Écho du Témoignage:L’épître aux Éphésiens

De mipe
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Chapitre 1

Comme introduction à nos méditations sur cette épître, il nous faut considérer un peu les voies de Dieu depuis le commencement, parce qu’il y a dans Ses conseils une merveilleuse unité, et que le Volume tout entier met son sceau à cette pensée divine que « de tout temps Dieu connaît toutes ses œuvres ». C’est pourquoi lorsque nous arrivons à une portion de l’Écriture telle que celle-ci, il est bon de s’arrêter et de regarder autour de nous, et de voir sa relation avec celles qui la précèdent. S’il s’agit simplement d’un passage d’une portée morale comme celui-ci, par exemple : « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus », je puis le prendre tout seul et en faire usage aussitôt ; mais s’il s’agit d’une partie doctrinale ou prophétique du saint Livre, qui révèle la pensée divine, j’ai à demander comment elle est amenée et ce qui doit venir après elle, parce que nous devons être remplis d’intelligence divine. — « Nous avons la pensée de Christ ».

L’épître aux Hébreux révèle les cieux et parle de la vocation céleste, vous mettant en compagnie d’Abraham, d’Isaac, et de Jacob ; mais elle ne révèle pas le mystère de l’Église. L’épître aux Éphésiens révèle le mystère de l’Église, mais ne vous met pas en compagnie d’Abraham, d’Isaac, et de Jacob. Nous avançons, et nous sommes appelés à distinguer entre la vocation céleste, et la vocation de l’Église. Ainsi, il y a convenance à considérer l’épître aux Hébreux avant l’épître aux Éphésiens.

Maintenant, qu’est-ce qui me fait dire que l’épître aux Hébreux révèle la vocation céleste ? C’est parce qu’elle vous associe avec Noé, Abraham, Moïse, etc. Au commencement, la terre fut donnée aux enfants des hommes. Qu’en firent-ils ? Ils la perdirent. Et comment Dieu en agit-Il avec eux alors ? Eh bien, Il leur ouvrit le ciel ! Il leur avait donné la terre pour qu’ils en jouissent ; — ils la souillèrent et la perdirent par le péché. « Eh bien », dit-Il, « je vous ouvrirai le ciel ». Voilà de quelle manière la grâce de Dieu abonde !

Que devrais-je dire si quelqu’un, après que j’aurais abusé du don qu’il avait mis dans ma main, en mettait un meilleur encore dans mon autre main ? Voilà Dieu !

Adam ne fut-il pas ramené à Dieu, et Énoch pris au ciel ? Je n’ai pas de doute qu’Abraham eut la vocation céleste. Ils attendaient une meilleure patrie, « c’est-à-dire une céleste ». Moïse fut conduit sur le sommet de Pisga pour en rendre témoignage ; Énoch en avait témoigné avant, et Élie le fit à son tour dans une dispensation postérieure. La vocation céleste a existé depuis le commencement, mais non pas la vocation pour l’Église. Aussi que voyons-nous ? Quand l’apôtre s’adresse aux Hébreux qui étaient issus d’une racine juive, il parle de la vocation céleste mais il ne va pas au-delà ; puis, quand il en vient à s’adresser aux Éphésiens, autrefois Gentils, adorateurs de la déesse Diane (mais absolument en dehors de toutes relations juives), il développe le mystère de l’Église — la portion la plus riche des conseils de Dieu. Laissez-moi ajouter une autre pensée. Comment Dieu a-t-Il développé Ses desseins à l’égard de la terre ? Il connut une famille dans les reins d’Abraham : les descendants du patriarche prospérèrent en corps de nation au temps du livre de l’Exode ; puis sous les juges et les prophètes ; mais ils ne s’élevèrent pas au faîte de la gloire jusqu’à ce que Dieu les eut placés sous un roi. Il s’avance pas à pas jusqu’à ce que la famille élue forme sous Salomon un royaume florissant. Il en est de même de Ses desseins célestes : ce n’est que lorsque l’apostolat de Paul est introduit qu’ils se déroulent devant nous dans leur couronnement glorieux, l’Église. Dieu est toujours conséquent avec Lui-même dans Ses voies. Si c’est la terre qui est la scène de Ses opérations, nous les voyons se dérouler progressivement jusqu’aux jours triomphaux de Salomon ; et s’il s’agit de Ses desseins célestes, nous en suivons le déroulement graduel jusqu’à ce que nous voyions l’Église au faîte le plus élevé de la création, l’Église « plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Aussi est-ce impossible de ne pas s’écrier avec admiration et en adorant humblement prosterné : « Ô profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu ! ».

Après cette petite préface, plaçons-nous devant l’épître aux Éphésiens. Il est à désirer que nous apportions de l’intelligence à l’étude de cet écrit. Nous avons à écouter ici, dans les scènes célestes, quelque chose de semblable à ce que nous avons vu dans les scènes terrestres.

Laissez-moi vous rappeler un passage des Colossiens, chapitre 1, 25, 26 : « … selon l’administration de Dieu qui m’a été donnée envers vous, pour compléter la parole de Dieu ». Pour compléter la révélation de Dieu, magnifique commentaire de Paul sur son propre ministère ! Ne fut-il pas laissé à Salomon de clore la manifestation du dessein de Dieu à l’égard de la terre en établissant un trône au-dessus d’elle ? Il fut de même réservé à Paul de révéler, dans son ministère, le point brillant, magnifique, des mystères célestes. Nous sommes élevés par lui jusqu’à la suprématie de Christ.

L’apôtre commence par s’adresser à tous les fidèles dans le Christ Jésus. Il passe par-dessus les Éphésiens. De sorte que nous sommes tous appelés à apprendre ces choses. « Qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Cela ne saurait être dit des patriarches. « Dans les lieux célestes » ils eussent été associés avec nous ; mais ce sont là des bénédictions en compagnie avec Christ.

Puis, après vous avoir placés ainsi dans cette position particulière, il déroule la liste divine des bénédictions qui vous sont échues. D’abord élus en Lui avant la fondation du monde. Pourrais-je dire exactement cela d’Abraham ? Certainement il fut élu avant la fondation du monde, mais vous, vous avez été élus « en Lui ». Les desseins divins reposaient d’une façon particulière sur un peuple particulier. Ensuite, la prédestination suit toujours l’élection. L’élection a trait à la personne ; la prédestination, à la place ou à la condition. « Nous ayant prédestinés pour nous adopter à lui par Jésus Christ… Il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé ». Or, n’est-ce pas là une forme particulière d’adoption ? Est-ce que je crois qu’Adam était fils de Dieu ? Certainement, je le crois. Mais je ne crois point qu’il fût « rendu agréable dans le Bien-aimé ». Et les anges ? Pensé-je qu’ils sont fils de Dieu ? Certes, oui, je le crois ; mais je ne crois point qu’ils soient « agréables dans le Bien-aimé ». De sorte qu’il y a encore ici quelque chose de particulier. C’est une adoption de l’ordre le plus élevé. Notre part c’est la joie et la liberté de la position filiale du Bien-aimé. Il poursuit en disant : « En qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés ». Et, pour sûr, c’est là une chose qui va d’elle-même. Qui songerait à demander à une personne en haut dans les lieux célestes : « Êtes-vous pardonnée ? ». Avez-vous jamais remarqué, dans la parabole du fils prodigue, que le père ne dit jamais qu’il le pardonne ? Comment pourrait-il façonner ses lèvres à dire : « Je te pardonne » ? Ah ! nous devrions, vous et moi, marcher dans la radieuse lumière de notre vocation de manière à montrer le pardon comme chose au pied de la montagne, pendant que nous nous trouvons sur les hauteurs. Laissez la musique, les danses, l’anneau et les souliers me dire que je suis pardonné. C’est ainsi que le père traite le prodigue, et c’est ainsi que l’Esprit nous traite dans les Éphésiens, chapitre 1. Et cependant l’âme est sans cesse affairée après le pardon, lorsqu’elle devrait considérer la magnificence de sa vocation en Christ. Il y a dans l’amour une manière dont l’amour ne saurait jamais se débarrasser. Le Père eût pleuré à dire : « Je te pardonne ». N’auriez-vous pas honte de dire : « Je vous pardonne », à quelqu’un qui reviendrait à vous plein de douleur, confessant sa faute ? Représentez-vous un père, au cou de son enfant repentant en larmes, disant : « Je te pardonne » ; comme nous connaissons peu les voies de l’amour ! Maintenant, continuons.

Dieu fait abonder envers nous Sa grâce en toute sagesse et intelligence, nous ayant découvert le secret de Son cœur — la réunion de toutes choses en Christ. Voilà un secret qui auparavant n’avait jamais été révélé. Dans le prophète Ésaïe, nous trouvons un magnifique tableau de la terre milléniale ; mais y trouvons-nous jamais les cieux du millénium avec Christ à leur tête ? Ésaïe a-t-il jamais dit que toutes choses dans le ciel et sur la terre devaient être placées sous l’autorité de l’homme glorifié ? « En qui nous aussi avons été faits héritiers ». Nous sommes héritiers avec Lui. Cela avait-il jamais été révélé avant ? Et en attendant que vienne l’héritage, nous recevons le Saint Esprit. Nous Le trouvons ici sous deux titres — comme sceau, et comme arrhes : sceau d’un salut actuel, arrhes de l’héritage futur. Quand je considère la place qu’occupe le Saint Esprit dans le mystère de la rédemption, c’est merveilleux de voir les gloires officielles qui s’attachent à Lui ici sur la terre. L’épître aux Hébreux nous présente les gloires officielles de Christ ; celle-ci nous appelle à contempler les gloires officielles du Saint Esprit dans cette dispensation. Quelle chose bénie, glorieuse ! — prendre les secrets du sein de Dieu et nous les faire connaître ; nous sceller par Sa présence comme possesseurs d’un salut actuel, et être les arrhes de notre héritage ! Ah ! c’est véritablement merveilleux. Je ne pourrais pas faire un pas dans la compagnie d’une âme qui ne serait pas toute pénétrée du bonheur qu’il y a à avoir le Père, le Fils et le Saint Esprit, comme Celui avec lequel nous avons à faire. « La possession acquise » ; ici c’est la scène tout entière, toute la création. Elle est acquise, mais pas rachetée encore. Le sang de Christ a acquis la création aussi bien que vous ; mais elle n’est pas rachetée encore, et pendant qu’elle est dans cette condition vous avez le Saint Esprit comme arrhes. Quand elle sera rachetée, vous en serez l’héritier. Est-ce que vous êtes rachetés déjà ? Vous êtes acquis, mais vous attendez l’adoption, c’est-à-dire, la rédemption de votre corps, et vous ne l’aurez jamais jusqu’à ce que Dieu mette en avant la puissance aussi bien que le sang. L’Apocalypse déroule sous nos yeux la rédemption ; l’évangile nous fait voir l’acquisition — mais la chose acquise n’est pas rachetée[1] jusqu’à ce que Dieu mette en avant la puissance pour la délivrer des mains du destructeur.

Au verset 15 l’apôtre cesse d’être docteur et devient intercesseur — et vous remarquerez que jamais il ne démolit dans ses prières ce qu’il a édifié. On entend parfois des personnes demander à Dieu de les aimer. Pour moi, je ne saurais jamais faire une prière pareille. Je dois prier en vue d’un sentiment plus profond de l’amour de Dieu. Paul ne demande pas à Dieu de leur donner ceci, et le reste ; mais il Lui demande qu’ils aient l’esprit de sagesse et de révélation dans Sa connaissance — afin que les yeux de leur entendement soient éclairés. Oh ! demandons un cœur meilleur pour connaître ces choses, mais demander à Dieu de m’aimer — de me faire cohéritier de Christ — de me désigner pour les lieux célestes en Lui ! Je ferai une prière bien plus humiliante que cela, je suis si béni dans ma vocation, si pauvre dans ma jouissance ! Si Dieu a allumé une chandelle, je ne Lui demanderai pas de l’allumer, mais bien d’ôter la taie qui est sur mes yeux afin que je puisse voir ce qu’Il a opéré, en quoi consiste ce magnifique dessein et quelle est la puissance qui nous a amenés là. C’est ainsi qu’il prie afin que vous ayez des yeux pour discerner l’éclat de la gloire céleste, et la puissance de résurrection qui vous a élevés d’une pareille ruine à de telles gloires. — Amen.

Chapitre 2

Nous sommes arrivés au chapitre second, mais il faut nous reporter au premier pour reprendre le cours de nos pensées. Nous avons fait la remarque qu’il faut distinguer entre la vocation céleste et l’Église. L’Église a part à la vocation céleste ; mais il ne s’ensuit pas que tous ceux qui participent à la vocation céleste, appartiennent à l’Église. La vocation céleste, Dieu prit occasion de son mécompte à l’égard de la terre pour introduire la vocation céleste. La terre avait été donnée à Adam : Adam la perdit, et le Seigneur prend alors Ses élus dans le ciel.

Cette pensée vous suggère une idée de soulagement, de réparation.

Le Seigneur trouva une autre manière de bénir Ses élus. Si la terre est perdue, où placera-t-Il Ses saints ? Le Dieu de toute grâce répond : « Je sais bien ce que j’en ferai ; je les placerai dans le ciel ». Le Seigneur ne se borne jamais à réparer simplement une brèche ; Il fait sortir de la ruine une chose plus excellente. C’est ainsi que la perte de la terre ouvrit le ciel, et l’homme céleste se trouve dans une position meilleure que s’il n’avait jamais perdu la terre. Les voies de Dieu à l’égard de la terre sont d’une double nature : Il y agit en gouvernement, ou Il appelle à en sortir ; — les siens y sont alternativement étrangers et citoyens. Ils sont citoyens, quand Dieu s’occupe de la terre et en règle l’ordre ; étrangers, quand Dieu appelle à en sortir. Maintenant Il a appelé l’Église au caractère et à la position d’étrangère. Voilà par quel chemin nos pensées arrivent à la dispensation actuelle. Nous voyons comment Dieu a été amené à prendre l’attitude qu’Il a dans la présente dispensation. La terre est souillée, et Dieu se doit de se retirer, Lui et les siens, dans le ciel. C’est une dispensation durant laquelle quiconque est de Dieu est appelé à se montrer éminemment et fortement étranger ici-bas. Mais l’Église est quelque chose de plus : Moïse, Abraham, etc., furent pris au ciel comme témoins de la vocation céleste. Or le chapitre 1 de cette épître introduit une pensée nouvelle. Nous ne sommes pas dans le ciel seulement, mais en Christ dans le ciel. Voyez comme le chapitre est plein du mot « en ». Nous sommes bénis dans les lieux célestes en Christ — agréables dans le Bien-aimé — Dieu nous a élus en Lui — en qui nous avons été faits héritiers. Nous sommes ressuscités en Christ — assis en Lui, dans les lieux célestes ; et, quand le monde sera arrivé à la fin de son histoire, vous vous trouvez cohéritiers en Christ. Voilà une chose nouvelle ; voilà le corps de Christ. C’est le trait particulier de l’Église.

Laissez-moi attirer un peu de côté vos pensées. Dans l’argumentation de l’épître aux Galates, Abraham est mis sur un même pied avec nous ; pareillement dans celle de l’épître aux Hébreux. Il n’en est pas de même dans l’épître aux Éphésiens. Voilà l’exactitude divine du Saint Esprit. Dans les Galates, nous n’avons pas l’Église ; nous y avons le caractère de fils et celui d’héritier. Je ne doute pas qu’Abraham fut aussi parfait que je suis ; mais du moment que l’Esprit traite du corps de Christ, Abraham n’a point place dans l’argumentation ; nous le perdons complètement de vue. Je vous vois vous, je me vois moi-même, mais je ne vois pas Abraham. Ces distinctions ne signifient-elles pas quelque chose ? Puis-je me placer en présence de trois pareils témoins de la pensée de Christ, et ne pas voir cela ? Je n’ai aucune garantie pour dire qu’Abraham a place dans l’Église. Maintenant, permettez-moi de vous demander précisément, si vous êtes préparés à cela. Existe-t-il quelque analogie dans les voies divines ? Je pense que oui. — Bientôt le Seigneur remplira toute la face de la terre. Toutes les nations se prosterneront sous Son sceptre. La terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent la mer. Mais est-ce là tout ce que me présente la terre milléniale ? Non ; je vois les douze tribus occupant une position de proximité toute spéciale à l’égard du Seigneur ; je vois le pays d’Israël dans une relation particulière avec Dieu ; et au milieu des tribus je trouve un peuple royal, et un peuple sacerdotal. Et voici une distinction de plus : je trouve une Jérusalem. Nul ne peut lire les Écritures prophétiques, et ne pas voir que Jérusalem aura sa place particulière, assise dans sa beauté. « L’Éternel aime les portes de Sion plus que tous les tabernacles de Jacob ». Avec cette analogie divine, je me dirige vers les cieux. Là aussi se trouvera une magnifique diversité, la noble armée des martyrs, la belle compagnie des prophètes. Mais de même que Jérusalem occupera la première place sur la terre, ainsi l’Église occupera la première place dans le ciel. Tout cela est propre à nous préparer pour ce qui nous est révélé sous le titre du « mystère ».

Vous souvient-il de ce qui fut dit aux Israélites quand ils se trouvaient serrés entre la mer Rouge et les armées d’Égypte ? « Arrêtez-vous et voyez la délivrance de l’Éternel ». Ils avaient été garantis contre les droits de l’ange exterminateur. Ils étaient dans le salut de Dieu ; mais Dieu avait dans la nuée des secrets qui ne leur étaient pas encore révélés. Il y avait là une gloire qui pouvait disperser les ennemis dans la mer Rouge. Elle pouvait se tourner d’un côté et ôter les roues des chariots égyptiens ; elle pouvait se tourner de l’autre et faire des murs de cristal des deux côtés des Israélites. De même, en nous plaçant devant l’épître aux Éphésiens, nous ne venons pas pour voir la justification par le sang, mais pour contempler le riche dessein de Dieu se déroulant lui-même devant nous — quelle bénédiction dans ces voies divines ! Sommes-nous heureux de savoir que le sang sur le linteau nous a délivrés ? Certes, tout dépend de cela ; mais je n’en dis pas moins : Arrêtez-vous, et remarquez les secrets — allez et cherchez dans la nuée de gloire qui est devant vous. Voilà précisément l’attitude à prendre devant l’épître aux Éphésiens.

Maintenant, remarquez ceci. Au moment où l’histoire d’Israël prit fin dans la captivité de Babylone, la gloire quitta la terre et se retira dans le ciel. La gloire n’alla jamais sur le Gentil. L’épée alla à lui ; la gloire, jamais. Votre intelligence de l’Écriture dépend pour une grande partie de l’attitude convenable que vous prendrez à cet égard. Si vous savez bien sur quel point vous êtes, vous en retirez un avantage divin. Or, en nous plaçant en présence d’Ézéchiel, nous voyons que la gloire est montée au ciel, et que l’épée est allée au Gentil. Est-ce que la gloire est jamais revenue ? Oui, elle est revenue, non pour accompagner l’épée de César, mais voilée et ensevelie dans l’humiliation de l’homme de Nazareth. L’épée avait failli quant à sa mission de maintenir la terre en ordre. Nous savons où habite la gloire. Elle n’a pas accompagné l’épée de César, comme elle fit pour l’épée de David et de Salomon. La gloire est maintenant aussi séparée de l’épée, que lorsqu’elle se retira en haut en présence d’Ézéchiel, et que l’épée fut dévolue au Gentil. Les autorités qui existent, ne sont pas ordonnées de Jésus ; elles sont ordonnées de Dieu comme Dieu. L’autorité appartient à Dieu dans Sa place suprême. Jésus est l’expression de Dieu envisagé en de certaines conditions et certaines relations dans lesquelles Il a trouvé bon de se placer et de se révéler. Toutes les dignités appartiennent de droit à Jésus ; mais nous ne pourrions pas encore Le regarder comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs et L’appeler ainsi. Le résumé de la religion du résidu est : « Rendez les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu ». Dans une théocratie, César et Dieu sont ensemble ; mais, à présent, je suis tenu de reconnaître le domaine de Dieu, et le domaine de César. Il me faut prendre connaissance de la confusion, et ne pas dire que la gloire est revenue se rattacher à l’épée ; ou bien, Celui qui a dit : « Qui m’a établi gouverneur ou juge ? », eût été une personne bien différente dans ce monde.

Savons-nous, vous et moi, découvrir l’unité et la variété du volume divin ? C’est un tout magnifique, mais d’une variété infinie.

Après avoir ainsi considéré l’attitude que nous devons prendre, nous entrerons dans le chapitre deuxième. Ici nous descendons un peu, mais seulement pour emporter une vérité importante ; pour voir hors de quoi nous sommes appelés. Ce chapitre se divise en trois parties. Du verset 1 au verset 7, nous avons le sujet de la mort et de la vie ; du verset 7 au verset 10, le sujet des bonnes œuvres ; et du verset 10 à la fin, l’éloignement et la proximité.

Quelle espèce de gens étions-nous, lorsque Dieu nous a pris pour faire de nous par le baptême de l’Esprit le corps de Christ ? Notre condition était la mort — une ruine morale profonde. Quelle est la sentence qui repose sur nous ? « Morts dans les offenses et les péchés » ; mais, ensuite, dans quelle condition sommes-nous amenés par Christ ? Le contraste est bien beau. C’est une vie de l’ordre le plus élevé qui nous a été communiquée. Nous sommes liés avec Christ Lui-même. Quelle chose convenable, après nous avoir montré, dans le premier chapitre, notre haute vocation, de nous montrer, dans le second, hors de quelle place nous fûmes appelés ! Notre état de mort par nature ne saurait être plus bas ; notre état de vie en Christ ne saurait être plus haut.

Un autre sujet est celui des bonnes œuvres, et sa beauté me charme : « Non par des œuvres, afin que personne ne se glorifie ».

Les bonnes œuvres sont exclues par Dieu, pour autant qu’elles auraient pu être un sujet de se glorifier ; mais vous êtes créés de Dieu d’une telle manière qu’il faut que vous les produisiez. L’épître de Jean nous fait voir la même chose ; notre nouvelle création elle-même les assure.

Puis, jusqu’à la fin du chapitre, nous trouvons le sujet de l’éloignement et de la proximité. C’est justement comme la mort et la vie. Deux choses se rattachent à nous — dans notre propre personne, la mort ou la vie ; relativement à Dieu, nous sommes loin, et aliénés de Lui, ou nous sommes près de Lui. Je regarde à moi-même, et vois la mort en moi ; mais quant à la vie, j’ai été vivifié de la forme de vie la plus élevée dont une créature pût jouir. Ainsi, par nature, rien ne pouvait être plus éloigné que l’éloignement dans lequel j’étais — « n’ayant pas d’espérance, et sans Dieu dans le monde ». Essentiellement séparé de Lui, maintenant ma proximité de Lui en Christ est ineffable. Elle ne saurait être plus parfaite. Il est bon que nous ayons d’humbles pensées de nous-mêmes ; mais la valeur de Christ repose sur toutes les pierres du temple. Le temple tout entier est édifié dans le Seigneur ; et ensuite, édifié, quelle autre gloire lui est-elle conférée ? Le Saint Esprit y habite.

Nous en avons donc fini avec les deux premiers chapitres. Le premier révèle notre position en Christ ; le second nous tire de côté pour nous envisager nous-mêmes. Il me montre premièrement, dans ma propre personne, comme mort — ensuite dans mon éloignement de Dieu. Puis il fait le contraire, et me fait voir quelle sorte de vie j’ai reçue, et dans quelle sorte de proximité je suis venu ; et nulle trace là d’une seule pensée faible. Avez-vous de faibles pensées ? Elles appartiennent à la nature. Elles ne sont point le souffle du Saint Esprit ; elles ne sont point les conseils de Dieu à votre égard. Ce n’est pas d’une touche sans vigueur qu’Il décrit votre condition par nature ; et c’est avec une force égale qu’Il décrit votre condition dans le Christ Jésus.

Chapitre 3

Nous lirons maintenant depuis le commencement du chapitre 3, jusqu’au verset 16 du chapitre 4. Quand nous méditons une portion de l’Écriture comme l’épître aux Éphésiens, il nous faut prendre garde de ne pas trop priser la connaissance, de ne pas lui donner une place disproportionnée. Lorsque Nicodème vint au Seigneur pour s’enquérir des secrets célestes, le Seigneur lui montra qu’il avait d’abord à commencer par lui-même. Pareillement Paul refusa d’exposer le mystère aux Corinthiens à cause de leur bas état moral. C’est ainsi qu’il nous convient d’aborder les vérités auxquelles l’épître aux Éphésiens nous initie, plutôt avec une grande circonspection en regardant à notre propre condition morale. La conduite du Seigneur vis-à-vis de Nicodème procédait moralement du même principe que celle de Paul vis-à-vis des Corinthiens. Il faut aussi une aptitude morale particulière pour respirer l’atmosphère éphésienne, sinon on pourrait avoir le vertige sur de pareilles hauteurs. Il nous faut marcher doucement, non d’une manière timide, comme si elles n’étaient pas à nous. Ces profonds secrets du sein du Père nous appartiennent ; mais le vaisseau doit être moralement approprié à les recevoir.

Nous avons fait, dans le premier chapitre, une distinction entre la vocation céleste et la vocation de l’Église ; et, dans le deuxième, nous avons considéré notre état de mort et de vie, et notre état d’éloignement et de proximité. En entrant dans le chapitre troisième, nous reprenons le mystère. Avez-vous jamais vu une beauté morale dans le fait que ce chapitre est une parenthèse ? J’ai été extrêmement frappé de la pensée que, le mystère étant une parenthèse, il devait être révélé ici dans un chapitre qui en est une lui-même.

L’Église nous est ici plus largement révélée. C’est à Paul que le mystère avait été confié, et il l’avait reçu par révélation. Vous direz peut-être qu’il reçut tout par révélation ; et cela est vrai, comme il nous le dit dans l’épître aux Galates. D’où Paul date-t-il son apostolat ? Est-ce de Christ dans la chair ? Non ; c’est de Christ en gloire. Et d’où les autres apôtres font-ils dater le leur ? De Christ dans la chair — du Seigneur marchant ici-bas. Mais Paul ne connut jamais le Seigneur dans la chair. De même que sa vocation, la vérité qui lui fut confiée était d’une nature toute spéciale. C’est donc par révélation que le mystère lui fut donné à connaître. Mais pourquoi dit-il : « en peu de mots » ? Par la raison, que, lors même qu’il eût écrit de longs chapitres sur ce sujet, ce n’eût été que peu de mots. Si tout ce que le Seigneur a fait eût été mis par écrit, le monde lui-même ne contiendrait pas les livres qui auraient été écrits, nous dit Jean dans une note d’admiration. Il en est précisément ainsi du mystère : c’était une chose si magnifique, qu’écrire des chapitres à son sujet, tout cela n’eût été que peu de mots. Nous avons besoin, vous et moi, de trouver en nous-mêmes ces notes d’admiration. Elles nous conviennent très bien. « Le mystère m’a été donné à connaître — lequel n’a pas été donné à connaître dans d’autres générations — que les nations seraient cohéritières », non pas simplement avec les Juifs, mais avec Christ. Le corps comprendra les Juifs, mais encore est-il essentiellement gentil. C’est ainsi que l’apôtre perd de vue les Juifs, et dit aux Gentils qu’ils sont cohéritiers avec Christ.

Nous avons ici une nouvelle sorte d’héritage — être du même corps et cohéritiers avec le Fils de Son amour ; non pas les Gentils greffés sur un corps de Juifs. « À moi qui suis moins que le moindre de tous les saints ». Ceci est caractéristique. Les Juifs furent pris parce qu’ils étaient la plus petite de toutes les nations. Vous, vous fûtes pris parce que vous étiez un pauvre Gentil incirconcis éloigné, sans espérance et sans Dieu ; et Paul fut pris parce qu’il était moins que le moindre de tous les saints. Il prend le pauvre de dessus le fumier : telle est la voie de Dieu. Maintenant, quelle était l’opération du mystère, quel effet avait-il ? « Afin que la sagesse de Dieu, si diversifiée dans ses formes, soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités, dans les lieux célestes par l’assemblée ». Ceci nous rappelle Colossiens 1, 25. Le ministère de Paul vint « pour compléter la parole de Dieu ». Vous direz peut-être : Mais, voulez-vous le placer au-dessus du ministère de Christ ? Certainement je le fais, sous le rapport dispensationnel. Les voies de Dieu brillent d’un éclat de plus en plus grand jusqu’à ce que le jour soit parfait. Quelle est la lumière dans laquelle nous nous trouvons ? Nous sommes dans la lumière comme Dieu est dans la lumière. La sagesse de Dieu, extrêmement diversifiée dans ses formes, est maintenant proclamée sous toutes ses formes de beauté. Ce que j’ai maintenant, c’est une haute vocation au privilège d’être en communion d’héritage — de faire un seul corps avec le Seigneur de gloire. Je suis parvenu à la Tête elle-même ; et je m’assieds en vue du couronnement de Christ et de Ses élus. C’est ainsi que je l’ai complété ; j’ai atteint la sagesse si variée de Dieu. Puis il descend un peu : « En qui nous avons hardiesse et accès en confiance par la foi en Lui ». Comme il aime à placer ce fondement sous nos pieds ! Si nous sommes dans la lumière où Dieu habite, nous sommes dans la puissante forteresse que Dieu a érigée. Ce ne serait pas être dans la lumière, si nous n’étions pas environnés par la forteresse.

Maintenant l’apôtre se fait suppliant, comme il a fait au chapitre 1. Après avoir de nouveau déclaré le mystère, il se fait, au verset 14, homme de prière pour nous. Dans le chapitre 1, il prie le Dieu de notre Seigneur Jésus ; et il prie pour que vous connaissiez la gloire qui vous attend, et la puissance qui vous y conduit ; et c’est au Dieu de notre Seigneur Jésus qu’il adresse sa prière.

Ici sa prière est que vous connaissiez l’amour qui vous a destinés à être là ; et il prie le Père de notre Seigneur Jésus. Son cœur se tourne instinctivement vers le sein du Père, qui est la source de notre éternelle bénédiction. « Tu l’as fait selon ton cœur », comme dit David. Et votre cœur ne fait-il pas instinctivement lui aussi cette distinction selon que vous vous trouvez en prière avec Dieu dans la gloire, avec le Père dans l’amour, et avec Christ dans le salut ? Quand je pense à la gloire et à la puissance, c’est avec le Dieu du Seigneur Jésus que je me vois ; quand je pense à l’amour, je suis avec le Père du Seigneur Jésus. Ce sont là, dans le Livre, des témoignages qui s’adressent à la conscience. L’Écriture est un grand corps de lumière qui porte avec lui-même ses preuves. Puis, il fait sa prière.

Un petit mot demande que nous nous y arrêtions. « Duquel toute famille » etc.

Je crois qu’il doit y avoir des familles dans le ciel aussi bien que sur la terre. Quand je m’applique à prendre une connaissance intelligente de l’état des cieux à venir durant le millénium, je crois y apercevoir diverses familles aussi bien que sur la terre milléniale. Je vois des principautés, des trônes, des dominations ; et je vois l’Église, comme le corps de Christ, élevée et assise au-dessus de tout. Il peut y avoir, comme nous l’avons fait remarquer déjà, « la noble armée des martyrs », « l’illustre et glorieux chœur des prophètes, des apôtres ». Il peut aussi se trouver dans le monde à venir une famille patriarcale et une famille de prophètes ; mais l’Église du Dieu vivant, unie à sa Tête, sera là au-dessus de tout.

Que c’est beau de faire de l’astronomie et de la géographie de cette manière !

Bientôt il resplendira un ciel tout orné des fils de Dieu — d’étoiles du matin ! Et parmi eux on ne connaîtra ni envies ni jalousies.

Ce qu’il nous faut, c’est de la grandeur dans nos pensées ; et la grandeur des pensées n’est pas incompatible avec l’exactitude des pensées.

Ce chapitre en parenthèse terminé, nous abordons le quatrième. L’apôtre reprend ce qu’il disait au verset 1 du chapitre 3 : « Moi, donc qui suis prisonnier dans le Seigneur ». C’est encore là un trait caractéristique que la haute vocation de l’Église serait annoncée du fond d’une prison de Rome. Si nous suivions notre sentier naturel, et si nous mourions de notre mort naturelle, c’est de la prison et de l’échafaud que nous irions à Christ dans la gloire. Notre vie serait un témoignage contre le monde, et un témoignage sans résistance. Or, le monde considère comme une insulte toute séparation d’avec lui ; et il ne se laisserait pas insulter sans tirer vengeance de l’outrage. Paul révèle donc le mystère des sombres cachots de Rome : la part de l’Église est le martyre sur la terre. À présent, il nous exhorte à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Avec quel zèle nous devrions cultiver et chérir cet état d’âme, ce caractère, sous l’action duquel on s’honore, on s’estime l’un l’autre ! Quel écrin magnifique où déposer un pareil trésor : « toute humilité et douceur avec longanimité » ! Hélas, dans l’histoire morale de la chrétienté, l’orgueil a brisé cet écrin. Il fait voir ensuite en quoi consiste l’unité de l’Esprit — que nous ne saurions détruire. Nous pouvons mettre en pièces l’écrin, et exposer le trésor ; mais nous ne pouvons pas le briser, lui. Est-ce du nord, du sud, de l’orient, de l’occident, que nous venons ? Sommes-nous Juifs ou Gentils ? Quand nous sommes assis ensemble, c’est dans un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême.

Il nous faut arrêter un peu sur les versets qui suivent. Si je disais : « Il nous faut revenir en arrière et examiner Genèse, chapitre 3 », vous répondriez peut-être : « Ce sont des passages bien éloignés l’un de l’autre, soit quant à la place qu’ils occupent, soit quant au sujet qu’ils traitent ». Il y a pourtant entre eux une magnifique connexion. Dans la Genèse, chapitre 3, nous voyons la victoire du serpent et la ruine de l’homme. Dans l’épître aux Éphésiens, chapitre 4, nous voyons la victoire de Christ et la rédemption de l’homme. C’est la ruine du malheur de Genèse 3. Satan fit de l’homme un souffre-douleurs sur la terre, et un esclave de ses convoitises. Le Seigneur vient faire du diable et de ses armées, Ses captifs. Il y a en cela un magnifique contraste moral. Et qu’a-t-Il fait de l’ancien esclave ? Il l’a placé dans une position plus merveilleuse que celle d’où Satan l’avait précipité. Quand Il viendra pour faire des armées de l’enfer Ses captifs, Il fera voir à ces armées de l’enfer ce qu’Il peut faire de celui qui fut jadis le captif de l’enfer. Il nous a rendus indépendants de toute chose. Nous ne servons pas seulement de preuve contre l’enfer ; mais nous croissons par des ressources qui sont en nous-mêmes. L’Église croît en vertu d’une énergie déposée en elle-même. D’un côté, Christ fait captive la captivité ; et Il fait voir, de l’autre, ce qu’Il va faire de cette pauvre chose que le serpent ruina jadis. L’histoire est renversée depuis Genèse 3 : alors c’était l’homme captif, maintenant c’est l’homme glorifié.

Ici se termine la partie doctrinale de l’épître. Quel accueil nos âmes lui feront-elles ? Sommes-nous préparés pour d’aussi magnifiques révélations de la pensée de Dieu ? Sont-elles trop élevées pour nous ? J’ai souvent senti que c‘était le cas. Il est si agréable de s’entretenir du marchepied avec ses frères ! Mais ce charme provient d’une quantité d’éléments humains que nous mêlons avec ce qui devrait rester sans mélange. Aussi l’apôtre demande-t-il que nous soyons fortifiés en puissance par l’Esprit dans l’homme intérieur. L’esprit humain n’est pas capable de mesurer ces choses. Si mon cœur était ouvert au sentiment de ce que le Seigneur Jésus est, je devrais dire : « Plus près de toi, mon Seigneur ; plus près de toi ! ». Le marchepied peut être très agréable, mais, « plus près de toi ! ». Que ce soit Christ qui habite dans mon cœur et le remplisse, et non la scène qui m’entoure, et que je connaisse Son amour qui surpasse toute connaissance.

Chapitre 4

J’ai fait observer que la partie doctrinale de l’épître se termine au verset 16 du chapitre 4. Nous lirons jusqu’à la fin du chapitre. Retraçons rapidement l’enseignement doctrinal que l’apôtre vient de nous donner. Le premier grand trait caractéristique qui nous est donné de la vocation de l’Église, c’est qu’elle est une vocation en Christ ; aussi rencontrons-nous fréquemment le mot en dans le chapitre 1 : « Assis en Lui dans les lieux célestes » ; « Rendus agréables dans le Bien-aimé », etc. Et il ne s’agit pas seulement de possessions présentes en Christ, mais nous avions nos intérêts en Lui avant que le monde fût (v. 4), et nous les y avons encore après qu’il a fini (v. 11). Vous me direz peut-être que la rédemption ayant pour base la souveraineté de Dieu, il en est de même de tous les rachetés, et aussi des anges eux-mêmes qui ont gardé leur premier état ; oui, mais ce qui caractérise l’élection de l’Église, c’est que ce n’est pas une élection dans un sens abstrait simplement, mais une élection « en Lui », et que vous ne Le quittez jamais.

L’Église se trouve dans la plus étroite connexion avec Christ dès avant la fondation du monde, et continuera ainsi jusqu’à la gloire après que le monde aura fini son cours. C’est là la première pensée concernant l’Église. Ces choses n’ont point été prédites d’Israël : c’est la vocation spéciale de l’Église d’être rattachée et liée à Christ. De plus, cette Église a été « cachée en Dieu ». Elle était, pour ainsi dire, le secret du sein de Dieu, le secret le plus près de Son cœur, et le plus profond dans Ses conseils. La Parole n’emploie pas ce langage d’une intimité et d’une beauté mystérieuses, en parlant de l’élection des hommes illustres de jadis. L’Église était cachée en Dieu dès avant tous les siècles, jusqu’au ministère de Paul. L’épître aux Éphésiens est un exemple d’accumulation et de renforcement du langage. Dites-moi, si votre âme est toute bouillonnante d’une de ces pensées, d’un de ces sentiments souverains, si vous ne l’exprimez pas maintes et maintes fois, si vous ne multipliez pas les paroles à son sujet, et si même vous ne serez pas éloquent ? Car c’est du cœur, et non de la tête, que naît l’éloquence. Tel est le langage de l’Esprit quand Il expose ce secret dans notre épître. Voici quelques-unes des expressions qu’Il emploie : « la louange de sa gloire », « les richesses de la gloire », « la louange de la gloire et de sa grâce », « les immenses richesses de sa grâce ». Pareillement dans le chapitre 2, quand Il arrive à faire voir ceux qui sont les objets de cette vocation. Quand Il montre leur état de mort, Il fait d’eux description sur description ; et lorsqu’Il vous amène à voir votre position de proximité, l’Esprit multiplie encore les descriptions de ce que vous êtes.

La révélation attendait pour se clore le ministère de Paul, l’apôtre des Gentils. Quand il eut manifesté ce secret, il n’en resta plus à révéler, et tous les conseils divins eurent leur couronnement. Permettez-moi de vous renvoyer à une petite analogie. De quelle manière Dieu procéda-t-Il à l’œuvre de la vieille création ? Les choses furent créées l’une après l’autre, chacune avec sa beauté propre, et l’homme vint le dernier. Il fut placé dans le jardin. Et quelle fut sa condition ? Il y était chez lui. Mais quand les animaux furent amenés pour recevoir leurs noms de lui, il ne fut pas seulement chez lui dans sa place propre, mais il eut la seigneurie sur tout ce qui était devant lui : il se trouvait dans son empire. Et cela n’est pas tout. Il restait encore une chose, et c’était la principale. Tout lui appartenait avant qu’il eût la femme. Ce fut la dernière chose révélée, et ce fut le faîte de son bonheur. Alors ses lèvres s’ouvrirent. « De l’abondance du cœur la bouche parle ». Auparavant Adam était heureux, mais sa félicité n’abondait pas. Lorsque la femme lui fut donnée, ce fut le comble de sa joie. Nous devrions donc être préparés à ce que l’Église attendît le ministère de Paul. Je devrais être préparé à voir le dernier ministère produire la chose la plus riche que renfermaient les conseils de Dieu.

L’histoire de Jérusalem me présente une autre analogie pareille. Quand Israël fut entré en Canaan, l’épée de Josué réduisit le pays en sa possession. La chose continua ainsi du temps des juges ; et aux jours du roi Saül le peuple resta encore en possession. Mais tout ce temps-là Jérusalem était une cité jébusienne. Dans tout le cours de cette période, ce lieu si favorisé, ce lieu principal du pays — cette reine destinée à fixer le regard de Dieu — était entre les pattes du Gentil ; et ce ne fut qu’aux jours de David, le roi du choix de Dieu, qu’elle devint le centre unique de tout le pays, le sanctuaire, le trône, le lieu où les tribus montaient. C’était la principale chose de toutes, et elle vint la dernière. N’est-ce pas là une image de la vérité que nous présente l’épître aux Éphésiens ? Dieu se plaît aux analogies. Que sont les paraboles sinon des analogies divines ? C’est ainsi qu’à la fin même du livre, nous voyons reparaître la femme comme le dernier objet, l’objet principal. Les victoires ont été remportées — le royaume a été établi en puissance et en gloire — et la toute dernière chose du livre, c’est la révélation de l’Église qui descend pour se faire voir dans sa beauté (Apoc. 21). Tout cela me prépare admirablement à entendre dire à Paul, sans le taxer d’arrogance, qu’il complète la Parole de Dieu.

Poursuivons. La révélation de l’Église est la plus riche manifestation de Dieu en grâce, en gloire, et en sagesse. La vocation d’Israël se manifestait richement, c’est certain ; Dieu ne saurait mettre la main à quoi que ce soit sans se manifester de la sorte. Mais quand nous en venons au mystère de l’Église, nous apprenons à savoir que la grâce dans sa gloire, dans ses richesses, dans ses immenses richesses — a été manifestée, et manifestée à la face de la création, à la vue et à l’ouïe des principautés et des autorités dans les lieux célestes. Et il y a une parfaite simplicité en tout cela. La magnificence nuit-elle à la simplicité ? L’Église ne serait pas d’une simplicité divine si elle n’était pas inexprimablement glorieuse. Si elle repose au plus profond de la pensée divine, elle était le plus remplie de grâce, de gloire et de sagesse. Les principautés et les puissances retiendront leur respiration en écoutant l’histoire que raconte la vocation de l’Église.

Maintenant, quels sont les titres qui lui sont donnés ? Elle est appelée le corps et l’Épouse ; et que signifient ces noms ? Le corps est l’expression de ceci — que l’Église est établie dans la position de dignité la plus élevée. En tant que l’Épouse, sa position est celle de l’affection la plus intime. Comme corps de Christ, occupant le poste principal en fait de dignité, elle aura au-dessous d’elle tout ce qu’il y aura dans ce monde et ce qu’il y aura dans le monde à venir. Christ sera au-dessus de tout ; et l’Église, qui est Son corps, est la plénitude de Celui qui remplit tout en tous. Comme l’Épouse, elle occupera la place d’affection la plus intime. Vous ne sauriez être trop près de la personne que vous aimez. En tant que l’Épouse de Christ, l’Église est placée tout près de Son cœur. L‘Église est destinée à être, pour le cœur de Christ, ce que la femme fut pour Adam. Le chapitre 5 est comme l’expression d’Adam relativement à la femme ; la parole : « Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os », est la répétition de l’expression de ravissement du premier homme à la vue de la première femme.

Si nous aimons quelqu’un, nous aimons à le voir environné d’honneur et de gloire. Là, au poste réservé à l’Église, vous serez placés au faîte de la dignité, et, comme l’Épouse, votre place sera celle de l’affection la plus intime. Vous êtes surpris peut-être de m’entendre dire que le Seigneur Jésus n’a pas complété la révélation de Dieu. Lorsque vous lisez les quatre évangiles, les lisez-vous comme s’ils étaient le parfait tableau de l’évangile de la grâce ? Le ministère du Seigneur fut un temps de transition. Jusqu’à ce que Sa mort fût accomplie, Il n’avait pas la scène nécessaire au déploiement du plein évangile de la grâce, ni l’instrument qu’il fallait pour former l’Église. Comment pourriez-vous former une chose sans l’instrument convenable ? L’Esprit n’était pas donné, et la Tête n’était pas encore glorifiée. Le commencement du Livre de Dieu me prépare pour le mystère, et la fin du Livre m’enferme en lui et le scelle à mon intelligence comme nous venons de le voir.

Mais l’épître aux Éphésiens ne nous présente pas seulement l’Église : nous y trouvons aussi les saints individuellement (chap. 5 et 6). Notre personnalité n’est point perdue. C’est paraît-il le sens du verset 12 du chapitre 4. C’est là une chose individuelle. L’affaire des dons vous concerne individuellement. « Il a donné les uns apôtres, etc., en vue de la perfection des saints ». Il y a entre moi et Christ une relation profondément intime et personnelle ; rien ne peut jamais porter atteinte à cela. C’est donc avec chacun des saints individuellement que les dons avaient d’abord à faire : « en vue de la perfection des saints ». Ensuite, que les saints parfaits se mettent à l’œuvre du service et à l’édification du corps. En conséquence, dans l’épître aux Corinthiens, ayant à manifester le mystère, il dit : « Nous parlons sagesse parmi les parfaits ». Quand donc nous arrivons aux détails pratiques, Paul s’adresse à nous individuellement : « Que vous ne marchiez plus comme le reste des nations aussi marche », et ainsi de suite ; « Qui ayant perdu tout sentiment moral », etc. ; c’est-à-dire ayant une conscience endurcie et cautérisée, sans aucun sentiment de leur propre dissolution. « Mais vous n’avez pas ainsi appris le Christ, si toutefois vous l’avez entendu et si vous avez été instruits en lui selon que la vérité est en Jésus ».

L’introduction du mot Jésus ici, montre qu’il s’agit des individus personnellement ; et n’aimez-vous pas une leçon personnelle ? N’êtes-vous pas heureux de penser qu’il y a entre vous et Christ une affaire dont personne ne peut se mêler ? Regardez à l’évangile de Jean, et considérez-le comme un magnifique tableau du pécheur et de Christ réunis.

En Jean, le Seigneur nous apparaît comme un homme d’un esprit et d’un caractère social, travaillant avec les apôtres. Il travaille tout seul avec le pécheur. De quelle douceur n’est-ce pas de voir l’Esprit refuser de perdre de vue l’individu ! « Et que vous revêtiez le nouvel homme créé selon Dieu en justice ». C’est là une création bien plus riche que la première. Adam était le seul être de la première création qui possédât une intelligence. Mais vous ne pourriez pas dire de lui qu’il fut créé, « selon Dieu, en justice et en vraie sainteté ». Nous sommes exhortés à dépouiller le mensonge, comme étant membres les uns des autres. « Mettez-vous en colère et ne péchez pas ». La colère peut être un sentiment aussi saint que quelqu’autre que ce soit ; mais ne la conservez pas, de manière à la laisser dégénérer en un sentiment selon la nature. Ensuite, « Résistez au diable ; — et que celui qui dérobait, ne dérobe plus », etc. C’est de toute beauté ! Il ne doit pas simplement cesser de voler, mais devenir travailleur pour les autres. « Qu’aucune parole déshonnête ne sorte de votre bouche — et n’attristez pas le Saint Esprit de Dieu ». Il s’occupe de nos œuvres — de nos paroles ; — et maintenant de notre caractère.

N’êtes-vous pas reconnaissants que le christianisme règle ainsi tout votre être ? Mais quelle dignité ! Vos lèvres peuvent servir à communiquer la grâce à ceux qui l’entendent ; et vos pensées peuvent être à rafraîchissement ou à tristesse au Saint Esprit de Dieu !

« Vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu aussi vous a pardonné en Christ ». Ceci est différent de « la prière du Seigneur ». Cette prière vous enseigne en effet que Dieu vous prendra vous pour Sa mesure à Lui-même : « Pardonne… comme nous pardonnons ». Ici, c’est tout à fait le contraire ; je dois me mesurer d’après Dieu : « pardonnant, comme Dieu vous a pardonné ». Cela fait voir, comme nous l’avons fait observer déjà, que le ministère du Seigneur était un ministère de transition ; sa portée n’était pas la pleine gloire du salut. Maintenant s’est produit un ministère en vue de notre perfection à chacun de nous individuellement, et en vue de notre édification en tant que le corps de Christ.

Chapitre 5

Nous avons observé que la partie doctrinale de l’épître finissait au verset 16 du chapitre 4. Depuis ce verset jusqu’au verset 9 du chapitre 6, nous avons la partie pratique, et nous trouvons le combat à la fin.

Lisons maintenant le chapitre 5 et jusqu’au verset 9 du chapitre 6 ; ce sont les détails pratiques de la vie chrétienne. Je voudrais, d’abord, dire quelque chose relativement aux préceptes.

Si nous examinons les épîtres aux Romains et aux Colossiens, nous trouverons qu’elles diffèrent, quant à la manière dont elles sont conçues et écrites, de l’épître aux Philippiens. Dans celle-ci, l’apôtre est éminemment pasteur : c’est des âmes des Philippiens qu’il s’occupe. Mais dans les autres et celle aux Colossiens, il est docteur, et en conséquence elles nous présentent la doctrine suivie de préceptes. Et pourquoi trouvons-nous des préceptes dans les épîtres ? Est-ce que vous faites toujours découler votre conduite directement des préceptes ? Non ; mais plutôt de la connexion dans laquelle vous vous appliquez à tenir votre âme avec Christ Lui-même, et de la grâce de Dieu dans votre vocation. Aussi lisons-nous en Tite : « La grâce de Dieu… est apparue à tous les hommes, nous enseignant que, reniant l’impiété et les convoitises mondaines, nous vivions dans ce présent siècle sobrement, et justement, et pieusement » ; c’est-à-dire, que, si je connais la vertu morale de la grâce dans laquelle je suis, je serai enseigné sans préceptes, à vivre sobrement, justement, et pieusement. Pierre nous dit exactement la même chose : « Puis donc que toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles gens devriez-vous être » ; et plus bas, « c’est pourquoi… en attendant ces choses, étudiez-vous à », etc. Ce n’est pas le précepte de s’appliquer que contiennent ces paroles ; mais le regard de l’âme est dirigé sur la gloire et sur la dissolution de toutes les choses présentes, et cela nous dit quelles gens nous devrions être ! La puissance pratique découle de la grâce de notre appel.

Le livre de la Genèse nous donne le même enseignement ; nous n’y trouvons pas de préceptes, mais nous voyons que les patriarches vivaient d’une vie sainte (par l’Esprit très certainement) par l’efficace de leur appel. L’un est appelé par « le Dieu de gloire » ; et des lèvres de Joseph sort cette parole : « Comment ferais-je un si grand mal, et pécherais-je contre Dieu ! ». Ce n’est point qu’il eût des préceptes ; mais il regardait à Dieu. Il en est de même de vous : dans votre marche journalière, ce n’est pas aux préceptes, mais à Christ que vous regardez ordinairement. Mais, alors, pourquoi nous est-il donné des préceptes ? Pour diverses raisons.

1° Les préceptes servent comme d’épreuves, de pierres de touche ; si une âme est en chute, vous vous en servez pour la discipline. C’est très bon, dans un pareil cas, d’avoir un précepte bien précis pour vous diriger.

2° Dieu en agit dans Sa Parole avec des réalités vivantes. Si la doctrine me dit que c’est Dieu qui en agit avec moi, les préceptes me disent à leur tour que c’est avec moi que Dieu en agit. Le but de Dieu n’est pas de révéler simplement une vague lumière qui brille devant moi. Il s’adresse Lui-même à moi, créature corrompue, et dit : « Que celui qui dérobait ne dérobe plus ».

3° Il y a dans les préceptes cette beauté-ci, qu’ils honorent extrêmement la doctrine ; ils sont l’expression de la vertu morale cachée qui se trouve dans la doctrine. Celui-ci par exemple : « N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu ». La doctrine m’avait déjà enseigné que j’avais reçu l’Esprit comme le sceau du salut ; et le précepte m’apprend que l’Esprit que j’ai reçu est sensible à la moindre atteinte d’impureté. Ainsi, la doctrine est glorifiée par le précepte

4° Je vous dirai de plus ce que font les préceptes. Ils vous montrent que votre sainteté doit être une sainteté dispensationnelle. Vous direz peut-être : Mais la sainteté n’est-elle pas la sainteté ? Non ; je dis hardiment qu’elle ne l’est pas. Nous ne pouvons juger de cela qu’à la lumière que Dieu nous a dispensée. Est-ce une chose impure aujourd’hui pour les Juifs de trafiquer avec les Gentils ? Non ; ce ne l’est point : et toutefois, sous le régime de la loi, ils n’osent pas manger avec eux. La sainteté peut donc revêtir des formes différentes.

Maintenant, supposez que je m’appliquasse à garder une bonne conscience par la raison justement que ma conscience souffre profondément du mal, et que je fusse moral parce que la moralité est une belle chose ; serait-ce là la moralité chrétienne ? Il n’est de sainteté chrétienne que celle qui découle de la vérité. Quand vous en viendrez à vous appliquer cela à vous-même, vous verrez que vous avez quelque chose à faire. Vous aurez à associer le Seigneur Jésus avec chaque détail de votre vie. Comment les anciens ont-ils obtenu un bon témoignage ? Est-ce un précepte qui opéra la séparation d’Abraham d’avec sa parenté et la maison de son père, ainsi que la renonciation de Moïse à tous les honneurs de l’Égypte ? Ce fut la révélation que Dieu lui donna de Lui-même. Les préceptes ne feront jamais un chrétien. Il faut que l’âme vienne en contact avec la révélation de Dieu. « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour comme aussi le Christ nous a aimés ». Maintenant, permettez-moi de vous demander, si, en supposant que je fusse un bon voisin juste assez pour que ma conscience fût un peu tranquille, ce serait là satisfaire à ce que demande ce passage ? « Marchez dans l’amour comme aussi le Christ nous a aimés ». Voilà ce qui fait de la bonté, la bonté chrétienne. Je prends le Seigneur Jésus comme mon grand prototype ; par là la moralité échappe aux mains de Moïse, et ma moralité repose sur un fondement entièrement nouveau. Je dois marcher dans l’amour, parce que Christ m’a aimé, et s’est donné Lui-même pour moi comme offrande et sacrifice à Dieu en odeur de bonne senteur. Le Seigneur ne vous a pas présentés seulement dans toute la bonne odeur de Son sang, mais aussi dans la bonne odeur de Son sacrifice. Est-ce dans le juste que vous êtes rendus agréables ? Non ; mais « rendus agréables dans le Bien-aimé ». Quand le souverain sacrificateur portait le sang dans le lieu très saint, il entrait enveloppé d’une nuée de parfum d’une senteur embaumée. Est-ce une acceptation à contre-cœur qui accompagna le sacrifice de Christ ? Non, ce fut une acceptation pleine de délices, et vous avez place et portion dans toute la valeur de cette acceptation. Eh bien ! pourrais-je jeter un regard de foi sur cette atmosphère dans laquelle je suis placé devant Dieu, et revenir encore à me laisser aller à mon inimitié contre Lui ?

Vous savez que, faire simplement ce qui est bien, ne saurait jamais satisfaire votre conscience renouvelée. Il faut que les motifs, les sources de votre conduite, soient purifiés. C’est ce que Christ a fait qui demande cela de vous. Toutes ces souillures, comme je lis au verset 3, ne conviennent pas à des saints. Dois-je repousser l’impureté parce que c’est l’impureté ? Non ; mais parce qu’elle ne convient pas à des saints. Aussi l’apôtre ajoute-t-il : « Car vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière au Seigneur ». Je refuse toute participation à l’impureté, parce que j’étais ténèbres, et que maintenant je suis transformé. Je suis une nouvelle créature, un enfant de lumière. Ici je m’arrête encore pour vous demander si vous voudriez adoucir cette magnifique force de langage. Voulez-vous quitter Christ quand vous en venez aux détails pratiques de la vie ? Nous ne quittons jamais Christ. Aussi, lorsque en poursuivant nos méditations nous arrivons au combat, nous trouvons-nous autant dans Sa compagnie que nous y sommes dans les détails de la vie journalière, ou en haut dans le ciel dans la première partie de l’épître. Il y a en ceci quelque chose de sublime. Si une doctrine vient pour me révéler Dieu, un précepte arrive à son tour pour me montrer la vertu morale qui s’y trouve cachée. Le fruit de la lumière consiste en toute bonté (comme dans les vertus bienveillantes), justice (comme dans l’intégrité et l’honnêteté), et tout cela rattaché à la vérité. Nous trouvons de la bonté et de la justice dans le monde ; mais ce n’est que dans la maison de la foi que nous les trouverons associées avec la vérité. La portée de ces choses c’est de faire de nous, dans la pratique, l’expression réelle de Christ. Comme le dit un ancien auteur, « Christ Lui-même est pour un chrétien le principe de toutes les lois » ; la culture de l’âme par quelque autre chose que Christ n’inspire que du dégoût. Christ nous veut sobres, sincères, honnêtes. Maintenant vous êtes lumière ; et quelle sorte de lumière ? Lumière « au Seigneur ». Ce n’est pas au flambeau de Moïse que vous avez allumé l’étincelle qui est en vous, mais c’est au Seigneur de lumière Lui-même. Vous Lui avez emprunté un de Ses rayons, et vous devez marcher à son éclat, éprouvant ce qui est agréable à Jésus. Je suis bien sûr, après tout ce qui vient d’être dit, que nous ne demanderons pas à quoi bon les préceptes du Nouveau Testament, puisque nous voyons le Seigneur bien-aimé associé aux plus petits détails, le Saint Esprit faisant descendre mon Seigneur Jésus jusqu’à être la sanction de mes voies.

Vous remarquerez fréquemment ici que l’Esprit n’est pas satisfait du simple renoncement au mal. Il insiste sur la culture du bien. « Que celui qui dérobait, ne dérobe plus ; mais plutôt qu’il travaille en faisant de ses mains ce qui est bon ». Le positif accompagne le négatif. Le mal est renié, et le bien est introduit. De même dans ce passage : « N’ayez rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les ». Parce que vous avez dépouillé le vieil homme ; mais n’êtes-vous plus simplement une chose vidée, dépouillée ? Non ; vous avez revêtu le nouvel homme. Comme le vieil homme aurait voulu piller ce qui appartenait à un autre, ainsi maintenant vous devez travailler pour celui qu’auparavant vous auriez voulu piller. Moïse ne m’a jamais mis à un pareil travail ; mais Christ prendrait-Il Moïse pour Sa mesure ? Se mesurera-t-Il par quelqu’autre chose que Lui-même ? Quelle dignité en ceci ! Nous devrions garder la morale à la hauteur qui lui appartient. Moïse la rabaisserait ; je ne dis pas cela de lui quand il a passé à travers le filtre de Christ, comme dans le sermon sur la montagne. Moïse vous eût-il demandé que vous missiez votre vie pour un autre ? Christ vous le demande, parce que Christ l’a fait. « C’est pourquoi il dit » ; je préférerais elle (v. 14) : c’est la voix et le langage de la lumière. La lumière qui brille maintenant est la lumière de Christ. « Et le Christ t’éclairera », une lumière morale particulière s’est levée désormais.

« Prenez donc garde que vous marchiez soigneusement… rachetant l’occasion ». Maintenant, de quelle manière l’intelligence doit-elle s’exercer ? Est-ce en étudiant la philosophie des écoles ? Je dois avoir l’intelligence de la volonté du Seigneur. Il vous garde, je le dis encore, comme une créature céleste dans la compagnie de Christ ; comme un homme qui ne fait que traverser la terre, Il vous garde vous aussi avec Christ. Lorsqu’Il vous envoie sur le champ de bataille, Il a soin de vous vêtir en Christ, Il met Christ sur vous. Quel autre que l’Esprit pourrait descendre dans le trafic d’un monde pareil, et y garder constamment Christ dans votre compagnie ! Ainsi, le vieil homme pouvait s’enivrer de vin : le nouvel homme a l’Esprit pour s’en remplir. Si celui-là doit être mortifié, celui-ci doit être cultivé. Et de quelle manière s’exprimeront ces cœurs remplis de l’Esprit ? « Par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ». Il y a là un vaisseau rempli de l’Esprit. C’est le même vaisseau, seulement transformé. Il était jadis rempli de vin ; à présent, dans un esprit d’actions de grâces, il s’épanche en chants mélodieux au Seigneur. Nous venons de nous mouvoir dans une haute, chaude, atmosphère, chaude de la chaleur du Saint Esprit ; et maintenant nous voilà subitement descendus avec un calme admirable au train ordinaire de la vie, à l’exercice de cette vertu qui nous fait prendre la place de soumission. Cette manière de présenter les choses est d’une merveilleuse beauté, et je m’étonne que nous n’en savourions pas davantage le charme exquis. On ne sait vraiment laquelle des deux parties de l’épître admirer le plus, la partie doctrinale ou la partie pratique.

Descendu à ce sujet, l’apôtre le considère dans ses détails, et s’adresse aux maris et aux femmes. Je n’ai pas besoin de dire combien nous sommes là dans la compagnie de Christ. Les liens qui unissent une femme et son mari ne reçoivent-ils pas leur sanction de Christ ? Et bon nombre de femmes respectables ne pensent jamais au Seigneur Jésus. Sont-ce là des femmes chrétiennes ?

Ici permettez-moi de m’interrompre un peu pour signaler un titre qui se rencontre trois fois dans cette épître. Christ est appelé « le Chef » dans les chapitres 1, 4 et 5 ; mais dans chaque cas, c’est sous un aspect différent.

Dans le chapitre premier, c’est comme le Chef du corps. Il est Chef sur toutes choses de l’Église ; le trait principal de l’homme mystique.

Dans le chapitre 4, Il a ce titre comme étant la source de l’influence, dispensant la vertu aux membres. « Duquel tout le corps bien ajusté… produit l’accroissement du corps ».

Ici, chapitre 5, nous Le voyons sous un autre aspect, comme le Chef quant à l’autorité : « Le mari est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l’assemblée ». Au verset 32, on devrait lire : « C’est le grand mystère ». Ensuite, après s’être adressé aux femmes relativement à leurs devoirs ordinaires, il en use de même au chapitre 6 avec les enfants : « Enfants, obéissez à vos parents, dans le Seigneur, car cela est juste ». Même dans le temps de Moïse, c’était un devoir honorable. Mais ici, c’est parce que cela est juste aux yeux du Seigneur. Cela fait sortir le devoir en question du terrain de la promesse légale, et le Seigneur devient sa nouvelle sanction.

De même pour les pères. Un père doit être le serviteur chrétien de son enfant. Je veux dire par là qu’il doit veiller constamment à ce que la discipline et les avertissements du Seigneur soient servis à son enfant. Il doit lui servir Christ, si j’ose m’exprimer ainsi.

Quant aux serviteurs — combien ceci est beau ! — ils doivent être obéissants. Peu importe le caractère de leur maître. Ils doivent s’acquitter de leur service « comme pour le Seigneur ». Vous êtes-vous jamais élevés à la hauteur de cette parole de Jacques (1, 9), quand vous voyez les gens maintenir la différence de position dans cette vie, que vous devez positivement vous réjouir en anticipant le jour où ces distinctions prendront fin ? Ne voulant pas toucher à ce sujet en passant, je me borne à signaler 1 Timothée 6, comme exprimant la même pensée ; mais ce devrait être la joie secrète du cœur de se dire que bientôt la différence de condition aura passé avec la figure de ce monde.

Puis viennent les maîtres. Ne vous rendez pas coupables de menaces. Des manières hautaines, impérieuses, chez les maîtres et les maîtresses sont vraiment odieuses. Comment votre Maître que vous avez dans le ciel vous traite-t-Il ?

Ici se termine la partie pratique ; mais je vous demande si elle ne vous élève pas. Comme le dit George Herbert : « Celui qui balaie une chambre, si c’est dans l’esprit d’obéissance à tes lois qu’il le fait, fait une noble action ». C’est la même chose pour Christ, si vous êtes là avec Lui. C’est le même Jésus qui vous entoure, vous embrasse, vous enrichit à chaque pas du voyage, et cela pour toute son éternité.

Chapitre 6

Nous avons déjà observé que cette épître se divise naturellement en trois parties — la partie doctrinale et la partie pratique ; et ici du verset 10 à la fin, nous trouvons une scène de combat. Enseignement, marche, et combat.

L’enseignement, nous nous en souvenons, avait pour objet l’éducation de l’Église, du corps de Christ ; et nous avons observé que la vocation céleste existait avant qu’existât la vocation de l’Église. Nous avons constamment des preuves de la vocation céleste tout le long des jours de l’Ancien Testament ; mais nous n’y rencontrons que de lointaines et vagues allusions au corps de Christ, et, comme un autre l’a dit : « Parler dans un divin et mystérieux langage, de donner au Messie un corps qui Le compléterait, eût retenti aux oreilles d’un Juif comme une pure absurdité ». Il n’est point dit d’Abraham qu’il était béni dans les lieux célestes en Christ, incorporé en Christ. Or, c’est là le grand enseignement de cette épître, la plus élevée de toutes. Puis, laissant la partie doctrinale, nous entrons dans la partie pratique qui continue jusqu’au verset 9 de ce chapitre 6, ouvert maintenant devant nous ; et je voudrais répéter ici les remarques que nous avons faites à son sujet. Arrivés à la partie pratique de l’épître, nous y trouvons la partie doctrinale glorieusement honorée. Les préceptes deviennent, dans les mains de l’Esprit, l’expression de la vertu morale renfermée dans la doctrine. Si mon cœur était tout ouvert à Dieu je serais guidé par la vertu intrinsèque de ma vocation ; et, combien nous jouirions de cela, si nous possédions le goût spirituel ordinaire ! N’est-ce pas merveilleusement beau de voir la doctrine et les préceptes marcher ainsi de compagnie ? C’est dans le même esprit que Pierre se met en présence de la doctrine, et s’étonne que nous n’en éprouvions pas l’efficace morale ; et moi aussi je m’en étonne. En second lieu, elle donne aux préceptes un caractère dispensationnel. Dieu n’habite pas maintenant dans la même lumière que lorsqu’Il était assis sur le trône à Jérusalem. C’était là une lumière terrestre, une lumière qui brillait sur la terre. La lumière dans laquelle Dieu habite maintenant est le solennel et toutefois très précieux mystère qu’Il a été rejeté ici dans la personne de Son cher Fils, et que ce Fils est à présent glorifié dans le ciel. Et il faut que vous soyez dans la lumière où Dieu habite. Il faut que vous fassiez de la vérité dispensationnelle de Dieu, la règle de vos voies. Naturellement je ne parle pas de la lumière dans laquelle Dieu habite, comme dans Sa gloire propre — selon que nous lisons, 1 Timothée 6, 16.

Voici la différence qu’il y a entre le chapitre 5 et le chapitre 6. Le chapitre 5 nous présente le saint dans sa marche au milieu des circonstances de la vie humaine. Ici nous voyons le saint sur le champ de bataille. Croyez-vous que votre combat est aussi continuel que votre marche ? Devez-vous être dans le combat aujourd’hui, et dans le combat encore demain ? Ah ! il y a pour nous abondance d’œuvres à faire ; nos mains seront assez remplies si nous sommes des saints de Dieu pratiques, vivants.

Dès les premiers mots de cette troisième vue, il nous exhorte à nous fortifier dans le Seigneur, et dans la puissance de Sa force, en nous saisissant de toute l’armure de Dieu, afin que nous puissions résister dans le mauvais jour, et après avoir tout surmonté, tenir ferme. L’Esprit voit que c’est une guerre du commencement à la fin. Il peut y avoir certaines batailles ; mais après en avoir fini avec le combat particulier, il vous faut encore tenir ferme comme dans une guerre !

Êtes-vous préparés à trouver la vie humaine une guerre ? C’est la grande pensée de ce passage. Que vous vous trouviez ou non dans votre combat particulier, votre âme tout entière doit demeurer dans la pensée qu’il s’agit d’une guerre incessante, jusqu’à ce que vous en ayez fini avec ce monde, cette chair, et le diable. Lorsque deux nations sont en guerre, il se peut qu’il n’y ait pas une bataille tous les jours ; une bataille peut être une chose rare ; mais la guerre a été proclamée. Que le Seigneur vous garde vous et moi d’oublier qu’aussi longtemps que nous sommes dans le corps, nous sommes sur un champ de bataille. « Le mauvais jour » est une bataille particulière. Mais si nous avons remporté la victoire, pourquoi avons-nous encore à tenir ferme ? Parce que la guerre a été proclamée. Avez-vous déclaré la guerre aux convoitises qui sont dans vos membres et à l’esprit du monde autour de vous ? Votre âme doit reconnaître que, tant que vous êtes dans le corps, vous êtes un combattant. Telle étant votre position, vous devez revêtir toute l’armure de Dieu : « Car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités contre les dominateurs de ces ténèbres, contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes ». Maintenant de quelle manière comprenez-vous cela ? Vous arrêtez-vous à la pensée que les esprits malins sont dans les lieux célestes ? Cela nous est abondamment enseigné. En 2 Chroniques chapitre 18, l’Éternel dit : « Qui est-ce qui induira Achab, roi d’Israël, etc. ? » « Je l’induirai », répond un esprit ; « Je sortirai et je serai un esprit de mensonge en la bouche de tous ses prophètes ». C’est là une riche et vivante expression de ce que nous présente Éphésiens 6. Il est beau de voir ainsi l’Esprit chez Lui dans Ses propres Écritures. Il prend comme chose établie que Satan est dans le ciel. Il ne fait pas une difficulté, ni ne soulève pas une question à cet égard. Il prend cela comme une chose scellée et accréditée, et parle en conséquence. Et que dit le Seigneur à Son tour ? « Je contemplais Satan, tombant du ciel comme un éclair ». Ce n’était pas là simplement une expression figurée ; plus tard, en Apocalypse 12, Satan est précipité du ciel. C’est un fait que Satan, les principautés et les autorités, sont présentement dans les lieux célestes.

Mais que font ces méchants esprits ? Ils descendent avec tous leurs artifices, tous leurs mensonges, et toutes leurs séductions, et les font agir dans votre cœur et le mien ; ainsi que, dans la vision de Michée, l’esprit de mensonge descendit vers Achab avec un de ses artifices ; ou comme Satan incita David à faire le dénombrement du peuple. L’Ancien et le Nouveau Testament sont remplis de choses semblables. Paul dit : « nous n’ignorons pas ses desseins » ; et encore : « Ô homme, plein de toute fraude et de toute méchanceté, fils du diable ». Toutes ces paroles prouvent qu’il agit par des artifices. Il agit aussi par la violence et par la persécution, mais ce n’est pas ce dont traite notre passage. Si nous parcourons l’histoire de Satan dans l’Écriture, nous le trouverons accusateur des frères. N’est-il pas accusateur des frères dans le livre de Job ? Et n’est-ce pas ce même caractère qui lui est attribué dans celui de l’Apocalypse ? Nous nous trouvons donc placés nous-mêmes en présence de l’ennemi. Je suis en état de guerre, et je ne puis jamais en sortir, lors même que je sois sorti du mauvais jour. Qu’est-ce donc que je dois faire ? Il me faut prendre toute l’armure de Dieu.

Et maintenant je viens justement vous demander d’examiner soigneusement chaque partie de cette armure. Parmi toutes les pièces dont l’ensemble est déclaré être l’armure de Dieu, s’en trouve-t-il une seule destinée à vous envoyer combattre sur un champ de bataille avec la chair et le sang ? Est-ce de cette manière que Dieu arma Josué et David ? Ils devaient rencontrer la chair et le sang, et en conséquence Il mit en leurs mains des armes charnelles. Or, y a-t-il rien ici qui ressemble à cela ? Il n’y a ni frondes, ni pierres, ni mâchoires d’ânes ; et il nous est déclaré que c’est toute l’armure de Dieu. Si je ne suis pas revêtu de cette armure, ce n’est pas pour Christ que je combats. Il se peut que les saints saisissent des armes charnelles ; mais si je le fais — si, par exemple, j’ai recours aux tribunaux pour faire valoir mes droits — ne me permettez pas de prétendre être dans la lumière de Dieu. C’est là que la vérité dispensationnelle a tant d’importance. Je vois ici, d’abord, que l’Esprit m’envoie sur un champ de bataille, et, ensuite, que ma sécurité dépend de la vérité, de la justice, de la foi, de la paix et de l’épée de l’Esprit. Supposons maintenant que nous ayons à décrire quelques-uns de ces artifices du diable, ce sont tour à tour les hérésies de l’incrédulité, les vanités de la superstition, de mauvaises doctrines, de fausses, de chimériques espérances sur l’avenir du monde. Dans toutes ces choses, ce n’est pas avec nos convoitises que nous avons à faire, mais nous sommes en lutte avec les attaques directes de l’ennemi. Il nous faut résister aux tentations de nos cœurs en marchant à travers le monde, comme il nous est dit dans le chapitre 5. Ici nous nous trouvons face à face avec Satan, avec les séductions de l’injustice, et avec les doctrines hérétiques ; voilà les choses auxquelles nous devons résister. Et n’est-ce pas parfaitement juste que, ayant été délivrés par la semence de la femme, nous poursuivions notre guerre avec celui qui nous avait fait captifs ? Comment pourriez-vous vous attacher à Jésus et ne pas vous retourner à la face de l’ennemi, pour lui faire connaître que vous êtes en guerre avec lui ?

À la suite de cette fervente scène, nous apprenons que, revêtus de cette armure, elle sera un embarras pour nous si nous ne gardons pas notre âme dans un état de vivante communion, « priant par toutes sortes de prières… et pour moi, afin qu’il me soit donné de parler à bouche ouverte, pour donner à connaître avec hardiesse le mystère de l’évangile pour lequel je suis ambassadeur lié de chaînes ». Avez-vous jamais entendu parler d’une telle chose que l’ambassadeur d’un souverain à une nation, lié de chaînes par la nation à laquelle il était envoyé ? Eh bien ! Dieu a été traité dans ce monde d’une manière pire qu’aucune autre nation, aucun autre souverain ne le serait ; et, je vous prie, quel message apportait cet ambassadeur ? Un message de grâce illimitée. Et voilà de quelle manière Il a été traité ! La loi des nations ne l’eût pas permis un instant. C’est ainsi pourtant que durant dix-huit siècles, Dieu a consenti à être traité dans la personne de Ses serviteurs et de Ses témoins !

Il leur annonce ensuite qu’il leur envoie Tychique. « Afin qu’il console leurs cœurs ». Oh, si nous pouvions être ainsi ! — en prison, et capables pourtant de consoler les autres. Comme le cher et pieux ministre Saunders, enfermé dans la charbonnière de l’évêque de Londres, manda à sa femme : « Réjouis-toi, ma chère femme, réjouis-toi ; nous sommes tous joyeux ici. Nous pleurons avec Christ maintenant, mais nous nous réjouirons avec allégresse avec Lui pour toujours ». Cela ressemble parfaitement à Paul, envoyant d’une prison de Rome, une parole d’encouragement à ses frères d’Éphèse. Que ne peut opérer l’Esprit de Dieu !

Que le Seigneur nous donne d’être enseignés par la doctrine, formés pour la conduite par la partie morale, et revêtus de quelque mesure de force pour la bataille par cette dernière scène de notre précieuse épître ! — Amen.



  1. Je veux dire, pleinement rachetée.