Livre:Messages aux sept églises/Chapitre 5

De mipe
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Si le message à Éphèse place devant nous l’état de l’Église dans les derniers jours de l’époque apostolique, celui adressé à Smyrne décrit de façon frappante la condition de l’Église durant les années de persécution qu’elle a connues pendant deux siècles après le départ des apôtres.

L’assemblée à Éphèse est décrite comme extérieurement unie et séparée du monde ; mais ayant abandonné son premier amour, elle est aux yeux de Christ une église déchue. Elle est invitée à se repentir : faute de retrouver son premier état, elle perdra sa position de témoignage devant le monde. Hélas ! il n’y a pas eu un tel retour de l’Assemblée dans son ensemble ; aussi bien, jusqu’à la fin de son séjour sur la terre, l’Église est vue comme une Église déchue. Il peut certes y avoir des réveils, et des croyants qui ici et là sont des vainqueurs, mais ce qui est considéré sur la terre comme étant l’Église, est déchu et cesse d’être un vrai témoin pour Christ. Ne remplissant plus ce rôle devant le monde, elle se conforme graduellement à lui ; et, dans sa dernière étape, elle en arrive à être le monde. Une fois enlevé tout ce qui est de Christ au sein de la chrétienté, il ne reste plus qu’une grande profession sans réalité qui tombe sous le même jugement que le monde.

Dans la fraîcheur du premier amour, l’Église était entièrement séparée du monde, et ce dernier n’avait pas d’influence sur elle. Les séductions de ce monde n’ont pas d’attrait pour un cœur que satisfait l’amour de Christ. L’abandon du premier amour, que ce soit chez un individu, ou dans l’Église dans son ensemble, ouvre la porte au monde, qui peut alors pénétrer et affirmer sa puissance. Quand l’Église abandonna son premier amour, elle fit le premier pas qui conduit vers le monde, là où Satan habite.

Il convient alors de se souvenir que, dans la période de Smyrne, l’Église est déjà une Église déchue. Dans Son tendre amour, le Seigneur s’occupe de cette Église déchue d’une manière qui arrêtera pour un temps son déclin. Le Seigneur la fait passer par la fournaise de l’affliction. Éphèse était sans reproche devant le monde, mais déchue devant Christ. À la suite des voies du Seigneur envers elle, Smyrne fut persécutée par le monde, mais fut fidèle devant le Seigneur.

Verset 8 : Le Seigneur se présente à cette église dans la gloire de Sa personne, comme le premier et le dernier et, dans la gloire de Son œuvre, comme Celui qui a été mort et qui a repris vie.

Rien n’est plus propre à soutenir et encourager ceux qui sont appelés à rencontrer la puissance de Satan et à affronter le martyre, que de savoir qu’ils sont dans les mains d’une personne divine — le premier et le dernier — Celui qui existait avant toute puissance adverse, et qui demeurera quand le dernier ennemi aura été mis sous Ses pieds ; Celui qui, par conséquent, est au-dessus de tout. Le Seigneur peut certes se servir de l’hostilité de l’ennemi pour faire passer Son peuple par l’épreuve, mais s’Il est le premier et le dernier, aucune puissance du diable ne peut finalement prévaloir contre ceux qui sont à Lui. Bien plus, s’ils sont appelés à endurer une mort de martyre, Christ Lui-même a marché devant eux dans ce chemin, car Il a souffert la mort de la main de l’homme. Il a été mort et a repris vie ; apparemment défait et vaincu, Il remporte la victoire sur le dernier et le plus grand des ennemis. La mort n’a pas pu prévaloir contre Lui et, par conséquent, elle ne prévaudra pas non plus contre ceux qui sont à Lui.

Verset 9 : S’étant présenté d’une manière si heureusement appropriée à leur état et à leurs circonstances, le Seigneur révèle à ces saints dans la souffrance que tout est sous Son regard. « Je connais », dit-Il. Il veut qu’ils réalisent que les épreuves qu’ils traversent, les circonstances où ils se trouvent, l’opposition de Satan qu’ils peuvent avoir à rencontrer et les souffrances auxquelles ils peuvent encore avoir à faire face, Lui sont toutes connues.

Il n’en est pas autrement aujourd’hui. Nos épreuves, nos circonstances, l’opposition que nous pouvons avoir à rencontrer, soit à l’intérieur du cercle chrétien, soit à l’extérieur, sont toutes connues de Celui qui, étant le premier et le dernier, peut voir la fin dès le commencement. Cependant, s’Il est le premier et le dernier, ayant toute la puissance dans Ses mains, pourquoi permet-Il que Son peuple passe par l’épreuve ? N’est-ce pas parce qu’Il a non seulement toute puissance dans Ses mains, mais aussi l’amour parfait dans Son cœur ? L’amour divin sait parfaitement que les épreuves sont nécessaires à notre bénédiction et, parce qu’Il nous aime, Il envoie des épreuves selon cette parole : « Celui que le Seigneur aime, il le discipline » (Héb. 12, 6). Nous pouvons perdre notre premier amour pour le Seigneur, mais Son amour à Lui ne faiblira jamais. « Jésus… ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » (Jean 13, 1). Si, dans Son amour invariable, Il doit nous faire passer par l’épreuve, c’est pour notre profit, afin que nous participions à Sa sainteté. Connaissant toutes choses, Il savait d’où l’Église était déchue et dans quelles profondeurs elle tomberait encore. Celui qui est le premier et le dernier s’occupe de nous selon Sa parfaite connaissance et Son amour infini. Dans Ses soins à notre égard, non seulement Il nous discipline pour les manquements passés, mais Il veut aussi nous former dans le temps présent selon Sa propre sainteté et nous préparer pour les choses que nous pouvons avoir encore à rencontrer dans l’avenir.

Le caractère distinctif de ces saints n’était pas les œuvres, mais la souffrance. Les saints d’Éphèse étaient des faiseurs d’œuvres et ceux de Smyrne connaissaient de grandes souffrances. Souvenons-nous que souffrir est un aspect du service, tout comme faire des œuvres.

Le Seigneur a permis que les épreuves aux jours de Smyrne aient un triple caractère : souffrances de la part du monde, pauvreté due aux circonstances, et opposition du diable.

Une église qui a perdu son premier amour est en danger d’être entraînée dans le monde ; pour arrêter cette dérive, le Seigneur permet que le monde la persécute. Bien plus, une église qui est entraînée vers le monde risquera toujours d’adopter les méthodes du monde, et d’essayer de faire prospérer les intérêts du Seigneur en usant des richesses terrestres et en se servant de la puissance et de l’influence du monde. Combien différente était l’Église du début, composée principalement de pauvres, n’ayant ni la puissance ni la faveur du monde. Alors vraiment ils étaient enrichis d’« une grande puissance » et d’une « grande grâce » (Act. 4, 33). Mais c’était une force spirituelle et cette grâce avait une autre origine. Prévoyant ce danger, le Seigneur dépouilla l’église de Smyrne d’une manière telle qu’ils étaient pauvres dans les choses qui, pour le monde, sont un gain, comme la richesse, la puissance et l’autorité, et cela afin de les rendre riches dans Son estimation. Ainsi le Seigneur peut dire de cette église : « Je connais ta tribulation, et ta pauvreté (mais tu es riche) ». Il vaut bien mieux être pauvre aux yeux du monde et riche dans l’estimation du Seigneur, qu’être comme l’Église dans sa dernière étape, riche et enrichie, mais aux yeux du Seigneur « le malheureux et le misérable, et pauvre » (3, 17).

Hélas ! en contraste avec l’église de Smyrne, nous voyons la profession chrétienne tomber rapidement, de tous côtés, dans un état laodicéen, dans lequel ceux qui professent suivre Celui qui n’avait pas où reposer Sa tête, rivalisent d’ardeur pour s’assurer pouvoir et influence dans le monde. Aux jours de Smyrne, pour enrayer le glissement vers le monde, le Seigneur utilisa la persécution, qui entraîna l’appauvrissement des saints. Mais l’ennemi chercha d’une autre façon à semer la confusion dans l’assemblée et à l’attirer dans le monde. Aux jours de Smyrne, l’Église dut faire face à l’opposition de ceux qui insistaient sur des principes juifs et cherchaient ainsi à attirer l’Église dans une religion mondaine. Le mot « juif » est probablement utilisé dans un sens figuré, pour désigner ceux qui, comme les Juifs, se glorifiaient d’un système cérémonial héréditaire de sacrements, qui associait la religion au monde et cherchait à la rendre attrayante pour la chair au moyen d’édifices magnifiques, de vêtements somptueux et de cérémonies grandioses. L’ennemi s’efforçait ainsi de faire du christianisme un système, qui, tout en étant très agréable pour la chair, tient l’âme à distance de Dieu. De plus, un tel système nécessite une sacrificature humaine selon le modèle juif, car, comme cela a été justement dit : Toutes les fois que le monde est lié à la religion, une sacrificature doit être introduite, car le monde, comme tel, ne peut pas et ne veut pas se tenir devant Dieu.

On peut bien comprendre que ces docteurs judaïsants paraissent sur la scène dans des temps de persécution, car leur enseignement offrait un moyen spécieux d’y échapper. L’apôtre Paul demande : « Si je prêche encore la circoncision, pourquoi suis-je encore persécuté ? — alors le scandale de la croix est anéanti » (Gal. 5, 11). La loi, avec ses édifices imposants, ses cérémonies somptueuses et son rituel chargé d’ornements, reconnaît la chair et s’adresse à elle. Si nous acceptons de reconnaître la chair et adoptons ses méthodes, le monde n’aura pas d’objection à être religieux et, au lieu d’être persécuteur, commencera à protéger un christianisme corrompu correspondant à ses goûts. L’attaque du diable contre l’Église dans la période de son histoire représentée par Smyrne, prit une double forme. D’abord, il chercha à saper ses fondements en l’associant au judaïsme. Devant l’échec de cette attaque, il s’opposa à elle par la persécution. C’est toujours ainsi qu’agit le diable. Aiguillonné par la naissance du Seigneur, il montra d’abord sa méchanceté en essayant la corruption, quand Hérode chercha le petit enfant sous prétexte de vouloir Lui rendre hommage. N’y ayant pas réussi, le diable chercha à détruire l’enfant par la violence, en tuant tous les enfants de Bethléhem. De même, lors de la première prédication de l’évangile en Europe, nous voyons un autre déchaînement de la haine du diable, quand il chercha à arrêter l’œuvre, par cette femme possédée d’un esprit de python qui semblait aider cette œuvre, mais en fait la corrompait. Cette ruse étant découverte, il eut recours à la violence, excitant les hommes à battre les apôtres et à les jeter en prison. Ici, au début de l’histoire de l’Église, les apôtres ayant été retirés de la scène, le diable, à nouveau, lança une double attaque contre l’Église. Il chercha premièrement à la détourner de son appel céleste par les influences corruptrices de ceux qui, par leurs pratiques, se disaient Juifs, mais ne l’étaient pas. Ces personnes cherchaient à former une église selon le système juif en y ajoutant les enseignements chrétiens. Un tel système ne serait ni une vraie synagogue juive, ni une simple assemblée chrétienne, mais un mélange des deux et par conséquent rien d’autre qu’une contrefaçon, une synagogue de Satan. À ce stade de l’histoire de l’Église, cet effort échoua manifestement, car ces instruments de Satan ne sont pas considérés comme étant l’Église. Ils cherchaient peut-être de fait à agir dans l’assemblée, mais le Seigneur dit : « Je connais… l’outrage de ceux qui se disent être Juifs ». Le Seigneur les connaissait et l’Église leur résista.

Verset 10 : L’attaque par la corruption ayant échoué, il fut permis à Satan d’avoir recours à la violence ; le Seigneur dit : « Le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison ». La violence du diable peut certes causer des souffrances pour le peuple de Dieu, mais elle est moins dangereuse pour lui que ses ruses. Le Seigneur permet cette attaque, car, comme Pierre le dit dans son épître, les saints peuvent être « affligés maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire » (1 Pier. 1, 6). Cependant, si le Seigneur juge que l’épreuve est « nécessaire », Il y mettra aussi une limite, et nous lisons : « vous aurez une tribulation de dix jours ». Pierre dit pareillement que ces diverses tentations ne sont que « pour un peu de temps ». Le Seigneur peut laisser Satan jeter quelques-uns en prison, mais Il ne lui permet pas de dépasser les dix jours qu’Il a fixés.

Le Seigneur ne cache pas aux fidèles le chemin qui est devant eux. Souffrance, prison, et peut-être martyre, seront leur portion. Néanmoins, Il les encourage : « Ne crains pas », « Sois fidèle », et cela même jusqu’à la mort, car au-delà de la mort il y a la couronne de vie. Le Seigneur place devant eux la croix pour le temps présent, et la couronne pour l’avenir. Autrefois, le Seigneur avait dit à Ses disciples : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui après cela ne peuvent rien faire de plus » (Luc 12, 4). Au-delà de la mort, ni hommes ni démons n’ont plus aucun pouvoir. Ils ne peuvent toucher l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu, ni la couronne de vie qui attend le martyr fidèle.

Si, dans cette vie, il est parfois permis au diable de susciter des persécutions contre les saints, il n’est pas à craindre qu’ils soient vaincus, mais, comme le Seigneur dit à ces saints dans la souffrance : C’est « afin que vous soyez éprouvés ». Cette épreuve n’est pas l’épreuve de la chair, mais l’épreuve de la foi. C’est pourquoi le Seigneur dit : « Sois fidèle ». Le Seigneur pouvait dire à Pierre : « Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé ; mais moi, j’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas ; et toi, quand une fois tu seras revenu, fortifie tes frères » (Luc 22, 31, 32). Des années plus tard, nous entendons Pierre fortifier ses frères. Il leur rappelle que les hommes éprouvent leur or par le feu, mais que l’épreuve de leur foi est bien plus précieuse que celle de l’or qui périt (1 Pier. 1, 7). Aussi ne doivent-ils pas être surpris si Dieu éprouve la foi de Ses saints en les faisant passer par la fournaise ardente de la persécution. S’Il les afflige ainsi, c’est afin que l’épreuve de leur foi « soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ ». La mort du martyr au jour de la souffrance aboutira à la couronne de vie au jour de la gloire.

Verset 11 : Les « dix jours » de violente persécution peuvent être passés, mais nous devons néanmoins écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées. Le message à Smyrne aux jours de sa violente persécution s’adresse à nous, en ce temps de profession facile. Il nous parle du vrai caractère du monde sous le pouvoir de Satan et nous rappelle les deux manières par lesquelles le monde peut détourner l’Église de sa fidélité à Christ. D’une part, il corrompt l’Église par une religion mondaine, mélange de judaïsme et de christianisme ; ou, si cela est sans effet, il la persécute ouvertement. Nous sommes aux derniers jours de la chrétienté : la corruption a si entièrement imprégné la vaste masse de la profession chrétienne, qu’il est à peine nécessaire que Satan la persécute. Néanmoins, ni le diable, ni le monde n’ont changé dans leur hostilité à Christ.

La promesse au vainqueur est bien de saison en ce jour de persécution. Il n’aura point à souffrir de la seconde mort. Le corps peut souffrir sur le chevalet du bourreau ou dans les flammes du bûcher, mais l’âme du croyant ne peut pas souffrir de la seconde mort. Le martyre peut séparer l’âme du corps, mais la seconde mort ne séparera jamais de Dieu l’âme du croyant. Cette promesse est de nature à encourager le vainqueur au travers des souffrances qui peuvent aller jusqu’à la mort.