Messager Évangélique:La foi opérante par l’amour

De mipe
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Le monde a repoussé le Fils de Dieu, alors même que Celui-ci, dans Son amour tendre et empressé, recherchait, pour les soulager, tous les besoins et toutes les souffrances qui étaient autour de Lui. C’est à cause de Son amour même que les hommes devinrent Ses ennemis. Ils prirent aussi occasion de l’humiliation de Jésus Christ (humiliation qu’Il acceptait volontairement, afin de sauver les pécheurs), pour L’accabler d’opprobres et d’indignités. Quand Il vint pour réconcilier, pour déployer toute la tendresse de Son amour sympathique, les hommes n’eurent point de repos qu’ils ne se fussent débarrassés de Dieu. Quand Il descendit au milieu même des misères et des souffrances d’un monde gisant dans le mal, ils ne voulurent rien de Lui. Son humiliation leur servit de prétexte à Le couvrir de mépris et d’infamie.

S’il en fut ainsi des fils des hommes, si ce fut là que le Seigneur de la vie et de la gloire eut à trouver dans le monde, la foi (œuvre de l’Esprit de Dieu), la foi qui saisissait Jésus était des plus réjouissantes pour Son cœur. Nous avons de bonnes raisons pour savoir qu’il en était ainsi, béni soit Son nom. Non seulement Il soulageait les misères qui Lui étaient présentées, mais encore Il prenait plaisir à la foi qui les présentait. Cette foi, cependant, se montrait de différentes manières. Elle agissait par différents mobiles de l’âme. Elle opérait parfois, comme par un esprit de révérence, parfois comme par un esprit de liberté. Cela ne veut pas dire seulement que le Seigneur rencontrait des cas de foi forte ou de foi faible, mais qu’Il avait affaire avec la foi présentant des traits forts différents dans son approche et ses appels à Christ.

Par exemple, elle était très libre chez les quatre hommes qui Lui amenèrent leur ami paralysé ; elle était réservée dans la femme qui Le toucha par derrière au milieu de la foule. En Bartimée, elle était signalée par une intelligence, ferme et sans réserve, de la grâce ; dans le centenier, elle agissait par une conception, pleine d’adoration, de la gloire personnelle du Sauveur. Bartimée reconnut en Lui la grâce du Fils de David, qui devait faire marcher les boiteux et rendre la vue aux aveugles ; ce qui l’encourageait à crier toujours plus fort en dépit de la multitude, jusqu’à ce que la connaissance de sa misère arrivât aux oreilles de Jésus Christ. D’un autre côté, le centenier se juge indigne d’approcher de Lui et sa maison indigne de Le recevoir ; c’est à peine s’il osait se permettre de parler de sa douleur au-delà de ce qui était strictement nécessaire.

Il y avait assurément là une différence. L’un avait une grande assurance, parce qu’il connaissait la grâce de Christ, l’autre montrait surtout du respect et de la retenue, parce qu’il connaissait la gloire personnelle du Seigneur. Néanmoins nous ne saurions dire lequel des deux fut le mieux accueilli. Chacun d’eux, aussi sûrement et aussi promptement l’un que l’autre, reçoit la bénédiction dont il avait besoin, et il est évident, d’après tout l’ensemble des deux récits, que Jésus fut réjoui par la foi de chacun d’eux, quoiqu’elle vînt et recourût à Lui dans un esprit si différent.

Cette diversité, nous la découvrons aussi chez les saints de nos jours ; chez quelques-uns, c’est l’esprit de respect, ressemblant à la réserve du centenier, qui prévaut ; chez d’autres, c’est l’esprit de liberté, ressemblant à la sainte hardiesse de Bartimée. Nous pouvons, par infirmité, ne pas comprendre de telles différences ou les mal juger ; mais il est heureux de voir que le Seigneur, selon Sa manière à Lui, peut apprécier chacun et tous.

Mais si la foi opérait ainsi en la présence du Christ, quand Il était sur la terre, elle avait opéré par d’autres mouvements de l’âme avant Sa venue. Par la foi, Noé, saisi de crainte, prépara une arche pour la conservation de sa maison. La parole que Noé avait entendue et reçue, était bien propre à exciter en lui de la crainte. La foi en cette parole opérait par la crainte, elle apportait à son oreille l’annonce d’événements des plus redoutables ; aussi la crainte de Dieu et de Sa parole était le fruit de la foi.

Rahab dit aux espions de Josué que ce que sa nation avait appris des exploits du Dieu d’Israël en faveur de Son peuple, avait causé une panique générale ; quant à elle, ayant cru ce qui était raconté, elle reçut les espions en paix. C’était là un autre exemple de la foi opérant par la crainte[1].

Ainsi donc, un esprit de révérence, un esprit de liberté, de crainte, ou d’autre sentiment peut être la forme de cette puissance dans l’âme, par laquelle la foi opère. Mais l’apôtre nous parle de l’amour, comme étant la vraie puissance par laquelle la foi opère maintenant. Comme il le dit : « Dans le Christ Jésus, ni circoncision, ni incirconcision, n’ont d’efficace, mais la foi opérante par l’amour ».

Si, de nos jours, la foi conduit à la crainte, elle ne fait que saisir son moindre instrument. Le Seigneur peut soutenir et consoler les faibles, Il peut répondre aux tremblements et aux incertitudes du cœur ; mais confessons qu’ils sont indignes de Sa grâce en Christ Jésus. Le Seigneur ternirait l’éclat de Ses voies, s’Il pouvait admettre que la foi en Lui pût opérer par la crainte. La contemplation de Dieu, maintenant que Sa gloire resplendit en la face de Jésus Christ, doit inspirer la confiance et la liberté, et c’est là la foi opérant par l’amour. L’épître aux Galates nous montre le droit de la foi à opérer de cette manière. Le Fils de Dieu a porté la malédiction de la loi, afin que nous reçussions la bénédiction de Dieu ; le Fils de Dieu est né sous la loi, afin qu’Il nous rachetât et nous amenât à l’adoption et à la liberté d’enfants. Confiance, affranchissement, la conscience et le cœur au large, l’amour répondant à l’amour, tels doivent être les fruits de la foi en des faits tels que ceux-là. Aussi la seule conclusion de tout cela, consiste à répéter avec l’apôtre : « Dans le Christ Jésus, ni circoncision, ni incirconcision, n’ont d’efficace, mais la foi opérante par l’amour ».

Cependant j’ajouterai quelques mots sur l’effet, soit sur l’âme, soit sur la vie, de ce beau principe, de cette « foi qui opère par l’amour ». Et d’abord, quelle différence entre le bonheur et la religiosité ! Les Galates étaient passés du premier à la seconde ; triste, honteux passage ! Dans leur premier état, ils se fussent arrachés les yeux pour Paul, le témoin et le ministre du Christ parmi eux. Précisément, parce qu’ils étaient si heureux en Christ. Dans leur second état, Paul est en perplexité à leur sujet, il craint qu’en se mordant et en se déchirant les uns les autres, ils ne finissent par être consumés l’un par l’autre. Ils étaient devenus beaucoup plus religieux que quand il était avec eux précédemment ; mais ils avaient perdu leur bonheur. Ils observaient les jours, et les mois, et les temps, et les années, mais qu’était devenue leur disposition à s’arracher les yeux pour autrui ?

Quelle différence ! Et il en est de même de nos jours. Nous connaissons des âmes qui jouissent avec délices de Christ, et qui par là parviennent à un état de force et de victoire, tandis que, d’un autre côté, tout ce qui nous entoure ne nous montre que trop avec quelle facilité s’opère l’alliage si naturel de la religion et de la mondanité, de l’observation d’ordonnances, en même temps que d’un complet assujettissement au train du présent siècle mauvais.

Or, « la foi opérante par l’amour » est la source ou la compagne de cet état de « bonheur », dont nous parlons, et que l’apôtre décrit ainsi, en Galates 4, 15 : « Quel était donc le bonheur dont vous vous vantiez ? Car je vous rends témoignage que, s’il eût été possible, vous eussiez arraché vos yeux et vous me les eussiez donnés ».

L’apôtre lui-même, la même épître nous le montre, avait fait l’expérience de ce même bonheur. Quand il eut reçu l’évangile, il descendit en Arabie ; car il n’avait besoin ni de Jérusalem, ni des apôtres, ni de quoi que ce soit, pour faire quelque chose pour lui ou lui donner quelque chose ; il avait son trésor avec lui, le Fils avait été révélé en lui. Aussi plus tard, à Antioche, il ne craignit pas de résister à Pierre : l’homme, quelque honoré ou au-dessus de lui qu’il fût à quelques égards, ne lui imposait pas ; son esprit heureux se nourrissait de l’amour du Fils de Dieu (voir les chap. 1 et 2).

Ce sont là des traits de l’esprit de l’apôtre, indiquant bien cet état de « bonheur » qui accompagne la « foi opérante par l’amour ».

Les saints hébreux nous donnent un autre exemple du même genre. Dans les jours qui avaient suivi leur illumination ou leur vivification, ils avaient accepté avec joie l’enlèvement de leurs biens, et ils s’étaient associés volontairement à ceux qui souffraient et qui étaient dans l’opprobre pour l’amour du Christ. En Actes 2, l’église à Jérusalem nous montre le même bonheur. Là tous les croyants étaient ensemble, et ils avaient toutes choses communes. Nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui. Ils prenaient leur nourriture avec joie, louant Dieu. De même encore l’eunuque éthiopien, en Actes 8, qui continua son chemin tout joyeux, quoiqu’il vînt de perdre Philippe, parce qu’il avait trouvé Christ. Assurément tous ceux-là connaissaient « le bonheur » de la « foi opérante par l’amour ». Mais le temps nous manquerait si nous voulions parler de tous les cas semblables, soit dans ces anciens temps, soit maintenant de nos jours. — Que Dieu en soit béni !



  1. La foi opérait de cette manière. La crainte en était le terme, comme Moïse le dit au peuple : « Dieu est venu pour vous éprouver, et afin que sa crainte soit devant vous » (Exode 20). Moïse lui-même disait : « Je suis épouvanté et tout tremblant » (Héb. 12, 21).