Traité:Sur l’épître aux Hébreux et en particulier sur chapitre 12 verset 25

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

ou Dieu parlant du haut du ciel 1842

L’épître aux Hébreux nous appelle à tout quitter pour Christ. Quels que soient les objets dans lesquels nous ayons pu jusque-là nous glorifier, il faut maintenant les abandonner, et recevoir à la place Jésus, le Christ de Dieu. Les anges font place au Fils ; Moïse, le serviteur de la maison, fait place à Christ qui en est l’architecte ; Josué, l’ancien capitaine qui introduisit Israël en Canaan, fait place à Christ, le capitaine du salut qui conduit maintenant Ses enfants à la gloire ; Aaron, le sacrificateur charnel et mortel, fait place au vrai Melchisédec qui vit et sert dans le temple céleste à toujours ; l’ancienne alliance fait place à la nouvelle que Jésus administre, et en même temps les anciennes ordonnances cérémonielles ou terrestres font place aux ministères spirituels et efficaces du Sacrificateur céleste ; enfin le sang des victimes fait place au sang de Christ offert par l’Esprit éternel.

Tel est un des principaux caractères de cette divine et glorieuse épître, qui annihile ainsi tout ce en quoi l’homme met sa confiance, pour établir le Seigneur Jésus, Fils de Dieu et Christ de Dieu, comme l’objet de la gloire et l’unique refuge des pauvres âmes.

Mais c’était là une doctrine dure à ouïr, particulièrement pour un peuple tel que les Juifs, qui avaient en tant de manières mis leur confiance dans la loi et dans la justice légale. Chez nous aussi aujourd’hui où, parmi tant de formes religieuses, des hommes proposent avec autorité d’autres fondements de confiance que Jésus, que d’autres hommes reçoivent aveuglément, nous avons besoin de considérer avec soin quelles sont les bases de cette doctrine. Dans ces jours où toute la création soupire, l’âme a soif de ce simple évangile, qui nous prêche la parfaite satisfaction de Jésus ; et c’est le dessein du Saint Esprit dans l’épître aux Hébreux d’exposer à cette âme avide les raisons pour lesquelles elle peut embrasser ainsi Jésus comme tout ce qui fait le sujet de sa confiance et de sa gloire. Cette épître lui dit ce qui l’autorise à apprécier ainsi Jésus, à L’estimer comme n’ayant pas Son égal, à Le juger, en un mot, comme le seul et unique appui du pauvre pécheur.

Mais comment le Saint Esprit nous assure-t-Il cette vérité par cette épître ? Comment nous montre-t-Il que c’est notre salut de laisser là tout autre soutien, afin de n’avoir que Christ seul pour appui ? Il nous Le montre de la seule manière que cela pouvait se faire, c’est-à-dire en présentant à notre âme l’appréciation que Dieu fait de Christ.

Ce qui garantit la valeur que j’attache à Christ, c’est que Dieu m’a déjà préalablement fait connaître cette valeur qu’Il possède. Si mon âme se confie exclusivement en Lui, je ne puis être fondé à le faire qu’en voyant que Dieu m’offre Christ comme Celui qui était le fondement de la confiance d’Israël lors de l’aspersion du sang en Égypte. Dieu avait ordonné ce sang, c’est ma divine et sûre garantie, et cette épître aux Hébreux me l’assure. Elle me parle du haut prix que Dieu voit en Christ, elle me dit comment Il a mis clairement, simplement et exclusivement sur Christ tout ce qui peut soulager l’âme. Voilà pourquoi cette admirable épître s’arrête avec tant de complaisance sur Christ dans toutes Ses relations diverses avec nous, dans tous les ministères qu’Il accomplit pour nous. Voilà ce qui explique les nombreuses citations, chap. 1, qui établissent Jésus bien au-dessus des anges ; voilà ce qui explique le glorieux commentaire que donne le chap. 2 sur la dignité du Fils de l’homme ; la déclaration de Sa grande supériorité sur Moïse, chap. 3 ; les témoignages abondants et variés, chap. 4, rendus à Son sacerdoce, bien autrement excellent que celui dont Aaron avait été honoré, ou que celui que la loi ait jamais conféré. Voilà pourquoi Il nous est représenté comme oint et sacré par un serment, et assis dans les lieux au milieu du sanctuaire ainsi qu’à la droite de la Majesté.

Dans tout cela, nous avons la main de Dieu Lui-même, exaltant le mérite de Jésus, le mesurant à toutes les dignités connues au ciel et sur la terre. L’âme est invitée de la manière la plus pressante à venir, à assister à cette grande opération, à cette divine épreuve du mérite de Jésus, de même que la congrégation d’Israël avait ordre d’attendre à l’entrée du tabernacle, afin que, chacun pour soi-même, contemplât et connût comme Dieu agréait le Sacrificateur, en sorte que chacun, quelque grande que fut la congrégation, eût personnellement, individuellement, toute liberté de s’en remettre aux soins et à l’intercession d’Aaron (Lév. 8 à 9). C’était une affaire qui concernait chacun individuellement, et la même liberté doit appartenir aussi à chacun de nous individuellement.

Notre âme est quelque chose qui nous regarde, nous ; car il est écrit que « personne ne peut racheter son frère » ; et c’est nous-mêmes qui devons connaître le remède divin, c’est nous-mêmes qui devons le posséder. Ce n’est pas un frère fidèle qui peut entendre ou croire pour nous, ce n’est pas une église qui peut nous représenter ; il faut que nous soyons à l’entrée du tabernacle nous-mêmes ; nous avons à connaître nous-mêmes la valeur de Jésus aux yeux de Dieu, et l’épître aux Hébreux est chargée de révéler ce secret du saint des saints ; elle est adressée non à un certain ordre de personnes privilégiées, mais à nous tous, afin que nous y contemplions, chacun, Jésus, tel qu’Il y est pesé à la balance du sanctuaire, et que nous recueillions les fruits bénis de ce secours assuré qui a été mis en réserve en Lui. Il ne s’agit dans cette épître ni d’une église particulière, ni d’une catégorie de personnes privilégiées comme on le pense et dit bien souvent ; mais c’est la voix de l’Esprit s’adressant directement à l’âme, afin qu’elle apprenne à connaître pour elle-même Celui en qui Dieu a placé le secours qui lui est nécessaire. Dans cette épître notre âme respire en quelque sorte le parfum du champ que le Seigneur a béni, et la foi respire le parfum de Christ, elle jouit de Christ comme Dieu en jouit Lui-même, et nous avons la lumière divine en notre cœur, nous sommes convertis de nos ténèbres à la lumière de Dieu. En un mot, Dieu devient notre bien propre.

Il y a cependant autre chose dans cette épître : elle nous fait comprendre aussi sous quels caractères Dieu a placé cette valeur exclusive en Christ, et ces caractères sont tels qu’ils répondent pleinement à nos besoins. La victoire ou le sacrifice (9, 14) ; le sacrificateur (chap. 7) ; le prophète ou docteur (2, 1-4) ; le capitaine qui mène les siens à la gloire (2, 10), et dans toutes ces qualités, comme dans chacune d’elles à part, nous Le voyons estimé de la manière la plus exacte par la main de Dieu, et nous Le trouvons parfaitement ce qu’il faut qu’Il soit pour des misérables tels que nous. D’après Dieu, Jésus est une victime parfaitement propre à purifier, un sacrificateur parfaitement propre à intercéder, un prophète parfaitement propre à instruire, et un guide parfaitement propre à nous transporter sains et saufs dans la gloire. C’est bien là tout ce qu’il nous faut. Cette épître nous trace notre itinéraire à partir du lieu de notre exil de pécheurs jusqu’à notre demeure de gloire où nous serons dans la société de Jésus. Oui, nous y lisons clairement nos droits, et nous nous reposons sur Jésus comme notre victime, notre sacrificateur, notre prophète, et notre guide, parce que Dieu Lui a donné tout ce qu’il est possible de valeur dans ces qualités dont Il est revêtu pour nous, et Dieu L’a apprécié à cause de Son œuvre, à cause de Sa personne, à cause de Son obéissance, parce qu’Il a versé Son sang, et qu’Il a pleinement accompli la volonté de Dieu pour nous. Là, dans cette épître, l’âme peut lire Ses titres, non selon l’estime qu’elle en fait elle-même, mais selon celle que Dieu fait de Christ.

Dieu parlant du haut du ciel

« Prenez garde de mépriser Celui qui vous parle : car si ceux qui ont refusé d’écouter Celui qui leur parlait sur la terre, n’ont pu échapper, combien moins nous, si nous rejetons Celui qui nous parle du haut du ciel »

L’apôtre, en adressant cette exhortation aux Hébreux, se plaçait au point de vue où Jésus Christ parlait, et en regard des conséquences qui devaient en résulter. Ce point de vue est spécifié : Il parlait « du haut du ciel », et il est mis en contraste avec cet autre : Il parlait « sur la terre ». S’ils ne purent échapper, ceux qui refusèrent d’écouter Celui qui leur parlait sur la terre, sur le mont Sinaï, faisant entendre les tonnerres de Sa juste loi, combien moins échapperons-nous, si nous rejetons Celui qui nous parle du haut du ciel, de la droite de Dieu le Père, au milieu de Sa gloire.

Voici le contraste : Christ parle maintenant du haut du ciel, tandis qu’alors Il parlait sur la terre ; menace terrible pour les transgresseurs, car ce qui arriva jadis montre que Christ fera bien autre chose, Lui « dont la voix alors ébranla la terre ». Cet événement qui s’est accompli met le sceau à ces autres paroles qu’Il prononce : « J’ébranlerai encore une fois non seulement la terre, mais aussi le ciel ». « Or, en disant : encore une fois, il indique par l’abolition de ces choses, que c’est une abolition de choses créées ». Et ces choses sont ce en quoi se trouve présentement le chrétien ; il n’est pas de ces choses, mais il est au milieu de ces choses. C’est pourquoi, ainsi environné, il est averti de ne pas se détourner de Celui qui parle du haut du ciel.

Voici sa situation. D’un côté, il contemple la plénitude de bénédictions, l’espérance indicible que cette voix du ciel lui révèle ; et de l’autre, il voit qu’il n’y a point de fondement sur lequel il puisse s’appuyer que la parole de Jésus qui est parfaitement stable, car elle a été éprouvée. Cette parole ne peut disparaître ou être ébranlée ; mais tout ce qui ne lui est pas associé étant exposé à être ébranlé, disparaîtra. Quand la voix ordonnera du haut du ciel l’anéantissement de tout ce qui s’oppose à elle, tout ce qui n’aura pas son caractère céleste passera.

Cette même voix implique la riche bénédiction du croyant, et aussi cette vérité, qu’il n’a pas d’autre appui que Jésus, non seulement pour la justice, mais pour toutes choses ; car toute autre chose est en opposition à Dieu, et quand sera close la période où cette voix retentira, tout ce qui n’appartiendra pas à la grâce passera.

« Il ébranla alors la terre ». C’était une scène effrayante. « La montagne était en feu ; et il se fit un grand tremblement de terre », tout cela dans le but d’inspirer une grande terreur. Mais en ceci est manifestée la bénédiction, c’est que l’enfant de Dieu n’est pas venu à ces terribles choses : « Vous n’êtes pas venu, dit l’apôtre aux Hébreux, à la montagne qui ne pouvait être touchée, et qui était embrasée, ni à l’obscurité des ténèbres, ni à la tempête, mais vous êtes venus au mont Sion et à la cité du Dieu vivant ».

Dans ces mots nous voyons caractérisée l’économie à laquelle nous sommes appelés comme croyants. Notre sûreté est que cette voix nous a parlé du haut du ciel, et que nous l’avons entendue, et que c’est la voix de Jésus.

Jésus est présenté comme étant entré dans Sa gloire et parlant du milieu de cette gloire.

Ce même Jésus qui parlait sur la terre, parle maintenant du haut du ciel. « C’est lui qui est monté », dit l’apôtre, « mais qui est aussi descendu d’abord dans les parties basses de la terre ». Le Seigneur Jésus parle surtout comme ayant entièrement satisfait pour tout ce qui devait être un obstacle au bonheur des siens. Cette voix nous dit que c’est la même personne, le même Christ, qui a été humilié pour nos péchés, qui a passé ici-bas « fatigué et pesamment chargé », le même homme qui a été crucifié, qui est mort, qui a été enseveli, qui est ressuscité et qui est monté au ciel, que c’est ce même Christ qui parle maintenant du haut du ciel, comme ayant traversé toutes ces épreuves, et qui est maintenant à la droite de Dieu, d’où Il invite Ses rachetés à y aller.

Et voici aussi de quelle manière Il parle du haut du ciel : Il fait entendre qu’Il a rendu l’obéissance à la loi tout entière, qu’Il a détruit le pouvoir de Satan, qu’Il a chargé sur Lui-même le péché et ses conséquences, et a ainsi englouti la mort pour les siens. La preuve manifeste que le Père a agréé cette pleine satisfaction, c’est l’ascension de Son Fils.

Maintenant, le bonheur de l’enfant de Dieu, c’est d’entendre la voix de Jésus qui s’adresse à lui du ciel, qui témoigne de ce que Jésus a fait, et qui parle comme un témoin de paix, avec la conscience d’avoir tellement vaincu, d’avoir si bien porté le fardeau du péché de Son peuple, qu’Il l’a éloigné à jamais « par l’unique sacrifice de lui-même, offert une seule et unique fois ».

C’est dans cet état que Jésus dit : « J’ai éloigné à jamais le péché qui vous tenait exclus de Dieu, et suis entré dans le repos et la gloire, comme votre représentant en la présence du Père ».

Quand nous avons entendu et connu cette voix, nous avons la paix. Tout comme nous savons dans notre conscience que par nature nous sommes semblables au premier Adam, ayant l’inimitié du péché contre Dieu ; nous savons de même maintenant, dans notre conscience, que cette position n’existe plus, et que nous sommes trouvés dans toute la justice de Christ.

Lorsque le Seigneur Jésus parle du haut du ciel, Il le fait comme ayant consommé toute l’œuvre qui était nécessaire pour réconcilier le Père avec Son peuple. Jésus parle dans ce sentiment, et Il nous donne ce même sentiment par la vertu de l’Esprit, quand Il vient à nous, à nous-mêmes, comme ayant porté les péchés de notre propre âme, les ayant effacés pour notre propre âme, et étant entré dans le ciel comme le représentant de notre propre âme.

Lui, le Rédempteur, Lui qui portait le péché, Lui qui a répondu pour Son peuple, et qui par Sa parfaite satisfaction a entièrement acquitté notre dette, eh bien ! c’est Lui qui étant monté au ciel, nous dit : « J’ai fait l’œuvre ; je vous déclare en la présence du Père le résultat de toute l’œuvre que j’ai accomplie ; je suis maintenant dans la gloire même où je vais vous introduire ».

Sans doute la voix peut être entendue d’une manière très indistincte, mais ce que la voix déclare, la nouvelle que Jésus apporte à l’âme, cela est juste, cela est vrai. C’est le récit d’une miséricorde infinie, incompréhensible. Il peut sans doute, pauvre âme craintive, commencer par le récit de tes péchés, et cela pour t’amener à de profondes réflexions, à scruter intimement ton cœur ; mais son début et sa fin sont pour la paix, la bienheureuse paix !

La voix ne cesse de dire : Ces péchés ont disparu, ils ne peuvent plus encourir la colère de Dieu ; il n’y a plus de réparation à exiger pour eux, Jésus l’a faite. Vous pouvez, il est vrai, être encore attristés par ce monde, car vous êtes au milieu même de ce monde qui a crucifié et rejeté Christ, le Seigneur de gloire. Vous êtes encore dans ce monde, qui a déployé tout ce qui lui était possible d’inimitié, en rejetant l’auteur de toute bénédiction. Cela, c’est le monde qui l’a fait, et Jésus a vaincu le monde. Il a été crucifié par le monde, et Il est retourné vers le Père. Qu’est-ce qui L’y a fait retourner, sinon ce traitement du monde ? C’est là auprès du Père qu’Il est maintenant, et c’est de là qu’Il parle. Et que déclare-t-Il ? Qu’Il n’a rien de commun avec les choses de ce monde ; Il n’en a pas fait Sa propre affaire, le monde n’a pas voulu Le reconnaître quand Il est venu dans la bassesse, et Jésus ne le reconnaît pas non plus, maintenant qu’Il est assis à la droite de Dieu le Père. « Maintenant est le jugement du monde, le prince de ce monde va être jugé ».

Christ, parlant maintenant du haut du ciel, atteste que la terre L’a rejeté ; mais Il reconnaît qu’Il a passé sur cette terre, et qu’Il a triomphé de sa malice la plus invétérée. Voilà ce qui constitue la parfaite bénédiction du peuple de Dieu ici-bas : il contemple un salut parfait.

Christ montre avec évidence que tout ce à quoi Il s’était engagé a été pleinement accompli. Par là même qu’Il parle du haut du ciel, nous, comme croyants, avons la prérogative de savoir ce à quoi nous sommes arrivés dès ici-bas ; car cette voix de Christ dit : « Vous êtes venus au mont Sion et à la cité du Dieu vivant, à la Jérusalem céleste, à des myriades d’anges, à l’assemblée universelle, à l’église des premiers-nés, dont les noms sont écrits dans le ciel, et à Dieu le juge de tous, et aux esprits des justes consommés, et à Jésus le médiateur de la nouvelle alliance, et au sang de l’aspersion ».

En Christ, parlant du haut du ciel, non seulement nous avons l’assurance d’être acceptés, mais nous en possédons l’assurance intégrale, totale ; non seulement nous la possédons comme ayant vaincu, mais nous avons encore la bénédiction à laquelle les croyants ont la prérogative d’arriver. Bienheureuse est la part à laquelle ils sont appelés ! Un salut qui est déjà accompli pour eux, un salut présent, actuel !

Cette voix de Christ ne parle pas de quelque chose qui s’est passé il y a quelque temps ou dans un lieu éloigné ; mais quand elle arrive avec efficace dans l’âme, elle atteste la réalisation actuelle de ces choses ; elle porte l’âme à dire : « Je suis venue à ces choses parce que Jésus y est ». Ainsi la foi, en embrassant ces objets, les rapproche.

L’état dont le croyant a la conscience, est donc, lorsqu’il ressent la vertu du Saint Esprit, celui-ci : qu’il rejette absolument tout ce qui le tenait séparé de la communion avec Dieu, à laquelle il est uni, et dont il lui appartient de jouir.

Tout ce que Jésus dit du haut du ciel, ou autrement Sa voix, est une voix de paix, de paix partout et toujours. Il parle le même langage dans tous les divers exercices et les diverses épreuves de cette vie mortelle. Nous pouvons être courbés, abattus, et avoir de nous les idées les plus humiliantes, Jésus est assis dans le calme d’une victoire dont Il a la conscience, et Ses paroles ne sont que des paroles de paix.

La persécution, l’affliction, la misère, ont beau parler sur la terre, la voix qui est du ciel ne parle que de paix. La voix du Seigneur Jésus est une voix de paix et d’un repos dont on a le sentiment. Tout ce qui est en opposition avec cette paix n’est pas dans Jésus, ni de Jésus.

C’est cette situation du chrétien qui le rend, dans un sens spirituel, parfaitement un avec Jésus, tel que Jésus est maintenant. « Tel qu’il est, tels nous sommes dans ce monde », dit saint Jean ; notre portion n’étant pas ici-bas, nous la contemplons ailleurs ; ayant été amenés spirituellement à sortir de nous-mêmes, nous ne sommes plus assujettis à la puissance du péché, mais à la puissance de l’Esprit en nous. Nous pouvons être entravés par la chair, travaillée elle-même par les puissances des ténèbres qui nous entraînent dans les obscures voies du doute ; mais nous devons regarder la chair telle qu’elle est réellement ; je dis la chair et non pas notre personne, car étant unis à Christ en esprit, nous appartenons dès maintenant à Sa gloire.

Nous sommes aussi « os de ses os et chair de sa chair », et voilà pourquoi Il peut tout à fait sympathiser avec nous. Nous pouvons être tentés, harassés, accablés ; mais quoi qu’il en soit, nous sommes réellement venus « aux choses qui ne peuvent être ébranlées ». « Celui qui est uni au Seigneur est avec Lui un seul et même Esprit ». On ne peut sans doute voir cela ici-bas qu’obscurément, mais ce n’en est pas moins réel, et on le sait par l’efficace de l’Esprit qui demeure en ceux qui croient. Ils contemplent, dans leur faiblesse, « le vieil homme », qu’ils ont crucifié, et ils sont maintenant ressuscités selon le pouvoir de l’Esprit de sainteté, par la résurrection de Jésus d’entre les morts. Christ, notre Sauveur, est un Sauveur ressuscité et qui est monté dans le ciel, et Il parle maintenant du haut du ciel comme une caution qui est dans le ciel, où elle nous introduira, et où nous la verrons.

Soit que vous L’écoutiez ou non, voilà le fait. Jésus Christ vous parle du haut du ciel, comme ayant accompli toute justice, une justice éternelle, « ayant mis fin au péché, et fait expiation pour l’iniquité », et Il est actuellement assis sur le trône de la Majesté, à la droite de Dieu.

Il a tellement répondu aux intentions de Dieu, en accomplissant toute la volonté de Dieu, que pour cela Il peut dire : « La chose est faite ; tout est consommé, tout est accompli pour jamais ». Seul parfait témoignage de paix, ce doit nécessairement être le langage de la paix, comme l’apôtre le dit : « Jésus est venu et a prêché la paix à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient près ».

L’homme ne connaissait pas la paix pendant qu’il était en inimitié avec son Créateur, et le Seigneur Jésus a pris, Lui, toute la responsabilité de Son peuple, et a travaillé avec douleur, même jusqu’à la mort, pour obtenir cette paix, que maintenant Il proclame.

Ayez donc soin d’avoir vos yeux fixés sur Jésus, Celui qui parle du haut du ciel, autrement vous ne connaîtrez jamais la paix. C’est Dieu qui le dit.

Venons-en maintenant à contempler la solidité de la promesse de Dieu et la certitude de son accomplissement. Sa voix avait jadis ébranlé la terre, mais voici qu’Il fait cette promesse : « J’ébranlerai encore une fois, non pas seulement la terre, mais aussi le ciel » : « et cette parole encore une fois signifie que les choses ébranlées qui doivent être abolies, sont des choses créées », des choses visibles de ce monde. Mais nous sommes entrés en communion avec Jésus et arrivés aux biens spirituels qui, étant stables et reposant sur la garantie de la Parole de Dieu, ne peuvent être détruits, même au milieu de la destruction de toutes choses.

Quels sont ces biens spirituels ?

« Vous êtes venus au mont Sion, et à la cité du Dieu vivant, à la Jérusalem céleste ». Ces choses seront-elles ébranlées ? Non ; la cité du Dieu vivant est fondée sur le Dieu vivant et ne peut jamais disparaître.

« Vous êtes venus à l’innombrable société des anges ». Peut-elle être dissoute ? Non ; il y eut autrefois un grand ébranlement dans le ciel, et les anges rebelles furent refoulés dans de profondes ténèbres pour y rester ; les autres sont soutenus par le pouvoir de Dieu.

« Vous êtes venus à l’assemblée universelle et à l’église des premiers-nés dont les noms sont écrits dans le ciel, et aux esprits des justes rendus parfaits ». Et ceux-là peuvent-ils périr ? Non ; Dieu les ayant rendus parfaits, ils restent parfaits.

« Et vous êtes venus à Dieu, le juge de tous ». Lui, qui est la sûreté même, et le soutien de tout ce qui ne peut être ébranlé, Lui demeure toujours.

« Et vous êtes venus à Jésus », qui est là où toutes ces choses sont, c’est-à-dire non sur la terre, mais dans la gloire. Il a été sur cette terre, et les hommes de cette terre L’ont haï et rejeté ; Sa voix une fois ébranla la terre, mais maintenant Il est dans le ciel, et parlant de là Il a annoncé qu’Il ébranlerait encore une fois tout ce qui peut l’être.

Ces mots : « encore une fois » sont à remarquer, car ils se présentent à nous comme une prédiction faite et appuyée sur l’autorité de Dieu ; ils commandent l’attention et rendent témoignage à la vérité dans l’efficace du Saint Esprit.

Eh bien, avons-nous compris cette voix du ciel, et sommes-nous heureux de savoir que tout ce que Satan, le monde et la chair ont constitué en état d’hostilité à Dieu sera secoué d’une manière terrible, et jusqu’à une totale ruine ? Pouvons-nous dire avec foi : « Je comprends la voix qui parle ainsi, et je regarde avec joie à son accomplissement » ? Quand est-ce que tout ce qui offense Christ aura disparu ? Mais moi, ai-je aussi entendu la voix qui me parle du haut du ciel, de manière à m’identifier avec toutes les choses qui ne peuvent être ébranlées ?

Bien en sera à ceux qui verront la disparition de tout ce qui pèse sur eux et les empêche de goûter pleinement leurs ineffables privilèges : ils n’ont, eux, rien à craindre de cette voix terrible qui « ébranlera épouvantablement la terre ». Ils l’ont entendue, cette voix si chère qui ne leur parle, à eux, que d’amour, de grâce, de paix ; ils sont devenus un avec Christ, et n’ont besoin de rien autre.

Mes frères, bien-aimés du Seigneur, quel objet à contempler que notre établissement, notre ferme établissement dans les choses célestes. La grandeur de cet événement, si gros de malheurs pour celui qui est fixé ici-bas, qui se repose sur quelqu’une de ces choses qui doivent être bouleversées, est au contraire pleine de joie pour celui qui est venu à celles qui doivent demeurer à toujours.

De plus, cette voix pour les croyants implique beaucoup plus, beaucoup plus que la disparition de toutes les choses qui ne pourront subsister ; elle renferme la bénédiction complète de leurs propres personnes, en sorte qu’ils seront introduits dans la plénitude de la parfaite joie de Jésus.

Toutes les choses créées seront ébranlées.

À ce moment, celui qui est uni avec Dieu, et celui-là seul échappera ; car il sera là où rien de souillé, rien d’instable ne peut trouver accès. Le croyant repose donc sur ces deux bases : l’une, que le Seigneur Jésus Christ lui parle ainsi, à lui, du haut du ciel, qu’Il lui parle de paix et lui ôte par conséquent toute crainte pour ce qui le concerne personnellement dans cette destruction arrêtée de toutes choses ; l’autre, que la promesse de Dieu survivra à tout ce qui ne participera pas à la gloire à venir.

En cela nous voyons la séparation de tout ce qui est lié d’intérêt avec les choses de ce monde ; nous voyons que cela est opposé aux choses de Dieu, que Dieu et le monde sont tout à fait distincts et ne peuvent être unis.

Dès que sera passée la période pendant laquelle Dieu exerce Sa longue patience envers un monde coupable, alors commencera l’ébranlement. Heureux ceux qui seront alors dans une voie de grâce !

Cependant il y a pour eux un avertissement de craindre en un certain sens « que leurs cœurs ne soient appesantis par la gourmandise et les excès du vin et par les soucis de cette vie », et « qu’ainsi ce jour ne les surprenne ». C’est pourquoi le Sauveur ajoute : « Veillez et priez toujours, afin que vous soyez estimés dignes d’échapper à toutes ces choses qui doivent arriver, et que vous puissiez subsister devant le Fils de l’homme ». Le Seigneur était touché de la situation de Ses disciples, et c’est pourquoi Il les exhortait à la vigilance et à la prière, afin qu’ils connussent qu’ils étaient les bénis de Christ et de Dieu ; et cette vigilance devait continuer jusqu’à la fin, grâce à l’énergie vivifiante du Saint Esprit.

La vie du croyant est ainsi manifestement une vie de pénible vigilance, mais il n’a pas son repos ici-bas, il regarde en avant. « Si nous n’avions d’espérance en Christ que pour cette vie », disait Paul, « nous serions les plus misérables de tous les hommes » ; mais le chrétien porte les yeux au-delà de cette vie, il en est venu à entrevoir les choses éternelles, et à discerner par la vertu de l’Esprit la bénédiction certaine à laquelle il est appelé, bénédiction à la jouissance spirituelle de laquelle il n’y a même ici-bas d’obstacle et d’empêchement que celui qui vient de l’homme. Christ a fait tout ce qui pouvait être, tout ce qui devait être fait pour rendre la réconciliation parfaite.

Il n’y a donc nul obstacle en ce qui regarde l’œuvre de Christ, c’est une œuvre de perfection complète, absolue : toutes les choses qui pouvaient nous tenir éloignés de Dieu ont été surmontées, écartées, vaincues par Lui, et Il est maintenant dans le ciel avec la pleine conscience de Sa victoire ; Il parle sans cesse de paix, le sentiment de laquelle est produit en nos âmes par l’Esprit éternel, qui attestant la joie dans laquelle Jésus est entré, et la paix qu’Il proclame, nous rend aussi nous-mêmes pleins de joie et de paix, en croyant, et en regardant à cette gloire dans laquelle nous devons être nous-mêmes introduits, et « dans laquelle il est entré comme notre précurseur ».

C’est le seul fondement de paix que Christ a promis, et c’est le privilège du croyant seul de jouir de cette paix, même au milieu des épreuves, des combats et des afflictions. Il contemple Jésus où Jésus est maintenant, et se reposant sur Jésus qui parle maintenant du haut du ciel, il a cette paix qui surpasse toute intelligence, qui naît de son union, de son unité, de son identité avec son Seigneur et Maître. Avez-vous ainsi connu, vous, le Seigneur Jésus Christ comme vous parlant du haut du ciel, et vous parlant de paix ? Vous a-t-Il dit, à vous, que tout est consommé, et que le privilège d’avoir la paix vous appartient ? Est-ce que vous considérez, vous, votre iniquité comme ôtée, effacée ?

Chers amis, je voudrais encore vous demander à quel point vous tenez à ce qui doit être détruit ? La voix du ciel a annoncé, a prédit la disparition de toutes les choses qui peuvent être ébranlées. Si vous êtes attachés de quelque manière à ces choses, oh ! quel malheur, quand Christ viendra, s’Il vous trouve dans cet état. « Ceux qui sont de la terre ont des goûts terrestres », c’est leur caractère, comme dit l’apôtre aux Philippiens : « leur fin c’est la destruction, leur dieu c’est leur ventre, leur gloire est dans leur honte ». La voix qui parle du haut du ciel proclame la séparation de Christ et des siens d’avec ceux-là, d’avec tout ce qui est terrestre.

Je mets solennellement cette question devant vous, chers amis : Êtes-vous ainsi attachés à la terre ? Ou bien vos cœurs, vos affections, vos désirs aspirent-ils à Celui qui est plus élevé que les cieux et à ce qui ne peut être ébranlé, et ne pourra jamais disparaître ?

Pouvez-vous recevoir, pouvez-vous apprendre, comme l’annonce de Dieu, que toutes choses seront ébranlées ? Il a dit : « Encore une fois j’ébranlerai non pas seulement la terre, mais aussi le ciel ». Bénis, éternellement bénis, soient ceux qui sont établis en Christ qui est plus élevé que les cieux. Ceux qui sont ainsi fixés sont aussi en sûreté qu’ils le seront quand ils seront unis avec Lui dans la gloire.

Enfin, chers amis, si cet ébranlement devait avoir lieu à ce moment, où vous trouverait-il ? Vous trouverait-il tremblants de vous sentir mêlés avec ce qui doit disparaître ? Ou vous trouverait-il portés dans la paix la plus parfaite sur le cœur de Celui qui doit ébranler toutes choses ?

Puisse le Seigneur vous trouver dans ces dernières circonstances, heureux dans la conscience de Son amour et de Son pouvoir, prêts à entrer dans la joie ineffable, et dans la gloire de votre Seigneur. Amen.