Messager Évangélique:La voie de Caïn

De mipe
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Lisez Genèse 4

Malheur à eux, car ils ont suivi la voie de Caïn.

L’Esprit de Dieu nous déclare par la bouche de l’apôtre Jean, que « Caïn était du méchant » (1 Jean 3, 12) ; et cependant la première chose qui nous soit rapportée au sujet de Caïn, c’est sa religion : « il offre à Jéhovah une offrande des fruits de la terre » (Gen. 4, 3).

Adam avait péché, et par Adam le péché était entré dans le monde ; le juste jugement de Dieu avait chassé l’homme hors d’Éden pour cultiver la terre dont il avait été pris, une terre maudite à cause du péché, désormais (Gen. 3) ; ― mais Caïn, l’homme à propre justice, n’a nul souci du péché, ni du jugement de Dieu, il trouve que tout va bien ; et il présente à Dieu, comme offrande ou sacrifice, les fruits de la terre maudite et de son propre travail. L’offrande de Caïn était, par le fait, le reniement et même le reniement religieux de tout ce qui était arrivé depuis la création. C’est pourquoi « Dieu n’eut point égard à Caïn, ni à son offrande » (Gen. 4, 5).

La voie de Caïn était en tout point l’opposé et la contradiction de celle d’Abel, qui était la voie de la foi. Abel reconnaît le jugement du péché, il s’approche comme coupable, plaçant la mort d’un autre entre lui et Dieu ; Abel a foi dans l’expiation ; il discerne le vrai chemin qui conduit vers Dieu, et il offre des premiers-nés de son troupeau (Gen. 4, 4). Caïn extérieurement adorateur du vrai Dieu, refuse de convenir de la chute, il n’a pas conscience du péché ; il ne tient nul compte du jugement de Dieu. Dans le culte solennel de son autel, il renie toute la vérité de Dieu ; il déclare par le fait que Dieu pouvait être connu par les fruits d’une création déchue et maudite ; il abaisse Dieu au niveau de cette création dont il rend Dieu solidaire, faisant ainsi comme Adam lorsque, après la chute, il disait à Dieu : « la femme que tu m’as donnée pour être avec moi, m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé » (Gen. 3, 12). Caïn, en un mot, suppose que tout va bien ; pourquoi Dieu ne le recevrait-il pas ? « Mais Dieu n’eut point égard à Caïn, ni à son offrande ; et Caïn fut irrité et son visage fut abattu » (Gen. 4, 5).

Caïn a déjà conçu le péché dans son cœur ; mais avant que sa main ait produit le fruit de la mort, Dieu cherche à l’arrêter dans son chemin : Il lui parle, Il l’exhorte, lui faisant entendre la voix de Sa grâce et de Sa longue patience. « Et Jéhovah dit à Caïn : Pourquoi es-tu irrité ? Et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu fais le bien, il se lèvera ; mais si tu ne pratiques pas le bien, le péché est à la porte et ses désirs sont tournés vers toi : mais toi, domine sur lui ! » (Gen. 4, 6, 7). La grâce divine sollicitait Caïn à cette dernière heure, mais elle fut méprisée comme l’avaient été précédemment le jugement de Dieu et la grâce de la promesse. Jésus a apporté dans le monde la lumière du salut et de la vie (comp. És. 49, 6) ; « je suis venu dans le monde, la lumière » (Jean 12, 46) ; « mais les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » et « c’est ici le sujet du jugement » (Jean 3, 19).

Caïn ne s’arrêta pas : « il était du méchant » (1 Jean 3, 12) et il voulait accomplir les désirs de son père, étant du diable qui a été meurtrier dès le commencement (Jean 8, 44). Fruit d’une génération déchue et apostate, Caïn était le premier-né de la race qui livra Jésus pour être crucifié : une race remplie de propre justice, et meurtrière. Caïn tua Abel, son frère, par envie, parce que ses œuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes (1 Jean 3, 12) ; les Juifs aussi livrèrent Jésus par envie (Matt. 27, 18), et le monde ne fait pas autrement : « Ne vous étonnez pas, mes frères, si le monde vous hait… Celui qui n’aime pas son frère demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un meurtrier et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui » (1 Jean 3, 15). « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien, mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que je vous ai choisis du monde, à cause de cela, le monde vous hait » (Jean 15, 18, 19).

« Et Jéhovah dit à Caïn : Où est Abel, ton frère ? Et il lui répondit : Je ne sais ; suis-je le gardien de mon frère, moi ? » (Gen. 4, 9). La nature corrompue du premier incrédule se manifeste par toute sorte de voies de méchanceté ; la source qui devait découler en « toute souillure et superfluité de malice » (Jacq. 1, 21) jaillissait en lui déjà : Caïn ose se justifier, et il ment. Il voulait accomplir les désirs de « son père, le diable », qui « n’a point persévéré dans la vérité, car il n’y a pas de vérité en lui : s’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur et le père du mensonge » (Jean 8, 44). « Mais ne vous abusez pas, dit l’apôtre, on ne se moque pas de Dieu : ce que l’homme aura semé, il le moissonnera aussi » (Gal. 6, 7). « Et Dieu dit : Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi ; maintenant donc tu seras maudit… » (Gen. 4, 10-12).

Toutefois Dieu tarde à frapper ; il use de sa longue patience à l’égard de Caïn, et il l’épargne encore ; « il met une marque sur lui afin que quiconque le trouverait ne le tuât point » (Gen. 4, 15). Quant à son gouvernement de ce monde, Dieu épargne encore le meurtrier de son frère et ne veut pas qu’aucun homme lève la main contre lui. Dieu dans Sa patience et pour manifester le fond du cœur de l’homme, abandonne l’homme à ses propres voies ; et ce n’est que plus tard, quand le moment fixé par Ses conseils est venu, qu’Il établit un gouvernement sur la terre et plaça le glaive entre les mains de l’homme. Alors Il dit à Noé : « Celui qui aura répandu le sang de l’homme…, par l’homme son sang sera répandu » (Gen. 9, 6). Mais lors du crime de Caïn, Dieu ne permit pas à un seul membre de la famille humaine de porter la main sur le meurtrier d’Abel ; Il voulait faire comprendre à l’homme que la méchanceté de Caïn était celle de tout homme ; Il voulait que tous fussent humiliés par la conviction « que tous ont péché et qu’ils sont entièrement destitués de la gloire de Dieu » (Rom. 3, 23). « Ô homme, qui que tu sois qui juges, tu es sans excuse, car en ce que tu juges les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu commets les mêmes choses » (Rom. 2, 1). ― « Et Jésus dit : Que celui qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle » (Jean 8, 7). « Il n’y a pas de juste, non pas même un seul » (Rom. 3, 10).

C’est pourquoi Dieu dit : « Quiconque tuera Caïn, sera puni sept fois davantage… ». À Dieu seul il appartient de compter avec le péché ; et si Dieu, au temps convenable, établit un gouvernement sur la terre, Il donne bien à l’homme de connaître des crimes et des offenses contre l’ordre public, ou des torts les uns à l’égard des autres ― mais de juger le péché, et d’en tirer vengeance, reste toujours la part de Dieu seul. « À moi la vengeance… ! je rendrai, dit le Seigneur ! » (Héb. 10, 30 ; Rom. 12, 19 ; comp. Jean 8, 9).

Mais poursuivons l’histoire de Caïn. Le meurtrier d’Abel ne se montre pas toujours sous un jour aussi sombre : l’homme aussi ne se rencontre pas toujours menteur et meurtrier ; « Légion », la personnification des nombreux malins esprits, ne se trouve pas devant chacun de nos pas. Il y a dans le monde des entraves à la manifestation du mal ; et la loi, dans un certain sens, a été donnée pour cette fin : ― il y a le frein et les progrès de l’éducation ; la loi de l’opinion publique et le verdict de la société ; il y a le contrôle souverain de Dieu, la crainte de Sa providence et de Son jugement. Toutes ces barrières et ces influences produisent un certain ordre au milieu du monde qui, par leur moyen, devient, non seulement tolérable, mais plein d’agrément et de facilité de vie. Une nouvelle scène est ainsi produite, mais non pas une nouvelle créature : le dehors est changé, mais le dedans est resté le même. L’homme apparaît maintenant comme un honnête citoyen du monde, et non pas comme le meurtrier de son frère ; mais l’homme est resté le même ; il n’est pas changé ; aux yeux de Dieu il est toujours celui dont toute l’imagination des pensées du cœur n’est que mal en tout temps (Gen. 6, 3 ; 8, 21 ; comp. Rom. 3, 9-19). ― Caïn sortant de devant la face de Dieu, bâtit une ville ; il a une famille prospère ; par l’habileté des siens et leur industrie, la face du monde devient florissante et d’un aspect agréable ; le meurtre est oublié. L’homme n’entend pas le cri du sang, mais le son de la harpe et de l’orgue charme ses oreilles, ses inventions ont étouffé sa conscience. « Dieu créa l’homme juste ; mais ils ont cherché beaucoup d’inventions » (Eccl. 7, 29). Chassé de devant Dieu, le meurtrier d’Abel s’est fait un monde à lui, un monde sans Dieu ; il y vit à son aise, en homme honorable…, mais Caïn est aussi coupable maintenant, et séparé de Dieu, que lorsque sa main était fraîchement teinte du sang de son frère. Solennelle vérité ! Un honnête citoyen du monde, un homme respecté des autres, peut être aussi éloigné de Dieu qu’un meurtrier. Ceux qui refusent le souper du roi (Matt. 22, 1-14), Dieu les range dans la même classe que « les autres » qui prirent ses serviteurs et les outragèrent et les tuèrent.

Il est effrayant de voir avec quelle facilité et quelle indifférence Caïn a tourné le dos au Seigneur et au souvenir du sang de son frère. Ayant obtenu une promesse de sécurité personnelle ― c’était tout ce qu’il désirait ― il sort de devant la face de Dieu, s’établit dans ce monde loin de Dieu et s’entoure d’agréments et de délices sur une terre qui élève la voix en témoignage contre lui : il saisit la promesse, non pour rentrer en lui-même (comp. Rom. 2, 4), ni pour être convaincu de péché, mais il profite de la longue patience de Dieu comme d’une occasion favorable pour vivre selon son cœur, pour se procurer toutes sortes de jouissances et s’en enorgueillir. N’est-ce pas là, devant Dieu, le trait le plus sombre de toute son histoire ?

Telle est « la voie de Caïn », et telle est aussi la voie d’Israël et de l’homme en général. Si Pierre, dans son discours aux Juifs (Act. 2, 23), fait reposer sur tous ceux qui l’entendent, la responsabilité du meurtre de Jésus, la même culpabilité ne pèse-t-elle pas aussi sur tout homme ? Le sang du Juste mis à mort, ne s’élève-t-il pas vers Dieu en témoignage contre l’homme ? Le Fils de Dieu est venu dans le monde, et comme Dieu demanda à Caïn : « Où est Abel, ton frère ? » ― Dieu demande maintenant au monde : Où est Jésus, mon Fils ? ― Mais le monde coupable suit son train dans l’insouciance et l’indifférence ; il s’endurcit contre la Parole et le témoignage de Dieu ; ― se faisant une vie commode loin de Dieu, il cherche un bonheur sans Dieu et s’occupe à orner et à embellir de mille manières la terre qui a porté la croix de Christ.

Mais « malheur à eux, car ils ont suivi la voie de Caïn » !