Écho du Témoignage:Notes sur l’évangile de Matthieu/Partie 1

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La plupart des lecteurs de l’Écho du Témoignage savent déjà, je pense, que le Seigneur Jésus nous est présenté dans chacun des quatre évangiles sous un point de vue différent. Ce n’est que d’un seul de ces évangiles que je vais, avec le secours de Dieu, les occuper à présent ; et si je signale ici le caractère de chacun des quatre, c’est pour mettre en saillie celui de l’évangile dont je vais m’occuper.

Tout premièrement les évangiles sont divisés en deux classes : d’une part, l’évangile de Jean ; et de l’autre, les trois premiers appelés synoptiques. Cette division est juste ; chacun sent en le lisant combien Jean est différent des trois autres. Je vais signaler d’une manière plus précise cette différence.

Dans les trois premiers évangiles le Christ est présenté aux hommes, soit plus particulièrement aux Juifs, pour être reçu, et chacun d’eux se termine par le récit de Sa réjection. Il n’en est pas ainsi de Jean. Dès le premier chapitre on trouve le Seigneur rejeté. Il était dans le monde, et le monde fut fait par Lui, et le monde ne L’a pas connu ; « Il est venu chez soi, et les siens ne L’ont pas reçu ». Et dans le verset qui suit, on voit que c’est la grâce qui opère pour qu’Il soit reçu de quelques-uns. Il est reçu, non de ceux qui sont nés de la chair, mais de ceux qui sont nés de Dieu. Dans l’évangile tout entier les Juifs sont traités comme des réprouvés, et la grâce souveraine du Père qui attire et l’élection sont en saillie. Les brebis entendent Sa voix. Les Juifs ne l’entendent pas parce qu’ils ne sont pas de Ses brebis. Aussi Il est venu d’auprès du Père, et venu dans le monde. Aussi, point de généalogie qui remonte à la souche de promesse en Abraham et en David, point de généalogie humaine qui remonte jusqu’à Adam (fils) de Dieu. C’est Dieu la Parole qui était auprès de Dieu et qui était Dieu ; en qui était la vie, et la vie lumière des hommes, lumière luisant dans les ténèbres, que les ténèbres ne comprennent pas ; puis la Parole faite chair, Dieu manifesté ici-bas. Et tout s’accorde avec cela. Point d’angoisse en Gethsémané, point de cri sur la croix. Quand le moment est arrivé, Il remet Lui-même Son esprit. L’heure était venue pour passer de ce monde auprès du Père. C’est donc ce qu’Il est qui nous est présenté dans cet évangile, et, qu’on soit Juif ou Gentil, il faut être né de nouveau. À la fin la venue du Saint Esprit, témoignage devant le monde, vient pour Le remplacer auprès des siens, car le monde aussi est jugé. Il passe à la fin à des manifestations ultérieures de Sa gloire sur la terre, d’une manière à dessein mystérieuse, et il n’y a pas d’ascension. C’est Lui-même, Fils de l’homme, mais Dieu manifesté ici-bas.

Les trois premiers évangiles, nous l’avons dit, racontent la manière dont le Christ a été présenté aux hommes pour être reçu et Son rejet, puis Sa résurrection, et Marc et Luc Son ascension. En Luc nous trouvons, après le plus délicieux tableau du petit résidu fidèle au milieu de la corruption d’Israël, le Fils de l’homme et la grâce envers les hommes par Lui. La généalogie remonte à Adam, et Lui, le second homme, le dernier Adam, monte dans le ciel depuis Béthanie, en bénissant les siens. La commission donnée aux apôtres vient du ciel et embrasse tous, Juifs et Gentils. En Marc nous trouvons le serviteur et prophète. Cet évangile commence avec Son ministère, précédé de celui de Jean-Baptiste. Nous trouvons à la fin Sa rencontre avec Ses disciples en Galilée après Sa résurrection comme en Matthieu ; mais, de plus, un appendice depuis le verset 9 dans lequel ce qui se trouve en Luc et même en Jean est brièvement raconté, c’est-à-dire le côté céleste de ces derniers événements et une commission donnée aux disciples plus générale et plus universelle. Elle porte le salut ou la condamnation dans toute la création sous le ciel.

J’ai réservé Matthieu pour le dernier des évangiles parce que je dois m’en occuper avec plus de détails. Il nous présente Emmanuel, le Messie, objet des promesses et des prophéties, Jéhovah au milieu d’Israël, Sauveur de Son peuple, mais rejeté comme aux chapitres 49 et 50 d’Ésaïe[1], et Sa présence sur la terre remplacée par le royaume en mystère (chap. 13), par l’Église (chap. 16), le royaume en gloire (chap. 17) ; mais tout en insinuant la substitution de l’Église et du royaume, le principal sujet est toujours le Seigneur dans Ses relations avec Son peuple terrestre, et Sa rencontre avec Ses disciples après Sa résurrection est en Galilée, ils sont envoyés aux nations et il n’y a pas d’ascension. Ceci pour l’idée générale. Dès lors nous commençons tout naturellement avec la semence d’Abraham et avec la semence de David. Jésus est envisagé comme l’héritier des promesses, comme le Fils de David. On se trouve dans l’atmosphère des pensées et des espérances d’Israël, mais des pensées et des espérances d’Israël selon Dieu. La généalogie est tracée dans la ligne de Joseph de qui Il héritait la royauté selon la loi. Mais Sa naissance de Marie quant au fait, présente des faits évidemment encore plus importants, comme attenant à Sa personne en tant que manifesté sur la terre. Sauf pour attirer l’attention de vos lecteurs sur eux, ces faits, tout importants qu’ils soient, sont si bien connus et si simplement narrés, que je n’ai guère besoin de m’étendre là-dessus. Sa nature humaine conçue dans le sein de la vierge, sans tache ou souillure, par la puissance du Saint Esprit, est une chose parfaitement sainte ; aussi est-Il, selon la chair, né de Dieu tout en étant la semence de la femme, vrai homme dans ce monde. Et pas cela seulement, Il doit être nommé Jésus (soit Joshua ou Jah hoshea) Jéhovah le Sauveur car Il devait sauver Son peuple de leur péché. Lui était Jéhovah, le peuple était Son peuple. Ainsi nous avons un homme sans péché et Jéhovah manifesté en chair : fait qui est une preuve de grâce infinie, auquel rien ne ressemble, qui reste unique dans les fastes de l’homme comme dans les conseils de Dieu. Il est vrai que la rédemption était nécessaire, savoir Sa mort, pour que ce fait fût valable pour les hommes et que les conseils de Dieu fussent accomplis ; mais tout dépendait du fait que Dieu est devenu homme, que la Parole a été faite chair.

Jamais ailleurs il n’y a eu un homme ayant parfaitement connaissance du bien et du mal sans péché, jamais la perfection divine, Dieu Lui-même manifesté en chair, ce qui restera éternellement vrai, et sans quoi la rédemption elle-même n’aurait pas pu être accomplie. Nous trouverons dans toute Sa vie l’obéissance parfaite de l’homme, la manifestation parfaite de Dieu. Aussi est-Il reconnu comme l’accomplissement de la prophétie du chapitre 7 d’Ésaïe, Emmanuel, Dieu avec nous ! Et Joseph Lui donne le nom qui Lui avait été assigné par l’ange, le nom de Jésus. Il a pris ainsi selon le témoignage de Dieu Sa place au milieu de Son peuple. Mais les nations devaient espérer dans le rejeton d’Isaï, et les mages arrivent de l’orient pour rendre hommage à Celui qui est né roi des Juifs.

Mais déjà dès Son bas âge Il doit connaître ce que c’est que d’être rejeté. Le faux roi d’Israël cherche à Le faire mourir, et, dirigé par l’oracle de Dieu, Joseph Le conduit en Égypte, d’où Il doit remonter, le vrai cep, pour recommencer l’histoire d’Israël comme l’arbre vert, le cep vivant ; comme étant ressuscité, Il a recommencé l’histoire de l’homme comme second Adam. Il revient appelé d’Égypte, Fils de Dieu, mais doit prendre Sa place là où l’Israélite sincère et pieux ne pouvait croire que quelque chose de bon se trouvât. Il demeure à Nazareth. Tout ceci est très significatif, mais n’est que préliminaire, comme une préface qui indique ce dont il s’agit dans le livre de Sa vie qui suit. Au chapitre 3 nous commençons Son histoire avec le témoignage préparatoire de Jean-Baptiste. Il va devant la face de Jéhovah. Tel est le témoignage clair et précis de Malachie 3, 1 ; ou, si nous prenons la citation de Matthieu lui-même, c’est la voix de celui qui prépare le chemin de Jéhovah. Tel est le Christ. Jéhovah au milieu des hommes et en particulier des Juifs, tel, d’une manière frappante, est le Christ de Matthieu ; mais le Fils de Dieu aussi a pris la forme de serviteur ainsi que nous allons voir.

Le témoignage de Jean n’acceptait pas le fait qu’on était fils d’Abraham selon la chair. Dieu pouvait susciter des fils à Abraham par Sa toute-puissance. Le jugement ou le royaume était en vue, il fallait la repentance, porter de bon fruit ; et, pour l’homme pécheur, le tout premier de ces fruits c’était la repentance : son baptême, en un mot, était le baptême de la repentance à l’approche du royaume et comme préparation pour y entrer. Le peuple non repentant ne pouvait entrer en masse. Mais si lui, Jean, baptisait pour la repentance, il y en avait un là qui allait exécuter le jugement en purifiant Son aire, mais Celui-là baptisait du Saint Esprit. Ces trois caractères se rattachaient à ce témoignage : le jugement particulier et séparatif, verset 10, déjà la cognée était à la racine des arbres ; Celui qui baptisait du Saint Esprit était là ; Il purifierait, Lui, Son aire par un jugement définitif qui rassemblerait le bon grain et brûlerait la balle avec du feu qui ne s’éteint pas. Jésus se rend à son baptême. C’est Son aire qui va être purifiée, le grenier est à Lui, c’est Lui qui brûle la balle dans le jugement : mais Il vient se placer au milieu de Son peuple. Rien de plus frappant que ce rapprochement, rien de plus positif que la déclaration qu’Il est Jéhovah, rien de plus clair que le fait qu’Il se place au milieu de Son peuple dans le chemin où Sa grâce le conduit. Il ne se joint pas sûrement au peuple rebelle et revêche, mais dès le premier pas que font ceux qui par la grâce écoutent la parole du témoignage de Dieu, dès le premier pas dans le bon chemin, Il se trouve avec eux dans Sa grâce infinie. Le cœur répond de suite au témoignage de Jean que Celui qui venait n’avait aucun besoin de la repentance. Nous le savons. C’était bien le contraire, Il accomplissait la justice. Mais pour les siens c’était le bien selon Dieu, la vie de Dieu qui poussait son premier souffle dans l’atmosphère de Dieu, mais au milieu des hommes, faisait son premier pas dans le chemin divin, le chemin vers le royaume qui allait paraître. Il ne veut pas les y laisser seuls. Il prend Sa place avec eux. Grâce infinie, douce pensée pleine de Son amour pour le cœur des siens !

Remarquez aussi comment le Seigneur s’abaisse ici au niveau de Son messager. Ainsi il nous convient d’accomplir toute justice. Tu as ta part, moi la mienne, en accomplissant la volonté de Dieu. Le voilà déjà serviteur. Le voilà baptisé et Sa place prise au milieu des siens, au milieu du résidu fidèle qui marchait sous l’effet de la puissance de la Parole de Dieu. Et maintenant où est-Il, Lui serviteur, Lui qui s’est abaissé Lui-même, qui a Sa place avec Son pauvre peuple, les plus pauvres de Son troupeau ? Le ciel est ouvert, le Saint Esprit descend sur Lui, le Père Le reconnaît pour Son Fils. Il est le modèle de la position qu’Il a prise pour nous par la rédemption. Jamais le ciel ne s’est ouvert auparavant, jamais il n’y a eu un objet sur la terre qu’il pouvait reconnaître comme faisant ses délices ; maintenant il y en avait un. Pour nous aussi le voile est déchiré et le ciel est ouvert ; nous avons été oints et scellés du Saint Esprit comme Jésus l’a été ; le Père nous a reconnus être Ses fils bien-aimés déjà dans ce monde. Lui était tel de Son propre et plein droit, digne de l’être en Lui-même ; nous, introduits par la grâce et la rédemption ; mais entré au milieu de Son peuple Il montre quelle est la position qui, en Lui, leur appartient : comme je viens de le dire, Il en est le modèle. Quel bonheur ! Quelle grâce ! Mais remarquez-le bien, Sa divine personne reste toujours telle, différence d’ailleurs qui ne se perd jamais quels que soient Son abaissement et Sa grâce envers nous. Quand le ciel est ouvert à Jésus, Il n’a pas d’objet là-haut auquel Il regarde pour fixer Son attention. Il est Lui-même l’objet que contemple le ciel. Quand le ciel est ouvert à Étienne, comme à nous pour la foi, Jésus Fils de l’homme est son objet dans ce ciel qui est ouvert à Son serviteur. En grâce le Seigneur prend place avec nous, Il ne perd jamais la sienne ni pour Son Père ni pour le cœur du croyant ; plus nous sommes près de Lui, plus nous L’adorons.

Remarquez encore ici une autre chose tout à fait remarquable. C’est dans et par l’abaissement volontaire de Jésus que toute la Trinité est pour la première fois pleinement révélée. Le Fils est là, l’objet spécialement en scène comme homme, le Saint Esprit vient et demeure sur Lui, et la voix du Père Le reconnaît : merveilleuse révélation associée avec la position que le Fils avait prise ! Le Fils est bien reconnu pour Jéhovah, psaume 2 ; le Saint Esprit se trouve partout dans l’Ancien Testament ; mais la pleine révélation des trois personnes dans l’unité de Dieu — base du christianisme — est réservée pour le moment où le Fils de Dieu prend Sa place au milieu des pauvres de Son troupeau, Sa vraie place dans la race dans laquelle Il trouvait Ses délices, les enfants des hommes. Quelle grâce que celle du christianisme ! Quelle place que celle où se trouvent nos cœurs, si, enseignés de Dieu, nous avons appris à connaître cette grâce et Celui en qui elle nous est arrivée ! Voilà donc notre position selon cette grâce, dans le Christ Jésus, devant Dieu notre Père, rendus agréables dans le Bien-aimé.

Toutefois si telle est notre relation avec Dieu, nous sommes dans le combat ici-bas avec l’ennemi de nos âmes. Eh bien, il faut que Jésus y aille aussi pour nous. C’est ce qui suit immédiatement : Jésus est conduit par le Saint Esprit dans le désert pour être tenté du diable. S’Il prend ou plutôt fait notre place avec Dieu, il faut qu’Il la prenne vis-à-vis de l’ennemi pour lier l’homme fort qui nous tenait captifs. Je ne sais, cher frère, si cette grâce vous frappe comme elle me frappe, mais elle me paraît tellement dépasser toute la portée de nos pensées, que l’essai de la reproduire en des paroles humaines pour attirer l’attention des âmes sur elle, ne fait que trahir la faiblesse qui en parle. Toutefois poursuivons notre essai, puisqu’on peut l’étudier dans la Parole même une fois l’attention ainsi attirée. Jésus prend donc notre place dans le combat : moment solennel où tout dépendait de Sa victoire ! Ce n’était pas possible sans doute qu’Il ne remportât pas la victoire, mais si le second Adam avait succombé comme le premier, tout était fini, tout perdu. Oui, cela ne se pouvait pas, mais Il a dû vaincre pour nous, et vaincre comme homme. C’est justement de cette position que l’ennemi veut Le faire sortir, de la position de serviteur, d’homme comme tel. Si tu es le Fils de Dieu, et le Père venait de Le reconnaître tel, si tu es le Fils de Dieu, parle afin que ces pierres deviennent des pains ; agis en Fils ; il n’y a pas de mal à manger quand on a faim, tu n’as qu’à dire ce mot et voilà de quoi satisfaire à tes désirs. C’était dire : Fais ta volonté, sors de la position de serviteur que tu as prise. Pas un instant : Il avait pris, étant dans la forme de Dieu, la forme de serviteur, et Il reste serviteur de Son Dieu. Et dans ces jours de mépris de la Parole, il est bon pour le cœur de remarquer comment Il répond. Un seul texte de cette Parole, des Écritures, suffit pour la fidélité et la toute-puissance du Seigneur, pour la sagesse du Fils de Dieu, un seul texte suffit pour réduire au silence le diable qui voulait Le séduire. Le Fils de Dieu reste dans Sa position d’homme serviteur, et la Parole de Dieu dirige, est le mobile de Ses voies. Il est écrit : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de chaque parole qui sort de la bouche de Dieu ». Quel bel et parfait exemple ! Pas de mouvement de Son cœur vers autre chose que l’autorité de son Dieu, duquel Il s’était fait serviteur. La Parole de Dieu sort de la bouche de Dieu ; les paroles sorties de Sa bouche, que Son nom en soit béni, dirigent l’homme. Christ se maintient dans Sa place d’homme. L’homme ne vivra pas de pain seulement. La Parole est la source de Sa conduite, Il en vit. Elle la dirige sans doute, mais c’est ce qui met en mouvement Sa volonté, sans cela Il ne fait rien. Il est venu pour faire la volonté de Dieu, les paroles qui sortent de Sa bouche déclarent cette volonté et mettent en mouvement l’âme de l’homme serviteur. C’est là l’obéissance de Christ. Le diable n’y peut rien. Il se tait. Souvenons-nous ici, quoique ce ne soient que des choses accessoires, que ce n’était pas dans le jardin d’Éden que le combat a été livré, pas au milieu des jouissances qui témoignaient de la bonté de Dieu. Le Christ avait passé déjà quarante jours, période solennelle d’exercice et d’endurance comme nous le savons par Moïse et Élie, et d’une manière analogue par les quarante ans d’Israël dans le désert. Il avait été soustrait à l’état ordinaire de l’humanité, non pas pour Le préparer pour la présence de Dieu comme Moïse et Élie l’ont été. Il était dans le désert, loin des agréments qui, par la bonté de Dieu, restent à l’homme dans ce monde déchu, aux prises, non que nous sachions que ce fût avec des tentations spéciales, mais aux prises avec l’Ennemi. Sa position était telle que celle du monde dans sa réalité morale comme Dieu le voit, un désert où Satan domine (Marc 1, 13). Éprouvé ainsi par amour pour nous et en accomplissant les conseils de Dieu, subissant pleinement, dans les voies de Dieu, car Il était conduit par le Saint Esprit dans le désert, les peines qui venaient de la puissance de Satan dans ce monde, Il entre dans le combat spécial qu’Il doit livrer à Satan, et où nous avons à Le suivre, mais en combattant contre un ennemi déjà battu. Il n’est pas las de Son service de fidélité ; Il reste homme serviteur, obéissant, reconnaît l’autorité absolue de la Parole, s’appuie là-dessus comme base de toute Sa conduite. C’est la simplicité qui est la perfection absolue. Satan est vaincu. Je le répète, un seul texte de la Parole suffit — quelles que soient les folles prétentions humaines — pour le Seigneur, suffit pour Satan. Qu’elle suffise, cette Parole, pour nous : seulement que Dieu nous accorde la grâce de nous en servir sous l’influence de l’Esprit de Dieu dont elle est le glaive afin qu’elle soit efficace entre nos mains.

Mais pour oser obéir à Dieu dans ce monde, il faut savoir se fier à Dieu. C’est la seconde épreuve que subit pour nous le Seigneur. « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ». Essaie si Dieu sera fidèle à Sa promesse (Ps. 91). C’était bien aussi hors du chemin de l’obéissance. Dans ce chemin-là Il pouvait toujours compter sur Dieu ; mais mettre Dieu à l’épreuve pour voir s’Il serait fidèle, c’est ne pas se fier à Lui comme assurément tel. C’est ce que veut dire l’expression tenter Dieu, et non pas aller trop loin en se fiant à Lui (Ex. 17, 7). La confiance est parfaite comme l’obéissance. Il s’attend à Jéhovah. Sûr que Celui-ci sera fidèle, qu’Il l’est toujours, Il n’a qu’à suivre le chemin de l’obéissance et dépendre de Lui. Sa Parole dirigera Ses pas et Ses pensées, et sera accomplie dans Ses promesses. Ce sont là les deux éléments de la vie du nouvel homme, de la vie de Christ en nous — obéissance, dépendance. Christ était parfait dans les deux et dans une obéissance qui avait la Parole, la volonté de Dieu, comme source de Son activité, pas seulement comme règle. Quand Satan présente la Parole faussement comme piège, la Parole suffit comme réponse parfaite pour conduire les pas et les pensées de l’homme.

Remarquez encore dans ces réponses si instructives du Seigneur que, quand il s’agit des ruses du diable, la sagesse du Seigneur se borne à une simplicité frappante et en ceci : qu’Il n’a besoin de penser qu’à Son propre devoir ; cela suffit, et Satan n’y peut plus rien. L’homme doit vivre non de pain seulement, mais de chaque parole qui sort de la bouche de Dieu. Voilà tout : mais c’est tout. Sa conduite est parfaitement tracée. C’est la soumission, le chemin marqué par les paroles de Dieu. Il n’entre en aucune controverse avec l’Ennemi. Il s’y est trouvé plus tard avec les hommes. Ici c’est le chemin parfait de l’homme obéissant, Sa marche à Lui. La Parole de Dieu Lui trace pour Lui-même ce chemin, et le but est complètement atteint. Satan est vaincu.

Ensuite Satan se montre : il ne s’agit plus de ses ruses. Il offre le monde et sa gloire au Seigneur s’Il veut lui rendre hommage. Pour l’homme obéissant qui reconnaissait Dieu, c’était se trahir, et, pour un tel homme, Satan manifesté n’a aucune force. Résistez au diable, il s’enfuira. Le monde est l’appât que Satan peut offrir pour qu’on le suive. L’homme qui ne veut que son Dieu est à l’abri de tout vrai danger ici. Toutefois c’est encore par la Parole que le Seigneur répond. C’est l’épée de l’Esprit pour l’homme : l’épée de Dieu, mais faite pour l’homme qui par l’Esprit s’en sert ; et s’il ne cherche qu’à obéir, elle suffit pour la défaite certaine de l’Ennemi des âmes. Le diable quitte le Sauveur, et si l’homme a dû combattre et vaincre par une obéissance si simple, les anges de Dieu Lui-même sont là pour Lui rendre service.

On ne pouvait ne pas faire remarquer l’instruction qui se trouve dans ces détails ; mais je désirais particulièrement attirer l’attention de vos lecteurs sur la manière dont le Seigneur a fait et pris notre place des deux côtés, pour ainsi dire ; du côté de Dieu : Fils, oint du Saint Esprit, devant le Père, avec le ciel ouvert ; puis, dans le combat avec Satan où en effet Il a lié pour nous l’homme fort.



  1. Dans la seconde partie de la prophétie d’Ésaïe, c’est-à-dire depuis le chapitre 40, les chapitres 40-48 parlent du péché du peuple eu égard à la controverse de Jéhovah avec les idoles ; du 49 jusqu’au 58, du rejet du Messie ; depuis le chapitre 59, il s’agit de la restauration du peuple.