Écho du Témoignage:Ma grâce te suffit — car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité

De mipe
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Ces paroles de Dieu qui s’adressèrent directement à Paul : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité », sont littéralement connues et assez généralement répétées par tout ce qui, dans la chrétienté, donne quelque signe de vie religieuse. Mais bien heureux ceux qui en ont l’esprit, vu la position réelle et effective qu’elles leur font dans ce dernier cas.

Par grâce, mot devenu vulgaire, mais qui n’a aucun sens bien précis, bien déterminé ou vivant, dans un langage presque tout de routine, dans une langue à la mode, il faut entendre dans l’Écriture la faveur de Dieu ; grâce signifie faveur, un bien offert et non mérité ; comparez, Jean 1, 14, 17Rom. 3, 24Éph. 2, 82 Cor. 4, 14, 15. — Dans les choses humaines, dans la vie commune, l’on demandera : un tel occupe-t-il cet emploi ou cette place en récompense de ses services ? — Et souvent la réponse sera négative dans un sens, positive dans l’autre ; — non, dira-t-on, c’est par faveur, par protection qu’il en jouit. — C’est ainsi que ce qui provient de Christ est tout par faveur, tout de protection, ou en pur don, Jésus Lui-même, la source de tout bien, étant, ni plus ni moins, le don de Dieu. Personne, je pense, ne se glorifiera d’avoir mérité que Jésus Christ vînt au monde. Les Corinthiens étaient charnels ; quoique enfants de Dieu, ils étaient des enfants en Christ ; l’apôtre n’avait pu leur parler comme à des hommes spirituels, mais seulement comme à des hommes charnels qui se glorifiaient dans les hommes ; de plus, il y avait parmi eux des professants, et plusieurs, qui se glorifiaient selon la chair. — 1 Cor. 3 ; 2 Cor. 11. Tout cela était la manifestation de quelque levain qui causait de graves désordres à Corinthe. Et cela ne pouvait que porter atteinte à la gloire de Dieu ; mais de plus, c’était de nature à légitimer des craintes dans le cœur de Paul au sujet des Corinthiens : « Je crains que comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, de même vos pensées ne soient corrompues et (détournées) de la simplicité envers le Christ ». — Le serpent séduisit Ève par l’appât de l’élévation ; pour remettre à sa vraie place ce qui s’élevait ou s’enflait parmi les Corinthiens, l’apôtre se vit contraint de se glorifier, quoiqu’il ne fût pas insensé, « comme un insensé », dit-il ; puisqu’il y a toujours de la folie à s’occuper de soi pour s’enfler, même à l’occasion des bénédictions les plus réelles. — Paul se sentit forcé de donner aux Corinthiens quelque aperçu de ce qui aurait pu être pour lui un sujet de gloire incontestablement, s’il avait cru devoir se faire valoir lui-même à l’occasion de ce qu’il avait reçu du Seigneur. — « Il ne m’est pas convenable en effet de me glorifier, car j’en viendrais à des visions et à des révélations du Seigneur, etc. Quand je voudrais me glorifier je ne serais pas insensé, car je dirais la vérité ; mais je m’en abstiens, de peur que quelqu’un ne m’estime au-dessus de ce qu’il me voit être ou de ce qu’il a pu entendre dire de moi ». Toujours est-il qu’il avait été ravi jusqu’au troisième ciel, dans le paradis, et qu’il avait entendu des paroles ineffables, etc. — Au-dessus donc de tout ce que ceux qui se vantent ont à dire d’eux-mêmes, il ne faut pas oublier ce qui se dit dans le troisième ciel, dans le paradis, « paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer ». Et Paul les avait ouïes.

En un mot c’étaient des révélations extraordinaires que l’apôtre avait eues quatorze ans auparavant ; il n’en avait rien dit jusqu’ici, et maintenant il ne les mentionnait qu’avec une mesure extrême ; à la suite de ces révélations, il avait été mis à l’épreuve de l’écharde et de l’ange de Satan, afin qu’il en fût souffleté, ou humilié, et qu’il ne s’élevât point. La disposition à s’élever est qualifiée dans l’Écriture d’orgueil de la vie (1 Jean 2). Une écharde est un bois qui s’enfonce dans les chairs, symbole ici de quelque épreuve ou affliction vivement sentie, comme ce que l’on ne peut qu’éprouver, quand on est comme le résidu d’Israël exposé à la malice païenne des Sidoniens, ses voisins (Éz. 28, 24) ou comme Job à des adversités, ouvrage de Satan. L’apôtre avait prié trois fois le Seigneur, afin que cette écharde se retirât de lui ; la réponse à sa supplication avait été : « Ma grâce te suffit, etc. ». De quel prix en effet ne doit pas être la grâce, la faveur ou l’amitié, qu’on nous permette ce mot, l’amitié toute-puissante de Celui qui, par la mort, a détruit dans Sa résurrection celui qui avait l’empire de la mort, à savoir le diable ! La disposition de tout homme, et c’était celle de Paul selon sa nature, c’est de jouir de sa portion en l’absence de toute difficulté ou dans l’éloignement de la difficulté qui est survenue : chacun aimerait vivre sans tracas. Mais il est une position plus riche et plus digne de Dieu que cela : c’est celle de pouvoir jouir d’un bonheur inaltérable, à côté de la difficulté, avec et malgré la difficulté ; c’est de pouvoir essuyer l’orage sans effroi, dans le calme du cœur, au milieu d’un désert où il faut à chaque instant s’attendre à l’orage ; c’est de pouvoir passer par la fournaise du feu ardent, sans sentir l’odeur du feu, ou sans en éprouver l’action, que dans ce qu’il est à désirer qui soit consumé comme des liens. Et pour ceci, il faut ce que le Seigneur assure à l’apôtre : « Ma grâce te suffit, j’accomplis ma force dans l’infirmité ». L’on peut dire que dans le sens le plus élevé et le meilleur, la supplication de Paul était exaucée, car une difficulté vaincue par un prompt secours est près d’être détruite ; ainsi Paul, éprouvant dans son infirmité la force et la vertu du Seigneur qui le mettaient au-dessus de la difficulté, qui l’en faisaient triompher, était exaucé au-delà de son souhait ; il faisait l’expérience des ressources de la grâce pour le soulagement du juste dans ses maux qui sont en grand nombre. Mais de là, remontant à la source de ces secours, qu’y trouvait-il ? La faveur, la grâce, un cœur d’amour, une bienveillance divine, la face sereine et cordiale d’une Majesté dont le regard était sur lui, en affection, en sympathie pour toute chose. — Et c’est cela qui fortifie et qui délivre. — Que de choses n’aurait-on pas pu dire à Paul pour relever son courage ébranlé par tout ce qui s’opposait à ses intentions généreuses. L’on aurait pu insister sur ses dons, sur les fruits de son travail, sur le nombre de ses amis ; mais tout cela, quoique vrai, n’était rien comparativement à un regard du Seigneur lui exprimant Son amour ; comparativement à cette nouvelle garantie sur le résultat de tout, à cette parole immuable de la bouche de Dieu : Tu es en grâce, tu es en faveur auprès de ton Seigneur ; ma faveur te suffit, tu es par ma force plus que vainqueur. — L’apôtre poursuit :

« Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance de Christ repose sur moi. — C’est pourquoi je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les difficultés pour Christ, car, quand je suis faible, alors je suis fort ». — D’après ce qui a été remarqué plus haut, ceci me paraît bien simple : « Je me glorifierai donc plutôt », etc. Ma pensée sera occupée plutôt de mes infirmités et difficultés pour Christ, afin que, aussi, ne perdant pas de vue la puissance de Christ, je la savoure, à l’occasion même de ces infirmités, que je la sente reposant sur moi. C’est pourquoi je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, etc. Il m’est avantageux, il m’est doux au-dessus de toute expression, quoique sur l’heure le sujet de tristesse cause de la tristesse, et que l’écharde soit l’écharde, d’être ramené à la jouissance de ce que Christ est, à la jouissance de Ses consolations, de Ses secours, de Sa vertu, mais principalement du plus excellent des privilèges provenant de Sa faveur, à celui de contempler Sa face d’autant plus ravissante de beauté qu’elle est pleine de grâce et de vertu, et en cette présence de sentir mon pénible moi s’effacer et tout mon être se revêtir de ce qui est agréable à Dieu, de la sainte image de Christ, de gloire en gloire. Qu’au moment où quelque objet désagréable vient se produire à ma vue, un autre objet par son aspect infiniment plus digne d’attention vienne captiver mes esprits, et hors de toute proportion vienne verser joie sur joie dans mon âme que la vue du premier attristait et remplissait d’amertume ; que la présence de l’un par l’esprit du mal, m’ait occasionné la présence du dernier accouru à mon secours : voilà ce qui, certes, me rendra les difficultés acceptables, ce qui me fera même prendre plaisir dans les difficultés, mais il ne faut pas l’oublier, dans les difficultés pour Christ, parce que c’est dans celles-ci que j’ai Christ et non dans celles que je me crée par ma faute, quoique les compassions de Dieu soient, du reste, par-dessus tout. Voilà donc ta portion en Christ, cher enfant de Dieu, c’est que ton écharde qui salutairement t’humilie, c’est que le démon qui te harcèle, sous un déguisement de lumière en perfection peut-être, après tout te font mieux apprécier Christ, ce qui est ta délivrance et leur destruction. Que toutes tes peines, tes amertumes, tes épreuves aient donc pour effet constant de te faire fixer le regard sur cette face radieuse de faveur comme l’étoile du matin, sur cette fraîcheur d’aurore nouvelle qui va se lever sur toi pour t’introduire là où, à tes côtés, devant toi, au-dessus de toi, tu ne verras, tu ne goûteras que gloire de Christ, douceur et joie en Christ.

Le vieillard Siméon dans le temple, en présence de la Parole faite chair venue pleine de grâce et de vérité, dit à Marie, la mère du petit enfant Jésus, entre autres choses : Une épée te transpercera l’âme, prédiction qui s’accomplit en Golgotha ; mais là même, cette mère, transpercée par la douleur, eut un touchant témoignage comme quoi elle n’était nullement oubliée par Celui qui l’avait prise en Sa faveur — Il dit à Jean : « Voilà ta mère, et aussitôt le disciple la prit chez lui ». Peu après on la voit, et pour la dernière fois, après la résurrection et la glorification anticipée de Christ, à genoux avec les disciples (Act. 1), priant et attendant la promesse du Saint Esprit. Cet Esprit de gloire repose sur vous, enfants de Dieu, souvenez-vous-en dans la douleur qui vous est causée par l’écharde ; ne l’oubliez pas, vous en êtes scellés pour le jour de la rédemption ; ne l’attristez donc pas, mais dans vos infirmités et difficultés pour Christ, recevez-en les communications et les consolations, espérant patiemment la promesse qui vous concerne. Que Dieu le fasse. Amen.

N. B. — Ce qu’il faut entendre par infirmités ici s’explique au verset 10 ; « car quand je suis faible, etc. » — il n’y est pas question de péchés commis, mais plutôt de faiblesses senties ou éprouvées en présence de la grandeur de l’œuvre de Christ et de l’opposition qui lui est faite.