Traité:Écoutez et votre âme vivra

De mipe
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1857

Ces paroles, tirées de la prophétie d’Ésaïe (55, 3), se rapportent évidemment, par anticipation, au temps où notre Seigneur Jésus Christ était sur cette terre, prêchant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Si les Juifs l’eussent reçue, cette nouvelle aurait précisément produit sur eux l’effet annoncé dans ces paroles ; car, s’ils eussent « écouté », leurs âmes auraient trouvé la vie. Mais ils ne voulurent pas « écouter ». Ils rejetèrent le Roi qui leur avait été promis, et qu’ils attendaient depuis longtemps, et se joignirent aux Gentils, leurs gouverneurs, pour Le mettre à mort. Cependant ce crime horrible servit, par un effet de la merveilleuse grâce de Dieu, à manifester des profondeurs de compassion et d’amour envers les pauvres pécheurs, telles que nulle âme d’homme n’eût pu en concevoir l’idée. Christ « ayant été livré par le conseil déterminé et par la préconnaissance de Dieu », les Juifs « l’ont tué, l’ayant cloué par des mains iniques » (Act. 2, 23). Mais pourquoi fut-Il livré par le conseil déterminé et par la préconnaissance de Dieu ? Il « fut livré à cause de nos offenses, et il se réveilla à cause de notre justification » (Rom. 4, 25). Dieu « n’épargna point son propre Fils, mais il le livra pour nous tous » (Rom. 8, 32). Le sang versé par les mains iniques des hommes devint ainsi, suivant le conseil déterminé et la préconnaissance de Dieu, la source qui lave leurs péchés.

Un effet particulièrement important de ce merveilleux événement, c’est que, avant la mort du Christ, ce n’était qu’aux seuls Juifs qu’il était dit : « Écoutez, et vos âmes vivront » ; tandis que, lorsqu’ils L’eurent crucifié et que Dieu L’eut ressuscité d’entre les morts, cet appel ne fut plus limité aux Juifs ou à Israël seulement ; mais il fut adressé à tous les hommes indistinctement. En effet, voici ce que Jésus Lui-même dit à Ses disciples après Sa résurrection : « C’est ainsi qu’il est écrit ; et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il se relevât d’entre les morts, le troisième jour, et qu’on prêchât en son nom la repentance et le pardon des péchés parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem » (Luc 24, 46). Quelle merveille de grâce est déployée dans ces dernières paroles ! Ainsi la première proclamation du pardon et de la paix par l’effusion du sang du saint Agneau de Dieu devait être faite dans la cité même où ce sang venait d’être répandu par des mains iniques. Mais quoique cette grâce fût offerte, en premier lieu, à Israël, elle ne pouvait plus désormais être restreinte à Jérusalem ou aux Juifs. « La repentance et le pardon des péchés devaient être prêchés parmi toutes les nations ». Le Fils de l’homme avait été glorifié, et Il avait dit Lui-même : « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, je tirerai tous les hommes à moi » (Jean 12, 32).

C’est ainsi, cher lecteur, que la bonne nouvelle est parvenue jusqu’à vous et jusqu’à moi. C’est ainsi que moi, pécheur d’entre les Gentils, j’ai l’occasion et le privilège de vous rappeler, à vous, autre pécheur d’entre les Gentils, cette bonne nouvelle, « que Dieu était dans le Christ, réconciliant le monde avec soi, ne leur portant point en compte leurs offenses » (2 Cor. 5, 19). C’est ainsi que vous avez le privilège d’entendre cette déclaration : « Quiconque croit, est justifié par lui (Jésus) de toutes les choses dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse » (Act. 13, 39). Et si, pendant que vous entendez ou que vous lisez ces paroles, votre cœur s’ouvre pour les recevoir, alors cette autre déclaration devient une réalité relativement à vous : « Étant justifié par la foi, vous avez la paix auprès de Dieu par le moyen de notre Seigneur Jésus Christ » (Rom. 5, 1).

Mais qu’est-ce donc que cette foi par laquelle je dois être justifié, et que dois-je faire pour l’obtenir ? demanderez-vous peut-être. Le but de ce petit traité est de répondre aux difficultés exprimées en pareils termes par bien des gens. Le Seigneur veuille, par Son Esprit, faire servir ce que nous allons dire à éclairer votre âme et à lui procurer la paix !

Il y a, dans le Nouveau Testament, deux passages qui mettent le sujet impliqué dans votre question dans le jour le plus évident possible. Le premier se trouve dans l’épître aux Galates, chapitre 3, verset 2, où l’apôtre dit : « Je voudrais seulement apprendre ceci de vous : est-ce par des œuvres de loi ou par l’ouïe de la foi que vous reçûtes l’Esprit ? ». C’est sur cette dernière expression, « l’ouïe de la foi », que nous attirons particulièrement votre attention. L’autre passage est dans l’épître aux Romains, chapitre 10, verset 17 : « Sans doute la foi vient de ce qu’on entend, et l’on entend au moyen de la Parole de Dieu ». Combien les pensées suggérées par ces passages sont différentes de celles qu’exprime votre question !

Votre question suppose que la prédication de l’évangile a pour but d’amener les hommes à sentir qu’ils ont besoin de salut, ou qu’ils ont besoin de la foi à laquelle le salut est attaché ; mais qu’ils ont ensuite quelque chose à faire pour obtenir cette foi et par elle le salut. Or, sur ce dernier point, vous êtes entièrement dans l’erreur. L’évangile déclare positivement que vous, que moi, que tous les hommes, sommes pécheurs et perdus, et que nous sommes tous incapables de nous sauver par nous-mêmes en aucune manière. Mais il nous dit aussi que, « lorsque nous étions encore sans force, Christ mourut en son temps pour des impies » (Rom. 5, 6). Il nous déclare que Celui qui mourut ainsi, Lui juste pour des injustes, fut relevé d’entre les morts et qu’Il est maintenant assis, en haut, à la droite de Dieu. Il nous déclare encore qu’ainsi Christ a fait pour nous ce que nous n’aurions jamais pu faire : que Son sang a fait propitiation pour le péché ; qu’Il a fait la paix par le sang de Sa croix ; et, qui plus est, que quiconque croit cela, est pardonné, est justifié, est reçu en grâce ; qu’il a la vie éternelle et qu’il ne viendra point en jugement, mais qu’il est passé de la mort à la vie. Eh bien ! mon cher lecteur, « la foi vient de ce qu’on entend ». Ce n’est pas proprement la conviction de péché qui vient de ce qu’on entend : ce n’est pas simplement le sentiment du besoin que nous avons de la foi qui est enseigné, et le désir de la foi qui est produit par l’ouïe ; non, c’est la foi, la foi elle-même qui vient de ce qu’on entend, et l’on entend par le moyen de la Parole de Dieu. C’est par la Parole de Dieu que l’Esprit produit la foi en ceux qui l’écoutent, même pendant qu’ils l’écoutent (ou, ce qui revient au même, qu’ils la lisent). Vous venez de lire ce que Dieu déclare touchant Son Fils Jésus Christ, savoir qu’Il mourut pour nos péchés, selon les Écritures, qu’Il fut enseveli, et qu’Il ressuscita d’entre les morts le troisième jour, selon les Écritures ; et que tout cela eut lieu afin que nous, pécheurs perdus sans ressource, nous crussions, et qu’en croyant nous eussions la vie par Son nom. Maintenant si, tandis que vous lisiez ces lignes, votre cœur a été ouvert, et si vous avez dit : « C’est justement le Sauveur qu’il me faut ; je crois que ce ne sont ni mes œuvres, ni mes efforts, ni mes désirs, ni mes résolutions qui peuvent me sauver, mais que Jésus mourut et ressuscita pour des pécheurs tels que moi, et c’est en Lui et uniquement en Lui que je me confie pour mon salut » ; — si tel est réellement le langage de votre cœur, alors vous croyez, la foi est venue par l’ouïe, comme l’ouïe par la Parole de Dieu. Par « l’ouïe de la foi » vous avez reçu l’Esprit ; et ce que ce Saint Esprit témoigne dans toute la Parole de Dieu, c’est que, par Jésus, vous avez le pardon de vos péchés ; que, par Lui, vous êtes justifié. Alors, au lieu de vous tourmenter à rechercher ce que c’est que la foi et comment vous pouvez vous la procurer, vous avez l’heureux privilège de vous réjouir de ce que Jésus a fait pour vous, lorsque vous ne pouviez rien faire ni pour obtenir le salut, ni pour obtenir la foi. Dieu vous a annoncé la paix par Jésus Christ et cette promesse n’a pas été en parole seulement, mais en puissance et avec le Saint Esprit, et vous avez cru. Vous avez été amené à discerner en ce Jésus crucifié, puis ressuscité et glorifié, Celui que Dieu a présenté aux pauvres pécheurs pour qu’ils missent en Lui leur confiance ; vous avez le droit de vous reposer sur Lui, et vous le faites. C’est là la foi. Et celui qui croit ainsi ne vient point en jugement. Celui en qui vous croyez ainsi a été condamné à votre place ; tout ce qui pouvait vous condamner, Il s’en est fait Lui-même — et Dieu L’en a fait — responsable ; et c’est pour cela qu’Il est mort. « Celui (Christ) qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a fait être péché pour nous, afin que nous, nous devenions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5, 21).

« Et la foi est-elle donc quelque chose d’aussi simple ? Avoir la foi, est-ce simplement croire de tout son cœur ce que Dieu déclare touchant Son Fils bien-aimé ? ». — Certainement, c’est là la foi, et « c’est pourquoi ce fut par la foi, afin que ce fût selon la grâce » (Rom. 4, 16). Ce n’est pas que la foi soit quelque chose en elle-même ; c’est en Christ, le divin objet de la foi, et dans le glorieux témoignage que Dieu rend à Son Fils, que réside toute la vertu salutaire. « Tous les prophètes lui rendent témoignage, que tout homme qui croit en lui reçoit le pardon des péchés par son nom » (Act. 10, 43). Tout homme qui croit en Lui a part à la grâce ; non, pourtant, que l’acte de croire soit quelque chose en soi-même ; il n’est ce qu’il est qu’à cause de Celui en qui l’on croit. C’est à Lui que tous les prophètes rendent témoignage, et c’est par Son nom que le croyant reçoit la rémission de ses péchés. Et, cher lecteur, si l’on s’est efforcé, dans ce qui précède, de montrer clairement ce que c’est que la foi, ce n’est pas pour que vous la cherchiez en vous-même, mais pour que vous regardiez avec confiance à Jésus, l’objet béni du bon plaisir de Dieu, et de la foi du pauvre pécheur. Tournez les yeux vers Lui ; contemplez l’Agneau de Dieu. De quelle hauteur infinie de gloire n’est-Il pas descendu ! À quelles profondeurs d’humiliation, d’ignominie et d’angoisse ne s’est-Il pas soumis ! Qu’Il était doux et humble de cœur ! Quelle sainteté, quelle obéissance dans Sa marche ! Il ne connaissait point le péché, et cependant Il a été fait péché pour nous. Voyez-Le souffrir. Quelle patience, quelle résignation d’agneau ! Nul murmure n’échappe de Ses lèvres ; Il n’a pas même un regard de reproche pour Ses tièdes disciples ni pour Ses ennemis meurtriers. Au contraire, lorsque ces derniers Le clouent à la croix, Sa prière est : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Il crie à Son Dieu, il est vrai ; mais quel cri ! « Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Oui, pourquoi, mon cher compagnon de péché ? Pourquoi le Sauveur fut-Il ainsi abandonné à l’heure de Sa mort ? À cela il ne peut y avoir qu’une réponse : « Il a été navré pour nos forfaits, et froissé pour nos iniquités ; l’amende qui nous apporte la paix a été sur lui, et par sa meurtrissure nous avons la guérison. Nous avons tous été errants comme des brebis ; nous nous sommes détournés, chacun en suivant son propre chemin, et l’Éternel a fait venir sur lui l’iniquité de nous tous » (És. 53, 5, 6). Et cependant, bien qu’Il fût ainsi humilié, ainsi meurtri, ainsi abandonné, Il avait en Lui-même la conscience de ce qu’Il était ; et même tandis qu’Il était suspendu au bois, Il fut le point de mire de la foi pour un pauvre pécheur mourant : « Seigneur », s’écria le malfaiteur, « souviens-toi de moi quand tu seras entré dans ton règne » (Luc 23, 42). Et le Seigneur lui répond immédiatement : « Tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis » (Luc 23, 43). Lecteur, si, du fond de ton cœur, tu peux L’appeler Seigneur, comme le fit ce brigand qui mourait ; si, de même que le brigand, tu regardes à Lui comme à ton unique espérance, ne te tourmente pas sur la question de savoir si tu as la vraie espèce de foi ou non, mais lève avec toute assurance les yeux sur Jésus et vois quel parfait Seigneur, quel charitable Sauveur tu as en Lui ; écoute-Le dire, en rendant l’esprit : « C’est accompli ». Au sujet de tout ce qui était nécessaire pour le salut de ce pauvre malfaiteur mourant, pour ton propre salut, pour le mien, pour le salut de tout autre pauvre pécheur quelconque, qui croit en Lui, au sujet de tout cela Il prononce ces mots : « C’est accompli » ; puis Il rend l’esprit. Ses paroles dernières : « C’est accompli » sont, pour ainsi dire, répétées du haut du ciel, le matin du troisième jour ; car ce fut alors que Dieu Le releva d’entre les morts. Alors Dieu dit : « C’est accompli ». De plus, Dieu L’éleva et Le fit asseoir à Sa droite dans les cieux ; et c’est de là que, par le Saint Esprit envoyé du ciel, Il nous prêche la paix, à nous Gentils qui étions loin, tout comme aux Juifs qui étaient près : — la paix avec Dieu, non une paix que nous ayons à faire, ni même une paix qu’Il ait encore à faire ; mais une paix qu’Il a faite par le sang de Sa croix. C’est cette paix qu’Il proclame comme étant le partage de tous ceux qui croient en Lui. Que Dieu le Saint Esprit, cher lecteur, amène tes yeux et ton cœur à se reposer sur Jésus, le crucifié, le ressuscité, le glorifié ; et puisse ton âme être tellement remplie de Lui, tellement ravie de ce que tu contemples en Lui, que tu n’aies de loisir et de cœur pour rien autre, sinon pour adorer et servir Celui qui t’a aimé et qui s’est donné Lui-même pour toi !