Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes/Partie 7

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Psaumes 37-40

Le psaume 37 est en rapport évident avec la manifestation du gouvernement direct de Dieu dans ce monde, telle qu’elle aura lieu quand les débonnaires hériteront la terre, et que les méchants seront retranchés. Nous avons déjà vu que les épîtres de Pierre contiennent tout particulièrement l’application de ce gouvernement de Dieu à la condition chrétienne, pour autant qu’il la concerne. Nous trouvons aussi, au commencement de Matthieu 5, mais avec un caractère beaucoup plus évangélique, quoique sans aller au-delà du royaume des cieux, l’application de ce gouvernement en forme de promesse. Ce psaume contient des exhortations intéressantes et instructives quant à l’esprit dans lequel le croyant doit marcher et quant au caractère de sa confiance en Dieu, au milieu du mal qui l’entoure. Car quoique le temps de la manifestation directe du gouvernement de Dieu ne soit pas arrivé et que, sans aucun doute, à la veille d’être détruite, la puissance du mal grandira plus que jamais, toutefois maintenant déjà le mal existe et c’est le temps de la patience. Jusqu’à ce que Christ arrive, nous sommes, en principe, dans les mauvais jours ; la patience et le règne de Jésus Christ sont dans nos cœurs ; mais Son règne en gloire est à venir. Toutes ces exhortations sont fondées sur la certitude que Jéhovah est au-dessus de tout le mal, qu’Il aime la justice, qu’Il n’oublie pas les justes, ceux qui se confient en Lui, et qu’en fin de compte, c’est la voie de Jéhovah qui prospérera. En attendant, la foi est exercée et toute propre volonté jugée qui nuirait au caractère spirituel et empêcherait la confiance dans le Seigneur qui conviennent au saint. La première exhortation est d’être paisible. « Ne t’irrite pas ». Elle concerne la disposition d’esprit en général. Lorsque la propre volonté se mêle à l’amour de la justice, lorsqu’on désire la justice en partie à cause de la crainte qu’inspire la puissance du mal et pour satisfaire à son intérêt personnel, on est enclin à s’irriter, en voyant les méchants réussir. C’est là, au fond, le même esprit d’incrédulité que celui des méchants ; quoiqu’avec d’autres désirs, c’est de l’incrédulité et de l’égoïsme. La colère de l’homme n’opère pas la justice de Dieu. Nous ne devons pas nous irriter, c’est de la méfiance ; ni être envieux, c’est de l’égoïsme. Voici maintenant l’instruction positive touchant l’esprit dans lequel nous devons marcher, la ressource contre la puissance du mal : « Confie-toi en l’Éternel et pratique le bien, fais de l’Éternel tes délices et il t’accordera les désirs de ton cœur ». De saints désirs qui ont Dieu pour objet seront satisfaits ; on rencontrera peut-être l’opposition, la honte, la calomnie : « Remets ta voie à l’Éternel et repose-toi sur lui ». C’est Lui qui a toujours, comme on dit, le dernier mot, pourvu que nous ayons la foi d’attendre. Il accomplira les désirs du cœur juste, et en rendra évidente la justice. Mais la confiance véritable consiste à attendre patiemment le secours de l’Éternel. Que les circonstances la harcèlent, la tourmentent, l’âme attend patiemment qu’il plaise à l’Éternel d’intervenir.

Que les méchants prospèrent, l’Éternel a Son heure déterminée qui vient toujours à propos et met tout en ordre. Soit qu’Il nous châtie pour notre avantage, soit qu’Il patiente avec les méchants et fasse mûrir Ses desseins, c’est pour en faire sortir d’autant mieux Sa gloire, notre joie éternelle. Ainsi point de colère, point d’irritation, ni d’inquiétude ; car en laissant agir notre propre volonté pour combattre le mal, nous ne ferions qu’y tomber nous-mêmes ; telle n’est point la patience et la foi des saints. Les méchants seront retranchés et les saints ne doivent pas être de ce nombre. Ceux qui s’attendent à l’Éternel hériteront la terre, de même aussi les humbles et ceux qui sont bénis de Dieu. Tout cela, sans doute, concerne les Juifs ; mais, nous l’avons vu, le gouvernement de Dieu s’exerce encore, quoique sans être manifesté publiquement ; et quand l’âme s’est attendue à Lui patiemment, elle trouve sa bénédiction même ici-bas.

La dernière partie du psaume déclare soigneusement que ce gouvernement de la terre sera manifesté publiquement en rapport avec les Juifs ; et quoiqu’il agisse plus secrètement pendant le temps de la grâce céleste, son existence n’en est pas moins réelle. Il y a ici quelques passages que je voudrais faire remarquer : « Les pas de l’homme de bien sont affermis de par l’Éternel ». C’est une grande et précieuse bénédiction de penser qu’en ce désert, où il n’y a point de route au milieu de la confusion et de l’iniquité, notre Père dirige chacun de nos pas. De jeunes chrétiens, pleins d’un zèle confiant, peuvent bien ne pas apprécier la juste valeur de ce passage ; mais combien d’expériences ne feront-ils pas ? Pour qui a vu le monde, qui en connaît les pièges, qui a fait l’expérience de ce labyrinthe d’iniquité, pour celui-là, il est infiniment précieux de savoir que Dieu dirige ses pas. Le jeune chrétien, lui aussi, est dirigé, par la grâce, s’il s’attend au Seigneur, quoiqu’il n’en comprenne que plus tard le privilège immense et ne saisisse point encore la sagesse et la miséricorde de Dieu. Mais cela n’est pas tout. Lorsqu’on est ainsi dirigé, le sentier est droit et divin ; il n’y en a pas d’autre et le cœur y marche ; car le chrétien est conduit par l’Esprit de Dieu, son cœur est dans les voies de Dieu, comme dit Moïse : « Montre-moi ton chemin (non pas un chemin), afin que je te connaisse ». Si je connais les voies d’une personne, je connais aussi la personne. Dieu conduit par Son Esprit qui agit sur l’homme intérieur et en lui, et la Parole sanctifie. Alors Il prend Son plaisir à la voie du saint, Il se délecte en voyant les pas d’un homme sur le sentier divin qui traverse ce monde d’iniquité. Christ a suivi ce sentier d’une manière parfaite, et Dieu y a pris Ses délices. Autant que nous suivons Christ, notre voie fait aussi les délices de Dieu, elle est selon Son cœur.

Remarquons bien qu’il n’y a pas d’autre chemin que Christ. Adam n’avait pas besoin d’un chemin, il devait rester où il était, en jouissant de la bonté de Dieu. Dans un monde de péché, il n’y a point de chemin ; tout y est péché, confusion. Mais Christ Lui-même manifesta, selon Dieu, en ce monde, la vie divine et le sentier de cette vie à travers le monde auquel elle n’appartenait pas. Ces choses, toutes nouvelles, sont manifestées, en partie, dans chaque saint pendant sa marche de foi ici-bas ; mais elles le furent en Christ d’une manière parfaite et elles existaient en Lui. Tel est notre sentier. Nous avons à suivre les pas de Christ, Il est le chemin qui mène au Père et c’est vers Lui que nous allons. Privilège immense de savoir que nos pas sont dirigés par le Seigneur, que nous sommes ainsi gardés du mal et qu’Il prend plaisir à notre voie. Quel chemin au milieu de ce monde pervers ! Comme nous devons soigneusement nous y tenir, sans dévier d’un côté ni de l’autre ! Colossiens 3 et Éphésiens 4 et 5 renferment les préceptes bénis qui s’y rapportent.

Remarquons encore une autre grâce : Dieu veille sur le saint ; s’il tombe, c’est-à-dire dans l’épreuve (voir 2 Cor. 4, 9, etc.), il n’est pas entièrement abattu, car l’Éternel le soutient par la main. Il peut entrer dans les vues de Dieu, dans le gouvernement de Dieu à son égard, que le saint soit abattu, qu’il tombe, mais c’est la main de l’Éternel qui est là, elle ne l’abandonne pas, elle le soutient. Le vase peut être brisé ou déshonoré par les hommes, mais ceux-ci ne sont que des instruments, la puissance est à Dieu. Il y a une raison morale pour les voies de Dieu. Il aime la justice ; outre cela, nous avons l’assurance de Son amour souverain, il aime Ses saints, ils sont gardés éternellement.

Puis, en rapport avec les voies de cette justice, nous trouvons ici quelques-uns des traits qui distinguent le juste : « Sa bouche exprime la sagesse », c’est-à-dire la pensée de Dieu, « et sa langue parle selon sa justice », c’est-à-dire selon la droiture des voies divines, au point de vue de Dieu, selon la manière dont Dieu juge du bien ou du mal ; « la loi de Dieu est dans son cœur, ses pas ne sont pas chancelants ».

Nous devons donc nous attendre à l’Éternel et garder Sa voie. La fin des justes et de ceux qui sont droits de cœur, c’est la paix. En pratique, cette vérité concerne aussi le chrétien. Il peut être aussi châtié pour des fautes particulières, car les voies de Dieu sont, à travers la grâce, justes et immuables ; mais s’il marche ici-bas d’un cœur droit, durant les jours de sa vie, elle se terminera, non seulement en gloire dans l’autre monde, mais en paix dans celui-ci. Craindre Dieu et marcher en Sa présence sont un grand moyen d’avoir la paix. Je ne parle pas de la paix, acquise pour la conscience d’un pécheur, par le sang précieux de Christ, mais de la paix qui remplit le cœur lorsqu’on Lui remet toutes choses.

Enfin, le Seigneur est le rempart des justes, au temps de la détresse (v. 40). Il les secourt et les délivre de leurs ennemis, parce qu’ils se réfugient en Lui. Cela est toujours vrai.

Le psaume 38 nous présente un état d’âme particulier. La relation du cœur avec Dieu est connue et appréciée, même avec confiance : « C’est à toi, Éternel, que je m’attends ; toi, tu me répondras, Seigneur mon Dieu ». Toutefois l’âme est au comble de l’affliction et de la détresse qu’elle envisage comme un châtiment de Dieu. Souffrante, elle crie miséricorde. Au milieu de l’angoisse et de la maladie, abandonnée de ses amis, dans un état semblable à celui de Job, l’âme regarde à Jéhovah. Le cœur attribue au péché cette immense affliction, mais tout d’abord il se tourne vers l’Éternel et fixe son regard sur Lui. Voilà ce qui montre de la foi et un esprit juste. À cet égard, l’ordre des pensées qui se suivent ici est remarquable. Le jugement de Jéhovah, le péché qui en est la cause, la misère personnelle, l’abandon des amis, les attaques et les complots des adversaires, puis, résultant de tout cela, la confiance du cœur en celui qui le frappe. Enfin, le fond du cœur se découvre, c’est l’espoir en Jéhovah, la conscience de Lui appartenir si intimement que le triomphe des adversaires de la foi est impossible, mais le sentiment de la nécessité de Son intervention, parce que la pauvre âme pécheresse n’a aucune force en elle-même. Tout cela conduit à l’expression d’une vraie intégrité de cœur. Non seulement le péché est reconnu comme étant la cause du jugement, mais il est aussi confessé ; on se juge soi-même devant un Dieu en qui l’on se confie, et alors on est libre de Lui demander Son secours. L’âme, en jugeant son péché, et s’en dégageant de cette façon, par la grâce, peut séparer, pour ainsi dire, ses ennemis du jugement de Dieu. Alors, les envisageant seulement dans leur propre malice, leur hostilité contre le serviteur de Jéhovah et leur haine de ce qui est juste, elle peut, à ce point de vue, demander à Jéhovah de la débarrasser de ses adversaires. Car le croyant, quoique ayant gravement péché et subi le juste châtiment qui lui était dû, poursuivait cependant le bien, dans sa marche ici-bas ; et quoique l’Éternel se servît de la malice des méchants comme d’une verge, ce n’étaient certes pas les péchés du saint qui attiraient leur haine, mais bien au contraire ses rapports avec celui qu’il reconnaissait pour son Dieu. Néanmoins, le jugement était juste. Telle sera l’histoire véritable du résidu lorsque, sous les coups terribles du châtiment de l’Éternel, il se tournera ardemment vers la justice. Mais aussi quelle instruction pour nous-mêmes, lorsque nous subissons un châtiment mérité par quelque péché ! Celui qui est mentionné dans ce psaume se rapporte, peut-être, à un cas particulièrement grave.

Qu’il est précieux pour nous, lorsque nous sommes sous la discipline, de savoir vers qui diriger nos regards. Il peut y avoir le sentiment d’une punition, de la colère méritée de Dieu ; mais si le cœur regarde à l’amour fidèle du Seigneur en rapport avec nous, nous crierons à Lui, pour être délivrés de l’ardeur de Sa colère.

Il y a un gouvernement de Dieu en rapport avec Sa nature ; et quoique Ses châtiments ne détruisent ni notre foi ni la connaissance de notre relation avec Lui (avec le Père), ni la certitude qu’il ne saurait y avoir de péché imputé au croyant, toutefois l’âme qui se sent sous le poids du gouvernement de Dieu ne se tranquillise pas avec ces pensées. Elles sont, à coup sûr, d’une immense importance, elles sont la base de notre confiance, elles soutiennent et dirigent l’âme d’une manière très réelle ; mais elles ne sont pas l’objet direct des pensées. L’âme a plutôt devant elle la sainte nature de Dieu à laquelle nous participons et ce qu’Il est nécessairement par rapport au péché. Le gouvernement de Dieu est selon cette nature, qui a été, il est vrai, glorifiée par l’œuvre de la rédemption, quant à l’imputation du péché ; mais quoique l’âme ne mette pas en doute la rédemption, elle a néanmoins, avec raison, le sentiment que Dieu, suivant Sa propre nature et comme Seigneur dans Son gouvernement, voit le péché avec colère. C’est parce que nous avons une nature qui connaît Dieu, une conscience réveillée, que nous sentons cela à l’égard de nous-mêmes, de nos propres péchés, et la bonté de Dieu rend encore plus terrible le jugement que nous portons sur nous-mêmes. Ce n’est pas qu’il y ait de désespoir, de doute quant à la justification ; mais l’âme ne se cache pas derrière la connaissance de sa justification, pour échapper au sentiment qu’elle éprouve de l’horreur du péché aux yeux de Dieu. C’est parce qu’elle connaît le Seigneur que l’âme Le supplie d’arrêter la colère méritée par son péché, c’est parce qu’elle Le connaît, qu’elle s’attend à Celui qui l’a châtiée justement. Dans l’épreuve, on regarde à la main et aux pensées de celui qui l’inflige ; l’on interprète les voies de Dieu, parce que tout vient de Sa main, et l’on cherche quelle est Sa pensée. Par conséquent, la relation avec Dieu étant présente à la conscience, le cœur saisit la valeur et la puissance de l’épreuve plutôt comme moyen de purification que seulement comme exercice de la colère divine. Il peut dire : « Seigneur, tout mon désir est devant toi et mon gémissement ne t’est point caché ». Cette manière d’introduire le Seigneur dans les châtiments qu’Il inflige, de L’introduire conformément à Son amour et à Sa relation avec nous, est de toute beauté. Il devient ainsi, pour le cœur, la clef de ses propres voies. Alors, comme nous le voyons à la fin du psaume, le cœur reprend son équilibre ; il a la conscience que Dieu est pour lui, sa ressource contre l’épreuve qui l’accable et à l’égard de laquelle, dans le sentiment du péché qui en avait été la cause, il suppliait Dieu de détourner Sa colère. Tel est l’effet de regarder droit à Dieu et de confesser simplement, du fond de l’âme, le mal qu’on a commis, comme ayant péché contre Lui. De cette manière, on règle avec Dieu tout ce qui concerne le cœur à l’égard des adversaires. En toute occasion, le secret consiste à regarder directement à Dieu Lui-même, tel qu’Il est dans Sa relation avec nous, en confessant sincèrement le péché et se remettant tout entier entre les mains de Dieu.

La confiance en Jéhovah est le mobile de toutes les pensées contenues dans ces psaumes. La relation de Père, que Dieu a prise vis-à-vis de nous, chrétiens, et réalisée par la foi, modifie, en quelque mesure, le sentiment de nos cœurs. En regardant à Dieu, nous avons ainsi un sentiment plus profond de la tendresse et de l’affection de Ses pensées à notre égard, de Sa compassion et de Son amour. Mais, en principe, notre sentiment est le même que celui qui est exprimé dans ce psaume ; Dieu n’en reste pas moins devant notre conscience comme un Dieu qui exerce le gouvernement d’une manière conforme à Sa sainte nature, quoique nous nous confiions en Son amour. On remarquera que l’âme, tout en exprimant à Dieu son désir, est entièrement soumise et se tait sur les injustices de ses ennemis, parce qu’elle se confie en Dieu, Lui ayant remis toutes choses en confessant son péché, et qu’elle envisage l’épreuve comme venant de Sa main. Autrement, l’âme n’aurait pas mis le Seigneur entre elle et ses ennemis (v. 13-14).

Le psaume 39 exprime le néant de l’homme en présence du mal, ainsi que les prétentions des méchants et le pouvoir qu’ils s’arrogent, tandis que le saint s’en remet à l’Éternel. En présence des méchants, il est resté muet, de peur qu’il ne parlât follement ou qu’il ne se défendît en s’appuyant aussi sur sa propre force, tandis que l’homme n’est qu’un souffle. Dans ce que son cœur éprouve, le saint voit la main de Dieu, il a recours à Lui afin d’être délivré ; et aussitôt, pour ainsi dire, toutes les prétentions des méchants s’évanouissent. L’Éternel le corrigeait pour une faute commise. Le croyant est étranger en ce monde, y séjournant avec Dieu qui seul connaît la durée de ce pèlerinage. Il ne dépend pas de l’arrogance ni du succès des méchants, il ne doit pas non plus s’en inquiéter, autrement il agirait comme étant de ce monde dont il n’a rien à réclamer. Vivons-nous toujours ainsi ? Aux versets 12-13, le saint prend cette place d’Abraham, de David et de tous ceux qui ont marché par la foi, quoique, parlant comme un Juif, il demande à Dieu de le délivrer et de l’épargner ici-bas. Nous pouvons adresser à Dieu la même requête lorsqu’Il nous frappe, mais dans le sens que ce soit Lui qui nous épargne et, pour ainsi dire, que nous soyons délivrés de Lui (v. 9, 10). Pour ce qui concerne le gouvernement et les voies de Dieu, ce désir est dans l’esprit du Nouveau Testament.

Dans tous ces psaumes, nous avons vu le saint en chute (le résidu), regardant à un Dieu connu par Sa relation personnelle et par Sa grâce, immuables malgré tous les manquements de l’homme. Au psaume 40, nous trouvons Christ dans la patience, mais sans chute et devenant ainsi un motif de confiance pour ceux mêmes qui ont péché, puisqu’Il prend Sa place avec eux dans leurs afflictions et dans le sentier de l’intégrité sur la terre (car ils sont au fond les saints, les excellents de la terre). Aussi Christ ne manque-t-Il pas de se placer Lui-même sous le poids du mal et des péchés sous lequel Israël s’est mis par sa propre faute. Quoique ceci soit vrai sous tous les rapports, quant à la rédemption d’Israël, nous connaissons cependant cette vérité d’une manière plus profonde, comme glorification de Dieu en conséquence de laquelle une place est donnée dans le ciel.

Mais telle n’est pas la pensée de ce psaume. La manière dont Christ s’identifie ici avec Israël, quoique selon l’intégrité du résidu fidèle, est profondément instructive et nous fait entrevoir d’une façon admirable un côté particulier de Ses souffrances. La mort de Christ et Ses angoisses ne sont pas considérées ici comme propitiation, sous le poids de la colère, mais comme des souffrances dans l’épreuve. En buvant la coupe de la colère, Christ ne souffre pas avec Son peuple, mais pour Son peuple. Ici, au contraire, Dieu est envisagé comme secourant Christ lorsque, dans Son affliction, Il s’attend à l’Éternel. Cette affliction pèse sur le résidu, comme conséquence de l’opposition d’Israël, de ses fautes, de son abandon de Dieu. Christ, qui a été fidèle à Dieu en toutes choses, comme Il le dit dans ce psaume, participe à cette affliction et y entre selon la grâce divine. Il ne s’agit nullement ici de Ses relations personnelles avec Dieu, mais de Sa participation aux relations du résidu avec Dieu, comme faisant partie d’Israël. Les siennes ont été parfaites ; les leurs, quoique fondées sur la fidélité de Jéhovah, d’un côté, sont actuellement[1] le fruit du péché ! Christ est ici à la fin de Sa vie, terminée moralement déjà quant à Son service. Pendant cette vie, Il a accompli la volonté de Dieu, dans le corps qui Lui avait été préparé, annonçant fidèlement la justice de Dieu dans la grande assemblée (v. 9), c’est-à-dire, publiquement au milieu d’Israël. Maintenant, à cause de ce témoignage (v. 9, 10), et quant à Sa nature humaine, le mal tombe sur Lui. La même chose arrivera aux Juifs du résidu ; leurs épreuves seront la conséquence de leur fidélité et de leur témoignage ; mais avec cette différence qu’ils les auront méritées comme faisant partie d’Israël.

Nous savons que ce qui est dit ici de Christ, a eu lieu en réalité quand Son heure fut venue, l’heure de Ses ennemis, de la puissance des ténèbres.

Dans ce psaume, puisqu’il n’est pas question de Ses souffrances en propitiation, mais de Son association avec le résidu, nous ne trouvons pas les paroles : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » comme au psaume 22, qui contient le fondement de la grâce en justice. Ici, au contraire, il s’agit de la vie parfaite de Christ et de Ses souffrances avant de la quitter, au milieu desquelles Il s’en remet à la fidélité et à la bonté de Jéhovah, instruisant ainsi Son peuple à s’y confier à son tour, en lui fournissant un exemple de Sa propre perfection : « Je me suis patiemment (fermement) attendu à Jéhovah ». La patience avait là son œuvre parfaite, leçon importante pour nous. La chair peut attendre longtemps, mais jamais elle n’attend jusqu’à ce que le Seigneur intervienne, jamais avec une entière soumission.

Se confier en la puissance et en la fidélité seules de l’Éternel, telle était la perfection dans l’obéissance à Sa volonté. Saül attendit près de sept jours, mais l’objet de sa confiance, son armée, diminuait ; les Philistins étaient là ; il n’attendit pas jusqu’à l’intervention de Dieu par le moyen de Samuel. Eût-il obéi, eût-il senti qu’il ne pouvait rien par lui-même et n’avait qu’à attendre ? Alors il eût dit : « Je ne puis rien et je ne ferai rien jusqu’à ce que l’Éternel m’envoie Samuel ». Mais la chair s’appuyait sur sa propre sagesse et sur sa force, quoique sous des formes de piété, et tout fut perdu ; épreuve et défaite de la chair. Christ éprouvé, s’attendit patiemment à Jéhovah. Il fut parfait et accompli dans toute la volonté de Dieu. Tel est notre sentier par la grâce.

Voilà l’importante instruction personnelle contenue dans ce psaume, sauf que la propre perfection de Christ est toujours la plus grande de toutes les instructions. Ici, Il se présente comme modèle : « Je me suis attendu patiemment à Jéhovah », c’est-à-dire, j’ai attendu jusqu’à ce que Jéhovah Lui-même intervînt. La soumission de Christ, quoique mise à l’épreuve jusqu’au bout, ne s’est pas démentie un instant : c’est un point fort important quant à l’état du cœur.

Non seulement Christ ne désire, dans Son cœur, aucune autre délivrance que celle de Jéhovah, mais Il sait qu’il n’y en a pas d’autre, que celle de Jéhovah est parfaitement juste, lorsque Sa volonté morale a été accomplie et que Sa justice a été prouvée, s’il le fallait. Il y a la perfection connue de Sa volonté, Son seul titre, puis la perfection de soumission et le désir qui ne tend que vers Lui. Comme il s’agit ici d’un modèle pour les saints, la mort n’est mentionnée qu’en tant qu’elle peut être une épreuve ; la fosse meurtrière, le bourbier fangeux sont des images de terreur et de danger, humainement parlant. La ressource, c’est de crier à Jéhovah : « Il s’est penché vers moi et il a entendu mon cri ». Ici, Christ parle pour Lui-même, mais au verset 3, la délivrance Le rend capable de s’adresser au résidu : « Un nouveau cantique dans ma bouche, une louange à notre Dieu », à cause de la délivrance des maux venus sur eux en conséquence de leurs péchés. « Un grand nombre le verra et en aura de la crainte et se confiera en Jéhovah » ; ceci ouvre la porte aux Gentils.

Dieu est intervenu pour délivrer des effets du mal : « Il a assuré mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas ». Cette fidélité de la grâce, cette délivrance divine manifestée chez celui qui avait été plongé jusqu’au fond de l’épreuve, deviendrait un point d’appui pour la foi des autres, d’autant plus que Christ avait subi l’épreuve comme conséquence de l’état du peuple devant Dieu. Aussi la fidélité de Dieu et Sa délivrance sont-elles appliquées à l’état de résidu (v. 4), quoique applicables aussi à tout saint éprouvé par la méchanceté d’autrui et la puissance du mal, peut-être par sa propre faute. « Heureux l’homme qui fait de l’Éternel sa confiance et ne se tourne pas vers les gens audacieux (pleins de prétentions orgueilleuses et réussissant, en apparence, par leur méchanceté) qui se livrent au mensonge » (abandonnant Dieu, pour se reposer sur des choses fausses et se réfugier dans l’infidélité).

Puis, comme homme, Christ raconte comment les preuves de la fidélité de Dieu pour Son peuple ont été admirables : « Tu as multiplié tes merveilles en notre faveur ». Il s’associe au peuple. Le verset 6 introduit sur la scène l’être glorieux, le Fils, la Parole qui était dès le commencement avec Dieu et qui était Dieu ; selon ce qui était écrit de Lui dans le rouleau du livre, Il trouve préparée d’avance la place de l’obéissance (tu m’as percé les oreilles), et suivant les conseils divins et par amour pour nous, Il s’assujettit volontairement à cette place d’obéissance. Une fois qu’Il l’a prise et qu’Il a revêtu la forme de serviteur, Ses délices sont de faire la volonté de Dieu, la loi de Dieu est dans Son cœur. Tel est Christ, comme homme, dans Son obéissance volontaire, joyeuse et parfaite. Le verset 6 nous présente les pensées et les conseils de Dieu ; le verset 7 l’arrivée de Christ pour faire la volonté de Dieu en les accomplissant. Mais n’oublions pas qu’Il parle en Sa qualité d’homme et que les versets 6, 7 sont une révélation de ce qui s’est passé dans le monde éternel (pensée merveilleuse !) nous disant comment Christ est devenu homme. Au verset 8 de même qu’au verset 5, Christ parle comme étant dans Sa place terrestre : « Mon Dieu, je mets mon plaisir à faire ce que tu trouves bon et ta loi est au fond de mon cœur ». Telle est Sa perfection comme homme. Aux versets 9, 10, nous trouvons la perfection de Son service ; Il prêche la justice devant tout le peuple d’Israël, Il ne la cache pas dans Son cœur et ne s’en retire pas — c’est une leçon pour chacun de nous, mais il faut s’en servir sous la direction divine. Il a prêché la justice de Dieu, Ses voies, Sa nature, Ses jugements, le jugement du mal et ce que Dieu jugeait dans le mal, puis Sa fidélité, Son salut (il y avait cela en Jéhovah pour Israël), Son amour, Sa vérité. Il a prêché la justice à l’homme et cela d’une manière parfaite ; il a ouvertement déclaré ce que Dieu était vis-à-vis d’Israël dans toute la perfection de Sa nature et de Son caractère. Tout cela est accompli. Mais alors, Celui qui avait pris volontairement sur Lui ce service pour la gloire de Dieu vis-à-vis d’Israël, se trouve dans une position nouvelle (v. 11, etc.) ; Il s’est attiré la haine du peuple, l’opposition de tous ceux qui aiment l’iniquité. Ce grand débat et la nécessité d’une délivrance font surgir la question de savoir quel est, aux yeux de Dieu, l’état de ceux qui ont besoin d’être délivrés. Or, quoique ce psaume ne parle pas de propitiation, nous voyons ici que l’expression gouvernementale de la pensée de Dieu à l’égard du péché d’Israël pèse sur l’âme de Christ, pèsera en effet plus tard, sur le résidu ; car celui-ci, impliqué dans le péché d’Israël, comme faisant partie de ce peuple, sentira s’appesantir sur lui les conséquences des transgressions d’Israël. Ainsi le résidu sera sous le poids, non pas de la condamnation, car ce poids-là c’est Christ qui l’a porté pour lui en propitiation, mais des épreuves et de la détresse qui lui exprimeront le déplaisir de Dieu. Mais au milieu de tout cela, la foi vraie regardera vers l’Éternel (v. 11). Il y aura, dans la déclaration de la justice, comme un sentiment de témoignage contre le péché, au milieu de l’angoisse qui en sera la conséquence : position analogue à celle des frères de Joseph devant lui.



  1. Sur la scène représentée d’avance par ce psaume.