Écho du Témoignage:Notes sur le livre de l’Apocalypse/Partie 3

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Avec le chapitre 15 commence un nouveau signe et un autre sujet. Ce ne sont plus des scènes diverses dans le ciel avec leurs effets — l’enfant enlevé vers Dieu, la patience et la foi des saints — mais la déclaration nette et positive que la colère de Dieu va se consommer ou s’accomplir. Il ne s’agit point ici, remarquez-le, du jugement et de la victoire de l’Agneau sur la Bête ; c’est quelque chose de tout spécial et d’un caractère administratif en rapport avec la manifestation de la puissance et des effets qui en résultent.

Ici apparaît « dans le ciel un autre signe, grand et merveilleux, sept anges » (le gouvernement en providence, non pas l’Agneau ou le Fils de l’homme) « ayant sept plaies, les dernières ». On voit la mer devant le trône ; et on la voit ici, non seulement dans sa pureté fixe, mais cette pureté est associée avec l’épreuve — l’épreuve par le jugement. Mais sur elle se tiennent, ayant maintenant remporté la victoire, ceux qui ont vaincu la bête et son image et le nombre de son nom. Ni les persécutions de la puissance séculière, ni l’énergie de l’esprit d’erreur, n’ont prévalu sur ces fidèles qui ont été gardés. Ils ont « les harpes de Dieu » — la joie divine en parfaite harmonie. Le cantique qu’ils chantent a un double caractère : la victoire de la puissance de Dieu — le cantique de Moïse (les œuvres de Jéhovah Élohim Shaddaï étaient « grandes et merveilleuses ») ; et la vérité et la justice des voies du Roi des nations[1] — le cantique[2] de l’Agneau. Ils ne célèbrent pas seulement la puissance qui avait été manifestée, mais, comme saints, ils comprennent, selon l’Esprit de l’Agneau, la justice et la vérité de Ses voies : aussi célèbrent-ils le moment prochain où le Seigneur sera reconnu. Maintenant Ses jugements sont rendus manifestes, qui ne Le craindrait ? Car Lui seul est saint : tous les autres avaient failli. Le Seigneur seul doit être exalté.

Ceux-ci ont remporté la victoire sur tout ce qui est de la bête ; et, par suite, on les voit dans une joie manifeste, devant le trône de Dieu, formant le résidu élu, qui avait été fidèle sous la puissance de la bête[3]. Il y a une séparation entière et définitive. Ils n’apparaissent pas ici comme étant venus pour le jugement avec l’Agneau, ou comme étant sur leurs trônes, car Il n’est pas encore manifesté dans ce caractère, mais comme chantant Son cantique (comp. Ps. 92). Les jugements étaient sur ceux qui avaient la marque de la bête, mais pas encore sur la bête même : le jugement de celle-ci devait avoir lieu par l’Agneau venant avec les saints. Ils sont entièrement en dehors de ces jugements — on les voit dans le ciel. La foi peut anticiper cela, mais le plein accomplissement de fait devait prendre place lors de l’enlèvement des vainqueurs, quand ils seraient ravis dans les scènes de la gloire. Ils ne sont pas sous l’autel, ni même nécessairement tués ; mais ils ont remporté la victoire, en ayant refusé la marque de la bête.

Le temple du tabernacle du témoignage est maintenant vu ouvert. Au chapitre 11, c’était l’arche de l’alliance, assurant toutes choses pour le peuple de Dieu, pendant que la puissance du mal demeurait impunie ; ici, c’est le tabernacle de Son témoignage, car le jugement devait s’accomplir conformément à Sa parole. Ses jugements étaient rendus manifestes, mais pour la délivrance de Son peuple terrestre, selon cette parole. La délivrance des saints a lieu par le jugement, le jugement des méchants. Cela se fera conformément aux principes de Son gouvernement, à l’égard de la création, dans les voies de Sa providence. L’un des quatre animaux donne les coupes aux anges — coupes pleines de la colère de Dieu qui est vivant aux siècles des siècles. Cela nous ramène à une dispensation et à des circonstances passées, en rapport avec cette colère, jusqu’à Celui que nous avons vu sur le trône avant que les jugements commençassent, conformément à ce caractère selon lequel Il juge directement par Lui-même. — La gloire de Dieu se déployait maintenant, non en brillante bénédiction, mais dans la puissance et dans l’influence de Son jugement, comme il en était autrefois quand Sinaï fumait : « une fumée montait de ses narines ». — « Le tabernacle du témoignage est ouvert », non pour des appels en grâce ou des avertissements, mais pour l’exécution et la manifestation des jugements. Ce n’est pas un temps de témoignage, dans ce sens, mais de jugement, et personne ne pouvait entrer dans le temple ; et, de même que le Seigneur parle de la terre, l’avertissant de la fin du témoignage (« ce sont ici les jours de la vengeance : Fuyez »), ici aussi (les saints une fois enlevés) il n’y a plus qu’un temps de jugement et non pas de réception en grâce. La séparation ayant été opérée, pendant le temps de l’influence de la bête, personne ne pouvait entrer désormais dans les lieux célestes ; et le peuple terrestre, qui avait pris ou reçu la marque de la bête, était jugé.

Cependant, le jugement n’était pas encore un jugement de destruction. Les lieux célestes[4] et la terre étaient désormais séparés ; et, au lieu de pénétrer dans ces lieux célestes, le jugement sortait de là et tombait sur la terre. Mais ce n’était pas le jugement effectif des vivants, exécuté par le Fils de l’homme ; c’étaient simplement des actes providentiels de la colère de Dieu manifestant cette colère comme étant venue à son comble.

Je ne dis pas que c’est ici le dernier malheur, mais il y a ce qui est en rapport avec lui, savoir la colère : « ta colère est venue » ; et je suis disposé à penser qu’il en est de même de tout ce qui suit dans ce verset, bien qu’il soit fait mention ici de plusieurs autres choses.

Mais, de même que le malheur du chapitre 12, caractérisé par la descente de Satan, alors qu’il était jeté hors des cieux, fondait sur la terre et sur la mer, ici aussi, après la séparation distincte des cieux et de la terre, et la fermeture des lieux célestes (les saints étant sur la mer de verre), le jugement envoyé sur la terre tombe également sur la terre et sur la mer.

En premier lieu, dans toute l’acception du mot, un ulcère mauvais et malin est versé sur la terre. Dieu fait tomber une plaie manifeste sur les hommes qui ont la marque de la bête et sur ceux qui rendent hommage à son image.

Ensuite, toute forme de vie est frappée de mort dans la masse de la population, « et tout ce qui avait vie » (ce ne sont pas ceux dont les noms sont écrits au livre de vie, mais ceux qui, extérieurement, avaient la vie) « mourut ». La simple profession d’être vivant à Dieu est effacée et disparaît de la masse des nations non constituées.

Les sources qui règlent la condition de la population, deviennent aussi la forme et la puissance de la mort — c’était là le juste jugement de ceux qui avaient mis à mort les saints. Ces jugements sont généraux, sur la masse des hommes et sur leur condition. Plus loin, nous lisons, avec Griesbach : « Et j’entendis l’autel disant… ». La traduction anglaise : « Et j’entendis un autre du milieu de l’autel » ferait supposer qu’il s’agit d’un autre ange, ce qui ne serait pas en harmonie avec toute la force de ces figures. La force de l’expression « l’autel » est ordinairement claire, attendu que les saints mis à mort sont considérés comme offerts, semblables à des holocaustes faits par feu à l’Éternel (comparez chap. 6, 9-10). L’on peut entendre crier l’autel, comme étant le témoin de tout ce meurtre des saints de Dieu. J’ai de la peine à croire qu’un saint puisse rendre ce témoignage du dessous ou du milieu de l’autel. Si la leçon ordinaire est correcte, alors un ange annonce la chose du milieu de l’autel, leur rappelant qu’ils ont été, dans leur mort, comme des sacrifices faits par feu à l’Éternel.

Le quatrième ange a affaire avec le pouvoir suprême sur la terre. Mais cela n’a d’autre effet que de le rendre plus ardent. Les hommes souffrent alors d’une intolérable tyrannie ; — ils n’avaient pas voulu être soumis à Dieu — maintenant ils ne font que Le blasphémer.

Le cinquième verse sa coupe sur le trône de la bête, qui était réellement le trône de Satan, le siège de sa domination et de sa puissance. Il en résulte des ténèbres et de la confusion ; et, de souffrance, ceux qui faisaient partie du peuple de sa domination, se mordaient la langue. La bête et ses armées, avec son activité dans le mal, ne sont pas en question maintenant ; la coupe est versée sur son trône. Ici, c’est le jugement de Dieu qui l’atteint, tandis que dans l’autre cas, c’est le jugement de l’Agneau. Les souffrances et les plaies qui accompagnent ce jugement paraissent identifier cette classe avec la première. Pour eux, Dieu n’a encore que le caractère de Dieu du ciel.

Avec le sixième ange, ce qui coule au travers de Babylone, et lui donne sa force, son caractère et sa prospérité, est tari, afin que « la voie des rois qui viennent du soleil levant fût préparée ». Il reste encore la destruction finale de Babylone et les derniers combats.

Il y a ici une allusion positive à la position de l’Euphrate. Ce ne sont pas, je crois, les rois de l’Orient, mais les rois qui viennent de l’Orient, τῶν απὸ ἀνατολῶν ἡλίου. Ce dessèchement du grand fleuve Euphrate préparait leur voie. D’autres passages m’autorisent à penser que l’Euphrate sera tari, au moins temporairement, pour livrer passage à Israël ; mais je ne vois pas que la sixième coupe s’y applique, placée comme elle l’est au milieu d’une prophétie symbolique. Ordinairement, et à cause d’un passage antérieur, on considère cela comme représentant le dessèchement du pouvoir turc ; cela peut être, ou, tout au moins, il peut y avoir quelque chose d’analogue, en prenant tout l’ensemble du chapitre dans un sens subordonné et préparatoire, sens qu’il a eu, je crois, et qu’il a de nos propres jours (comme je l’ai dit d’autres chapitres, mais pendant une plus longue période). Je crois que ce chapitre a eu une semblable application, et ceci est en pleine harmonie avec le plan tout entier du système prolongé de la prophétie, attendu que la seconde bête perd son caractère comme bête et devient un faux prophète avant le terme final.

Les saints du chapitre 15 ont remporté la victoire sur l’effort qui tendait à les amener à adorer l’image de la bête ; mais c’était la seconde bête, et non le faux prophète, qui cherchait à leur faire adorer l’image de la première. Mais ici il y a le caractère du faux prophète, de sorte que, jusque-là (au moins en principe), la victoire avait été obtenue et pouvait être célébrée, par l’Esprit, pour l’Église. Mais lorsque nous en venons à un accomplissement plus positif du jugement et à ce qui en amène l’exécution, après que les saints ont été placés en dehors de la scène, et que le témoignage de grâce qui rassemblait pour les lieux célestes a pris fin, alors il faut qu’il y ait quelque chose de plus distinct, quelque chose qui prépare la voie aux rois de l’Orient, afin qu’ils aient leur part dans la grande catastrophe. En conséquence, la barrière et les ressources de l’empire romain occidental sont réduites à néant, de telle sorte que la voie pour cette entrée des rois de l’Orient soit préparée. C’est après cela que les esprits de démons sortent pour rassembler les rois de toute la terre habitable, pour le combat de ce grand jour du Dieu tout-puissant.

Le chapitre 14 avait présenté, pour ainsi dire, les actes ecclésiastiques du Seigneur ; et le témoignage en grâce était là. Dans le chapitre 15, nous avons la séparation des saints préparés pour les lieux célestes ; et, ensuite, au chapitre 16, le jugement sur la terre, atteignant premièrement ceux qui avaient reçu la marque de la bête : tout ceci étant en relation avec Dieu. C’est une question de soumission et de fidélité envers Dieu, non envers l’Agneau ni envers le Fils de l’homme manifestant Sa puissance comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Mais aussitôt après ce jugement[5] (le dessèchement de l’Euphrate), le dernier combat doit avoir lieu ; et Satan emploie toute son énergie pour préparer ses forces : mais c’est seulement pour le combat de ce grand jour du Dieu tout-puissant. Ces préparatifs se font (ceci étant une vision pendant le cours du jugement) par l’influence et d’après les principes de l’exercice positif d’une propre volonté infidèle et de l’inimitié contre la puissance de Christ, volonté et inimitié qui sont l’esprit de domination concentré ici dans la bête (la puissance romaine), et l’esprit de l’antichrist (la puissance séculière de la bête ayant été transformée en une fausse influence sur les esprits sous le caractère d’un prophète). Nous voyons la place que cela occupait en Juda, du temps de Jérémie, et avec Achab, etc. ; la forme peut en être différente, mais il y a ce caractère dominant dans l’apostasie (la puissance d’assujettissement étant entre les mains d’un autre).

Ces trois esprits assemblent les rois (τῆς οἰϰουμένης) de toute la terre habitable organisée, pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. Mais maintenant Christ était sur le point de paraître. Tout ceci pouvait avoir lieu avec force plans de la part de l’homme, peut-être, mais pour les saints c’était le signe que Christ allait apparaître. « Et ils les assemblèrent ». Qui est-ce qui assemble ? Je pense que c’était la puissance et la providence de Dieu, par Christ : quel que soit l’instrument employé, même l’influence satanique, la chose n’en était pas moins conduite par Christ. Les esprits devaient sortir pour assembler les rois, et ils les assemblent, mais c’était réellement l’œuvre du Seigneur en jugement (comp. Mich. 4, 11-13).

Ce combat, qui était la scène des jugements de l’Agneau, contre qui se manifestait la haine et l’opposition, est réservé pour le moment de Son apparition et du déploiement de Sa puissance. Nous avons un indice de son rapport avec les localités juives : le lieu a un nom hébreu, Armageddon. Mais ceci est introduit ici, en passant, car c’est le récit de la colère de Dieu, et le rassemblement consiste dans tout ce qui a ce caractère providentiellement. S’il y avait là quelque allusion au lieu et au terme Meguiddo, je croirais que ce serait plutôt en rapport avec Juges 5, qu’avec le cas de Josias.

La septième coupe fut versée dans l’air, ce qui touchait à toute la scène d’en bas, le lieu du gouvernement universel et de son influence. La colère était encore sur la terre, et, de fait, elle était sur tout. Alors une voix qui procède du trône qui est dans le temple annonce que tout est fini (γέγονε), et la puissance de Dieu se déploie par les jugements et les tonnerres de Son pouvoir ; car « la voix de l’Éternel est puissante en œuvres ». Et il n’y eut jamais un si grand tremblement de terre — un si grand ébranlement de tous les éléments de l’existence sociale organisée. « La grande ville » (le chef-d’œuvre et le centre de cette organisation) « fut divisée en trois parties, et les villes des nations tombèrent », c’est-à-dire tous les centres d’organisation des nations, en dehors de la grande ville. Puis la grande Babylone est présentée, non pas simplement dans sa condition sociale civile, mais dans l’ensemble du caractère qu’elle avait auparavant — « la grande Babylone vint en mémoire devant Dieu, pour lui donner la coupe du vin de la fureur de sa colère ». Les détails de son jugement aussi sont réservés pour un développement ultérieur plus complet et plus exact, en rapport avec son caractère semblable à celui de la bête. Les jugements précurseurs ont été établis, et l’ordre de ces jugements de la fin a été déterminé. La chute de Babylone est en rapport avec le chapitre 14, où le témoignage continue, comme nous l’avons vu.

Un jugement destructif direct, sous forme de plaie, non pas un jugement particulier devant le trône, fond sur les hommes en même temps que le système social de Babylone est rappelé en mémoire. Ce n’est ni la repentance, ni, comme je l’ai dit, quelque chose du jugement final du trône, mais une chose terrestre ; car les hommes blasphèment Dieu à cause de cela, la plaie étant fort grande. Tel est l’effet des jugements de Dieu, quand le cœur volontaire et rebelle n’est pas changé ; tel est notre cœur à chacun, à moins que, par grâce, nous ne possédions la nouvelle vie.

L’apôtre est maintenant appelé ailleurs pour qu’il puisse donner une description plus complète de la femme et de la bête ; il n’est pas du tout appelé à monter au ciel, car leur place et leur jugement sont sur la terre. Il est appelé par un des anges, ou messagers de jugement, qui avaient les sept coupes de la colère de Dieu. Ces anges ont le caractère d’une parfaite justice, à la fois divine et humaine : ils ont une ceinture d’or par laquelle l’énergie positive et la puissance pure de la justice divine sont maintenues et revendiquées, et des robes blanches exprimant l’état sans tache et sans blâme de la sainteté humaine, comme venant de Dieu. Un de ces anges vient montrer au prophète le jugement de la grande prostituée qui est assise, avec son influence maligne, sur la masse des peuples. La révélation est faite selon le caractère et l’estimation de ce jugement.

L’interprétation de ce chapitre est évidemment de la plus grande importance possible, quant à la forme de la puissance corporative de l’homme, en tant que séparé de Dieu, et s’élevant dans l’indépendance de Lui, aux derniers jours. Toutefois, le jugement (bien qu’il soit donné beaucoup de détails sur la femme et sur la bête qui la porte) est sur la femme dans son caractère tout spécial de grande prostituée. Elle est jugée comme telle, quoique beaucoup de choses en découlent ; et je conclus avec certitude que ce doit être principalement son caractère ecclésiastique, mais en contraste formel avec l’Épouse, la femme de l’Agneau, l’Église, bien que la gloire céleste soit la portion de celle-ci, tandis que la fausse gloire terrestre est la part de la grande prostituée. Ce qui distingue positivement l’Église, c’est l’union avec l’Agneau ; quant à la prostituée, c’est sa conduite de courtisane (corruption ecclésiastique), bien que la gloire du monde y soit éminemment et intimement associée. Si cette gloire n’eût pas été en jeu, elle eût perdu une grande partie de sa grandeur et de son influence et eût cessé d’avoir ce caractère. Son union avec le monde la place dans la prostitution. Babylone pouvait avoir un roi sur elle, c’est ainsi qu’il en est parlé dans l’Ancien Testament ; mais ce n’est pas le caractère sous lequel elle nous est présentée ici ; au contraire, c’est elle qui est sur la bête. Aussi, dans l’Ancien Testament, il n’est jamais parlé d’elle comme commettant fornication ; car, dans un certain sens (quoique peut-être, à cause du roi, dans un mauvais sens), elle appartenait au roi de la terre ; il l’avait bâtie pour sa magnificence et sa gloire. Ici, elle est montée sur la bête, se servant d’elle, bien que plus tard elle doive être haïe, appauvrie, etc., par les dix rois. La Babylone d’autrefois avait trompé les nations par la multitude de ses sortilèges et de ses enchantements ; mais c’est là une tout autre chose ; qu’il y ait du bien ou du mal, elle appartenait au roi de Babylone ; elle fut élevée par lui et tomba avec lui. Ici, elle n’a pas de roi, mais elle vit dans le mal avec les rois de la terre, étant maîtresse d’elle-même. Autrefois, Israël était adultère[6], mais non pas Babylone.

À cause de ceci, le jugement vient sur elle, quoique d’autres choses mêlées à tout l’éclat du monde puissent l’entourer et lui prêter son influence sur l’esprit des autres.

Dans l’Ancien Testament, la fornication est attribuée non à Babylone, mais à Tyr, en rapport avec son trafic.

Ici, le trait matériel est que Babylone n’est pas le siège de cette puissance terrestre établie et dirigée en tout temps par celui qui exerce la royauté apostate sur la terre, mais elle est représentée par une femme indépendante. Il en était ainsi de Tyr, dans le monde, comme il nous en est parlé ; et quand il est fait mention du prince de Tyr[7], ce n’est pas dans un langage humain et terrestre, mais en présentant le caractère le plus élevé de l’apostasie, tel qu’il ne peut être atteint, dans son entier développement, que par le grand ennemi ; et il me paraîtrait que, étant en rapport avec une église ou une position religieuse, c’est un caractère et une apostasie beaucoup plus terribles que l’apostasie du monde, dirigée par son roi, et établie par lui dans toute son étendue. Babylone a donc le caractère d’une association terrestre, en même temps qu’il y a abondance de richesse et d’opulence par son trafic : c’est un grand système de prospérité humaine ; mais ce qui attire le jugement sur elle est sa fornication, et non sa pourpre ou son écarlate, ou telle autre chose semblable, quoique toutes ces choses se rapportent bien à elle et servent à la distinguer. Elle est ruinée quant à toutes ces richesses, par le jugement, mais ces richesses ne sont pas la cause du jugement. Et il en est toujours ainsi ; le fait de devenir mondain, d’agir selon l’esprit du monde, d’en obtenir les richesses, en se prêtant aux passions des rois de la terre, est précisément le motif même du jugement. Mais, comme dans les temps anciens, alors que le sang de tous les justes était trouvé dans la maison de Dieu, et que le jugement sur l’apostasie (non pas celle du monde, ou de ceux qui étaient extérieurement méchants) tombait sur Jérusalem et non sur la Rome païenne, ainsi en est-il toujours : la forme ecclésiastique de méchanceté prend le pas sur la forme mondaine. La contradiction est comparée à celle de Coré, non à celle de Dathan et d’Abiram, quoique la terre les engloutît également ; et la bête peut être jugée aussi bien que Babylone, sans que celle-là soit traitée d’une manière aussi triste dans le jugement moral de Dieu, à la vue des hommes. La corruption morale est toujours pire qu’un pouvoir mauvais.

Babylone était aussi la mère des impudicités, et des abominations ou des idolâtries de la terre. L’invocation d’un démon au nom de Paul était pire qu’au nom d’Hercule ou de Thésée, et le renversement de la médiation de Christ, plus fatal et destructif, plus irrémédiable que celui de l’unité du seul vrai Jéhovah. Ici, Babylone était un mystère. L’apostasie de la puissance et de la grandeur mondaines n’était pas un mystère pour le résidu échappé de Babylone, ni pour le prisonnier de Domitien, à Patmos ; mais c’était véritablement un mystère que l’Église, sur laquelle l’apôtre veillait, pût prendre une telle forme, en dirigeant ce pouvoir sous lequel il souffrait alors comme un pauvre et méprisé disciple de Jésus crucifié, et en corrompant un monde duquel elle était proprement, comme Église, la seule vraie lumière. Babylone est la mère des abominations de la terre ; mais son empire est sur plusieurs eaux, peuples, langues et nations. Rome, je ne puis m’empêcher de le croire, est le centre de ce système. La prostituée tenait à la main la coupe d’or, mais elle-même n’était pas une coupe d’or entre les mains du Seigneur. Elle gouvernait et montait la bête à dix cornes : ce fut là son caractère général pour un temps, mais non son caractère final, quand elle devient la proie des rois qui ont leur pouvoir avec la bête et qui la dépouillent. Ces rois ne lui donnent pas plus longtemps leur pouvoir, mais ils le donnent à la bête. Elle, et non la bête, est enivrée du sang des saints, et cependant, elle est vue assise là à son aise et dans l’opulence la plus grande. Il y avait là matière au profond étonnement de l’apôtre, en voyant que celle qui se présentait à son esprit dans un tel caractère et avec une semblable prétention, pouvait être telle au fond.

La vision va jusque-là ; mais l’interprétation suit, et, comme cela a été remarqué ailleurs, dans Daniel et les paraboles, elle pousse plus loin les faits de la prophétie, ce qui est tout à fait en harmonie avec la forme ordinaire de la prophétie. « La bête que tu vis ». L’interprétation introduit dans cette scène future le moment présent du passage ; ce qui n’est pas le cas dans la vision actuelle de l’apôtre, qui voit la femme dans toute sa splendeur, dans son plein caractère. « La bête que tu vis, était » (savoir, le quatrième grand empire), « et n’est pas » (c’est-à-dire n’avait pas, au moment d’alors, son caractère d’union formelle), « et va monter de l’abîme », et reprendra ce caractère formel sous l’influence directe de Satan, puis elle sera détruite. Et tous ceux qui se trouvent dans le cercle prophétique de sa puissance (qui est la terre, tandis que l’influence de la femme s’étendait plus loin : « elle était assise sur plusieurs eaux ») doivent s’étonner, en voyant ainsi la bête. Les sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles la femme, non la prostituée, est assise, car « c’est la grande cité qui règne ». Ceci ne représente pas simplement Babylone, car le nom de la prostituée était déjà sur son front, ce qui rend toute explication inutile. — La première de ces figures nous offre son caractère symbolique ; la dernière, son explication locale. Il y a aussi sept rois ; ceux-ci ne sont pas les cornes, d’ailleurs ils n’étaient pas contemporains. « Cinq sont tombés ; et l’un est » (je considère ceci, depuis le v. 9, comme étant une explication directe et actuelle pour l’apôtre) ; « l’autre n’est pas encore venu, et quand il sera venu, il faut qu’il demeure un peu de temps ». Cela fait bien les sept. Après les jours de l’apôtre, une tête de la bête devait se dresser pour un peu de temps, avant la fin. L’Esprit de Dieu n’a pas jugé nécessaire de faire une description spéciale de cette tête ou des précédentes, parce qu’elles n’étaient pas, dans la scène présente, en rapport avec l’Église ou les conseils de Dieu, mais seulement les identifiant avec la bête et ne permettant pas que l’Église soit détournée du droit chemin.

Mais il y a une chose qui est plus distinctement considérée, après que tout ce qui précède a été complété, et que tout ce qui contribuait proprement à l’existence de la bête a été présenté en entier, savoir une huitième tête[8] (qui est la bête elle-même, en tant que provenant directement de la puissance et de l’influence de Satan) qui s’élève, étant cependant d’entre les sept, en rapport avec elles, et prenant sa place au milieu des autres têtes ou des formes de l’empire romain, tout en étant un pouvoir distinct et défini, la bête qui ressuscite la puissance de Satan ; et c’est sous cette forme qu’elle va à la perdition.

Nous avons maintenant la femme, la bête, et ses têtes qui ont été décrites. Vient ensuite la conduite des dix cornes — les dix rois. Ceux-ci appartiennent proprement à la bête ; ils n’avaient reçu aucun royaume au temps de la vision, n’avaient nullement fait partie du système d’alors, mais devaient recevoir le pouvoir en même temps que la bête. Je ne vois pas que ceci établisse qu’ils dussent exister pendant la même durée de temps que la bête[9], mais simplement que ce ne serait pas un pouvoir supplanteur ou sans rapport avec la bête, puisque ces rois, contemporains entre eux, le sont aussi de celle-ci. Ils doivent lui donner leur pouvoir. Je ne doute pas qu’il ne soit ici question principalement de la bête dans sa dernière forme, mais c’est le caractère dominant de ces rois qui est présenté ici. Ils donnent leur royaume et leur pouvoir à la bête ; ils sont d’accord pour cela. Mais, bien qu’ils agissent ainsi en commun, ils avaient une pensée à eux, ou tout au moins pratiquement, en action. « Ceux-ci combattront contre l’Agneau » : telle sera leur conduite et leur fin. « L’Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois » ; et alors nous avons Ses compagnons, l’Église et les armées des cieux mises en évidence par anticipation. Il n’est pas seul : ceux qui sont avec Lui sont « appelés et élus et fidèles ». Telle est l’histoire et la fin des dix rois, mais seulement caractéristiquement : car si nous consultons Daniel, nous voyons que trois d’entre eux tombent. Leur vainqueur est ensuite manifesté avec ses compagnons. Tandis que les rois confédérés donnent leur pouvoir à la bête (car c’était la volonté de l’homme), nous voyons que, au contraire, les compagnons de l’Agneau étaient appelés et élus et fidèles. Les « eaux » sont ensuite interprétées de façon à n’avoir besoin que de peu de commentaire, si ce n’est comme rappelant l’étendue de l’influence morale générale exercée au-delà de la terre prophétique. La prostituée avait son trône là, quoique assise sur la bête également. Un autre trait caractéristique était qu’elle occupait cette place prédominante et exerçait cette influence sur les peuples, les multitudes et les nations ; tout ceci était une influence indépendante, particulière à la femme, et exercée dans son mauvais caractère de prostituée.

Nous avons ensuite un autre incident d’une grande importance dans l’histoire. Ces dix rois doivent donner leur pouvoir à la bête. Ainsi « Dieu a mis dans leurs cœurs d’accomplir sa pensée », et « ceux-ci haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair » (sa richesse et sa prospérité), « et la brûleront au feu ». Ce n’était pas avec ces dix rois uniquement qu’elle avait commis fornication ; tel avait été son caractère général avec les rois de la terre. Toutefois, ces dix rois la désolent. À ce moment, la volonté agit en eux et non dans la bête[10]. Ils sont les principaux acteurs du moment, afin qu’ils puissent donner leur pouvoir à la bête, dont nous avons déjà vu le caractère des derniers jours et la fin. Ceci continue « jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies ». La femme, non la prostituée, est ensuite désignée comme étant cette grande ville qui règne sur les rois de la terre (le pouvoir constitué qui prédomine sur la terre)[11], mais si elle agit par le moyen d’une religion corrompue, elle ne le fait pas ici sous le caractère de faux prophète, mais comme une ville — c’est-à-dire un système dont le caractère est en rapport avec le siècle, sensuel, mondain et opulent ; seulement cette mondanité et cette opulence sont celles d’une courtisane[12], dans l’activité d’une volonté corruptrice : elle était « la mère des prostituées et des abominations de la terre ».

L’ayant ainsi considérée dans l’activité de sa volonté, en rapport avec la volonté des autres, ainsi que dans la fin de son opulence et de sa prospérité, nous en venons à sa chute qui est annoncée, en tant que système de corporation.

Et ici, je trouve beaucoup plus de la partie purement mondaine du système, ce qui le caractérise essentiellement, bien que l’autre côté de son caractère ne puisse être nié. Et ici, elle est vue comme étant tombée — Babylone, la grande. Il n’est pas parlé d’elle maintenant comme étant la mère des abominations, la prostituée, ou la femme, mais simplement comme de Babylone, la grande, sous l’aspect d’une ville ou d’un lieu d’habitation. Elle n’a pas du tout cessé d’exister pour cela, mais elle est tombée et est devenue la demeure de démons, et la retraite de tout esprit immonde et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable. Telle est sa condition présente et son jugement, condition morale dans laquelle elle peut être discernée par l’Église qui, avec le secours de l’Esprit, connaît toutes choses, sur le témoignage de Dieu.

La chute de Babylone paraît consister dans la perte qu’elle fait de sa position comme pouvoir gouvernant et agissant, lequel dominait sur la bête et sur plusieurs eaux ; et cette chute semble amener sa dégradation morale, non sa destruction.

Maintenant Dieu appelle Son peuple hors de Babylone. Je ne dis pas que cet appel n’existât pas tacitement, quand la vérité du troisième verset était reconnue, mais il devient maintenant net et positif, car la vérité est judiciairement déclarée. Malheur à ceux qui restaient alors dans Babylone ; ses péchés étaient montés jusqu’au ciel, et ceux-là devaient recevoir de ses plaies s’ils y restaient. C’est maintenant un avertissement en vue des conséquences. La séparation doit s’effectuer, car Dieu a commencé à la juger. Elle a déjà perdu sa puissance, cette puissance séductrice d’opulence et de corruption. Pour elle, il semble qu’elle dit encore dans son cœur qu’elle serait reine et ne verrait point de deuil, persistant ainsi dans son orgueil, bien qu’elle fût tombée ; mais l’Église sait que Dieu est en train de la juger[13]. La désolation de toute la prospérité temporelle de la grande cité est un sujet de pleurs et de lamentations pour les rois de la terre, qui sont essentiellement distincts des dix cornes haïssant la prostituée et la brûlant au feu. Les rois de la terre sont les gouverneurs royaux et non ces dix cornes particulières qui, en tant que royaumes, donnent leur pouvoir à la bête ; les cornes sont la puissance des royaumes exercée peut-être par le pouvoir gouvernant de l’époque. Mais tous ceux qui ont vécu dans la sécurité du système terrestre établi et ordonné, savoir les rois de la terre, ainsi que les habitants de la terre — ceux qui ont commis fornication avec la grande prostituée — ceux-là déplorent son embrasement[14]. Les dix rois sont une classe particulière, définie, manifestée avec la bête dans ses derniers actes contre l’Agneau, actes pour l’accomplissement desquels Dieu met au cœur de ces rois de se débarrasser de la grande prostituée. Les dix rois, comme tels, ne sont jamais présentés comme commettant fornication avec la prostituée, tandis que les rois de la terre et les habitants de la terre sont mentionnés comme s’étant conduits ainsi. L’avènement des dix rois au pouvoir actif est un événement subséquent, et dont il est parlé à part. Leur description particulière, quant à leur activité, se voit au chapitre 17, 12-17.

La destruction et le jugement de la grande cité entraîne la ruine de tout ce qui n’était qu’intérêts temporels — les richesses — tout ce qui était tyrien dans son caractère, bien que des âmes d’hommes aient été ajoutées au trafic de cette cité renommée, car la grande ville en faisait aussi le commerce. Tout ce qui est susceptible d’enrichir caractérise la conduite de la cité, qui est dirigée par une apostasie complète et positive. Dans un certain sens, la ville est distincte des marchands ; elle forme tout le système ; les marchands se tiennent loin, à cause de la crainte de son tourment, quand Dieu la juge ; et les patrons de navire en font de même. Mais les cieux et les saints apôtres et prophètes sont appelés à se réjouir sur elle. Elle avait été l’ennemie des cieux, en tant que renfermant toute la convoitise de la terre, pour mettre Dieu dehors ; de même qu’elle avait été, par la persécution, l’ennemie de la révélation et du témoignage de la gloire céleste, ainsi que du jugement du monde et de la venue du Fils de l’homme — en un mot, de la grande puissance de témoignage par laquelle l’Église fut constituée dans le monde. — Vient ensuite la manifestation de la manière soudaine avec laquelle se produit sa destruction finale et entière[15]. Son opulence terrestre, la puissance des richesses est présentée comme étant ce qui la caractérise essentiellement à la fin, au moment où elle est jugée et détruite. Et ici, elle est semblable à l’ancienne Babylone, car en elle fut trouvé tout le sang répandu sur la terre, comme dans Jérusalem tout le sang y avait été répandu avant sa destruction ; or ceci nous la présente sous une forme de complète apostasie contre Dieu.

Dans cette description de Babylone, nous avons tout l’esprit et le caractère du monde, excepté la puissance comme puissance royale. Car ceci est de Dieu, quel que soit l’usage qui en est fait, et cette puissance (dans les mains des rois de la terre) avait été corrompue par elle ; alors ces dix cornes ou rois la haïrent, et détruisirent toute sa plénitude et sa puissance. Ces rois n’étaient pas Babylone ; mais ils avaient donné leur pouvoir à la bête, afin que ce pouvoir lui-même, qui venait de Dieu, pût se trouver en rébellion ouverte contre Celui aux mains de qui toute puissance était confiée et donnée, savoir l’Agneau, et qu’ainsi la dernière et finale forme de mal fut produite, comprenant la destruction et la mise de côté (car la question était alors de savoir quel pouvoir devait subsister) de la forme et de la substance de l’apostasie.

Ainsi, nous avons en Babylone les richesses, la corruption, les sortilèges, les arts, le luxe, les corps et les âmes d’hommes mis en vente, la fornication commise avec les rois et ceux qui habitent sur la terre, et ceux-ci s’enivrant avec elle[16] ; tout cela nous représentant le principe de la volonté confédérée, sauf la corruption (non l’exercice) du pouvoir royal séculier, comme étant de Dieu, bien que ce principe puisse par séduction diriger et gouverner ce pouvoir, et ainsi le séparer de sa source divine, mettant actuellement de côté et empêchant l’assertion de sa suprématie comme étant de Dieu et s’étendant sur tout. Ceci, comme nous l’avons vu, est distinct de l’apostasie directe du pouvoir, apostasie fondée sur l’aversion et la consomption de la prostituée, qui a sa place avec la bête. Le pouvoir fut donné à Nebucadnetsar, et il bâtit Babylone. Mais ici, nous avons la femme dans l’exercice de sa propre volonté corruptrice et dominatrice, unissant les caractères d’Israël en ce qui regarde Dieu (sauf en ce qu’elle était une paillarde, et non une adultère, car elle n’avait nullement été épousée comme une vierge chaste pour Christ) à ceux de Tyr en ce qui regarde le monde. Quand cette volonté est en exercice, nous avons toujours à la tête du mal la forme ecclésiastique, comme dans le cas de Coré et des principaux sacrificateurs : ainsi ici, cette mystérieuse femme est assise sur la bête et sur plusieurs eaux. Quand les rois commencent à agir et sont sur le point de donner leur pouvoir selon leur volonté, ils commencent par sa destruction, ou tout au moins sa consomption. Et remarquez que l’acte de la puissance de Christ s’accomplit sur les pieds et les orteils eux-mêmes. Dieu juge Babylone comme étant un grand système moral reniant Sa suprématie, sans qu’il y ait cependant une hostilité ouverte contre la puissance de Christ.

Nous avons la chute[17] de Babylone, distincte, je crois, de la destruction de Babylone. Dans sa chute on trouve la dégradation morale ; elle est la demeure des esprits immondes : c’est là le jugement qui est sur elle, et elle tombe parce qu’elle a fait boire aux nations du vin de la fureur de sa fornication (chap. 14, 8). Nous trouvons ceci, dans le cours ecclésiastique, si l’on peut dire ainsi, des événements de la fin. Quant à son jugement final, nous le trouvons lorsqu’elle a comblé la coupe du vin de la fureur de la colère de Dieu (chap. 16, 19). Le verset 2 du chapitre 18 paraît être en rapport avec la chute de Babylone, tandis que le verset 21 serait en rapport avec sa destruction.

Ainsi Babylone est jugée, enlevée de la scène avec sa fornication qui corrompait la terre, et le sang des serviteurs du Seigneur Dieu est vengé. Ce résultat est célébré, comme étant l’œuvre du Seigneur Dieu, par une foule nombreuse dans le ciel, ainsi que par la représentation mystique des rachetés ; mais le culte appartenait à Dieu, séant sur Son trône, qui avait ainsi exercé Son pouvoir et Son jugement. Maintenant la voie est libre ; et une voix sort du trône pour provoquer la louange de la part de tous les serviteurs de Dieu. Ses fils pouvaient toujours Le louer en esprit ; mais ici (le mal ayant cessé de prévaloir et tout délai étant passé) ils peuvent, eux, dans leur caractère de serviteurs, ainsi que tous ceux qui craignent Dieu, Le louer et Lui rendre gloire, car Il règne désormais comme Seigneur, Dieu, Tout-puissant, caractères dans lesquels Il avait agi avec la terre soit comme Dieu, Créateur, auteur des promesses et bouclier de Son peuple dans sa position d’étranger, ou comme l’Éternel exécuteur de tout ce qu’Il a promis, Jéhovah Élohim Shaddaï. Il prend ici, en puissance, tous ces caractères, et règne. Cette époque nous ramène en arrière, au chapitre 11, 17[18]. Nous avons eu, dans l’intervalle, la source, le caractère et la forme du mal et le jugement de tout, sauf de la bête et du pouvoir terrestre avoué, contre l’Agneau. Tout mal secret ou simplement corrupteur, tout mal qui avait sa place dans les lieux célestes, ayant été éloigné, c’était désormais du côté de Satan une question de produire ouvertement son pouvoir, ce qui était sa dernière ressource désespérée sur la terre. En conséquence, la louange monte vers Dieu comme étant le Seigneur Dieu tout-puissant, qui règne, et le bonheur et la joie se manifestent aussitôt.

Ensuite nous est montré le premier et direct dessein de Dieu, avant même que le jugement de l’Agneau s’exécute sur Ses ennemis terrestres : « les noces de l’Agneau sont venues ». C’est ici une nouvelle dispensation. Nous sommes maintenant enfants de Dieu, mais le mariage de l’Agneau n’est pas encore venu et Son Épouse n’est pas encore préparée. Ce ne sont donc pas ici des enfants avec le Père. Mais le temps pour la manifestation de la gloire du Seigneur étant venu, le Seigneur Dieu prend Son pouvoir, juge et éloigne la mauvaise contrepartie mondaine et, l’Épouse de l’Agneau s’étant préparée, le temps des noces apparaît. Mais comme ces circonstances sont du domaine des choses célestes[19], il n’en est parlé qu’en passant. L’époque où elles ont lieu, ainsi que la préparation et la nature des robes sont seules accidentellement mentionnées comme un accessoire important, servant à caractériser le progrès des événements : et cela se termine par une bénédiction prononcée sur ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau. Le prophète retourne alors au cours des événements terrestres, là où ceux qui sont vêtus de robes blanches se trouvent être les compagnons de la gloire de l’Agneau, en jugement.

Ceci termine la scène de ce qui est proprement céleste, c’est-à-dire le temps pendant lequel l’Agneau, et ceux qui Le suivent, n’étaient pas manifestés sur la terre. Cette scène se termine par ces mots : « Ce sont ici les véritables paroles de Dieu ». L’ange était le compagnon d’esclavage[20] du prophète, ainsi que celui de ses frères qui avaient le témoignage de Jésus ; car l’esprit de prophétie témoignait encore de Jésus. Dieu devait être adoré : c’est là le grand but du livre, à savoir de garder l’Église dans la sainte simplicité d’un culte vrai, au milieu de la ruine et de l’apostasie.

Maintenant, le ciel est ouvert. Ce n’est pas Jean qui y est transporté ; ce n’est pas davantage un signe dans le ciel ; ce n’est pas le temple qui lui est ouvert, mais le ciel est ouvert et quelqu’un en sort[21]. Le ciel s’était ouvert autrefois pour que le Saint Esprit descendît sur Jésus, ici-bas. Il s’ouvrit pour que les anges de Dieu pussent monter et descendre sur le Fils de l’homme. Il s’ouvrit pour l’Église (dans la personne d’Étienne, terminant la période et la scène juive), afin de lui dévoiler l’intérieur de la scène céleste et l’y recevoir. Maintenant, il s’ouvrait encore, afin que, de là, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs Lui-même pût apparaître et agir sur la terre — juger et combattre en justice. C’était maintenant le temps où le pouvoir devait être établi en justice[22] sur la terre. Il vient dans la manifestation de la fidélité et de la vérité ; il vient dans l’énergie d’un jugement scrutateur et purifiant ; il vient, réunissant une quantité de prérogatives royales, gardant le secret de Son propre pouvoir, secret que nul ne connaît que Lui seul. Ses armées sont vêtues de fin lin blanc et pur — justice et pureté célestes — comme des sacrificateurs de Dieu. Il vient enfin en divine vengeance (Son vêtement est teint dans le sang), et apparaît sous ce titre de la manifestation de la puissance de Dieu, depuis la création jusqu’à la fin, savoir : « la Parole de Dieu ». C’est comme tel qu’Il avait créé, comme tel qu’Il s’était révélé, et comme tel qu’Il juge. Les armées des cieux Le suivent ; nul, sur la terre, n’était avec Lui dans ce conflit. Son propre bras opère le salut : Il frappe, gouverne et foule la cuve du vin de la colère de Dieu. Le pouvoir et le titre sous lesquels Il est maintenant manifesté publiquement, sont exprimés par ces mots : « Roi des rois, et Seigneur des seigneurs ». Ceci rappelle le chapitre 17, 14.

Les oiseaux du ciel sont invités au grand souper de la destruction.

Les dix rois s’étaient particulièrement fait remarquer dans leur guerre contre l’Agneau ; ils en avaient la direction ; mais ici l’expression est plus générale. On voit ici la bête et les rois de la terre. Ceux qui gouvernaient la terre sont trouvés refusant généralement de se soumettre à ce conquérant royal — le Seigneur. La bête est en première ligne et prédomine, puis se trouvent aussi les rois de la terre et leurs armées. Tel était le caractère général de l’état de la terre, alors. La bête et le faux prophète sont pris et jetés dans l’étang de feu. Ce faux prophète, par ses traits caractéristiques, est identifié avec la seconde bête à deux cornes qui était montée de la terre et avait perdu son pouvoir séculier, mais non son caractère de conseiller de méchanceté au dernier jour. Le reste est tué par l’épée de Celui qui était assis sur le cheval, « laquelle sortait de sa bouche ». Car, bien que ce fût l’exécution actuelle du jugement, et non plus simplement l’épée de l’Esprit, mais l’épée du Seigneur, dans l’activité d’un jugement souverain sur les vivants, ce jugement avait lieu néanmoins selon la Parole. C’était le jugement de la Parole qui procédait de Sa bouche ; c’est par ce moyen que les méchants furent tués. Ceci s’applique directement à ceux qui s’élèvent contre Lui qui vient des cieux pour juger ceux qui sont directement sous l’influence et la puissance de l’apostasie. Cependant l’expression : les rois de la terre est d’une portée plus étendue que les dix rois[23], et est tout à fait générale. Je ne pense pourtant pas que Gog y soit compris, car son but à lui est plutôt contre le pays que contre l’Agneau ou même contre le Prince des princes. En Gog, il y a plutôt la satisfaction de la convoitise, le désir de posséder. Il va contre le pays des villages non murés, et périt sur les montagnes d’Israël, après qu’Israël y est rentré et y habite en paix.

La bête et le faux prophète, ces délégués de Satan, ces ennemis actifs de l’Agneau, sont donc finalement jugés, mais il ne semble pas que la tromperie des nations par Satan cesse pour cela, parce qu’il n’est pas encore lié. Cependant, il ne peut plus maintenant rien reproduire de ce qui, auparavant, procédait de sa position dans les cieux. Dès qu’il est précipité, sa position devient, comme nous l’avons vu, celle d’une opposition ouverte contre l’Agneau. C’est ici désormais le caractère permanent de l’action des nations, placées sous son influence. Cela ne ressemble en rien au grand système qui avait précédé celui-ci. Ainsi, même après les mille ans, tout a lieu sur la terre et avec ce caractère. Satan ne regagne plus jamais le ciel. La bête et le faux prophète, cette forme résultant de l’apostasie, pendant que Satan était dieu de ce monde, ne réapparaissent pas davantage. Il s’était établi lui-même ouvertement comme prince de ce monde, par le moyen de cette même opposition qui avait amené la croix — opposition dont celle-ci était le premier jalon. Quand ce genre de pouvoir est mis de côté, l’Église seule devient alors l’instrument de la puissance diabolique, le péché et le monde reprenant leur domination sous son nom. Cet état de choses est maintenu dans une active apostasie par une église corrompue laissée sur la terre pour cela ; et, quand Satan est précipité des cieux, c’est encore à la suite d’une guerre ouverte, comme nous l’avons vu, contre Celui qui venait, dans Sa royauté, réclamer Son héritage. Je crois que l’on peut remarquer que le commerce et la colonisation de la terre, dès leur début, étaient intimement liés à l’idolâtrie, représentée par les enfants de l’apostat (bien qu’une fois délivré), Cham. Le premier acte de celui-ci fut de rejeter ou de dénigrer l’autorité comme étant de Dieu ; et, avant qu’il fût longtemps, nous trouvons, à la rivière de Cush[24], l’idolâtrie pratiquée, et s’étendant même sur la race sémitique, idolâtrie de laquelle Abraham fut appelé à sortir.

Le premier état (c’est-à-dire confédération, commerce, fausse religion) est présenté sous la figure d’une femme[25], et peut, quant à une partie des idées, être assujetti à Christ. Nebucadnetsar peut gouverner Babylone (la ville de confusion), et le Seigneur Christ le peut aussi, à l’égard de « la ville du grand Roi » où Dieu est bien connu, et Jérusalem peut être la reine en or d’Ophir. Le dernier état d’opposition terrestre se trouve soit dans la bête, qui a été une fois soumise au premier état, et cela par la volonté des rois ; soit dans les mains du roi volontaire, l’homme charnel, déchu et hostile, s’élevant contre le Seigneur. Le premier point m’explique beaucoup le prince de Tyr dans le prophète Ézéchiel.

Nous avons, par conséquent, à remarquer que Satan n’est pas lié par celui qui était assis sur le cheval ; mais un ange descend des cieux à cet effet. Ce n’est pas ici le jugement direct sur Satan, exécuté par Christ, mais la puissance divine, la providence et l’intervention de Dieu qui met Satan de côté et le rend incapable de séduire et de tromper plus longtemps les Gentils, jusqu’à ce qu’il soit délié.

Dans le verset 4 commence une nouvelle scène : les trônes. — Il ne s’agit pas ici de juger et de faire la guerre, mais de s’asseoir, en jugement royal, sur des trônes. Ce passage, il me semble, fait allusion aux trônes établis (car c’est là le sens admis, je crois, comme dans les Septante) en Daniel 7, 9, où l’interprétation nous dit, au verset 22 : « le jugement fut donné aux saints du Très-haut » ou des lieux célestes. Ici, non seulement les trônes sont établis, mais le prophète voit des gens s’y asseyant : les trônes étaient occupés. Daniel ne vit pas ceci, car pour lui il s’agissait d’une période, tandis que pour nous c’est de notre gloire avec Christ. Ces trônes étaient posés avant même que le Roi et Ses armées apparussent ; mais ils ne faisaient en aucune manière partie de la scène terrestre visible alors, ni même des rapports des cieux avec la terre, c’est pourquoi ils ne sont pas mentionnés. Les trônes sont établis avant le jugement de la bête, en Daniel ; et ceux qui apparaissent avec l’Agneau sont ceux qui prennent place sur les trônes. Mais, je le répète, bien qu’occupés, ils ne sont pas introduits dans la scène jusqu’à ce qu’ils en fassent proprement partie. « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire… alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire ». Ils ne prennent positivement cette place que lorsque Lui-même la prend ouvertement (le pouvoir Lui étant donné comme Fils de l’homme, ce qui Le met en rapport avec la terre). Il en est ainsi de ces trônes, bien qu’ils soient établis dans les cieux. De même que nous voyons en Daniel, que « l’Ancien des jours vint et le jugement fut donné aux saints du Très-haut », ainsi aussi nous avons ici une conséquence de la prise de possession de Son pouvoir et de Son règne. Ils règnent avec Lui mille ans. La suite du verset est une information additionnelle, nous apprenant que les autres saints n’avaient rien perdu, si ce n’est l’inimitié du monde[26], et celle de Satan allant même jusqu’à la mort, comme conséquence de leur fidélité ou de leur refus d’adorer la bête. Le prophète voit leurs âmes. Il pouvait y avoir eu de la puissance pour tuer leur corps, mais ils n’avaient jamais été morts quant à Dieu ; et maintenant ils sont appelés à jouir des fruits qui en découlent — « ils règnent en vie par un seul ».

Le règne effectif sur les trônes est une conséquence de la disparition forcée du pouvoir trompeur de Satan : il en est de même pour Christ. Il apparaît d’abord, puis Il prend effectivement possession du trône du monde. Jusque-là, Ses compagnons ont été cachés avec Lui, et quoiqu’ils soient glorifiés (car je peux ainsi parler d’eux maintenant), les trônes n’apparaissent pas jusqu’à ce que la guerre soit terminée. Leur titre était parfaitement établi, ils étaient déjà avec Lui ; mais, jusqu’à ce moment-là, ils ne pouvaient posséder le royaume. Lui-même ne le pouvait pas non plus. Le cheval et le trône sont des choses distinctes, l’un représentant un pouvoir impérial, actif, conquérant, l’autre un pouvoir royal, judiciaire, absolu et paisible. Et l’acte que Christ accomplit en venant ainsi, n’est pas un simple acte passager. Le trône de Sa gloire demeure occupé, jusqu’à ce que, en tant que roi médiatorial, Il l’abandonne. Les saints s’assiéront sur ce trône du Fils de l’homme, ou se tiendront sur des trônes avec Lui, et jugeront le monde. C’est là un règne de paix, mais aussi de justice (cette dernière ayant particulièrement le caractère juif), car désormais les cieux et la terre se rencontrent en paix — paix sur la terre. La face des cieux, dans le caractère qui lui est propre, brille sur elle maintenant, par Christ le médiateur, et les saints qui sont avec Lui.

Ici, il est peu parlé des nations, si ce n’est d’une manière générale, parce que Christ agit à l’égard des nations comme étant identifiées avec la Jérusalem terrestre, tandis qu’ici Il est considéré comme venant des cieux, ayant affaire avec la scène principale et avec l’agent du pouvoir hostile de Satan, savoir la bête et ceux qui la suivent. Ce qui regarde les nations de ce temps-là se trouve plutôt dans la prophétie de l’Ancien Testament ; car, tout en reconnaissant le fait que le Seigneur vient des cieux avec tous Ses saints, elle s’occupe de la Jérusalem terrestre et de ce qui s’y passe. Ici, c’est le déploiement de la première résurrection qui forme le sujet capital. Bienheureux et saints sont ceux qui y ont part ! ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ ; c’est là leur plus haute position, telle qu’elle est envisagée dans ce livre ; et ils régneront avec Lui mille ans, car Il est sacrificateur sur Son trône. Il serait difficile d’ériger en principe des sacrificateurs, quoique, en figure, nous puissions dire que les principes règnent.

Après ceci, lorsque les nations forment le corps des agents hostiles, nous voyons Satan agir en elles ; mais ce n’est pas un retour de la bête, ni rien qui ait ce caractère. Béni soit Dieu, cette sombre et subtile apostasie qui résultait de la position de Satan dans les cieux, avait pris fin, et nous avons ici la manifestation d’une inimitié ouverte se déployant en ceux qu’il avait réussi à tromper. Nous ne devons donc, en aucune manière, perdre de vue ce caractère actuel du mal en rébellion et apostasie, découlant de la position de Satan dans les lieux célestes (bien que l’Église, par la connaissance de l’exaltation de Christ, puisse contempler la sienne propre, ainsi que son entière victoire sur Satan). En conséquence, la lutte n’est pas maintenant contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les autorités, contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes. Dans le chapitre 12, Satan est précipité des cieux ; mais ici, ce qu’il a suscité de la terre contre l’Agneau est jeté dans l’étang de feu, et Satan lui-même est lié dans l’abîme. Toutefois, l’histoire de la terre n’est pas encore terminée. La venue de Jésus, dont le jugement tombe sur la bête et le faux prophète, est différente de celle de l’ange de la providence et de la puissance de Dieu qui jette Satan dans l’abîme.

La gloire et 1e règne du Fils de l’homme paraissent revendiquer la gloire de Dieu à l’égard de la chute du monde de Noé. La bénédiction du second Adam, tête d’une race rachetée, prend la place de la méchanceté et du mal antédiluviens, dans lesquels les enfants de l’Adam déchu avaient déployé leur caractère. Alors, cette scène se termina par le jugement de l’eau ; maintenant la scène commence par celui du feu. Dans le règne du Fils de l’homme avec Ses saints, « un roi régnera en justice ». Dans la bénédiction du second Adam, comme Tête de la nouvelle race, alors que le tabernacle de Dieu est avec les hommes, la justice demeure, d’une manière constante et paisible, sans que la force soit nécessaire pour la maintenir. Il y a bien un mélange partiel des principes de ces deux états différents, en vertu de la puissance et de l’influence de la Jérusalem céleste et de son glorieux Époux (et nous avons ainsi l’accomplissement du psaume 85), mais ces états n’en diffèrent pas moins pour cela.

À la fin des mille ans, Satan est délié — il séduit les nations — une séparation s’établit. Il conduit ceux qu’il a ainsi séduits, contre le camp des saints et la cité bien-aimée, savoir la Jérusalem terrestre. Alors le diable est jeté dans l’étang de feu, où sont déjà la bête et le faux prophète, et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles.

Le jugement de la bête et de ses armées, me semble-t-il, n’est pas le jugement de Matthieu 25, et celui-ci n’est pas davantage le jugement du grand trône blanc. Ce jugement, en Matthieu 25, me paraît être celui des nations en général ; Christ ne faisant pas la guerre, soit comme venant des cieux, soit comme agissant en rapport avec Jérusalem ; mais étant venu et s’étant assis sur Son trône, Il juge les nations, en rapport avec la manière dont elles avaient traité les prédicateurs de l’évangile du royaume, alors qu’ils avaient été vers elles, comme cela doit se produire tout particulièrement à la fin. Ce n’est pas ici : « Il enverra ses armées », mais c’est la session calme et solennelle du trône pour s’occuper de ceux qui avaient méprisé Christ dans Ses messagers.

Bien que le fait de la résurrection des justes soit mentionné ici, pour les placer en dehors du jugement, il est peu parlé de l’état millénial lui-même (le chapitre renfermant spécialement le récit de la session de jugement) ; et, quant à ce jugement, nous voyons que ceux qui font partie de la première résurrection en sont entièrement exempts. Nous trouvons ensuite les agissements de Satan qui amènent le jugement millénial[27] dont il nous est aussi parlé. Sur le grand trône blanc (car il ne s’agit plus des trônes maintenant) s’assit quelqu’un de devant la face duquel la terre s’enfuit et le ciel. Il ne s’agit donc pas du tout ici d’une venue — d’un jugement τῆς οίϰουμένης, ayant sa scène dans le monde habitable, ni d’un jugement des vivants. Les morts, petits et grands, se tiennent devant Dieu ; et ils sont jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres. Et en même temps, il est parlé de ce qu’est la portion de ceux qui ne sont pas écrits dans le livre de vie. Quelles qu’aient pu être les différences existant dans la mesure du mal chez eux, ils sont tous jetés dans l’étang de feu. Ce n’est plus désormais là un lieu préparé simplement pour le diable et pour ses anges. Il y était bien ; le faux prophète et la bête s’y trouvaient depuis longtemps ; mais maintenant tous ceux qui n’étaient pas écrits dans le livre de vie y sont jetés à leur tour.

Ce n’est plus maintenant un simple changement d’économie. Le grand trône blanc n’est en rapport avec aucune dispensation ; il a affaire avec les morts. Il y a alors un changement physique complet : de nouveaux cieux, une nouvelle terre, et plus de mer. Et, ici, Jean voit un objet nouveau, la nouvelle Jérusalem descendant du ciel d’auprès de Dieu. Je pense que ce fait est présenté ici pour ordre et d’une manière générale, ses conséquences étant déduites à part. Et d’abord, le progrès historique ou, si l’on veut, le résultat, est établi ; puis nous trouvons l’habitation de Dieu, non pas le trône ou la demeure céleste de Dieu et de l’Agneau, mais Dieu tout en tous, avec les hommes. La race humaine reçoit maintenant la bénédiction de la présence de Dieu ; et la grâce, mettant l’homme à l’abri de cette désolante demande : « Où es-tu ? », a tout disposé pour que Dieu puisse visiter Sa créature et même avoir Son tabernacle au milieu des hommes, qui sont désormais renfermés dans le précieux dernier Adam, l’homme ressuscité et glorifié, et non dans le premier Adam déchu. Comme nous l’avons déjà dit, le millénium est le contraste de la chute du monde de Noé, alors que Satan est chassé des cieux, et que le gouvernement intervient d’une manière effective, en justice, pour amener la bénédiction et la paix. À la chute de l’homme, la ruine du premier Adam, est opposée en contraste ici la bénédiction du second, bénédiction parfaite et infaillible, autant qu’elle est nouvelle et durable — toutes choses étant faites nouvelles — la mort n’étant plus — tout mal étant jeté dans l’étang de feu. Le chapitre 19, 9 présente cette partie de la bénédiction spéciale du second Adam, qui est caractérisée par les noces de l’Agneau, tandis que le chapitre 21, 5 nous offre le complément ou la plénitude de cette bénédiction.

L’état de la terre pendant le millénium est un sujet plus particulièrement traité par les prophètes de l’Ancien Testament — le rétablissement de toutes les choses dont Dieu a parlé par leur moyen. La connexion des bénédictions célestes avec l’état millénial est cependant comprise dans ce qui suit, pour compléter le tableau, et donner aux saints la joie de la portion qui leur est propre dans cette scène, portion qui, dans son caractère intrinsèque et tout spécial, est éternelle. Ces choses se trouvent du chapitre 21, 9 au chapitre 22, 5-6[28]. Sur ce sujet, je n’ai que peu de remarques à faire, ces notes étant déjà un peu étendues. Je dirai seulement qu’il ne s’agit pas ici d’enfants dans la maison du Père, ni de demeurer en Dieu comme étant amour, et d’être ainsi, par Jésus, en qui habite toute plénitude, rempli de Sa plénitude, nous en Lui et Lui dans le Père ; mais qu’il y est question de la gloire de Dieu, qui est le but de toute dispensation. Cette gloire s’y manifeste dans le déploiement du caractère, des motifs et des voies de Dieu, ainsi que dans l’excellence de la médiation, et dans le solide fondement de la justice et de la vraie sainteté, qui est aussi fermement établi que les rues de la cité elles-mêmes. Ces choses constituent les traits caractéristiques de la cité.

Mais il y a un autre point des plus intéressants dans ce caractère de la Jérusalem céleste, l’épouse de l’Agneau, la perfection et la félicité de la gloire médiatoriale. Premièrement, Dieu et l’Agneau en sont la lumière ; elle jouit de la lumière de la gloire, et les nations marchent à sa lumière (c’est-à-dire la lumière de la Jérusalem céleste, la femme de l’Agneau ou les saints glorifiés). Ce n’est pas seulement que « les nations seront attirées par l’éclat de son avènement », comme pour la Jérusalem terrestre, ce qui est la reconnaissance d’un nouveau pouvoir dominant, venant de Dieu et glorifié sur la terre ; mais c’est ici une bénédiction qui lui est propre : « elles marchent à sa lumière ». Cela fait ressortir d’autant plus distinctement son caractère de grâce, ainsi que l’immense privilège de la grâce ; et quant aux bénédictions possédées en commun, elles se trouvent sur un terrain incomparablement plus élevé que celui même de l’ancien paradis terrestre. L’arbre de vie qui est dans la cité a maintenant le pouvoir de guérir. Ce n’est plus simplement que celui qui est innocent peut en manger et vivre, mais il y a en lui une bénédiction en guérison pour ceux qui sont sur la terre. Ceux-ci peuvent être dans un état plus mauvais, en quelque sorte, que celui d’Adam, mais la gloire est de beaucoup supérieure et la bénédiction se déploie même dans cette gloire. L’Épouse de l’Agneau répondant, comme une aide fidèle, au cœur plein d’amour de son Époux, devient dispensatrice de bénédictions en faveur de ceux qui en ont besoin. C’est là une bénédiction complète, et nous en sommes les administrateurs, « car ses serviteurs le serviront… son nom sera sur leurs fronts ». Quelle différence avec le ministère d’une justice purement terrestre dans la Jérusalem terrestre : « le peuple et les nations qui ne voudront pas te servir périront entièrement ». Maintenant, cette administration céleste est aussi reconnue comme étant la source de la puissance. Les rois de la terre y apportent leur gloire (non plus à la Babylone corrompue, pour leur honte et leur ruine). Rien de ce qui est souillé ne peut entrer dans la cité, mais seulement ceux qui sont écrits au livre de vie de l’Agneau. Et maintenant, ce n’est plus simplement : « le Seigneur régnera aux siècles des siècles », mais « ils régneront aux siècles des siècles ».

Depuis le moment où Jésus a été exalté à la droite de Dieu, et l’Église associée là avec Lui, Christ a été prêt à juger. L’apôtre Jean nous dit que, déjà de son temps, il y avait plusieurs antichrists, par quoi il était reconnu que c’était la dernière heure. Et maintenant, au milieu de la chute manifeste de l’Église sur la terre, telle qu’elle est développée dans les premiers chapitres, bien que l’Époux puisse tarder, l’Église, dans l’intelligence de Sa pensée, n’a qu’un cri : « Viens promptement ». C’est donc dans cette position que l’Église est placée pratiquement.

À partir du moment où la prophétie commença à avoir son cours, le mal fut sans remède. Quand cette prophétie eut son accomplissement d’une manière absolue et définitive dans la crise, il en fut ainsi du mal quant aux individus, aussi d’une manière absolue et définitive, en tant qu’étant en rapport avec la dispensation du jugement : — « la porte fut fermée ». — Le Seigneur déclare qu’Il a envoyé Son ange pour rendre témoignage de ces choses dans les assemblées. Nous sommes ici ramenés en arrière vers l’état de choses précédant les paroles prophétiques (les assemblées étant ainsi instruites de ces paroles prophétiques). Le Seigneur se présente à elles, comme étant la postérité de David, prêt à hériter de son trône, tout en en étant bien réellement aussi la racine. Il se présente aussi comme le témoin brillant et béni du jour millénial, aussi bien que, dans un certain sens, du jour éternel pour l’Église. C’est là la pensée qui se présente à l’Église, à la suite de son état de chute. Ainsi donc, et dans la connaissance qu’elle possède d’une telle vérité, l’Église ne peut être que conduite dans de meilleures espérances et l’Esprit[29] qui, comme Consolateur, demeure à jamais, la prend sous Sa direction. Dans son caractère d’épouse, l’Église, faisant abstraction des circonstances, ainsi que des progrès et des associations terrestres, se joint à l’Esprit qui la conduit pour dire : « Viens », et invite tous ceux qui entendent, ceux dont l’oreille est ouverte à la vérité divine, à se joindre à elle dans ce cri spontané, se faisant entendre dans un monde de douleurs, qui est tel pour l’Église elle-même qui en voit toute la désolation. Cependant elle maintient son caractère de grâce vis-à-vis du monde, de cette grâce qu’elle a mission de faire connaître, et il est dit : « Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie ». Ainsi, bien que le Saint Esprit se plaise à abonder dans l’Église, aucun changement de circonstances ne peut empêcher qu’Il ne soit ou que nous ne soyons les ministres de cette grâce qui fait entendre ses appels au milieu d’un monde ruiné.

Strictement parlant, donc, le verset 17 revient aux choses qui sont ; les versets 10 et 11 ont trait à la période prophétique, qui a mis fin à l’espérance et au témoignage de la grâce et qui est caractérisée par le témoignage du jugement, soit préparatoire, soit définitif. Le verset 20 nous présente l’apôtre mettant, pour ainsi dire, le sceau de sa foi individuelle à l’application personnelle que le Seigneur veut faire de ce livre.

Comme l’Église, en réponse à la révélation particulière que Jésus lui avait faite de Lui-même, avait éclaté en louanges correspondant au caractère qui était alors révélé de Lui ; ici aussi, à la révélation de Son caractère millénial et glorieux, l’Esprit, qui ne la laisse jamais, quelque désolée qu’elle puisse être, mais qui l’encourage plutôt par l’espérance, la pousse à répondre par ce cri si bien approprié : « Viens », et à regarder ensuite autour d’elle, dans le sentiment de cette vérité, pour reprendre son service de grâce à l’égard du monde.

Note. — Dans le chapitre 21, 6, nous voyons Jéhovah assis sur le trône, se présentant comme l’alpha et l’oméga ; dans le chapitre 22, 12-13, nous voyons Jésus manifesté dans ce caractère. Dans le premier cas, c’est la fin du millénium ; dans le second, c’est l’introduction du temps millénial.



  1. Il est bien connu que telle est la vraie leçon.
  2. Bien que ce chapitre soit un signe distinct, comme le 11 et le 12, il n’est pas sans lien avec autre chose. Il paraît s’appliquer à ceux qui avaient passé par le feu — qui n’avaient pas échappé simplement à la corruption lorsque Babylone avait le dessus. Le jugement n’est pas encore la chute de Babylone et un avertissement à ne pas recevoir la marque de la bête, mais il consiste en plaies sur ceux qui ont cette marque ; les fidèles étant hors de la scène, sur la mer de verre mêlée de feu. Ils avaient souffert, mais ils étaient par conséquent en dehors de la sphère des jugements ; toutefois le jugement est sur la terre.
    Comme sujet, ce chapitre 15 vient à la suite, mais ne suit pas, je pense, l’ordre chronologique ; c’est plutôt un dessein distinct, d’un caractère plus séculier dans la forme générale des jugements et des voies de Dieu. Les derniers des saints, aussi, non laissés sur la terre, étaient maintenant hors de la scène (comp. 14, 13).
  3. La tête impériale existait aux temps apostoliques ; c’était César. On peut remarquer qu’elle fut détruite dans l’Occident, et, en prenant les choses dans un sens plus étendu, elle fut restaurée et se continua par la hiérarchie et l’établissement du pape à Rome, qui eut alors le caractère de l’image dépeinte ici. Un accomplissement ultérieur et plus littéral de cela, trouvera plus convenablement sa place dans un chapitre subséquent.
  4. Je doute, quant au moment de la crise, que les cieux fussent déjà changés. Ces signes n’appartiendraient-ils pas aux cieux anciens ?
  5. Bien que je ne doute pas que ceci doive avoir un accomplissement effectif et physique, dans le rassemblement des nations ou de leurs forces et de leurs armées, pour le combat, cependant, quant à ce qui nous concerne tous, je voudrais dire que dans ce que l’Église est particulièrement apte à comprendre — savoir l’œuvre la plus cachée de l’ennemi, vue dans son principe — ceci se produit maintenant même. Un accomplissement moral, et par suite partiel, de ce qui précédait, s’est produit, et ce qui rassemble moralement les nations a lieu maintenant, de telle sorte que nous avons une indication des circonstances au milieu desquelles s’effectue le jugement spirituel de l’Église. La séparation seule, tant extérieure que morale, marque le vrai caractère de l’Église.
  6. La fornication paraît consister ici dans une vie d’opulence et de luxure, qui fait commerce avec autrui plutôt que de cultiver ses propres ressources ; c’est pourquoi il est question d’union avec le monde, et de dépendance vis-à-vis de lui, quand il s’agit de l’Église, et de commerce prospère avec d’autres nations dans le cas d’une ville, comme Tyr. — Jérusalem est appelée « adultère » et non prostituée, parce qu’elle était mariée à l’Éternel ; mais, dans chacun de ces cas, on trouvera, je pense, une adoration de Satan, comme dieu de ce monde, une recherche de la puissance τοῦ αἰῶνος τοῦ ϰόσμου τούτου. La puissance nationale ou impériale est une chose à part, quoiqu’on puisse aussi en abuser : elle est donnée de Dieu, bien qu’elle doive finir dans une rébellion complète.
  7. Le prince et le roi de Tyr diffèrent essentiellement. C’est la position du roi qui est retracée d’une manière si frappante par la main divine.
  8. Je présume que probablement ceci a été accompli en Charlemagne, si nous considérons la suite prolongée des événements, et si la scène finale est en Bonaparte ; parce que l’empire romain a été détruit, dans son entier caractère, avant Charlemagne dont l’empire fut un renouvellement de ce qui n’était pas. Nominalement, il continua jusqu’à Bonaparte qui, étant l’agent de la république française, le mit en pièces et renouvela la puissance impériale pour un peu de temps.
  9. Cela peut avoir cette force d’interprétation, en ce qui concerne la dernière forme de la bête sortie de l’abîme.
  10. La meilleure leçon, cependant, ajoute « la bête ».
  11. Telle était Rome, par exemple, même avant les temps impériaux.
  12. Je sais que plusieurs considèrent Babylone simplement comme un grand système mondain. Elle est bien cela, en effet, mais vouloir exclure son caractère ecclésiastique me parait être une grande erreur. Ce caractère est ici le virus de son active volonté, bien qu’il se soit revêtu du monde. Babylone, telle que nous la voyons ici, n’est pas du tout la ville du roi apostat, bien que, au point de vue du monde, elle puisse être le commencement de son royaume. Il est introduit ici, comme la huitième tête de la bête, supplantant la femme. Les rois la laissent désolée, pour donner leur pouvoir à ce roi ; car c’est le pouvoir et non l’opulence qui présente la dernière forme du mal, et ce pouvoir dirigé contre l’Agneau est une véritable et active rébellion ; c’est plus qu’une simple apostasie. Dieu donc juge Babylone, et les destructeurs de son opulence et de son importance sont ceux qui donnent leur royaume à la bête. De là vient ensuite la guerre contre l’Agneau. Je ne doute pas que les principes de Babylone ne fussent manifestés dans cette ville, sauf le pouvoir royal. Quoique Babylone soit le commencement de la puissance de celui en qui le pouvoir royal est premièrement déployé, cependant elle n’en est pas moins le résultat de la volonté confédérée de l’homme ; sa première forme fut la volonté confédérée dans l’indépendance de Dieu. Cela se voit dans le caractère qui constitue la prostituée, mais son développement est amené par la corruption et la fornication de celle-ci. Les effets de tout ceci sont remplacés par une autre confédération, qui n’est pas seulement l’apostasie, comme c’est le cas de toute volonté humaine loin de Dieu, mais une guerre active contre le roi de Dieu, l’Agneau.
    Quant aux dix rois, je voudrais faire remarquer aussi une chose que je n’ai pas mentionnée jusqu’ici, parce qu’elle ne fait pas directement partie du sujet du livre. Il me semble que l’on commet une erreur en comprenant les Grecs, ou la partie orientale de l’empire romain, dans le royaume des dix rois ou la puissance directe de la bête, quoiqu’elle puisse chercher à se l’approprier comme son domaine et puisse y réussir dans une certaine mesure. Le petit livre du onzième chapitre prend la bête dans son dernier caractère satanique, afin de compléter la scène de la catastrophe et du malheur de la fin ; mais les deux premiers malheurs me paraissent embrasser l’orient ou la partie grecque de la grande scène de la terre prophétique. Quand nous en venons aux divisions géographiques et aux événements de la fin (car chacun pense que la catastrophe atteignant toutes les puissances de la terre a lieu en orient, en Judée), le roi du Nord et le roi du Midi me paraissent occuper alors la partie grecque, et non les dix rois, quoique la bête puisse chercher à s’emparer, comme autrefois, de leur territoire, et puisse y réussir en partie. Je fais ici allusion à Daniel 11, comme on va bientôt le voir.
  13. Le jugement complet a lieu après que le peuple de Dieu est sorti du milieu d’elle. Sa chute sert d’avertissement à ce peuple, qui est amené promptement en face de ce jugement pour le contempler. (J’ai laissé cette observation telle qu’elle est, bien que sa pleine valeur puisse être mise en question, parce que c’est un point d’interprétation de peu d’importance, et qu’il n’y a aucun inconvénient à l’envisager ainsi).
  14. Voyez Ézéchiel 27, 35-36, et les versets précédents. Le prince de Tyr est assis au milieu des mers.
  15. Il me paraît y avoir un rapport intime entre la durée de Babylone et la position du serpent dans les lieux célestes. Celui-ci exerce ainsi sa puissance, secrètement, comme une influence, et produit le faux culte dont il est l’objet. Dès lors, dans cette dispensation, il agit par la corruption de la profession chrétienne, et il agit ainsi, aujourd’hui encore, comme étant le dieu de ce monde, titre qu’il ne peut perdre, attendu que c’est tout ce qu’il a : « le train de ce monde…, le chef de l’autorité de l’air, l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ». Ceci est dit de lui, comme étant encore ἐν τοῖς ἐπουρανίοις, dans les lieux célestes.
    Le faux culte, comme source de puissance, porte un caractère païen ; tandis que, comme source ou moyen de communion, ce même faux culte est revêtu du caractère babylonien dans la dispensation chrétienne. En un mot, ceci est plutôt le caractère anti-sacerdotal du serpent et son influence spirituelle : l’homme de péché ou homme sans loi, sans frein, n’est pas révélé. Le pouvoir continue d’être, extérieurement, reconnu de Dieu, et celui qui retient (2 Thess. 2, 7) reste. — Quand le serpent est précipité du ciel, il perd ce caractère qui est opposé à Christ comme sacrificateur et comme agissant par Son Esprit, pour maintenir la sainte communion de Ses saints et laver leurs pieds. Il suscite alors un pouvoir de la terre contre les cieux (le roi faisant selon sa volonté), où il n’a désormais plus de place, même faussement. Il avait pu rendre son influence comme anti-sacrificateur, supérieure à la suprême autorité civile, qui est de Dieu, employant faussement le nom de Dieu en religion ; mais quand il est précipité, il ne peut pas, si ce n’est dans une rébellion ouverte, introduire une puissance contre Dieu. (La substance de cette note est d’une grande importance, seulement il ne faut pas supposer que la première sentence doit être prise strictement, comme c’est le cas relativement à l’existence de Babylone. Mais je suppose qu’il y aura un changement total, quand Satan sera précipité, changement qui, peut-être, aura pu être pratiquement préparé auparavant. Je ne doute nullement que les principes ne soient déjà à l’œuvre pour cela).
  16. Le caractère de Babylone, comme prostituée, semble disparaître par suite de l’inimitié des dix cornes, parce qu’elle ne peut pas l’empêcher. — Après ceci, le mal religieux est commis par le faux prophète qui est l’autre forme de la bête à deux cornes. Dès lors, le caractère de Babylone devient plus particulièrement séculier ; mais le diable habite là, les démons y font leur demeure, et ce ne sont pas seulement de simples intérêts terrestres qu’on y trouve.
  17. Quoique ceci puisse être trop précis pour être appliqué à un système, je le mentionne, cependant, parce qu’il est parlé des deux choses. Il y a dans la chute une dégradation excessive ; la brillante forme du caractère ecclésiastique a disparu et il y a toute la méchanceté du démon. Dans ce cas les versets 4-8, et comme ci-dessus le 21 du chapitre 18, paraîtraient se trouver en rapport avec le 19 du chapitre 16.
  18. Lorsque Dieu se revêt de Sa grande puissance et entre dans Son règne, et que le royaume du monde de notre Seigneur et de Son Christ est venu. — Cette puissance est produite ici par suite du jugement actuel et de l’éloignement de Babylone de la scène, cette Babylone représentant le mystère terrestre opposé à l’épouse céleste de Christ ; de sorte que, tandis que le Seigneur Dieu tout-puissant prend Sa puissance, l’Agneau, de Son côté, prend Son Épouse. — La chute de Babylone, qui paraît plus particulièrement en rapport avec la chute de Satan du ciel, est une chose antérieure.
  19. Les noces de l’Agneau n’ont pas lieu devant le monde, bien que, après avoir épousé l’Église dans les cieux, Il puisse alors, dans la joie de Son cœur, la manifester en gloire.
    Le banquet des noces me paraît être plus particulièrement la manifestation en gloire des compagnons de l’Agneau ; de même que le « bienheureux sont les morts etc. », présente le repos de leurs travaux et la réception de la récompense. Je ne dis pas qu’il y ait une différence quant au temps, mais quant au caractère particulier de la bénédiction. Je pense un peu que la bénédiction du chapitre 14 est en rapport spécial avec le chapitre 13, verset 10, et que la bénédiction, ici, l’est avec le chapitre 14, verset 12.
  20. Remarquez que notre position de fils n’est pas le but de ce livre, mais seulement les événements s’accomplissant sur la terre ; c’est pourquoi l’ange se dit le « compagnon d’esclavage » de ceux qui, dans leur caractère le plus élevé, sont bien réellement fils et cohéritiers.
  21. Depuis longtemps, j’ai le sentiment, et cela me paraît clair d’après ce passage, que l’Église est actuellement avec Christ dans les lieux célestes avant ceci, car elle apparaît avec Lui (voir Col. 3, 1-4).
  22. « Le jugement s’unira à la justice, et tous ceux qui sont droits de cœur le suivront » (Ps. 94, 15).
  23. Les rois de la terre forment la plénitude idéale de la terre sous la domination de la bête.
  24. L’Égypte, Babylone et Tyr, cette dernière de laquelle est particulièrement tiré le caractère mondain et apostat, étaient les grands centres mentionnés dans l’Écriture, quant à cette puissance idolâtre et mondaine. Tyr commettait fornication avec tous les royaumes de la terre (ceci en rapport avec son commerce, etc.).
  25. Comme Babylone ou la grande cité de Tyr, ainsi aussi Israël adultère et idolâtre.
  26. Je crois voir ici l’affirmation d’une triple présentation de ceux qui doivent occuper les trônes, ou au moins vivre et régner avec Christ les mille ans. D’abord, il y a l’ensemble des saints des lieux célestes renfermant l’Église — ils s’assirent sur les trônes ; — ensuite, ceux qui ont été décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu ; et en troisième lieu, ceux qui n’avaient pas adoré la bête. Ceci est important pour montrer la place de ces diverses classes.
  27. Si quelqu’un demandait ce que deviennent les saints vivants, quant au changement de leurs conditions d’existence, à la fin du millénium, on ne pourrait que répondre que l’Écriture n’en dit rien, si ce n’est que par d’autres passages nous savons, en principe, qu’ils auront une nature incorruptible dans cette scène où toutes choses sont faites nouvelles.
  28. Au chapitre 21, 8 se termine le sujet historique : ce qui suit est une description de l’influence milléniale de la sainte cité, aussi bien que de la cité elle-même.
  29. En disant cela, l’Esprit faisait voir que ce n’était pas simplement un saint désir indépendant de l’enseignement de l’Esprit, mais que c’était la pensée même de l’Esprit, dans l’Église et pour l’Église, qui parle selon ce que l’Esprit entend et lui communique. C’était la pensée divine, mais, ainsi dirigées, toutes les affections de l’Épouse qui est sanctifiée de cœur et d’esprit pour Christ, se trouvent concentrées et exprimées dans ce désir.
    « Celui qui entend » est celui dont le cœur est ouvert à la vérité, mais qui n’a pas encore appris ce qu’est l’état de sanctification ou de séparation de l’Église qui doit être épousée par Christ, comme une vierge chaste.