées par elle, pussent ne pas être perdues, il n’en résultait pas moins un profond déshonneur contre Dieu et un dommage incalculable pour Ses saints. Ils pensaient, sans doute, que leur voie était une voie bien plus sûre ; mais l’apôtre affirme qu’il leur avait apporté la vérité de l’évangile, et que mêler la loi avec cet évangile, c’était le renverser absolument.

Combien tout cela est applicable aux besoins des âmes dans un temps comme le nôtre ! Nous ne devons pas nous imaginer qu’il y eût un mal plus profond dans la Galatie que celui qui est en activité maintenant. Au contraire, ce n’étaient là que les germes de ce qui s’est développé beaucoup plus depuis ce temps-là. Que le Seigneur nous donne de rendre nos visages semblables à un caillou contre tout ce qui tend à endommager la conscience, et nous garde de permettre aucune chose que nous savons être contraire à Sa volonté et à Sa gloire !