Écho du Témoignage:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit/Partie 4
Méditation 4 — « Le Paraclet ou le Consolateur » — Jean 14, 26 ; 15, 26 ; 16, 7 à 15
Dans les chapitres dont quelques versets ont été lus, nous entrons dans une région de vérité sensiblement différente, relativement à l’Esprit de Dieu. Il n’est plus question de la nouvelle naissance, ni même de l’Esprit Saint comme étant la puissance de communion avec les sources de la grâce — communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. En outre, ce n’est pas non plus l’Esprit Saint comme une puissance qui du dedans coule au-dehors, rendant un témoignage vrai au Seigneur rejeté par le monde mais céleste, avant que l’heure vienne pour Lui de se manifester au monde, et les siens avec Lui. Ce sont là, en tant qu’il s’agit de l’Esprit de Dieu, les trois sujets de Jean 3, 4 et 7.
Quelle est donc la grande vérité dominante, que le Seigneur met devant nous dans les chapitres qui ont été lus ? Quel est l’objet qui frappe le plus éminemment une âme soumise à la Parole de Dieu, en entendant ou en lisant ces passages ? Il se peut qu’il y ait des différences, et il y en a en effet, dans chacune de ces communications ; mais elles ont néanmoins — soit le chapitre 14, ou le chapitre 15, ou le chapitre 16 — une grande vérité en commun, qui n’avait été présentée dans aucune partie précédente de cet évangile — une vérité qui est d’une valeur si immense en elle-même, et aussi d’une telle immensité dans ses conséquences, que nous n’aurions pu en aucune manière la déduire d’aucune des communications précédentes de notre Seigneur. Voici le principe commun dans ces chapitres (14, 15 et 16), c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’une source qui imprime son propre caractère à la nouvelle vie qui est donnée au croyant, ni d’une puissance qui opère, soit intérieurement ou extérieurement, et cela dans le culte aussi bien que dans le témoignage ; mais il y a beaucoup plus. Nous trouvons le témoignage de Christ fortement marqué dans ces chapitres ; mais il y a une autre vérité qui non seulement s’élève au-dessus de ce que nous avons eu dans la première partie de Jean, mais encore ressort particulièrement dans chacune de ces communications qui sont maintenant devant nous. Il y a une personne divine qui nous y est présentée d’une manière proéminente. Ce n’est pas seulement une source ou une puissance, mais une personne.
Or l’occasion explique évidemment la source de cette différence. Le Seigneur Jésus était sur le point de s’en aller — Lui, la personne bénie qui avait appelé à Lui les disciples, qui avait formé leur cœur pendant Son ministère terrestre en leur révélant le Père. La scène allait se terminer par Sa mort, en laquelle Dieu serait infiniment glorifié. Comme Il le dit Lui-même : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié et Dieu » — non simplement le Père, mais Dieu — « est glorifié en lui ». Le Père était glorifié, mais cette vérité renferme quelque chose de plus, et une tout autre pensée : « Dieu est glorifié en lui ». Le péché était contre Dieu et devant Dieu ; par conséquent il était impossible que Dieu passât par-dessus. Il faut que la nature morale de Dieu se manifeste dans toute sa force et toute son indignation contre le péché. Jésus, le Fils de l’homme, le Christ rejeté, prend sur Lui-même le péché, et devient responsable pour les iniquités de Son peuple. Dès lors, sur la croix, Dieu a acquis une gloire qu’Il n’eut jamais auparavant, et qu’il est impossible qu’Il reçoive jamais une seconde fois. Dieu fut glorifié, infiniment et pour toujours. La conséquence est que depuis ce moment-là jusque dans l’éternité, Dieu a devant Lui la grande œuvre et en même temps l’œuvre précieuse, de manifester, sous toutes les formes possibles, Son appréciation des souffrances infinies dans lesquelles Jésus L’a glorifié. Le résultat immédiat de cette œuvre fut que Jésus, étant ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, prit Sa place à la droite de Dieu dans le ciel. Rien autre n’eût été pour Lui un témoignage adéquat de la valeur de la croix. Il y a des résultats qui seront accomplis en leur temps ; il n’y a aucune bénédiction que Dieu ait jamais donnée ou puisse jamais donner, à part de la croix du Seigneur Jésus. Mais en même temps, la croix a si parfaitement et entièrement satisfait la justice de Dieu, Sa sainteté, Sa majesté et Son amour — tout Son caractère en un mot aussi bien que Ses affections — que maintenant Dieu a simplement devant Lui, pour ce qui concerne Christ et ceux qui Le reçoivent, la tâche bénie de satisfaire pleinement Sa propre nature en bénédiction selon tout ce qui est en Son cœur. C’est cela seul qui explique ce qu’Il fait maintenant. En vertu de cela, non seulement Il met Jésus à Sa droite, mais Il proclame Son évangile — chose qu’Il n’avait jamais faite auparavant — et Il l’envoie à toute la création. Dieu est le même Dieu, et pourtant des milliers d’années avaient passé sur ce monde sans qu’Il eût jamais fait annoncer aux hommes un pareil message. Il pouvait y avoir une bonne nouvelle ou une autre, de bonnes nouvelles pour Abraham ou pour les enfants d’Israël ; mais il n’y eut jamais auparavant la bonne nouvelle de Sa grâce envoyée au loin à toute créature. Ce n’est pas que Dieu commençât à être amour : Jésus Christ ni Sa croix n’ont jamais produit l’amour en Dieu. C’est le caractère distinctif de l’amour en Dieu, qu’il n’est ni créé, ni causé, ni mis en action par ce qui est en dehors de cet amour même. L’amour est dans la nature même de Dieu. L’amour y existerait et y existait, même s’il n’y avait pour lui aucun objet, car les objets ne créent pas l’amour ; mais en même temps, dans la souveraineté de Dieu, Son amour se manifeste, et c’est envers ceux qui sont les plus nécessiteux, les plus déplorablement coupables, les plus éloignés de Lui-même, et les plus hostiles. Il peut maintenant déployer Son amour. C’est la croix de Christ qui justifie Dieu quand Il le fait.
Mais ce n’est pas tout. Jésus disparaît de ce monde. Il devait en être ainsi. Le monde n’était pas assez pour Lui. Tout ce que Dieu aurait pu y faire, tout ce que Sa providence aurait pu accomplir, le don du trône de David, ni même la domination universelle du Fils de l’homme sur toute nation, tribu et langue, n’eussent pas été une récompense suffisante de la part de Dieu pour la croix du Seigneur Jésus. En conséquence, Dieu élève Jésus à Sa droite dans une gloire céleste ; et c’est évidemment là ce qui fournit l’occasion des merveilleux enseignements de Jean 14. Tout d’abord notre Seigneur présente la certitude de Son retour ; car s’Il s’en allait au Père, ce n’était pas que Son amour et diminué. Il allait leur préparer une place. Aussi sûrement donc qu’Il allait à la maison de Son Père, Il reviendrait, et les prendrait auprès de Lui ; afin que là où Il serait, Lui, ils y fussent aussi. Il leur avait manifesté le Père ; Il L’avait montré ici-bas. Ils avaient connu, ou ils auraient dû connaître, non seulement que le Père était en Lui, mais qu’Il était dans le Père. Il était une personne divine ; Il était le Fils. La chose, sans doute, était indépendante de Son œuvre ; mais en même temps, elle donnait une valeur infinie à cette œuvre. Maintenant Il va plus loin, et montre que pendant Son absence dans la maison du Père, Il donnera une chose digne de Son amour et digne de la croix — une bénédiction inouïe, surpassant tout ce qui avait jamais été connu par l’homme sur la terre auparavant. Il l’introduit ainsi : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements ». Il ne voulait pas qu’ils dépensassent leur vie et leurs affections dans d’inutiles regrets pour Son absence ; mais Il voulait qu’ils prouvassent leur amour d’une manière réelle et substantielle — « gardez mes commandements ». D’un autre côté, Il prouverait, Lui, Son amour d’une manière divine en son caractère. « Et je prierai », dit-Il, « le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour demeurer avec vous éternellement, [savoir] l’Esprit de vérité, lequel le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas, et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et sera en vous ». Plus loin Il ajoute ce qui rend la personnalité si évidente : « Le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom ». Remarquez les paroles : « Enverra en mon nom ». Ce n’est pas seulement : « donnera », car nous pouvons comprendre l’acte de donner de la puissance simplement ; nous pouvons comprendre une source divine de bénédiction qui jaillit au-dedans ; nous pouvons comprendre qu’il coule une provision infinie de bénédiction. Mais ici il y a bien plus. C’est indubitablement une personne divine : « que le Père », dit-Il, « enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites ».
Arrêtons-nous là-dessus quelques moments et considérons ce que c’est, ou plutôt quel est Celui, que Dieu nous a donné — que le Père a envoyé au nom du Fils, du Seigneur Jésus. Je ne nie pas que l’Esprit Saint soit quelquefois présenté en figure comme étant répandu ou ce qui est communiqué. Cela est familier à tous, et une chose indiscutable. Dans de telles figures la pensée est clairement la profusion de la bénédiction, la richesse, l’abondance et la prodigalité, si je puis le dire, de ce que Dieu le Père donne maintenant pour la gloire de Son Fils. Mais outre les richesses du don, et l’abondance de la grâce, nous avons ici une pensée tout entièrement différente. Nous trouvons ici le plus haut degré de clarté et de précision. Et cela n’a rien qui doive étonner. C’est une personne — et non une puissance simplement. Il ne s’agit pas seulement d’une plénitude de bénédiction, mais d’une personne divine. En conséquence, le langage employé semble destiné par le Seigneur à présenter avec insistance cette grande vérité, car Il savait, hélas ! qu’elle serait promptement oubliée par l’Église de Dieu.
J’admets aussi comme certain que le temps viendra où les hommes ici-bas recevront une autre effusion de l’Esprit Saint. J’admets la dernière pluie, comme aussi la première. J’admets l’accomplissement du beau type dans Exode 28, lorsque le son des clochettes se fait entendre, non pendant que le souverain sacrificateur est au-dedans du lieu saint, non seulement quand il y entre, mais aussi quand il en sort. Ainsi donc, comme il y eut un témoignage rendu quand le souverain Sacrificateur est entré, il y aura un autre témoignage de l’Esprit Saint, quand le souverain Sacrificateur sortira encore une fois. De même que, lorsque Jésus est entré dans les cieux, le son se fit entendre par la puissance de l’Esprit, ainsi quand Il sortira de nouveau, il y aura une nouvelle forme et plénitude de la bénédiction de l’Esprit Saint répandu sur toute chair, comme il est dit dans la promesse ; mais avec cette seule différence, que la chose future ne sera assurément pas pour le même corps qui avait reçu de l’Esprit Saint la première bénédiction de la grâce divine, mais, comme nous le savons, c’est l’ancien peuple de Dieu qui en sera l’objet. Dieu visitera de nouveau Israël en grâce ; non pas, sans doute, limitant la bénédiction à Israël, mais de même qu’il a plu à Dieu maintenant de chercher dans toute nation sous le ciel, il en sera ainsi, mais d’une manière plus étendue au temps du second avènement de Christ et de Son règne sur toute la terre.
Dans tout cela il pourrait sembler que nous nous fondons sur le vague ; et si nous n’avions rien autre, nous serions loin de posséder une lumière bien évidente relativement à l’Esprit de Dieu. Même dans ce sens, je ne sache pas qu’il conviendrait de parler, comme cela se fait assez fréquemment de nos jours, des influences de l’Esprit. Nous sommes en présence d’une vérité infiniment plus grande et plus imposante, et c’est de cette vérité même que le Seigneur parle ici. Car, en effet, il ne s’agit pas simplement d’influences pour le bien de l’âme, ni d’une source jaillissante de la faveur divine, ni de puissances qui se répandraient au-dehors ou au-dedans à un degré quelconque. Au-dessus de cela, et mieux que cela, nous avons le glorieux fait que maintenant, pour la première fois et, d’après l’Écriture, je le crois pleinement, pour la seule fois — la présence personnelle de l’Esprit Saint est connue sur la terre — de l’Esprit Saint effectivement descendu du ciel et ici-bas comme fruit de la rédemption et du départ du Seigneur Jésus pour le ciel.
Nous admettons pleinement que conjointement avec cette présence personnelle, il y a une abondante distribution de puissance, ainsi que nous l’avons dit. Et je ne doute pas non plus un seul instant que bientôt, lorsque le Seigneur Jésus reviendra du ciel, il y aura de toutes parts une effusion plus grande encore, un déploiement beaucoup plus considérable de la bénédiction de Dieu ; mais où voyons-nous qu’Il enverra l’Esprit dans ce temps-là ? Où voyons-nous le Père envoyant le Consolateur au nom de Christ, le Fils ? À nulle autre période que celle-ci. C’est ici et maintenant seulement. Je ne veux pas dire que ce soient là les seules Écritures qui s’y rapportent ; mais que ce sont ici les seuls temps, et circonstances et conditions dans lesquels la Parole de Dieu place non seulement le don de l’Esprit et Son effusion, mais encore la mission de l’Esprit.
Il est question ici, je le répète, de Sa descente personnelle du ciel ; et rien ne saurait se déduire plus clairement des paroles de notre Seigneur, ainsi que nous le prouverons dans la suite.
La clé à toutes ces déclarations gît dans ce fait : la présence du Consolateur. Cette présence personnelle du Saint Esprit, dont il est parlé ici, est en rapport intime avec l’absence personnelle de Christ après la rédemption, absence qui en est le fondement. D’un autre côté, le jour éclatant du Seigneur, ce jour qui vient, sera marqué, non par l’absence de Christ, mais par Sa présence ; non par Sa séance dans le ciel, mais par Sa propre venue pour régner sur la terre ; et à ce jour-là ne se rattache aucune présence personnelle de l’Esprit. Il se peut qu’il y aura, dans un certain sens, une manifestation plus grande de puissance — plus étendue, sinon plus profonde ; mais ce sera un état de choses absolument différent, et l’une des différences les plus frappantes se trouve dans un fait qu’en passant nous pouvons établir ici, à savoir, que, dans ce jour-là, le Saint Esprit n’introduira pas une seule personne dans le lieu très saint pour adorer. Ceci, qui caractérise l’état de choses actuel, aura pris fin. Le voile ne sera plus déchiré dans le jour millénial, lorsque le règne du Seigneur Jésus Christ sera établi sur la terre. Il est possible qu’une pareille déclaration paraisse mal sonnante et vienne rudement choquer « la routine », les préjugés de doctrine. Pour certains théologiens, qu’y aurait-il, après l’œuvre de la rédemption, de plus blessant à entendre admettre que la possibilité d’un retour à un sanctuaire terrestre, à un voile de séparation, et à une sacrificature humaine aussi bien qu’au renouvellement des sacrifices extérieurs ? Mais, dans ma pensée, rien cependant n’est plus certain, si nous reconnaissons l’autorité des Psaumes et des Prophètes, qu’un tel état de choses sur la terre, sous le règne millénial du Seigneur. Les docteurs gentils l’expliqueront à leur guise ou plutôt essaieront de l’expliquer de manière à n’en rien laisser ; mais le fait n’en demeure pas moins d’une manière impérissable devant eux dans la Parole de Dieu, dans la parole prophétique évidemment non accomplie. Dans l’Écriture, ce fait est bien particulièrement marqué de ce signe, que quand ce jour-là viendra et que Dieu reprendra Ses relations avec Son ancien peuple d’Israël, il n’y aura pas de Pentecôte parmi les fêtes rétablies. Il y aura la Pâque et la fête des Tabernacles, mais pas la fête des semaines. Ceci s’accorde évidemment avec ce que j’ai dit, à savoir, qu’il y aura une effusion plus abondante de l’Esprit ; de telle sorte que certains dons extérieurs, communiqués au jour de la Pentecôte et après, sont désignés sous le nom de « miracles (vers. angl., puissances) du siècle à venir ». Pourquoi sont-ils appelés « puissances du siècle à venir » ? Parce qu’ils sont un spécimen de cette énergie qui alors opérera inempêchée et fera connaître au vaste univers la puissante délivrance que le Sauveur a accomplie pour « toutes choses » aussi bien que pour ceux qui croient. Les « puissances » conférées de la part du Seigneur, par le Saint Esprit, après qu’Il fut monté au ciel, sont donc justement appelées « miracles du siècle à venir » — miracles tels que la guérison des malades, des lépreux, la résurrection des morts, la vue rendue aux aveugles, les membres aux impotents, etc. — parce que ce sont là des expressions de cette puissance qui sera comme au loin et au large dans ce grand jour du règne du Seigneur, alors qu’Il guérira toutes leurs maladies aussi véritablement qu’Il pardonnera toutes leurs iniquités. En ce temps-là, Il introduira et joindra ensemble les deux bénédictions. Il est donc clair qu’il s’agit ici d’un état de choses bien différent de ce que nous avons maintenant.
C’est pourquoi nous jouissons actuellement de ce privilège sans égal que Dieu accorde pour faire connaître l’excellente valeur et le bon plaisir qu’Il trouve en l’œuvre du Seigneur Jésus. D’où vient cela ? Cette œuvre a, sans nul doute, aux yeux de Dieu une valeur éternelle et infinie. Comment se fait-il donc que maintenant plutôt qu’en un autre temps il en soit fait une estimation aussi saisissante et aussi divine ? Je crois qu’en voici la raison : Le jour qui vient sera l’accomplissement de la promesse et de la prophétie ; ce sera le temps de mettre à effet ce que Dieu avait positivement manifesté sous cette forme de bénédiction détaillée qui était accordée à Son peuple sur la terre. Ce peuple était terrestre, et, comme tel, conséquemment, les promesses, dans leur application littérale, le concernaient. C’est pourquoi, lorsque ce jour arrivera, ce sera le jour de ces promesses que Dieu avait expressément mises devant eux, le jour du peuple terrestre et de la terre (la terre d’Israël spécialement), comme centres de leur accomplissement. Mais Dieu ne s’est jamais tenu à l’accomplissement pur et simple de ce qu’Il avait promis ; et bien loin d’atteindre aux profondeurs de la grâce de Dieu en saisissant les promesses, comme cela se dit, on ne fait, au contraire, qu’atteindre en quelque sorte aux limites de ce qui a été approprié à l’homme sur la terre, ou à un peuple sur la terre, ou à la terre elle-même ; mais aussi sûrement que les cieux sont élevés par-dessus la terre, de même la grâce qui reposait pour ainsi dire intacte dans le sein de Dieu, cette grâce qui n’a jamais été définie dans la prophétie et dont la promesse n’a jamais été la mesure, doit être nécessairement proportionnée à la profondeur de la bonté de Dieu Lui-même. Et d’un côté, c’est pour cela qu’Il a gardé par-devers Lui cette réserve bénie ; non pas sans doute dans l’intention de la tenir cachée toujours, mais toutefois en la cachant dès les siècles, « cachée en Dieu » comme nous le lisons ailleurs. D’un autre côté, maintenant le secret n’est plus caché, et cela parce que maintenant Dieu peut agir librement. Il a, à Sa droite, le Christ rejeté par le monde ; et à la seule vue de Christ entrant là, pour ainsi dire, au sortir de la croix et apportant dans Sa présence toute la valeur de la rédemption, Dieu ne donne pas selon la mesure du besoin d’un peuple terrestre ou selon ce qui convient à ce pauvre monde, mais Il donne ce qui est digne de Lui-même et de Christ ; Il donne ce qui serait un honneur dans le ciel même. Qu’est-ce qui peut attester ou prouver cela mieux que l’envoi ici-bas de l’Esprit bienheureux, qui connaissait si bien le ciel et qui pouvait partager tous les sentiments de Dieu le Père au sujet du Fils et de la rédemption ? De là la raison pourquoi nous entrons si pleinement dans cette bénédiction infinie.
C’est donc avec tout le poids de la vérité qui est devant nous, avec ces profondeurs jusque-là impénétrables de la grâce divine, que le Seigneur Jésus Christ parle à Ses disciples. Il voulait les amener dans les conseils et leur révéler la pensée de Dieu le Père, la grâce du Dieu Sauveur ; mais ce à quoi Il engage Son nom, ce qu’Il promet de la part de Son Père comme une ample compensation à la perte de Lui-même, que les siens allaient faire, c’est de leur envoyer un autre « Consolateur » pour demeurer avec eux.
Mais je présume que pour quelques-uns, sinon pour le plus grand nombre, le mot « Consolateur » ne donne pas une notion complète de ce que le Seigneur Jésus entendait réellement nous fournir en nous parlant ainsi du Saint Esprit. Nous pourrions bien naturellement déduire du terme qu’il a rapport à l’affliction, qu’il suggère l’idée d’une personne qui nous consolerait au milieu des détresses de ce bas monde. En effet, le Saint Esprit nous console et nous encourage ; mais cela n’est qu’une bien faible partie des fonctions dont le terme « paraclet » donne l’idée. « Paraclet » est le mot correspondant à celui qu’en fait notre Seigneur employa. Mais ce mot « paraclet » ne signifie pas simplement « Consolateur », mais s’entend de quelqu’un qui est identifié avec nos intérêts, qui soutient toutes nos causes, qui s’engage à nous visiter dans toutes nos difficultés, de quelqu’un qui, à tous égards, devient et notre représentant et le grand agent personnel qui traite toutes nos affaires à notre place. Voilà ce que signifie avocat, paraclet ou consolateur, quel que soit l’équivalent que l’on préfère. Il est donc manifeste qu’il a une portée incomparablement plus grande que celle des mots « avocat » ou « consolateur » : il veut dire l’un et l’autre, mais comprend bien davantage encore. En fait, il s’entend de quelqu’un qui est absolument et infiniment compétent pour se charger de tout ce qui peut être fait en notre faveur, quelle que soit ou puisse être l’étendue de nos nécessités, la grandeur de nos besoins dans les difficultés ou dans les exigences de la grâce de Dieu pour la bénédiction de nos âmes. Tel est le Saint Esprit maintenant, et quelle bénédiction de L’avoir ainsi ! Mais remarquez ici que semblable bénédiction n’a jamais été connue auparavant. J’ai déjà laissé entrevoir, et même, à dire vrai, nettement exprimé la conviction qu’elle ne sera jamais connue de nouveau, tout en accordant pleinement que, quant à l’étendue, il y en aura une plus grande expansion dans le monde à venir. Mais la présence personnelle de l’Esprit ici-bas comme réponse à la gloire de Christ élevé à la droite de Dieu — un tel état de choses ne pourra jamais se renouveler. Tandis que le souverain Sacrificateur est en haut, l’Esprit envoyé ici-bas donne une entrée céleste dans Sa gloire aussi bien que dans la rédemption ; lorsque le souverain Sacrificateur sortira pour occuper le trône terrestre, l’Esprit répandu alors rendra un témoignage approprié à la terre sur laquelle le Seigneur devra régner.
Si cela reste présent à notre esprit, quelle solennelle impression nous ressentirons en regardant à l’état de la chrétienté ! Je ne mets pas en doute le fait ; mais s’il est tel, il est gros d’importance et plein de sérieuses réflexions. C’est toujours, si je puis ainsi m’exprimer, ce qui constitue le grand critérium de la vérité qui est destiné à disparaître d’abord, et toujours, je le crois aussi, ce qui est le plus difficile à recouvrer quand on l’a perdu ; car c’est invariablement ce qui reflète au plus haut degré la gloire de Dieu. Qu’est-ce donc qui pourrait être plus cher à l’Esprit, qui est ici-bas pour glorifier le Fils en glorifiant le Père ? Et que pourrait-il y avoir de plus important pour les saints ? Ne vous étonnez pas si le diable tend toutes ses cordes et pratique toutes ses ruses pour effacer et défigurer, pour pervertir et corrompre ce qu’il ne peut détruire. Si je juge la chrétienté d’après ce principe, quelle sera la triste conclusion ? S’il est une chose qui plus qu’une autre devrait caractériser aujourd’hui les enfants de Dieu partout, quelle serait-elle, d’après ces paroles du Sauveur ? La présence, la présence personnelle du Saint Esprit ; la certitude que cette personne divine est venue remplacer Christ. Je veux bien que pour l’esprit de l’homme elle soit impénétrable, et pour les sens, invisible, ainsi que cela est dit du monde dans ce passage. Évidemment, s’il s’agissait d’une chose que les sens et l’esprit pussent saisir, le monde aurait pour cela la même capacité que le croyant. Mais, au contraire, « le monde ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez ». Nous Le connaissons et nous savons qu’Il est présent, d’abord sur la simple parole du Seigneur Jésus, mais secondement aussi par la consciente jouissance de cette présence.
Il faut que je le reçoive d’abord simplement sur la parole du Seigneur ; mais quand j’ai reçu la vérité dans mon âme, suis-je privé du sentiment de Sa présence ? Suis-je privé de goûter la joie de l’Esprit Saint habitant soit en moi, soit dans l’Assemblée de Dieu ? Assurément, nos cœurs peuvent bien attester le contraire. C’est pourquoi il ne s’agit pas seulement de croire pour que cela devienne une vérité. « Ne savez-vous pas », dit l’apôtre, « que votre corps est le temple du Saint-Esprit ? ». C’est-à-dire que ce n’est pas seulement une affaire de foi. Tout d’abord, je n’en doute pas, une âme est amenée à la bénédiction par la foi en Christ et rien de plus ; mais ne pas laisser de place pour la jouissance qui est trouvée en Lui subséquemment, tout réduire à une affaire pure et simple d’acceptation de la Parole de Dieu concernant le Seigneur Jésus, ce ne serait de notre part qu’un bien pauvre témoignage à la puissance de l’habitation de l’Esprit ou à la révélation de la grâce du Sauveur. Que penserait-on d’un homme qui n’aurait d’autre assurance, concernant la réalité de la relation de sa femme avec lui, que le fait de l’inscription du nom de celle-ci au registre de l’état-civil ? Il faudrait pour cela que les choses en fussent venues à un point bien extraordinaire et bien fâcheux. Et supposez-vous que la présence du Saint Esprit — personne divine — envoyé ici-bas expressément pour nous communiquer la puissance, et la joie, et la bénédiction, et le rafraîchissement de la grâce de Dieu dans la connaissance de Christ, supposez-vous que la présence de cette personne divine soit pour le nouvel homme une moins grande réalité que la consolation fournie par une compagne que Dieu a donnée à l’homme pour tout ce qui appartient à la vie présente ? Loin de nous une telle pensée, et c’est pour cela que je répète que c’est une question digne d’être examinée et pesée.
Sans doute, si mon âme, une fois réveillée, ne fait qu’accepter la parole pure et simple de Dieu dans l’évangile et n’a de souci ni de désir pour rien autre chose de la part de Celui qui est ici-bas pour glorifier Christ, je ne dois pas m’étonner si je reste au-dessous de la jouissance que d’autres goûtent ; car le Saint Esprit ressent un tel mépris fait à Sa grâce et ce qu’il y a d’outrageant dans cette disposition à être satisfait de la plus faible mesure possible dans la connaissance de Christ. J’éprouverai nécessairement une perte, si je m’obstine à ne rien chercher de plus. En soi, cette disposition est, quant au principe, rationaliste, en ce qu’elle réduit la Parole même de Dieu à une simple lettre ; c’est le cœur se refusant à avancer dans la jouissance de cette puissance et de cette présence bénie de l’Esprit, simplement parce qu’on a cru l’évangile du salut sur la parole du Seigneur. Nous voyons, au contraire, que la Parole prend tout particulièrement soin de montrer que, individuellement, il y a, par la puissance de l’Esprit, un sentiment divin de notre relation avec Dieu ; et aussi, dans l’assemblée de Dieu, j’ai le droit non seulement de croire que l’Esprit est là, mais, croyant cela, le droit encore de goûter la douceur et les puissants effets de Sa présence. C’est pourquoi en Romains 8, passage qui se rapporte à ce qui concerne la nouvelle position de l’âme en Christ, il n’est pas simplement dit que le Saint Esprit demeure en moi, croyant, mais qu’Il « rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». Est-ce que cela signifie seulement qu’un homme croit l’évangile ? Sans doute, c’est bien par là qu’il nous faut commencer, c’est-à-dire par une foi pure et simple au témoignage que Dieu a rendu de Sa propre grâce à l’égard de nos âmes, par une foi qui ne repose sur rien que cela, sur aucune émotion, ni aucune expérience de quelque genre que ce soit, sur rien que la Parole de Dieu dans la bonne nouvelle du salut par Christ. Mais supposez que je conclue que c’est là tout ce à quoi la grâce me donne droit, ne serait-ce pas, de ce côté, une erreur presqu’aussi préjudiciable que celle qui consiste à confondre la foi avec les sentiments et avec les expériences ? Là où la foi est réelle, elle conduit à une expérience profonde, tant pour ce qui est personnel à une âme que pour ce qui regarde l’Église de Dieu. Quoi qu’il en soit, j’espère que ces remarques suffiront pour le sujet que je traite maintenant. Il m’a paru d’autant plus profitable d’y faire allusion, que le retour, de l’embrouillement ordinaire des évidences intérieures, à la foi simple expose les âmes à limiter tout ce qui regarde le Saint Esprit à la simple parole du Seigneur concernant l’évangile. Cette parole est bien donnée comme fondement ; mais il y a autre chose encore à rechercher. Et nous devons, en évitant une erreur, faire attention de ne pas tomber dans l’erreur opposée. Que le Seigneur m’adresse la parole de vie, je l’admets entièrement comme le point d’où doit partir le chrétien. Accepter l’évangile sur la simple parole du Seigneur, c’est une chose bénie et admirable que le Seigneur nous enseigne, et cela peut-être quand nous sommes rudement poussés par l’adversaire. Mais aussi sûrement que Celui-là est une personne divine, qui est descendue ici-bas et qui demeure réellement en nous, supposer qu’Il ne communique pas à nos âmes une jouissance sensible de Sa présence, c’est, à mon avis, se tromper d’une manière non moins sérieuse.
Donc, tout d’abord, le Seigneur prie le Père, comme Il le dit (car dans ce chapitre Il prend une position de médiateur) : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre consolateur pour demeurer avec vous éternellement ». Ainsi, nous sommes en présence d’une grande vérité concernant le Saint Esprit. Il n’est pas donné seulement ; mais lorsqu’Il vient, c’est pour demeurer éternellement, comme il est écrit : « pour demeurer avec vous éternellement ». Il n’y a pas un mot ici pour qui que ce soit, sinon pour le chrétien. Dans toute cette portion de l’évangile de Jean, nous avons invariablement, comme base anticipée, la rédemption accomplie sur la terre et Christ exalté dans le ciel. Ce sont là, par conséquent, les limites de la bénédiction présentée ici. En effet, c’est moins la rédemption vue dans quelqu’une de ses nombreuses applications, que cette vérité présentée comme fondement de la glorification de Christ en haut et de la descente de l’Esprit Saint sur la terre. En conséquence, l’Esprit Saint est promis ici, non pas pour un séjour limité, comme c’était le cas du Seigneur Jésus, mais, en contraste avec un tel séjour passager, « pour demeurer avec vous éternellement ».
Ces considérations nous amènent tout de suite à sentir combien est solennel le tableau qui partout frappe notre vue dans la chrétienté. S’il y a une vérité qui ait été particulièrement abandonnée, c’est bien celle de la présence personnelle du Saint Esprit. Le témoignage rendu à cette vérité reste bien au-dessous de son importance, et je ne dis pas cela par irréflexion. Je ne le dis pas seulement de cette grande ville qui règne sur les rois de la terre, mais aussi de villes plus petites que les rois de la terre ont bâties pour régner sur elles, et de villes moindres encore sur lesquelles leurs propres sujets ont aimé à régner comme rivaux et sous prétexte de progrès sur les deux autres catégories. Cela, je le dis des corps protestants, nationaux ou dissidents, où qu’ils soient et quels qu’ils soient. Un fait bien remarquable est celui-ci, que si vous examinez leurs confessions de foi, dont la plupart ont été rédigées à une époque où les hommes étaient, sans nul doute, beaucoup plus simples et plus pratiques qu’ils ne le sont aujourd’hui — au temps de la Réforme, par exemple, ou à une époque subséquente de grande crise — s’il y a une vérité qui manque tout particulièrement à ces confessions (au moins à celles que j’ai eu occasion de voir), c’est le témoignage relatif à la présence de l’Esprit Saint. Vous y trouverez d’autres vérités, comme la nécessité d’être né de nouveau, la valeur de l’œuvre de Christ, la gloire de Sa personne comme Dieu et comme homme. Ce n’est pas qu’ils niassent que le Saint Esprit fût une personne divine ; assurément ils n’étaient pas dans ce cas. Mais je ne parle pas maintenant de Sa personnalité ou de Sa déité seulement, mais de Sa mission personnelle sur la terre et de Sa présence actuelle avec les chrétiens, soit individuellement, soit collectivement — la présence de l’Esprit Saint envoyé du ciel. En quel lieu trouve-t-on une telle vérité pratiquée ou confessée à cette époque ? Où est-elle établie ? Je n’ai jamais rencontré rien qui en approchât, même en lisant ; et je ne voudrais pas qu’on pensât que je n’ai pas lu beaucoup sur ce sujet. Je l’ai diligemment sondé, et j’ai désiré obtenir la connaissance de ce qui est réellement retenu par les chrétiens universellement ; mais jamais, dans aucune confession, aucun credo, aucun article de foi, aucun règlement, je n’ai découvert la plus faible expression de ce qui est évidemment la grande vérité caractéristique du christianisme — cette vérité qui devrait retentir au-dehors et se pratiquer continuellement au-dedans de l’Église. N’est-ce donc pas un sujet de solennelle réflexion que cette vérité, qui est la gloire du chrétien, la force de l’Église de Dieu et le privilège spécial en vue duquel il était avantageux que Christ s’en allât, n’est jamais attestée dans aucun des systèmes de la chrétienté que je connaisse ?
On dira que l’on rencontre d’excellentes personnes et, au moins parmi les orthodoxes, de bonnes prédications, etc. Cela est-il nié ? Mais cela remplit-il la lacune ? Peut-être quelques-uns soutiendront-ils qu’au moins la Société des Amis, ou Quakers, comme on les appelle généralement, fait grand cas de la vérité relative au Saint Esprit. À mon jugement, ce sont eux qui (je le déclare avec tout le respect dû à eux-mêmes personnellement) sont, bien à leur insu sans doute, les plus ignorants concernant cette vérité de la présence personnelle de l’Esprit Saint. Et il y a une raison manifeste pour qu’ils s’en tiennent si éloignés et qu’ils y soient si opposés. Leur doctrine, sur laquelle il faut absolument que je m’explique après avoir exprimé une opinion si prononcée sur cette société — la doctrine des Quakers est en complet désaccord avec la vérité que le Seigneur pose ici. Ils soutiennent que l’Esprit de Dieu habite dans tous les hommes sans exception ; qu’il n’y a pas un seul individu, Juif ou Turc, incrédule ou croyant, qui ne possède ce privilège de l’habitation de l’Esprit en lui. Il en résulte par conséquent qu’il leur est impossible de croire à une présence personnelle particulière du Saint Esprit ; car ils sont dans cette pensée que la présence personnelle du Saint Esprit n’est aujourd’hui que ce qu’elle a toujours été, et qu’ainsi elle constitue le moyen essentiel par lequel celui qui en fait un usage convenable peut être sauvé. Aussi une autre erreur marche-t-elle de pair avec celle-ci : c’est qu’ils font de la justification une affaire graduelle et progressive, non pas complète par la foi en Christ et en Son œuvre, mais se complétant dans la proportion où les hommes suivent cette lumière intérieure. Je ne dis pas que tous les membres de cette société en soient là ; sans doute la vérité évangélique a pénétré parmi un grand nombre d’entre eux ; et il en est (je ne tiens pas à les nommer dans ce moment) qui dernièrement ont prêché au-dehors aussi bien que parmi eux, et qui sont dignes d’un grand respect et ont été jusqu’à un certain point employés de Dieu pour la conversion des âmes. Mais ce qu’ils avaient reçu pour leurs propres âmes et qu’ils prêchaient pour la bénédiction des autres, n’était pas la doctrine propre des Amis, telle qu’elle est établie dans ce qui nous reste des fondateurs de la société ou l’apologie de Barclay ; mais c’est une certaine mesure de témoignage évangélique qui a pénétré dans leur enceinte et, de là, a été portée aux autres.
Mais pour ce qui regarde cette doctrine, le principal dogme des Amis est que le Saint Esprit est donné à tous les hommes sans exception, afin que, par un bon usage de cette manifestation de l’Esprit, ils se trouvent finalement sauvés. Or, n’est-ce pas là l’antithèse même de la vérité de Dieu ? Car l’Écriture ne dit pas que l’Esprit soit donné à tous les hommes au monde, mais enseigne que la manifestation de l’Esprit est donnée à ceux-là seulement qui sont dans l’Église. Le chrétien seul a le Saint Esprit. Les saints de l’Ancien Testament ne connaissaient pas même une telle vérité ; pas plus que les saints du millénium, c’est ma conviction, ne la posséderont comme elle nous est donnée maintenant, bien qu’il doive y avoir alors, nous le savons, une effusion de l’Esprit sur toute chair. Israël même n’aura pas l’Esprit comme nous Le possédons maintenant, quoique dans un jour prochain il doive être largement béni et doué d’une puissance aussi étendue, et extérieurement même plus transcendante, je pense, que tout ce qui a jamais été connu dans l’Église. Car le jour millénial sera témoin des manifestations les plus merveilleuses que la puissance divine ait jamais opérées en permanence au milieu des hommes dans ce monde. Je ne doute nullement que les efforts dont l’homme s’enorgueillit si fort à présent — ses inventions, ses télégraphes électriques, ses chemins de fer, ses bateaux à vapeur, disparaîtront du monde pour faire place à ce qui les surpassera incomparablement ; car Dieu ne permettra jamais que l’homme ait le dessus sur Lui. Il ne veut pas laisser subsister cette illusion qu’un jour de péché, de volonté propre, de honte, qu’un jour dans lequel Jésus est rejeté et l’Esprit dédaigné, puisse fournir les matériaux convenables pour le règne de Son Fils sur une terre réconciliée. Qui est celui qui connaît le caractère et la Parole de Dieu et qui admette la possibilité que, sous le Messie, Dieu laisse Israël redevable de ses monuments aux Gentils rebelles, alors qu’Il relèvera Son peuple et fera luire la lumière, et que la gloire de Jéhovah se lèvera sur Sion ? Dans ma pensée, il est impossible que Dieu se serve de ces moyens stériles de l’homme dans ce jour éclatant. Tout comme autrefois Jéricho dut tomber et les anciens centres de la Terre Sainte disparaître, afin que Dieu en choisit de nouveaux pour Son peuple, pareillement, dans le jour qui vient, le Saint Esprit — j’en suis persuadé — enseignera à l’homme combien est infinie la puissance qu’Il déploiera dans la terre ; car ce qui en sera la particularité, c’est que le Saint Esprit agira alors sur la terre et pour la terre. Naturellement, il n’y aura pas de suspension dans ce qu’Il entreprendra ; mais le déploiement de la puissance sera approprié au caractère du Seigneur comme régnant alors sur le monde, ainsi qu’aux objets que le Saint Esprit aura en main.
Actuellement, l’Esprit Saint opère d’une façon différente et pour d’autres fins. Il y eut une grande manifestation de puissance dans les jours apostoliques ; mais le grand point de départ en était l’envoi ici-bas du Saint Esprit par Christ glorifié à la droite de Dieu et amenant les âmes dans une association vitale avec Lui-même comme étant là. C’est le céleste nous rendant célestes par le Saint Esprit, qui est le lien divin entre Lui en haut et nous sur la terre. Voilà ce dont notre passage parle ici (et pour cette raison il y a un contraste établi entre le croyant et le monde). « Il est, dit Christ, l’Esprit de vérité que le monde ne peut pas recevoir ». La fausse doctrine à laquelle j’ai fait allusion, insiste fortement sur ce fait que le monde reçoit l’Esprit et que cette réception n’est point du tout particulière au croyant. Ici, au contraire, il est question d’une possession spéciale de l’Esprit, de Sa présence personnelle, qui est la part du chrétien seul et que le monde ne peut pas recevoir, « parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous le connaissez ». Ce privilège appartient exclusivement ici-bas au croyant : « il demeure avec vous et sera en vous ». Au lieu de leur donner simplement la jouissance d’une bénédiction transitoire, l’Esprit demeure avec eux ; et qui plus est, au lieu de demeurer seulement avec eux, Il est « en eux ». Il y a cette double vérité que l’Esprit demeure avec et aussi qu’Il est en eux. Ces deux choses sont importantes. À partir du moment de Sa descente, Il demeure ; mais pourtant Il ne demeure pas seulement avec eux comme occupant une position extérieure — ce qui est vrai dans une assemblée de saints — mais Il est en eux. Il est absolument essentiel que le croyant retienne le fait que le Saint Esprit demeure avec nous, que ce n’est pas par occasion seulement qu’Il nous visite, mais qu’Il demeure réellement avec nous, afin que nous puissions regarder à Lui sachant qu’Il est réellement ici. Mais en outre, ainsi que l’ajoute le Seigneur — « Il sera en vous » — ce qui implique qu’il y aurait la présence la plus intime qu’il soit possible de concevoir de l’Esprit de Dieu « dans », aussi bien qu« avec » ceux auxquels Il était envoyé, et cela « éternellement ».
Ensuite, l’effet est montré. Le Seigneur dit emphatiquement : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (c’est-à-dire par Son départ d’avec eux) ; « je viendrai à vous ». « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus ; mais vous me verrez ; parce que je vis, vous aussi vous vivrez ». Est-ce que le Saint Esprit ne nous forme pas en un corps, unissant le croyant à Christ comme Tête ? Il y a même plus que cela. Ici, c’est la communauté de nature qui est enseignée, et non, comme dans les épîtres de Paul, l’unité du corps. « Parce que je vis, vous aussi vous vivrez ». Rien ne saurait être plus intime. De plus, Il dit, pour montrer de quelle manière cela a lieu : « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous ». Mais « ce jour-là » est venu. Et ceci fait voir de nouveau combien cette présence du Saint Esprit diffère de l’effusion de l’Esprit dans le millénium. Ce verset (20) sera-t-il vrai des saints d’alors ? Il est clair qu’il n’existera rien de ce genre. Je suis bien loin de nier que des bénédictions appropriées seront répandues par la miséricorde et la puissance de Dieu. Je ne nie pas que la divine bonté opérera dans le peuple de Dieu, objet de Sa grâce. Assurément il en sera ainsi. Mais il est évident pour moi que l’état de choses décrit ici par le Seigneur et pris dans son ensemble, sera parfaitement impossible dans le millénium. « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous ». Cette vérité n’est applicable que dans le temps présent. La base dont elle dépend a été posée maintenant, et maintenant seulement. Christ a pris place en haut ; non pas seulement dans le ciel, mais, comme Il le dit, « en mon Père ». « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi » pendant qu’Il est là, et en même temps « moi en vous » pendant que nous sommes ici. Évidemment donc, ce verset est la preuve décisive que notre Seigneur place ce don merveilleux dont Il parle en contemporanéité avec Sa présence dans le ciel. C’est alors seulement qu’est effectuée notre association avec Lui en haut par le Saint Esprit envoyé en bas. Lorsque le Seigneur Jésus Christ quittera le ciel et prendra possession du royaume, tous ces éléments seront changés, et il y aura un nouvel état de choses en harmonie avec la position nouvelle que notre Seigneur prendra. Toujours le Saint Esprit agit ou est donné en rapport avec la place que Christ occupe. Durant l’absence personnelle de Christ, il y a la présence personnelle de l’Esprit Saint ; et comme c’est la présence personnelle de Christ qui caractérise ce siècle à venir qui Le verra revenir, ainsi l’action du Saint Esprit se trouvera nécessairement modifiée par ce nouvel et fructueux acte.
Je ne m’arrêterai pas sur les derniers versets ; car j’ai désiré d’abord présenter aussi distinctement que possible la vérité, et, à cette fin, comparer ce qui existe actuellement avec ce qui a existé et ce qui pourra exister dans les jours à venir, de façon à faire ressortir la spécialité de notre bénédiction. C’est toujours en regardant à Christ que la foi entre dans la pensée présente de Dieu, dans Ses conseils et Ses voies. C’est pourquoi, quand l’âme tient fermement en vue le fait de la présence de Christ à la droite de Dieu dans le ciel, chaque chose se trouve à sa véritable place. Lorsque nos âmes ne font pas de cette vérité la clef de voûte de notre relation avec Dieu aussi bien que de notre position vis-à-vis du monde, tout est perdu — j’entends quant à ce qui nous distingue comme chrétiens. Sans doute, il peut y avoir cette foi en Christ qui saisit le pardon des péchés et une certaine mesure de paix avec Dieu ; mais je ne parle pas de ce qui est propre à consoler l’âme, ni même de la grâce qui nous fait traverser ce monde après nous avoir éternellement sauvés par Christ. Je pense à la gloire de Dieu et à ce qui répond à Ses affections, à ce qui est bon et saint, rempli de puissance et de bénédiction pour le chrétien qui réalise sa relation avec Dieu. Assurément, rien de cela ne sera connu si l’œil de la foi n’est pas dirigé et continuellement fixé sur Christ, là où Il est. Avoir l’œil continuellement tourné vers Lui, là où Il est, voilà ce qui assure la liberté d’action du Saint Esprit dans l’âme ; et c’est pour cela que vous pouvez voir que ceux qui ne croient pas à la présence personnelle du Saint Esprit ici-bas, n’ont aucune conception juste au sujet de Christ comme Tête de l’Église dans le ciel. Ils ne nient pas, ils ne mettent pas même en doute qu’Il soit à la droite de Dieu. Ils déclarent formellement croire au Saint Esprit, à la communion des saints, et ainsi de suite. Mais il ne s’agit pas maintenant de répéter les paroles d’un formulaire ; et les remarques que je fais, je ne les limite pas à un système particulier ; car, à mon avis, toutes les sociétés dissidentes sont fondées sur des vues et visées absolument indépendantes de la présence et de l’opération de l’Esprit Saint dans l’Assemblée. Ainsi, l’état actuel de la chrétienté dans toutes ses formes — nationales ou dissidentes — est caractérisé par l’incrédulité à l’égard de la principale vérité distinctive de l’Église, au moins en ce qui concerne le Saint Esprit.
Il est de la dernière importance que les enfants de Dieu se pénètrent de cette vérité. Il ne s’agit pas de savoir comment et en quel endroit ils ont pu recevoir du bien pour leurs âmes. L’Esprit de Dieu bénit parmi et souvent malgré ces systèmes. En tous il y a des âmes chères à Christ ; en tous il y a non seulement des membres vivants, mais des ministres de Christ, je le crois fermement, partout où les grands fondements se rattachant à la personne ou à l’œuvre de Christ sont reconnus en quelque mesure. Mais il est une chose bien différente, qui consiste à se dire : « Suis-je là où le Saint Esprit envoyé du ciel peut agir librement, conformément aux intentions du Seigneur et à la Parole de Dieu ? Suis-je là où le fait de Sa présence est cru ? La réunion ou l’assemblée dont je fais partie est-elle l’expression de la présence du Saint Esprit ? ». Dans ce moment, ce n’est pas des prédications que je parle, ni même des réunions d’étude, soit sous forme de méditations, soit pour la lecture en commun de la Parole de Dieu. Toutes ces choses ont leur place ; mais il reste, à côté de cela, la grande occasion centrale et distinctive dans laquelle l’Église, c’est-à-dire les membres de Christ, se rassemblent autour du nom du Seigneur Jésus. Or, dans ces occasions-là, avons-nous présente à nos âmes cette transcendante vérité, qu’au milieu de nous il en est un qui est compétent pour toutes les difficultés ; un qui prend soin de la gloire de Christ ; un qui (à cause de l’amour qu’Il porte à Christ, et de la valeur qu’Il attache à Son œuvre et à Sa grâce envers nous qui, par Sa propre puissance, avons reçu Christ et nous reposons sur Son œuvre), un, dis-je, qui soutient nos intérêts, nous recherche, nous donne toutes sortes de joies, nous aide dans toutes nos afflictions, nous fortifie contre tous les pièges du diable, nous rend capables, par Sa propre grâce, d’être simples, humbles, vrais et fidèles, et qui nous traite sur le principe de la Parole de Dieu lorsque nous manquons à quelque chose de ce qui est dû à la personne de Christ ou à la vérité de Dieu ?
Or, je maintiens que de toutes les vérités il n’en est point, au moins en ce qui regarde le corps chrétien, qui prenne le pas sur celle-ci sous le rapport de l’urgence et de l’importance. Et la raison en est bien simple. Si l’on croyait qu’il y a une personne divine envoyée du ciel, et que cette personne est réellement présente avec nous pour être considérée comme dirigeant l’assemblée, agissant par qui bon Lui semble, pensez-vous que cela ne constituerait pas un fait bien prééminent ? Je n’entends pas parler seulement de l’opération de l’Esprit ; car Il peut agir dans une chapelle wesleyenne ou bien par un ministre anglican. J’admets pleinement que, sans l’opération de l’Esprit Saint, nulle âme ne pourrait être convertie ou recevoir aucune vérité de la Parole de Dieu. Ainsi, l’opération de l’Esprit est semblable à Sa propre souveraine grâce ; ou, comme le Seigneur en a fait la comparaison, semblable au vent qui souffle où il veut. Ceci est une chose qui diffère totalement de la reconnaissance de la présence de l’Esprit Saint et de Son action libre et souveraine pour tel des membres qu’il Lui plaît d’employer dans l’assemblée chrétienne.
Est-ce que les chrétiens croient qu’il y a une telle présence de l’Esprit sur laquelle on peut compter ? Assurément, la Parole de Dieu est claire, et c’est cette vérité que les saints sont appelés à reconnaître, et en elle qu’ils sont appelés à trouver leur bénédiction. Or, peut-elle être pleinement connue, à moins qu’elle ne soit crue ? Je ne veux pas dire que tous les chrétiens, individuellement, ont une mesure complète de foi ; peut-être n’y en a-t-il pas un seul qui l’ait, car nous trahissons une si grande faiblesse à l’égard de cette vérité comme de toutes les autres ! C’est pourquoi, bien naturellement, l’assemblée de Dieu n’entend pas exiger de chacun des membres de Christ tout ce qu’elle désire pour eux. Ce n’est pas que tous soient parvenus à une plénitude d’assurance et de simplicité dans cette confiance qui nous sied relativement à la présence du Saint Esprit — confiance due d’autant plus que c’est là une des plus hautes vérités, quoiqu’une des plus simples après tout ; car, en effet, il est assez général que les plus hautes vérités deviennent facilement les plus simples une fois qu’on les a saisies. Que pourrait-on concevoir de plus simple, par exemple, que la séance de Christ à la droite de Dieu dans le ciel ? Cependant n’est-ce pas là, après tout, le noyau du mystère, qui est la plus excellente des bénédictions que Dieu nous ait données en Lui ? De même, je ne connais rien de plus simple et de plus profond à la fois que la présence du Saint Esprit sur la terre, concordant avec la séance de Christ à la droite de Dieu. En même temps, si simple que soit la vérité de la présence du Saint Esprit, elle n’en a pas moins de poids. Tout chrétien, quel que soit le lieu qu’il occupe, devrait être versé dans sa connaissance ; et je sens que Dieu nous a donné cette charge sérieuse de travailler à l’instruction des enfants de Dieu où que nous les rencontrions, afin que comme ils ont reçu Christ, ils croient réellement aussi en la présence du Saint Esprit sur la terre. Mais tout en ayant ce sentiment, je n’admets pas qu’il soit de Dieu de requérir de chacun de ceux qui sont reçus, qu’il possède une connaissance préalable ou une foi exercée à l’égard de cette présence de l’Esprit. Il y a individuellement un grand nombre de membres de Christ qui sont bien faibles dans cette connaissance et qui n’en saisissent pas le prix à un degré appréciable. Mais aussi longtemps que la réunion, comme ensemble, est dirigée par l’Esprit ; aussi longtemps que Sa présence est reconnue sans empêchement avoué, fixé ou sanctionné ; aussi longtemps qu’il n’y a pas plans humains, règles d’homme, ou d’autres arrangements qui gênent l’action du Saint Esprit selon la Parole, là, j’en suis persuadé, tous les enfants de Dieu peuvent être et sont tenus d’être entièrement heureux. On peut bien se tromper, sans doute ; nous sommes tous sujets à errer ; mais dans ce cas, notre consolation est de savoir qu’il en est un présent avec nous, qui seul est à même de redresser toutes les erreurs, et qui, dans Sa propre grâce, est descendu du ciel dans l’intention expresse de s’occuper des saints. C’est pourquoi nous ne devons jamais désespérer, quelles que soient les difficultés ; nous ne devrions jamais abandonner cette confiance dans nos âmes, que le Saint Esprit, qui est présent avec nous et en nous, pourvoira à tous les empêchements et à tous les dangers. Ayons seulement foi en Lui ; invoquons seulement le nom du Seigneur ; soyons seulement assurés qu’Il est ici dans le but — je ne dirai pas d’honorer notre foi — mais dans le but bien plus sûr et bien meilleur de glorifier Christ. À cela Il ne peut jamais manquer. En même temps, là où il y a la foi en Sa présence, comme étant, après tout, la grande pensée de la réunion dans son ensemble, bien que ce puisse ne pas être la pensée dominante de chaque membre en particulier, là, dis-je, où il y a la foi en Sa présence, il y aura une puissance divine. Mais à moins que la réunion ne soit gouvernée ainsi par cette grande vérité, il est évident qu’on pourra y introduire toutes sortes de règlements humains, qui seront en contradiction avec l’action du Saint Esprit dans ces mêmes réunions. Nous trouvons sous ce rapport des détails dans les épîtres, et nous aurons, je l’espère, occasion d’en examiner quelques-uns une autre fois. Je ne fais allusion au sujet que pour le lier, en passant, avec Jean 14, comme montrant la souveraine importance de cette grande vérité de la présence personnelle du Saint Esprit.
Permettez-moi de renouveler ici ma question. En admettant qu’un chrétien, protestant ou autre, crût à la présence d’une personne divine, ne pensez-vous pas que pour lui toutes choses se façonneraient et seraient gouvernées d’après une vérité aussi considérable ? S’il s’agissait seulement d’un souverain terrestre parmi les hommes, je voudrais bien savoir si vous ou moi nous soucierions de paraître vouloir prendre la direction dans une affaire en vue de laquelle le gouverneur se trouverait là ? À supposer que le roi traverse les pays où s’étend sa domination, ou bien visite quelque branche de l’administration de son gouvernement, est-ce aller trop loin que de dire que le devoir d’un sujet, même du plus élevé, serait de lui rendre d’autant plus d’honneur ? Telle est du moins mon opinion. Et, parlant maintenant comme homme, je crois que, dans l’ordre temporel des choses, rien n’est plus heureux pour un peuple que de sentir et reconnaître et respecter les droits du souverain. Je crains que pour beaucoup, cela ne soit qu’une affaire de forme, et que toute trace d’autorité — même celle de la vérité révélée — ne soit guère mieux appréciée dans ces jours-ci, soit pour ce qui est extérieur, soit pour ce qui est intérieur. Mais là où existent l’intelligence et le sentiment vrai de ce qu’est la volonté de Dieu en matière d’autorité terrestre, il est évident que nul homme ou femme qui aurait le souverain dans sa maison — dans sa propre maison, remarquez-le bien — ne pourrait ne pas tenir compte d’un pareil fait et se conduire comme si le souverain n’était pas là.
Mais, bien-aimés, quand nous pensons à l’Église de Dieu, ce n’est pas à notre propre maison que nous pensons, mais à celle de Dieu ; et là, qu’est-ce qui y est dû ? Assurément si quelqu’un peut y agir de plein droit, c’est bien Celui qui est Dieu. En conséquence, il est trop évident et trop palpable pour qu’on s’y méprenne, qu’il ne saurait y avoir la foi en la présence du Saint Esprit sans qu’on Lui donne dès lors la place de primauté et qu’on s’attende à Son action dans les divers membres selon l’Écriture. En vérité, on rencontre rarement une telle prétention ; car le raisonnement ordinaire est celui-ci : que dans les jours primitifs de l’Église il y avait des miracles, des apôtres, et ainsi de suite, mais qu’à présent tout est changé : — de sorte que pratiquement une partie des Écritures se trouverait hors d’usage. Aussi, lorsque les personnes qui sont dans ces idées parlent du Saint Esprit, elles entendent pour la plupart qu’Il se confond avec ces grandes énergies et ces merveilleux serviteurs qui ont existé autrefois ; mais on ne croit pas à la présence sur la terre d’une personne divine qui a daigné, pour la première fois, descendre du ciel pour agir au milieu des saints assemblés — de cette assemblée qui se réunit pour adorer et prendre la cène du Seigneur, ou accomplir quelqu’autre acte de culte ou d’édification chrétienne. Et la preuve qu’on n’y croit pas, c’est que tous les arrangements et précautions sont pris par l’homme pour que la machine fonctionne précisément comme s’Il n’était pas là. Ils espèrent que Dieu bénira les moyens employés, agira par des instruments qui ont été arbitrairement établis ; mais le but de tout cela est de faire marcher les choses parfaitement bien, dans l’ignorance évidente de la présence personnelle de l’Esprit dans l’assemblée. Or, il n’est pas un homme qui voulût agir de la sorte s’il avait le sentiment que seulement un auguste personnage humain est présent. Cette présence apporterait un changement de ton. Il y aurait une ligne de conduite qui sortirait entièrement des habitudes ordinaires. Il n’y aurait pas un homme qui osât se promener au travers de sa maison avec son sans-gêne accoutumé, s’il savait que le roi est là ; du moins je n’admirerais pas un tel homme : il me paraîtrait singulièrement rempli de lui-même. Il est donc en même temps évident que si au lieu d’un personnage humain, on a le sentiment que c’est une personne divine qui est présente, alors toute révérence, toute conscience de Son amour, toute sujétion à Sa direction ne seront de notre part que l’expression bien légitime de la foi.
C’est pourquoi je sens dans mon cœur que puisque nous sommes redevables au Seigneur de tant de bénédictions, nous avons besoin de veiller attentivement à ce que, quand nous nous réunissons ensemble, nous agissions comme croyant en la présence du Saint Esprit. Éprouvons donc par la pierre de touche nos voies et notre maintien. Il suffit quelquefois de bien peu de chose pour trahir la vraie mesure de notre foi en Sa présence réelle. Prenons donc garde d’autant plus, si nous proposons une hymne, ou si nous prions, ou si nous prononçons une parole, ou enfin quoi que nous fassions. Le Seigneur veuille que nous ne jetions pas de discrédit sur cette précieuse vérité qu’Il a donnée à nos âmes. Je suis persuadé qu’il n’est pas d’attaque, pas d’opprobre du dehors, pas de persécution de la part des ennemis, pas de détraction de la part des faux frères, pas de moquerie de la part du monde, qui puissent jamais renverser ceux qui ont foi en la présence du Saint Esprit. Mais, de l’autre côté, ce dont je suis également sûr, c’est que la pauvreté de notre foi pratique, nos fautes, nos fréquents et affligeants manquements ouvrent la porte à l’ennemi ; et c’est de cela plus que de tout le reste que Satan se sert comme pierre d’achoppement pour ceux qui, dans l’état actuel de la chrétienté, cet état si agité et si confus, cherchent ici et là, d’un regard inquiet, quelque port de sûreté au milieu de leur détresse. Et j’insiste sur ce point auprès de mes frères, parce que nous en portons tous chacun notre part — oui, tous, les frères et aussi les sœurs. Je les supplie donc de ne pas oublier quelle place de dignité et de responsabilité est celle à laquelle ils sont appelés. Qu’ils fassent bien attention que leur esprit, leurs regards mêmes, leur contenance, leurs paroles, s’il leur arrive de dire quelque chose, ne se trouvent jamais en discordance avec la foi en la présence du Saint Esprit.
Avant de terminer, je dirai quelques mots sur les deux autres chapitres. La fin du chapitre 15 présente l’Esprit Saint, le Consolateur, sous un point de vue légèrement différent du chapitre 14. « Quand le Consolateur sera venu » — j’appelle encore votre attention sur la manière emphatique dont le Saint Esprit est présenté comme devant personnellement descendre — « Quand le Consolateur sera venu, lequel je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que dès le commencement vous êtes avec moi ». Il me semble que le point particulier enseigné ici, est le caractère céleste du témoignage de l’Esprit. Au chapitre 14, l’Esprit rappelle les choses que Jésus a dites (v. 26) ; au chapitre 15, Il rend témoignage de Christ Lui-même, et eux aussi rendent témoignage, parce qu’ils étaient avec Lui dès le commencement, et maintenant le Saint Esprit vient et leur apporte un supplément céleste. Ainsi, c’est le Saint Esprit qui descend du ciel, connaissant la place et la gloire dans lesquelles Christ a été reçu, et qui est expressément envoyé, non seulement pour leur rappeler ce qu’ils avaient vu et entendu sur la terre, mais de plus apporter, pour le développement de leur connaissance et la joie de leur âmes, ce que Lui seul pouvait dire de la gloire céleste de Christ. En un mot, ici le Saint Esprit est vu comme apportant une connaissance nouvelle, un nouveau et céleste témoignage concernant Christ, sans que les disciples, bien entendu, perdissent le témoignage terrestre qu’ils avaient reçu préalablement et dans lequel le Saint Esprit vient au contraire les fortifier comme témoins de Christ.
Au chapitre 16 nous avons une déclaration plus avancée encore concernant l’Esprit de Dieu. Notre Seigneur avait dit à Ses disciples, au chapitre 14, qu’au lieu de s’attrister de ce qu’Il s’en allait, ils auraient dû se réjouir : parole merveilleuse de grâce, parce qu’elle montre combien le Seigneur apprécie notre amour et combien Il compte sur la joie exempte d’égoïsme qu’il nous convient de trouver dans Sa propre béatitude et Sa propre gloire. Assurément, c’était pour Lui une heureuse transition que de passer des plus profondes douleurs et des plus profondes souffrances de la croix dans la présence de Dieu le Père au ciel. Il n’y a donc pas à s’étonner que le Seigneur attende des siens qu’ils tiennent compte du fait et se réjouissent de ce que Lui s’en va au Père, quoique ce fût en soi une grande perte pour eux. Mais maintenant Il fait voir l’autre côté de la vérité, et leur dit que, dans un sens, c’est aussi pour eux-mêmes qu’ils devraient se réjouir. La tristesse avait rempli leur cœur ; Il dit, Lui : « Toutefois je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m’en aille ». Le chapitre 14 déclare que c’est avantageux pour Lui ; le chapitre 16 montre que c’est avantageux pour eux, et pour cette raison que, s’Il ne s’en allait, le Consolateur ne viendrait pas — parole qui prouve jusqu’à l’évidence qu’il était nécessaire que Christ passât de la terre au ciel pour que le Saint Esprit descendît. « Si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais je vous l’enverrai ». Ainsi, nous voyons que, sous différents aspects, le sujet de la mission personnelle du Saint Esprit est commun à tous ces chapitres. « Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement ». Ici nous voyons, tout d’abord, quelle est la position qu’Il prend vis-à-vis du monde. Le Saint Esprit, aux plus importants égards, prend la place de la loi. Dans les dispensations de Dieu avec Israël, la loi était le grand censeur ; maintenant, c’est le Saint Esprit qui, au lieu de limiter Son action à un peuple particulier, est venu pour convaincre le monde, quel qu’en soit le lieu ou l’état. Le monde pouvait être moral, ou religieux, ou zélé pour la loi ; mais Lui le convainc de péché — non seulement « de péchés », mais « de péché », comme étant ce qui caractérise son état. De plus, Il le convainc « de justice et de jugement ». « De péché », non parce qu’ils avaient enfreint la loi, mais « parce qu’ils ne croient pas en moi » ; « de justice », non parce que Christ avait gardé la loi pour eux, mais « parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus ». La justice maintenant est inséparable de Christ. Il est la seule justice qui soit valable pour l’âme aux yeux de Dieu. Je ne parle pas de ce qui peut avoir de la valeur, au point de vue social, parmi les hommes ; cela, sans doute, a sa place ; mais maintenant j’ai en vue l’éternité, et ici Christ seul est la vie, seul le chemin de la vie. C’est pourquoi ne pas croire en Lui est une chose fatale, quoi qu’il puisse y avoir d’autre. Pareillement aussi, quelque apparence de justice qu’il puisse y avoir, il n’y a réellement pas d’autre justice devant Dieu. Et même dans ce sens, cette justice n’a rien d’externe, mais est caractérisée par la glorification de Christ à la droite de Dieu le Père. C’est justice que le Père ait placé là le Christ que la terre a rejeté. Si nous sommes faits justice de Dieu, par grâce, c’est en Christ, qui a reçu du Père honneur et gloire en haut (voyez 2 Cor. 5).
Mais il y a encore une autre et très solennelle vérité ajoutée à ce verset : « et que vous ne me voyez plus ». Le monde a perdu Christ. Il est venu, non pour juger, mais pour apporter la bénédiction. Il avait tout pouvoir et il ne dépendait que de Lui d’introduire le royaume, pour autant qu’il s’agissait de Sa propre puissance et de Sa propre gloire. Mais l’état du monde par rapport à Dieu était tel, qu’introduire le royaume eût été, d’une part, envisager légèrement le péché, et, d’autre part, traiter légèrement la gloire de Dieu qui avait été totalement compromise. C’est pourquoi, en fait, bien que le Messie soit venu et qu’il ne se trouvât en Lui ni tache ni défaut, bien que l’homme fût responsable à l’égard de la manière dont il recevait Christ, néanmoins — l’homme étant coupable devant Dieu — il était moralement de toute impossibilité que le royaume fût établi alors. C’eût été la négation de la ruine de l’homme et de la gloire de Dieu, chose impossible de la part de Jésus. C’est pour cela que, dans cet évangile, Jésus ne se présente jamais, ainsi qu’on l’a déjà remarqué, comme le Christ. D’autres pouvaient parler de Lui comme tel, mais Lui ne le fait jamais (sauf en ce qu’Il reconnaît la vérité quand elle est confessée) ; et cela, pour cette raison bien simple que, dans l’évangile de Jean, Il a toujours conscience de Sa réjection comme Messie, bien qu’Il fût en même temps Dieu Lui-même, le Fils. De là vient que, quoiqu’Il soit sur la terre, qu’Il accomplisse la prophétie et que d’autres Le désignent comme le Christ, le Fils de David, et ainsi de suite, Il se donne néanmoins le titre de Fils de l’homme, Lui qui, dans Sa propre gloire, est le Fils unique de Dieu. On trouve partout, en Lui, le sentiment calme et distinct de Sa gloire personnelle, gloire qu’aucune réjection, aucune honte du côté de l’homme ne pouvait ternir un seul instant. En conséquence, les bénédictions qui nous sont propres et caractéristiques, sont fondées sur Sa personne rejetée, mais excellemment glorieuse (voyez Matthieu 16), et constituent la réponse à Sa gloire comme homme exalté dans la puissance de résurrection du Fils de Dieu.
Ainsi donc, l’Esprit de Dieu, dans le temps actuel, remplit vis-à-vis de ce monde une fonction en harmonie avec la position de Celui auquel Il rend témoignage, et fait des Écritures, pour ainsi dire, le texte de Son témoignage à Christ. D’où il résulte que le monde, qui ne croit pas en Christ, est convaincu de péché ; et pareille aussi est Sa démonstration de justice et de jugement. La justice est hors de vue et ainsi on en fait peu de cas ; l’exécution du jugement est également différée ici-bas, où le monde marche dans sa volonté propre ; mais la croix, aussi bien que l’exaltation de Christ, est la preuve la plus positive que le prince de ce monde est jugé aux yeux de Dieu. Ce monde, comme tel, n’a jamais été digne de l’attention du croyant depuis la croix de Christ. Jusque-là, il y a eu de la part de Dieu une longue patience, pleine de grâce ; depuis lors, Dieu regarde ce monde comme Son ennemi. Le saint qui a de l’intelligence sait, lui aussi, que le monde est, en effet, l’ennemi mortel de Dieu ; et tout comme la chair a été stigmatisée, le monde l’a été pareillement : le caractère de l’un et de l’autre a été déterminé par la croix de Christ. L’Esprit soutient ce témoignage vis-à-vis du monde ; et comment cela ? Non pas d’après la doctrine qui prétend que tout le monde possède l’Esprit ; mais, bien au contraire, en se tenant en dehors du monde. Si le monde avait cru en Christ, le Saint Esprit y aurait demeuré ; mais le monde ne croyant pas, le Saint Esprit se tient en dehors ; et conséquemment Il convainc le monde au lieu d’y demeurer comme un paraclet. Ce n’est que parmi les saints qu’Il demeure ainsi.
De là découle cette autre question : De quelle manière le Saint Esprit agit-Il par rapport aux disciples ? Et comme c’est une chose absolument différente, elle est décrite ainsi : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les supporter. Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité ». Le Saint Esprit remettrait toutes choses en mémoire. Ce n’est pas seulement qu’Il rendrait témoignage à Christ dans Sa gloire céleste ; mais maintenant il n’y a plus de limite : c’est Lui-même qui est venu personnellement pour être avec et dans les saints, ainsi que nous l’avons vu. En conséquence, Il les conduit dans toute la vérité. Ici, Christ dit : « Il ne parlera pas de lui-même ». Cela ne veut pas dire, ne l’oubliez pas, que l’Esprit ne parlera jamais au sujet de Lui-même. Beaucoup s’imaginent, je pense, que telle est la signification de cette clause ; mais je puis leur assurer qu’ils se trompent. Le Saint Esprit parle beaucoup au sujet de Lui-même dans l’épître aux Romains, dans les épîtres aux Corinthiens, aux Éphésiens, aux Galates. Je puis dire que dans presque toutes les épîtres le Saint Esprit nous fournit une large somme d’instruction au sujet de Lui-même. Donc, ces paroles, loin de légitimer une semblable idée, signifient que le Saint Esprit ne parle pas par le fait de Son autorité indépendante, mais qu’Il agit de concert avec le Père, dans le but de glorifier le Fils ; et il y a une harmonie évidente entre cette vérité et le contexte : « Il ne parlera pas de lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu ». Il est descendu ici-bas pour rendre honneur à Christ : ce qu’Il entend du Père, aussi bien que ce qu’Il entend du Fils, Il nous le dit. Il Lui a plu de prendre sur la terre, si nous pouvons ainsi parler avec révérence, une position subordonnée à cet objet ; tout comme le Fils prit ici-bas une position de subordination au Père. Par rapport à Sa divinité, le Fils était sur un pied d’égalité avec le Père ; néanmoins, Il vint sur la terre dans le but exprès de faire la volonté du Père en qualité de serviteur. Pareillement le Saint Esprit daigne maintenant se faire le serviteur des desseins du Père et de la gloire du Fils, tout comme le Fils le fut ci-devant à l’égard du Père.
C’est pourquoi nous lisons : « Il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver ». Ce n’est pas seulement que l’Esprit nous conduise dans toute la vérité que Jésus avait révélée auparavant ; il y avait encore des choses que nous ne pouvions pas supporter alors. De plus, Il parle de « choses qui vont arriver » — vérité importante pour les âmes qui méprisent les révélations de Dieu concernant l’avenir. Ce n’est pas simplement, me semble-t-il, que nous ayons la Parole révélée de Dieu, mais ayant la révélation de Dieu maintenant complète et le Saint Esprit Lui-même en nous, l’Église devrait pouvoir interpréter tout ce qui l’entoure dans ce monde. Il n’y a rien maintenant que le croyant soit incapable de comprendre par le Saint Esprit, si seulement il se sert de la Parole de Dieu dans la puissance de l’Esprit. Le chrétien a, dans un certain sens, une position prophétique aussi bien qu’une position sacerdotale. Il est appelé à discerner les temps ; il peut lire ce qui se passe dans le monde, et il doit le faire. Sans doute, ses sens peuvent ne pas être exercés à discerner le bien et le mal, et ainsi il sera paresseux à écouter — ce que l’apôtre reproche aux Hébreux ; mais je parle maintenant de ce pour quoi nous sommes considérés comme compétents par la vertu de l’Esprit Saint.
« Celui-là me glorifiera », dit le Seigneur. Ici, nous avons l’objet principal rendu tout à fait apparent — soit qu’il s’agisse de révéler la vérité, de dire ce qu’Il entend, ou d’annoncer les choses à venir ; c’est là le centre autour duquel, pour ainsi dire, tous Ses offices et toutes Ses fonctions font converger leur complète opération. « Celui-là me glorifiera ; car il prendra du mien et vous l’annoncera ». C’est, je crois, pour cette raison et pour plusieurs autres encore que, autant que je sache, il n’est jamais parlé du gouvernement ou de la domination du Saint Esprit. L’expression est assez communément usitée, et plus communément encore parmi les chrétiens qui ont de l’intelligence spirituelle que parmi les autres ; mais je ne crois pas que pour cela elle soit plus correcte. Le fait est que nous ne pouvons pas frapper ou consacrer une phrase pour la vérité. La connaissance de la présence du Saint Esprit est une vérité du caractère le plus sérieux ; mais présence ou opérations souveraines ne sont pas la même chose que gouvernement. Je crois qu’en émettant cette pensée je suis soumis à l’Écriture ; et je désire certainement aussi parler avec une respectueuse déférence de ceux dont, à mon sens, le langage n’est pas d’accord avec la Parole de Dieu. Mais je puis faire remarquer que la raison de cela me semble être que le Saint Esprit affirme la seigneurie de Christ : Il exalte Christ au lieu de se glorifier Lui-même. C’est pourquoi Il n’est jamais présenté comme gouvernant l’Église. Il est parfaitement clair et sûr que c’est Lui qui agit souverainement. Cela, je l’admets et le tiens pour absolument vrai ; mais quand vous parlez de gouvernement, vous avancez une assertion différente, qui ne me paraît pas conforme à l’exactitude de la vérité, et qui, au contraire, tend à déplacer le Seigneur de la position qui Lui est due et à introduire le désordre dans la relation des saints vis-à-vis du Seigneur. Jésus rejeté est le « seul Seigneur » dans le sens officiel (dans un autre sens, le Père et l’Esprit le sont également comme Dieu). Le Saint Esprit est présent pour soutenir cette vérité, qui est selon la volonté de Dieu. C’est pourquoi Il agit au milieu des saints pour exalter Christ devant nos yeux. L’Esprit opère, et en nous, et avec nous, et par nous ; mais le Seigneur Jésus Christ est notre Seigneur, et Il nous est ainsi révélé par l’Esprit, qui par conséquent nous place dans une position de sujétion envers Lui. Il a pris à tâche de glorifier Christ dans le temps présent, et Il imprime sur nous le caractère d’esclaves de Christ.
Toutefois, je ne dis ceci qu’en passant. Mon principal but, ce soir, est de réveiller en vous le sentiment plein et distinct que ces paroles du Seigneur ont pour objet de produire dans les cœurs — le sentiment de la présence personnelle du Saint Esprit, envoyé par Jésus Christ qui est à la droite du Père. Puisse cette précieuse vérité non seulement avoir une place toujours plus grande dans nos cœurs individuellement, mais encore être de plus en plus prisée dans les assemblées de Dieu sur la terre. Que le Seigneur préserve toute âme d’abandonner cette vérité, quelles que soient les difficultés qui se rattachent à sa confession, et aussi qu’Il nous préserve de reconnaître pratiquement toute assemblée au sein de laquelle la place due, selon l’Écriture, au Saint Esprit, ne Lui serait pas accordée !