Écho du Témoignage:L’enlèvement d’Élie

De mipe
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Nous pouvons lire ces deux chapitres en rapport avec cet événement quoiqu’il ne soit rapporté que dans le second.

Achazia, de la famille d’Omri, et successeur de son père Achab sur le trône d’Israël, nous apparaît ici comme dans un état de profonde apostasie du Dieu d’Israël. Il était malade, et dans sa maladie il a recours à un dieu des nations ; et étant repris de cela par le serviteur du Dieu d’Israël, il envoie des officiers pour le saisir.

C’était une apostasie complète : et, en conséquence, sa mort doit être considérée comme un jugement mérité, spécial. Ce fut une mort ayant le caractère d’un jugement ; et il en fut ainsi de celle de ses capitaines avec leurs cinquantaines, qui étaient entrés dans l’esprit de leur maître, et étaient les représentants et les exécuteurs de son iniquité[1].

Tout cela était justice. Le roi d’Israël avait rempli la mesure de son péché, et le jugement s’exécutait sur lui.

En Luc 9 il est fait allusion à cela. Lorsque dans un village samaritain on refusa de recevoir le Seigneur, Ses disciples auraient joué volontiers le rôle d’Élie à l’égard des capitaines d’Achazia, mais le Seigneur les en empêcha. C’est-à-dire qu’ils ne discernaient pas le temps et ne comprenaient pas le Seigneur et Son œuvre dans ce monde. Ils se méprenaient sur la dispensation, et auraient agi comme si elle eût été un temps de jugement. C’était d’intelligence — de cette lumière qui distingue les choses qui diffèrent — qu’ils manquaient. Leurs impressions étaient justes ; et au temps convenable, quand le jour de la vengeance viendra, leurs intentions et leur but seront remplis. De sorte que ce n’est pas quant au sentiment qu’ils erraient, mais bien quant à la connaissance, au discernement des dispensations, et par là quant à la vraie sainteté ou à la sainteté de vérité. Leur Seigneur était venu pour sauver et non pour tuer. Il était parmi les hommes pour les bénir, et non pour les juger.

Ceci est important, car nous y apprenons, comme d’autres témoignages nous le disent, que la vraie sainteté est dirigée conformément à la lumière ou à la vérité, selon la voie et la place de Dieu à un temps donné. « Toutes choses sont belles en leur temps ». Ce qui est saint, au temps que Dieu a fixé, est impur dans un autre temps.

Il y a là certainement de quoi nous instruire ; mais ce chapitre 1 ne renferme que peu de soulagement pour le cœur. Cependant nous sommes ensuite introduits à un sujet bien différent (chap. 2).

Nous sommes encouragés à l’aborder avec les plus radieuses espérances, car nous nous trouvons à la veille de l’enlèvement d’Élie : le temps était venu, nous est-il dit, « où l’Éternel voulut enlever Élie aux cieux par un tourbillon ». Mais il se présente ici pour nous beaucoup d’instructions à recueillir.

Dans une circonstance antérieure, Élisée avait perdu tout droit, comme je puis m’exprimer, au manteau de son maître. Il ne s’était pas montré pleinement à la hauteur de sa possession ; son cœur n’avait pas été complètement simple, et depuis ce moment-là jusqu’au temps de ce chapitre nous ne l’avions pas vu dans la compagnie de son maître (voyez 1 Rois 19, 19-21). Par suite, il faut qu’il soit soumis à une nouvelle épreuve ; et Élie lui-même, et les fils des prophètes sont les instruments qui en dirigent la marche sous la main de Dieu.

Élie l’engage à diverses reprises à s’en retourner, tandis que lui-même il poursuivait les stations de son voyage de Guilgal au côté oriental du Jourdain. Et les fils des prophètes, soit à Béthel, soit à Jéricho, sortirent plusieurs fois pour exercer son esprit et mettre à l’épreuve l’ardeur et la fermeté de sa foi en jetant une ombre à travers son sentier, et jeter ainsi son âme dans la perplexité et le doute.

C’est un cas qui se présente fréquemment. Parfois, le Seigneur emploie à l’égard de tel ou tel de Ses serviteurs les plus distingués de sévères moyens de purification. Il purifie les vaisseaux de Sa maison pour qu’ils soient propres au service du Maître ; et Il se sert pour amener ce résultat d’instruments divers, comme il Lui plaît, dans Sa sagesse. Tantôt c’est par l’action directe de Sa propre Parole et de Son Esprit qu’Il l’effectue ; d’autres fois c’est plus directement par Ses saints, ou encore par les gens du monde. Ici Il exerce l’âme d’Élisée par la parole d’Élie — par Sa propre parole, puis-je dire — exprimée par le moyen de Son prophète. Il éprouvera, de cette manière, par les fatigantes stations successives d’un long voyage, si le cœur d’Élisée est désormais réellement affranchi (comme il ne l’avait pas été autrefois) des entraves, des influences simplement humaines, du miel du chez-soi et des relations de famille. Et Il permet aussi qu’il soit exercé par les voies de personnes qui n’étaient pas à sa hauteur, par une génération de saints qui n’étaient pas au niveau de la lumière et de l’assurance de son propre esprit, et qui, en conséquence, par leurs communications, étaient bien propres à jeter une ombre à travers son chemin, ou à mettre son âme en perplexité. Mais il soutient ces épreuves, et poursuit sa route dans l’étroite compagnie de son maître, le prophète de Dieu qui allait être enlevé au ciel. Il a ses réponses toutes prêtes soit pour Élie, soit pour les fils des prophètes ; et nous le trouvons calme, décidé, patient, inébranlable tout le long du chemin, de Guilgal à Béthel, de Béthel à Jéricho, de Jéricho au Jourdain, et ensuite à travers le fleuve, où que ce soit, en un mot (car il ne connaissait pas plus le chemin que jadis Abraham), qu’Élie, c’est-à-dire, la main de Dieu, du Dieu de gloire, trouvera bon de l’appeler ou de l’attirer.

Sûrement Élisée était rétabli. Il n’y avait plus chez lui la pensée de retourner baiser son père ou sa mère, mais un cœur simple qui faisait du Seigneur et de Sa présence, sa place, du Seigneur et de Son bon plaisir, son affaire.

À la fin, les fils des prophètes se retirent. Ils se placent de manière à regarder de loin, pendant qu’Élie, d’un coup de son manteau, divise les eaux du Jourdain, se frayant un passage (et à Élisée aussi, s’il avait le courage de le suivre sur un aussi merveilleux, aussi périlleux sentier) pour traverser le fleuve. Et Élisée le suit. Alors aussi Élie met fin lui-même à la sévère et chaude épreuve à laquelle il avait mis son serviteur et son ami. Car lorsqu’ils eurent atteint ensemble le côté opposé du fleuve, il dit à Élisée : « Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d’avec toi ». Car tout temps d’épreuve finira — tout cours de purification aura sa mesure. Les iniquités des hommes contre le Seigneur auront leur terme dans le jugement de justice ; la discipline de Dieu envers Ses saints aboutira à leur mise en possession de la gloire. Élie offre : et Élisée a à écrire sa propre histoire pour l’avenir. « Demande ce que tu veux que je fasse pour toi, avant que je sois enlevé d’avec toi ».

Cela me rappelle Salomon en 2 Chroniques 1 ; car après qu’il eut fait voir qu’il montait sur le trône dans de bonnes dispositions, Dieu lui apparaît et lui dit : « Demande ce que tu voudras que je te donne ». Et la réponse d’Élisée à Élie est celle de Salomon à Dieu. Salomon ne demande point la mort de ses ennemis, ni des richesses et des honneurs pour lui-même, mais il demande de la sagesse pour bien remplir la charge qui lui est commise sur le peuple de l’Éternel. Ici de même Élisée répond simplement à Élie : « Que j’aie de ton esprit autant que deux ».

C’est de toute beauté. C’était là viser haut ; c’était se proposer de grandes choses ; c’était comme la demande d’être placé à la droite et à la gauche dans le royaume ; et l’esprit de cette réponse du Seigneur aux fils de Zébédée : « Pouvez-vous boire de ma coupe et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? », devait caractériser, pourrions-nous dire, la réponse d’Élie. Aussi Élie lui dit-il en effet : « Tu as demandé une chose difficile ; si tu me vois enlever d’avec toi, cela te sera accordé ; mais si tu ne me vois point, cela ne te sera point accordé ».

L’œil simple est le secret de l’énergie spirituelle pure. « Si ton œil est simple, tout ton corps aussi est éclairé ». Telles étaient les conditions alors, et telles sont les conditions maintenant. Il ne s’agit pas de vie, mais de force par l’Esprit. Élisée doit s’en tenir là — et il le fait par la grâce. Ils avancent encore ensemble, Élie et lui ; et tout en marchant, ils parlent. Mais tout ce temps-là les yeux d’Élisée étaient ouverts ; son cœur était fixé sur la parole de son maître : il avait caché la promesse là, et, quoiqu’il poursuive encore son chemin, rien ne saurait l’en distraire. C’est ainsi qu’il devrait en être de nous. Nous pouvons prendre une circonstance après l’autre, les interroger, nous entretenir avec elles, comme Élisée ici ; mais qu’est-ce qui occupe le cœur, où l’œil est-il dirigé ? Est-il comme celui de ce cher homme dans la place convenable ? La marche et la conversation, les circonstances du voyage, n’avaient pas troublé son esprit, ni distrait ses yeux ; de sorte qu’au moment où les chevaux et le chariot apparurent, et où Élie allait être emporté aux cieux, les regards d’Élisée étaient fixés sur eux. Il vit monter son maître, et obtint le manteau.

Certainement c’est fort beau de marcher et parler encore, d’être encore occupé des circonstances, et de tenir tout ce temps-là l’œil fixé sur l’objet que Dieu avait placé devant lui. C’est encore comme Abraham dont l’oreille était tellement faite à la voix de l’Éternel que du moment que la voix l’appela, il n’eut qu’à dire : « Me voici ! ».

Élisée fit sur-le-champ usage de ce qu’il avait tant estimé. Il prit le manteau de son maître, et par son moyen, à la manière de son maître, il divisa les eaux du Jourdain, et retourna à Jéricho. Ici, cependant, je voudrais m’arrêter pour signaler un point. C’est au nom de l’Éternel le Dieu de son maître monté au ciel, et non en celui de son maître même, qu’Élisée accomplit cet acte. Les choses se passent ainsi ; mais elles se passent différemment dans le cas des apôtres et de leur maître aussi monté au ciel. Pierre prêche que c’était Jésus, son Seigneur, qui avait envoyé du ciel le Saint Esprit ; que c’était Son nom, le nom de Jésus, qui portait avec lui le salut ; que c’était en ce nom que les pécheurs devaient être baptisés pour la rémission des péchés ; que c’était ce nom qui avait fait marcher l’impotent (Actes 2 à 5). Le nom de Jésus de Nazareth est pour eux ce que le nom, non pas d’Élie, mais de l’Éternel, le Dieu d’Élie, était pour Élisée.

Et plus encore. Le Seigneur n’eut pas besoin, comme le prophète, d’un chariot pour monter au ciel. Lui qui, avant de mourir, avait dit de Lui-même et de Son corps : « Détruisez ce temple, et en trois jours je le relèverai », maintenant, après Sa résurrection, « sans avoir besoin (comme un autre l’a dit) de la purification de ce baptême de feu, ni d’un chariot pour le porter, s’éleva de la terre dans le calme bien plus sublime de Sa propre puissance, et avec Son corps d’homme passa dans les cieux célestes ».

C’est ainsi que la chose a lieu ; et cette manière dont les actes du Seigneur se distinguent de faits analogues se remarque dans d’autres cas. Quand Josué, par exemple, commande au soleil et à la lune de s’arrêter, l’Écriture fait beaucoup ressortir cet événement, et déclare qu’il n’y a point eu de jour semblable à celui-là ; mais quand Jésus faisait des choses pareilles, des choses qui montraient Sa souveraineté sur les forces et le cours de la nature, elles sont considérées comme n’ayant rien du tout d’étonnant (Jos. 10). Pour ce qui est du grand fait de ce chapitre (l’enlèvement d’Élie), il a, je pense, une place et un caractère propres. À mes yeux (si je puis m’exprimer ainsi), il va de pair avec l’enlèvement d’Hénoc aux jours des patriarches, et avec la mort et la sépulture de Moïse sur le mont Pisga aux jours plus sévères d’Israël et de la loi. Comme nous le savons, il eut lieu dans le dernier temps des prophètes.

Durant le cours des autres âges, ou des autres dispensations, dans les temps anciens, au temps des pères, de Moïse et des prophètes, Dieu a donné, dans Sa sagesse, certaines indications de Ses desseins à venir. Les jours prochains du royaume, où le Fils de l’homme exercera Sa seigneurie sur toutes choses, et où le Fils de David prendra possession de Son trône, ont été le sujet non pas seulement de prophéties, mais de types et de figures. Il y en a eu des gages historiques, et une faible figure anticipée dans certaines époques remarquables de l’Ancien Testament. Mais il en a été aussi de même des mystères plus profonds de l’appel des Gentils et de la vocation céleste, et même, bien plus, du mystère de l’Église, « et des fils de la résurrection » glorifiés. Et je lis l’histoire d’Hénoc aux jours de la Genèse, l’histoire de Moïse avec l’Éternel sur le mont Pisga, et cette histoire-ci de l’enlèvement d’Élie dans les derniers jours des prophètes, comme rendant témoignage de ce mystère, successivement dans trois époques distinctes des temps de l’Ancien Testament. Moïse et Élie, comme nous le savons, apparaissent en gloire sur la montagne de la transfiguration. Les gages que Dieu avait donnés en figures par eux jadis, étaient alors, aux jours de l’évangile, rachetés et ratifiés : car Moïse représente ceux des saints glorifiés qui auront passé par la mort et la résurrection ; et Hénoc et Élie, ceux qui seront encore vivants et qui seront enlevés au jour de 1 Corinthiens 15, ou à « la venue du Seigneur ». Tout cela est pour nous d’un profond intérêt.

Hélas ! presque aussitôt après cet événement si remarquable, les fils des prophètes trahissent l’état abaissé, incertain, de leurs âmes. Ce sont des saints, mais non pas au niveau d’Élisée ; et ils lui proposent d’aller à la recherche de son maître, tout en le reconnaissant avec respect et révérence comme ayant été revêtu de l’esprit d’Élie. Ils vont, pour ainsi dire, à un sépulcre vide, et doivent revenir censurés et confondus. Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Pourquoi chercher sur les montagnes ou dans les vallées celui qui est allé au ciel ? Mais combien nous pouvons reconnaître profondément et avec reconnaissance la grâce qui se montre (et quelques-uns de nous ont de bonnes raisons pour l’apprécier) dans cette description des mesures diverses et des divers niveaux qu’il y a parmi les saints de Dieu : « quelques-uns trente, quelques-uns soixante, quelques-uns cent » !

Les leçons que nous donne cette portion des Écritures sont assurément variées, et chacune d’elles salutaire pour l’âme : « Tes témoignages sont des choses merveilleuses ; c’est pourquoi mon âme les a gardés. L’entrée de tes paroles illumine et donne de l’intelligence aux simples ».



  1. Le troisième capitaine peut être pris comme un résidu repentant sauvé au jour du jugement.