Livre:La sympathie chrétienne/Préface du révérend Robert Daly

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

En offrant ce volume au public, il est peut-être nécessaire que je dise ce qu’on peut en attendre. On n’y trouvera ni anecdotes, ni remarques relatives aux personnes avec lesquelles lady Powerscourt était en correspondance. Ceux qui ont eu le privilège de recevoir des lettres de cette femme pieuse, savent bien qu’elle aimait à s’occuper de sujets beaucoup plus élevés que les actions ou les opinions de ses semblables. Si tout ce qu’elle a écrit devait jamais être mis sous l’œil du public, on s’étonnerait peut-être de voir combien peu elle a parlé des hommes. Dans les lettres qui suivent, je me suis étudié à omettre entièrement tout ce qu’on aurait pu considérer comme personnel. C’est pourquoi ceux qui espéreront trouver dans ce volume les opinions de lady Powerscourt sur telle ou telle personne, ou sur tel ou tel mouvement en dedans ou en dehors de l’Église, seront désappointés. J’ai confiance que ces pages n’offriront aucune nourriture de cette espèce. Si la correspondance qui m’a fourni les matériaux que j’ai choisis eût été entachée d’un tel défaut, je n’aurais jamais consenti à la rendre publique. Mais cette servante si distinguée de notre Seigneur vivait dans une atmosphère plus élevée et respirait un air plus pur. Elle s’est conformée, mieux qu’aucun des chrétiens que j’ai jamais eu le privilège de connaître, à l’idée qu’elle se faisait d’un chrétien, idée qu’elle a exprimée d’une manière si remarquable, quand elle a dit : Il ne regarde par les cieux depuis la terre, mais il regarde la terre depuis les cieux. Il semble qu’elle soit montée sur une haute et sainte colline, pour contempler les scènes de ce monde, se conformant ainsi strictement à cette exhortation de l’apôtre : « Pensez aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre ; car vous mourûtes ; et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu ». Elle parle le langage d’une âme élevée au-dessus du monde, et qui respire librement et sans contrainte, car « son droit de bourgeoisie était dans les cieux », Jésus Christ l’avait ressuscitée et l’avait fait asseoir dans les lieux célestes.

Ce qui m’engage à publier ce volume, c’est la conviction qu’il exprime les sentiments, l’expérience et la spiritualité d’une personne qui avait fait dans la vie divine des progrès plus rapides que la plupart des membres de l’Église. J’ai pensé que cette lampe que le Seigneur avait allumée devait être mise, non sous le boisseau, mais sur le chandelier, afin qu’elle éclairât tous ceux qui sont dans la maison. Elle abondait en pensées originales et fortes qu’elle savait revêtir d’un langage analogue. Les expressions remarquables dont ses lettres sont remplies me rappellent l’âme la plus forte que j’aie jamais rencontrée dans une femme. Une fermeté mâle peu commune était combinée chez elle avec la douceur féminine la plus exquise. J’espère que par la bénédiction de Dieu ses lettres serviront à faire du bien à d’autres personnes. Mais j’ai confiance qu’elles seront particulièrement utiles à ceux qui pleurent, à ceux qui sont affligés ou angoissés dans leur esprit, ou souffrant de toute autre manière. Lady Powerscourt savait ce qu’est la douleur. Elle avait passé par des épreuves sévères, et elle était ainsi tout particulièrement capable de sympathiser avec les chrétiens éprouvés. « Elle pouvait consoler ceux qui étaient en quelque tribulation que ce fût, au moyen de la consolation par laquelle elle avait été elle-même consolée de Dieu ». Quand elle savait quelqu’un de ses amis dans l’épreuve, elle se sentait spécialement portée à lui écrire une parole de consolation. C’est pour cela que plusieurs des lettres qui suivent sont adressées à des personnes affligées, et j’espère qu’elles serviront à consoler et à fortifier ceux qui sont dans des circonstances semblables.

Il y a un sujet qui a beaucoup retenu l’attention de lady Powerscourt, mais qui n’apparaît pas dans les pages suivantes de façon aussi importante que nombre de ses amis religieux s’y seraient attendus ; c’est le sujet de la prophétie. Elle était connue pour l’avoir étudié attentivement, pour avoir discuté avec des personnes les plus versées dans cette étude, et pour avoir consulté les livres qui ont été écrits sur ce sujet ; et, par-dessus tout, pour avoir lu les Écritures sur ce sujet avec une grande attention — et pourtant, sa correspondance parle très peu de prophétie. Que personne ne pense qu’en sélectionnant les lettres, j’ai mis de côté celles sur ce sujet ; je crois qu’il est juste de dire que j’ai été moi-même surpris de trouver si peu sur cet intéressant sujet, dans ses papiers. Je m’attendais à trouver des déclarations bien plus claires résultant de ses considérations profondes sur la prophétie ; et même si elle avait affirmé des choses qui ne correspondaient pas avec mes propres vues, je les aurais publiées, pour permettre à ceux intéressés par ce sujet d’exercer leur jugement. Je ne ferai certainement pas ce que d’autres, que j’estime, font — publier les sentiments d’un autre, tout en les considérant comme erronés, quant aux principes fondamentaux de l’Écriture — mais je publierais les sentiments d’un autre sur le devenir de l’Église, même en pensant que, dans ces sentiments, l’auteur se trompait ; parce que je considère le premier point comme vital, et que l’erreur à ce sujet est particulièrement dangereuse. Je ne pense pas qu’il en soit ainsi du second point. Je considère que toute l’Église de Christ est dans l’obscurité quant à la prophétie, et plus ou moins dans l’erreur à cet égard ; et que le meilleur moyen de corriger l’erreur, et d’avoir plus de lumière, est d’encourager une libre discussion sur ce sujet. Pour atteindre le but, il est essentiel de ne pas manquer le chemin. Il n’est pas autant essentiel de formuler des anticipations correctes quant à ce que nous trouverons à la fin. Ceux qui sont en chemin atteindront le but, et alors toutes leurs erreurs concernant celui-ci seront corrigées.

Je me sens aussi appelé à remercier les correspondants de lady Powerscourt pour leur gentillesse et leur confiance en me confiant ses précieuses lettres. Ils verront, j’en suis certain, que je n’ai pas trahi leur confiance. J’ai sélectionné les lettres du mieux que j’ai pu ; je n’ai rien modifié, et j’ai peu corrigé, sauf ce qui était nécessaire pour rendre le sens plus clair, ce qui est souvent indispensable en publiant un manuscrit non corrigé. J’ai été obligé d’omettre quelques très belles lettres, du fait de la répétition de sentiments et d’expressions semblables dans d’autres. Il semble que cela ait été fréquemment le cas, que certains sujets scripturaires, avec une suite de pensées en lien avec, avaient très profondément affecté l’esprit de lady Powerscourt ; et elle revenait à ce sujet et à ces pensées en écrivant à ses différents amis, au même moment, à divers endroits. J’ai en général omis les lettres dans lesquelles une similarité de pensées était visible ; mais j’ai parfois admis une répétition, là où j’aurais sinon rejeté une lettre, précieuse sous d’autres aspects, ou aurais dû faire des omissions qui auraient obscurci le sens. J’espère que ses correspondants m’excuseront pour les omissions, et les lecteurs pour les répétitions qu’ils observeront.

Comme mon but est simplement de présenter à l’Église les sentiments de l’auteur, ce qui me semble approprié pour amener de l’édification, j’ai omis même les noms des personnes à qui ces lettres étaient adressées ; et je me suis aussi abstenu d’ajouter à ce volume quoi que ce soit qui ressemble à un mémorial de l’auteur disparue. Il serait impossible d’écrire un résumé biographique de celle qui est partie, sans citer des personnes qui restent, ce qui leur aurait fait une publicité qui aurait froissé leurs sentiments. J’ai ainsi publié les lettres sans aucune recommandation, hormis leur valeur intrinsèque. Je les publie, non parce qu’elles ont été écrites par ma chère amie disparue, mais parce que, à mon avis (non infaillible, je l’admets), elles me semblent être en elles-mêmes dignes de voir le jour.

J’ai ajouté à ces lettres quelques écrits de lady Powerscourt, qui montreront combien ses pensées sur la Parole de Dieu étaient profondes. On peut dire d’elle en vérité, « qu’elle prenait plaisir en la loi de l’Éternel, et qu’elle méditait jour et nuit en sa loi ». Elle a été un monument signalé de la grâce à laquelle elle a rendu témoignage par toute sa vie. Je demande à Dieu qu’Il fasse que, quoique morte, elle parle encore pour l’édification de Son peuple et à la gloire de Son saint nom.

Powerscourt Glebe, avril 1838