Écho du Témoignage:Osée

De mipe
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Osée prophétisa en vue de la dissolution du royaume des dix tribus, et au temps où la maison de Jéhu allait prendre fin. Le prophète est tout occupé de la ruine prochaine, mais il anticipe aussi, au-delà de ces temps, des scènes de restauration et de gloire. Et l’on peut dire que la mort et la résurrection d’Israël sont envisagées et présentées par lui sous différentes figures qui placent d’une manière vivante ces choses devant nous.

À l’ouverture du livre, nous voyons qu’au commandement de l’Éternel, le prophète se choisit une femme et a des enfants. Il aurait pu dire d’eux ce qu’Ésaïe prononça de ses deux fils : « Me voici avec les enfants que l’Éternel m’a donnés pour être un signe et un miracle ».

Le premier né, « Jizreël », signale la désolation de la maison de Jéhu et celle de la maison d’Israël. Le second enfant, « Lo-Rukhama », est pour signe que Dieu retirerait Sa miséricorde de la maison d’Israël. Le troisième reçoit le nom de « Lo-Ammi », en témoignage que Dieu désavouerait Israël pour Son peuple. Mais tout cela se termine par la promesse d’un rassemblement final appelé « la journée de Jizreël », en laquelle la même nation qui est aujourd’hui rejetée serait rétablie. Le vent bruyant, le tremblement de terre, et le feu, passent, accomplissant l’œuvre qui leur est assignée, mais le son doux et subtil est réservé pour la fin.

Le second chapitre nous fournit un exposé plus complet du péché et de l’état misérable d’Israël, en même temps que de la bénédiction finale qui attend ce peuple. La description magnifique de l’alliance établie par l’Éternel entre Israël et les bêtes des champs, après que Lui-même a traité alliance avec lui, est quelque chose de vraiment exquis, car l’on a devant soi la sphère de bénédiction dans laquelle Israël se trouve avec le Seigneur après les jours de captivité et la traversée du désert. « La vallée de Acor » est rappelée comme « sa porte d’espérance », c’est-à-dire comme changeant le jugement en victoire ou en gloire, et la tribulation en joie (Jos. 7). Toutes ces choses disent assez la mort et la résurrection de la nation.

Puis, au chapitre 3, le prophète est engagé à prendre une seconde femme. Ces mariages sont allégoriques et nous rappellent plusieurs choses en Ézéchiel ; en Jérémie, la manière dont il cacha sa ceinture vers l’Euphrate ; et dans les Actes, Agabus se liant les mains et les pieds avec la ceinture de Paul. Toutes ces choses typifient ou présentent d’une manière figurée des évènements encore futurs.

Le premier mariage du prophète nous instruit au sujet du rejet d’Israël comme nation, et de son retour à la bénédiction dans les derniers jours. Le second mariage nous fournit des enseignements sur l’histoire politique et sur l’histoire religieuse du peuple ; et sûrement ces choses sont propres à nous émerveiller, car nous voyons nous-mêmes comme vérifié ce qu’anticipe le prophète. De nos jours encore, ce peuple est sans roi, sans sacrifice, sans théraphim. Il est sans existence dans le monde politique, et ne peut être considéré ni comme peuple sanctifié ni comme peuple idolâtre. Les Israélites sont privés pour ainsi dire de la connaissance et de l’adoration de Dieu, et n’ont pas, comme leurs pères, de part dans le culte des idoles. C’est réellement de nos propres yeux que nous contemplons ces choses. Mais cette nation doit revivre politiquement et religieusement. Et comme nous en parle plus loin le prophète : « Ils se retourneront et rechercheront l’Éternel leur Dieu et David leur roi ; ils révéreront l’Éternel et sa bonté aux derniers jours ». Sûrement, cela nous dit encore leur mort présente et leur résurrection prochaine.

Après ces trois premiers chapitres, nous pénétrons, si je puis parler ainsi, dans le corps de la prophétie, et des détails nous sont donnés sur les péchés qui ont provoqué les jugements. « Il y a un péché à la mort », comme nous le dit Jean, et je crois qu’Israël comme nation s’en est rendu coupable. Tous les prophètes en parlent. « Si jamais cette iniquité vous est pardonnée que vous n’en mouriez », a dit Ésaïe. Mais la vision des ossements desséchés d’Ézéchiel est peut-être la portion des Écritures la plus frappante, à ce sujet, et la mieux connue. Le divin prophète Lui-même entretient les Juifs de Son temps, du jour de l’Éternel Dieu qui les détruira misérablement comme les méchants vignerons. « Voici votre maison vous est laissée déserte », leur dit-Il aussi. Sûrement ils sont bien frappés de mort aujourd’hui, comme pays et comme nation. Tout cela nous crie avec force : « Il y a un péché à la mort ».

Mais cette mort sera vaincue, et la nation juive aura part à la résurrection de même que les corps des saints. Et, de même que les saints revêtus de leurs différentes gloires rempliront et orneront les cieux, Israël aussi fleurira et fructifiera et remplira le monde entier de l’abondance de ses fruits. « Quelle sera leur réception sinon la vie d’entre les morts ? ». Il y aura réveil sous le rapport spirituel aussi bien que quant aux circonstances, rétablissement moral aussi bien que national, conversion aussi bien que restauration. Le dernier chapitre d’Osée nous révèle cela comme du reste tous les prophètes. Michée, que nous avons étudié tout dernièrement, nous peint ce sujet sous des couleurs bien vives et retrace les exercices d’âme d’une manière frappante dans ses deux derniers chapitres.

Les aperçus que nous donne notre prophète sur les iniquités qui conduisent le peuple au tombeau, ou au jugement de mort, sont variés, et sans enchaînement.

Le pays devait mener deuil et les habitants être en langueur. Le Seigneur serait comme la teigne à Éphraïm et comme la vermoulure à la maison de Juda ; Il les abattrait comme les oiseaux des cieux ; ils seraient engloutis ; Memphis les ensevelirait ; leurs enfants seraient conduits au meurtrier, et ils se serviraient des paroles réservées pour le jour terrible de la destruction : « Montagnes, couvrez-nous, coteaux, tombez sur nous ! ».

Ce sont là les paroles et la description qui nous sont données d’eux. Mais ils devaient revivre et le Saint Esprit nous fait aussi jeter sur cette scène un rapide coup d’œil. L’Éternel est le Dieu fort et non pas un homme ; Ses compassions se réchaufferont ; Il n’exécutera point l’ardeur de Sa colère et ne détruira pas entièrement Son peuple. Il est parlé de la résurrection comme devant avoir lieu au troisième jour : allusion manifeste à la résurrection du Seigneur d’Israël Lui-même. La sortie d’Égypte est rappelée comme pour indiquer le renouvellement de l’histoire d’Israël, ou pour le présenter comme s’il commençait de nouveau à marcher sous la conduite et la grâce de Dieu ; c’est dans le même but que l’histoire de Jacob est mentionnée. Le moment de la naissance et celui de la sortie du tombeau auxquels il est fait allusion, sont aussi destinés à reproduire en figures la même histoire de ce peuple. La violence dévastatrice du vent d’orient, puis l’épanouissement et les richesses du printemps, nous parlent encore de la ruine et du relèvement de la nation.

De tels passages impriment à ce livre son caractère ; et en le lisant, je suis frappé de voir comment l’Esprit de Dieu dirige constamment la pensée sur le jugement et la rédemption, la mort et la résurrection d’Israël comme nation. Dans le chapitre 13, le langage de la résurrection même est tellement employé que l’apôtre Paul en fait usage lorsque c’est littéralement de la résurrection qu’il s’occupe (1 Cor. 15). Ici pourtant, c’est le rétablissement de la nation qui est envisagé ; et comme Osée se trouve en face de la captivité assyrienne et de la ruine prochaine de la maison de Jéhu, c’était tout naturel et même facile à l’Esprit, si j’ose employer une telle expression, de l’amener à voir et à décrire l’état de mort dans lequel Israël allait se trouver[1].

Ce qui nous est surtout présenté, je le répète, c’est le détail de ces iniquités dont le développement rendait nécessaire le jugement à mort. Mais j’admets volontiers et pleinement ce qu’un autre a dit, qu’Osée, tout en poursuivant son sujet, embrasse toute la série des voies de Dieu et ouvre devant nous le vaste champ de la vérité.

À côté du rejet actuel des Juifs et de leur restauration future qui, nous l’avons vu, sont les principaux sujets du livre, il est fait allusion à la greffe des Gentils sur la racine juive. Voyez à ce sujet le verset 10 du chapitre 1, relevé pour la même conclusion en Romains 9, 26. L’idée bien scripturaire d’un résidu en Israël se trouve implicitement contenue dans les mots « Ammi » et « Rukhama » du chapitre 2, verset 1, et ainsi nous avons quelques traits concernant d’autres vérités que celles qui occupent principalement le prophète. En outre, « rien ne peut être plus beau que ce mélange de nécessité morale de jugement, de juste indignation de Dieu contre un tel péché, d’argument pour engager Israël à abandonner ses mauvaises voies et chercher l’Éternel qui se laisserait sûrement fléchir ; de recours de Dieu aux conseils éternels de Sa propre grâce, et, en même temps, de Son souvenir de Ses anciennes relations avec Son peuple bien-aimé ; rien de plus touchant dans la bouche de Dieu que ce mélange de reproches, de tendresse, d’appel, de retour à des moments plus heureux, que ce mélange d’affection et de jugement que nous retrouvons maintes fois dans ce prophète »[2].

Nous avons ainsi en Osée des matières diverses quoique son grand sujet, je le répète, soit la mort et la résurrection d’Israël.

C’est du dernier verset que nous pouvons déduire la morale de son livre : il nous dit où peut être trouvée la sagesse, cette sagesse véritable et divine à laquelle se rapporte le bonheur éternel de l’âme. Et sûrement, c’est dans le mystère de la mort et de la résurrection, du jugement et de la rédemption, du péché et du salut, dans le mystère d’Adam et de Christ, si je puis m’exprimer ainsi, que se trouve la grande morale de l’histoire de ce monde ruiné.

Tout ce qui doit être ramené à Dieu, tout ce qui doit subsister en Christ ou sous Son gouvernement, doit être revêtu d’un caractère de résurrection, de rédemption du jugement de mort, et le Juif aussi bien que tout le reste, la nation d’Israël du dernier jour, comme nous l’apprennent Osée, les prophètes, et l’apôtre des Gentils lui-même.

Cette réflexion sur le dernier verset de notre prophète pourrait, semble-t-il, clore aussi notre méditation ; mais je dois encore ajouter quelques mots.

La rédemption conduit à la relation. C’est là la manière dont Dieu agit. Les besoins de Sa nature ne sont satisfaits qu’à cette condition. « Dieu est amour ». Quiconque a part à Son rachat, a aussi part à Son adoption. Il place tous Ses rachetés en relation avec Lui-même. Il en fut ainsi avec les patriarches. Isaac suivit Abraham. Il en fut ainsi en Israël. Dieu parle à Israël et d’Israël comme étant fiancé et adopté. Je pourrais recourir pour le prouver à Ésaïe 54, à Jérémie 3, à Ézéchiel 16, à Sophonie 3, et à une foule d’autres passages. Il en est de même pour nous, et nous voyons cette vérité richement enseignée dans le Nouveau Testament. Rachetés de la malédiction de la loi, nous l’avons été aussi de l’esclavage dans lequel elle nous tenait. En d’autres termes, le privilège infini de la justification est suivi par celui de l’Esprit d’adoption (Gal. 3 ; 4).

Parmi les portions de l’Écriture qui nous montrent la nation d’Israël comme devant jouir de la relation aussi bien que de la rédemption, Osée peut tout spécialement être cité, car au second chapitre le Seigneur anticipant les jours du royaume pour Son peuple, lui tient ce langage par la bouche de Son prophète : « Et il arrivera en ce jour-là, dit l’Éternel, que tu m’appelleras Ischi (mon mari) ; et que tu ne m’appelleras plus : Baali (mon baal, mon maître) ». Chose admirable et précieuse ! Israël restauré et vivifié aura communion avec son Seigneur, dans la joie et la liberté d’une relation du caractère le plus précieux et le plus intime ! Car voici ce que dit encore l’Éternel par Son prophète Jérémie : « Éphraïm ne m’a-t-il pas été un cher enfant ? Ne m’a-t-il pas été un enfant que j’ai aimé ? Car toutes les fois que j’ai parlé de lui, je n’ai pas manqué de m’en souvenir avec tendresse ; c’est pourquoi mes entrailles se sont émues à cause de lui et j’aurai certainement pitié de lui » (31, 20).

C’en est assez. La rédemption conduit à la relation, et de là à la gloire. La terre et les cieux en rendront témoignage bientôt d’une manière aussi variée qu’excellente et merveilleuse.



  1. Le verset 14 du chapitre 13 nous présente la pensée, exprimée par l’apôtre en Romains 11, 29, savoir, que la miséricorde divine rassemblerait Israël à la fin, parce que les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance.
  2. Études sur la Parole, tome III, p. 275, etc.
    Il paraît que le verset 7 du chapitre 6 doit être ainsi traduit : « Mais de même qu’Adam ils ont transgressé l’alliance ». Cela rappelle ainsi qu’Adam et le Juif furent tous deux placés sous la loi et partant devinrent transgresseurs. C’est du reste l’enseignement du septième aux Romains.