Écho du Témoignage:Notes sur le livre de l’Apocalypse

De mipe
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pour aider dans l’étude de ce livre[1]

Les pages qui suivent ne prétendent être rien de plus que ce que dit le titre. On ne tente point de faire une exposition générale de ce livre si instructif, et si important ; et ceux qui recherchent d’émouvantes applications aux faits du passé ou de nos jours ne les trouveront point ici. L’auteur a pris note, à mesure qu’il lisait, de ce qui le frappait dans le texte (souvent laissé de côté, pense-t-il, dans l’arrangement d’une théorie générale), et il a publié ce qui a frappé son esprit dans le but d’attirer l’attention sur le livre lui-même. Il a ajouté quelques notes présentant davantage la lumière qui a ainsi jailli du texte ; et soit dans celles-ci, soit dans les premières, comme il écrivait réellement pour l’usage de ses frères chrétiens, il n’a pas craint de communiquer librement ce qui le frappait ainsi, désirant qu’on en jugeât aussi librement, devant le Seigneur, par ce livre et les autres livres de l’Écriture. Dans l’enseignement, il estime qu’il aurait tort d’enseigner quoi que ce soit (bien que toujours faillible) dont il ne pourrait pas affirmer que c’est bien la pensée du Seigneur sans le moindre doute pour lui. Ici, il ne s’est pas strictement tenu dans cette limite, parce qu’il ne se présente pas comme docteur, mais simplement comme quelqu’un qui cherche à en aider d’autres occupés à étudier avec lui. En même temps, toutefois, il n’a rien énoncé, pense-t-il, qui n’ait pas été soigneusement et attentivement considéré ; et lorsqu’il se présentait quelque difficulté à l’un ou l’autre de ses énoncés, il ne l’a jamais laissé subsister sans que la difficulté eût été levée. De cette manière, un grand nombre de propositions très simples se rattachent à beaucoup de recherche par toute l’Écriture, quoique, peut-être, ni la difficulté ni la solution n’apparaissent dans ce qui suit ; mais l’auteur a trouvé dans les recherches occasionnées par tout cela abondance d’instruction et d’intelligence des Écritures. Il croit que l’Apocalypse, dans son ensemble, envisage l’Église comme dans les lieux célestes, soit d’une manière mystique selon Éphésiens 2, soit réellement conformément à 1 Thessaloniciens 4, 17 ; et que, faute d’avoir observé cela, l’étude en a été très obscurcie. Il estime que l’appréciation scripturaire d’Éphésiens 2 en a justifié une application à des événements passés (quoique ceux qui appliquaient ainsi la prophétie, fussent, dans la sagesse de Dieu, à peine conscients du principe sur lequel cela avait lieu) — application qui avait sa force dans une période maintenant presque, quoique non pas tout à fait, passée ; tandis que son application, à la suite de 1 Thessaloniciens 4, 17, a évidemment, quant à sa substance, encore à commencer. Je dis quant à sa substance, parce que lorsqu’on suit le mal dans ses sources et qu’on développe les divers sujets, il se rencontre bon nombre de liens d’union avec des faits et des événements antérieurs ; et cela, non seulement dans les sources plus cachées, mais tandis que la dispensation de jugement est entièrement distincte de la dispensation de patience, l’ivraie qui doit être jugée dans l’une doit souvent être discernée spirituellement dans l’autre. Et c’est pour cela précisément que le livre est donné à l’Église. Le jugement de Dieu en puissance fait la force de l’Église pour la conduite qu’elle a à tenir et le jugement qu’elle a à porter durant la dispensation de patience. Il me semble donc qu’ils ont également tort pratiquement ceux qui ont dédaigneusement rejeté l’une ou l’autre et par là privé l’Église respectivement de chacune d’elles.

Il se peut qu’une difficulté se présente à quelques-uns. On trouvera en lisant ces notes que bien des points, familiers à ceux qui étudient aujourd’hui les paroles prophétiques, sont pris comme accordés ; c’est ainsi, par exemple, que l’idée d’un Antichrist personnel est considérée comme juste. La réponse à une objection pareille, si ces feuilles devaient la rencontrer, est qu’elles ne sont pas écrites pour démontrer des vérités déjà élémentaires à ceux qu’elles pourraient intéresser. L’auteur présente ce qui a occupé son propre esprit à ceux qui tiennent avec lui ces points-là pour admis et cherchent à faire des progrès. Il se peut qu’on trouve des inconséquences. L’auteur a vu son esprit croître en lumière et faire des progrès dans les recherches occasionnées par l’étude de ce livre et il est possible que, sans qu’il l’ait voulu, il se soit glissé quelque idée non mûre, non sanctionnée par la Parole. Toutefois, il n’a connaissance de rien de pareil. Il a gagné, grand progrès ! de se débarrasser de ses propres suppositions ou de celles des autres. Finalement il voudrait dire qu’il y a dans la parole prophétique de grands traits certains et des vérités d’un caractère précis — sauvegardes précieuses dans toute recherche : s’il lui était arrivé dans quelques détails d’errer à leur égard, il espère que toute idée de ce genre sera rejetée sur-le-champ. Il recommande ce qu’il a écrit à la bénédiction de Dieu, à qui l’Église appartient et qui l’aime, ainsi qu’aux pensées et à l’étude des frères dirigés par l’Esprit de Dieu à s’instruire dans ces choses et à les sonder.


Dans l’interprétation de la Parole divine dans le livre de l’Apocalypse, nous ne pouvons pas, je pense, nous limiter au sens restreint que comportent les anciennes prophéties ; l’Église a, en effet, la pensée de Christ, et est supposée non pas recevoir simplement communication de faits particuliers, mais avoir l’intelligence des pensées de Dieu touchant ces faits, ou comme manifestées en eux.

Je lis, par exemple, en Ésaïe : « Car voici, je m’en vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre, et on ne se souviendra plus des choses précédentes, et elles ne reviendront plus au cœur. Mais plutôt vous vous réjouirez et vous vous égayerez à jamais en ce que je vais créer ; car, voici, je vais créer Jérusalem pour n’être que joie, et son peuple pour n’être qu’allégresse ». Or, ce que je trouve ici, c’est cette vaste et précieuse espérance des nouveaux cieux et de la nouvelle terre ramenée à une joie déterminée se rattachant aux relations terrestres et résultant de jouissances et de bénédictions connues bien que nouvelles ; venant, il est vrai, toutes fraîches de la main de Dieu, et, en conséquence, de vraies et divines bénédictions, mais restreintes à une sphère donnée et terrestre et à des faits déterminés.

L’Église pourrait-elle se limiter à cette sphère ? Ou sont-ce là les sentiments, les idées que produit en elle le témoignage concernant de nouveaux cieux et une nouvelle terre ? Évidemment non. La pensée de Dieu — la gloire de Christ — la délivrance de toute la création en travail, de laquelle (dans le merveilleux amour de Dieu et la puissance de cette valeur qui fait que cela est dû à Christ, selon le conseil de grâce et de gloire qui l’unit à Lui) elle est cohéritière avec Christ — la bénédiction d’être semblable à Lui et de Le voir tel qu’Il est, manifestée dans le même amour du Père que celui dont Il est aimé Lui-même afin que le monde le connaisse — la saveur de cet amour qui fait qu’on se réjouit non pas seulement dans la bénédiction qu’il constitue, mais par sa divine nature, dans la bénédiction des autres — et enfin la gloire divine remplissant toutes choses, d’abord d’une façon médiatoriale, et ensuite directement — voilà les pensées, avec la bénédiction du péché banni, de la sainteté rendue parfaite, et du rétablissement de toutes choses, qui occuperaient le cœur de l’Église comme ayant l’Esprit.

Celui donc qui se mettrait à exposer le contenu de l’Apocalypse en se tenant dans les mêmes limites d’interprétation que pour la prophétie de l’Ancien Testament, priverait sur-le-champ l’Église de sa place comme la pleine confidente de Dieu et de l’admirable Conseiller, comme ayant la pensée de Christ, et réduirait la gloire et le conseil à la faiblesse de cet état de choses avec lequel la position de l’Église fait expressément contraste (1 Cor. 2, 9, 10 ; voir tout ce passage). Il se peut certes que nous ne connaissions qu’en partie, et que nous prophétisions en partie, et qu’ainsi nous ayons de temps en temps à apprendre ; mais dans un autre sens nous avons une onction de la part du Saint et nous connaissons toutes choses parce que nous avons l’Esprit de Dieu qui les a formées, qui les a arrangées, et qui nous les révèle. Nous sommes d’un même conseil avec Lui, avons la pensée de Christ et ne sommes pas simplement les objets de ce conseil comme les saints de jadis. Étant enfants, les intérêts de la famille sont nos intérêts aussi bien que ceux de Christ, bien qu’il se puisse que nous ne les saisissions que faiblement dans les détails. Or, l’Apocalypse a particulièrement ce caractère, qu’elle fut laissée pour l’Église (non pas communication entre des apôtres vivants et des hommes vivants, mais laissée pour l’Église) comme ayant l’Esprit et dépendant de l’Esprit, et ainsi, en tant qu’ayant l’Esprit, pour en faire usage dans le temps à venir ; et de cette manière seulement.

Aussi en harmonie avec cela, ne trouve-t-on dans l’adresse du livre rien qui implique quelque relation personnelle, et ne fait-elle que présenter ce qui est le sujet de la connaissance. Les vérités les plus précieuses de la rédemption pourront y être mises en brillante lumière, ce n’est point toutefois une communication du Père, par l’Esprit, à la famille relativement aux choses qui la concernent comme telle. Il n’y est point parlé du Père[2], sauf dans un seul passage comme Père de l’Agneau (non plus que de nous, sauf comme rois et sacrificateurs pour Son Père) ; mais jamais comme en relation avec les enfants comme Ses enfants. Cette différence et les caractères correspondants de l’opération de l’Esprit, je les trouve constamment maintenus dans les Écritures.

En conséquence nous trouvons (avec beaucoup de lumière additionnelle, à la vérité, car la sphère est beaucoup plus vaste, et c’est sur une base beaucoup plus pleine et plus étendue qu’est fondée la conduite divine) que la position et les images de l’Apocalypse sont juives dans leur nature, quoiqu’elles ne le soient pas quant au lieu. L’oubli de ce dernier point en a égaré plusieurs qui ont adopté des vues étroites et n’ont pas été, à mon avis, dirigés en cela par l’Esprit de Dieu.

Ce n’est pas le Père (du moins pas dans ce caractère) que nous avons ici, mais le temple et les circonstances du temple — Celui qui était, qui est, et qui vient. C’est un trône et non une famille ; mais, d’un autre côté, ce n’est nullement le temple sur la terre, mais bien l’Esprit de Dieu agissant là sur le trône, mais dans la perfection de cette sagesse de providence dans laquelle les sept esprits sont devant le trône. L’expression Celui qui était assis sur le trône[3] donne le caractère et constitue le titre principal du Tout-puissant dans l’Apocalypse ; mais ce trône n’est pas à Jérusalem, et n’a rien à faire immédiatement avec elle comme lieu de son établissement.

C’est, dans ce sens, le livre du trône lorsque le Roi a été rejeté sur la terre.

En conformité avec cette idée, ce n’est pas le Fils dans le sein du Père qui nous est présenté, mais une révélation de Jésus Christ que Dieu Lui a donnée ; et Il l’a envoyé signifier par Son ange à Son esclave Jean. Tout ceci a le caractère juif. Ce n’est point le Père, le Fils, et le Saint Esprit rendant témoignage, mais Dieu, Jésus Christ, et le ministère d’anges envers un serviteur : naturellement aucune des autres choses ne cessait d’être vraie ; mais ce n’était pas le caractère développé ici. C’est donc la parole de Dieu, le témoignage de Jésus Christ, et des visions ; en outre il y a une bénédiction pour celui qui lit. Le livre est adressé à l’Église dans la plénitude de son privilège ; mais le sujet présenté, c’est le gouvernement, l’ordre, et le contrôle, et non pas le Fils avec le Père : Dieu voulant instruire Ses esclaves.

Les bénédictions souhaitées aux églises sont en harmonie avec cela : de la part de Celui qui revêt le caractère de l’Ancien des jours qui viendra — qui était, qui est, et qui vient ; et de la part de l’Esprit, non pas comme sur la terre le Consolateur (descendu ici, et dans les fils, regardant en haut), mais dans la plénitude et la suffisance de Ses nombreuses perfections, en la présence du trône, et comme envoyé ensuite en puissance sur la terre (pour y exercer une protection et une puissance en providence), et de la part du Seigneur, non comme le Fils, un avec Son Père (voyez Jean 14, 20), de sorte que nous sommes avec Lui là par l’union de l’Esprit, mais vu comme dans le caractère humain, comme un fidèle témoin, le premier-né d’entre les morts et le Prince des rois de la terre — glorieux en tout cela, mais toutefois humain.

Néanmoins l’Église est présentée ici dans un état de pleine confiance, car elle célèbre cet Être bien-aimé d’une manière telle que ce mot de l’Esprit « nous » se retrouve toujours ; et Le voyant dans la gloire, elle éclate en louange, par l’Esprit dans l’apôtre, car Sa louange ne peut pas ne pas retentir ; car elle est aimée, elle est lavée, et elle régnera en proximité avec son Dieu et Père[4].

Pour le monde et pour les Juifs, Sa venue ne sera que souffrance. Nous trouvons donc ici, dès le début, la place de tous ceux qui sont intéressés en cela. En voici donc la forme : ὁ ὠν και ὁ ην και ὁ ερχομενος[5] — la perfection ou la plénitude de l’Esprit devant le trône : Jésus connu comme fidèle, ressuscité, pour régner — tout cela sur la terre[6]. En attendant, l’Église connaissant sa propre position en tout cela, dit en conséquence, non pas notre, mais Son Père — Son Dieu et Père : car il en est ainsi. Là-dessus suit l’annonce de la portée que la venue de Jésus a pour le monde, complétant ce qu’Il est et était sur la terre, la portion de l’Église au milieu de cela, et celle du monde à Sa venue. Dans le verset 8 nous avons l’annonce, par l’expression « le Seigneur », de Ses titres et de Son caractère ici. De ce nom, ainsi développé, dépendait toute la fermeté du dessein et du gouvernement ; et l’Église avait besoin de connaître cela dans toutes les circonstances qui devaient suivre. Vient ensuite sa place — quant au présent, dans la position de celui qui était l’instrument de cette parole de Dieu et du témoignage de Jésus Christ. La parole est la parole de Dieu, le témoignage est celui de Jésus : en l’écoutant nous mettons « notre sceau que Dieu est véritable », « votre frère et qui participe avec vous à l’affliction, au règne et à la patience de Jésus Christ ». Voilà par la reconnaissance de la qualité de fils, la place de l’Église pendant que le trône est en haut. Mais il ne s’agit pas d’union et de suprématie, mais de royaume et de patience. Toutefois, sous quelque forme que ce soit, la Parole dont elle est le ministre est la parole de Dieu ou le témoignage de Jésus Christ.

En elle-même la seigneurie de Christ n’est pas Son titre le plus élevé. « Dieu L’a fait Seigneur et Christ ». Pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, et un seul Seigneur, Jésus Christ. Mais dans cette parole le messager de Dieu annonce tout l’ensemble de Son ancienne gloire et de Sa gloire future ; car ici, sans aucun doute, le Seigneur correspond à Jéhovah. En outre, ce livre ne nous présente pas le Saint Esprit reçu du Père envoyé ici-bas pour produire un témoignage public au monde. Ce n’est pas non plus un don reçu comme nécessaire pour le maintien de l’Église, et communiqué « en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous », etc. C’est une révélation donnée à Christ, et communiquée lorsque l’Église avait commencé de décliner (au lieu de croître) et avait besoin, dans ses compartiments divers, pour dire le moins, d’être reprise ou encouragée en tant qu’envisagée séparément — comme ces divers chandeliers — le Fils de l’homme intervenant comme souverain Sacrificateur, mais dans le caractère de Juge : une révélation donnée, non pas l’Esprit communiqué, lorsque toutes ces ténèbres et, en principe, l’apostasie, étaient entrées. Chacune de ces choses semble être une chose différente et moins immédiate que la promesse à laquelle il a déjà été fait allusion (Jean 14, 20). « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis dans le Père, et vous en moi, et moi en vous ».

Il y a Christ dans Sa relation de Fils avec le Père, caractère en rapport avec lequel le Saint Esprit habite en nous (Esprit d’adoption et d’union, Consolateur), regarde en haut et nous place devant le Père absolument comme le Fils Lui-même est.

Il y a Christ, la Tête du corps, l’homme exalté (le premier-né entre plusieurs frères), caractère dans lequel Il reçoit la promesse du Père et la communique comme puissance pour le témoignage.

Il y a enfin la seigneurie de Christ sur le monde qui est communiquée dans un sens subordonné à l’Église, à ceux qui règnent avec Lui, sont rois et sacrificateurs pour Son Dieu et Père, en vertu de leurs parts de bénédiction antérieures. C’est ce dernier point qui, après le jugement des églises dans leur état présent, constitue le sujet du livre de l’Apocalypse. Cet état des églises devient par là très important et forme une introduction parfaitement appropriée.

Après l’adresse et les quatre versets qui suivent confirmant l’œuvre de Christ, notre position (c’est-à-dire comme rois et sacrificateurs) et Sa seconde venue, nous trouvons l’annonce que, advienne que pourra, le Seigneur était le commencement et la fin, le Tout-puissant.

Vient ensuite la révélation à Jean, chassé dans le désert, dépositaire des souffrances de l’Église, et ainsi sous les soins de la providence de Dieu, mais, dans l’Esprit, au jour typique du repos glorieux qui reste. Il voit Christ au milieu des sept chandeliers (non pas comme serviteur ayant les reins ceints, mais) dans le saint exercice de l’exécution du jugement comme sacrificateur, revêtu d’ailleurs des symboles de l’Ancien des jours. Ce n’est point Christ en haut. Ce n’est point Christ Tête du corps un[7]. Ce n’est point Christ dans le ciel. Mais s’étant tourné Jean Le voit gouvernant, jugeant, et tenant en Sa main les destinées des diverses églises ; mais, en même temps, revêtu des symboles de l’Ancien des jours, toutefois se révélant pour l’Église au fidèle disciple, comme Celui qui était vivant, qui avait été mort, et qui est vivant aux siècles des siècles[8] ayant puissance sur les portes de Ses ennemis, les clés de la mort et du hadès. Voilà ce que l’apôtre vit : telle était la place de Christ maintenant — position autre que celle de Tête du corps auquel elle communique tout ce qu’il lui faut, bien que cela puisse être aussi. Le voyant devait écrire ces choses, et celles qui sont, et celles qui devaient arriver après celles-ci. En un mot, ce qui nous est présenté là, c’est le Tout-puissant dans la permanence de Sa présence et de Son action, ce qui comprend tout ce qui appartient au Seigneur, et la position actuelle du Fils de l’homme dans les églises, toutefois comme Celui qui était vivant, avait été mort, mais était vivant et avait puissance sur la puissance de la mort. Les églises sont les choses qui sont. Il y a une étroite connexion entre les choses qui sont et celles qui se voyaient ; car, en se tournant pour voir la voix qui lui parlait, Jean voit les chandeliers d’or. C’est ainsi que souvent, comme dans le jugement de « la femme », la partie principale de la discipline est relative à la bête (chap. 18).

Les épîtres aux églises ne font pas proprement partie des choses qui sont ; elles viennent comme en parenthèse et cela intentionnellement : « Écris à l’ange etc. », et « que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Toutefois l’existence des églises elles-mêmes et les étoiles constituent les choses qui sont, et sont de toute importance comme montrant la transition, de l’état dans lequel Christ, selon Éphésiens 4, était la Tête du corps un, le faisant croître par ce que fournissait chaque jointure (condition dans laquelle l’état originel de l’Église était rattaché à sa théorie et à sa perfection mystique et y était présenté — les résultats de quoi seront manifestés au jour où elle sera manifestée comme une seule et même chose avec le corps), à l’état de ruine et d’apostasie dans lequel elle tombait réellement, de manière à être retranchée et vomie de la bouche du Seigneur : comme une dispensation — un état de transition — dans laquelle Il était occupé, non pas à fournir, à combler de dons le corps un, mais à juger des détails dans les corporations diverses en divers lieux, et à juger le mal incompatible avec l’intention morale impliquée dans l’Église, le maintien d’un caractère absolument nécessaire pour que ces églises fussent reconnues comme siennes — réellement comme des églises. Aussi les lettres qui leur sont adressées sont-elles des épîtres morales de l’Esprit avec des promesses et des menaces.

De ce dernier état reconnu, de cette place de transition, dans lequel Christ peut agir judiciairement sur la terre (dans un sens spirituel, toutefois), nous sommes nécessairement enlevés vers le trône, duquel tout dépend, subsistant toujours, mais à présent la seule ressource ; parce que la manifestation de grâce avec laquelle le Seigneur peut habiter sur la terre d’une présence spirituelle avait cessé maintenant. En conséquence, cette partie du livre n’est pas proprement prophétique, mais se rattache aux choses qui sont, et le caractère prophétique qu’elle a ne provient que de la portée morale du témoignage de l’Esprit : aussi revenons-nous au trône, μετα ταυτα[9] ; si Jean devait décrire le gouvernement du monde par suite de l’action du trône, l’Église étant perdue, il faut qu’il trace d’abord le tableau de l’Église en tant qu’assujettie à ce jugement moral. Le tableau du monde ne serait pas complet, si nous n’avions pas, après les épîtres qui réglaient l’Église comme existant parmi les Gentils, non seulement l’exposé pratique de l’apostasie comme nous le trouvons en Jude, 2 Pierre, 2 Timothée, 2 Thessaloniciens, etc., mais le jugement moral de l’Église comme s’éloignant de l’état signalé dans les épîtres — preuve que Christ ne la perd jamais de vue, et que, lorsqu’elle cessait d’être le lieu de la manifestation de Sa présence — Son épître — Il prend Sa place et Son titre dans le trône d’où toutes choses sont gouvernées — « le même hier, aujourd’hui, et éternellement » ; « Celui qui était, qui est, et qui vient » ; « le premier et le dernier », embrassant et gouvernant toutes choses. Les choses qui sont, ce sont donc les sept chandeliers et les sept étoiles — la perfection mystique et l’imperfection de fait ; l’Église ne perdait jamais sa perfection mystique dans la pensée de Dieu, si ce n’est lorsqu’il y a lieu de lui écrire sur la terre — de lui écrire comme exprimée en tant de corps distincts existant alors de fait, et souvent en lui faisant entendre des reproches et des menaces.

Les choses qui sont impliquent donc à la fois ces deux points.

Les choses qui seront ci-après, ou après celles-là, commencent de se dérouler lorsque Celui qui est assis sur le trône commence à agir en providence, qu’il s’agit du monde, de la création, et non lorsque Jésus se trouve à l’égard de l’Église dans la relation ecclésiastique reconnue ou même dans une attitude judiciaire de témoignage. Ce qui ne veut point dire qu’il ne puisse pas y avoir alors des saints, ou qu’ils ne puissent pas être fidèles et rendre un témoignage, mais que le Seigneur ne se tient pas à leur égard dans une relation de ce genre.

Les choses qui sont, et les épîtres aux sept églises ont (en rapport avec cela, à mon avis) un double caractère ; c’est-à-dire, selon que nous y envisageons des faits existant réellement, ou que nous nous plaçons au point de vue de la dispensation : observation qui s’applique aussi parfaitement à l’expression du Seigneur concernant l’économie juive : « Cette génération ne passera pas que toutes ces choses ne soient arrivées » — parole dont la connexion avec ce sujet est plus étroite qu’il ne semble à première vue (car les destinées[10] de l’Église et des Juifs ont bien plus de ressemblance quant à la dispensation que nous ne sommes enclins à le supposer, quoique pour la même raison opposées en principe. La racine nous porte, bien que les branches aient été arrachées afin que nous y fussions entés) et qui reçoit un accroissement de lumière, en même temps qu’elle en jette sur lui, du passage que nous lisons à la fin de l’évangile de Jean : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? ». Cela fut compris comme si Jean en personne ne devait pas mourir. Mais, déclare l’auteur inspiré, le Seigneur n’avait pas dit cela, mais tout simplement : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? ». Le Seigneur avait donc laissé, dans cette expression, quelque chose à découvrir par la sagesse et la spiritualité de l’Église. Il ne dit pas que Jean ne mourrait pas, mais « si je veux », etc.

Maintenant, il me semble que nous avons très nettement en Pierre, Paul, et Jean, les trois représentants, d’abord, de l’église juive comme plantée, son tabernacle tout près d’être mis de côté ; ensuite, de l’église gentile dans son énergie, comme plantée par l’apôtre (c’est-à-dire Paul) et soutenue par son ministère, mais, après son départ, le troupeau non épargné, et des hommes pervers s’élevant, et ainsi, cette église-là finissant aussi — I-Cabod sur tout cela ; enfin, Jean, au contraire, est placé en contraste avec le retranchement du corps juif contemplé par le Seigneur dans la personne de Pierre, et devient le représentant de l’Église dans la prolongation étendue de son existence, comme dépendant de la volonté du Seigneur, ayant perdu, après y avoir forfait, son véritable caractère auquel étaient rattachées pour elle, si elle y eût été fidèle, la bénédiction et la puissance qui soutenaient, comme c’était dû au caractère de Dieu, et désormais dépendant de Son secret conseil. Et, en conséquence, nous trouvons ici Jean qui fut jadis dans le sein de Jésus et reçut la communication de Sa pensée et de Sa connaissance secrète, suivant d’un regard attristé les diverses phases de la ruine de l’Église — de l’Église déjà ruinée, si nous la comparons avec son état quand elle fut plantée, non plus désormais soutenue par les soins et l’énergie apostoliques de Paul, mais assaillie par des loups et des hommes pervers, et en train de tomber, soutenue toutefois par cette parole : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne ». Or, j’estime que c’est lors de la destruction de Jérusalem que l’Église entra de fait et extérieurement dans cette condition d’existence d’une durée incertaine en suspens. C’est aussi alors que l’expression « cette génération » reçut son application extérieure : la centralisation locale terrestre de l’Église fut manifestement mise de côté (au fond, cela avait eu lieu réellement dès le temps de la mort d’Étienne, quand le premier martyr quitta le monde pour s’aller en haut, au moins quant à son esprit), et la main du Seigneur ayant mis de côté la terre comme Sa place, tout était laissé là jusqu’à ce qu’Il prît de nouveau personnellement l’affaire en mains — venant une seconde fois en rapport avec un pareil renversement : deux événements dont la convenance et l’adaptation l’un avec l’autre est ce qui constitue la force de Matthieu 24, 1-43. En attendant le trône était réellement établi dans le ciel, preuve évidente que tout avait failli sur la terre, mais que rien ne pouvait faillir dans le dessein et le trône de Dieu. C’est par cela que le livre commence ; et la condition prolongée des églises est introduite, après que le trône est établi, comme par incident avant que se déroulent dans le monde les actes du trône ainsi établi dans la fidélité de Dieu.

Je tiens donc que les choses qui sont, et le fait que ce livre est adressé aux églises, donnent à l’Apocalypse ce double caractère quant à la période. Si nous prenons les choses qui sont comme ce qui existait réellement au temps de saint Jean, alors cela prend fin avec l’existence et l’état de ces églises telles que Jean leur écrivait, ou plutôt avec la vie de saint Jean lui-même qui leur écrit en les avertissant qu’elles seront mises de côté à cause qu’elles ont failli. Le trône de Dieu à Jérusalem ayant été ôté, il y avait encore, par celui qui avait été là avec le Seigneur, une reconnaissance des églises comme quelque chose sur la terre. En cela il n’y avait rien de celé. Mais si nous considérons l’apôtre comme le représentant mystique de la dispensation dans sa condition après le départ de saint Pierre et de saint Paul[11], alors c’est la prolongation de cet état de choses, jusqu’à ce que l’Église, en tant que dispensation, soit vomie de la bouche de Christ ; et les choses qui arriveront après celles-là sont les effets de l’intervention du trône de Dieu intervenant réellement de nouveau dans le gouvernement du monde.

Je crois que le Saint Esprit a arrangé cela de manière à laisser une base pour l’une et l’autre de ces deux applications ; l’Église connaît en effet le trône sous son aspect mystique maintenant dans l’exaltation de sa Tête, et dans sa réalité quand Il interviendra bientôt en jugement et ouvertement dans les affaires du monde.

En conséquence, les chapitres 2 et 3 sont des lettres adressées aux églises, mais qui, quant aux principes moraux, sont étendues à tous ceux qui ont des oreilles pour entendre, rattachant les corps existant de fait en ce temps-là à la condition dans laquelle l’Église se trouverait dans les âges subséquents. « Les choses qui sont » sont, d’une manière plus propre, ce qui existait alors ; les épîtres aux églises, le tableau de la longue prolongation de la dispensation ecclésiastique, mystiquement parfaite, toutefois en ruine (le trône étant déjà établi, mais sa pleine manifestation, pour ce qui est du monde, n’ayant pas encore lieu). Au-dedans de cette scène, c’était en avertissant, en jugeant, et non en agissant comme tête, que Christ manifestait l’attention qu’Il continuait de faire aux églises, quant à la manière dont elles étaient l’expression formelle du corps sur la terre. Tel était leur état sur la terre ; dans le ciel elles n’avaient qu’à attendre avec Lui une gloire qui ne pouvait faillir.

Ce n’est pas mon but d’entrer ici dans les détails de l’instruction donnée aux églises, tout précieux que ce serait, mon attention se portant plutôt sur la structure et le caractère prophétique de l’Apocalypse. Je me borne donc à ajouter simplement, aussi brièvement que possible, l’ordre des déclarations faites à ces églises, ainsi que leur condition, afin que le lecteur de l’Apocalypse puisse les garder ensemble devant son esprit.

Premièrement, abandon du premier amour, et le Seigneur prenant place pour examiner et juger.

Secondement, persécution : Christ vainqueur de la mort, Il donne la couronne de vie.

Troisièmement, habitation dans le monde, c’est-à-dire, là où est le trône de Satan (du prince de ce monde), toutefois le témoin de Christ parmi eux, où Satan habite, souffrant avec fidélité : avec cela, commencement de l’enseignement de l’erreur pour une récompense, et tolérance du mal et d’une conduite basse. Christ combattrait contre eux (c’est-à-dire en adversaire) s’ils ne se repentaient pas.

En quatrième lieu, grand accroissement de dévouement, de patience, de charité, et d’œuvres ; mais il y a Jésabel, enseignant à avoir communion avec un monde mauvais et idolâtre ; et elle est soufferte. Du temps avait été donné pour qu’elle se repentît, mais elle ne se repentait point (remarquez que c’est une femme, et non quelques-uns d’eux). Le jugement tomberait sur ses relations, mais il y aurait des différences — à chacun selon ses œuvres, et il ne serait pas mis d’autre charge sur les fidèles.

Ici commence une autre distinction, savoir que, tandis que la promesse de la récompense venait, dans les trois premières épîtres, après l’exhortation à écouter, à partir de celle-ci elle vient régulièrement avant. Là-dessus de terribles jugements, la venue du Seigneur présentée pour la première fois, l’étoile du matin, et le royaume sur la terre substitué à l’église professante.

Cinquièmement, un nom de vivre, mais pas de réalité ; profession d’être vivant comme quelque chose de distinctif : mais il y avait cependant des choses qui restaient et quelques noms. S’ils ne se repentaient pas, le Seigneur viendrait sur eux comme un larron. Ici l’Église, dans cet état, jugée comme le monde.

Sixièmement, faiblesse, mais une porte ouverte ; signalée, non par des œuvres détaillées, mais par le fait qu’elle garde la parole de Christ, de Sa patience, et qu’elle ne renie pas Son nom. Ils seraient gardés d’une heure de tentation qui venait sur tout le monde pour éprouver ceux qui habitent sur la terre (comp. És. 24).

Septièmement, l’Église allant être vomie de Sa bouche sans proposition de repentance, à cause de ce qu’ils étaient devenus, toutefois conseil lui est donné ; et si quelqu’un était resté dedans et entendait lorsque Christ frappait encore à la porte, celui-là serait avec Lui.

Tel est le cours de ces églises dans leur caractère moral et leur condition.

Toutefois, comme nous l’avons remarqué, ces adresses arrivent d’une manière incidente. Jean devait écrire les choses qu’il avait vues. Mais ceci n’était pas proprement, ce qu’il avait vu, mais venait plus tard, généralement sous les choses qui sont, et cela comme conséquence seulement.

Dans le chapitre quatrième nous arrivons à la branche suivante du sujet — les choses μετα ταυτα, ou qui arriveront après celles-ci, selon 1, 19.

Si nous prenons la première partie comme la condition prolongée de la dispensation ecclésiastique, alors cette partie-ci sera la puissance du trône de Celui qui était, qui est, et qui vient[12] (l’Agneau étant cependant encore là) exercée sur le monde après la fin de cette dispensation ; toutefois, à proprement parler, avant le commencement de la suivante. Si nous prenons la première partie comme les choses qui réellement étaient alors (et, sans aucun doute, de telles choses existaient de fait) alors ce qui nous est offert à partir du quatrième chapitre, c’est le gouvernement du monde lorsque l’Église n’avait pas d’existence sur la terre sous une forme reconnue qui pût être appelée l’habitation de Dieu en une pleine signification du mot, bien qu’on Lui fût précisément aussi cher individuellement pour ce qui est du salut. Je crois que Dieu a eu en vue ces deux ordres de pensées pour l’Église. Dans le premier cas nous avons l’accomplissement littéral de la prophétie qui suit, dans le dernier des analogies dans une période prolongée.

Maintenant l’apôtre est transporté (en esprit) dans le ciel. Auparavant, il avait vu Christ en se tournant : une révélation d’un nouvel état de choses, sur la terre, et Lui encore là. Mais désormais les églises n’étaient plus reconnues ainsi ; et la voix, qu’il avait entendue au commencement derrière lui sur la terre, l’appelle maintenant dans le ciel.

Ici, en conséquence, pour la première fois, il vit le trône, car il est établi dans le ciel (il avait quitté la terre, comme s’adressant à l’Église), et sur le trône quelqu’un était assis.

Jusqu’à présent ce qui nous avait été présenté, c’était le Fils de l’homme jugeant sur la terre : conformément à Sa gloire variée, dans les lettres aux églises ; mais dans la vision, le Fils de l’homme. Nous n’avons pas le Fils de l’homme de nouveau jusqu’au jugement dans le chapitre 14, 14. Dans les sceaux c’est de l’Agneau seulement qu’il s’agit ; et la puissance angélique est rattachée aux trompettes. Nous verrons cela plus particulièrement ; mais je fais seulement remarquer que l’Agneau est toujours dans une place plus élevée ou plus basse (dans cette dernière, par l’effet de Sa grâce, cela va sans dire), et jamais dans l’exercice de providences intermédiaires ; dans le trône Il est souffrant ou jugeant.

C’était dans le ciel que l’apôtre devait apprendre les choses qui devaient arriver après celles-ci. Ce n’est que là qu’elles peuvent être apprises[13], et, par suite de la manière dont l’esprit s’est habitué là, vues selon leur importance pour Dieu, pour Christ, pour l’Église, et pour l’Esprit en faveur de l’Église. Nul homme ayant l’Esprit, de manière à s’intéresser à la pensée de Dieu touchant l’Église aimée de Christ, ne saurait être indifférent à ces choses.

Mais suivons de près les chapitres. Le chapitre 4 établit le trône dans le ciel, et quelqu’un est assis dessus. Le signe de l’alliance avec la création était autour du trône. Nulle mention d’un voile, d’intercession, de parfum, ou de sacrificature. Il s’agit de gouvernement — des anciens sur des trônes. Il y avait les sept esprits, le Saint Esprit dans Son énergie et Ses perfections, la pureté morale solide qui appartenait au lieu, l’accès au trône, et, finalement, point sur lequel il était donné le plus de détails, quatre animaux[14], qui étaient les chefs des genres de la création, et remplis d’intelligence et d’autorité en providence, célébrant Jéhovah Élohim Shaddaï, les noms de Dieu en rapport avec l’alliance et la dispensation, mais non pas le nom de relation avec l’Église, représentant ainsi le trône de providence et de création dans son contrôle souverain de toutes les sources de l’état de choses dans la nature ; duquel trône ces attributs vivants de Dieu formaient les colonnes et l’appui ; ils étaient κυκλω του θρονου. C’était le temple ; mais le temple était l’accompagnement du trône, sans voile ou sacrificateur. Les vingt-quatre anciens peuvent être pris comme les représentants des rachetés des deux dispensations ; mais ce n’était pas le caractère essentiel. Ils étaient sur des trônes. Mais je doute qu’ils allassent au-delà d’une instrumentalité de créature, bien que soutenus par la puissance divine. Les animaux, ou créatures vivantes, sont plus particulièrement signalés comme en rapport avec les animaux d’Ézéchiel — les appuis vivants du trône de Dieu quittant (jugeant plutôt) Jérusalem et trouvés maintenant comme partie du cercle du trône dans le ciel[15].

Nous pouvons remarquer que toute la dispensation, et ce qui en est la source, est mentionnée (sauf l’Église proprement, c’est-à-dire la relation de Fils avec le Père) — Dieu, Shaddaï (c’est-à-dire, Dieu comme Il s’est révélé avec Abraham, le Tout-puissant), et Jéhovah, le dominateur, qui est, qui était, et qui vient. Une partie de ces animaux, les yeux, se trouve en d’autres passages : d’abord en 2 Chroniques 16, 9 — là il s’agit de leur service en général ; en Ézéchiel leur relation est avec la place du trône qui avait été à Jérusalem, mais un trône de Dieu sur tout, sous la direction de l’Esprit ; gravés sur la pierre mise devant Joshua en Zacharie 3, 9 ; et encore en Zacharie 4, 10 reprenant leur course par la terre, et, ainsi que nous allons bientôt le voir, comme les yeux de l’Agneau (en tant que possédant toute puissance dans le ciel et sur la terre), les sept esprits ainsi envoyés.

Ceci, donc, établissait le trône, l’Église (dans son caractère propre comme telle) ne se trouvant pas du tout dans cette scène, sauf par représentation dans la personne des anciens assis sur des trônes. C’était là un autre sujet. Ici le sujet était le trône de Celui qui vit aux siècles des siècles. Le chapitre 5 introduit le livre. Le trône d’abord établi, tout ce qui arrivait désormais dépendait du trône. Dans la main droite de la puissance de Celui qui était assis sur le trône se trouvait un livre.

Il se peut qu’il y ait en ceci et dans le petit livre ouvert quelque allusion à Jérémie 32 ; mais, pour dire le moins, c’est très vague. Le droit d’ouvrir un livre est une chose différente d’ouvrir un livre contenant un droit, les preuves d’un droit. En outre, c’était un livre qui devait être lu, être ouvert et lu, comme contenant la communication des pensées de Dieu.

Mais incontestablement la mort de Christ Lui donnait droit moralement à l’héritage, ainsi que le droit d’ouvrir le livre, et par elle Il acquérait aussi et rachetait les cohéritiers.

De plus, ce n’est pas ici le royaume simplement du Fils de l’homme, en tant que donné à Lui, ni le droit de la postérité de David (cela n’est pas introduit jusqu’à la fin), mais c’est la racine de David, le lion de la tribu de Juda, le Seigneur de David, pas son Fils — Il a vaincu. La rédemption, ou acquisition, ici, est celle de l’Église[16] — c’est un cantique nouveau, non pas un cantique juif. C’était un livre dans la main de Dieu, de Celui qui était assis sur le trône, mais non pas Celui qui avait été révélé antérieurement, ou qui était le sujet de la prophétie auparavant dispensée ; et ce trône était fondé non sur une promesse qui avait pu être faite à l’homme sur le principe de la droiture, comme les promesses juives, mais uniquement sur l’exaltation de l’Agneau immolé, et sur le fait que Celui qui était sur le trône était Celui qui était rejeté sur la terre et rejeté spécialement dans Son caractère de chef de ces promesses faites aux Juifs. C’est pourquoi personne que Lui n’était capable d’ouvrir le livre ou d’y regarder. Le titre aussi est un titre plus élevé que le titre officiel de Fils l’homme ou que l’héritage qui Lui est donné, plus profond dans son principe et beaucoup plus exalté. C’est une place et un droit tenu dans le trône — l’Agneau immolé là. Ce n’était pas proprement à une personne qui avait accompli en paix une œuvre de médiation ; mais un droit, dû, peut-être, pour ce qui regarde la personne, mais acquis par l’excellence, l’humiliation, et la perfection.

Dans ce passage, la communication a lieu avec l’ancien, comme représentant, je pense, l’Église qui a connaissance (car, « Il vous a maintenant réconciliés ») du titre et de la gloire de l’Agneau.

C’est donc l’Agneau immolé qui est mis devant nous — Celui qui ne résista point au mal, mais qui se livra Lui-même à la mort, et fut mené à la boucherie, « comme immolé » ; la pleine puissance de fait, les sept cornes, et la connaissance parfaite, sept yeux, se trouvant en Lui, de même que ceci, pénétration universelle de connaissance. Ses yeux étaient les sept esprits envoyés par toute la terre. Ces esprits, la lumière et le pouvoir de la sainteté de Dieu devant le trône, caractérisant ainsi Sa présence, étaient maintenant les agents du discernement et de la puissance de Celui qui était justement exalté. Ce n’était donc pas le Fils de l’homme, dans Ses droits à l’héritage, mais l’Agneau qui ouvrait le livre. C’est à Lui, et, en une certaine mesure, à l’Église, en tant qu’une avec Lui, comme souffrant, rejetée, et exaltée dans sa Tête, que l’ouverture du livre appartient. Nous avons la pensée de Christ — pour nous c’est par la Parole que nous l’avons.

Il vint et prit le livre. Aussitôt qu’Il eut fait cela, les animaux et les anciens (c’est-à-dire en principe et en droit, la création, la providence, et la rédemption) tous reconnaissent la suprématie de cet Être humble, mais exalté ; car bien que ce fût le lion de la tribu de Juda qui l’avait pris, toutefois l’Église connaissait Ses titres comme racine de David et néanmoins l’Agneau immolé, mais maintenant comme tel sur le trône. Le livre révélait ce qui sous Sa main les concernait ; tout cela était le conseil de Dieu pour amener toute chose à la place qui lui était assignée dans Sa pensée et Son dessein. Au verset 9 il faut lire « ils chantent » et non « ils chantaient ». C’est là ce qu’ils font dans le ciel en tant que sous l’Agneau. Cela étant, « nous » n’offrirait aucune difficulté. Peut-être devons-nous accepter la correction de Griesbach qui en ferait disparaître même l’apparence pour l’œil, le sens demeurant le même. C’est une chose remarquable que, tandis que la même confiance et le même titre sont exprimés par saint Jean écrivant aux saints sur la terre dans le premier chapitre, et ici par ceux qui entourent l’Agneau sur le trône, ceux-ci ajoutent, pour montrer leur état d’attente[17] « nous régnerons ». Cela, quoique vrai, était inutile à dire aux saints qui étaient sur la terre : c’était assez clair pour des gens qui souffraient, qu’ils ne régnaient pas. Nous eussions pu avoir la pensée que ceux-ci régnaient ; et pour cette raison ils nous sont montrés dans un état d’attente[18].

Les quatre animaux sont toujours mentionnés les premiers, comme la puissance divine et entièrement distincts des anges[19]. Je ne vois pas bien comment, en considérant ce qu’en dit Ézéchiel et quelle est leur place ici, on peut douter de leur portée générale. Ils sont plus intimement rattachés à la rédemption, parce que tout ce qui constitue la sphère de la création et de la providence étant subjectivement rattaché à la puissance du mal et lui étant soumis, elle a pour eux un intérêt spécial. Les anges célèbrent tout simplement la personne de Celui qui a été immolé, et Sa dignité souveraine. Et, après eux, la création tout entière (dont comme créatures ils sont les chefs, eux ayant reconnu l’Agneau comme digne), célèbre à la fois Celui qui est assis sur le trône et l’Agneau. Et les quatre animaux qui résument toute sa portée morale, disent : Amen. De leur côté, les anciens, les rachetés intelligents, se prosternent et adorent Celui qui est vivant aux siècles des siècles. C’est là Son caractère le plus élevé, Son caractère dans l’essence même de Sa nature ; et c’est pour cela qu’ils closent la doxologie. D’abord, la rédemption ; puis, les anges reconnaissent l’Agneau ; ensuite, toutes les créatures Celui qui est assis sur le trône et l’Agneau ; les animaux disent : Amen ; et alors les anciens rendent hommage à Celui qui vit aux siècles des siècles, rempli de toute la plénitude de Dieu. Ceci est particulièrement la portion des anciens, bien que ce soit le même Être béni qui est honoré par les animaux ; mais ce que ces derniers expriment, c’est la continuité de l’existence, plutôt la continuité de Jéhovah — qui était, qui est, et qui vient — continuité de relation, et non la vie intrinsèque ; — car, bien que le trône soit le grand principe et la source de tout, toutefois la rédemption nous mène à une connaissance plus profonde de Celui qui y est assis, et met toutes choses à leur véritable place[20].

Nous avons donc ici une position dont la portée s’étend sur tout l’ensemble jusqu’à la fin, quoique bien des matières importantes puissent nous être présentées sous différents chefs d’une façon intermédiaire ; mais la portée de ceci embrasse l’exaltation de l’Agneau au trône en elle-même dans tout ce qu’elle comprend. Il peut survenir en sous-ordre bien des arrangements tenant à l’action providentielle de Dieu, mais ceci est la clé pour le résultat. En outre, ceci est rattaché immédiatement à la relation de l’Église avec Christ. L’Église Le connaît comme l’Agneau et devrait Le suivre et Le représenter ici comme tel. Le Seigneur peut agir sur la dispensation par bien des circonstances et des dispositions extérieures ; Il n’agit en elle que dans ce caractère-ci. Comme tel, Il est essentiellement avant tout glorifié ; comme tel, le monde est contre Lui, de même que la rage de Satan dans son caractère intime le plus profond. L’Église est vue dans sa perfection dispensationnelle comme rois et sacrificateurs, vingt-quatre anciens (sept est le nombre qui exprime sa perfection mystique) ; parce que, quoique dans tout le cours de cette période envisagée dans son aspect prolongé d’années pour des jours, elle fût encore imparfaite, c’est néanmoins le gouvernement du monde qui est envisagé ici[21] et non les voies de Dieu avec l’Église ; et en conséquence, quand il s’agit de donner aux diverses parties (aux personnages du drame, si je puis parler de la sorte) leur place respective, l’Église est considérée comme un tout complet distinct. Bien que ce soit le trône suprême qui est au-dessus de tout, et la source de tout (c’est Celui qui est assis sur le trône qui fait toutes choses nouvelles et est ici l’objet du culte suprême) toutefois, quant à la relation ce n’est pas le trône de Dieu à Jérusalem. Il ne s’agit pas de la relation filiale de l’Église, ni du trône du Fils de l’homme selon le décret, mais c’est le trône dans le ciel[22] ; et là l’Agneau au milieu du trône, avec la puissance, la connaissance et la sainteté qui Lui appartiennent dans l’exercice de Son activité, et cela sur la terre.

Le fil du récit subit une interruption très marquée à la fin du onzième chapitre qui, dans l’ensemble de son contenu, clôt le livre tout entier. Le temps était venu où ceux qui détruisaient ou corrompaient la terre devaient être détruits. Mais le chapitre 12 reprend depuis l’origine pour introduire la nature radicale du mal et son développement sous sa dernière forme ; et, comme cela sera manifesté réellement à la fin, pour ce qui est des faits, il peut être considéré comme une continuation des visions précédentes. Mais les onze premiers chapitres renferment une autre division importante. Au commencement du chapitre 8 le dernier sceau est ouvert par l’Agneau ; et, naturellement, cela clôt le livre ; et quoique ce qui suit arrive sous ce sceau, ce n’en est pas moins, une série distincte d’événements d’une autre nature. Il n’est pas fait mention de l’Agneau durant tout le cours des trompettes ; tout y est en rapport avec les anges. Après le chapitre 12 nous avons encore l’Agneau : mais nous parlerons de cela quand nous y serons arrivés. L’Agneau est en opposition avec l’homme et avec le monde ; c’est-à-dire, l’homme et le monde L’ont rejeté, et l’Église, l’Église souffrante, du moins, est rejetée par le monde : ce qui la concerne est ce qui correspond à Christ dans ce caractère. Voilà donc ce que nous avons sous les sceaux. Dans un certain sens, cela est toujours vrai, car « tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés » ; mais quant à la dispensation, c’est-à-dire quant à la condition de l’Église, il n’en est pas ainsi. Nous avons donc, en l’envisageant dans son développement historique, trois grandes divisions : l’Église sous l’Agneau ; l’Église sous l’administration des anges ; et enfin l’Église sous et durant la grande apostasie rattachée à l’action du pouvoir de Satan au début. Toutefois, c’est le monde, et non pas l’Église, qui est le sujet des événements contenus dans cette portion du livre[23].

À la suite du tremblement de terre qui se fait à l’ouverture du sixième sceau, il se manifeste une grande terreur ; mais cela ne veut point dire qu’il s’agit là de la révélation du jugement de Dieu, cela est seulement leur terreur. Je ne veux pas dire que ceci ne puisse pas avoir son application plus tard, et que les rois de la terre ne puissent pas éprouver une grande terreur alors ; mais il ne s’agit point ici des rois associés avec la bête, combattant contre l’Agneau et tués par l’épée de Celui qui est monté sur le cheval. C’est de la terreur en conséquence d’un tremblement de terre qu’on attribue à la colère de l’Agneau comme si Son jour était venu. C’est après cela que toutes les trompettes sonnent. Au point de vue auquel j’interprète à présent (celui de la période prolongée) nous aurions dans ce tremblement le renversement de l’empire païen avec tous ses chefs qui avait existé jusque-là, ainsi que l’effroi et la consternation en résultant des ennemis de l’Agneau. C’est souvent à tort qu’on repousse l’idée de faire l’application de ceci à une pareille période et que l’on allègue le nom de Constantin pour montrer que ce qu’il fit dans l’Église n’avait aucune importance ou fut un mal au lieu d’être un bien. Mais cette anxiété provient de la supposition erronée qu’il s’agit ici de l’histoire de l’Église ; tandis que c’est celle du gouvernement du monde par l’Agneau agissant en des voies de providence. Et sous ce rapport nous devrions nous souvenir que depuis Babel et sa destruction dans la statue de Babylone, il n’y a jamais eu d’événement pareil à celui de la mise de côté du culte direct de Satan dans la nation impériale : or, c’est ce qui eut lieu à ce moment-là.

Vient alors en passant le fait qu’en dépit de tout, l’Église est reconnue : d’abord la plénitude parfaite des Juifs élus ; et, ensuite, la multitude des Gentils avec leur portion. Rien ne pouvait se faire jusqu’à ce que tous ceux-là eussent été comptés ou reconnus dans leur position.

Le premier tumulte, le premier trouble des nations était retenu jusqu’à ce que cela eût été fait positivement. Telle avait été la puissance de Dieu dans l’Esprit pendant cette période, en dépit de toutes les persécutions, de toutes les fureurs des hommes impies. Le cinquième et le sixième sceau montrent respectivement le sort final différent de ceux qui avait été réellement persécutés ou plutôt tués, et des pouvoirs qui les avaient persécutés[24] ; le septième, le grand résultat, en dépit de la persécution — la Parole de Dieu n’avait pas été liée.

Les quatre vents qui soufflent sur la terre et sur la mer expriment le désordre et le tumulte de l’esprit des nations. Ici ils ne soufflent pas seulement sur la mer, d’où, en conséquence, Daniel vit s’élever les quatre grandes bêtes ou royaumes ; ils soufflent aussi sur la terre dans ce passage ici parce qu’il existait un système établi et régulier sur lequel ils avaient de l’effet aussi bien que sur la masse des nations sans forme régulière — la mer.

Cette action des vents était arrêtée jusqu’à ce qu’il fût montré comment la Parole de Dieu avait été efficace en dépit de toute opposition.

Les sceaux, aussi bien que les trompettes, et peut-être, pourrais-je ajouter, les coupes, sont divisés en quatre et en trois. Les quatre animaux appellent Jean à voir les conséquences de l’ouverture des quatre premiers sceaux. Les trois derniers ont leur caractère propre spécial. La division des trompettes est bien connue, les trois dernières étant des trompettes de malheur. Les sept églises sont divisées en quatre et en trois par la place différente que la promesse et l’avertissement à ceux qui ont des oreilles pour entendre occupent dans les lettres qui leur sont respectivement adressées. Je pense qu’on trouvera qu’il n’est pas fait à l’Église d’offre de repentance après les trois premières[25].

Considéré à la lumière de la puissance qui soutient et des attributs du gouvernement providentiel, l’appel des quatre animaux est très facile à comprendre.

Prenant maintenant l’interprétation au point de vue du cours prolongé du gouvernement divin, les quatre premiers sceaux seraient l’histoire de l’empire. Je tiens le cheval pour le symbole de la puissance impériale ou royale dans son exercice. Et tel serait l’exposé selon Dieu du cours de l’empire existant alors. Si on demande à quoi cela sert au saint, je réponds : à tout ; — à savoir que tout se passe sous l’œil et la connaissance de Dieu. Ce lion, dans la gueule duquel ils étaient, avait ses jours et ses voies absolument comptés et réglés par Dieu ; et ils étaient, réellement, en union avec Celui qui gouvernait, bien qu’ils pussent souffrir avec Lui. Bien comprendre cette position de patience, c’était pour eux, et c’est pour nous, de la dernière importance.

Le cinquième sceau nous fait voir comment dans Sa merveilleuse grâce Dieu a égard aux sentiments de ceux qui avaient souffert durant cette période quoiqu’il eût pu suffire de nous avoir montré que tout était réglé de Dieu.

Le sixième sceau a donné lieu à de grandes difficultés. J’admets l’application de tout ceci à une période ultérieure, si « les choses qui sont » sont prises comme la dispensation tout entière, ce que je reconnais.

Il y eut un grand tremblement de terre[26] et ébranlement des pouvoirs suprêmes, avec bouleversement de la terre prophétique et déplacement des autorités qui la gouvernent[27] ; et, en vue de fortifier les saints, la conséquence de tout cela est montrée.

Le septième sceau donna lieu aux résultats précis de l’état de choses que le cinquième avait introduit. On put voir là pleinement reconnus ceux qui étaient venus de la grande tribulation — leurs robes étaient « blanchies dans le sang de l’Agneau ».

Le septième sceau une fois ouvert, nous n’entendons plus parler de l’Agneau : l’Église, comme dispensation, avait cessé d’être dans une condition de souffrance[28]. Pour ce qui est du septième sceau, rien ne pouvait en être dit immédiatement : le ciel ne pouvait rien dire, l’homme peut-être beaucoup ; mais ses pensées ne sont pas celles de Dieu. Le fait que le christianisme était reconnu[29] ne pouvait être condamné, et l’établissement de l’Église dans le monde, résultat réel de ce fait, ne pouvait être célébré. Il y eut un silence dans le ciel. Mais en cet état de choses, que le ciel ne pouvait absolument pas reconnaître, la providence commença bientôt à agir en secret. Ce fut par conséquent une action exercée du dehors dans un état de choses providentiel, par un service providentiel d’anges, et non dans la relation reconnue d’une Église, et le monde lui étant contraire, de même qu’il avait crucifié la Tête. La croissance de l’apostasie est décrite, non dans cette seconde partie, mais dans la troisième, comme ayant son importance propre.

Mais il restait encore un trait à signaler en ceci. Mêlés, comme ils pouvaient l’être (en un certain sens malgré eux) avec le monde, les prières des saints n’avaient pas cessé, et il fut donné à l’ange de l’autel beaucoup de parfums à ajouter aux prières, c’est-à-dire pour leur donner saveur et efficacité devant Dieu[30]. Le souverain Sacrificateur Lui-même revêt ici le caractère angélique : c’en était fini avec l’intimité de relation et le caractère de compléter tout dans le ciel comme gouvernant d’après des principes connus (connus par l’homme dans l’Église comme siens, d’après lesquels il devait marcher).

C’est la première fois qu’il est fait mention de l’autel des parfums. Les âmes étaient sous l’autel des holocaustes comme tout un holocauste. Maintenant toute la ressource des saints étaient de crier à Dieu. La réponse fut les jugements de la part de la sainteté de Dieu contre le mal ; et le cours déterminé des désastres préparés pour en suivre le progrès. Nous avons en conséquence à la fin ou au commencement des périodes un exposé de l’état des saints durant la période (c’est-à-dire, quant au principe de la dispensation dans la période). Les trompettes seraient donc les jugements de Dieu sur l’état mélangé des choses dans lequel les saints avaient cessé de souffrir[31] et d’être identifiés avec le caractère de l’Agneau, en réponse aux secrètes prières d’un résidu offertes comme un doux parfum par l’action secrète de l’ange de l’alliance ; mais ce sont des voies connues, des voies extérieures basées sur des principes que l’Église pouvait expliquer par suite de la nature de sa condition alors.

Il y eut alarme, une action puissante de Dieu en terreur sur les esprits des hommes, et un bouleversement dans la condition de la terre ; puis se déroule le cours progressif des événements : — sur les grands, et sur toute la prospérité et la gloire de l’homme par des jugements envoyés du ciel ;

Puis, destruction par jugement, par le moyen d’une puissance sur la masse des nations en dehors de la terre prophétique ;

Ensuite, quelque puissance apostate souillant et rendant amères les sources mêmes de la condition morale des peuples[32] ;

Ensuite, c’est l’autorité suprême qui est frappée, mais dans une sphère limitée avec tout ce qui en dépend ou lui est subordonné en fait d’autorité et de lumière.

Puis nous rencontrons un mot qui n’a pas été employé auparavant, sauf dans l’épître à l’église de Philadelphie : « Malheur à ceux qui habitent sur la terre ! » expression prise, je pense, d’Ésaïe 24, et employée dans l’Apocalypse en contraste avec les habitants du ciel (c’est-à-dire des personnes au sein de la terre prophétique, ou de la scène des voies morales immédiates de Dieu, mais non quelqu’un d’étranger ou forain là ; ou, en un mot, non pas un homme spirituel, un homme aux affections et aux pensées célestes, mais un homme qui habite là). Dans le chapitre 12, cette expression est en contraste avec la parole : « Réjouissez-vous, cieux, et vous qui y habitez. Malheur à la terre et à la mer » (comparez Éph. 1 à la fin, et chap. 2). Nous avons donc ici les trois dernières trompettes annoncées comme des malheurs à ces habitants de la terre. Les autres pouvaient être des jugements providentiels sur l’état de choses. Ces dernières prenaient pour objet ces gens aux affections terrestres fixés sur la terre. Remarquez que, lorsque les saints, bien qu’adonnés à la prière, vivent, quant à leur condition de fait, non pas dans la souffrance, mais mélangés avec le monde, ils participent[33] extérieurement, et par conséquent d’une manière bien douloureuse dans leur cœur, au trouble et à la souffrance qu’amènent les jugements dispensés ; et dispensés peut-être en réponse à leurs prières précisément comme des châtiments salutaires ou au moins comme des avertissements ; et il est possible, je crois, qu’en principe cela ait lieu aujourd’hui. Mais il y a plus tard des jugements spéciaux sur ces gens aux affections terrestres, forme qui les caractérise désormais, lorsque, après les châtiments dispensés par Dieu dans Sa patience miséricordieuse distinguant entre les uns et les autres, ils sont définitivement fixés dans ce caractère. Alors, viennent sur eux des jugements positifs spéciaux[34].

Le premier arrive par l’apostasie qui donne l’essor aux influences basses et pernicieuses — ce qui appartient à l’abîme. Le résultat est l’exclusion ou l’obscurcissement de l’autorité suprême et des influences salutaires qui agissaient sur les esprits des hommes[35]. Par suite de cela, un essaim de maraudeurs se répandent sur la terre, la terre prophétique, ayant un roi, l’ange de l’abîme : car, bien qu’ils agissent dans l’énergie de la puissance impériale et que vis-à-vis des autres ils fussent par leur face des hommes, toutefois ils avaient « sur leur tête une marque de l’autorité ». Vus par-derrière, ils n’étaient pas dans la position de dignité manifeste de l’homme, comme revêtu de la puissance civile de gouvernement qui appartient à l’image de Dieu ; ils étaient assujettis à quelque chose, quoiqu’ils pussent se prévaloir de nombreuses victoires sur d’autres ; et leur aiguillon était leur queue. Ce n’était pas dans leur énergie que gisait leur funeste puissance de séduction, mais dans ce qu’ils menaient avec eux comme conséquence. « Le prophète enseignant mensonge, c’est la queue ».

Le second malheur était une invasion plus ouverte d’ennemis extérieurs, comme tels — l’armée de cette puissance impériale victorieuse dans sa compacte unité ; et de leur bouche (ils le portaient devant eux) sortait ce qui constituait le jugement : seulement c’était par le mal, et ce qui était positivement de l’ennemi[36]. Leur pouvoir était dans leur bouche, mais aussi dans leur queue ; car leur plan bien combiné de malice et de dépravation était plus établi là que devant, quoique non pas son introduction ; « et par elles ils nuisent ». Par la forme cela ressemblait à Satan. C’était d’une nature plus manifeste et guerrière ; mais non le mal principal.

Mais ceux, le reste des hommes, qui n’avaient pas été tués par eux, ne se repentirent pas de leurs idolâtries ni de leur mauvaise conduite ; un grand nombre seraient détruits ou renversés de la profession qu’ils faisaient, et leur place mise de côté et remplie par d’autres ; mais malgré cela le reste ne se repentit point. L’étendue de la puissance de ces instruments du jugement était limitée. Généralement tous les malheurs avaient pour objets les gens aux affections terrestres se trouvant dans la région des voies de Dieu. Quand arrivait le mal, soit dans la période de son début, soit dans celle où Il obscurcissait le ciel et l’air, soit celle où Il tourmentait et tuait les hommes, ceux-là seuls étaient exceptés qui étaient manifestement reconnus de Dieu comme siens — manifestés être de Lui.

L’ange de la trompette — la nouvelle que le temps de l’entier accomplissement du dessein de Dieu est arrivé — délie ces instruments subordonnés de Sa providence pour avoir le pouvoir de détruire pendant le temps déterminé.

C’étaient là cependant tout autant de voies dans lesquelles, bien qu’un résidu priât, l’Église n’avait pas naturellement de place[37] ; car le développement de l’apostasie n’est point ici le sujet. Tout consiste simplement en des voies providentielles du ressort du ministère des anges. Ce n’est point le Fils de l’homme exerçant le jugement. Ce n’est point l’Agneau dans la gloire sur le trône, mais sympathisant d’ailleurs avec des personnes qui souffrent, contre lesquelles est le monde, et qu’Il reconnaissait ostensiblement. Cela fut tout à fait perdu quand le monde reconnut l’Église : l’Église perdit entièrement sa place. Dans la pratique elle s’était graduellement rapprochée du monde ; maintenant elle y était ostensiblement plongée ; tel fut le cours de sa carrière, qu’ayant perdu le discernement spirituel elle n’était pas capable de voir sa position dans la bénédiction extérieure. Il en fut ainsi d’Abraham lorsque sa femme fut emmenée à la cour de Pharaon : il était d’abord descendu en Égypte. Alors le Seigneur agit par le ministère des anges sur la profession, d’abord en châtiments extérieurs, ensuite en jugements et malheurs directs. Les faits à mesure que nous avançons, nous conduiront à l’étendue (j’entends l’étendue géographique) de ces deux malheurs. Je réserve le cours de ces passages plus particulièrement, au point de vue de la période prolongée (« les choses qui sont » étant prises comme s’appliquant à la dispensation tout entière), pour ce qui se présentera plus loin.

Mais avant le troisième malheur, ou la septième trompette, survient en forme de parenthèse une révélation considérable ; mais c’est encore le ministère angélique ou de l’ordre providentiel[38]. Ce n’est pas non plus, quoiqu’il s’agisse évidemment de la même scène, l’exposé de l’apostasie que nous trouvons plus tard, mais c’est la même scène sous le rapport historique comme sphère d’une suite d’événements en tant que prophétiquement annoncés par Dieu. Le jugement de Dieu contre l’état de choses dont il s’agit ici avait été annoncé sous bien des rapports, cela n’était point révélé. Mais quoique ce ne fût pas un livre scellé que l’Agneau seul pouvait ouvrir, mais bien le progrès du cours d’événements historiques dans l’ordre de la providence, il était toutefois d’une façon spéciale dans la main de cet ange puissant, et la dignité de Sa personne (de Christ) était ainsi maintenue.

Les manifestations du jugement de Dieu associé à la parole de Sa voix, et ce qui suivait là-dessus, n’étaient pas encore révélées. Une voix venue du ciel les scella : car quoique le cours des événements continuât, et que la description en fût donnée, toutefois il y avait réellement en cela des principes d’un tel caractère et d’une telle importance aux yeux de Celui qui pouvait introduire le nom de Celui qui est vivant aux siècles des siècles, que cela prouvait qu’il n’y aurait plus de délai. Et ces choses devaient précéder l’accomplissement du mystère de Dieu qui aurait lieu lorsque le septième ange sonnerait de la trompette.

De cette manière le petit livre ouvert est très simple. Ce n’est pas le mystère d’iniquité complètement exposé dans son caractère, mais c’est le cours historique des événements — un tableau de cette scène en elle-même, et dans lequel le mystère d’iniquité et tous ses principes importants ainsi que l’action de Dieu en conséquence sont développés en vue de l’accomplissement de ce qui est fini au son de la septième trompette. C’est donc un pas inférieur dans sa nature au grand livre scellé. Celui-là était tenu par Celui qui était assis sur le trône, et il fut donné à l’Agneau seul capable de l’ouvrir ; il Lui appartenait à un titre que nul autre absolument ne possédait : mais celui-ci est dans la main de l’ange, et il est donné au prophète. C’était une partie du cours progressif des événements historiques ; toutefois ses allusions l’identifient avec ce qui vient après comme la bête qui sort de l’abîme, etc.

Il y avait un autre point. Le prophète pouvait regarder aux événements extérieurs et les décrire ; mais ici, quoiqu’il y eût de la douceur dans la connaissance de cela, toutefois, quand il voyait ce que cette connaissance apportait réellement avec elle, quand il la digérait, quand les sympathies de sa propre âme y étaient impliquées, ainsi que des choses pénibles et douloureuses concernant la position et l’état de ruine de l’Église[39] — le désordre et le mal, éloignement de Dieu, et épreuves en rapport avec cela dans les saints — ah ! elle était amère en son ventre. Ce terme est toujours employé pour les affections et les pensées intimes de l’homme. Aussi dans l’Église le Saint Esprit est-Il dit découler du ventre du croyant, parce que ce n’est pas simplement une communication d’événements connus, mais l’Esprit, comme arrhes de ce qui nous appartient à nous-mêmes, et en conséquence remplissant l’âme ; et par suite de notre propre association avec les choses, la joie et le témoignage découlent.

Le vaste et large champ de ce témoignage devait être encore repris. Cette partie du témoignage prit le sujet à nouveau, et, quoique ayant de fait des attaches, un sujet complet et une scène complète en soi.

Ce petit livre ouvert présentait donc l’exposé historique (quand il prenait sa place dans l’histoire extérieure) de l’état de choses sous la grande apostasie, en vue de la clôture de la scène tout entière comme histoire à l’époque de la septième trompette ; tandis que le détail de l’apostasie, son origine et sa source (avant qu’il fût question en aucune manière de l’histoire successive de l’Église), la puissance et le dessein de Satan comme manifestés en elle, étaient réservés pour un exposé distinct (c’est-à-dire toutes ses opérations et ses développements moraux).

Il faut remarquer, de plus, que le troisième malheur n’est nullement donné ici. Lorsque la septième trompette sonne, il y a des voix dans le ciel célébrant la venue du royaume du monde de Christ, et la scène est décrite en des termes très généraux, comme embrassant son introduction et ses résultats ; mais le malheur n’est pas décrit. En réalité, tout le détail des circonstances est réservé pour les exposés ultérieurs : mais la chose constatée ici, c’est qu’ « il n’y aurait plus de délai ». J’ai seulement à ajouter que, si « les choses qui sont » sont prises pour la dispensation tout entière, alors le chapitre douzième peut être pris d’une manière continue[40] pour l’action des agents qui y sont décrits dans leur conduite au temps de la crise ; seulement il retrace leur carrière à partir de l’état de choses dans les cieux — c’est-à-dire comme objets du jugement auquel a trait la septième trompette. Dans ce cas, le premier acte serait l’enlèvement des saints, puis Satan précipité sur la terre, puis, après la persécution des Juifs, la dernière bataille comprenant le jugement de la bête, etc. Autrement le douzième chapitre est un tableau des détails de leur source, de leurs principes, et de leurs actes ; tels qu’ils sont vus dans la pensée de Dieu, et cela d’après leur nature, leur but et leur principe.

Je pense que quelques-uns d’eux, au moins, comme les deux témoins, participent à l’appel céleste selon Daniel 7, sans appartenir au témoignage de l’Église représenté par la sainte cité. Voyez l’analogie de l’Église pentecostale au commencement (quoique de fait ce fût l’Église), mais son témoignage est remarquable à cet égard.

Mais revenons aux détails du chapitre 11. Voici ce que nous trouvons : tous ceux qui avaient le caractère sacerdotal et ce qui les concernait, préservés — savoir, leur culte et l’autel (c’est-à-dire le saint lieu et la place dont le sacrificateur s’approchait). Mais la profession extérieure — la sainte cité — est entièrement abandonnée pour être profanée pendant la période prophétique de quarante-deux mois. Mais ce n’est pas seulement ce qui a rapport avec la sacrificature qui est préservé, le témoignage, le caractère prophétique, l’est aussi. C’est-à-dire qu’il fut donné efficacité à leur témoignage, « donné aux prières des saints », ou « donné à mes deux témoins », ce qui signifie efficacité au sujet du don[41].

Ce témoignage n’était pas gardé par des préservatifs extérieurs mondains, bien loin de là ; durant cette période, le mot « malheur » était prononcé sur ce qui aurait eu ce caractère. Ce qui était extérieur était le sujet de l’intervention secrète de Dieu par le ministère des anges ; mais le jugement correspondait à leur témoignage. Si quelqu’un voulait leur nuire, le feu sortait de leur bouche. Ce n’était pas la venue du jugement en vertu d’une autorité extérieure manifeste ; chose qui était au moins la prétention élevée du côté du faux prophète. Mais il leur était répondu en jugement afin de les préserver selon le témoignage de leur bouche contre ceux qui voudraient les détruire. Cette intervention secrète de la main de Dieu, selon la parole du témoignage fidèle, s’est toujours produite, je n’en doute pas, dans des cas pareils. Ce n’était pas le temps pour apparaître en jugement, d’une manière ouverte, mais il y avait toujours lieu d’intervenir pour une vigilante justification de leur témoignage lorsque c’était nécessaire. S’ils prenaient l’épée en des cas pareils, c’était chercher à altérer l’ordre parfait de la providence de Dieu qui maintient toujours Ses principes — ils périraient par l’épée.

Ce qui suit semble avoir de l’analogie avec les circonstances de Moïse et d’Élie et l’énergie de leur ministère, sans qu’il s’agisse de leurs personnes. Le ministère de Moïse s’accomplit lorsque le peuple était sous l’oppression et que le monde avait le dessus, et il eut le pouvoir de frapper de plaies la terre à laquelle Pharaon appartenait, dont il était le prince, et qui était l’objet de ses désirs et de ses affections. Élie ferma le ciel sur un peuple apostat qui eût dû être en rapport, en association, avec lui ; et la bénédiction fut retirée d’un pays arrosé de la pluie du ciel. C’était donc chez tous les deux le pouvoir de faire venir le jugement approprié à leur position respective : l’un, agissant sur le monde duquel le peuple de Dieu était appelé à sortir ; l’autre, jugeant le peuple qui était devenu le monde, en arrêtant le cours des bénédictions qui descendaient sur lui du ciel. Ils ont tous deux leur application à l’état de choses auquel il est fait allusion dans cette courte mais substantielle prophétie.

À l’expiration des trois ans et demi, leur témoignage prend fin par leur mort de la main de la bête sortie de l’abîme, après qu’ils ont achevé leur témoignage. Le verset 8 me semble avoir en vue à la fois l’application générale et l’application particulière, à l’égard desquelles j’ai déjà dit que je croyais qu’elles étaient l’une et l’autre dans la pensée de l’Esprit de Dieu ; d’abord, la grande cité du monde, qui est le lieu où Christ a été crucifié ; et tout particulièrement Jérusalem, où l’apostasie religieuse, toujours à la tête de l’iniquité du monde, a commis l’acte eu égard à la localité.

Pour ce qui concerne l’interprétation qui assignerait à cette prophétie une période de mille deux cent soixante années, il en a été traité suffisamment par d’autres : témoignage suscité durant l’apostasie morale prolongée, auquel je crois que le Saint Esprit attache plus d’importance que plusieurs ne sont enclins à le penser ; car Dieu aime ses saints. Je crois que ce long témoignage était de la dernière importance possible, mais son importance n’était pas l’importance finale — ce n’était pas la grande scène de la fin. À mon avis, il était, avec la manifestation de l’Antichrist personnel, dans la même relation que l’Église, par l’opération du Saint Esprit, est avec la venue personnelle de Christ, le Seigneur ; et ce n’est point là quelque chose de peu important ou d’indifférent ; bien au contraire, non plus qu’un petit objet de la protection et de la contemplation attentive de Dieu. L’égorgement des saints, le culte des démons, la suppression, ou au moins la dégradation de ce qui était, de fait, l’ordonnance de Dieu dans l’autorité civile — tout cela n’était pas peu de chose dans l’estime de Dieu, bien que Sa patience peut le supporter pendant qu’avait cours cette longanimité qui était salut. Mais le renversement de la véritable gloire de l’Église, dans la reconnaissance du Saint Esprit, n’était pas une chose sans importance, comme prouvant la dégénération de l’homme qui apostasie en toutes circonstances, quoi que ce ne fût pas la guerre ouverte contre le Fils.

J’ajoute, de plus, que l’apostasie et la révélation de l’homme de péché sont deux choses distinctes. L’apostasie est l’introduction de l’homme de péché. Or, l’apostasie peut ne pas être ὁ ανομος, l’inique ; elle a bien, toutefois, sûrement quelque importance. Je trouve beaucoup de manque d’attention à l’exactitude de l’Écriture chez ceux qui semblent être le plus exacts eux-mêmes. Le mystère d’iniquité en train, l’apostasie, et l’inique, peuvent être envisagés comme autant de choses distinctes, bien qu’étroitement liées les unes aux autres ; l’ανομος n’est pas non plus identique avec l’Antichrist, bien qu’ils puissent très vraisemblablement[42] être la même personne[43].

Pour ce qui est de la négation des symboles, et de l’affirmation que c’est ici un livre où il faut tout prendre à la lettre, cela me semble insoutenable. C’est ainsi que lorsque la troisième partie du soleil fut frappée, l’éclat du jour ne fut pas diminué du tiers ; mais ce n’est point ce qui aurait eu lieu dans le sens littéral. Il suffira d’entrer un peu dans les détails pour voir que beaucoup de ce qui a été dit récemment sur ce sujet ne saurait supporter l’examen.

Il est un autre point sur lequel les avocats du littéralisme[44] et de la crise insistent souvent, et qui mérite attention (quoique je ne veuille pas m’arrêter à ces choses) — les jours considérés comme des années. On nie cela, bien que l’idée en soit nettement suggérée par le passage des Nombres et par celui d’Ézéchiel.

Les soixante-dix semaines sont là pourtant, et parlent d’une voix assez forte ; mais l’habileté de la critique a été appelée au secours pour dire que le texte parle tout simplement de soixante-dix septaines, et non de soixante-dix semaines, et qu’ainsi ce peuvent être littéralement des années. Or, si le texte se lit de la manière conventionnelle (c’est-à-dire avec les points voyelles), c’est tout simplement semaines ; sinon, le sens n’est aucunement septaines, mais soixante-dix fois. Cette explication critique ne saurait donc, selon moi, être maintenue. C’est ou bien soixante-dix semaines, ou soixante-dix fois soixante-dix ; ce n’est pas soixante-dix septaines.

Mais pour ce qui concerne les nombres que nous avons ici, il s’élève une autre question importante : on allègue que, envisagé comme dans la crise et littéralement, ce n’est nullement la dernière demi-semaine. Dans la dernière demi-semaine à Jérusalem, est-il dit, ce ne sont pas des temps de témoignage, mais de vengeance — non pas de témoignage de qui que ce soit, chrétien ou juif. Les disciples qui avaient rendu leur témoignage et étaient appelés à posséder leurs âmes par leur patience reçoivent alors pour direction de fuir, car c’étaient là les jours de la vengeance. C’était de l’établissement de l’abomination de la désolation que datent le commencement des derniers douze cent soixante jours, ou trois ans et demi. Ainsi dans le douzième chapitre, après que Satan a été précipité, sa grande fureur commence de se donner cours sur la terre ; alors le ciel et ses habitants sont libres ; et, en conséquence, la femme fuit dans le désert pour y être nourrie loin de la face du serpent pendant un temps, deux temps et la moitié d’un temps. Jusque-là l’Antichrist ne prend point dans Jérusalem son caractère distinctif propre. Il peut, comme le chef oppresseur et apostat des Gentils, persécuter, à l’instigation des Juifs, les saints qui ont le témoignage de Jésus — peut-être même opprimer parfois tyranniquement les Juifs, comme la nation sainte ; mais, à parler strictement, leur « alliance est avec la mort, et ils ont intelligence avec le sépulcre » (c’est-à-dire pour ce qui concerne les gouverneurs qui représentent la nation). Ce dernier point est vrai de la dernière demi-semaine ; ce qui la caractérise c’est l’alliance de la bête avec les Juifs. Mais le Seigneur, en Matthieu 24, distingue le témoignage général du royaume, envoyé dans tout le monde, et qui commença immédiatement après Sa mort, de la dernière demi-semaine seulement. Ce n’est pas d’un témoignage spécial dans Jérusalem qu’Il parle, et nous ne devons pas confondre le témoignage particulier des deux témoins avec les quatorze premiers versets de Matthieu 24. Ce chapitre ne connaît pas de première demi-semaine. Il y a un témoignage général d’une demi-semaine, commençant avec l’établissement de l’abomination de la désolation et finissant avec la venue du Seigneur. Daniel 9 envisage une première demi-semaine dans laquelle le conducteur qui viendra fera avec la masse des Juifs une alliance qu’il rompra au milieu de la semaine ; mais Apocalypse 11 envisage uniquement, je crois, la dernière demi-semaine, celle de Matthieu 24.

Il se trouve ici une autre distinction, qui aussi continue dans tout ce qui suit, et qu’on n’a pas dûment remarquée — peuples, tribus, langues, nations, et ceux qui habitent sur la terre. Je dis pas dûment remarquée, comme on a conclu de l’expression : « Tous ceux qui habitent la terre », que la domination de l’Antichrist serait universelle. Mais dans ce passage, comme ailleurs, ces personnes sont en contraste avec les nations, les tribus, les langues, et les peuples. Le cas de ceux qui habitent sur la terre est toujours, je pense, plus aggravé.

Ainsi ce n’est pas simplement de mauvaise conduite tenue envers les témoins qu’il est question ici, mais d’une grande joie éprouvée à leur destruction par des gens qui y sont intéressés. Il y a trois partis engagés dans le mal : la bête qui tue les témoins ; ceux des nations et tribus qui ne permettent pas qu’on les ensevelisse, manifestant l’hostilité naturelle du cœur de l’homme ; et ceux qui habitent sur la terre que le témoignage des témoins avait spécialement tourmentés. Car le témoignage d’une vie sainte et conséquente et d’une intimité prophétique avec Dieu est un tourment continuel pour ceux auxquels ce témoignage s’adresse à cause de leur apostasie. Le prophète dans ce caractère, est toujours un témoignage qu’avec tout leur orgueil et tout leur contentement d’eux-mêmes ils sont apostats ; et c’est là un véritable tourment, car, quelle que soit leur prétention, ils n’ont réellement pas de paix avec Dieu. Le retour des témoins à la vie était un fait public dans lequel le jugement de Dieu et la justification qu’Il faisait d’eux étaient manifestes à leurs ennemis. Ils entendirent une voix venant du ciel qui leur disait : Montez ici. Ils furent d’abord ramenés à la vie, et ensuite appelés au ciel publiquement.

Ces témoins s’étaient tenus devant le Dieu de la terre, témoins du droit de Dieu sur elle. L’effroi que produisit la manifestation publique de Dieu en leur faveur, ne donna pas efficacité à leur témoignage ; mais les personnes effrayées glorifièrent le Dieu du ciel : il y eut l’effet que produit généralement la religion sans la repentance — le témoignage ne fut pas reçu, car cela eut brisé leur volonté. Mais l’effet extérieur de leur crainte fut de leur faire honorer Dieu dans la forme, mais seulement comme Celui qui est dans le ciel. Ce fut l’effet de ce qui agissait sur eux — le tremblement de terre et la mort des hommes qui furent tués, des noms d’hommes, de la ruine de leur orgueil et de leurs prétentions[45].

Tout cela eut lieu avant le son de la dernière trompette ; mais quand ce fut fini le sixième malheur était passé.

Quoique ceci puisse s’accomplir d’une manière plus littérale dans la crise, il n’y a rien dans le retour des témoins à la vie qui en fasse strictement une résurrection à la lettre ; les termes sont au contraire, pour la plus grande partie, symboliques. L’expression : l’esprit de vie (venant) de Dieu, quoiqu’on puisse l’appliquer ainsi, n’est pas aussi strictement caractéristique du fait de donner la vie simplement[46]. C’était pourtant quelque chose de distinct du simple renouvellement de leur témoignage prophétique, comme vêtus de sacs. Le témoignage avait lieu maintenant par l’exaltation dont ils avaient été l’objet publiquement, et non par leur fidélité dans l’épreuve.

Je voudrais faire remarquer sur le verset 8 que ce n’est pas proprement la rue de la grande cité, mais plutôt la grande route ou la grande place de la cité à laquelle l’idée tout entière ne semble que servir d’antécédent. Dans tout ce temps-là le dernier grand malheur était à la veille d’être manifesté.

Les témoins étaient alors un témoignage unique, adéquat, rendu antérieurement à la dernière et terrible expression de la puissance du mal lorsqu’il est déchaîné, et un témoignage du droit de Dieu relativement à la terre au moment même où ceux qui habitent sur la terre la réclamaient comme leur appartenant, et étaient, en conséquence, tourmentés par le témoignage. Cela n’avait pas lieu nécessairement durant la prépondérance de la bête sortie de l’abîme, car jusqu’à la guerre (v. 7), il n’est pas question de son existence. Quand elle leur fait la guerre, elle a la victoire et les tue ; mais ils ont puissance en témoignage jusqu’alors — jusqu’à ce que leur témoignage soit accompli. Leur témoignage[47] ne s’exerçait donc pas sous l’oppression de sa puissance ; au moins ce n’est point par là que Dieu le distingue. Il se poursuit dans l’affliction, tandis que les choses extérieurement sacrées sont souillées, mais que le résidu sacerdotal et ce qui lui appartient sont préservés ; et cela, pendant quarante-deux mois. C’est dans ces circonstances qu’ils accomplissent leur témoignage : et alors la bête sortie de l’abîme fait la guerre contre eux et les tue[48]. Quand surgit la question de puissance et que, dans la plénitude de sa forme, l’Antichrist s’élève contre l’Agneau, il est finalement renversé ; il est jeté avec le faux prophète dans le lac de feu, et ceux qui le suivent sont tués. Pour ce qui est de son action avec les témoins, c’est, en principe, un acte antérieur ; l’Agneau n’est pas encore venu sur la scène ; car Il vient personnellement en vainqueur. Mais ici, tandis que la bête vient contre les témoins qui se tiennent devant le Dieu de la terre, ils sont vaincus parce que l’Agneau n’est pas encore sorti en puissance, ni le royaume terrestre établi. Satan s’élèvera contre le Seigneur des cieux et sera précipité. Quand son représentant s’élève contre les témoins et les représentants du Seigneur — contre ces deux oints — ceux-ci sont renversés, tués, et enlevés au ciel où sont encore la gloire et l’Agneau. C’est le dernier acte public extérieur de témoignage — soit pour la dispensation, soit pour la crise — et c’est pourquoi il a le caractère qui y est attaché lorsque le témoin prophétique y trouve place — savoir la prépondérance du mal extérieur, et la souffrance du témoin dont le refuge et le repos sont en haut.

Ainsi la bête sortie de l’abîme n’apparaît pas ici comme l’agent direct contre les témoins, jusqu’à ce que les trois ans et demi de leur témoignage soient terminés, quoique, quant à leur condition, ils fussent vêtus de sacs. Quand l’annonce du dernier malheur arrive, les cieux considèrent cela comme le signal de l’établissement du royaume terrestre ; et l’Église, anticipant comme ayant la pensée de Christ, rend grâces au Seigneur Dieu Tout-puissant, qui dans la continuité de Son Être et de Son conseil, entrait maintenant dans l’exercice de Son pouvoir ; et c’est pourquoi elle en célèbre par anticipation les résultats. Les anciens seuls parlent ici, parce que les choses n’étaient pas en vision dans leur plénitude ou dans leurs principes ; mais c’était l’anticipation des faits comme arrivant désormais, en tant qu’ayant la pensée de Christ.

Il semblerait que le dernier malheur est d’une portée beaucoup plus étendue que les autres — bien que fondant sur la même scène et ayant le même but. Dans le verset 12 du chapitre suivant, après que Satan a été précipité, il est en effet prononcé malheur sur les habitants de la terre qui étaient les objets des premiers malheurs, et il est aussi ajouté alors, sur ceux de la mer. Il est vrai que cela ne vient pas dans la suite historique propre selon le chapitre 12, et que ce n’est pas non plus le malheur final du chapitre 11, mais que c’est l’introduction de la scène plus vaste sur laquelle tombe le jugement exécuté dans ce malheur. Mais il n’aurait été rien exprimé là touchant la nature et l’étendue du malheur : ici tout ce qui existe sous le ciel s’y trouve impliqué.

Le dix-neuvième verset du chapitre 11 devrait, je crois, quoique servant de transition, être le premier du chapitre 12 qu’il commencerait plus convenablement. Envisageant les chapitres comme continus, nous avons ici l’action directe manifeste du ciel sur la terre, leur connexion l’un avec l’autre. Ce n’est pas maintenant un sceau ouvert par quelqu’un qui était seul capable de faire cela, mais le temple ouvert ; « et l’arche de l’alliance », etc.

La première chose qui apparaît, c’est le sûr et invariable témoignage de la miséricorde de Dieu selon l’alliance par laquelle Il avait daigné se lier Lui-même et à laquelle se rattachaient toutes Ses pensées et tous Ses desseins. Aussitôt que la septième trompette a sonné, toutes les relations des choses, ainsi que leurs véritables principes et leurs sources réelles, se montrent nettement. Si nous prenons le dix-huitième verset du chapitre 11 comme terminant d’une manière générale toute la scène, ainsi qu’il le fait réellement, alors le chapitre 12 ramène l’Église en arrière pour voir d’une manière abstraite les principes et les sources de tous les événements qui, de fait, se produiront d’une façon manifeste dans les derniers trois ans et demi.

Ces deux points de vue ne sont nullement incompatibles, car la dernière crise n’est autre chose que ces sources mêmes d’action ramenées à un chef et une manifestation uniques en des agents manifestés directement et activement en lutte. Et, au contraire, nul ne saurait comprendre la crise qui a lieu, à moins d’entrer dans les sources, les principes et la marche d’agents (nous pouvons bien dire en un certain sens ayant là leurs intérêts) qui sont révélés ici dès le commencement ; et d’un autre côté, on ne discerne jamais clairement l’action de ces agents et de ces principes, non plus que les résultats qu’ils amènent, jusqu’à ce qu’ils soient manifestés ainsi à la fin dans leurs vrais résultats, bien que la foi puisse longtemps avant en discerner les principes. C’est ainsi que lors des premiers déploiements de Son pouvoir, le Seigneur dit : « Je contemplais Satan, tombant du ciel comme un éclair » ; et Son grand apôtre nous révèle que le mystère d’iniquité était déjà en train : seulement il y avait quelqu’un qui retenait jusqu’à ce qu’il fût loin ; et alors serait révélé l’inique que le Seigneur consumerait. La révélation de ces agents, cachés mais réels, était donc précisément la manifestation de ce qui aurait lieu dans la crise : et la crise est la manifestation, de fait, de ces agents dans leur véritable caractère, et non plus sous le voile de mystères. De là vient que l’Église comme admise dans le ciel, les connaît, et explique ce par quoi ils se manifestent, personnes ou choses, quand ils se montrent sur la terre.

Ceci ne fait donc pas proprement partie des sceaux, mais vient à la connaissance propre de l’Église par le Saint Esprit et la révélation qu’Il donne de ce qui se passe dans le ciel ; non pas, simplement, par voie de communion, comme prenant de ce qui est à Christ, mais par voie de révélation comme montrant ce qui se rattache à la manifestation de Sa gloire. Tout cela est fondé (advienne que pourra) sur l’immutabilité de l’arche de l’alliance. C’étaient l’arche de l’alliance de Dieu et le temple de Dieu. L’Église repose sur cette fidélité assurée, mais c’est à Israël que ceci s’applique directement quoique en des images particulièrement symboliques.

Cela étant fixé, les voies et les desseins de la providence étaient alors révélés. Il parut un grand[49] signe dans le ciel. Comme la femme était pour l’homme, de même l’homme était par la femme ; et les choses étaient révélées ici, non dans leurs derniers résultats (cela est toujours la connaissance de l’Église, dans son privilège de communion, soit quant à la gloire de Christ comme homme, soit quant à Dieu tout en tous), mais dans leur administration en attendant, et en conséquence, nous avons ici l’homme par la femme ; pareillement dans d’autres types de l’Écriture. Aussi, quoiqu’elle nous apparaisse dans la gloire de Dieu d’abord, la voyons-nous bientôt dans des circonstances et nécessités diverses auxquelles, dans la sagesse et la justice de Dieu, elle était assujettie même jusqu’à prendre la fuite sur la terre. Ici, toutefois, elle est vue dans son titre de gloire dans le ciel. Le dessein de Dieu est dans l’Église ; mais Christ en est le grand sujet ; et, de fait, elle peut être sujette ici-bas à mille et mille vicissitudes, car le monde n’est pas réglé autrement que d’une manière secrète. Dieu peut la glorifier, mais la place de la femme est d’être sujette ; elle ne combat point, et ne le peut dans ce caractère. J’ai déjà mentionné ailleurs[50] que dans les types de l’Écriture l’homme exprime l’activité ou la chute de la foi, tandis que la condition de l’Église ou du peuple de Dieu (car dans ce sens l’Église est le nom pour exprimer une condition du peuple de Dieu, ce dernier nom étant employé dans un sens général), est représentée par la femme[51].

Nous avons à envisager ici le peuple de Dieu, comme dans Sa propre pensée, ou Son dessein, et en conséquence comme glorifié en cela ; toutefois, ainsi que nous l’avons dit, en venant aux détails des conséquences, c’est dans son administration qu’il est présenté, car c’est l’homme par la femme, et non la femme pour l’homme. L’une et l’autre de ces choses ont leur importance et leur place. De là, la femme apparaît revêtue de l’autorité suprême — l’éclat de l’autorité suprême, et toute lumière dérivée sous ses pieds[52] ; l’autorité dérivée, toute autorité subordonnée, étant sa couronne et cela dans la perfection. Ainsi elle est envisagée d’une manière abstraite, mais dans le dessein de Dieu avec tout ce qu’il y rattache, et tout ce que comprennent les desseins immédiats ou les plans de Dieu — Sa propre gloire et Jésus toujours la dernière fin. Et c’est de cette manière que tout finira, car c’est une vérité que αρχη της θεωρια τελος της πραξεως (le commencement de la théorie est la fin de la pratique).

Nous parlons ici en effet de Dieu rentrant dans Sa propre infinité, ce qui peut difficilement être appelé Son dessein[53] : — Christ, la gloire du Fils, voilà donc ce qui constituait le dessein ; mais ici, comme c’est de son administration qu’il s’agit, c’est la femme qui est présentée, tandis que l’homme est caché.

Si nous descendons dans les détails, nous trouvons le contraste le plus marqué : l’état le plus bas de la plus basse condition du peuple de Dieu — son état sous la loi enfreinte, et lui-même sous la domination de la dernière forme du mal gentil, quant à celle dans laquelle il se personnifie — celle sous laquelle Christ naquit ; et ainsi très convenablement. Car par le péché la gloire était renversée ; tout était renversé : le trône qui aurait dû être l’instrument de la justice de Dieu, instrument du meurtre de Son Fils, aux existences et à l’instigation (intercession si vous voulez) de Ses sacrificateurs, des chefs de Son peuple ! Quel tableau ! Si nous nous reportons à l’époque où les Juifs diront réellement : « L’enfant nous est né ! », nous verrons que c’est après le tout dernier mal et la manifestation de la toute dernière forme du dernier mal — le mal des derniers jours. L’Église le connaît maintenant, car elle a la pensée de Christ ; et nous sommes renouvelés en connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés.

Ce que nous trouvons ici, c’est donc le dessein de Dieu concernant la condition de Son peuple, mettant au monde Celui qui devait gouverner toutes les nations, et qui, au lieu de faire cela, est enlevé vers Dieu et vers Son trône, tandis que la condition de Son peuple reste exposée aux épreuves, à la misère et à la poursuite du grand ennemi qui avait attendu et cherché à dévorer le fils mâle à sa naissance. Toutefois il lui échappe complètement. Tel est le tableau général, qui jette beaucoup de lumière sur tout l’ensemble des détails. Si nous appliquons cela à Christ personnellement, alors l’accomplissement, quant au dessein céleste, quoi qu’Il puisse souffrir ici, en est suffisamment clair (la condition du peuple de Dieu étant la souffrance et en conséquence l’épreuve). Si nous l’appliquons aux saints qui sont vainqueurs ici, comme Il le fut, et auxquels il est donné de gouverner comme Il le reçut de Son Père, alors nous trouvons que, quoique le but de l’ennemi fût de les dévorer aussi, ils sont enlevés en haut hors de ses atteintes vers Celui qui était au-dessus de son pouvoir ; et l’épreuve et la persécution tombent sur ceux qui sont laissés ici-bas — sur la femme. Les détails de cela font le sujet de ce qui suit dans le chapitre. Après que l’enfant a été enlevé, la femme fuit. Ceci n’est accompagné d’aucun détail. C’est une description de la position des parties et cela avec toute la clarté possible, comme par la puissance et avec une précision divines. Il en est une dont jusqu’à présent je n’ai dit que peu de chose — cet autre signe (qui était opposé à la femme, à ce dessein de Dieu dans Son peuple), le grand dragon rouge. Son intention était de détruire le fils mâle sur le point d’être enfanté par la femme qu’il voyait dans les douleurs de l’enfantement, et contre laquelle il était rempli de haine de même que contre tout ce qui lui appartenait, car le dessein de Dieu et ses fruits étaient sa destruction. Il n’y réussit pas et tourna sa fureur contre ce qui, dans un certain sens, était laissé en sa puissance.

Que le dragon soit la puissance hostile de l’adversaire, il n’y a pas le plus léger doute à cet égard. Nous avons l’autorité de ce livre (chap. 20), que personne, je pense, ne niera, pour parler ainsi.

Si nous considérons la source de la puissance, elle est là ; seulement c’est sans la description qui lui donne son caractère formel. Ici le dragon était vu dans le ciel (c’est-à-dire, non pas dans ses formes providentielles et ses conséquences par la volonté de l’homme, mais selon que le Seigneur envisageait en lui sa volonté et sa puissance pour le mal) comme un tout, identifié quant à sa forme avec la bête (à laquelle il donnait sa puissance, il est vrai), sans être toutefois la bête, et sans être identifié avec elle dans les particularités de son caractère au dernier jour ; mais parfaitement la forme générique tout entière de la puissance de Satan en ce qui, à une période donnée, revêtait ce caractère. Il avait les sept têtes et les dix cornes, mais c’étaient les têtes qui étaient couronnées, et non les cornes. C’était Satan, en activité dans cette forme de puissance sous laquelle il contrecarrait — non pas simplement le dessein terrestre[54] parmi les Juifs, ou sous laquelle il attaque Jérusalem par un instrument terrestre, mais tout l’ensemble des desseins célestes[55] et la gloire de Dieu par Christ dans Son peuple. Et de là vient aussi que la mort de Christ, qui termina Sa carrière juive et terrestre, n’est point signalée ici, parce que les relations juives de Christ ne sont pas le sujet lorsque les choses sont vues dans le ciel. L’enfant fut enlevé vers Dieu et vers Son trône.

La queue du serpent, son influence morale — influence morale mauvaise — caractérisée par la forme de l’empire romain, les effets de sa puissance, et la religion dominante de l’état, renversa un tiers des gouverneurs établis par Dieu, et les réduisit à une position subordonnée.

Le résultat de cela à l’égard de la femme fut sa retraite dans la solitude et la souffrance, car on la voit ainsi en effet.

Ce sont là les parties en jeu. Le verset septième commence un nouveau sujet. Il y eut un combat dans le ciel. Ce n’était point le combat de l’Église, mais celui de la puissance divine ; non toutefois, cependant, dans l’énergie manifestée du Fils de l’homme, l’homme puissant, le fils mâle, mais dans les instruments plus secrets de Sa volonté, les ministères angéliques. Le combat de l’Église poursuivi dans la chair, se poursuit dans la souffrance et est soutenu contre l’accusateur par le sang de l’Agneau et par la parole de leur témoignage, lui étant toujours là et toutefois eux au-dessus de lui, comme un ennemi vaincu par Christ, misérables dans leur chair, et quant à elle dans sa volonté, lorsqu’elle opérait, sous sa puissance. Mais ici c’était la puissance de chasser en service pour Dieu — la question se posait si le dragon et les anges continueraient de demeurer là : « Et le dragon combattait et les anges, et ils ne furent pas les plus forts ; et leur place ne fut plus trouvée dans le ciel. Et le grand dragon fut précipité, le serpent ancien, appelé diable et Satan, qui séduit le monde habitable tout entier : il fut, dis-je, précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui »[56]. Alors vient la célébration de ce grand événement, et au treizième verset ce qui le suivit sur la terre : et le changement en tout cela est très important. L’appréciation que l’Église en fait dans le ciel, l’est aussi — « l’accusateur de nos frères »[57] ; dont les accusations et la puissance ont eu pour conséquence l’épreuve[58] et la persécution sur la terre. Ils n’ont point aimé leur vie, même jusqu’à la mort, l’ayant vaincu par le sang de l’Agneau et la parole de leur témoignage — une période, par conséquent, durant laquelle les saints souffrent et où Satan a sa place dans le ciel en autorité et puissance, et séduit le monde tout entier. À partir de ceci la victoire de Michel et de ses anges l’a précipité.

J’applique ici le même principe d’opération et de manifestation providentielle dans la crise que partout, et je n’en fais particulièrement mention ici, ainsi que de son application à la chute de l’idolâtrie, que parce que des interprètes modernes le rejettent complètement. Il ne s’agit pas ici de l’influence de Satan dans l’Église[59], mais de sa puissance dans le gouvernement du monde, bien qu’elle pût agir sur l’Église. Le raisonnement que l’on oppose à cette vue en disant qu’il y aurait accroissement de mal pour l’Église par le fait de la cessation de la puissance ouverte de Satan sur le monde, parce que l’Église serait par là enfoncée dans le monde, ne fait donc rien à l’affaire : car, pour ce qui me concerne, j’admets cela de la manière la plus complète, quoique je sois sûr que tout était sagement ordonné. Mais de même que l’établissement du pouvoir suprême en Nebucadnetsar, et la manière dont ce roi l’associa promptement avec l’idolâtrie imposée par ses décrets, fut quelque chose de très important dans le gouvernement divin dans le monde, ce pouvoir venant de Dieu (qu’Israël fût ou ne fût pas en question dans ce dernier acte), de même l’entier abandon de l’idolâtrie par la puissance gouvernante (car quoi que ce soit que l’homme fasse c’est à la conduite du pouvoir qui gouverne que Dieu regarde) était un fait de grande importance dans l’histoire du gouvernement de ce monde pour Dieu.

C’était la mise de côté du trône direct de Satan dans le monde ; car le fait que le pouvoir est entre les mains des Gentils, n’est pas le trône direct de Satan (il leur fut transféré par Dieu) ; c’est l’usage qui en est fait et le caractère qu’il revêt dans l’homme pécheur qui le fait trône de Satan. Cela peut se faire simplement par les passions, ou ce peut être par le culte direct de Satan et de ses anges, ou par le blasphème ouvert contre Dieu. La seconde de ces choses est le gouvernement ouvert de Satan depuis le ciel, considéré au point de vue de la providence : cela eut lieu dans l’idolâtrie gentile. Il peut recouvrer secrètement ce genre de gouvernement par ce qui est appelé l’Église[60] : mais la chose elle-même n’a jamais été restaurée. Il me semble que c’est là une très claire et très importante distinction dans l’exercice de la puissance de Satan que nous ne pouvons pas négliger sans laisser une lacune dans notre connaissance de la pensée de Dieu, et en conséquence sans que le fil en soit perdu et l’Église égarée. Prenant cet événement à ce point de vue, il se rattacherait au cours providentiel des choses que l’Église comprend dans le ciel bien qu’il ne soit pas encore manifesté extérieurement ; et la période qui en résulte serait une période d’années, la période étant celle durant laquelle elle est nourrie là, et non la date de sa fuite en vue de ce dessein providentiel. Ces choses sont données généralement dans ce qui les caractérise, et non dans leurs dates, parce que c’est une suite de principes développés progressivement, quoique parfois des faits puissent avoir des dates particulières. Pour ce qui concerne les événements qui ont réellement lieu dans la crise, les faits sont tout simples et manifestes[61].

Il y eut un combat dans le ciel. Michel, l’archange, et ses anges combattirent, et aussi le dragon ; et le dragon fut chassé du ciel, chassé entièrement et finalement hors de cette place d’autorité et de puissance qu’il avait occupée comme gouvernant le monde — « les dominateurs des ténèbres de ce siècle ». Quant à savoir qui est Michel, Jude fait mention de cet être exalté comme contestant avec le diable, et Daniel en parle comme du grand prince qui tient ferme comme chef de la puissance providentielle en faveur du peuple juif, l’objet central de la providence dans l’arrangement des nations. Je ne vois pas qu’il soit révélé que c’est Christ[62] sous un nom mystique, mais c’est certainement l’agent direct supérieur des desseins providentiels de Dieu, et par conséquent l’instrument immédiat de Sa faveur envers Son peuple dans ce caractère-là. La notion relative à un ordre d’archanges n’a pas de fondement dans l’Écriture[63]. Il est parlé de sept anges qui se tiennent devant Dieu. Mais Satan fut chassé finalement hors du ciel, et il fut annoncé que le salut, la force et le royaume de notre Dieu et la puissance de Son Christ étaient venus ; et la raison — que l’accusateur des frères était précipité. Satan, dans son caractère d’anti-sacrificateur, n’avait pas cessé d’accuser les frères ; mais, quoique dans le cours de Ses voies envers les saints, durant ce temps d’épreuve, Dieu eut permis même qu’ils fussent mis à mort ici-bas, toutefois ils avaient réellement vaincu là leur ennemi, quant à toutes les questions que Satan pouvait soulever devant Dieu. Les accusations étaient sans valeur par le sang de l’Agneau. Satan ne pouvait renverser leur conscience ; et par la parole de leur témoignage ils maintenaient la vérité et la justice contre lui comme le père des mensonges. De sorte que, en même temps que le grand souverain Sacrificateur assurait leur cause en haut, Satan comme menteur et accusateur qui cherchait à tromper, était déjoué et vaincu ; comme meurtrier, on lui était assujetti jusqu’à ce que Christ prît le pouvoir, et que, lui, il fût chassé. On peut voir dans le livre de Job de quelle manière les accusations et les persécutions sont rattachées les unes aux autres. Là-dessus, ceux qui habitent dans le ciel — car c’est là le terrain et le lieu de l’inimitié et du combat (voyez Éph. 1 ; 2 et 6) — sont invités à se réjouir, car ce combat est fini. Christ, comme le grand souverain Sacrificateur, avait pu les soutenir dans le combat avec l’accusateur. Mais à présent le combat[64] était terminé. C’est là évidemment ce qui concernait l’Église dans cette affaire comme identifiée avec Christ dans Son exaltation sacerdotale. Alors arrivent les malheurs sur les habitants de la terre et de la mer, car le diable qui n’est pas encore enfermé, mais qui est chassé du ciel, est descendu en grande fureur, sachant qu’il n’a que peu de temps.

Le second paragraphe de ce chapitre finit ici : le premier au verset 8 où les parties, comme nous l’avons vu, sont présentées dans l’idée originale et le dessein de Dieu ; ici ce sont les actes pour délivrer le ciel de la puissance de Satan, et ce qui en résulte pour l’Église, qui, à proprement parler, est assise dans les lieux célestes (et aussi pour tous les saints célestes) ; ensuite, verset 13, ce que fit le diable précipité sur la terre, après qu’il eut été chassé du ciel.

Désormais le dragon a perdu sa place. Il ne peut plus gouverner le monde, comme depuis là, comme son prince et son Dieu : mais il vient comme un malheur et un jugement de la part de Dieu sur ceux qui habitaient sur la terre, et n’avaient pas suivi l’appel céleste où il était alors ; et il est en grande fureur, parce qu’il n’a désormais que peu de temps. Sa haine pour Celui[65] qui avait ainsi jugé s’exerce contre tout ce qui a quelque connexion avec Lui dans la nouvelle sphère de sa malice. Il ne peut plus accuser les frères, il persécute la femme. Et dans cette période, sur la terre, la femme est le peuple juif reconnu de Dieu, la femme qui a enfanté l’homme (car cela était vrai de l’économie juive à l’égard de Christ, envisagé dans Son titre à la puissance sur la terre — « l’enfant nous est né »). Mais ici il est donné force et vitesse à la femme de la part de Dieu ; mais seulement pour fuir dans le désert où elle est nourrie pendant la période assignée, qui est pour la dernière crise de trois ans et demi ; car, durant cette période, la cessation de la puissance du dragon ne donnait pas lieu à son retour.

Le dragon prend ici le nom de serpent, comme ayant la forme de la subtilité, de l’artifice et de la malice, « le serpent ancien qui est le diable et Satan ». C’est, remarquons-le, l’inimitié du dragon et du serpent qui est décrite là, et non le malheur qui fond sur la terre : ceci est réservé par un récit plus détaillé dans ce qui suit, au moins quant à la partie importante pour l’instruction de l’Église dans son passage à travers cela. Et je dois faire remarquer ici de quelle extrême importance c’est pour nous de rattacher les événements et les agents du temps de la crise, dans leur principe, leur caractère et leur progrès, avec ce qui se passe et les agents à l’œuvre autour de nous, sinon tout l’effet moral et toute l’utilité en sont perdus pour l’Église. L’Église n’est nullement, j’en suis convaincu, sous l’action de ce malheur, dans la crise finale. C’est sur la terre, pour le peuple juif, que ce Fils est né : pour nous, nous appartenons au ciel d’où Satan est chassé. Mais, par le fruit parvenu à sa pleine maturité à cette époque-là, comme les chapitres suivants le développent d’une manière plus pleine, nous apprenons la nature et le caractère actuel de l’arbre qui le porte, ainsi que Dieu décrit l’homme par ses fruits en Romains 3, bien que tous les hommes n’en aient pas porté de pareils. Et par là je puis juger mon propre cœur et connaître ce qu’est l’homme. Et si le dernier apostat n’est pas révélé encore, il n’est que le chef d’un système dont la révélation que Dieu donne de lui, comme son fruit plein et parfait, me fait connaître la sève et la nature intime. Quoique le serpent ne pût pas vaincre la femme dans la guerre (car Dieu la préservera, non par l’homme puissant, mais par la fuite ; et là fut arrêtée sa puissance directe ; car la puissance céleste vient en aide à la femme), toutefois il se sert des ressources qu’il a, et jette de sa bouche, comme un déluge, ces eaux animées de son énergie. Je supposerais, d’après l’explication donnée dans ce livre des eaux envisagées comme sur la terre, que c’étaient des armées de peuples directement sous l’influence morale de Satan, coulant de sa bouche, expression de sa pensée et de sa volonté.

Mais la terre — la scène de l’action providentielle et prophétique de Dieu — aida la femme par quelque intervention providentielle (car ce que Dieu nous enseigne ici, ce sont les faits de l’activité de Satan, et non ceux de la providence dans l’histoire) et engloutit et réduisit à rien cette action de Satan : elle fut complètement déjouée. Et alors il s’en alla faire la guerre contre le résidu de la semence de la femme, les Juifs pieux qui pouvaient rester exposés à ses atteintes, qui gardaient les commandements de Dieu et avaient reçu le témoignage de Jésus Christ — car c’est là, je crois (car je parle ici de la crise finale) ce que feront les Juifs, c’est-à-dire le résidu. Mais je ne dis pas davantage qu’un témoignage prophétique ; car « l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus ». Le dragon (car maintenant il n’est pas parlé de lui dans son activité subtile, mais il est de nouveau considéré dans son caractère et son action dans la sphère et le caractère de la puissance) fut irrité contre la femme qu’il ne pouvait pas toucher, et s’en alla faire la guerre, user de violence, contre le résidu de sa semence.

Nous avons donc, dans ce chapitre, un exposé très clair, non pas des détails des faits historiques, mais de la pensée, des voies et des desseins de Satan concernant le dessein de Dieu quand il commença de se déployer ; car, en tant qu’accompli, il est bien clair qu’il ne saurait y toucher. Quoique j’aie peu de doute dans mon esprit à l’égard des événements dans lesquels ces plans de Satan se manifestent d’une façon particulière, je n’y suis entré que fort peu ici, parce que Dieu s’occupe plutôt ici d’instruire l’Église sur ce que ces plans sont, que sur la manière dont ils s’accomplissent, sauf pour ce qui est d’en présenter les agents séparément : et si nous ne sommes pas contents d’être instruits comme Dieu trouve bon de nous instruire, il vaut mieux ne pas apprendre du tout. À l’égard de l’Écriture, mon désir est, non pas d’expliquer, mais de recevoir, et en communications, de dire ce qui s’y trouve, et non d’ajouter à ses pensées. Cela peut sembler une distinction bien légère, mais l’effet de la différence se verra bientôt en ce qu’on s’attachera à faire des systèmes au lieu de profiter réellement par l’instruction divine.

Le chapitre renferme trois parties distinctes. D’abord, les agents ; la femme qui dans le dessein de Dieu doit être délivrée d’un fils mâle (le dépositaire de la puissance terrestre pour gouverner les nations) ; le dragon prêt à dévorer Celui dont il connaissait en partie la naissance et le caractère (car l’Écriture disait cela) et dont le prompt enfantement était maintenant manifeste. Le résultat est que le fils mâle, au lieu d’agir immédiatement en puissance, est caché, mais au siège même de la divinité et de la puissance, et que la femme s’enfuit. Voilà les positions des agents directs. Puis vient la seconde partie dans laquelle la question est entre la place du dragon dans le ciel, et la puissance de Dieu exercée par les anges (« ses anges puissants en vertu ») ; et le dragon perd sa place dans le ciel (lui qui avait séduit tout le monde), et il est précipité sur la terre, non pas proprement le monde. C’est là tout ce qui est positivement déclaré dans cette portion du chapitre, car il s’agissait du gouvernement des nations. Mais alors, cela amenait secrètement un changement d’une extrême importance dans une autre chose bien moins manifeste dans le monde — l’Église, ceux qui habitent dans le ciel, les frères. C’est de cette manière que le ciel était affecté par cet événement. Le salut, la puissance et le royaume de notre Dieu et le pouvoir de Son Christ étaient maintenant venus[66], non pas en puissance jusqu’alors. Il y avait sur la terre quelque chose qui était caché au monde, qui n’était pas compris, pas plus que l’était Christ, l’Église aux pensées et affections célestes qui comprend la principale et la plus importante intention de Dieu dans ces choses (ce qui Lui était le plus cher, si je puis m’exprimer ainsi). Il y avait un témoignage à toute la gloire de Christ sur la base et le principe de la sainteté de Dieu dans le ciel, en tant que marchant dans la lumière comme Il est dans la lumière, ayant communion les uns avec les autres, le sang de Jésus les purifiant de tout péché, tout le temps que Satan se trouvait dans les cieux entraînant la troisième partie des étoiles — le dominateur des ténèbres de ce siècle — un peuple qui marchait, il est vrai, sur la terre, mais en esprit, de droit et par sa nature, selon qu’il lui avait été donné, habitait dans le ciel ; leur Tête étant exaltée au-dessus de Satan, même devant Dieu, et qui avait souffert et répandu Son sang pour eux, quoiqu’Il n’eût pas encore pris Son pouvoir, ce qu’Il n’a pas fait encore à présent (« toutes choses ne Lui étaient pas encore assujetties ») ; en conséquence, Satan pouvait tourmenter ce peuple. Satan l’avait constamment accusé devant Dieu, en raison de leurs manquements, ou même d’une manière tout à fait fausse, afin de les bouleverser, de les troubler, et d’empêcher leur assurance avec Dieu ou leur témoignage pour Dieu. Cette lutte et ces accusations prenaient fin par le fait de l’expulsion de Satan des régions célestes de la puissance ; les cieux étaient nettoyés afin qu’ils pussent désormais annoncer Sa justice.

L’enlèvement réel des saints n’est pas mentionné ici parce que l’Église devait l’attendre toujours[67] et parce que les agents et leurs actes publics étant le sujet en question ici, l’Église (une avec Christ devant le Père, le mystère caché dès les âges et connu seulement par l’Esprit), ne l’est point[68] comme nous l’avons vu continuellement ; mais comme les actes affectent les frères envisagés dans leur condition ici-bas, ils sont signalés à cause que ceux-ci doivent régner avec Christ dont le pouvoir était venu.

L’Église unie à Christ et intéressée en Lui comme son Avocat et son Sacrificateur et tous ceux qui étaient associés avec les cieux, étaient maintenant délivrés. La question était donc entre la fureur du dragon contre ceux qui constituaient la scène spéciale de la royauté de Christ, et la puissance de ce Christ qui maintenant était venue : l’épreuve de l’Église avait cessé. Le gouvernement des nations par le fils mâle étant le sujet, tout ce qui se passait dans l’Église à cet égard est passé sous silence ; seulement le dragon reste dans le ciel, Christ ne se saisissant pas de Sa royauté : quand Il s’en saisit le changement est signalé. Ensuite, quoique venu, le pouvoir n’est pas cependant immédiatement exercé (c’est-à-dire, sur la terre, car les cieux sont déjà nettoyés). La question s’élève donc pour la femme sur la terre — question de royauté et de puissance. La sphère de cette royauté et de cette puissance en Christ étant nécessairement haïe mais délivrée[69], et la haine et l’animosité de Satan étant alors dirigées contre le résidu de ceux qui étaient fidèles à la lumière qu’ils avaient, garder les commandements de Dieu et avoir le témoignage de Jésus, avoir la lumière là, était l’esprit de prophétie[70].

Suivent les opérations providentielles effectives dans lesquelles ces choses sont accomplies. Pour ce qui est de la position et de la condition des habitants de la terre (dont nous avons entendu parler seulement jusqu’ici) durant cette période, malheur trois fois répété (le second comprenant aussi la vaste masse confuse des peuples, les habitants de la mer).

Nous avons à remarquer en outre, que, du moment que les saints sont introduits dans leur position et leur caractère propre, souffrant tandis que Satan est dans les cieux, l’Agneau est aussitôt introduit avec Son salut, Sa force et Sa joie, et leur victoire célébrée en haut. C’est l’association naturelle des saints, comme tels — communion avec le crucifié : et en conséquence, si même rien que deux ou trois saints se trouvent dans leur véritable position, c’est avec l’Agneau qu’ils sont associés[71]. On se souviendra que dans toute la partie historique il n’a pas été fait mention de l’Agneau : c’est la providence qui était alors en jeu, et l’Église était, pour ainsi dire, cachée. Dans le cours de l’histoire extérieure, c’est là sa relation véritable — comme Pierre la décrit, faisant bien, souffrant pour cela, et l’endurant patiemment. L’Agneau marchait à leur tête dans ce chemin à leur joie ; en même temps que, pour ce qui concerne l’accusation, Son sang leur donne accès au trône sur lequel Il est.

Cet exposé que fait le chapitre 12 de l’autorité du dragon présentant la pensée de Dieu dans le trône sur elle, le combat par lequel il est chassé des cieux, du gouvernement, et sa conduite sur la terre lorsqu’il y est précipité, était une introduction parfaitement convenable à l’histoire de son développement et de ses actes dans ses instruments humains ; afin que l’Église pût en connaître, non pas simplement l’histoire extérieure sur la terre, mais la signification, la force, la véritable nature dans sa toute première origine, dans le principe de ses faits, en Satan, sa position, sa puissance et ses actes relativement aux desseins de Dieu. Il a trait à la question du gouvernement des nations (c’est-à-dire à Christ, comme gouvernant les nations, ainsi qu’Il fera avec les saints), et fait voir la position relative des parties (pendant que le fils mâle est enlevé vers Dieu et vers Son trône, ou pas réellement en scène) d’abord dans le ciel, et en conséquence (le mal cessant, quand le dragon est chassé, d’affecter les saints des lieux célestes) présentées ainsi[72] en passant, lorsque leur position a changé ; et ensuite, sur la terre comme affectant les Juifs durant la période dans laquelle le dessein de Dieu (et par suite ceux qui y sont intéressés, comme un corps) fuit, en conséquence des actes du dragon, dans le désert où ils sont nourris par Dieu (c’est-à-dire, non pas selon l’ordre réglé par l’alliance pour la bénédiction, d’une manière apparente, conformément à une relation manifeste, mais par Dieu souverainement comme tel). Tout ce temps donc où Satan prévaut dans le ciel d’abord, ou sur la terre, est le temps où la relation de Dieu avec Son peuple est cachée, et semble même une chose indifférente et oubliée. Toutefois, l’objet de ces relations devient visible lorsque la terre vient en question, et que la femme, quoique persécutée ou en fuite, est vue sur la terre (le corps juif comme tel en connexion avec sa place et ses promesses, bien que non accomplies). Bien des psaumes ont trait à cela — ceux dans lesquels le terme Dieu et non pas Éternel est employé pour exprimer la relation avec le souverain.

Les saints peuvent être unis à la position du fils mâle lorsqu’ils sont enlevés de là et pris à Christ ; mais la grande manifestation éclatante du premier sujet du chapitre eut lieu lorsque Christ Lui-même disparut d’ici-bas. Tout dans le chapitre, sauf ce fait qui donne à tout le reste son véritable caractère, n’est que l’exposé des principes et de la position respective des parties. Il peut y avoir, par conséquent, quelque intervalle de temps entre l’enlèvement du fils mâle et les actes subséquents du Seigneur ; car aucune indication de temps n’est rattachée à cela : les faits sont repris, ou quant aux résultats, commencent avec le combat dans le ciel. Ce combat est manifestement accompli d’une manière réelle et finale lorsque Satan est chassé (fait qui est le commencement, dans leur source[73], des tout derniers événements par lesquels est changée la position des saints des lieux célestes, et aussi lorsque les derniers événements sur la terre relatifs aux Juifs commencent à se dérouler). Là-dessus, les agents providentiels, en tant que c’est de ce qui constitue moralement la terre prophétique qu’il s’agit, et, en conséquence, les animaux, entrent en scène, comme nous l’avons dit, à ce moment-là.

Maintenant l’apôtre retrace aussi depuis son origine, les circonstances terrestres de la puissance par laquelle Satan agit[74] ; et, comme dans le chapitre précédent, il nous présente d’abord d’une manière caractéristique le sujet de la prophétie. Il ne s’agit pas ici de dessein nécessairement, mais de fait. De la masse agitée de la population, Jean voit monter une bête. Maintenant ce n’était pas une vision dans le ciel où se poursuivaient les secrets desseins, mais sur la terre où se produisent et agissent les instruments de ces desseins ; ici, ce n’est pas le dessein, mais le fait.

Tout le caractère de la bête, du commencement à la fin, se voit ici, mais on la suit jusque sous sa dernière forme en laquelle, par conséquent, elle a son activité. Cela nous rend capables de reconnaître constamment la bête, et la présente sous l’empreinte du crime qui s’est attaché à elle (à lui, le dragon) dès le commencement, ou qui a signalé le cours de sa longue carrière, quelle que soit l’iniquité effrénée qui se montrera en elle à la fin. On la voit donc surgir de la mer ayant toutes ses têtes et ses cornes : sur ses têtes des noms de blasphème — elle les portait haut sur son front ; et les couronnes étaient sur ses cornes, ce qui était sa dernière forme (la puissance impériale à l’état de division). Je ne vais pas plus loin à l’égard de ce trait, que de dire qu’il est bien nettement caractéristique ; car, s’il était poussé plus loin, quant aux détails, et comme il sera à la fin, nous devions avoir, en supposant l’identité[75], conformément à l’interprétation ordinairement donnée des bêtes, trois des cornes tombées. De plus, cette bête réunissait en elle les caractères des trois autres bêtes de Daniel, mais surtout du léopard grec, quoique ravageant et inspirant la terreur comme la première. À cette bête le dragon donne (il ne l’avait pas formée, elle est prise comme un fait existant) sa puissance, son trône, et un grand pouvoir. Maintenant, je n’ai aucun doute qu’elle est pleinement manifestée, et exerce positivement toute son activité depuis la fin du chapitre précédent (chap. 12), quand, sous sa dernière forme, elle fera l’œuvre de Satan dans le siège de sa puissance. Mais, comme ces chapitres nous donnent les éléments des choses, la bête nous a été présentée du moment même qu’elle sort de la mer ; et, tout ce qu’elle fait ainsi caractérisé[76] lorsqu’elle est formée, vient sous cette désignation qu’elle occupe le trône et exerce le pouvoir de Satan. Ce pouvoir sera exercé selon le caractère de la place où Satan se trouve, le ciel ou la terre, l’un et l’autre la scène du combat, à l’effet de savoir si Christ et Ses cohéritiers doivent posséder la création de Dieu, ou si Satan la gardera du droit de la chute et du péché du premier Adam, la grande question agitée concurremment avec la rédemption spéciale de l’Église. Sans doute, quand c’est sur la terre que le combat a lieu et que la puissance de Satan s’exerce, c’est d’une nature plus précise et plus formelle, mais ce n’est pas nécessairement d’une importance plus grande. Et je ne puis voir non plus pourquoi le combat pour la délivrance du peuple terrestre et de l’héritage, aurait une importance exclusive ou même plus grande, plutôt que ce qui est du ciel où se décident la victoire et le sort des héritiers, quoique ce soit d’une nature plus secrète et connu seulement de l’Église. Toutefois, il faut se souvenir que ce par quoi Satan trouble l’Église pendant qu’elle est ici-bas, est ce par quoi il tient le monde. Voilà donc le grand fait caractéristique que nous avons ici relativement à la bête ainsi formée : elle occupe la place du dragon.

Je puis ajouter que je tiens la bête pour être simplement et évidemment l’empire romain.

Le second trait caractéristique de la bête était la destruction et la guérison de l’une[77] de ses têtes ou formes de gouvernement. Ceci, remarquez-le, était postérieur[78] et non antérieur au don que le dragon lui avait fait de son pouvoir. Et toute la terre fut dans l’admiration de la bête. L’empire romain et sa puissance concentrée devinrent sur la terre l’objet de leur admiration, et s’emparèrent de leurs pensées. Et ils rendirent hommage[79] à cette puissance infidèle et à cette inimitié contre Dieu qui avaient donné pouvoir à la bête. La forme sous laquelle cela se montrait en l’homme, était la poursuite de sa volonté propre, en rejetant simplement la pensée et le principe de l’obéissance. La forme que cela revêtait ou avait dans cette histoire-ci, était le pouvoir prédominant de l’empire romain, non dans son apostasie, mais dans sa volonté propre[80] et son propre agrandissement — la puissance de Satan, sans rapport à Dieu — comme l’exprime l’apôtre : « le train de ce monde, le prince de l’autorité de l’air, l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ». Que cela aboutisse à la fin à quelque acte formel public, c’est comparativement de peu d’importance, sauf comme acte public qui amène ouvertement le jugement. Ils rendirent aussi hommage à la bête, l’honorèrent comme le lieu, le possesseur, le dépositaire de la puissance (Dieu étant ainsi réellement mis de côté). Le trait caractéristique était ici l’orgueil et le pouvoir personnel : « Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ? ».

Il me semble qu’il y a ici une analogie ou un contraste en mensonge, avec le don de la puissance et de la gloire, au Fils par le Père. Le monde est suspendu à l’éblouissante influence de cette gloire et de ce pouvoir, et les prend comme ce qui occupe la seule place de la puissance au milieu de lui, mettant en réalité, ainsi que nous avons dit, Dieu dehors — « afin que l’héritage soit à nous ». Et ils s’attachent à ce pouvoir pour le tenir et le garder dans la volonté humaine — ouvertement, en apparence l’homme, secrètement Satan : de même que ouvertement (ou quant à ce qui sera manifeste) ce sera Christ, et d’une manière cachée (c’est-à-dire, pour ce qui n’est pas manifestation personnelle, sauf par le Fils) le Père. Et le monde honora le pouvoir caché et le pouvoir manifeste comme nous devons honorer le Père et le Fils, sauf que, pour ce qui nous concerne, nous le faisons dans la connaissance de leurs personnes. C’était une fausse anticipation en artifice et en puissance, par notre méchanceté, de ce que nous reconnaissons en principe maintenant, et qui sera pleinement manifesté dans la puissance milléniale.

Jusqu’ici nous avons eu le fait et l’action de Satan en cela.

Nous avons donc l’énergie du mal telle qu’elle est conférée à la bête, la bête étant ainsi constituée et établie en autorité par Satan et ayant à sa disposition la place de Satan. Il lui est alors donné pouvoir de montrer toute sa volonté et ses pensées et d’agir pendant telle durée ; car toutes ces choses sont réglées, les versets 5 à 8 présentent cela avec les conséquences qui en résultent. Par conséquent, nous avons ici ce qui était fait par la bête, comme auparavant ce qui était fait à la bête, et relativement à la bête, soit par Satan, soit sur la terre. D’abord il est donné à la bête une puissance excessive d’orgueilleuse présomption : « elle proférait de grandes choses » ; ici, ce ne sont pas des actes, mais des paroles pleines d’orgueil : c’est son caractère ; puis des paroles injurieuses contre d’autres, découlant de cet orgueil — des blasphèmes ; et elle devait poursuivre ainsi, pratiquer, agir, pendant la période caractéristique de quarante-deux mois[81]. Quand nous arrivons à l’emploi littéral de l’expression, la période est terrestre et littérale. C’est ainsi, d’un autre côté, que ceux qui habitent dans le ciel, habitent dans le ciel à la lettre. Il ne s’agit pas simplement de leur caractère mystique ; autrement il est clair que ce seraient là les mille deux cent soixante années ; et ceux qui habitent dans le ciel sont dans ce cas, le résidu aux pensées et affections célestes. Vient ensuite l’application de ce caractère de la bête à ses fins : « elle ouvrait sa bouche en blasphème contre Dieu ». Ici ce n’est pas simplement apostasie : ce pouvait bien être là sa carrière, de fait sur la terre, niant précisément le Père et le Fils ; mais ici c’est son caractère formel sous le pouvoir de Satan. Elle blasphémait le « nom » de Dieu, au lieu de reconnaître sa source dans le siège de la puissance — « et son habitation », c’est-à-dire, la présence de Dieu parmi les saints, comme dans le désert, leur lieu céleste, car c’était bien cela (le tabernacle n’était pas le désert, et le temple ne l’était pas non plus, comme on le voit chapitre 21, 22 ; le corps juif était conduit dans le désert ; dans la gloire manifestée et permanente, le Seigneur Dieu et l’Agneau sont le temple). Mais c’était le tabernacle ou la tente de Dieu, et le lieu très saint et le lieu saint y étaient compris. Elle blasphémait cette habitation céleste de Dieu avec les saints[82] ; elle voulait avoir la terre, l’héritage, à sa propre disposition : c’était là une preuve qu’il y avait un pouvoir au-dessus de tout cela. Elle blasphémait aussi ceux qui étaient caractérisés par cette habitation — ceux qui habitent au ciel, les saints des lieux célestes. C’était là, pour ce qui concerne les choses célestes, ce qui caractérisait l’Église qui est assise dans les lieux célestes. En outre, il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre sur la terre. Quant à Satan, ils l’avaient vaincu, voyez chapitre 12, 11[83] ; mais dans la période extérieure actuelle, la bête était victorieuse et prévalait contre les saints. Il ne s’agit pas ici toutefois de mort individuelle, mais de prépondérance, comme dans le chapitre 12, 11. Mais elle avait la victoire sur la terre, car elle n’était pas encore rachetée ni revendiquée par Christ. Cela est aussi vrai relativement (en dedans de la sphère de la bête) à la longue période prolongée d’années, et sur la terre[84], durant la crise au milieu du peuple juif[85]. Le trait caractéristique suivant était que : « il lui fut donné pouvoir sur toute tribu et peuple et langue et nation ». Cela encore était caractéristique. Elle devait être le pouvoir dominant sur la terre, s’arrogeant et donnant l’autorité sur les diverses nations assujetties.

Un autre point, qui n’était pas précisément caractéristique comme lui étant donné, mais une conséquence, un fait résultant, se rattachait à cette manifestation. Tous ceux qui habitent la terre lui rendraient hommage. Nous avons déjà signalé le caractère de ces personnes — ce sont des gens qui, vivant en dedans de la sphère de l’application de la Parole et de sa lumière, la scène positive de l’action et de la révélation de la providence morale de Dieu, n’ont pas leur πολι τευμα εν τοις ουρανοις, n’habitent pas dans le ciel, et comme étrangers et pèlerins ne cherchent pas une patrie, mais « habitent sur la terre ». Ceux-là n’étaient pas écrits (car telle était la sécurité des autres) dès la fondation du monde dans le livre de vie de l’Agneau immolé — pas caractérisés, non seulement par le livre de vie, mais par les souffrances[86] du Saint, avec lequel ils étaient associés comme étrangers et pèlerins : « Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende ».

Un grand principe est rattaché avec toute cette opération et ce caractère de la bête sur la terre : « Si quelqu’un mène en captivité, il ira en captivité » ; ainsi en sera-t-il de lui ; mais Dieu ne se départira point de Ses principes. Celui qui se sert du pouvoir pour opprimer, sera opprimé : le Seigneur le jugera, où que ce puisse être ; « si quelqu’un tue avec l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée ». La part des saints est de souffrir, d’endurer la continuation du mal pendant que le Seigneur le permet et qu’il lui est donné puissance. Si les saints agissent selon ses principes et se vengent eux-mêmes ici, ils doivent en souffrir les conséquences ici : « Ceux qui prendront l’épée, périront par l’épée ». Souffrir patiemment est la place des saints, comme celle de Christ[87]. Ils ne doivent pas prendre le caractère de la bête, parce qu’ils souffrent sous elle : ce serait combattre contre le gouvernement providentiel de Dieu, qui la laisse se comporter ainsi. Le livre de vie est le livre de vie de l’Agneau immolé.

Telle était la grande puissance séculière reconnue en rapport avec le dessein et les plans de Dieu durant ce temps-ci — à laquelle le trône et le pouvoir de Satan étaient donnés. Ce n’est point là du tout la description d’un Antichrist personnel, mais la description caractéristique de la puissance collective de la bête. La blessure mortelle de l’Antichrist, par exemple, ne fut jamais guérie. La hâte avec laquelle on applique certains passages à un objet (parce qu’il peut y avoir d’autres passages qui prouvent qu’il existe un rapport intime entre le sujet des premiers avec cet objet) est souvent cause que nous perdons une grande partie de l’instruction que nous retirerions de la Parole de Dieu, et empêche de poursuivre ce rapport ceux qui ont saisi les portions négligées, qui maintenant sont toutes mises de côté, parce qu’une partie absorbe particulièrement l’intérêt. La terreur du jour de l’Antichrist n’est pas un trait caractéristique du saint qui a, me semble-t-il, conscience de son union avec le Seigneur et de son rassemblement avec Lui, ce qui le met au-dessus de la terreur du pouvoir de l’Antichrist, ou du jour du Seigneur contre lui.

Nous avons eu le signe de Satan comme le dragon dans le ciel, un secret pour l’Église, pour ceux qui voyaient les choses là.

Nous avons eu la bête montant de la mer (des mouvements tumultueux des nations, de la masse des peuples) et, ainsi formée, Satan lui donnant sa puissance, son trône et une grande autorité. Maintenant, de la scène régulièrement organisée de la providence morale de Dieu, le lieu propre de la lumière et des ténèbres, la terre, nous voyons monter une autre bête. Par la forme de la puissance elle était semblable à l’Agneau ; mais elle prenait la ressemblance de Sa puissance ; toutefois, son langage, sa voix, l’expression qu’elle donnait d’elle-même, sous cette forme de puissance, était semblable au dragon, la grande puissance hostile de Satan lui-même, prévalant sur les étoiles du ciel, et persécutant sur la terre : singulière et bien étrange combinaison ! — la ressemblance de la puissance de Christ, quant à la forme — de Christ dans Sa puissance royale comme Messie (qui toutefois avait été l’Agneau rejeté) (ce n’était pas la ressemblance du Fils de l’homme ouvertement) ; mais l’expression du caractère de Satan quand elle parlait. Nous avons encore apparaissant comme une bête, un pouvoir oppresseur collectif, comme tel, quoique, en un certain sens, un individu puisse en exercer réellement l’autorité[88] ; mais ce n’est pas la force du symbole « bête ». Le pouvoir ainsi concentré est plutôt une corne, bien qu’il puisse y avoir entre elles une étroite connexion. Celle-ci ne mettait pas de côté l’existence de la première bête, mais elle était d’une autre nature ; toutefois « elle exerçait tout le pouvoir de la première bête » devant la première bête, en sa présence — encore une position bien singulière. Son pouvoir, cependant, n’est pas, comme tel, sur des tribus, des langues et des nations, mais est localisé et agit sur les esprits des hommes par l’influence qu’il exerce sur ceux qui y sont soumis — non pas en s’assujettissant séculièrement les nations. Elle amène la terre et ceux qui y habitent, à rendre hommage à la première bête ; mais à lui rendre hommage comme portant ce caractère-ci : « dont la plaie mortelle avait été guérie »[89]. C’est dans cette condition restaurée ou sous cette forme de suprématie gouvernementale de la bête qu’elle fait cela. Ce n’est pas aux cornes qu’elle fait rendre hommage, mais à la bête dont la blessure mortelle d’une de ses têtes avait été guérie. Tel est son caractère. Tout semblable à l’Agneau qu’il peut être dans la forme de sa propre puissance, il exerce le pouvoir de la première bête devant elle : voilà un point ; en voici un autre : il fait que la terre et ceux qui habitent en elle — les hommes aux pensées et affections charnelles — rendent hommage à la première bête dont la blessure mortelle était guérie : c’étaient là des points distincts ; car c’est tout le caractère de la chose qui est donné ici. Pour ce qui est de son action propre, il y a l’exhibition publique du pouvoir de jugement, comme s’il était de Dieu : ce n’était pas (ainsi que dans le cas des témoins) « le feu sortant de leur bouche », un témoignage vérifié par le jugement, mais « le feu descendu du ciel » à la vue des hommes — en apparence l’exercice des jugements de Dieu (comme fit Élie[90]) d’une manière extérieure. Tout cela, remarquez-le, est un pouvoir ecclésiastique ou spirituel — un pouvoir se rattachant faussement d’une manière ostensible aux choses divines, car c’est le mal — mais d’une manière ostensible, et vérifié aux yeux des hommes par des manifestations de puissance.

De plus, il fait sur la terre des miracles par lesquels il séduit ceux qui y habitent, dont nous avons vu si souvent le caractère, et les conduit à faire une image de la bête dont la blessure mortelle était guérie — ce grand système collectif ayant formellement une tête. — Il a le pouvoir de donner à cette image la respiration et ainsi en apparence de la vivifier pour exercer l’autorité suprême — non le pouvoir de tuer, mais de faire tuer ceux qui ne rendraient pas hommage à cette image. C’était là l’action de cette seconde bête, l’être spirituel ; ils avaient le pouvoir de faire cela. Il n’est pas dit qu’elle les faisait tous tuer, mais qu’elle avait le pouvoir de faire tout cela[91].

Mais elle opprimait dans les choses terrestres ; elle les obligeait tous à recevoir « la marque de la bête » (en signe de profession, de service, comme des esclaves) et ne permettait à personne d’acheter ou de vendre « sinon à celui qui avait la marque » ; ou si l’on avait « son nom » ce serait suffisant, quoique peut-être on ne fût pas ainsi réellement un esclave — ou bien encore « le nombre de son nom ». C’est-à-dire qu’une personne pourrait avoir dans ce système une position de chef, de gouverneur, et alors, quoique pas esclave de fait, il n’en aurait que d’une manière plus indélébile et plus intelligente le caractère empreint sur lui : le nom et le nombre du nom seraient là.

Je n’ai pas de prétention à de la sagesse — certes bien loin de là ; mais je trouve, si le Seigneur a en vue un sens pareil, que tradition, aussi bien qu’apostasie présentent le nombre de son nom. Comme je l’ai dit dans la note, il me semble que nous avons là, non pas les derniers actes du temps de la crise, mais le caractère des agents qui la préparent : nous verrons les résultats ci-après[92].

Ce qui, dans leur caractère, tient à leur nature et n’est pas subordonné, peut continuer et garder sa place durant la crise — par exemple, le blasphème ; car il était sur ses têtes, il faisait essentiellement partie de la bête, et n’était pas simplement un trait particulier de sa conduite. Elles sont comprises toutes deux dans le jugement qui clôt les derniers trois ans et demi ; mais la dernière ne s’y trouve pas exactement dans la même forme, mais, si je puis m’exprimer ainsi, dans un caractère extrêmement rétréci ; car les opérations morales qui précèdent la fin de la période critique, sont très différentes de la conduite avec les conséquences qu’elle a, qui remplit cette période, bien que les parties puissent être les mêmes et aient réellement juste le même esprit. Ici les caractères sont d’une portée beaucoup plus large, étant décrits ici avec étendue, comme constituant les desseins primitifs de Satan.

Suit le déroulement historique des voies du Seigneur, auquel succèdent des détails spéciaux sur les objets et le caractère de Son jugement. Comme je l’ai dit, au chapitre 15 un grand signe se voit de nouveau dans le ciel. La description des opérations secrètes et des instruments providentiels sur la terre est terminée. Suivent ici les miséricordieux effets de la grâce divine et de la puissance spirituelle avec le témoignage et le jugement d’une manière ouverte. La montagne de Sion est une modification de ce qui se voyait avant. Ce n’est pas encore le Seigneur revenu en jugement — alors Il est le Fils de l’homme. Et ici nous avons en conséquence de cela, la patience des saints sous le pouvoir prépondérant de la bête et de son image, et ensuite « bienheureux sont les morts », et le Fils de l’homme faisant la moisson de la terre. En outre, nous avons un cantique nouveau[93] chanté devant le trône et devant les anciens, cantique que personne ne pouvait apprendre que les « cent-quarante-quatre mille » ; de sorte que nous ne sommes pas séparés des lieux célestes, car ce trône était établi dans le ciel. Toutefois, Sion n’était pas la place du temple, mais la place de la royauté : mais, d’abord, de la grâce — la place de la relation en grâce de Dieu avec la terre avant que le temple fût bâti, où David avait préparé un lieu pour l’arche — en contraste avec Sinaï, le lieu de la loi pour la terre — d’où aussi la loi devait sortir en grâce de la ville du grand Roi, cette « Sion qui annonce de bonnes nouvelles ».

Ici donc, par anticipation du temps où le Seigneur Dieu et l’Agneau seraient le temple de la Jérusalem céleste, où en même temps la gloire de Salomon serait déployée sur la terre, se tenait un Agneau, conservant encore ce caractère, n’apparaissant pas encore dans celui de Fils de l’homme, mais tirant maintenant vers Sa royauté, vers la terre, toutefois associé avec Son peuple encore souffrant et avec le nombre parfait du résidu qui avaient le nom de Son Père écrit sur leurs fronts, la manifestation du caractère dont ils étaient ouvertement revêtus par l’effet de la grâce en rapport avec Lui[94]. Le grand trait qui les caractérisait était qu’ils s’étaient conservés purs. Ceux qui habitaient sur la terre, lisons-nous plus bas, s’étaient enivrés du poison de la fornication de Babylone, mais ceux-ci s’étaient conservés purs quoique Babylone ne fût pas encore tombée. Ils étaient rachetés d’entre les hommes, de la terre — un peuple particulier dans la puissance de leur vie, au milieu de ces professants, pendant que Babylone était debout — non pas le règne de Christ, ni la promulgation au large de l’évangile, mais la pureté, comme un petit troupeau sans souillure, suivant l’Agneau, le saint martyr.

Quoique le monde les ait peut-être méprisés, comme un peuple inconnu, toutefois leur résidu était trouvé ici assemblé dans sa parfaite plénitude, et comme Sion, ainsi que nous l’avons dit, était le lieu où se trouvait l’arche avant la construction du temple (et le temple était le type de la gloire établie), ainsi, nous les trouvons ici assemblés sur la montagne de Sion ; toutefois nous sommes encore en relation intime avec les lieux célestes, car le cantique nouveau est chanté devant le trône et devant les anciens. La moisson et les actes du Fils de l’homme sont postérieurs à cela et à la chute de Babylone. Ceux-ci sont rachetés de la terre (pendant que la terre[95] continuait, c’est-à-dire la terre telle qu’elle est décrite dans les deux chapitres précédents) pour être des prémices à Dieu et à l’Agneau[96].

C’est la première fois que nous trouvons cette relation formellement exprimée. Il me semble que cela se rattache à la fidélité pendant la corruption, pendant que l’œuvre médiatoriale de Christ était défigurée, corrompue, niée, comme la gloire médiatoriale est décrite par les termes : « le trône de Dieu et de l’Agneau »[97]. « Le Seigneur Dieu tout-puissant et l’Agneau en sont le temple », etc. Pareillement, dans la véritable épouse, mise en contraste avec la grande prostituée qui corrompait la terre par sa fornication, nous avons l’Église élue ou céleste (dont en conséquence il est parlé comme descendant du ciel) en contraste avec ce système terrestre qui se rattache avec les rois de la terre. C’est le Seigneur Dieu qui la juge. Les rois de la terre ont leur guerre avec l’Agneau. L’expression « prémices à Dieu et à l’Agneau » me semble impliquer séparation du mal de l’une (la prostituée), et souffrance par suite de la fidélité à l’Agneau, séparation de l’incrédulité des autres (les rois). Ils suivent l’Agneau où qu’Il aille, et sont sans tache devant le trône de Dieu. Ce n’est pas proprement dans la maison du Père[98] qu’ils sont reçus, comme identifiés avec Lui-même — comme cachés dans les lieux célestes. C’était la délivrance de cette corruption à l’égard du culte, qui formait une grande partie de la suite des sept messages de ce chapitre — une invitation générale publiquement adressée à tous d’entendre l’évangile éternel[99], annonçant le jugement sur les choses existantes et appelant pour véritable culte à reconnaître Dieu dans la suprématie de Son administration variée, comme la source de toutes choses. La connexion de l’heure de la venue de Son jugement avec l’appel au véritable culte, suppose un évangile prêché au milieu de l’apostasie et de la corruption avant le jugement. Je crois que ceci commença en principe[100] à la Réformation (bien qu’elle n’en fût en aucune manière l’accomplissement), et que ce ne sera pas accompli jusqu’à ce que le témoignage à tous — savoir aux nations païennes — soit accompli. Le trait frappant, c’est l’annonce que l’heure du jugement de Dieu est venue[101]. Le messager suivant annonce la chute de Babylone. Les détails de cette chute nous sont donnés d’une manière plus complète plus loin ; mais c’est d’une grande importance de trouver sa place dans la suite des événements, et c’est ce qui nous est donné ici. La bête et son image continuent encore, mais maintenant les choses touchent à la fin ; suit en effet l’avertissement : « Si quelqu’un lui rend hommage, il boira du vin de la fureur de Dieu, versé sans mixtion dans la coupe de Sa colère ». C’est donc ici le lieu de la patience et de la foi pour les saints, se tenir entièrement à part de tout rapport avec la bête ; car elle était encore une puissance qui avait le dessus, bien que jugée.

Mais à présent la patience des saints (qui souffraient même jusqu’à la mort) avait son terme. Ils étaient les bienheureux, ils se reposaient de leurs travaux, et leurs œuvres les suivaient.

À l’annonce du jugement sur ceux qui rendaient hommage à la bête ou à son image, ou qui recevaient sa marque, et que l’épreuve constituait le point de la patience des saints, une voix se faisait entendre du ciel — non pas la nouvelle de l’événement providentiel suivant (car ceci ne faisait pas partie des voies de la providence ici-bas), mais la déclaration céleste de l’état arrêté des saints, auxquels cette place était désormais publiquement assignée dans l’économie de Dieu. Désormais c’en était tout à fait fini de la mort des saints ; et le bonheur de ceux dont c’était là la portion, était mis en lumière (non pas encore par leur manifestation publique sur la terre, mais par l’annonce depuis le ciel à l’oreille de la foi que le temps était venu) : une bénédiction à laquelle l’Esprit, qui avait été leur force secrète dans le travail et même quant à la mort, ajoute maintenant Son « oui » avec la même intelligence et la même sympathie pour leur joie. Cette introduction de l’Esprit dans cette connexion d’idées est fort belle. Lorsque la terre entrait dans la bénédiction, ils ne pouvaient pas être laissés dehors dans le témoignage de Celui qui avait souffert avec eux. On remarquera que, à la suite de l’introduction de la grâce envers la terre (« l’Agneau sur la montagne de Sion ») tout ce qui suit dans ce chapitre se rapporte à la terre ; mais alors, par la voix venue du ciel, la portion des saints est donnée là-dessus. Leur portion est donnée, aussi, comme dans la récompense de gloire, au moins quant à son annonce — « Leurs œuvres les suivent ». Ceci a trait à la manifestation en gloire (comp. 2 Thess. 1)[102].

Il n’est pas fait mention ici de ce que la bête fait après cela. C’est l’énoncé des voies de Dieu avec la terre (la condition des saints ayant été déclarée en passant). Le pas suivant est donc « la moisson de la terre » — l’exécution du jugement qui distingue en elle ; ce qui était l’accomplissement de fait de ce qu’avait annoncé le verset précédent — au moins quant à ses conséquences en la terre.

Puis vient la vendange qui est colère pure, et non pas jugement faisant distinction. Toutes les grappes de ce qui avait la forme de Son peuple sur la terre sont foulées dans la cuve de la colère de Dieu. Cela fut fait « hors de la ville » qui n’a pas été encore mentionnée depuis le chapitre 11. Et là, remarquez-le, c’étaient des « hommes » qui furent tués ; ici, c’est « il sortit du sang » : la destruction est terrible[103].

Ceci passe donc de la rédemption de la terre réellement apostate, comme on la voit dans les cent quarante-quatre mille lorsqu’il était nécessaire qu’on fût racheté du milieu de la profession, à l’action de Dieu, d’abord en témoignage, et ensuite en jugement, avec le mal sous toutes ses formes à l’égard des hommes, le jugement de la bête étant réservé pour une description plus complète. Ceci était plutôt le jugement des hommes et de leur corruption sous ces circonstances, la guerre ouverte et la victoire de l’Agneau étant une autre chose. C’est ici le jugement de Dieu sur l’état des choses, et non la guerre de l’Agneau avec une puissance hostile.

Ce que nous avons ici, c’est donc une vue générale en perspective des voies de Dieu avec le sujet — d’abord, l’apostasie (car c’est là pour Lui le sujet), en sauver Ses saints, les conserver purs ; puis le témoignage ; et ensuite le jugement.

Le chapitre 15 commence un nouveau signe et un sujet différent.

Avec le chapitre 15 commence un nouveau signe et un autre sujet. Ce ne sont plus des scènes diverses dans le ciel avec leurs effets — l’enfant enlevé vers Dieu, la patience et la foi des saints — mais la déclaration nette et positive que la colère de Dieu va se consommer ou s’accomplir. Il ne s’agit point ici, remarquez-le, du jugement et de la victoire de l’Agneau sur la Bête ; c’est quelque chose de tout spécial et d’un caractère administratif en rapport avec la manifestation de la puissance et des effets qui en résultent.

Ici apparaît « dans le ciel un autre signe, grand et merveilleux, sept anges » (le gouvernement en providence, non pas l’Agneau ou le Fils de l’homme) « ayant sept plaies, les dernières ». On voit la mer devant le trône ; et on la voit ici, non seulement dans sa pureté fixe, mais cette pureté est associée avec l’épreuve — l’épreuve par le jugement. Mais sur elle se tiennent, ayant maintenant remporté la victoire, ceux qui ont vaincu la bête et son image et le nombre de son nom. Ni les persécutions de la puissance séculière, ni l’énergie de l’esprit d’erreur, n’ont prévalu sur ces fidèles qui ont été gardés. Ils ont « les harpes de Dieu » — la joie divine en parfaite harmonie. Le cantique qu’ils chantent a un double caractère : la victoire de la puissance de Dieu — le cantique de Moïse (les œuvres de Jéhovah Élohim Shaddaï étaient « grandes et merveilleuses ») ; et la vérité et la justice des voies du Roi des nations[104] — le cantique[105] de l’Agneau. Ils ne célèbrent pas seulement la puissance qui avait été manifestée, mais, comme saints, ils comprennent, selon l’Esprit de l’Agneau, la justice et la vérité de Ses voies : aussi célèbrent-ils le moment prochain où le Seigneur sera reconnu. Maintenant Ses jugements sont rendus manifestes, qui ne Le craindrait ? Car Lui seul est saint : tous les autres avaient failli. Le Seigneur seul doit être exalté.

Ceux-ci ont remporté la victoire sur tout ce qui est de la bête ; et, par suite, on les voit dans une joie manifeste, devant le trône de Dieu, formant le résidu élu, qui avait été fidèle sous la puissance de la bête[106]. Il y a une séparation entière et définitive. Ils n’apparaissent pas ici comme étant venus pour le jugement avec l’Agneau, ou comme étant sur leurs trônes, car Il n’est pas encore manifesté dans ce caractère, mais comme chantant Son cantique (comp. Ps. 92). Les jugements étaient sur ceux qui avaient la marque de la bête, mais pas encore sur la bête même : le jugement de celle-ci devait avoir lieu par l’Agneau venant avec les saints. Ils sont entièrement en dehors de ces jugements — on les voit dans le ciel. La foi peut anticiper cela, mais le plein accomplissement de fait devait prendre place lors de l’enlèvement des vainqueurs, quand ils seraient ravis dans les scènes de la gloire. Ils ne sont pas sous l’autel, ni même nécessairement tués ; mais ils ont remporté la victoire, en ayant refusé la marque de la bête.

Le temple du tabernacle du témoignage est maintenant vu ouvert. Au chapitre 11, c’était l’arche de l’alliance, assurant toutes choses pour le peuple de Dieu, pendant que la puissance du mal demeurait impunie ; ici, c’est le tabernacle de Son témoignage, car le jugement devait s’accomplir conformément à Sa parole. Ses jugements étaient rendus manifestes, mais pour la délivrance de Son peuple terrestre, selon cette parole. La délivrance des saints a lieu par le jugement, le jugement des méchants. Cela se fera conformément aux principes de Son gouvernement, à l’égard de la création, dans les voies de Sa providence. L’un des quatre animaux donne les coupes aux anges — coupes pleines de la colère de Dieu qui est vivant aux siècles des siècles. Cela nous ramène à une dispensation et à des circonstances passées, en rapport avec cette colère, jusqu’à Celui que nous avons vu sur le trône avant que les jugements commençassent, conformément à ce caractère selon lequel Il juge directement par Lui-même. — La gloire de Dieu se déployait maintenant, non en brillante bénédiction, mais dans la puissance et dans l’influence de Son jugement, comme il en était autrefois quand Sinaï fumait : « une fumée montait de ses narines ». — « Le tabernacle du témoignage est ouvert », non pour des appels en grâce ou des avertissements, mais pour l’exécution et la manifestation des jugements. Ce n’est pas un temps de témoignage, dans ce sens, mais de jugement, et personne ne pouvait entrer dans le temple ; et, de même que le Seigneur parle de la terre, l’avertissant de la fin du témoignage (« ce sont ici les jours de la vengeance : Fuyez »), ici aussi (les saints une fois enlevés) il n’y a plus qu’un temps de jugement et non pas de réception en grâce. La séparation ayant été opérée, pendant le temps de l’influence de la bête, personne ne pouvait entrer désormais dans les lieux célestes ; et le peuple terrestre, qui avait pris ou reçu la marque de la bête, était jugé.

Cependant, le jugement n’était pas encore un jugement de destruction. Les lieux célestes[107] et la terre étaient désormais séparés ; et, au lieu de pénétrer dans ces lieux célestes, le jugement sortait de là et tombait sur la terre. Mais ce n’était pas le jugement effectif des vivants, exécuté par le Fils de l’homme ; c’étaient simplement des actes providentiels de la colère de Dieu manifestant cette colère comme étant venue à son comble.

Je ne dis pas que c’est ici le dernier malheur, mais il y a ce qui est en rapport avec lui, savoir la colère : « ta colère est venue » ; et je suis disposé à penser qu’il en est de même de tout ce qui suit dans ce verset, bien qu’il soit fait mention ici de plusieurs autres choses.

Mais, de même que le malheur du chapitre 12, caractérisé par la descente de Satan, alors qu’il était jeté hors des cieux, fondait sur la terre et sur la mer, ici aussi, après la séparation distincte des cieux et de la terre, et la fermeture des lieux célestes (les saints étant sur la mer de verre), le jugement envoyé sur la terre tombe également sur la terre et sur la mer.

En premier lieu, dans toute l’acception du mot, un ulcère mauvais et malin est versé sur la terre. Dieu fait tomber une plaie manifeste sur les hommes qui ont la marque de la bête et sur ceux qui rendent hommage à son image.

Ensuite, toute forme de vie est frappée de mort dans la masse de la population, « et tout ce qui avait vie » (ce ne sont pas ceux dont les noms sont écrits au livre de vie, mais ceux qui, extérieurement, avaient la vie) « mourut ». La simple profession d’être vivant à Dieu est effacée et disparaît de la masse des nations non constituées.

Les sources qui règlent la condition de la population, deviennent aussi la forme et la puissance de la mort — c’était là le juste jugement de ceux qui avaient mis à mort les saints. Ces jugements sont généraux, sur la masse des hommes et sur leur condition. Plus loin, nous lisons, avec Griesbach : « Et j’entendis l’autel disant… ». La traduction anglaise : « Et j’entendis un autre du milieu de l’autel » ferait supposer qu’il s’agit d’un autre ange, ce qui ne serait pas en harmonie avec toute la force de ces figures. La force de l’expression « l’autel » est ordinairement claire, attendu que les saints mis à mort sont considérés comme offerts, semblables à des holocaustes faits par feu à l’Éternel (comparez chap. 6, 9-10). L’on peut entendre crier l’autel, comme étant le témoin de tout ce meurtre des saints de Dieu. J’ai de la peine à croire qu’un saint puisse rendre ce témoignage du dessous ou du milieu de l’autel. Si la leçon ordinaire est correcte, alors un ange annonce la chose du milieu de l’autel, leur rappelant qu’ils ont été, dans leur mort, comme des sacrifices faits par feu à l’Éternel.

Le quatrième ange a affaire avec le pouvoir suprême sur la terre. Mais cela n’a d’autre effet que de le rendre plus ardent. Les hommes souffrent alors d’une intolérable tyrannie ; — ils n’avaient pas voulu être soumis à Dieu — maintenant ils ne font que Le blasphémer.

Le cinquième verse sa coupe sur le trône de la bête, qui était réellement le trône de Satan, le siège de sa domination et de sa puissance. Il en résulte des ténèbres et de la confusion ; et, de souffrance, ceux qui faisaient partie du peuple de sa domination, se mordaient la langue. La bête et ses armées, avec son activité dans le mal, ne sont pas en question maintenant ; la coupe est versée sur son trône. Ici, c’est le jugement de Dieu qui l’atteint, tandis que dans l’autre cas, c’est le jugement de l’Agneau. Les souffrances et les plaies qui accompagnent ce jugement paraissent identifier cette classe avec la première. Pour eux, Dieu n’a encore que le caractère de Dieu du ciel.

Avec le sixième ange, ce qui coule au travers de Babylone, et lui donne sa force, son caractère et sa prospérité, est tari, afin que « la voie des rois qui viennent du soleil levant fût préparée ». Il reste encore la destruction finale de Babylone et les derniers combats.

Il y a ici une allusion positive à la position de l’Euphrate. Ce ne sont pas, je crois, les rois de l’Orient, mais les rois qui viennent de l’Orient, τῶν απὸ ἀνατολῶν ἡλίου. Ce dessèchement du grand fleuve Euphrate préparait leur voie. D’autres passages m’autorisent à penser que l’Euphrate sera tari, au moins temporairement, pour livrer passage à Israël ; mais je ne vois pas que la sixième coupe s’y applique, placée comme elle l’est au milieu d’une prophétie symbolique. Ordinairement, et à cause d’un passage antérieur, on considère cela comme représentant le dessèchement du pouvoir turc ; cela peut être, ou, tout au moins, il peut y avoir quelque chose d’analogue, en prenant tout l’ensemble du chapitre dans un sens subordonné et préparatoire, sens qu’il a eu, je crois, et qu’il a de nos propres jours (comme je l’ai dit d’autres chapitres, mais pendant une plus longue période). Je crois que ce chapitre a eu une semblable application, et ceci est en pleine harmonie avec le plan tout entier du système prolongé de la prophétie, attendu que la seconde bête perd son caractère comme bête et devient un faux prophète avant le terme final.

Les saints du chapitre 15 ont remporté la victoire sur l’effort qui tendait à les amener à adorer l’image de la bête ; mais c’était la seconde bête, et non le faux prophète, qui cherchait à leur faire adorer l’image de la première. Mais ici il y a le caractère du faux prophète, de sorte que, jusque-là (au moins en principe), la victoire avait été obtenue et pouvait être célébrée, par l’Esprit, pour l’Église. Mais lorsque nous en venons à un accomplissement plus positif du jugement et à ce qui en amène l’exécution, après que les saints ont été placés en dehors de la scène, et que le témoignage de grâce qui rassemblait pour les lieux célestes a pris fin, alors il faut qu’il y ait quelque chose de plus distinct, quelque chose qui prépare la voie aux rois de l’Orient, afin qu’ils aient leur part dans la grande catastrophe. En conséquence, la barrière et les ressources de l’empire romain occidental sont réduites à néant, de telle sorte que la voie pour cette entrée des rois de l’Orient soit préparée. C’est après cela que les esprits de démons sortent pour rassembler les rois de toute la terre habitable, pour le combat de ce grand jour du Dieu tout-puissant.

Le chapitre 14 avait présenté, pour ainsi dire, les actes ecclésiastiques du Seigneur ; et le témoignage en grâce était là. Dans le chapitre 15, nous avons la séparation des saints préparés pour les lieux célestes ; et, ensuite, au chapitre 16, le jugement sur la terre, atteignant premièrement ceux qui avaient reçu la marque de la bête : tout ceci étant en relation avec Dieu. C’est une question de soumission et de fidélité envers Dieu, non envers l’Agneau ni envers le Fils de l’homme manifestant Sa puissance comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs.

Mais aussitôt après ce jugement[108] (le dessèchement de l’Euphrate), le dernier combat doit avoir lieu ; et Satan emploie toute son énergie pour préparer ses forces : mais c’est seulement pour le combat de ce grand jour du Dieu tout-puissant. Ces préparatifs se font (ceci étant une vision pendant le cours du jugement) par l’influence et d’après les principes de l’exercice positif d’une propre volonté infidèle et de l’inimitié contre la puissance de Christ, volonté et inimitié qui sont l’esprit de domination concentré ici dans la bête (la puissance romaine), et l’esprit de l’antichrist (la puissance séculière de la bête ayant été transformée en une fausse influence sur les esprits sous le caractère d’un prophète). Nous voyons la place que cela occupait en Juda, du temps de Jérémie, et avec Achab, etc. ; la forme peut en être différente, mais il y a ce caractère dominant dans l’apostasie (la puissance d’assujettissement étant entre les mains d’un autre).

Ces trois esprits assemblent les rois (τῆς οἰϰουμένης) de toute la terre habitable organisée, pour le combat du grand jour du Dieu tout-puissant. Mais maintenant Christ était sur le point de paraître. Tout ceci pouvait avoir lieu avec force plans de la part de l’homme, peut-être, mais pour les saints c’était le signe que Christ allait apparaître. « Et ils les assemblèrent ». Qui est-ce qui assemble ? Je pense que c’était la puissance et la providence de Dieu, par Christ : quel que soit l’instrument employé, même l’influence satanique, la chose n’en était pas moins conduite par Christ. Les esprits devaient sortir pour assembler les rois, et ils les assemblent, mais c’était réellement l’œuvre du Seigneur en jugement (comp. Mich. 4, 11-13).

Ce combat, qui était la scène des jugements de l’Agneau, contre qui se manifestait la haine et l’opposition, est réservé pour le moment de Son apparition et du déploiement de Sa puissance. Nous avons un indice de son rapport avec les localités juives : le lieu a un nom hébreu, Armageddon. Mais ceci est introduit ici, en passant, car c’est le récit de la colère de Dieu, et le rassemblement consiste dans tout ce qui a ce caractère providentiellement. S’il y avait là quelque allusion au lieu et au terme Meguiddo, je croirais que ce serait plutôt en rapport avec Juges 5, qu’avec le cas de Josias.

La septième coupe fut versée dans l’air, ce qui touchait à toute la scène d’en bas, le lieu du gouvernement universel et de son influence. La colère était encore sur la terre, et, de fait, elle était sur tout. Alors une voix qui procède du trône qui est dans le temple annonce que tout est fini (γέγονε), et la puissance de Dieu se déploie par les jugements et les tonnerres de Son pouvoir ; car « la voix de l’Éternel est puissante en œuvres ». Et il n’y eut jamais un si grand tremblement de terre — un si grand ébranlement de tous les éléments de l’existence sociale organisée. « La grande ville » (le chef-d’œuvre et le centre de cette organisation) « fut divisée en trois parties, et les villes des nations tombèrent », c’est-à-dire tous les centres d’organisation des nations, en dehors de la grande ville. Puis la grande Babylone est présentée, non pas simplement dans sa condition sociale civile, mais dans l’ensemble du caractère qu’elle avait auparavant — « la grande Babylone vint en mémoire devant Dieu, pour lui donner la coupe du vin de la fureur de sa colère ». Les détails de son jugement aussi sont réservés pour un développement ultérieur plus complet et plus exact, en rapport avec son caractère semblable à celui de la bête. Les jugements précurseurs ont été établis, et l’ordre de ces jugements de la fin a été déterminé. La chute de Babylone est en rapport avec le chapitre 14, où le témoignage continue, comme nous l’avons vu.

Un jugement destructif direct, sous forme de plaie, non pas un jugement particulier devant le trône, fond sur les hommes en même temps que le système social de Babylone est rappelé en mémoire. Ce n’est ni la repentance, ni, comme je l’ai dit, quelque chose du jugement final du trône, mais une chose terrestre ; car les hommes blasphèment Dieu à cause de cela, la plaie étant fort grande. Tel est l’effet des jugements de Dieu, quand le cœur volontaire et rebelle n’est pas changé ; tel est notre cœur à chacun, à moins que, par grâce, nous ne possédions la nouvelle vie.

L’apôtre est maintenant appelé ailleurs pour qu’il puisse donner une description plus complète de la femme et de la bête ; il n’est pas du tout appelé à monter au ciel, car leur place et leur jugement sont sur la terre. Il est appelé par un des anges, ou messagers de jugement, qui avaient les sept coupes de la colère de Dieu. Ces anges ont le caractère d’une parfaite justice, à la fois divine et humaine : ils ont une ceinture d’or par laquelle l’énergie positive et la puissance pure de la justice divine sont maintenues et revendiquées, et des robes blanches exprimant l’état sans tache et sans blâme de la sainteté humaine, comme venant de Dieu. Un de ces anges vient montrer au prophète le jugement de la grande prostituée qui est assise, avec son influence maligne, sur la masse des peuples. La révélation est faite selon le caractère et l’estimation de ce jugement.

L’interprétation de ce chapitre est évidemment de la plus grande importance possible, quant à la forme de la puissance corporative de l’homme, en tant que séparé de Dieu, et s’élevant dans l’indépendance de Lui, aux derniers jours. Toutefois, le jugement (bien qu’il soit donné beaucoup de détails sur la femme et sur la bête qui la porte) est sur la femme dans son caractère tout spécial de grande prostituée. Elle est jugée comme telle, quoique beaucoup de choses en découlent ; et je conclus avec certitude que ce doit être principalement son caractère ecclésiastique, mais en contraste formel avec l’Épouse, la femme de l’Agneau, l’Église, bien que la gloire céleste soit la portion de celle-ci, tandis que la fausse gloire terrestre est la part de la grande prostituée. Ce qui distingue positivement l’Église, c’est l’union avec l’Agneau ; quant à la prostituée, c’est sa conduite de courtisane (corruption ecclésiastique), bien que la gloire du monde y soit éminemment et intimement associée. Si cette gloire n’eût pas été en jeu, elle eût perdu une grande partie de sa grandeur et de son influence et eût cessé d’avoir ce caractère. Son union avec le monde la place dans la prostitution. Babylone pouvait avoir un roi sur elle, c’est ainsi qu’il en est parlé dans l’Ancien Testament ; mais ce n’est pas le caractère sous lequel elle nous est présentée ici ; au contraire, c’est elle qui est sur la bête. Aussi, dans l’Ancien Testament, il n’est jamais parlé d’elle comme commettant fornication ; car, dans un certain sens (quoique peut-être, à cause du roi, dans un mauvais sens), elle appartenait au roi de la terre ; il l’avait bâtie pour sa magnificence et sa gloire. Ici, elle est montée sur la bête, se servant d’elle, bien que plus tard elle doive être haïe, appauvrie, etc., par les dix rois. La Babylone d’autrefois avait trompé les nations par la multitude de ses sortilèges et de ses enchantements ; mais c’est là une tout autre chose ; qu’il y ait du bien ou du mal, elle appartenait au roi de Babylone ; elle fut élevée par lui et tomba avec lui. Ici, elle n’a pas de roi, mais elle vit dans le mal avec les rois de la terre, étant maîtresse d’elle-même. Autrefois, Israël était adultère[109], mais non pas Babylone.

À cause de ceci, le jugement vient sur elle, quoique d’autres choses mêlées à tout l’éclat du monde puissent l’entourer et lui prêter son influence sur l’esprit des autres.

Dans l’Ancien Testament, la fornication est attribuée non à Babylone, mais à Tyr, en rapport avec son trafic.

Ici, le trait matériel est que Babylone n’est pas le siège de cette puissance terrestre établie et dirigée en tout temps par celui qui exerce la royauté apostate sur la terre, mais elle est représentée par une femme indépendante. Il en était ainsi de Tyr, dans le monde, comme il nous en est parlé ; et quand il est fait mention du prince de Tyr[110], ce n’est pas dans un langage humain et terrestre, mais en présentant le caractère le plus élevé de l’apostasie, tel qu’il ne peut être atteint, dans son entier développement, que par le grand ennemi ; et il me paraîtrait que, étant en rapport avec une église ou une position religieuse, c’est un caractère et une apostasie beaucoup plus terribles que l’apostasie du monde, dirigée par son roi, et établie par lui dans toute son étendue. Babylone a donc le caractère d’une association terrestre, en même temps qu’il y a abondance de richesse et d’opulence par son trafic : c’est un grand système de prospérité humaine ; mais ce qui attire le jugement sur elle est sa fornication, et non sa pourpre ou son écarlate, ou telle autre chose semblable, quoique toutes ces choses se rapportent bien à elle et servent à la distinguer. Elle est ruinée quant à toutes ces richesses, par le jugement, mais ces richesses ne sont pas la cause du jugement. Et il en est toujours ainsi ; le fait de devenir mondain, d’agir selon l’esprit du monde, d’en obtenir les richesses, en se prêtant aux passions des rois de la terre, est précisément le motif même du jugement. Mais, comme dans les temps anciens, alors que le sang de tous les justes était trouvé dans la maison de Dieu, et que le jugement sur l’apostasie (non pas celle du monde, ou de ceux qui étaient extérieurement méchants) tombait sur Jérusalem et non sur la Rome païenne, ainsi en est-il toujours : la forme ecclésiastique de méchanceté prend le pas sur la forme mondaine. La contradiction est comparée à celle de Coré, non à celle de Dathan et d’Abiram, quoique la terre les engloutît également ; et la bête peut être jugée aussi bien que Babylone, sans que celle-là soit traitée d’une manière aussi triste dans le jugement moral de Dieu, à la vue des hommes. La corruption morale est toujours pire qu’un pouvoir mauvais.

Babylone était aussi la mère des impudicités, et des abominations ou des idolâtries de la terre. L’invocation d’un démon au nom de Paul était pire qu’au nom d’Hercule ou de Thésée, et le renversement de la médiation de Christ, plus fatal et destructif, plus irrémédiable que celui de l’unité du seul vrai Jéhovah. Ici, Babylone était un mystère. L’apostasie de la puissance et de la grandeur mondaines n’était pas un mystère pour le résidu échappé de Babylone, ni pour le prisonnier de Domitien, à Patmos ; mais c’était véritablement un mystère que l’Église, sur laquelle l’apôtre veillait, pût prendre une telle forme, en dirigeant ce pouvoir sous lequel il souffrait alors comme un pauvre et méprisé disciple de Jésus crucifié, et en corrompant un monde duquel elle était proprement, comme Église, la seule vraie lumière. Babylone est la mère des abominations de la terre ; mais son empire est sur plusieurs eaux, peuples, langues et nations. Rome, je ne puis m’empêcher de le croire, est le centre de ce système. La prostituée tenait à la main la coupe d’or, mais elle-même n’était pas une coupe d’or entre les mains du Seigneur. Elle gouvernait et montait la bête à dix cornes : ce fut là son caractère général pour un temps, mais non son caractère final, quand elle devient la proie des rois qui ont leur pouvoir avec la bête et qui la dépouillent. Ces rois ne lui donnent pas plus longtemps leur pouvoir, mais ils le donnent à la bête. Elle, et non la bête, est enivrée du sang des saints, et cependant, elle est vue assise là à son aise et dans l’opulence la plus grande. Il y avait là matière au profond étonnement de l’apôtre, en voyant que celle qui se présentait à son esprit dans un tel caractère et avec une semblable prétention, pouvait être telle au fond.

La vision va jusque-là ; mais l’interprétation suit, et, comme cela a été remarqué ailleurs, dans Daniel et les paraboles, elle pousse plus loin les faits de la prophétie, ce qui est tout à fait en harmonie avec la forme ordinaire de la prophétie. « La bête que tu vis ». L’interprétation introduit dans cette scène future le moment présent du passage ; ce qui n’est pas le cas dans la vision actuelle de l’apôtre, qui voit la femme dans toute sa splendeur, dans son plein caractère. « La bête que tu vis, était » (savoir, le quatrième grand empire), « et n’est pas » (c’est-à-dire n’avait pas, au moment d’alors, son caractère d’union formelle), « et va monter de l’abîme », et reprendra ce caractère formel sous l’influence directe de Satan, puis elle sera détruite. Et tous ceux qui se trouvent dans le cercle prophétique de sa puissance (qui est la terre, tandis que l’influence de la femme s’étendait plus loin : « elle était assise sur plusieurs eaux ») doivent s’étonner, en voyant ainsi la bête. Les sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles la femme, non la prostituée, est assise, car « c’est la grande cité qui règne ». Ceci ne représente pas simplement Babylone, car le nom de la prostituée était déjà sur son front, ce qui rend toute explication inutile. — La première de ces figures nous offre son caractère symbolique ; la dernière, son explication locale. Il y a aussi sept rois ; ceux-ci ne sont pas les cornes, d’ailleurs ils n’étaient pas contemporains. « Cinq sont tombés ; et l’un est » (je considère ceci, depuis le v. 9, comme étant une explication directe et actuelle pour l’apôtre) ; « l’autre n’est pas encore venu, et quand il sera venu, il faut qu’il demeure un peu de temps ». Cela fait bien les sept. Après les jours de l’apôtre, une tête de la bête devait se dresser pour un peu de temps, avant la fin. L’Esprit de Dieu n’a pas jugé nécessaire de faire une description spéciale de cette tête ou des précédentes, parce qu’elles n’étaient pas, dans la scène présente, en rapport avec l’Église ou les conseils de Dieu, mais seulement les identifiant avec la bête et ne permettant pas que l’Église soit détournée du droit chemin.

Mais il y a une chose qui est plus distinctement considérée, après que tout ce qui précède a été complété, et que tout ce qui contribuait proprement à l’existence de la bête a été présenté en entier, savoir une huitième tête[111] (qui est la bête elle-même, en tant que provenant directement de la puissance et de l’influence de Satan) qui s’élève, étant cependant d’entre les sept, en rapport avec elles, et prenant sa place au milieu des autres têtes ou des formes de l’empire romain, tout en étant un pouvoir distinct et défini, la bête qui ressuscite la puissance de Satan ; et c’est sous cette forme qu’elle va à la perdition.

Nous avons maintenant la femme, la bête, et ses têtes qui ont été décrites. Vient ensuite la conduite des dix cornes — les dix rois. Ceux-ci appartiennent proprement à la bête ; ils n’avaient reçu aucun royaume au temps de la vision, n’avaient nullement fait partie du système d’alors, mais devaient recevoir le pouvoir en même temps que la bête. Je ne vois pas que ceci établisse qu’ils dussent exister pendant la même durée de temps que la bête[112], mais simplement que ce ne serait pas un pouvoir supplanteur ou sans rapport avec la bête, puisque ces rois, contemporains entre eux, le sont aussi de celle-ci. Ils doivent lui donner leur pouvoir. Je ne doute pas qu’il ne soit ici question principalement de la bête dans sa dernière forme, mais c’est le caractère dominant de ces rois qui est présenté ici. Ils donnent leur royaume et leur pouvoir à la bête ; ils sont d’accord pour cela. Mais, bien qu’ils agissent ainsi en commun, ils avaient une pensée à eux, ou tout au moins pratiquement, en action. « Ceux-ci combattront contre l’Agneau » : telle sera leur conduite et leur fin. « L’Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois » ; et alors nous avons Ses compagnons, l’Église et les armées des cieux mises en évidence par anticipation. Il n’est pas seul : ceux qui sont avec Lui sont « appelés et élus et fidèles ». Telle est l’histoire et la fin des dix rois, mais seulement caractéristiquement : car si nous consultons Daniel, nous voyons que trois d’entre eux tombent. Leur vainqueur est ensuite manifesté avec ses compagnons. Tandis que les rois confédérés donnent leur pouvoir à la bête (car c’était la volonté de l’homme), nous voyons que, au contraire, les compagnons de l’Agneau étaient appelés et élus et fidèles. Les « eaux » sont ensuite interprétées de façon à n’avoir besoin que de peu de commentaire, si ce n’est comme rappelant l’étendue de l’influence morale générale exercée au-delà de la terre prophétique. La prostituée avait son trône là, quoique assise sur la bête également. Un autre trait caractéristique était qu’elle occupait cette place prédominante et exerçait cette influence sur les peuples, les multitudes et les nations ; tout ceci était une influence indépendante, particulière à la femme, et exercée dans son mauvais caractère de prostituée.

Nous avons ensuite un autre incident d’une grande importance dans l’histoire. Ces dix rois doivent donner leur pouvoir à la bête. Ainsi « Dieu a mis dans leurs cœurs d’accomplir sa pensée », et « ceux-ci haïront la prostituée et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair » (sa richesse et sa prospérité), « et la brûleront au feu ». Ce n’était pas avec ces dix rois uniquement qu’elle avait commis fornication ; tel avait été son caractère général avec les rois de la terre. Toutefois, ces dix rois la désolent. À ce moment, la volonté agit en eux et non dans la bête[113]. Ils sont les principaux acteurs du moment, afin qu’ils puissent donner leur pouvoir à la bête, dont nous avons déjà vu le caractère des derniers jours et la fin. Ceci continue « jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies ». La femme, non la prostituée, est ensuite désignée comme étant cette grande ville qui règne sur les rois de la terre (le pouvoir constitué qui prédomine sur la terre)[114], mais si elle agit par le moyen d’une religion corrompue, elle ne le fait pas ici sous le caractère de faux prophète, mais comme une ville — c’est-à-dire un système dont le caractère est en rapport avec le siècle, sensuel, mondain et opulent ; seulement cette mondanité et cette opulence sont celles d’une courtisane[115], dans l’activité d’une volonté corruptrice : elle était « la mère des prostituées et des abominations de la terre ».

L’ayant ainsi considérée dans l’activité de sa volonté, en rapport avec la volonté des autres, ainsi que dans la fin de son opulence et de sa prospérité, nous en venons à sa chute qui est annoncée, en tant que système de corporation.

Et ici, je trouve beaucoup plus de la partie purement mondaine du système, ce qui le caractérise essentiellement, bien que l’autre côté de son caractère ne puisse être nié. Et ici, elle est vue comme étant tombée — Babylone, la grande. Il n’est pas parlé d’elle maintenant comme étant la mère des abominations, la prostituée, ou la femme, mais simplement comme de Babylone, la grande, sous l’aspect d’une ville ou d’un lieu d’habitation. Elle n’a pas du tout cessé d’exister pour cela, mais elle est tombée et est devenue la demeure de démons, et la retraite de tout esprit immonde et le repaire de tout oiseau immonde et exécrable. Telle est sa condition présente et son jugement, condition morale dans laquelle elle peut être discernée par l’Église qui, avec le secours de l’Esprit, connaît toutes choses, sur le témoignage de Dieu.

La chute de Babylone paraît consister dans la perte qu’elle fait de sa position comme pouvoir gouvernant et agissant, lequel dominait sur la bête et sur plusieurs eaux ; et cette chute semble amener sa dégradation morale, non sa destruction.

Maintenant Dieu appelle Son peuple hors de Babylone. Je ne dis pas que cet appel n’existât pas tacitement, quand la vérité du troisième verset était reconnue, mais il devient maintenant net et positif, car la vérité est judiciairement déclarée. Malheur à ceux qui restaient alors dans Babylone ; ses péchés étaient montés jusqu’au ciel, et ceux-là devaient recevoir de ses plaies s’ils y restaient. C’est maintenant un avertissement en vue des conséquences. La séparation doit s’effectuer, car Dieu a commencé à la juger. Elle a déjà perdu sa puissance, cette puissance séductrice d’opulence et de corruption. Pour elle, il semble qu’elle dit encore dans son cœur qu’elle serait reine et ne verrait point de deuil, persistant ainsi dans son orgueil, bien qu’elle fût tombée ; mais l’Église sait que Dieu est en train de la juger[116]. La désolation de toute la prospérité temporelle de la grande cité est un sujet de pleurs et de lamentations pour les rois de la terre, qui sont essentiellement distincts des dix cornes haïssant la prostituée et la brûlant au feu. Les rois de la terre sont les gouverneurs royaux et non ces dix cornes particulières qui, en tant que royaumes, donnent leur pouvoir à la bête ; les cornes sont la puissance des royaumes exercée peut-être par le pouvoir gouvernant de l’époque. Mais tous ceux qui ont vécu dans la sécurité du système terrestre établi et ordonné, savoir les rois de la terre, ainsi que les habitants de la terre — ceux qui ont commis fornication avec la grande prostituée — ceux-là déplorent son embrasement[117]. Les dix rois sont une classe particulière, définie, manifestée avec la bête dans ses derniers actes contre l’Agneau, actes pour l’accomplissement desquels Dieu met au cœur de ces rois de se débarrasser de la grande prostituée. Les dix rois, comme tels, ne sont jamais présentés comme commettant fornication avec la prostituée, tandis que les rois de la terre et les habitants de la terre sont mentionnés comme s’étant conduits ainsi. L’avènement des dix rois au pouvoir actif est un événement subséquent, et dont il est parlé à part. Leur description particulière, quant à leur activité, se voit au chapitre 17, 12-17.

La destruction et le jugement de la grande cité entraîne la ruine de tout ce qui n’était qu’intérêts temporels — les richesses — tout ce qui était tyrien dans son caractère, bien que des âmes d’hommes aient été ajoutées au trafic de cette cité renommée, car la grande ville en faisait aussi le commerce. Tout ce qui est susceptible d’enrichir caractérise la conduite de la cité, qui est dirigée par une apostasie complète et positive. Dans un certain sens, la ville est distincte des marchands ; elle forme tout le système ; les marchands se tiennent loin, à cause de la crainte de son tourment, quand Dieu la juge ; et les patrons de navire en font de même. Mais les cieux et les saints apôtres et prophètes sont appelés à se réjouir sur elle. Elle avait été l’ennemie des cieux, en tant que renfermant toute la convoitise de la terre, pour mettre Dieu dehors ; de même qu’elle avait été, par la persécution, l’ennemie de la révélation et du témoignage de la gloire céleste, ainsi que du jugement du monde et de la venue du Fils de l’homme — en un mot, de la grande puissance de témoignage par laquelle l’Église fut constituée dans le monde. — Vient ensuite la manifestation de la manière soudaine avec laquelle se produit sa destruction finale et entière[118]. Son opulence terrestre, la puissance des richesses est présentée comme étant ce qui la caractérise essentiellement à la fin, au moment où elle est jugée et détruite. Et ici, elle est semblable à l’ancienne Babylone, car en elle fut trouvé tout le sang répandu sur la terre, comme dans Jérusalem tout le sang y avait été répandu avant sa destruction ; or ceci nous la présente sous une forme de complète apostasie contre Dieu.

Dans cette description de Babylone, nous avons tout l’esprit et le caractère du monde, excepté la puissance comme puissance royale. Car ceci est de Dieu, quel que soit l’usage qui en est fait, et cette puissance (dans les mains des rois de la terre) avait été corrompue par elle ; alors ces dix cornes ou rois la haïrent, et détruisirent toute sa plénitude et sa puissance. Ces rois n’étaient pas Babylone ; mais ils avaient donné leur pouvoir à la bête, afin que ce pouvoir lui-même, qui venait de Dieu, pût se trouver en rébellion ouverte contre Celui aux mains de qui toute puissance était confiée et donnée, savoir l’Agneau, et qu’ainsi la dernière et finale forme de mal fut produite, comprenant la destruction et la mise de côté (car la question était alors de savoir quel pouvoir devait subsister) de la forme et de la substance de l’apostasie.

Ainsi, nous avons en Babylone les richesses, la corruption, les sortilèges, les arts, le luxe, les corps et les âmes d’hommes mis en vente, la fornication commise avec les rois et ceux qui habitent sur la terre, et ceux-ci s’enivrant avec elle[119] ; tout cela nous représentant le principe de la volonté confédérée, sauf la corruption (non l’exercice) du pouvoir royal séculier, comme étant de Dieu, bien que ce principe puisse par séduction diriger et gouverner ce pouvoir, et ainsi le séparer de sa source divine, mettant actuellement de côté et empêchant l’assertion de sa suprématie comme étant de Dieu et s’étendant sur tout. Ceci, comme nous l’avons vu, est distinct de l’apostasie directe du pouvoir, apostasie fondée sur l’aversion et la consomption de la prostituée, qui a sa place avec la bête. Le pouvoir fut donné à Nebucadnetsar, et il bâtit Babylone. Mais ici, nous avons la femme dans l’exercice de sa propre volonté corruptrice et dominatrice, unissant les caractères d’Israël en ce qui regarde Dieu (sauf en ce qu’elle était une paillarde, et non une adultère, car elle n’avait nullement été épousée comme une vierge chaste pour Christ) à ceux de Tyr en ce qui regarde le monde. Quand cette volonté est en exercice, nous avons toujours à la tête du mal la forme ecclésiastique, comme dans le cas de Coré et des principaux sacrificateurs : ainsi ici, cette mystérieuse femme est assise sur la bête et sur plusieurs eaux. Quand les rois commencent à agir et sont sur le point de donner leur pouvoir selon leur volonté, ils commencent par sa destruction, ou tout au moins sa consomption. Et remarquez que l’acte de la puissance de Christ s’accomplit sur les pieds et les orteils eux-mêmes. Dieu juge Babylone comme étant un grand système moral reniant Sa suprématie, sans qu’il y ait cependant une hostilité ouverte contre la puissance de Christ.

Nous avons la chute[120] de Babylone, distincte, je crois, de la destruction de Babylone. Dans sa chute on trouve la dégradation morale ; elle est la demeure des esprits immondes : c’est là le jugement qui est sur elle, et elle tombe parce qu’elle a fait boire aux nations du vin de la fureur de sa fornication (chap. 14, 8). Nous trouvons ceci, dans le cours ecclésiastique, si l’on peut dire ainsi, des événements de la fin. Quant à son jugement final, nous le trouvons lorsqu’elle a comblé la coupe du vin de la fureur de la colère de Dieu (chap. 16, 19). Le verset 2 du chapitre 18 paraît être en rapport avec la chute de Babylone, tandis que le verset 21 serait en rapport avec sa destruction.

Ainsi Babylone est jugée, enlevée de la scène avec sa fornication qui corrompait la terre, et le sang des serviteurs du Seigneur Dieu est vengé. Ce résultat est célébré, comme étant l’œuvre du Seigneur Dieu, par une foule nombreuse dans le ciel, ainsi que par la représentation mystique des rachetés ; mais le culte appartenait à Dieu, séant sur Son trône, qui avait ainsi exercé Son pouvoir et Son jugement. Maintenant la voie est libre ; et une voix sort du trône pour provoquer la louange de la part de tous les serviteurs de Dieu. Ses fils pouvaient toujours Le louer en esprit ; mais ici (le mal ayant cessé de prévaloir et tout délai étant passé) ils peuvent, eux, dans leur caractère de serviteurs, ainsi que tous ceux qui craignent Dieu, Le louer et Lui rendre gloire, car Il règne désormais comme Seigneur, Dieu, Tout-puissant, caractères dans lesquels Il avait agi avec la terre soit comme Dieu, Créateur, auteur des promesses et bouclier de Son peuple dans sa position d’étranger, ou comme l’Éternel exécuteur de tout ce qu’Il a promis, Jéhovah Élohim Shaddaï. Il prend ici, en puissance, tous ces caractères, et règne. Cette époque nous ramène en arrière, au chapitre 11, 17[121]. Nous avons eu, dans l’intervalle, la source, le caractère et la forme du mal et le jugement de tout, sauf de la bête et du pouvoir terrestre avoué, contre l’Agneau. Tout mal secret ou simplement corrupteur, tout mal qui avait sa place dans les lieux célestes, ayant été éloigné, c’était désormais du côté de Satan une question de produire ouvertement son pouvoir, ce qui était sa dernière ressource désespérée sur la terre. En conséquence, la louange monte vers Dieu comme étant le Seigneur Dieu tout-puissant, qui règne, et le bonheur et la joie se manifestent aussitôt.

Ensuite nous est montré le premier et direct dessein de Dieu, avant même que le jugement de l’Agneau s’exécute sur Ses ennemis terrestres : « les noces de l’Agneau sont venues ». C’est ici une nouvelle dispensation. Nous sommes maintenant enfants de Dieu, mais le mariage de l’Agneau n’est pas encore venu et Son Épouse n’est pas encore préparée. Ce ne sont donc pas ici des enfants avec le Père. Mais le temps pour la manifestation de la gloire du Seigneur étant venu, le Seigneur Dieu prend Son pouvoir, juge et éloigne la mauvaise contrepartie mondaine et, l’Épouse de l’Agneau s’étant préparée, le temps des noces apparaît. Mais comme ces circonstances sont du domaine des choses célestes[122], il n’en est parlé qu’en passant. L’époque où elles ont lieu, ainsi que la préparation et la nature des robes sont seules accidentellement mentionnées comme un accessoire important, servant à caractériser le progrès des événements : et cela se termine par une bénédiction prononcée sur ceux qui sont conviés au banquet des noces de l’Agneau. Le prophète retourne alors au cours des événements terrestres, là où ceux qui sont vêtus de robes blanches se trouvent être les compagnons de la gloire de l’Agneau, en jugement.

Ceci termine la scène de ce qui est proprement céleste, c’est-à-dire le temps pendant lequel l’Agneau, et ceux qui Le suivent, n’étaient pas manifestés sur la terre. Cette scène se termine par ces mots : « Ce sont ici les véritables paroles de Dieu ». L’ange était le compagnon d’esclavage[123] du prophète, ainsi que celui de ses frères qui avaient le témoignage de Jésus ; car l’esprit de prophétie témoignait encore de Jésus. Dieu devait être adoré : c’est là le grand but du livre, à savoir de garder l’Église dans la sainte simplicité d’un culte vrai, au milieu de la ruine et de l’apostasie.

Maintenant, le ciel est ouvert. Ce n’est pas Jean qui y est transporté ; ce n’est pas davantage un signe dans le ciel ; ce n’est pas le temple qui lui est ouvert, mais le ciel est ouvert et quelqu’un en sort[124]. Le ciel s’était ouvert autrefois pour que le Saint Esprit descendît sur Jésus, ici-bas. Il s’ouvrit pour que les anges de Dieu pussent monter et descendre sur le Fils de l’homme. Il s’ouvrit pour l’Église (dans la personne d’Étienne, terminant la période et la scène juive), afin de lui dévoiler l’intérieur de la scène céleste et l’y recevoir. Maintenant, il s’ouvrait encore, afin que, de là, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs Lui-même pût apparaître et agir sur la terre — juger et combattre en justice. C’était maintenant le temps où le pouvoir devait être établi en justice[125] sur la terre. Il vient dans la manifestation de la fidélité et de la vérité ; il vient dans l’énergie d’un jugement scrutateur et purifiant ; il vient, réunissant une quantité de prérogatives royales, gardant le secret de Son propre pouvoir, secret que nul ne connaît que Lui seul. Ses armées sont vêtues de fin lin blanc et pur — justice et pureté célestes — comme des sacrificateurs de Dieu. Il vient enfin en divine vengeance (Son vêtement est teint dans le sang), et apparaît sous ce titre de la manifestation de la puissance de Dieu, depuis la création jusqu’à la fin, savoir : « la Parole de Dieu ». C’est comme tel qu’Il avait créé, comme tel qu’Il s’était révélé, et comme tel qu’Il juge. Les armées des cieux Le suivent ; nul, sur la terre, n’était avec Lui dans ce conflit. Son propre bras opère le salut : Il frappe, gouverne et foule la cuve du vin de la colère de Dieu. Le pouvoir et le titre sous lesquels Il est maintenant manifesté publiquement, sont exprimés par ces mots : « Roi des rois, et Seigneur des seigneurs ». Ceci rappelle le chapitre 17, 14.

Les oiseaux du ciel sont invités au grand souper de la destruction.

Les dix rois s’étaient particulièrement fait remarquer dans leur guerre contre l’Agneau ; ils en avaient la direction ; mais ici l’expression est plus générale. On voit ici la bête et les rois de la terre. Ceux qui gouvernaient la terre sont trouvés refusant généralement de se soumettre à ce conquérant royal — le Seigneur. La bête est en première ligne et prédomine, puis se trouvent aussi les rois de la terre et leurs armées. Tel était le caractère général de l’état de la terre, alors. La bête et le faux prophète sont pris et jetés dans l’étang de feu. Ce faux prophète, par ses traits caractéristiques, est identifié avec la seconde bête à deux cornes qui était montée de la terre et avait perdu son pouvoir séculier, mais non son caractère de conseiller de méchanceté au dernier jour. Le reste est tué par l’épée de Celui qui était assis sur le cheval, « laquelle sortait de sa bouche ». Car, bien que ce fût l’exécution actuelle du jugement, et non plus simplement l’épée de l’Esprit, mais l’épée du Seigneur, dans l’activité d’un jugement souverain sur les vivants, ce jugement avait lieu néanmoins selon la Parole. C’était le jugement de la Parole qui procédait de Sa bouche ; c’est par ce moyen que les méchants furent tués. Ceci s’applique directement à ceux qui s’élèvent contre Lui qui vient des cieux pour juger ceux qui sont directement sous l’influence et la puissance de l’apostasie. Cependant l’expression : les rois de la terre est d’une portée plus étendue que les dix rois[126], et est tout à fait générale. Je ne pense pourtant pas que Gog y soit compris, car son but à lui est plutôt contre le pays que contre l’Agneau ou même contre le Prince des princes. En Gog, il y a plutôt la satisfaction de la convoitise, le désir de posséder. Il va contre le pays des villages non murés, et périt sur les montagnes d’Israël, après qu’Israël y est rentré et y habite en paix.

La bête et le faux prophète, ces délégués de Satan, ces ennemis actifs de l’Agneau, sont donc finalement jugés, mais il ne semble pas que la tromperie des nations par Satan cesse pour cela, parce qu’il n’est pas encore lié. Cependant, il ne peut plus maintenant rien reproduire de ce qui, auparavant, procédait de sa position dans les cieux. Dès qu’il est précipité, sa position devient, comme nous l’avons vu, celle d’une opposition ouverte contre l’Agneau. C’est ici désormais le caractère permanent de l’action des nations, placées sous son influence. Cela ne ressemble en rien au grand système qui avait précédé celui-ci. Ainsi, même après les mille ans, tout a lieu sur la terre et avec ce caractère. Satan ne regagne plus jamais le ciel. La bête et le faux prophète, cette forme résultant de l’apostasie, pendant que Satan était dieu de ce monde, ne réapparaissent pas davantage. Il s’était établi lui-même ouvertement comme prince de ce monde, par le moyen de cette même opposition qui avait amené la croix — opposition dont celle-ci était le premier jalon. Quand ce genre de pouvoir est mis de côté, l’Église seule devient alors l’instrument de la puissance diabolique, le péché et le monde reprenant leur domination sous son nom. Cet état de choses est maintenu dans une active apostasie par une église corrompue laissée sur la terre pour cela ; et, quand Satan est précipité des cieux, c’est encore à la suite d’une guerre ouverte, comme nous l’avons vu, contre Celui qui venait, dans Sa royauté, réclamer Son héritage. Je crois que l’on peut remarquer que le commerce et la colonisation de la terre, dès leur début, étaient intimement liés à l’idolâtrie, représentée par les enfants de l’apostat (bien qu’une fois délivré), Cham. Le premier acte de celui-ci fut de rejeter ou de dénigrer l’autorité comme étant de Dieu ; et, avant qu’il fût longtemps, nous trouvons, à la rivière de Cush[127], l’idolâtrie pratiquée, et s’étendant même sur la race sémitique, idolâtrie de laquelle Abraham fut appelé à sortir.

Le premier état (c’est-à-dire confédération, commerce, fausse religion) est présenté sous la figure d’une femme[128], et peut, quant à une partie des idées, être assujetti à Christ. Nebucadnetsar peut gouverner Babylone (la ville de confusion), et le Seigneur Christ le peut aussi, à l’égard de « la ville du grand Roi » où Dieu est bien connu, et Jérusalem peut être la reine en or d’Ophir. Le dernier état d’opposition terrestre se trouve soit dans la bête, qui a été une fois soumise au premier état, et cela par la volonté des rois ; soit dans les mains du roi volontaire, l’homme charnel, déchu et hostile, s’élevant contre le Seigneur. Le premier point m’explique beaucoup le prince de Tyr dans le prophète Ézéchiel.

Nous avons, par conséquent, à remarquer que Satan n’est pas lié par celui qui était assis sur le cheval ; mais un ange descend des cieux à cet effet. Ce n’est pas ici le jugement direct sur Satan, exécuté par Christ, mais la puissance divine, la providence et l’intervention de Dieu qui met Satan de côté et le rend incapable de séduire et de tromper plus longtemps les Gentils, jusqu’à ce qu’il soit délié.

Dans le verset 4 commence une nouvelle scène : les trônes. — Il ne s’agit pas ici de juger et de faire la guerre, mais de s’asseoir, en jugement royal, sur des trônes. Ce passage, il me semble, fait allusion aux trônes établis (car c’est là le sens admis, je crois, comme dans les Septante) en Daniel 7, 9, où l’interprétation nous dit, au verset 22 : « le jugement fut donné aux saints du Très-haut » ou des lieux célestes. Ici, non seulement les trônes sont établis, mais le prophète voit des gens s’y asseyant : les trônes étaient occupés. Daniel ne vit pas ceci, car pour lui il s’agissait d’une période, tandis que pour nous c’est de notre gloire avec Christ. Ces trônes étaient posés avant même que le Roi et Ses armées apparussent ; mais ils ne faisaient en aucune manière partie de la scène terrestre visible alors, ni même des rapports des cieux avec la terre, c’est pourquoi ils ne sont pas mentionnés. Les trônes sont établis avant le jugement de la bête, en Daniel ; et ceux qui apparaissent avec l’Agneau sont ceux qui prennent place sur les trônes. Mais, je le répète, bien qu’occupés, ils ne sont pas introduits dans la scène jusqu’à ce qu’ils en fassent proprement partie. « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire… alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire ». Ils ne prennent positivement cette place que lorsque Lui-même la prend ouvertement (le pouvoir Lui étant donné comme Fils de l’homme, ce qui Le met en rapport avec la terre). Il en est ainsi de ces trônes, bien qu’ils soient établis dans les cieux. De même que nous voyons en Daniel, que « l’Ancien des jours vint et le jugement fut donné aux saints du Très-haut », ainsi aussi nous avons ici une conséquence de la prise de possession de Son pouvoir et de Son règne. Ils règnent avec Lui mille ans. La suite du verset est une information additionnelle, nous apprenant que les autres saints n’avaient rien perdu, si ce n’est l’inimitié du monde[129], et celle de Satan allant même jusqu’à la mort, comme conséquence de leur fidélité ou de leur refus d’adorer la bête. Le prophète voit leurs âmes. Il pouvait y avoir eu de la puissance pour tuer leur corps, mais ils n’avaient jamais été morts quant à Dieu ; et maintenant ils sont appelés à jouir des fruits qui en découlent — « ils règnent en vie par un seul ».

Le règne effectif sur les trônes est une conséquence de la disparition forcée du pouvoir trompeur de Satan : il en est de même pour Christ. Il apparaît d’abord, puis Il prend effectivement possession du trône du monde. Jusque-là, Ses compagnons ont été cachés avec Lui, et quoiqu’ils soient glorifiés (car je peux ainsi parler d’eux maintenant), les trônes n’apparaissent pas jusqu’à ce que la guerre soit terminée. Leur titre était parfaitement établi, ils étaient déjà avec Lui ; mais, jusqu’à ce moment-là, ils ne pouvaient posséder le royaume. Lui-même ne le pouvait pas non plus. Le cheval et le trône sont des choses distinctes, l’un représentant un pouvoir impérial, actif, conquérant, l’autre un pouvoir royal, judiciaire, absolu et paisible. Et l’acte que Christ accomplit en venant ainsi, n’est pas un simple acte passager. Le trône de Sa gloire demeure occupé, jusqu’à ce que, en tant que roi médiatorial, Il l’abandonne. Les saints s’assiéront sur ce trône du Fils de l’homme, ou se tiendront sur des trônes avec Lui, et jugeront le monde. C’est là un règne de paix, mais aussi de justice (cette dernière ayant particulièrement le caractère juif), car désormais les cieux et la terre se rencontrent en paix — paix sur la terre. La face des cieux, dans le caractère qui lui est propre, brille sur elle maintenant, par Christ le médiateur, et les saints qui sont avec Lui.

Ici, il est peu parlé des nations, si ce n’est d’une manière générale, parce que Christ agit à l’égard des nations comme étant identifiées avec la Jérusalem terrestre, tandis qu’ici Il est considéré comme venant des cieux, ayant affaire avec la scène principale et avec l’agent du pouvoir hostile de Satan, savoir la bête et ceux qui la suivent. Ce qui regarde les nations de ce temps-là se trouve plutôt dans la prophétie de l’Ancien Testament ; car, tout en reconnaissant le fait que le Seigneur vient des cieux avec tous Ses saints, elle s’occupe de la Jérusalem terrestre et de ce qui s’y passe. Ici, c’est le déploiement de la première résurrection qui forme le sujet capital. Bienheureux et saints sont ceux qui y ont part ! ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ ; c’est là leur plus haute position, telle qu’elle est envisagée dans ce livre ; et ils régneront avec Lui mille ans, car Il est sacrificateur sur Son trône. Il serait difficile d’ériger en principe des sacrificateurs, quoique, en figure, nous puissions dire que les principes règnent.

Après ceci, lorsque les nations forment le corps des agents hostiles, nous voyons Satan agir en elles ; mais ce n’est pas un retour de la bête, ni rien qui ait ce caractère. Béni soit Dieu, cette sombre et subtile apostasie qui résultait de la position de Satan dans les cieux, avait pris fin, et nous avons ici la manifestation d’une inimitié ouverte se déployant en ceux qu’il avait réussi à tromper. Nous ne devons donc, en aucune manière, perdre de vue ce caractère actuel du mal en rébellion et apostasie, découlant de la position de Satan dans les lieux célestes (bien que l’Église, par la connaissance de l’exaltation de Christ, puisse contempler la sienne propre, ainsi que son entière victoire sur Satan). En conséquence, la lutte n’est pas maintenant contre la chair et le sang, mais contre les principautés et les autorités, contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes. Dans le chapitre 12, Satan est précipité des cieux ; mais ici, ce qu’il a suscité de la terre contre l’Agneau est jeté dans l’étang de feu, et Satan lui-même est lié dans l’abîme. Toutefois, l’histoire de la terre n’est pas encore terminée. La venue de Jésus, dont le jugement tombe sur la bête et le faux prophète, est différente de celle de l’ange de la providence et de la puissance de Dieu qui jette Satan dans l’abîme.

La gloire et 1e règne du Fils de l’homme paraissent revendiquer la gloire de Dieu à l’égard de la chute du monde de Noé. La bénédiction du second Adam, tête d’une race rachetée, prend la place de la méchanceté et du mal antédiluviens, dans lesquels les enfants de l’Adam déchu avaient déployé leur caractère. Alors, cette scène se termina par le jugement de l’eau ; maintenant la scène commence par celui du feu. Dans le règne du Fils de l’homme avec Ses saints, « un roi régnera en justice ». Dans la bénédiction du second Adam, comme Tête de la nouvelle race, alors que le tabernacle de Dieu est avec les hommes, la justice demeure, d’une manière constante et paisible, sans que la force soit nécessaire pour la maintenir. Il y a bien un mélange partiel des principes de ces deux états différents, en vertu de la puissance et de l’influence de la Jérusalem céleste et de son glorieux Époux (et nous avons ainsi l’accomplissement du psaume 85), mais ces états n’en diffèrent pas moins pour cela.

À la fin des mille ans, Satan est délié — il séduit les nations — une séparation s’établit. Il conduit ceux qu’il a ainsi séduits, contre le camp des saints et la cité bien-aimée, savoir la Jérusalem terrestre. Alors le diable est jeté dans l’étang de feu, où sont déjà la bête et le faux prophète, et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles.

Le jugement de la bête et de ses armées, me semble-t-il, n’est pas le jugement de Matthieu 25, et celui-ci n’est pas davantage le jugement du grand trône blanc. Ce jugement, en Matthieu 25, me paraît être celui des nations en général ; Christ ne faisant pas la guerre, soit comme venant des cieux, soit comme agissant en rapport avec Jérusalem ; mais étant venu et s’étant assis sur Son trône, Il juge les nations, en rapport avec la manière dont elles avaient traité les prédicateurs de l’évangile du royaume, alors qu’ils avaient été vers elles, comme cela doit se produire tout particulièrement à la fin. Ce n’est pas ici : « Il enverra ses armées », mais c’est la session calme et solennelle du trône pour s’occuper de ceux qui avaient méprisé Christ dans Ses messagers.

Bien que le fait de la résurrection des justes soit mentionné ici, pour les placer en dehors du jugement, il est peu parlé de l’état millénial lui-même (le chapitre renfermant spécialement le récit de la session de jugement) ; et, quant à ce jugement, nous voyons que ceux qui font partie de la première résurrection en sont entièrement exempts. Nous trouvons ensuite les agissements de Satan qui amènent le jugement millénial[130] dont il nous est aussi parlé. Sur le grand trône blanc (car il ne s’agit plus des trônes maintenant) s’assit quelqu’un de devant la face duquel la terre s’enfuit et le ciel. Il ne s’agit donc pas du tout ici d’une venue — d’un jugement τῆς οίϰουμένης, ayant sa scène dans le monde habitable, ni d’un jugement des vivants. Les morts, petits et grands, se tiennent devant Dieu ; et ils sont jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres. Et en même temps, il est parlé de ce qu’est la portion de ceux qui ne sont pas écrits dans le livre de vie. Quelles qu’aient pu être les différences existant dans la mesure du mal chez eux, ils sont tous jetés dans l’étang de feu. Ce n’est plus désormais là un lieu préparé simplement pour le diable et pour ses anges. Il y était bien ; le faux prophète et la bête s’y trouvaient depuis longtemps ; mais maintenant tous ceux qui n’étaient pas écrits dans le livre de vie y sont jetés à leur tour.

Ce n’est plus maintenant un simple changement d’économie. Le grand trône blanc n’est en rapport avec aucune dispensation ; il a affaire avec les morts. Il y a alors un changement physique complet : de nouveaux cieux, une nouvelle terre, et plus de mer. Et, ici, Jean voit un objet nouveau, la nouvelle Jérusalem descendant du ciel d’auprès de Dieu. Je pense que ce fait est présenté ici pour ordre et d’une manière générale, ses conséquences étant déduites à part. Et d’abord, le progrès historique ou, si l’on veut, le résultat, est établi ; puis nous trouvons l’habitation de Dieu, non pas le trône ou la demeure céleste de Dieu et de l’Agneau, mais Dieu tout en tous, avec les hommes. La race humaine reçoit maintenant la bénédiction de la présence de Dieu ; et la grâce, mettant l’homme à l’abri de cette désolante demande : « Où es-tu ? », a tout disposé pour que Dieu puisse visiter Sa créature et même avoir Son tabernacle au milieu des hommes, qui sont désormais renfermés dans le précieux dernier Adam, l’homme ressuscité et glorifié, et non dans le premier Adam déchu. Comme nous l’avons déjà dit, le millénium est le contraste de la chute du monde de Noé, alors que Satan est chassé des cieux, et que le gouvernement intervient d’une manière effective, en justice, pour amener la bénédiction et la paix. À la chute de l’homme, la ruine du premier Adam, est opposée en contraste ici la bénédiction du second, bénédiction parfaite et infaillible, autant qu’elle est nouvelle et durable — toutes choses étant faites nouvelles — la mort n’étant plus — tout mal étant jeté dans l’étang de feu. Le chapitre 19, 9 présente cette partie de la bénédiction spéciale du second Adam, qui est caractérisée par les noces de l’Agneau, tandis que le chapitre 21, 5 nous offre le complément ou la plénitude de cette bénédiction.

L’état de la terre pendant le millénium est un sujet plus particulièrement traité par les prophètes de l’Ancien Testament — le rétablissement de toutes les choses dont Dieu a parlé par leur moyen. La connexion des bénédictions célestes avec l’état millénial est cependant comprise dans ce qui suit, pour compléter le tableau, et donner aux saints la joie de la portion qui leur est propre dans cette scène, portion qui, dans son caractère intrinsèque et tout spécial, est éternelle. Ces choses se trouvent du chapitre 21, 9 au chapitre 22, 5-6[131]. Sur ce sujet, je n’ai que peu de remarques à faire, ces notes étant déjà un peu étendues. Je dirai seulement qu’il ne s’agit pas ici d’enfants dans la maison du Père, ni de demeurer en Dieu comme étant amour, et d’être ainsi, par Jésus, en qui habite toute plénitude, rempli de Sa plénitude, nous en Lui et Lui dans le Père ; mais qu’il y est question de la gloire de Dieu, qui est le but de toute dispensation. Cette gloire s’y manifeste dans le déploiement du caractère, des motifs et des voies de Dieu, ainsi que dans l’excellence de la médiation, et dans le solide fondement de la justice et de la vraie sainteté, qui est aussi fermement établi que les rues de la cité elles-mêmes. Ces choses constituent les traits caractéristiques de la cité.

Mais il y a un autre point des plus intéressants dans ce caractère de la Jérusalem céleste, l’épouse de l’Agneau, la perfection et la félicité de la gloire médiatoriale. Premièrement, Dieu et l’Agneau en sont la lumière ; elle jouit de la lumière de la gloire, et les nations marchent à sa lumière (c’est-à-dire la lumière de la Jérusalem céleste, la femme de l’Agneau ou les saints glorifiés). Ce n’est pas seulement que « les nations seront attirées par l’éclat de son avènement », comme pour la Jérusalem terrestre, ce qui est la reconnaissance d’un nouveau pouvoir dominant, venant de Dieu et glorifié sur la terre ; mais c’est ici une bénédiction qui lui est propre : « elles marchent à sa lumière ». Cela fait ressortir d’autant plus distinctement son caractère de grâce, ainsi que l’immense privilège de la grâce ; et quant aux bénédictions possédées en commun, elles se trouvent sur un terrain incomparablement plus élevé que celui même de l’ancien paradis terrestre. L’arbre de vie qui est dans la cité a maintenant le pouvoir de guérir. Ce n’est plus simplement que celui qui est innocent peut en manger et vivre, mais il y a en lui une bénédiction en guérison pour ceux qui sont sur la terre. Ceux-ci peuvent être dans un état plus mauvais, en quelque sorte, que celui d’Adam, mais la gloire est de beaucoup supérieure et la bénédiction se déploie même dans cette gloire. L’Épouse de l’Agneau répondant, comme une aide fidèle, au cœur plein d’amour de son Époux, devient dispensatrice de bénédictions en faveur de ceux qui en ont besoin. C’est là une bénédiction complète, et nous en sommes les administrateurs, « car ses serviteurs le serviront… son nom sera sur leurs fronts ». Quelle différence avec le ministère d’une justice purement terrestre dans la Jérusalem terrestre : « le peuple et les nations qui ne voudront pas te servir périront entièrement ». Maintenant, cette administration céleste est aussi reconnue comme étant la source de la puissance. Les rois de la terre y apportent leur gloire (non plus à la Babylone corrompue, pour leur honte et leur ruine). Rien de ce qui est souillé ne peut entrer dans la cité, mais seulement ceux qui sont écrits au livre de vie de l’Agneau. Et maintenant, ce n’est plus simplement : « le Seigneur régnera aux siècles des siècles », mais « ils régneront aux siècles des siècles ».

Depuis le moment où Jésus a été exalté à la droite de Dieu, et l’Église associée là avec Lui, Christ a été prêt à juger. L’apôtre Jean nous dit que, déjà de son temps, il y avait plusieurs antichrists, par quoi il était reconnu que c’était la dernière heure. Et maintenant, au milieu de la chute manifeste de l’Église sur la terre, telle qu’elle est développée dans les premiers chapitres, bien que l’Époux puisse tarder, l’Église, dans l’intelligence de Sa pensée, n’a qu’un cri : « Viens promptement ». C’est donc dans cette position que l’Église est placée pratiquement.

À partir du moment où la prophétie commença à avoir son cours, le mal fut sans remède. Quand cette prophétie eut son accomplissement d’une manière absolue et définitive dans la crise, il en fut ainsi du mal quant aux individus, aussi d’une manière absolue et définitive, en tant qu’étant en rapport avec la dispensation du jugement : — « la porte fut fermée ». — Le Seigneur déclare qu’Il a envoyé Son ange pour rendre témoignage de ces choses dans les assemblées. Nous sommes ici ramenés en arrière vers l’état de choses précédant les paroles prophétiques (les assemblées étant ainsi instruites de ces paroles prophétiques). Le Seigneur se présente à elles, comme étant la postérité de David, prêt à hériter de son trône, tout en en étant bien réellement aussi la racine. Il se présente aussi comme le témoin brillant et béni du jour millénial, aussi bien que, dans un certain sens, du jour éternel pour l’Église. C’est là la pensée qui se présente à l’Église, à la suite de son état de chute. Ainsi donc, et dans la connaissance qu’elle possède d’une telle vérité, l’Église ne peut être que conduite dans de meilleures espérances et l’Esprit[132] qui, comme Consolateur, demeure à jamais, la prend sous Sa direction. Dans son caractère d’épouse, l’Église, faisant abstraction des circonstances, ainsi que des progrès et des associations terrestres, se joint à l’Esprit qui la conduit pour dire : « Viens », et invite tous ceux qui entendent, ceux dont l’oreille est ouverte à la vérité divine, à se joindre à elle dans ce cri spontané, se faisant entendre dans un monde de douleurs, qui est tel pour l’Église elle-même qui en voit toute la désolation. Cependant elle maintient son caractère de grâce vis-à-vis du monde, de cette grâce qu’elle a mission de faire connaître, et il est dit : « Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie ». Ainsi, bien que le Saint Esprit se plaise à abonder dans l’Église, aucun changement de circonstances ne peut empêcher qu’Il ne soit ou que nous ne soyons les ministres de cette grâce qui fait entendre ses appels au milieu d’un monde ruiné.

Strictement parlant, donc, le verset 17 revient aux choses qui sont ; les versets 10 et 11 ont trait à la période prophétique, qui a mis fin à l’espérance et au témoignage de la grâce et qui est caractérisée par le témoignage du jugement, soit préparatoire, soit définitif. Le verset 20 nous présente l’apôtre mettant, pour ainsi dire, le sceau de sa foi individuelle à l’application personnelle que le Seigneur veut faire de ce livre.

Comme l’Église, en réponse à la révélation particulière que Jésus lui avait faite de Lui-même, avait éclaté en louanges correspondant au caractère qui était alors révélé de Lui ; ici aussi, à la révélation de Son caractère millénial et glorieux, l’Esprit, qui ne la laisse jamais, quelque désolée qu’elle puisse être, mais qui l’encourage plutôt par l’espérance, la pousse à répondre par ce cri si bien approprié : « Viens », et à regarder ensuite autour d’elle, dans le sentiment de cette vérité, pour reprendre son service de grâce à l’égard du monde.

Note. — Dans le chapitre 21, 6, nous voyons Jéhovah assis sur le trône, se présentant comme l’alpha et l’oméga ; dans le chapitre 22, 12-13, nous voyons Jésus manifesté dans ce caractère. Dans le premier cas, c’est la fin du millénium ; dans le second, c’est l’introduction du temps millénial.



  1. La série d’articles que nous commençons aujourd’hui sous ce titre est, à notre connaissance, le premier travail suivi et complet que notre vénéré frère J.N.D. ait publié sur l’Apocalypse. L’importance et la valeur de cet ouvrage n’échapperont à personne même après toute la lumière que les travaux subséquents de ce précieux serviteur de Dieu ont répandue sur les révélations accordées pour l’Église au martyr de Patmos, et les frères de langue française nous sauront gré de les avoir mis à même de l’apprécier et d’en jouir.
  2. Cela est vrai aussi de l’épître aux Hébreux où il est parlé de sacrifice et de sacrificature qui constituent la relation avec Dieu. Ici c’est dans Son caractère de suprématie (quelles que soient les circonstances), qu’Il est présenté ; non pas suprématie avec les enfants, mais sur toutes choses, sur toute la création, et toujours le trône de Celui qui était, qui est, et qui vient.
  3. Voyez aussi (c’est-à-dire, dès que nous arrivons à la prophétie) 4, 2, 10 ; 5, 1, 7, 13 ; 6, 16. Remarquez aussi 7, 10 (observez qu’il n’y a pas d’allusion à cela depuis le chapitre 8 jusqu’à 19, 4) et 21, 5. Chapitre 20, 11 arrive spécialement d’une façon intermédiaire. Quant à la cité, voyez 22, 1.
  4. La réponse que fait immédiatement l’Église aussitôt que Christ est annoncé dans Ses titres concernant Sa personne, est extrêmement belle. Et quand Il est annoncé comme venant dans Sa gloire (22, 16), la réponse immédiate de l’Église dirigée par l’Esprit l’est également : « L’Esprit et l’Épouse disent viens » ; et par là l’Église prend sa vraie place, pendant qu’elle est dans l’attente.
    Le caractère de relation de Christ est pleinement montré et il y est pleinement répondu. — Fidèle témoin pour Dieu envers l’homme, représentant parfait et chef de l’Église, aussi bien que le parfait homme nouveau ressuscité devant Dieu, et le chef de la puissance pour le monde ; l’Église Le voit, et aussitôt elle dit ce qu’Il est pour elle-même.
  5. Remarquez que ce n’est pas qui était et qui est, mais qui est et qui était, Celui qui est, et par conséquent, en rapport avec le temps, qui était et qui vient.
  6. C’est-à-dire le témoin de Dieu, comme Il était le vainqueur de la mort et le gouverneur du monde en puissance.
  7. On est donc en tout ceci au-delà de la condition à laquelle ont trait les épîtres apostoliques, mais on n’est pas entré dans la relation que Christ a avec le monde en gouvernement et en domination.
  8. Le premier et le dernier. Christ comme permanent, comme Jéhovah dans Sa nature et dans Sa puissance, toutefois Celui qui avait passé à travers les vicissitudes du dénuement de l’Église, de sorte que, quels que fussent les changements survenant dans ses circonstances, elle pouvait savoir ce qui constituait sa sécurité et où elle se trouvait : ainsi c’était pour l’individu, non pas terreur, mais sécurité. Quoiqu’il arrivât, les ennemis de l’Église ne prévaudraient point contre elle.
  9. Remarquez la sagesse de cela. De cette manière il n’y avait pas de révélation quant à un délai ; avant que le Seigneur vînt, les choses étaient ; mais il était donné ce qui, je n’en doute nullement, présente une histoire complète de l’Église jusqu’à ce qu’Il vienne.
  10. C’est-à-dire que l’Église, en tant que dispensation sur la terre, prend, eu égard au temps, la place des branches juives retranchées, et en conséquence, se rattache sous plusieurs rapports à des dates, bien que l’Église elle-même en soit précisément tout l’opposé en principe ; car elle est une tout autre chose, et une chose céleste substituée à une chose terrestre qui a manqué.
  11. Si nous considérons l’ordre réel de l’histoire de l’Église dans les Actes, nous trouvons d’abord le renversement et la dispersion, à la mort d’Étienne allé auprès de Jésus, de l’Église, de Jérusalem, la seule église qu’il y eût — et ensuite l’Église sur la terre dispersée ; là-dessus l’appel de Paul, instrument entièrement nouveau pour les Gentils, les gouverneurs, et le peuple d’Israël, et par suite l’union de l’Église avec Jésus dans le ciel mentionnée pour la première fois. « Pourquoi me persécutes-tu ? » ; mais après cela (bien que le principe de la mission de Paul et de l’union de l’Église avec Jésus fût établi), la patience de Dieu continuant à travailler par le ministère de Pierre. Énée et Tabitha sont les témoins de sa puissance ; et c’est par sa bouche qu’a lieu l’appel des Gentils, afin que le témoignage du tronc juif fût encore conservé en grâce, quoi que pût faire en jugement la juste justice à l’égard de la dispensation (et qu’ainsi, quant à la dispensation, les fidèles eussent part dans la ruine des infidèles, comme Caleb et Josué durent errer dans le désert), et quoi que pût effectuer en outre une intervention extraordinaire de Dieu en un avorton témoin des prérogatives souveraines de la grâce dans le désordre de la dispensation quant à l’homme. Nous pouvons remarquer les traces prolongées de la présence continue du mal dans les saints, car ils faisaient un reproche à Pierre d’être allé vers les Gentils ; toutefois c’était là le péché final des Juifs. Mais telle était la patience de Dieu, qu’ils ne furent pas, historiquement, exclus alors, jusqu’après les relations que Paul eut avec eux à Rome (Act. 28) ; et même quand ils le furent, ce fut comme par un aveuglement partiel, et non comme bronchant pour tomber, et il y avait un résidu selon l’élection de la grâce.
  12. Dans la suite, Il est le Fils de l’homme et le Fils de David assis sur la terre.
  13. L’histoire n’était pas écrite dans le ciel. Je crois que la tentative pour interpréter la prophétie par l’histoire a été extrêmement préjudiciable à la détermination de son véritable sens. Lorsque nous avons, avec le secours de l’Esprit de Christ, déterminé la pensée de Dieu, nous avons, en tant que c’est l’histoire, l’estime que Dieu fait des événements et leur explication. Mais l’histoire est l’estime des événements d’après l’homme, et il n’a pas le droit de supposer le moins du monde qu’ils se trouvent dans la prophétie ; et il est évident qu’il faut qu’il comprenne la prophétie avant de pouvoir l’appliquer à un événement quelconque : quand il la comprend, il a ce que Dieu entendait lui donner. Je n’admets pas que l’histoire soit, en aucun sens, nécessaire pour l’intelligence de la prophétie. J’ai des faits présents, et l’explication morale d’après Dieu de ce qui y a mené, et par là l’appréciation morale qu’Il en fait. Je n’ai pas besoin de l’histoire pour me dire que Ninive ou Babylone sont ruinées, et que Jérusalem est entre les mains des Gentils. Naturellement, là où une prophétie s’applique à des faits, elle est une vraie histoire de ces faits ; mais elle est beaucoup plus. Elle est la relation de ces faits avec les desseins de Dieu en Christ ; et toutes les fois qu’un fait isolé quelconque, quelque importance qu’il ait aux yeux de l’homme, est pris comme l’accomplissement d’une prophétie, on fait cette prophétie s’interpréter elle-même ; et tel est, je le crois, le sens de ce passage, 2 Pierre 1, 20. Il va sans dire que, lorsqu’une prophétie est accomplie, son accomplissement est une preuve de sa vérité, mais le chrétien n’a pas besoin de cela ; et la preuve d’une vérité et son interprétation sont deux choses très différentes.
  14. On verra qu’ils sont des adorateurs intelligents — donnent une raison pour leur culte ; les anges ne le font jamais.
  15. Les quatre sortes d’animaux sont les chefs des quatre genres mentionnés dans la Genèse. Les oiseaux de l’air, le bétail, les bêtes de la terre, et l’homme ; sans doute ils avaient des caractères spécifiques quant aux attributs aussi (on trouvera que les animaux réunissent les qualités des séraphins et celles des chérubins). Le chérubin va avec le gouvernement de la terre. Le séraphin introduit la sainteté propre de Dieu et par là le principe du jugement final. En ajoutant cette note j’y joins une autre impression récente, que, jusqu’au chapitre suivant (où l’Agneau apparaît pour la première fois), les anges avaient été l’instrument ; avec l’Agneau les hommes prennent cette place, quoique le résultat ne soit pas manifesté.
  16. La différence des leçons jette du doute là-dessus : en tout cas, c’était un cantique nouveau dans le ciel, et non un cantique juif.
  17. Plusieurs manuscrits lisent : « ils régneront », mais alors j’ai des doutes quant à « nous a rachetés ».
  18. Ceci établit les saints dans le ciel mais attendant leur héritage — de la terre — la position en principe, de Christ maintenant.
  19. Au chapitre 4, nous n’avons pas d’anges, et les animaux sont distingués des anciens ; ici les animaux et les anciens sont associés, et nous avons les anges.
  20. Cela est vrai lors même que ces honneurs des animaux soient transférés aux anciens, comme nous savons que ceux des anges seront certainement transférés aux hommes dans le monde à venir. Les anciens, en effet, représentent toujours la position de la foi intelligente.
  21. C’est-à-dire, envisagé dans son caractère de période prolongée sur la terre.
  22. Ceci ne peut évidemment s’appliquer qu’à deux périodes : la période prolongée, subséquente à celle où les églises étaient reconnues sur la terre, et la scène préparatoire de gouvernement des jugements et interventions de la providence de Dieu, postérieurement à l’enlèvement de l’Église, et préalablement au règne du Fils de l’homme.
  23. Pour ce qui regarde la crise de la fin, ceci se développerait 1° dans la période des épreuves et de la persécution des saints (comp. Matt. 24) ; 2° dans les jugements préparatoires ou providentiels qui tombent sur les contempteurs du Seigneur (la colère étant simplement annoncée et non pas décrite dans la septième trompette) ; et enfin, dans une pleine manifestation du caractère, des aides et de l’apparition de la bête, avec le jugement final de tout ce qui lui appartient.
  24. Il semblerait, d’après le cinquième sceau, que, juste au moment où les cieux vont être changés après que l’Église qui a souffert a été reconnue publiquement et vêtue de robes blanches, elle doit se reposer encore un peu de temps, parce qu’il y a des frères et des compagnons de service qui doivent encore être tués. Quoique reconnus ainsi, il ne saurait s’exécuter de vengeance pendant quelque temps jusqu’à ce que cela fût fait. Mais alors, les cieux furent changés pour préparer cette vengeance. Dans les trompettes, remarquez qu’il n’est pas question de mal tombant sur les saints, ni même de saints, mais de jugements tombant sur la terre ou ses habitants. Le fait des derniers souffrants (c’est-à-dire jusqu’à la mort) de ces « frères » semble une affaire de transition, l’acte de la bête dans son dernier état comme montant de l’abîme, se débarrassant d’eux dans cette puissance, à la joie des habitants de la terre qu’ils tourmentaient. Ils se tenaient devant le Dieu de la terre.
    Quelques-uns verraient là le moment de l’enlèvement de l’Église ; mais il me semble que c’est une erreur. C’est plutôt le temps où ils sont publiquement reconnus devant le trône, en conséquence du changement survenu dans les cieux et dont il a été parlé précédemment, et avant que les jugements commencent. Dans ce cas, les cent-quarante-quatre mille sont le résidu juif reconnu alors sur la terre. Envisagés comme l’Église dans sa portion propre, elle est vue, je crois, comme dans les cieux dès la fin du chapitre 3. Là elle en a fini complètement avec la terre.
  25. Cela est généralement vrai du corps ecclésiastique. Il est dit à Thyatire : « je lui ai donné du temps, afin qu’elle se repentît, et elle ne veut pas se repentir », et la venue de Christ est alors annoncée. Mais l’appel est renouvelé à Sardes, (le Protestantisme, je crois), à son tour, mais en vain, sauf pour les individus. Cela finit en Laodicée.
  26. Je ne crois pas que, dans la crise, ceci soit en aucune manière le jugement de l’Antichrist, mais bien ce renversement de la puissance de Satan dans les cieux et cette révolution, cette ruine complète qui en résulte, de tous les fondements de toute l’organisation politique et sociale, dont il est parlé comme précédant le jour du Seigneur. Car les sources du pouvoir dans les cieux doivent être changées avant qu’arrive le jour du Seigneur, quoique Satan puisse exercer sa fureur sur la terre ; Satan, contre les actes et les instruments duquel viendra précisément le jour du Seigneur (voyez Joël 2 ; Marc 13, 24, 25). Je crois que d’ordinaire, on ne remarque pas assez l’importance et l’étendue de cette révolution qui se fait dans les cieux. La terre peut avoir été souvent ébranlée et être revenue à son cours, parce que les cieux ne le sont pas. Mais, quand les cieux sont ébranlés, les sources du pouvoir sont changées et l’ennemi précipité ; et il ne regagne jamais sa place, quoique lorsqu’il est délié, il puisse encore agir vainement en opposition sur la terre ; alors en effet, le jugement est venu, les cieux étant ainsi établis, et ayant la domination.
  27. Appliquer littéralement les symboles, me semble une chose très fausse en principe et un mode d’interprétation extrêmement impropre. C’est nier qu’ils soient des symboles. Je considère le langage des symboles comme aussi précis que tout autre, et toujours employé dans le même sens autant que langage l’est.
  28. Ou état d’attente quant à elle-même. Envisageant la fin, les saints n’avaient plus à dire : Jusques à quand ? quoique le jugement ne fût pas encore venu de fait.
  29. De même à l’égard de la crise, les cieux, en tant qu’occupés maintenant par les saints, n’avaient pas de part dans le jugement du Fils de l’homme. Leurs armées qui sont au ciel Le suivront ; mais c’étaient les jugements préparatoires de la puissance suprême de Dieu en providence dans lesquels les saints n’ont part en aucune manière. Ils ne pouvaient pas ouvrir le puits de l’abîme pour en faire sortir les sauterelles et délier Apollyon. Ils ont la pensée de Christ, et ainsi le caractère et les voies de Dieu dans le Fils de l’homme, non pas dans Son gouvernement suprême, bien qu’il s’exerce en leur faveur. Cela les dépasse complètement ; et c’est de cela que les trompettes constituent une partie — l’annonce des voies et du gouvernement suprême de Dieu, et non Ses voies et Ses desseins envers eux.
  30. Je conclus de là que dans la crise ceci serait l’intercession du souverain Sacrificateur pour ceux qui sont restés sur la terre — les saints postérieurs (comme nous avons été auparavant conduits à le voir) à l’enlèvement des saints — les saints en rapport avec la terre à cette époque.
  31. Leur souffrance comme corps n’était pas le trait caractéristique du contenu des trompettes qui agissaient en jugements sur ceux qui n’étaient pas des saints ; leur union actuelle et leur identification avec l’Agneau n’étaient pas non plus reconnues, bien qu’individuellement ils pussent être tels.
  32. Il n’y a pas de symbole plus difficile que les divers emplois de l’eau. L’eau vive est l’Esprit ; mais comme Il agit par la Parole, l’eau (pas précisément l’eau vive) est la doctrine, et dans un bon sens la Parole. Mais les eaux sont des peuples, des foules, des nations et des langues, et la mer leur masse confuse. De là, les fleuves semblent leurs compartiments divers, comme en ce passage : « dont les fleuves ravagent la terre ». Voici donc comme je tiens la chose : l’eau est toujours envisagée comme sous l’action d’influences morales d’une espèce quelconque ; lorsque c’est de l’eau vive, il y a de la puissance ; lorsque c’est la mer, on ne peut qu’agir sur elle tout simplement ; lorsque ce sont des fontaines, ce peut être la source de leurs influences comme les fleuves seraient leur source ; c’est pourquoi, selon la forme de son emploi, l’eau exprimerait la source ou les effets de ces influences morales sur la masse de la population, ce que nous appelons « le peuple », et par suite l’état moral du peuple dans son ensemble, la forme respective de l’eau indiquant son caractère particulier. Les sources des eaux, les sources de cet état sous ces influences : — « Qui êtes de la source d’Israël ». Israël envisagé comme la source de toute la nation. Ainsi il mettait l’empreinte de son caractère sur tout ce qui découlait de lui : et en conséquence cela pouvait s’appliquer peut-être directement à un docteur ou plutôt à une corporation existante de docteurs — les sources des eaux : car là où ils sont ils caractérisent le peuple, comme dit le proverbe : « tel le peuple, tel le prêtre ».
  33. Cela sera vérifié en outre dans le pays (Canaan) au dernier jour.
  34. Comparez la marche spirituelle de la prophétie d’Habakuk qui illustre précisément ceci.
  35. Dans la vue de la période prolongée je ne vois pas de raison pour s’écarter de l’interprétation qu’on donne ordinairement de ces sauterelles (c’est-à-dire les Sarrasins). Dans la crise ceci aura son accomplissement dans le grand ennemi, ou l’Antichrist.
  36. Dans la longue période, de même que pour le premier malheur, je tiens celui-ci ainsi qu’on le fait d’ordinaire comme désignant les Turcs.
    Dans la crise ce sera l’invasion des armées du Nord et de l’Orient ayant plus tard à leur tête l’Assyrien et Gog, le prince de Magog.
  37. Relativement à la crise, l’Église est considérée comme de fait dans le ciel (c’est-à-dire, perdue entièrement de vue sur la terre, comme elle l’était de fait, lorsqu’elle eut perdu sa position de témoignage ici-bas, en tant que ville située sur une montagne). Car tout le long du temps, quelle que soit la condition particulière des saints, du moment que l’Église cessait d’être reconnue ici par le Fils de l’homme en jugement, comme dans les sept églises, elle était vue dans le ciel soit mystiquement (ce qui donne la période prolongée), soit réellement et de fait, lorsque prennent place les épreuves et les jugements du dernier jour, la crise, comme on l’a appelée. Dans l’un et l’autre cas elle est perdue de vue sur la terre.
  38. L’arc-en-ciel autour de la tête montrait la connexion de cette révélation avec le rétablissement de la création — l’alliance avec la création au temps où le gouvernement fut institué.
  39. Dans la crise, les résultats apostats de ce qui était nominalement l’Église.
    Dans les sceaux, il s’agit de l’Agneau, et les saints sont exposés à la persécution. Les trompettes sont des jugements providentiels sur le mal, dans lequel les saints ne se trouvent point, souvent par des hommes méchants souffrant les uns par les autres, comme dans l’histoire juive. Puis vient la manifestation des ennemis ouverts du Seigneur Jésus Christ, et leur jugement, et dans leur plein caractère, par le Fils de l’homme Lui-même.
  40. Mais alors la continuation historique n’est pas immédiate ; il n’y a suite qu’à partir de l’état de choses résultant de la position des parties, et plus particulièrement à partir de la fuite de la femme dans le désert, les versets précédents ayant pour but simplement de faire voir ce qui a amené les parties dans cette condition, savoir que le fils mâle ne déployait pas d’abord sa puissance, mais était enlevé — il y avait ensuite une opération par laquelle les cieux étaient d’abord purifiés — et puis ce par quoi le pouvoir apostat était abattu après toute sa lutte contre Christ. La chose à remarquer ici, quant à l’ordre, est que la guerre semble avoir lieu avant que les puissances du ciel soient changées, changement à l’égard duquel il faut comparer les cinquième, sixième et septième sceaux. Je ne vois pas que le fait que les saints sont reconnus dans le cinquième implique le changement des cieux : le sixième cependant me semble le faire.
    Voici l’ordre que ces passages impliqueraient, quant à la crise finale : — les trois sceaux après le premier seraient le commencement des douleurs ; durant cette période les fidèles témoins sur la terre seraient exposés à être tués, et l’évangile du royaume serait prêché parmi les Gentils. Au cinquième sceau les cieux sont changés.
    L’abomination de la désolation est établie au milieu de la dernière semaine.
    Temps de détresse tel qu’il n’y en a jamais eu depuis qu’il existe des nations, le dragon persécutant la femme.
    La femme s’enfuit. — Ceux qui sont dans la Judée s’enfuient aux montagnes.
    Le sixième sceau est ouvert ; et avant que les vents soufflent le résidu est scellé et la multitude ayant des palmes apparaît vêtue de robes blanches.
    Le cri du résidu sur la terre amène le jugement là-bas comme le cri des âmes sous l’autel au cinquième l’avait amené au sixième.
    Alors viennent les jugements des trompettes qui se succèdent régulièrement, le dernier impliquant le jugement final.
    Le seul point qui reste est celui du moment où Satan est précipité. Le douzième chapitre prend tout le cours du livre dans ses sources intimes, afin d’introduire les derniers agents comme objets du jugement annoncé dans le ciel pour le moment où la dernière trompette sonnera. Ce chapitre fait voir, comme il a été remarqué, que le premier acte est l’enlèvement de Celui qui doit gouverner les nations ; et la question tout entière suit son cours après cela. Le pas suivant n’est pas le changement des cieux, mais la guerre là ; et alors l’adversaire et accusateur est précipité. Cela se passe évidemment avant les derniers trois ans et demi, époque de la tribulation, et antérieurement à la tribulation et à la fuite ; au moins me semble-t-il qu’il en est ainsi. Le changement des cieux arrive après cela, ou plutôt, sur cela. La seule chose, donc, que j’avance sur ce point, c’est que, d’après ces passages, la défaite et l’expulsion du ciel du dragon, relativement à la crise, me semblent avoir lieu quelque temps avant que l’abomination soit établie, après l’enlèvement des saints, c’est-à-dire avant ou durant la période des quatre ou cinq premiers sceaux (le sixième sceau serait l’effet de cela).
    Il est évident d’après Matthieu, Marc, Joël, que l’apparition du Fils de l’homme est postérieure à ces changements dans les cieux, comme d’ailleurs cela ressort manifestement du cours tout entier et de l’ordre de ces actes solennels, de ces solennelles voies du jugement de Dieu. L’épiphanie de Sa parousia détruit l’homme de péché. On peut comparer ici Ésaïe 24.
  41. Il leur fut donné puissance pour prophétiser, revêtus de sacs, durant la période pendant laquelle la partie extérieure du lieu saint était foulée aux pieds, tandis que la partie intérieure était préservée. La période est donnée ici en jours pour montrer, je suppose, la continuité et la constance de leur témoignage, et non pas simplement son terme. L’autre point dans le témoignage était celui-ci, qu’il était en dehors de l’ordre dans lequel auront lieu le déploiement et le service des grands offices de Christ sur la terre lorsqu’Il viendra ; c’était seulement un témoignage à ces offices du Seigneur. Si nous comparons Zacharie 4, nous trouverons dans la restauration de l’économie juive sur la terre, l’ordre le plus strict dans toutes ses parties ainsi que dans les arrangements du chandelier unique, ses deux oliviers et ses tuyaux. Mais ici il y a deux oliviers et deux chandeliers. Ils se tenaient devant le Seigneur de toute la terre ; ici ils se tiennent (vers. angl.) devant le Dieu de la terre — témoignage à la vérité, mais non son accomplissement : non pas l’ordre, la beauté, et la régularité de la chose établie, mais un témoignage au droit de Dieu à l’avoir ainsi. Voilà ce qu’étaient ces témoins.
  42. Comme je suppose qu’ils le sont en effet.
  43. Ici j’ai laissé de côté un passage relatif à un ouvrage renfermant les vues selon lesquelles un jour est pris pour un an, ce que je ne puis affirmer avec une certitude quelconque.
  44. L’application des allusions ou des prophéties de l’Ancien Testament dans le sens dans lequel elles sont employées là, me paraît être également insoutenable ; elles sont empruntées de là pour être appliquées à des sujets célestes, absolument comme dans le cas de Jérusalem ; ainsi l’analogie est partout : restreindre l’Apocalypse à la même signification, c’est, me semble-t-il, nous en priver, et équivaloir simplement à ceci, que lorsque l’apôtre emploie le langage prophétique pour introduire dans des scènes d’un ordre plus avancé, nous sommes retenus là où nous a laissés la prophétie : c’est-à-dire, selon moi, obscurcissant, au lieu d’éclairer.
  45. La parole de Babel était : « Acquérons-nous de la réputation » (un nom). Dieu seul a droit à un nom, ou droit d’en donner un. Adam avait ce droit à l’égard des bêtes comme établi par Dieu sur elles ; « et il les fit venir vers Adam ». L’ennemi peut, sous la direction de Dieu, donner par dérision, un nom aux saints ; mais ils sont rassemblés uniquement au nom du Fils de Dieu, le Seigneur Jésus Christ, et doivent porter seulement Son nom, et, en Lui, le nom du Père.
  46. Remarquez qu’il ne s’agit ni de résurrection, ni de changement de personnes qui seraient vivantes, mais d’un acte spécial. L’homme les avait tués, mais Dieu les a vivifiés et appelés en haut.
  47. Je dis leur témoignage, parce que, quant à son caractère général, la bête persécutera les saints.
  48. À la joie de ceux qui habitent sur la terre ; il est donc, sans doute, leur grand ami.
  49. Un autre signe commence au chapitre 15.
  50. « Le Témoignage chrétien », vol. 3, page 146.
  51. Mais pour ce qui concerne l’application historique directe, la femme ici est le peuple (ou Jérusalem), vu dans le ciel et la gloire d’abord, puis chassé et persécuté par le dragon — selon la pensée de Dieu, et ensuite l’objet de l’inimitié de Satan.
  52. Ainsi tout l’état de cœur précédent dans ce qui réfléchissait la lumière, était couvert dans l’ombre, car le peuple est mis sous leurs pieds.
  53. Dessein exprime plutôt ici la chose qu’on s’est proposée, que l’intention. Si je suis compris, je ne m’inquiète pas de la précision métaphysique. Le mot dessein renferme évidemment les deux choses, mais peut s’appliquer d’une façon spéciale à l’une ou à l’autre (c’est-à-dire à l’intention ou à la chose qu’on a en vue).
  54. Le Fils fut enlevé, mais Il devait gouverner toutes les nations : la condition céleste est ici la réponse et le remède à une tentative dirigée contre quelqu’un qui devait régner sur la condition terrestre. Son gouvernement et son pouvoir sont l’affaire en question.
  55. Cela est vrai même dans l’Antichrist ; car c’est une association avec les Juifs, et la possession de Jérusalem pour la garder comme centre de la puissance terrestre contre le Seigneur, en tant que venant du ciel. Les « hommes moqueurs » qui demeurent à Jérusalem « ont fait accord avec la mort et ont intelligence avec le sépulcre ».
    (Note de la deuxième édition). Je n’ai pas modifié les applications abstraites : c’eût été changer l’ouvrage (et elles présentent une sorte de dictionnaire pour les symboles), mais j’ajoute çà et là les événements prophétiques particuliers, dans lesquels ils sont accomplis — comme je le crois, ce à quoi ils s’appliquent.
  56. Mais ils ne sont pas encore remplacés là par les saints.
  57. Remarquez ici que la victoire est célébrée ; ils ont vaincu, ils ne sont donc plus dans ce combat.
  58. Je suppose qu’on trouvera que, bien que la souffrance puisse être très bénie et glorieuse quand elle est endurée pour la justice ou pour Christ, elle n’en est pas moins toujours employée par le Seigneur pour la correction de quelque mal secret ou manifeste dans l’individu ou dans l’Église.
  59. C’est-à-dire, même en rapportant le passage à la période prolongée.
  60. Le culte des saints, qui est en réalité le culte des démons.
  61. Satan est précipité du ciel sur la terre où il est encore en grande fureur pendant la dernière demi-semaine de Daniel, et persécute les Juifs reconnus de Dieu, sauvés providentiellement comme corps, sur quoi l’ennemi saisit tout ce qu’il peut. La femme est, comme je l’ai dit, les Juifs reconnus de Dieu, ou Jérusalem.
  62. Je vois bien des choses, conduisant à la conviction que c’est Christ comme chef de la puissance angélique, mais non d’une façon certaine, et en conséquence je ne dis pas plus que je ne fais ici. Une étude plus approfondie me conduirait à une conclusion différente.
  63. C’est-à-dire le nombre pluriel ; il est fait mention de supériorités (comme principautés, puissances, trônes, dominations, mais non pas d’archanges).
  64. Le combat avec Satan et l’épreuve, bien que peut-être employés comme châtiment en discipline, diffèrent tout à fait du jugement exercé dans l’état de guerre où Satan a puissance selon la chute du premier Adam et sa volonté de marcher avec lui.
  65. La puissance qui l’a vaincu en haut, c’est le chef angélique du peuple juif.
  66. Ne devrait-ce pas être : « maintenant est venu le salut, la puissance et le royaume de notre Dieu, et l’autorité de son Christ ? »
  67. Je ne doute pas qu’il ne soit contenu dans l’enlèvement du fils mâle, aussi bien que Christ Lui-même.
  68. Comme corps, elle n’est envisagée que comme dans le ciel (ainsi que nous l’avons vu fréquemment) depuis la fin du chapitre 3. Aussi, est-ce de l’accusateur des frères qu’il est parlé ; car la voix venue du ciel ne pouvait parler de souffrance ou d’accusations de saints là-haut, mais de ceux qui y avaient été exposés sur la terre. D’après la supposition faite ci-dessus, ceux-ci seraient la classe des saints souffrants qui devaient encore être réunis comme mis à mort dans le dernier témoignage, ou qui ne voudraient pas adorer la bête.
  69. Le temps de la détresse de Jacob ; mais il en est délivré.
  70. Nous avons ici le fait important que, après la célébration de la venue du salut, du royaume de notre Dieu et de la puissance de son Christ, et de l’expulsion de Satan des lieux célestes, il doit s’écouler trois ans et demi avant que prennent fin l’épreuve et la persécution par lui du peuple juif ; les Juifs sont les objets de la haine de Satan, et Christ n’apparaît pas en leur faveur.
  71. L’Agneau est toujours l’être souffrant rejeté qui après tout est le lion de la tribu de Juda, le centre de la gloire. Dans le fait historique ceci a lieu lors de l’expulsion de Satan du ciel, fait dans lequel le royaume et la puissance sont d’abord déployés.
  72. Ce passage est remarquable pour ce qui regarde la crise, car la joie est proprement dans le ciel. À proprement parler, l’Église n’est pas en question. En conséquence, on entend une voix dans le ciel, mais elle exprime évidemment la pensée de Dieu dans l’Église en haut, car elle dit « l’accusateur de nos frères », et envisage le royaume comme venu maintenant. C’est comme un rayonnement de la joie de l’Église dans le ciel avant que les saints soient manifestés avec Christ par suite de la cessation des souffrances de ceux qui sont restés sur la terre, et de la purification des lieux célestes. La voix du ciel, l’Église, est plutôt identifiée avec la sacrificature et l’attente de Christ, mais dans un caractère de triomphe, et qui s’est effectué par l’expulsion de Satan et le fait que maintenant le royaume est venu bien que non établi encore sur la terre pendant trois ans et demi.
    Je pense que l’enlèvement du fils mâle s’applique proprement, en outre de Christ, à l’Église des premiers-nés. Son corps n’a pas de date, sauf qu’il précède tous les événements mentionnés, c’est-à-dire tous les événements qui se passent ici-bas, même le combat qui a lieu dans le ciel ; car Christ et Son corps ne peuvent prendre leur nouvelle position relative sur la terre, jusqu’à ce que Satan et ses anges soient précipités.
  73. Quoique je dise leur source, ce qui est vrai quant à l’administration et à l’état moral des choses, toutefois est passé ici sous silence (comme n’étant pas le sujet de ce chapitre, et pouvant difficilement être appelé un événement, comme changeant l’ordre tout entier de l’administration et du gouvernement lui-même) l’ébranlement des cieux en vue de l’apparition du signe et du gouvernement du Fils de l’homme là : mais cela proprement ne vient pas ici ; et c’est la raison pour laquelle je n’ai fait que le signaler de cette manière. Sa date dans la suite des événements peut se voir en Matthieu 24 et Marc 13 ; mais cela ne fait pas partie du cours des événements simplement humains, mais est un changement dans l’administration céleste de ce genre de faits. Mais le combat qui a lieu dans le ciel et sa conséquence que Satan est précipité sur la terre changent complètement la position respective des saints dans le ciel et sur la terre. L’exercice administratif direct de tout cela est différé pendant trois ans et demi pour donner le temps de venir à pleine maturité aux desseins de Dieu, à la séparation du résidu des Juifs durant leur tribulation et au complet soulèvement de la terre contre Dieu sous l’influence et la direction de Satan : mais le ciel pouvait faire immédiatement éclater sa joie et prononcer malheur sur les habitants de la terre et de la mer. Mais l’administration n’étant pas encore changée, les choses suivaient d’ailleurs leur cours sans autre châtiment, jusqu’à ce que la terre ayant empiré par cela et s’étant, dans une énergie satanique, enrôlée contre le ciel, le Fils de l’homme eût à prendre en Ses mains la puissance et que l’administration fût elle-même changée. Et c’est alors que commence l’administration du monde à venir, duquel nous parlons. Ce dernier événement est d’une extrême importance, et l’Écriture en parle comme d’un événement très solennel. C’est, à ce que je pense, ce qui est appelé la fin : « Alors viendra la fin ». Sinaï fut le commencement manifeste ; quoiqu’il y eût d’autres points qui s’y étaient rattachés dans le monde et sur la terre, c’est-à-dire Noé et Nebucadnetsar.
  74. Spécialement dans ses opérations dans ces derniers événements.
  75. C’est-à-dire de la quatrième bête de Daniel avec celle-ci.
  76. C’est une tentative pour rattacher par des termes généraux, la période prolongée de l’existence de la bête et la crise ou la dernière demi-semaine ; et, en attendant la claire lumière de la fin, cela servait à guider la conscience d’une manière générale.
  77. C’est-à-dire qu’elle était vue dans cet état postérieur à la guérison de la blessure mortelle qu’elle avait reçue. Je suppose que la tête blessée était la tête impériale. Bien des considérations tendent, je crois, à le montrer et font ce point assez clair. Je doute qu’elle fût pleinement développée comme bête jusqu’à ce moment-là.
  78. Ou plutôt, elle était vue postérieurement à cela. D’abord, Jean voit le caractère général de la bête comme un tout, et le lieu de son trône et de son autorité, là : ce trait particulier dans l’état dans lequel il la considère, non de la bête en elle-même, mais de la bête comme il la voyait alors.
  79. L’admiration implique l’effet produit sur une imagination sans connaissance, quoique excitée peut-être par une forte cause — non pas le jugement, ou les affections.
  80. C’est toutefois, l’apostasie de l’autorité.
  81. Ceci doit être pris pour la dernière période de la demi-semaine, si on le prend dans la crise et qu’on l’applique à la pleine manifestation de son caractère, ce que le verset semble faire. Il n’a pas pour but de dire que c’est la dernière demi-semaine, mais simplement de rattacher à la bête la période caractéristique de la durée de son activité : il donne toutefois cette période comme cette durée.
  82. C’est tout ce qu’elle pouvait faire maintenant. Satan l’accusateur était chassé du ciel, et certes les saints étaient là. Les tendances de la bête auraient plu aux Juifs auparavant. Maintenant elle persécutait les saints sur la terre aussi. Les autres Juifs seraient maintenant en rébellion.
  83. Cela avait eu lieu antérieurement à cette période-ci laquelle commença, à l’expiration de celle-là, par l’expulsion de Satan du ciel. Jusqu’alors ils avaient souffert la mort réellement, au moins ils n’avaient pas aimé leur vie.
  84. Mais je doute qu’il se rattache au verset 7 quelque période ayant des dates, il ne s’agit pas là de temps, mais du caractère de la chose.
  85. Là les élus sont sauvés quant à la chair, sauf ceux qui étant tués, obtiennent une portion céleste, les saints des hauts lieux de Daniel et ceux qui sont particulièrement signalés comme ne rendant pas hommage à la bête, au chapitre 20, ici.
  86. Ceci aura toute sa force littérale durant la crise dans le pays.
  87. « Mais si en faisant bien, vous souffrez, et que vous l’enduriez, cela est digne de louange devant Dieu », dit l’apôtre Pierre.
  88. Comme la huitième tête était la bête.
  89. Les épreuves sous la bête sont distinctes de la simple conservation de la pureté ; et le dernier avertissement de n’avoir rien à faire avec la bête, vient après l’annonce de la chute de Babylone. En conséquence, nous avons le chant de louange des cent quarante-quatre mille qui se sont conservés purs, et après, distincts de ceux-là, ceux qui ont remporté la victoire sur la bête. Il ne s’en suit pas que quelques-uns ne puissent pas avoir été impliqués dans les deux espèces d’épreuves, ou s’être gardés de l’une et avoir souffert sous l’autre, mais ils sont mentionnés comme des sujets distincts ; et il peut y en avoir qui passent par l’épreuve des actes de la bête en général, préparatoires à ses derniers combats en Judée, sans s’être jamais trouvés, du moins complètement, dans les circonstances des cent quarante-quatre mille. Ils sont dénombrés avant que Babylone tombe. L’avertissement contre la bête a sa force particulière après. On peut aisément comprendre que le chapitre 12 a eu son accomplissement dans la période prolongée d’années, et si on l’applique à ce qui se passe à la fin, son application est plutôt d’une nature préparatoire et non pas finale. Quand la seconde bête tombe, simplement comme faux prophète (son caractère séculier comme bête disparu), ce changement a eu lieu précédemment en elle ; elle a perdu auparavant son caractère séculier et sa puissance comme bête, et est simplement un faux prophète. Il me semble que tout cela est antérieur aux derniers actes de l’Antichrist en Judée, comme le roi qui fait selon sa volonté (Note de la seconde édition : C’est là une remarque très importante qui était sortie depuis longtemps de mon esprit. Je doute qu’il soit tout à fait exact de dire : « tout cela est antérieur ». C’est d’un caractère différent ; mais les deux peuvent continuer ensemble, et dans leur forme respective distincte s’appliquer à la fin à la Palestine, quoique l’expression, ceux qui habitent sur la terre, soit encore caractéristique. Quand la bête tombe en Palestine, la seconde bête est envisagée simplement comme un faux prophète ; sa personne en tant que royale semble effacée par la présence de la bête. Comme en Ésaïe 24, la difficulté est touchant la force du mot : la terre. Tout le passage veut être plus mûrement considéré. Remarquez que le monde et les tribus, les langues et les nations ne sont pas placés formellement sous l’influence de la seconde bête) : ce sont des choses d’un caractère tout à fait distinct. Ce que nous avons ici (chap. 13) a un caractère préparatoire en vue d’amener ceux qui habitent sur la terre à lui être soumis et de les entraîner avec elle. Tout l’ensemble, sauf la période où elle continue ses blasphèmes, n’est pas ici une date, mais un caractère, ou des actes. Il se peut qu’elle entraîne après elle les Gentils qui habitent sur la terre, de cette manière-là ; et quand elle est dans le pays, le même genre d’activité peut y continuer localement et spécialement. La seule date pour la seconde bête est la restauration de la tête impériale, comme je le suppose, qui avait été blessée.
  90. Remarquez ici combien c’est une chose solennelle qu’il donne le signe qui sous Élie était la preuve que Jéhovah était Dieu ; en 2 Thessaloniciens 2, ce qui en Actes 2 est la preuve que Jésus est le Christ.
  91. Je répète la remarque de la note des pages 456 et 457 que tout cela est caractéristique de la chose, et qu’il n’est pas question de temps, sauf la restauration de la tête impériale.
  92. La distinction des périodes est, je pense, très nettement marquée en Daniel 7. Le caractère de la petite corne — la dernière forme de méchante et orgueilleuse élévation contre le Souverain dans la bête — se trouve dans le verset 8. Le prophète vit cela jusqu’à ce que les trônes fussent roulés ; aux versets 9, 10, le jugement se tient et les livres sont ouverts ; maintenant ce n’est plus le temps du témoignage. Puis il regarde de nouveau jusqu’à ce que la bête fut tuée, verset 11, à cause des grandes paroles de la petite corne. Après cela il est dit que le royaume du Fils de l’homme est donné ; ceci en connexion avec le Seigneur. Les saints, soit ceux des hauts lieux, soit simplement les saints, sont introduits dans l’explication, verset 21 ; le caractère de la corne, quant aux saints, est donné — saints des lieux célestes ou non — il s’agit du caractère de la corne. Ceci est donc, premièrement, jusqu’à ce que l’Ancien des jours vienne ; ensuite, le jugement est donné aux saints des lieux célestes ; troisièmement, les saints, célestes ou sur la terre, possèdent le royaume. Pour ce qui est des actes de la petite corne signalés, nous avons d’abord sa présomption contre le Souverain ; ensuite il harcèle les saints des lieux célestes, et prend en sa puissance les fêtes et les temps juifs qui lui sont livrés pour une période déterminée ; puis, le jugement se tient, comme à la fin des versets 10, 11. Le verset 25 me semble donc, proprement, les trois ans et demi antérieurs au commencement du jugement ou à la séance pour le jugement ; après cela il y a une suite d’opérations pour abolir, consumer et détruire ; et ensuite le royaume, sous tous les cieux, est donné au peuple des saints du Souverain, rattachant ainsi le peuple terrestre de Jérusalem, la ville du grand Roi, avec le peuple céleste.
    Le chapitre 8 présente, à mon avis, un ennemi tout différent et contraire ; et je crois que confondre l’Assyrien et l’Antichrist (ou même la bête, car je ne tiens pas la première bête pour l’Antichrist personnel) a eu pour effet de beaucoup obscurcir la prophétie et d’embrouiller l’esprit quant à la simplicité de ses déclarations.
    L’un est l’ennemi de Christ, comme venant du ciel avec les saints ; l’autre Son ennemi, comme associé avec le résidu fidèle des Juifs à Jérusalem.
    Je ne vois pas de motif pour supposer que l’expression : « ils seront livrés en sa main » (Dan. 7, 25) signifie les saints, mais plutôt les temps et les lois…
  93. Ceci est une époque très importante. Dans le chapitre 5, 9, on chante un nouveau cantique. Il y avait un nouveau sujet de louange lorsque l’Agneau, qui était au milieu du trône, prit le livre, et prit en main le développement de ce qui devait introduire l’héritage. Les rachetés pouvaient dire alors : « Ils régneront », quoique l’Agneau fût encore en haut, et que l’action de Sa puissance fût seulement céleste ou dans des voies de providence. Ici, l’Agneau, sans avoir encore déposé ce caractère et revêtu celui de Fils de l’homme, de juge, de guerrier, est toutefois en relation avec la terre, et se tient sur la montagne de Sion. Et en conséquence on chante un cantique nouveau devant les animaux et devant les anciens : ceux-ci ne prenant pas eux-mêmes part à cela (car ce n’était pas la portion de l’Église mystique, ni par conséquent le grand témoignage de la rédemption pour la création), mais une occasion spéciale de louange parce que l’Agneau prenait place sur la montagne de Sion et s’associait, bien que d’une manière générale, avec la terre (le Messie jadis rejeté).
  94. Cela me semble, comme en Jean, le nom du Père déclaré comme Il le révélait alors, et comme Christ disait : « Mon Père, duquel vous dites qu’il est votre Dieu ».
  95. La seconde bête avait fait rendre hommage à la première bête par la terre.
  96. Ceci, envisagé dans la crise, me semblerait impliquer que, outre l’Église proprement dite, dont la place était dans le ciel, et qui, dans ce sens-là, en aurait fini avec la terre, il y aurait un résidu racheté de la terre se rattachant encore à l’Agneau (c’est-à-dire le martyr reconnu par le nom de Son Père) et apprenant un cantique chanté devant le trône et devant les anciens — une classe particulière et ayant ainsi un cantique spécialement à eux. Ils étaient des premiers rachetés de la terre, rachetés d’entre les hommes. Le corps de l’Église, dans son caractère céleste, avait disparu de la scène avant — n’avait rien à faire avec la terre. Le refus de rendre hommage à la bête a pour effet qu’on est préservé dans une position terrestre — préservation dont la force est accrue par l’avertissement touchant la coupe de colère sans mixtion devant les saints anges, les ministres de la providence de Dieu, et devant l’Agneau, le saint martyr dont on rejetait la grâce, la puissance et le titre dans la grande controverse. Ces cent quarante-quatre mille sont davantage, quant aux circonstances, comme l’Agneau dans Sa portion terrestre et dans les revendications qu’Il en fait. Ils n’étaient pas considérés en corps comme l’Épouse de Christ, mais comme ayant une position spéciale comme vierges — encore est-ce en contraste avec la prostitution du mal dans la période prolongée, le résidu particulièrement préservé à part — dans la crise, un résidu spécial que nous avons signalé.
  97. Il ne faut pas confondre le trône de Dieu et de l’Agneau avec la révélation du Père dans le Fils : c’est cette dernière chose qui est notre révélation de Dieu, béni soit Son nom ; la première est la gloire gouvernementale. Il y a une analogie dans la période prolongée ; mais l’attribution du salut à Dieu et à l’Agneau et les prémices de la terre introduisent le millénium. Voir la note suivante.
  98. Ils étaient plutôt un témoignage de la pureté du trône et de l’Agneau, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, pour ce qui était selon Lui en la terre, et en conséquence ils sont, dans la pleine signification du mot, l’aurore de ce brillant et heureux matin de la terre de la part de son Créateur et Rédempteur.
  99. Je prends le mot éternel comme distinguant cet évangile-là de toute bonne nouvelle temporaire ou provisionnelle. Canaan était un évangile pour Israël ; la naissance de Christ dans la chair était une bonne nouvelle pour Israël. Mais celui-ci est l’évangile éternel, aiônios — la pleine complète promesse des résultats dans le Fils de l’homme, formés d’après les intentions et les droits de Dieu ; et cela comme par rédemption. Cela impliquait donc le royaume ; quoique, en quelques cas, il se peut qu’il n’y eût que la base posée. Tout lecteur attentif des évangiles apercevra la transition, des promesses présentées aux Juifs dans la personne de Christ dans la chair, à cet évangile éternel : « si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » ; et puis sont introduites les choses terrestres et les choses célestes.
  100. Le temps donné à Jésabel pour se repentir, courait, pour ainsi dire, à partir d’alors.
  101. Lors donc que l’évangile éternel est proclamé, il ne s’agit pas de l’introduction d’un état universel de bénédiction, mais d’un appel à craindre Dieu au milieu de la vaste apostasie de tout genre, « car l’heure de son jugement est venue », comme « cet évangile du royaume sera d’abord prêché à toutes les nations, et alors viendra la fin », c’est-à-dire, du siècle. C’est ce dernier point, en même temps que je reconnais pleinement ce qui précède comme impliquant les principes, qui est le véritable sens du passage dans toute sa force, et c’est pour cela, comme le fait remarquer la note précédente, que Dieu est annoncé comme un Créateur qui avait droit sur Ses créatures, et qui se présentait comme tel aux hommes sur la terre, comme contre toutes leurs idolâtries, reprenant (d’abord en témoignage), Sa place, comme Dieu en la terre. Babylone, qui avait été la grande corruptrice de la terre et le centre de l’idolâtrie, est ensuite jugée de Dieu.
    Il est un autre point qui se rattache aux cent quarante-quatre mille et à l’évangile éternel. Les cent quarante-quatre mille sont rachetés de la terre où le témoignage est déjà une rédemption du milieu du mal dominant dans la sphère restreinte ainsi désignée — dans la crise, probablement, entièrement limitée au pays. Avant que le jugement (« la fin ») vienne, l’évangile éternel sort tout à nouveau vers les nations (plusieurs d’elles sont, sans doute dans l’idolâtrie) pour annoncer le jugement qui vient et témoigner de la bonne nouvelle de l’approche du royaume et de la félicité milléniale. Ces deux sphères — la terre, et peuples, tribus, nations et langues, nous les avons signalées comme mises en contraste en des occasions réitérées.
  102. Dans la période prolongée, le verset 13 se rapporterait, je pense, à l’annonce de cette bénédiction des saints, qu’accomplirait la moisson, envisagée comme en Matthieu 13, dans son application à eux — dans la crise, à leur manifestation en ceci.
    Cette distinction est seulement ce que nous trouvons réellement dans l’interprétation de cette parabole de Matthieu. Dans la parabole, l’ivraie est réunie en faisceaux dans le champ et le froment dans le grenier ; dans l’explication, l’ivraie est brûlée dans le champ, et les justes brillent comme le soleil. C’est là précisément la différence, et seulement cela, que je fais ici. La moisson et la vendange sont deux actes de jugement, la moisson étant d’une bien plus vaste portée, et, en conséquence, les coins du champ ne sont pas complètement dégarnis pour ce qui est du froment. La moisson peut distinctement emporter les méchants, en laissant ceux qui sont épargnés pour la bénédiction terrestre. La vendange est pure vengeance exercée sur un objet spécial (le système religieux) qui a son caractère de la terre — dans la crise, je pense, le caractère juif. Les raisins en sont complètement mûrs à présent. Cette vengeance est le jugement terrestre réel : « de la cuve il sortit du sang » au loin et au large. C’était un réel et effroyable jugement dans le pays. Toutes ces choses — tout le contenu de ce chapitre — sont les avertissements ou les voies religieuses de Dieu avec la terre.
  103. Il peut y avoir une application à la crise de ce qui se passe dans ce chapitre ; et dans un tel cas, bien des dates seraient établies avec certitude, mais pour une partie l’application est moins particulière. C’est ainsi que le cantique, le fait d’être devant le trône de Dieu doivent être pris seulement comme le commencement de l’association des choses célestes avec les choses terrestres, et la reconnaissance des choses terrestres par les puissances célestes. L’Agneau, se tenant sur la montagne de Sion, reconnaîtrait le retour des Juifs dans la souffrance, associés avec l’Agneau parmi eux en grâce (c’est-à-dire, d’un résidu au milieu d’eux). L’évangile éternel serait alors strictement celui qui est mentionné en Matthieu, « l’évangile du royaume » (c’est-à-dire que Christ venait justement en Son règne), lequel, je n’en ai aucun doute, sera ainsi publié chez toutes les nations avant la fin. La chute de Babylone précéderait la moisson de la terre ; et alors le dernier temps de détresse serait pour le peuple juif tel qu’il y en a jamais eu, et Michel tiendrait ferme pour eux, et le sanctuaire serait à la fin purifié. Dans ce cas, je suis enclin à le penser, la vigne de la terre serait plutôt la portion professante juive, comme en Ésaïe 65 ; 66. Un jugement pareil est certain. Mais il y aura aussi à détruire l’apostasie ; mais elle a plutôt revêtu le caractère d’une guerre contre la royauté de Christ alors, et a pris une forme pire que simplement apostasie ou profession. Envisagée à cette lumière, l’expression « hors de la ville » se rapporterait dans l’application générale à la grande ville de l’empire romain faisant un corps ; dans l’application à la crise, ce devait être pris, comme auparavant, pour Jérusalem.
    Dans l’application dans le texte (page 467) de la demande du véritable culte, il y a des principes très importants — Dieu et non pas l’homme, reconnu comme la source en puissance créatrice de toute bénédiction, ou de tout ordre de bénédiction — ou de la puissance, ou des fleuves et des fontaines des influences saines et vraies — principe auquel on n’en saurait trouver de pareil pour son extrême importance dans l’usage journalier. Je crois que le sens donné ci-dessus dans le texte est de la plus haute importance pour l’Église dans le temps actuel.
  104. Il est bien connu que telle est la vraie leçon.
  105. Bien que ce chapitre soit un signe distinct, comme le 11 et le 12, il n’est pas sans lien avec autre chose. Il paraît s’appliquer à ceux qui avaient passé par le feu — qui n’avaient pas échappé simplement à la corruption lorsque Babylone avait le dessus. Le jugement n’est pas encore la chute de Babylone et un avertissement à ne pas recevoir la marque de la bête, mais il consiste en plaies sur ceux qui ont cette marque ; les fidèles étant hors de la scène, sur la mer de verre mêlée de feu. Ils avaient souffert, mais ils étaient par conséquent en dehors de la sphère des jugements ; toutefois le jugement est sur la terre.
    Comme sujet, ce chapitre 15 vient à la suite, mais ne suit pas, je pense, l’ordre chronologique ; c’est plutôt un dessein distinct, d’un caractère plus séculier dans la forme générale des jugements et des voies de Dieu. Les derniers des saints, aussi, non laissés sur la terre, étaient maintenant hors de la scène (comp. 14, 13).
  106. La tête impériale existait aux temps apostoliques ; c’était César. On peut remarquer qu’elle fut détruite dans l’Occident, et, en prenant les choses dans un sens plus étendu, elle fut restaurée et se continua par la hiérarchie et l’établissement du pape à Rome, qui eut alors le caractère de l’image dépeinte ici. Un accomplissement ultérieur et plus littéral de cela, trouvera plus convenablement sa place dans un chapitre subséquent.
  107. Je doute, quant au moment de la crise, que les cieux fussent déjà changés. Ces signes n’appartiendraient-ils pas aux cieux anciens ?
  108. Bien que je ne doute pas que ceci doive avoir un accomplissement effectif et physique, dans le rassemblement des nations ou de leurs forces et de leurs armées, pour le combat, cependant, quant à ce qui nous concerne tous, je voudrais dire que dans ce que l’Église est particulièrement apte à comprendre — savoir l’œuvre la plus cachée de l’ennemi, vue dans son principe — ceci se produit maintenant même. Un accomplissement moral, et par suite partiel, de ce qui précédait, s’est produit, et ce qui rassemble moralement les nations a lieu maintenant, de telle sorte que nous avons une indication des circonstances au milieu desquelles s’effectue le jugement spirituel de l’Église. La séparation seule, tant extérieure que morale, marque le vrai caractère de l’Église.
  109. La fornication paraît consister ici dans une vie d’opulence et de luxure, qui fait commerce avec autrui plutôt que de cultiver ses propres ressources ; c’est pourquoi il est question d’union avec le monde, et de dépendance vis-à-vis de lui, quand il s’agit de l’Église, et de commerce prospère avec d’autres nations dans le cas d’une ville, comme Tyr. — Jérusalem est appelée « adultère » et non prostituée, parce qu’elle était mariée à l’Éternel ; mais, dans chacun de ces cas, on trouvera, je pense, une adoration de Satan, comme dieu de ce monde, une recherche de la puissance τοῦ αἰῶνος τοῦ ϰόσμου τούτου. La puissance nationale ou impériale est une chose à part, quoiqu’on puisse aussi en abuser : elle est donnée de Dieu, bien qu’elle doive finir dans une rébellion complète.
  110. Le prince et le roi de Tyr diffèrent essentiellement. C’est la position du roi qui est retracée d’une manière si frappante par la main divine.
  111. Je présume que probablement ceci a été accompli en Charlemagne, si nous considérons la suite prolongée des événements, et si la scène finale est en Bonaparte ; parce que l’empire romain a été détruit, dans son entier caractère, avant Charlemagne dont l’empire fut un renouvellement de ce qui n’était pas. Nominalement, il continua jusqu’à Bonaparte qui, étant l’agent de la république française, le mit en pièces et renouvela la puissance impériale pour un peu de temps.
  112. Cela peut avoir cette force d’interprétation, en ce qui concerne la dernière forme de la bête sortie de l’abîme.
  113. La meilleure leçon, cependant, ajoute « la bête ».
  114. Telle était Rome, par exemple, même avant les temps impériaux.
  115. Je sais que plusieurs considèrent Babylone simplement comme un grand système mondain. Elle est bien cela, en effet, mais vouloir exclure son caractère ecclésiastique me parait être une grande erreur. Ce caractère est ici le virus de son active volonté, bien qu’il se soit revêtu du monde. Babylone, telle que nous la voyons ici, n’est pas du tout la ville du roi apostat, bien que, au point de vue du monde, elle puisse être le commencement de son royaume. Il est introduit ici, comme la huitième tête de la bête, supplantant la femme. Les rois la laissent désolée, pour donner leur pouvoir à ce roi ; car c’est le pouvoir et non l’opulence qui présente la dernière forme du mal, et ce pouvoir dirigé contre l’Agneau est une véritable et active rébellion ; c’est plus qu’une simple apostasie. Dieu donc juge Babylone, et les destructeurs de son opulence et de son importance sont ceux qui donnent leur royaume à la bête. De là vient ensuite la guerre contre l’Agneau. Je ne doute pas que les principes de Babylone ne fussent manifestés dans cette ville, sauf le pouvoir royal. Quoique Babylone soit le commencement de la puissance de celui en qui le pouvoir royal est premièrement déployé, cependant elle n’en est pas moins le résultat de la volonté confédérée de l’homme ; sa première forme fut la volonté confédérée dans l’indépendance de Dieu. Cela se voit dans le caractère qui constitue la prostituée, mais son développement est amené par la corruption et la fornication de celle-ci. Les effets de tout ceci sont remplacés par une autre confédération, qui n’est pas seulement l’apostasie, comme c’est le cas de toute volonté humaine loin de Dieu, mais une guerre active contre le roi de Dieu, l’Agneau.
    Quant aux dix rois, je voudrais faire remarquer aussi une chose que je n’ai pas mentionnée jusqu’ici, parce qu’elle ne fait pas directement partie du sujet du livre. Il me semble que l’on commet une erreur en comprenant les Grecs, ou la partie orientale de l’empire romain, dans le royaume des dix rois ou la puissance directe de la bête, quoiqu’elle puisse chercher à se l’approprier comme son domaine et puisse y réussir dans une certaine mesure. Le petit livre du onzième chapitre prend la bête dans son dernier caractère satanique, afin de compléter la scène de la catastrophe et du malheur de la fin ; mais les deux premiers malheurs me paraissent embrasser l’orient ou la partie grecque de la grande scène de la terre prophétique. Quand nous en venons aux divisions géographiques et aux événements de la fin (car chacun pense que la catastrophe atteignant toutes les puissances de la terre a lieu en orient, en Judée), le roi du Nord et le roi du Midi me paraissent occuper alors la partie grecque, et non les dix rois, quoique la bête puisse chercher à s’emparer, comme autrefois, de leur territoire, et puisse y réussir en partie. Je fais ici allusion à Daniel 11, comme on va bientôt le voir.
  116. Le jugement complet a lieu après que le peuple de Dieu est sorti du milieu d’elle. Sa chute sert d’avertissement à ce peuple, qui est amené promptement en face de ce jugement pour le contempler. (J’ai laissé cette observation telle qu’elle est, bien que sa pleine valeur puisse être mise en question, parce que c’est un point d’interprétation de peu d’importance, et qu’il n’y a aucun inconvénient à l’envisager ainsi).
  117. Voyez Ézéchiel 27, 35-36, et les versets précédents. Le prince de Tyr est assis au milieu des mers.
  118. Il me paraît y avoir un rapport intime entre la durée de Babylone et la position du serpent dans les lieux célestes. Celui-ci exerce ainsi sa puissance, secrètement, comme une influence, et produit le faux culte dont il est l’objet. Dès lors, dans cette dispensation, il agit par la corruption de la profession chrétienne, et il agit ainsi, aujourd’hui encore, comme étant le dieu de ce monde, titre qu’il ne peut perdre, attendu que c’est tout ce qu’il a : « le train de ce monde…, le chef de l’autorité de l’air, l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ». Ceci est dit de lui, comme étant encore ἐν τοῖς ἐπουρανίοις, dans les lieux célestes.
    Le faux culte, comme source de puissance, porte un caractère païen ; tandis que, comme source ou moyen de communion, ce même faux culte est revêtu du caractère babylonien dans la dispensation chrétienne. En un mot, ceci est plutôt le caractère anti-sacerdotal du serpent et son influence spirituelle : l’homme de péché ou homme sans loi, sans frein, n’est pas révélé. Le pouvoir continue d’être, extérieurement, reconnu de Dieu, et celui qui retient (2 Thess. 2, 7) reste. — Quand le serpent est précipité du ciel, il perd ce caractère qui est opposé à Christ comme sacrificateur et comme agissant par Son Esprit, pour maintenir la sainte communion de Ses saints et laver leurs pieds. Il suscite alors un pouvoir de la terre contre les cieux (le roi faisant selon sa volonté), où il n’a désormais plus de place, même faussement. Il avait pu rendre son influence comme anti-sacrificateur, supérieure à la suprême autorité civile, qui est de Dieu, employant faussement le nom de Dieu en religion ; mais quand il est précipité, il ne peut pas, si ce n’est dans une rébellion ouverte, introduire une puissance contre Dieu. (La substance de cette note est d’une grande importance, seulement il ne faut pas supposer que la première sentence doit être prise strictement, comme c’est le cas relativement à l’existence de Babylone. Mais je suppose qu’il y aura un changement total, quand Satan sera précipité, changement qui, peut-être, aura pu être pratiquement préparé auparavant. Je ne doute nullement que les principes ne soient déjà à l’œuvre pour cela).
  119. Le caractère de Babylone, comme prostituée, semble disparaître par suite de l’inimitié des dix cornes, parce qu’elle ne peut pas l’empêcher. — Après ceci, le mal religieux est commis par le faux prophète qui est l’autre forme de la bête à deux cornes. Dès lors, le caractère de Babylone devient plus particulièrement séculier ; mais le diable habite là, les démons y font leur demeure, et ce ne sont pas seulement de simples intérêts terrestres qu’on y trouve.
  120. Quoique ceci puisse être trop précis pour être appliqué à un système, je le mentionne, cependant, parce qu’il est parlé des deux choses. Il y a dans la chute une dégradation excessive ; la brillante forme du caractère ecclésiastique a disparu et il y a toute la méchanceté du démon. Dans ce cas les versets 4-8, et comme ci-dessus le 21 du chapitre 18, paraîtraient se trouver en rapport avec le 19 du chapitre 16.
  121. Lorsque Dieu se revêt de Sa grande puissance et entre dans Son règne, et que le royaume du monde de notre Seigneur et de Son Christ est venu. — Cette puissance est produite ici par suite du jugement actuel et de l’éloignement de Babylone de la scène, cette Babylone représentant le mystère terrestre opposé à l’épouse céleste de Christ ; de sorte que, tandis que le Seigneur Dieu tout-puissant prend Sa puissance, l’Agneau, de Son côté, prend Son Épouse. — La chute de Babylone, qui paraît plus particulièrement en rapport avec la chute de Satan du ciel, est une chose antérieure.
  122. Les noces de l’Agneau n’ont pas lieu devant le monde, bien que, après avoir épousé l’Église dans les cieux, Il puisse alors, dans la joie de Son cœur, la manifester en gloire.
    Le banquet des noces me paraît être plus particulièrement la manifestation en gloire des compagnons de l’Agneau ; de même que le « bienheureux sont les morts etc. », présente le repos de leurs travaux et la réception de la récompense. Je ne dis pas qu’il y ait une différence quant au temps, mais quant au caractère particulier de la bénédiction. Je pense un peu que la bénédiction du chapitre 14 est en rapport spécial avec le chapitre 13, verset 10, et que la bénédiction, ici, l’est avec le chapitre 14, verset 12.
  123. Remarquez que notre position de fils n’est pas le but de ce livre, mais seulement les événements s’accomplissant sur la terre ; c’est pourquoi l’ange se dit le « compagnon d’esclavage » de ceux qui, dans leur caractère le plus élevé, sont bien réellement fils et cohéritiers.
  124. Depuis longtemps, j’ai le sentiment, et cela me paraît clair d’après ce passage, que l’Église est actuellement avec Christ dans les lieux célestes avant ceci, car elle apparaît avec Lui (voir Col. 3, 1-4).
  125. « Le jugement s’unira à la justice, et tous ceux qui sont droits de cœur le suivront » (Ps. 94, 15).
  126. Les rois de la terre forment la plénitude idéale de la terre sous la domination de la bête.
  127. L’Égypte, Babylone et Tyr, cette dernière de laquelle est particulièrement tiré le caractère mondain et apostat, étaient les grands centres mentionnés dans l’Écriture, quant à cette puissance idolâtre et mondaine. Tyr commettait fornication avec tous les royaumes de la terre (ceci en rapport avec son commerce, etc.).
  128. Comme Babylone ou la grande cité de Tyr, ainsi aussi Israël adultère et idolâtre.
  129. Je crois voir ici l’affirmation d’une triple présentation de ceux qui doivent occuper les trônes, ou au moins vivre et régner avec Christ les mille ans. D’abord, il y a l’ensemble des saints des lieux célestes renfermant l’Église — ils s’assirent sur les trônes ; — ensuite, ceux qui ont été décapités pour le témoignage de Jésus et la Parole de Dieu ; et en troisième lieu, ceux qui n’avaient pas adoré la bête. Ceci est important pour montrer la place de ces diverses classes.
  130. Si quelqu’un demandait ce que deviennent les saints vivants, quant au changement de leurs conditions d’existence, à la fin du millénium, on ne pourrait que répondre que l’Écriture n’en dit rien, si ce n’est que par d’autres passages nous savons, en principe, qu’ils auront une nature incorruptible dans cette scène où toutes choses sont faites nouvelles.
  131. Au chapitre 21, 8 se termine le sujet historique : ce qui suit est une description de l’influence milléniale de la sainte cité, aussi bien que de la cité elle-même.
  132. En disant cela, l’Esprit faisait voir que ce n’était pas simplement un saint désir indépendant de l’enseignement de l’Esprit, mais que c’était la pensée même de l’Esprit, dans l’Église et pour l’Église, qui parle selon ce que l’Esprit entend et lui communique. C’était la pensée divine, mais, ainsi dirigées, toutes les affections de l’Épouse qui est sanctifiée de cœur et d’esprit pour Christ, se trouvent concentrées et exprimées dans ce désir.
    « Celui qui entend » est celui dont le cœur est ouvert à la vérité, mais qui n’a pas encore appris ce qu’est l’état de sanctification ou de séparation de l’Église qui doit être épousée par Christ, comme une vierge chaste.