Messager Évangélique:L’œuvre de Dieu dans le temps actuel
Dans un temps où il est si évident que le Seigneur rassemble des âmes pour Lui-même, et où le cœur de Son peuple, en général, est rempli, soit de la joie qu’inspire cette œuvre bénie, soit du désir de la voir de près, il importe beaucoup de maintenir la vraie balance de la vérité et de l’espérance selon l’Écriture. Quant à ceux qui sont actifs dans l’œuvre, ils sont exposés au danger de ne pas maintenir cette balance, telle qu’elle est indiquée dans ce passage et dans d’autres portions de la Parole. Celui que le Seigneur emploie à la conversion des âmes courra le risque de considérer cette œuvre comme le seul but de tout ministère, et sera porté à rabaisser la valeur de ce qui, dans son exercice, n’est pas accompagné des démonstrations de la même puissance ; tout comme, de l’autre côté, là où l’âme se réjouit dans la grâce qui se déploie, il y aura tentation, sans qu’on s’en doute peut-être, d’abandonner la voie tranquille de l’enseignement et de l’exhortation, pour le désir plus captivant d’être employé à l’œuvre de la conversion.
On ne devrait jamais soulever la question de savoir quel ministère est le plus important, ou celui qui a pour but la conversion des âmes à Christ, ou celui qui se rapporte à l’édification des croyants. Le même Seigneur qui a dit : « Allez par tout le monde, prêchez l’évangile à toute la création » (Marc 16), a dit aussi : « Pais mes brebis — Pais mes agneaux » ; et dans un autre endroit, où il n’est pas question d’évangélisation : « Prenez garde à tout le troupeau » (Act. 20, 28) etc.
Plus l’Esprit de Dieu emploie l’évangéliste, plus il convertit d’âmes à Christ, plus impérieuse devient cette parole : « Que celui qui est appelé à enseigner, soit à l’enseignement » ; plus important est le soin de tout le troupeau. Mais à moins que l’on ne reconnaisse de cœur la suprématie de Christ, ce ne sera pas là la tendance naturelle, et le ministère n’y aura point égard, là où le moi n’est pas mis de côté par le sentiment de la grâce infinie de Christ. Sans doute, là où Christ tient la première place dans le cœur, la grâce y développera de saintes affections produisant des soins et des services envers ceux que Christ a aimés. Peu importe dans quel canal la grâce coule, elle aura toujours pour effet de faire apprécier Christ davantage, ainsi que tous ceux sur qui Christ met Son sceau et Son nom. L’âme qui sent pratiquement couler le fleuve de la grâce de Christ ne portera pas envie aux autres, et ne quittera pas son propre sentier pour imiter autrui ; elle n’aura pas l’idée de courir glaner dans un champ, parce que d’autres y ont recueilli d’abondantes gerbes pour le grenier du Maître.
Les espérances réveillées par cette grande et étonnante œuvre de Dieu, et les pensées quant à son résultat différeront, suivant que l’esprit aura été formé à une soumission habituelle à la Parole divine, ou n’aura fait que donner son assentiment à des notions généralement reçues relativement au progrès du monde, et à un millénium spirituel.
L’auteur de ces lignes croit que cette œuvre de Dieu est le brillant indice précurseur de la prochaine venue du Seigneur pour Ses saints, et le signe, pour le monde, du jugement qui s’approche. Il a l’intime conviction que le fleuve de grâce triomphante qu’il a vu lui-même dans un lieu, pendant le court espace d’un mois, amener à l’attente certaine de la gloire de Christ des multitudes qui avaient été jusque-là « sans espérance et sans Dieu dans le monde », continuera à couler. « Au milieu de la nuit il se fit un cri : Voici, l’époux vient, sortez à sa rencontre. Alors toutes ces vierges se levèrent et préparèrent leurs lampes ». Et alors « l’époux vint, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces. Et alors la porte fut fermée ».
La dispensation actuelle a été introduite, ou plutôt l’éclatant témoignage du Saint Esprit à un Christ ressuscité, a été marqué par les fruits de la grâce triomphante, qui a tiré le Juif hors de son formalisme, et le Gentil de sa dégradation morale et de son orgueil philosophique, et les a placés l’un et l’autre en dehors du monde dans lequel ils avaient vécu, les amenant à l’espérance assurée de la résurrection et à l’attente pratique du Fils de Dieu, venant du ciel. Et maintenant, après de longs siècles de ténèbres, au milieu desquelles on a vu briller ici et là, à de grands intervalles, un rayon de lumière et un témoignage passager rendu à Christ, pour retomber ensuite dans l’obscurité générale, la dispensation est sur le point de se clore par un final et vivant témoignage à la même grâce triomphante. Je ne veux pas dire, quant à la doctrine seulement, bien que, sous ce rapport, il y ait pour un esprit observateur quelque chose de significatif dans le fait que des milliers d’individus, en Angleterre, par exemple, sont poussés à aller écouter, dans des théâtres et autres lieux publics, le témoignage plus ou moins clair de cette même grâce qu’on voit ici et là porter ses fruits, et se créer des témoins, en vivifiant des âmes prises parmi les plus insouciants, les plus ignorants et les plus impies ; comme aussi elle réveille même soudainement de simples professants mondains par la seule puissance de la bénédiction qu’ils ont vue se déployer autour d’eux et entrer dans leurs familles, tellement qu’ils en viennent à sentir et à confesser que « toutes choses sont une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus Christ », et que la venue du Seigneur est à la porte, prête à mettre toutes choses à l’épreuve.
Des instruments pour cette œuvre, Dieu sait où les trouver, et là où il n’y en a pas, Il peut les créer Lui-même. Souvent Il en emploie auxquels nous n’aurions jamais pensé, et auxquels, en dehors de leur propre sphère, nous n’aurions jamais eu confiance ; mais l’œuvre doit marcher ; « car il consomme et abrège l’affaire en justice, parce que le Seigneur fera une œuvre abrégée sur la terre ».
Les discussions sur les dons ou le manque de dons des ouvriers se sont trouvées souvent n’être que des spéculations vaines et sans fruit ; tandis que l’exercice patient et humble de la force quelconque que le Seigneur a donnée pour l’édification, est toujours reconnue de Lui, et aboutit à la bénédiction des âmes. L’exhortation de Paul à Timothée est : « Fais l’œuvre d’un évangéliste, accomplis pleinement ton service » ; et la direction donnée par le passage qui nous sert de texte, est : « Ayant des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée, soit la prophétie, prophétisons selon la proportion de foi ; — soit le service, soyons au service ; — soit celui qui enseigne, à l’enseignement ».
La source du don doit être reconnue, et sa vérité prouvée, là où seulement elle peut l’être — dans son exercice. La soumission du cœur au Seigneur est le sacrifice le plus agréable pour Lui ; et c’est la condition essentielle pour être employé par Lui. « Obéissance vaut mieux que sacrifice ». « Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? ».
En toutes choses la première affaire devrait être que la vie intérieure soit au niveau de l’exercice extérieur de la puissance ou du service. Une autre chose à se rappeler c’est que la prière est le secret ressort de tous les réveils. Non pas tant la prière qui se fait aux oreilles des personnes qu’on veut atteindre, bien que Dieu puisse s’en servir, là où le cœur est simple ; mais la prière dans le secret avec le Seigneur, par laquelle tous peuvent efficacement — le plus efficacement, aider à cette œuvre.
Pour plusieurs peut-être cette œuvre du Seigneur est un sujet d’étonnement ; tandis que d’autres ont vu, par l’étude tranquille de la Parole, la doctrine, dont la puissance s’affirme maintenant, préparer ses effets en silence, et se répandre au loin, et ont contemplé par avance l’issue finale de l’œuvre actuelle de Dieu.
Rien, dans les signes des temps, ne les surprend, parce qu’ils ont pris garde à la Parole qui montre « par avance quelle sera la fin » ; — la fin de l’espérance de l’Église ; et aussi, hélas ! la fin de la gloire du monde ! Qu’une nuit de jugement s’approche pour le monde, provoquée par la corruption croissante de la profession extérieure du christianisme, c’est ce qu’on a vu dès longtemps ; mais ce qui a été peut-être une surprise pour la plupart, c’est cette éclaircie soudaine qui a brillé avant que le soleil de la grâce se couche dans l’obscurité sur ce pauvre monde.
Plusieurs de ceux qui se réjouissent à juste titre de cette grâce et flottent dans ce courant, ne voient rien de plus, et rien au-delà, et s’imaginent que ce fleuve, en avançant, pourra, sans dommage, effacer toutes les bornes de vérités qui distinguent les chrétiens entre eux. Ceci est de l’infirmité humaine. La grâce ne détruit pas la vérité, pas plus que la conversion de multitudes d’âmes ne détruit les privilèges et le caractère de l’Église de Dieu. La bénédiction est de Dieu, et doit être reconnue partout où elle se montre, et avec quoi que ce soit qu’elle puisse être associée extérieurement ; mais ce qui ne pourra jamais être de Dieu, c’est d’employer la bénédiction à paralyser la vérité et la volonté de Celui de qui la bénédiction procède.
Lorsque Barnabas visita Antioche et vit la grâce de Dieu dans « le grand nombre qui avaient cru et s’étaient tournés vers le Seigneur, il s’en réjouit, et les exhorta tous à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur ». Et lorsque Paul s’adressait aux anciens de l’assemblée d’Éphèse, à la fin de son ministère, faisant allusion aux maux et aux souffrances qui s’amassaient autour du champ de ses travaux, et cherchaient à s’y faire jour, afin de tout corrompre et détruire, il dit avec une force particulière : « C’est pourquoi veillez, vous souvenant que durant trois ans, je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun de vous avec larmes ».
« Le temps est court ». « Et encore ceci, vu la saison, sachant que c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru : la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché : rejetons donc les œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière » (Rom. 13, 11, 12).