Livre:Christ dans la gloire/Chapitre 6

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Le chapitre 7 a présenté le nouvel ordre de sacrificature auquel Christ a été appelé, et sa supériorité sur la sacrificature aaronique, impliquant l’abrogation de la loi de la sacrificature lévitique.

Nous allons voir maintenant que la nouvelle sacrificature non seulement abroge la loi mosaïque quant à l’établissement du sacrificateur, mais ouvre la voie à l’alliance nouvelle basée sur un sacrifice nouveau et exercée dans le sanctuaire nouveau pour des adorateurs nouveaux. Les deux grands sujets de ce chapitre sont, d’abord le grand fait que le service sacerdotal de Christ est exercé maintenant en relation avec le ciel (v. 1-5) ; ensuite, qu’il implique la nouvelle alliance (v. 6-13).

v. 1, 2 — Le chapitre s’ouvre par un bref résumé de la vérité déjà présentée. Non seulement il y a un tel souverain sacrificateur, mais « nous avons un tel souverain sacrificateur ». Cette personne grande et glorieuse, appelée à être souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, l’est pour nous servir. C’est quelqu’un vers qui nous pouvons nous tourner pour trouver de la sympathie dans nos peines, et du secours dans nos infirmités. L’apôtre nous rappelle la dignité incomparable de notre souverain sacrificateur en plaçant devant nous le lieu où Il se trouve : lieu de la puissance « à la droite du trône » ; lieu de la proximité de Dieu « le trône de la majesté » et le lieu de l’exaltation « dans les cieux ».

En outre, Il est ministre du sanctuaire ou « des lieux saints ». Ce n’est pas le sanctuaire terrestre, mais le « vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, non pas l’homme ». Plus loin dans l’épître, nous apprenons que c’est « le ciel même » (9, 24). La mention du sanctuaire introduit une autre partie du service sacerdotal de Christ. Ce n’est plus le service consistant à nous secourir dans nos tentations du désert, ni la sympathie avec nous dans nos peines, ni le support dans nos faiblesses, mais plutôt ce service plus élevé qui nous introduit comme adorateurs dans la présence de Dieu. Son service pour nous dans nos circonstances du désert a été présenté dans les chapitres 2 à 7. Son service sacerdotal pour nous amener dans le sanctuaire comme adorateurs est plus particulièrement présenté dans les chapitres 8 à 10.

v. 3 — De même que c’était une partie importante de l’œuvre des sacrificateurs lévitiques d’offrir des dons et des sacrifices, Christ, comme notre souverain sacrificateur, a quelque chose à offrir, ainsi que nous le lisons plus loin dans l’épître : « Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges » (13, 15).

v. 4, 5 — Cet office sacerdotal de Christ s’exerce dans le ciel et en faveur d’un peuple céleste. S’Il était sur la terre, Il ne serait pas sacrificateur, vu que, sur la terre, les seuls sacrificateurs d’entre les hommes que Dieu a jamais reconnus comme classe distincte parmi le peuple de Dieu, étaient établis selon la loi. Ils servaient « la figure et l’ombre des choses célestes ». Cela ressort des directives explicites données à Moïse sur la montagne (Ex. 25, 40). Christ étant venu, « la figure et l’ombre des choses célestes » ont rempli leur rôle. La sacrificature humaine exercée sur la terre en faveur d’un peuple terrestre cède la place à la sacrificature céleste de Christ exercée dans le ciel en faveur d’un peuple céleste.

Hélas ! la chrétienté, ayant perdu de vue l’appel céleste du chrétien, a établi un système terrestre sur le modèle du judaïsme, avec une sacrificature établie par des hommes comme une classe distincte parmi le peuple de Dieu. En faisant ainsi, il y a non seulement retour aux ombres et perte de la réalité même, mais encore reniement pratique de la sacrificature de Christ et usurpation de Son office et de Son service.

v. 6-9 — Non seulement Christ exerce un ministère plus excellent dans le ciel, mais Il est médiateur d’une meilleure alliance, établie sur de meilleures promesses. L’apôtre parle de cette nouvelle alliance dans les versets 6 à 13.

Une alliance comporte des clauses régissant les relations entre deux personnes. L’Écriture parle de deux grandes alliances entre Dieu et les hommes, l’ancienne et la nouvelle ; l’alliance de la loi et l’alliance de la grâce. Tant l’ancienne que la nouvelle alliance établissent les conditions selon lesquelles Dieu peut bénir Son peuple terrestre. La grande différence entre les alliances est que selon les termes de la première, la bénédiction dépendait de l’accomplissement par l’homme de son engagement ; tandis que, sous la seconde alliance, la bénédiction est assurée par la promesse inconditionnelle de Dieu. L’œuvre médiatoriale de Christ pose une base juste permettant à Dieu de bénir le croyant en grâce souveraine, selon les termes de la nouvelle alliance.

Dans le livre de l’Exode, nous avons le récit historique : Israël contractant alliance avec Dieu en prenant des engagements formels. L’Éternel s’engage à bénir le peuple s’il écoute Sa voix et garde Son alliance. Le peuple, de son côté, s’engage à faire sa part, comme nous le lisons : « Et tout le peuple ensemble répondit et dit : Tout ce que l’Éternel a dit, nous le ferons » (Ex. 19, 5-8). Plus tard, cette alliance est renouvelée par le peuple et scellée avec du sang (Ex. 24, 6-8).

Il apparaît clairement que, sous l’ancienne alliance, le peuple d’Israël était placé dans une relation extérieure avec Dieu sur le terrain de la loi. S’ils gardaient la loi, la vie et la bénédiction sur la terre leur étaient promises. S’ils transgressaient la loi, ils étaient maudits. La bénédiction dépendait entièrement du respect de leurs engagements. C’était là la faiblesse de la première alliance, car il est évident qu’un home déchu ne peut pas garder la sainte loi de Dieu. Ainsi il y avait lieu de chercher une seconde alliance dont Christ est le médiateur.

L’Éternel n’a rien à reprocher à la première alliance elle-même, mais à ceux qui étaient incapables d’en respecter les termes. C’est en les « censurant » eux, que l’Éternel parle d’une nouvelle alliance. Dans les versets 8 à 12, l’apôtre cite Jérémie 31, 31-34 (selon la version des Septante) pour placer devant nous les termes de cette nouvelle alliance.

Nous apprenons par cette citation que la nouvelle alliance a en vue le jour à venir, qu’elle est, au sens strict, conclue avec Israël et s’applique à un peuple terrestre. Néanmoins, si la lettre de la nouvelle alliance est limitée à Israël, l’esprit peut en être appliqué aux chrétiens. Aussi, dans une autre épître, l’apôtre Paul parle de lui-même comme étant rendu propre pour être un ministre de la nouvelle alliance, « non de la lettre, mais de l’esprit » (2 Cor. 3, 6). Pour cette raison nous ne devrions guère nous attendre à trouver dans la nouvelle alliance des vérités qui présentent exclusivement les privilèges chrétiens, mais plutôt des bénédictions qui sont essentielles pour tout le peuple de Dieu et communes à tous les rachetés. Ces bénédictions, dans lesquelles Israël restauré et racheté entrera dans un jour à venir, les croyants du jour actuel de la grâce en jouissent par anticipation.

La nouvelle alliance est en contraste avec l’ancienne, conclue avec Israël au jour où il fut tiré d’Égypte. En ce jour, Dieu sépara la nation du monde de l’Égypte pour qu’elle soit en relation avec Lui. Mais, comme nous l’avons vu, selon les termes de l’alliance, la bénédiction dépendait du respect par le peuple de son engagement dans l’alliance. Ils faillirent en cela, comme le Seigneur le dit : « Ils n’ont pas persévéré dans mon alliance ». Ils ont perdu par conséquent la bénédiction et le Seigneur les a « délaissés ». Garder des relations avec un peuple qui, par désobéissance et idolâtrie, n’avait pas tenu ses engagements, serait approuver son mal. Ainsi Dieu refusa de les reconnaître comme étant en relation avec Lui sur le terrain de l’ancienne alliance. Sur ce terrain, la nation est rejetée.

v. 10-12 — Néanmoins Dieu peut avoir recours à Sa grâce souveraine et Il le fait. La nouvelle alliance dépend entièrement de Sa grâce et établit les conditions selon lesquelles Il peut agir envers l’homme selon Sa propre nature sainte et Sa propre volonté. En présentant la bénédiction de la nouvelle alliance, le Seigneur dit et répète ce que Lui va faire : « Je conclurai… une nouvelle alliance » ; « Je les écrirai aussi (mes lois) sur leurs cœurs » ; « Je leur serai pour Dieu » ; « Je serai clément » ; « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités ». Il est clair que les bénédictions de la nouvelle alliance dépendent non pas des actes de l’homme, ni de la volonté de l’homme, mais de la volonté souveraine de Dieu. Le principe de la nouvelle alliance, c’est que le Seigneur s’engage à l’accomplir.

Jérémie nous dit que les bénédictions de la nouvelle alliance sont d’abord une œuvre de Dieu dans les cœurs des siens, par laquelle leurs esprits seront renouvelés et leurs affections engagées, de sorte que la loi de Dieu sera écrite dans leurs cœurs au lieu d’être écrite sur des tables de pierre. Puis, ceux en qui une telle œuvre aura été opérée seront un peuple en relation avec lui. C’est dans l’esprit de cette bénédiction que les croyants d’aujourd’hui entrent, comme nous le lisons dans l’évangile selon Jean : « À tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ; lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jean 1, 12, 13). Troisièmement il y aura la connaissance consciente du Seigneur, de sorte qu’il ne sera pas question d’apprendre à son concitoyen ou à son frère à connaître le Seigneur. Combien cela est vrai parmi les véritables enfants de Dieu aujourd’hui, qui connaissent personnellement le Seigneur, même s’ils doivent encore beaucoup apprendre à Son sujet et, dans ce sens, ont besoin d’être enseignés ! Quatrièmement, il y aura l’exercice de la miséricorde du Seigneur ; leurs péchés seront réglés avec une telle justice que Dieu pourra dire : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités ». Tout croyant est introduit aujourd’hui dans cette immense bénédiction.

v. 13 — Tels sont les termes et les bénédictions de la nouvelle alliance. S’il y a une nouvelle sacrificature par laquelle nous nous approchons de Dieu, il doit nécessairement y avoir une nouvelle alliance, sinon la nouvelle sacrificature, quelle que soit sa perfection, ne servirait à rien. Sous la première alliance il fallait, pour s’approcher de Dieu, remplir les engagements contractés. La chose étant impossible, nous nous trouverions constamment exclus de la présence de Dieu à cause de nos propres manquements. Sous la nouvelle alliance, nous sommes en relation avec Dieu sur le seul terrain de ce que Dieu a fait en grâce souveraine.

L’alliance est nouvelle dans le sens qu’elle est entièrement différente de l’ancienne : elle n’est pas sur le même modèle. Étant nouvelle, elle fait que l’ancienne est caduque ; celle-ci, devenant ancienne et vieillissant, est près de disparaître. Il est donc vain, pour les Juifs ou la chrétienté, de retourner à ce que l’homme a rompu et que Dieu a mis de côté par la croix, par la destruction de Jérusalem et par celle du temple.