Écho du Témoignage:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit/Partie 5
Méditation 5 — Jean 20, 17-23
S’il n’est peut-être point de passage de l’Écriture qui n’ait souffert d’avoir été séparé de son contexte, il en est peu dont la portée ait été plus obscurcie et la signification plus défigurée par ce divorce contre nature que celui que je viens de lire. Impossible de saisir la force des communications spéciales, de la conduite du Seigneur à l’égard de Marie Madeleine, et tant des paroles que des actions du Seigneur, le soir de cette même journée, à moins de retenir distinctement la pensée que tout cela se rattache strictement à Sa résurrection — et à Sa résurrection surtout comme Fils de Dieu. C’est parce qu’Il ressuscite les morts qu’Il est démontré être tel (Rom. 1, 4). Et c’est essentiellement comme Fils de Dieu, que le Saint Esprit Le contemple dans ce chapitre : non pas pourtant comme ressuscitant les autres, mais bien comme se ressuscitant Lui-même. L’aise parfaite qui préside aux circonstances — les linges pliés en ordre et sans confusion — ici le suaire qui enveloppait Sa tête ; là, à part, et pourtant tous réunis, le reste des linges — sont pour l’œil tant soit peu exercé la preuve évidente que, toute glorieuse que soit la scène, elle s’est opérée avec la même tranquillité qu’un homme se lèverait du lit où il vient de passer la nuit en repos. En vérité, c’est le Fils de Dieu qui vient d’accomplir cette œuvre de grâce, pour laquelle Il est l’envoyé du Père ; ce n’est pas seulement qu’Il soit l’objet de la puissance divine comme ressuscité des morts. Cette dernière vérité a sa saison et sa place, et elle est présentée avec force dans d’autres passages. En effet, Dieu L’avait ressuscité : Pierre et Paul insistent sur ce fait ; mais il n’en est pas moins vrai que Lui-même ressuscite des morts.
« Détruisez ce temple », dit-Il, même vers le début de cet évangile, « et, en trois jours, moi, je le relèverai ». Puis Il ne manque pas d’ajouter : « Ce commandement, je l’ai reçu de mon Père ». Ce n’est donc pas seulement qu’il y avait dans Son obéissance parfaite union à la volonté du Père, mais encore la puissance divine qui Le proclame Fils de Dieu par le moyen d’une telle résurrection. C’est là exactement cette même puissance, exercée toutefois dans une bénédiction plus entière, par laquelle Il avait Lui-même ressuscité les morts : témoins, la fille de Jaïrus, le fils de la veuve, Lazare et autres ; comme Il disait, en parlant de Lazare : « Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié ».
Ainsi maintenant Il se ressuscite Lui-même. Pierre et Jean toutefois (c’est ce dernier qui en donne le récit) nous témoignent de la faible manière dont la vérité de Sa résurrection selon l’Écriture leur avait pénétré l’esprit. Bien qu’à sa propre honte ainsi qu’à celle de Pierre, Jean le déclare : Ils avaient vu, ils avaient cru. Vrais enfants de Dieu, nous le savons ; toutefois, ils ne s’étaient que bien pauvrement rendu compte de la pensée révélée de Dieu. Ils n’avaient point saisi le « Il faut » de l’Écriture (Luc 24) ; ils n’avaient pas non plus encore envisagé la grâce et la gloire de Dieu dans la personne du Fils de Dieu comme ne trouvant leur digne et parfaite expression que dans Sa résurrection. Quant aux faits, ils les voient ; ils constatent les preuves et s’en retournent chez eux — car tel est le vain et impuissant résultat, lorsque de tels faits sont appréciés simplement par l’esprit de l’homme, quelque juste que soit la conclusion qu’il peut en tirer.
Mais il n’en fut pas ainsi pour Marie. Elle avait peut-être aussi peu de connaissance de la gloire de la résurrection, ou de la parole de Dieu qui s’y rapportait, que n’en avaient Pierre et Jean ; mais pour elle, au moins, il y avait en Jésus réponse aux besoins du cœur ; aussi, telle est la peine de son âme qu’elle ne peut que demeurer attachée au lieu où Son corps avait reposé ; elle ne peut se contenter aussi facilement que les deux apôtres. De fait, pour elle pas de demeure dans ce monde ; voilà pourquoi elle s’arrêtait à la tombe vide du Seigneur. Voici bien aussi ce qui révèle l’entière absorption de son esprit dans ses pensées et son amour envers Jésus. Elle regarde encore dans ce tombeau qu’un moment auparavant elle savait être vide (car c’est ainsi qu’elle avait apporté la nouvelle, et c’était la vérité), et bientôt elle voit deux anges, vêtus de blanc, assis l’un à la tête, l’autre au pied du lieu où le corps de Jésus avait été couché ; mais cela ne produit en elle aucun signe d’alarme, tel que chez les femmes dont il s’agit ailleurs. En des circonstances ordinaires, quelle surprise, quelle frayeur une pareille apparition ne lui eût-elle pas causées ! Notre évangéliste ne lui attribue pas l’ombre même d’une pareille émotion. Le besoin de Jésus possédait tellement son cœur, que la présence de tous les anges, pour ainsi dire, n’aurait pu comparativement troubler son calme. Les deux anges qui sont là lui disent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? ». De suite, elle épanche le sentiment de son cœur : « parce qu’on a enlevé mon Seigneur et je ne sais où on l’a mis ». Ayant dit cela, elle se tourna en arrière et vit Jésus.
Au premier abord, pourtant, ne reconnaissant pas le maître, pensant que c’était le jardinier, elle répond aussi à Sa question : « Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je l’ôterai ». Mais un mot rompt le charme, lui rappelle la vérité, et révèle le Seigneur, c’était Sa voix — la voix du bon Berger — appelant Ses propres brebis par leur nom : « Marie », dit Jésus. Aussitôt elle se tourne vers Lui, et Le reconnaît comme son « maître » ; et c’est alors que viennent ces paroles auxquelles je me propose de m’arrêter un moment avant d’aller plus loin.
Ces mots, « ne me touche pas », je dois le remarquer, ne rendent nullement la force de l’expression. M’adressant à des chrétiens qui ont une connaissance familière de l’Écriture, et parmi eux à ceux en bon nombre, je le pense, qui sont plus ou moins à même de juger de ce que je dis, je me sens d’autant plus à l’aise pour énoncer clairement ce que je crois être la vérité. Le fait est que le mot placé ici implique bien plus que le simple toucher. C’est le verbe qui devrait se traduire « manier ». Il en est de même au deuxième chapitre des Colossiens ; et j’y appelle un moment votre attention.
L’apôtre relève le contraste qui existe entre ce que dictent la tradition et les ordonnances, et un Christ mort et ressuscité, afin d’écarter ce qui ne fait que distraire l’âme de Christ. Nous en avons fini avec un langage tel que ceci : « Ne touche, ne goûte, ne prends pas » (vers. angl.). Cela sied peut-être bien à des hommes en vie dans ce monde, mais non à ceux qui sont morts en Christ. Mais, comme le sait quiconque s’en est tant soit peu occupé, la version commune renverse l’ordre de la gradation ; les mots nous présentent un rang qui est justement l’opposé de la vérité ; car voici réellement la pensée : D’abord ne manie pas ; puis ne goûte pas — enfin ne touche même pas. C’est donc, pour ainsi dire, une gradation descendante : en premier lieu, vient « manier », ou ce qu’il y a de plus familier ; puis, goûter, qui serait peut-être de bien moindre force ; enfin, pas même toucher. C’est bien là le mode d’une sauvegarde humaine ; c’est bien ainsi que l’homme préserverait la chair dans ce monde. Il n’a pas d’autre moyen. Quel moyen autre que celui-là pourrait en effet employer la nature qui cherche à se garder d’être engloutie au sein d’un monde pervers ? Qu’y a-t-il, sinon ces diverses interdictions du mal ? Le christianisme est d’une nature complètement différente. C’est la révélation d’un libérateur, Dieu et homme tout ensemble, qui vient au monde, meurt au mal en expiation, remporte la victoire sur toutes choses, et, victorieux, se relève jusque dans la présence de Dieu où en définitive Il amène tous ceux qui Lui appartiennent. Cela associe le chrétien à Christ sur la base de Son œuvre de réconciliation envers Dieu et de Son triomphe à la droite de Dieu. De même, le christianisme est l’accomplissement pratique de cette vérité, par le Saint Esprit, dans l’âme du chrétien d’abord — plus tard, dans son corps aussi. Et c’est là évidemment la grande doctrine de l’épître aux Colossiens aussi bien que de celle aux Éphésiens. Ceux qui se trouvaient ainsi bénis avec Christ et morts au monde, qu’avaient-ils à faire de pareilles ordonnances : « Ne manie, ne goûte, ne touche pas » ? Cette version de la phrase est correcte, je n’en puis douter ; aussi ne serait-elle pas contredite par personne qui fût capable d’en juger. Vous entendez bien qu’elle est entièrement indépendante de vues que des adversaires pourraient considérer comme particulières (et pourtant j’ignore pourquoi ces objections se feraient entendre ; je ne puis aucunement admettre qu’une juste interprétation de la Parole de Dieu soit traitée de vue particulière). J’espère qu’on ne fera pas de cette explication une question quant au nombre de ceux qui l’acceptent. Toutefois, quoiqu’il en soit, elle a été admise, et le serait encore, par des personnes aux vues les plus opposées, pourvu, toutefois, qu’elles aient réellement sondé et examiné ce que j’avance.
Eh bien, s’il en est ainsi, l’expression que le Seigneur adresse à Marie Madeleine n’est pas exactement rendue par les mots : « Ne me touche pas ». C’est plutôt : « Ne me manie pas ». Il lui dit de ne pas céder à son penchant à s’attacher familièrement à Sa personne : et ce qui appuie cette version, c’est que le mode particulier du verbe (μη μου απτου — et non pas seulement μη αψη) suppose cet attachement continu au Seigneur auquel je fais allusion. Dans l’épître aux Colossiens, il n’en est pas ainsi : là c’est l’action toute simple — elle pourrait être ou soudaine ou passagère — ici, une action continue ; c’est-à-dire, la phrase aurait cette force : « Ne persistez pas à vous attacher à moi ! ». Telle est la pensée qui ressort et du mot propre, et de la forme qu’il prend ici.
Cela me semble donner à ce passage beaucoup plus de force et de précision. En effet, Marie de Magdala représente une personne qui regarde toujours à Jésus conformément à l’espérance de sa nation, aussi bien que selon le désir de son cœur ; une personne qui ne pouvait que mener deuil sur Son absence corporelle, qui eût même trouvé un douloureux plaisir à penser que Son corps mort était encore là. De là nous comprenons facilement l’instinct, dirai-je, par lequel elle se saisit du Seigneur sitôt qu’elle Le reconnut. Mais de suite, Il le lui défend ; et cela est d’autant plus frappant que dans l’évangile de Mathieu, comme on l’a souvent remarqué, lorsque les femmes de Galilée Lui saisissent les pieds, Il ne refuse pas cet hommage : au contraire, Il l’accepte. Bien plus, dans ce même chapitre de Jean nous voyons comment, huit jours plus tard, le Seigneur invite Thomas l’incrédule à avancer le doigt, à mettre sa main dans Son côté.
Nous ne saurions donc manquer d’apprendre l’importante leçon que nous présentent des actions si variées, si contraires même — qui ont lieu aussi presqu’au même moment — le Seigneur refusant ici ce que là Il accepte, ce que même une troisième fois Il demande. En agissant de la sorte Il avait certainement dans Son esprit quelque sage intention. Nous ne pourrions non plus admettre pour un instant que le Seigneur aimât Marie Madeleine moins que les autres qui Le suivirent de la Galilée. À quoi donc attribuer la différence de Sa conduite dans les deux cas ? Comment nous rendre compte du fait que le même Saint Esprit, dans l’évangile de Matthieu nous présente l’hommage comme accepté, mais comme refusé dans celui de Jean ? La raison en est aussi simple qu’instructive. Dans le premier évangile, nous trouvons, il est vrai, le Messie rejeté par Son peuple, les Juifs, mais nous y trouvons aussi le dessein à la poursuite duquel la grâce de Dieu va faire servir cette réjection — celui de proclamer l’évangile aux nations, et d’appeler des disciples du milieu de toutes ces nations pour la raison même que la nation élue avait rejeté son Roi. Pensée bénie ! La grâce se refuse, pour ainsi dire, à l’inaction. Il faut, à l’énergie de l’amour de Dieu, que cette grâce se répande ; si le Juif la repousse, impossible que Dieu ne prenne pas de nouvelles mesures, qu’Il ne verse même de plus grandes bénédictions. Si l’ancien peuple abandonnait ses propres miséricordes, il en est d’autres — pauvres et misérables — que Son amour avait jadis comparativement négligés. S’il était si incrédule, si ingrat, si aveugle à l’Orient d’en haut qui les avait visités, s’il avait consommé cette incrédulité dans le rejet et la mort de son propre Messie, Dieu, qui s’était servi de ce même rejet pour l’accomplissement de la rédemption, Dieu proclame au loin ces bonnes nouvelles à toutes les nations sous les cieux. Et pourtant, malgré tout ce déploiement des ressources de la grâce envers le Gentil, Matthieu nous fait voir les femmes de Galilée se tenant fermement attachées à Jésus ressuscité, et L’adorant. Quel témoignage ! Jésus est rejeté de la nation : Dieu va faire servir ce rejet au développement de Sa grâce ; et toutefois il est pris le plus grand soin que les espérances d’Israël soient maintenues sur une base immuable. Je l’accorde : leur rejet du Messie, c’est leur ruine ; mais était-ce tout ? C’était bien la justice — mais que ferait la grâce ? Le temps viendrait où la miséricorde de Dieu attirerait à Lui leurs cœurs impénitents, à Lui qu’ils avaient trop longtemps méprisé, et rattacherait leurs espérances, et les lierait si étroitement eux-mêmes au trône du Fils de l’homme glorifié que, vienne l’heure où Dieu jugerait le monde en justice, eux, ils seraient reçus en grâce ! La chaîne de la miséricorde divine se trouverait si fortement rivée à la mort et à la résurrection du Seigneur que, toutes retardées que fussent leurs espérances, il resterait pourtant une base inébranlable, et la grâce de Dieu les bénira alors dans la plénitude de Ses conseils souverains aux derniers temps.
Voilà une vérité qui, à mon avis, se trouve en Matthieu aussi pleinement qu’ailleurs. Aussi, le dernier chapitre de cet évangile nous en fournit-il comme un gage assuré, non seulement par la Parole (comme dans la prédiction du chapitre 24) mais encore dans le culte typique du chapitre 28. Je crois vraiment que les faits qui impliquent cela nous sont présentés dans l’action à laquelle nous avons déjà fait allusion. Les femmes de la Galilée forment, pour ainsi dire, le type de ce résidu du peuple juif qui, au dernier jour, sera attiré par la grâce, et s’attachera à Jésus, cherchera et trouvera en Lui le Seigneur — L’attendra et s’attachera à Lui. Et le Seigneur ne rejettera pas le culte de ce résidu ; culte qui se distingue par Sa présence de fait, par Sa présence corporelle, après qu’Il sera venu de nouveau et sera réuni avec Son peuple élu. Le Juif, comme Juif, n’est guère appelé, comme le chrétien, à marcher par la foi, et non par la vue. Littéralement, il verra le Seigneur. Il est dit dans Zacharie 12 : « Ils verront Celui qu’ils ont percé ». En effet, ils Le verront réellement ; il ne s’agit pas de la foi : ils Le verront de leurs propres yeux. Aussi, cette réception du Seigneur par ces femmes de Galilée, leur attachement à Sa personne, le fait même qu’Il accepte leur culte, tout cela, ce me semble, ne peut que nous être comme le gage sûr de cette miséricorde du Seigneur qui se déploiera au dernier jour envers le résidu de Son ancien peuple, quand Il apparaîtra pour régner sur eux ici-bas.
Et voilà, je suppose, la raison pour laquelle la scène de l’ascension n’est pas décrite ici — circonstance qui est pour le critique une cause de grande perplexité — mais qui est pour celui qui croit, la simplicité même. L’ascension de Christ introduite ici eût fait sortir le Seigneur de cette relation, au lieu que le contraire — Sa présence corporelle au milieu d’eux — sans mention aucune, dans ce chapitre, de Son départ pour le ciel, Le laisse ici, pour ainsi dire, comme la joie éternelle de ceux qu’Il visitera dans leur affliction pour les bénir à tout jamais en miséricorde. Mais au chapitre 20 de Jean, nous avons précisément tout le contraire : c’est une femme, pleinement imbue de sentiments israélites, qui témoigne encore de son attachement à ces espérances auxquelles se livrerait naturellement le cœur juif à la vue de Christ ressuscité des morts, et cela d’autant plus ardemment que la croix et la mort l’avaient pour un moment privée de tout espoir. De là, elle ne saurait se dessaisir de Christ. Dans cet amour instinctif elle s’empare de Lui, mais Il la prie de ne point ainsi Le saisir : « Je ne suis pas encore remonté vers mon Père ». C’est autrement, en effet, qu’Il va maintenant se faire connaître. Il va quitter la scène unique où le résidu d’Israël se rattacherait au Messie. Cette espérance-là ne serait pas flétrie, elle fleurirait en son temps et en son lieu ; mais à présent Il mettait le résidu à part d’Israël. De fait, c’est ainsi que commença le christianisme : « Le Seigneur », est-il dit, « ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ».
Marie Madeleine nous présente comme un exemple de cela. Jusqu’à ce jour elle s’adonnait à l’espoir que le Seigneur allait introduire la gloire et la félicité ici-bas au sein d’Israël. Mais le Seigneur lui fait connaître que ce n’est point ainsi qu’Il se plaît à bénir aujourd’hui ; ce n’est pas non plus cette félicité-là que révèle cet évangile. C’est comme remonté près du Père qu’Il serait connu au chrétien : aussi, songer à Le retenir ici était hors de saison ; même si cela eût été possible, comme c’eût été bien au-dessous de ce qu’Il avait au cœur, et qu’Il faisait maintenant annoncer à Ses disciples par l’entremise de cette femme étonnée de Magdala ! Loin d’être plus éloigné des saints, il n’y a point d’affinité comparable à celle qui nous unit à Jésus à la droite de Dieu. Voilà, semble-t-il peut-être, une manière étrange d’opérer l’union ! Cela est loin d’être conforme aux pensées de la chair ; mais aussi la chair n’est ni le moyen, ni le mode de notre association avec le Seigneur. Si on regarde à Israël, c’est bien ainsi selon la chair. Né des Juifs, Il était Juif Lui-même d’origine et de naissance. Le chrétien ne Le connaît pas ainsi, mais bien expressément en contraste ; comme le dit saint Paul : « Et si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi ». C’est d’une façon bien plus excellente que nous Le connaissons. Le connaître ici-bas comme le Messie, c’était une vraie bénédiction, et dans le cas des femmes de Galilée le Seigneur donna les arrhes de l’accomplissement de cette bénédiction dans un jour encore à venir. Mais ce n’en est point, pour cela, le modèle de cette connaissance de Christ qui se trouve dans le christianisme.
Voici l’essence de notre privilège : dès que l’œuvre de la rédemption est accomplie, Christ prend Sa place à la droite de Dieu comme l’homme céleste. De là, le christianisme n’est pas seulement la bénédiction descendant sur la terre — bien que cela aussi fût parfaitement vrai — comme s’ouvrant elle-même la voie. Mais la scène et la nature de notre félicité sont célestes — la personne même de ce bien-aimé Sauveur qui vint ici-bas, était déjà au ciel ; et nous savons quelle est notre bénédiction là en Lui. Comme manifestation de Dieu, rien de plus béni que le Seigneur Jésus contemplé comme ici-bas ; mais la position spéciale que donne notre place et notre union avec Lui, ne se trouve qu’en Lui là-haut, après qu’Il eut achevé l’œuvre d’effacer nos péchés et de glorifier la nature de Dieu à l’égard de tout ce qui pouvait la compromettre dans ce bas monde. Christ est maintenant monté au ciel et là Il est révélé à nos âmes, et c’est aussi là que nous Lui sommes unis. En conséquence, puisqu’à cette fin Il doit monter au ciel, à cette fin aussi le Saint Esprit doit en descendre. De là, la présence de l’Esprit Saint sur la terre est la réponse nécessaire à l’absence de Jésus monté à la droite de Dieu, après avoir opéré la rédemption ; et ce sont là les deux grandes et nécessaires vérités qui constituent le christianisme.
Aussi le Seigneur, dans l’esprit de cette vérité, défend-Il à Marie de Le retenir ; car Il n’était pas encore monté vers Son Père. Tel dorénavant Il devait être connu ; telle la relation qui s’établissait avec Lui pour ceux qui croiraient, débarrassés de leurs vieilles pensées, de leurs vieilles attentes, et mis en connexion avec l’amour et la gloire dans lesquelles Il allait maintenant, dans la maison même du Père dans les cieux.
Reportons-nous à un passage de l’Ancien Testament, qui aidera à éclaircir un peu le sujet de l’œuvre dont Dieu s’occupe maintenant — passage qui n’est pas toujours bien compris. Si nous prenons le chapitre 5 de Michée, voilà le passage bien connu touchant la naissance du Seigneur : « Et toi, Bethléhem vers Éphrath, quoique tu sois petite entre les milliers de Juda, c’est de toi que me sortira celui qui doit être dominateur en Israël, et ses issues sont d’ancienneté, dès les jours éternels ». Ici nous avons Sa naissance humaine d’origine israélite, aussi bien que Sa gloire éternelle — Celui qui, quoique né d’une femme, d’une Juive, était néanmoins « d’ancienneté, dès les jours éternels ».
La question de quelle personne il s’agit ne présente aucune difficulté ; c’est la même qui est décrite au verset 1. C’est le dominateur d’Israël, de qui il est dit : « On frappera le gouverneur d’Israël avec une verge sur la joue ». Évidemment il s’agit de l’humiliation du Messie — né à Bethléhem appartenant à Juda — né, dis-je, ici-bas ; et pourtant de toute éternité Il est Dieu tout aussi bien qu’homme. De sorte que nous trouvons évidemment dans ce verset un groupe de vérités touchant Jésus Christ d’une importance, d’une bénédiction immense, qu’aucune imagination humaine n’eût jamais pu anticiper, mais que Dieu, dans la connaissance absolument parfaite qui Lui est propre, nous fournit d’avance dans toute la plénitude de leur simplicité. Voilà ce qui donne le dernier degré de la culpabilité d’Israël : c’est que, Lui étant ce qu’Il est en Sa propre personne, aussi bien que leur juge, Il puisse être frappé, et surtout par eux, d’une verge sur la joue. « C’est pourquoi », il est écrit au verset 3, « Il les livrera ». C’est exactement ce qui a eu lieu. Le juge d’Israël frappé, a abandonné Israël pour un temps, « jusqu’au jour où celle qui est en travail d’enfant aura enfanté ».
Dans le chapitre 12 de l’Apocalypse, une femme enfante qui est destinée à une gloire insigne. Grand est le dessein de Dieu pour les derniers jours. Voilà ce qui nous est présenté en premier lieu ; puis le dragon est précipité, la lutte en faveur de la terre et du peuple terrestre se poursuit ; alors le juge d’Israël revient, et l’ancien peuple reprend de nouveau sa place, mais dorénavant sous son Messie ici-bas. Nous apprenons donc ici que dans les voies de Dieu, il doit y avoir aux derniers jours un retour à Ses conseils concernant les Juifs. De fait, où en sommes-nous ? Christ a paru ; Il a été repoussé des Juifs, Il les a abandonnés. Depuis la croix, non seulement ils sont abandonnés comme nation, mais Dieu en a appelé du milieu d’eux un certain nombre pour les unir aux Gentils qui ont cru, et pour composer ainsi le corps de Christ au ciel. Ce sont ceux qui sont dits être ajoutés ensemble à l’Assemblée dans le second chapitre des Actes : « Il ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ». Mais vienne le moment d’accomplir les conseils futurs et éternels de Dieu envers Israël sur la terre, alors, dit-il, « le résidu de ses frères (au lieu d’être séparés comme aujourd’hui pour former l’Église) retournera aux enfants d’Israël ». Aujourd’hui ils perdent tout leur caractère israélite, pour former le seul homme nouveau ; alors, ils retourneront encore aux anciens conseils, et aux anciennes voies de Dieu quant à Son peuple terrestre. Rien de plus clair, à mon avis, que la façon merveilleuse dont s’établit l’harmonie de toute la vérité, de l’ancienne avec la nouvelle. C’est justement la preuve que la vérité a été saisie (c’en est aussi le fruit), qu’elle nous donne encore le moyen de trouver une nouvelle beauté, un nouvel ordre dans ce qui, en dehors de cette connaissance additionnelle, a l’air tout décousu — un amas immense de matériaux que nous n’avons aucun moyen de coordonner comme il faut. Mais que Dieu nous dise touchant n’importe quelle partie de la vérité : « que la lumière soit », alors, en vérité, nous trouvons que tout commence à changer ; et bien qu’il puisse y avoir plus d’une addition de lumière, Dieu pourtant, nous fait voir, à Sa manière propre et glorieuse, comme la nouvelle lumière s’adapte heureusement à l’ancienne.
Ajoutons qu’il n’est point de clef de voûte comme ce qui a l’air d’être venu introduire la confusion, la rupture, une brèche apparente dans les conseils de Dieu. De fait aucun conseil de Dieu ne saurait jamais faillir. Il sera peut-être nécessaire d’attendre, et pour le cœur qui désire ardemment le retard semble bien se traîner en longueur. L’incrédulité semble avoir tout pour elle ; mais la foi seule a toujours raison, et chaque parole que Dieu a prononcée sera accomplie, tous Ses desseins aboutiront infailliblement, et cela par le moyen de la mort de Christ.
Ici notre Seigneur révèle en principe une chose tout à fait nouvelle, à commencer par le Juif, qui le sentirait le plus. Vous remarquerez dans l’évangile de Jean, comme tout se rattache à Sa personne. Il ne s’agit pas de dispensations, mais de Lui-même, et ici dans Son ascension. En vérité, une fois établis par Sa rédemption, rien ne nous est plus important à comprendre, si nous voulons avancer et jouir du christianisme. Prenez n’importe quel autre système : toutes les personnes qui s’y rattachent sont comparativement insignifiantes ; mais séparez Christ du christianisme, que reste-t-il ? De plus, le Saint Esprit scellera-t-Il de Son sceau le moindre déshonneur fait au Seigneur Jésus, ou la moindre omission de Sa personne, ou le moindre mépris de Son œuvre, ou le moindre oubli de Sa gloire ?
Jésus fait donc d’abord connaître à Marie qu’Il allait monter vers le Père, et que pour cette raison même l’hommage rendu à Sa présence corporelle ne s’accordait pas avec la manière dont Il voulait se révéler, comme nous en témoigne cet évangile. Jetez un coup d’œil d’ensemble sur le témoignage de Jean ; portez le regard en arrière pour en prendre une vue générale, et réfléchissez-y : vous trouverez qu’il se compose de deux grandes parties. La première est la révélation du Fils de Dieu et de Son œuvre ; la seconde, la révélation d’une autre personne, également divine, qui, au départ de Christ, prend Sa place parmi les disciples ici-bas. Évidemment voilà le christianisme : Christ Lui-même, l’objet de la foi ; et le Saint Esprit, la puissance qui établit la gloire de Christ dans l’Église, aussi bien que chez le chrétien.
De ces deux parties c’est spécialement la partie chrétienne (concernant Christ), que nous trouvons dans le message que Marie rapporte à Ses disciples de la part du Seigneur : « Va vers mes frères ». Ici, pour la première fois, nous voyons le chrétien distinctement associé avec Jésus Lui-même : « Va vers mes frères et leur dis : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Ainsi donc Il nous associe à Lui directement — fait d’une immense valeur — mais, en outre, Il détermine leur relation avec Dieu. Cette relation n’a aucun rapport aux formes anciennes de bénédiction. Ce n’est pas la révélation de Sa puissance protégeant Ses pauvres pèlerins sur la terre. Du Dieu tout-puissant, il n’est nulle part question. Ses voies de gouvernement au milieu d’Israël où Il était le Jéhovah Dieu de ce peuple, ne s’y trouvent pas non plus. Ici tout est en rapport avec Christ qui s’en va en haut. C’est pourquoi, dit-Il, « va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu ». Parole pleine de bénédiction ! Tel que le Père est pour le Fils, tel aussi est-Il pour les fils. Tel que Lui, Son Père, était pour cet homme béni, qui avait aboli le péché ; tel aussi, et rien de moins, Il était pour ceux dont les péchés avaient été abolis. C’est-à-dire que ce qui est révélé ici ce n’est pas seulement que Dieu est pleinement en relation avec Jésus comme Dieu et Père, mais qu’Il l’est de même pour nous par la rédemption de Christ et dans la résurrection.
Je ne parle pas ici d’une connaissance vague de Dieu comme paternel dans Ses voies. Nous le savons : vienne la grande détresse d’Israël, Ésaïe, le prophète, leur fait dire : « Véritablement, tu es notre Père, lors même qu’Abraham ne nous reconnaîtrait pas ». Le but de ce langage n’est évidemment pas de décrire leur relation ; c’est bien pour leur porter de la consolation. On dirait de même à un petit orphelin maltraité dans la rue : « Mon enfant, tu as été fort maltraité ; viens, dorénavant, je serai ton père ». Cela ne se dirait pas, ne serait pas non plus compris, dans le sens d’une adoption formelle au sein de la famille, comme fils et héritier. Ce n’est que comme nation qu’Israël pouvait réclamer une place pareille, ainsi qu’on le voit en Exode 4, etc. ; mais ici, il y a infiniment plus. En effet, Il était descendu sur la terre, Lui qui était Fils, et qui connaissait le Père comme nul autre ne Le pouvait connaître ; Il avait paru ici-bas, et cela en humanité, l’objet alors des délices du Père, tout aussi parfaitement que lorsqu’Il était simplement Dieu, dans Sa présence. Jamais, en effet, Il n’avait dit mot, jamais éprouvé d’émotion, jamais pensée ne Lui était entrée au cœur, jamais motif ne L’avait inspiré, qui ne fût la parfaite expression de la bonté même de Dieu. Seul, Jésus répondait moralement en esprit, en nature, en actions, à tout ce qui se trouvait en Dieu — aussi Dieu se penchait-Il du ciel pour trouver ce seul objet qui pût faire toujours Ses délices. Pas de créature là-haut qui pût un seul instant retenir Ses yeux et Son cœur. Sur ce monde — au sein de tous ses péchés, de toutes ses iniquités — Il portait le regard d’en haut — ces iniquités bouillonnant toujours en vapeurs pestilentielles vers le ciel et parfois attirant sur l’homme coupable des coups terribles de jugement. Mais maintenant, pour la première fois depuis le commencement des âges, il ne s’agissait pas seulement d’entrevoir un rayon éloigné de Sa gloire — Dieu se réjouissant dans un Énoch, un Noé jusqu’à la venue de cet Être béni ; mais Il se trouvait là Lui-même : le ciel donc s’ouvre, Dieu fait descendre le Saint Esprit, et, remarquez-le bien, sur Jésus en tant qu’homme. Comment, en effet, en serait-il autrement ? Il n’était pas question de la descente du Saint Esprit sur Lui comme Dieu ; c’est comme homme qu’Il fut oint de l’Esprit Saint. « C’est Lui que le Père a scellé » — « le Fils de l’homme ». Et voilà ce qui est d’une si grande bénédiction : afin de trouver, pour la première fois, ce qui répondrait à tout Son jugement, à tous Ses sentiments — à tout l’être moral de Dieu — à toutes les affections divines (vous entendez bien que je parle figurativement) — Dieu eut à porter le regard sur un homme !
Mais, à présent, il vient de s’opérer sur le Bien-aimé un changement immense. Une scène nouvelle se présente ; les cieux sont voilés par d’épaisses ténèbres, et Dieu Lui-même, du sein de cette profonde obscurité, agit envers Lui. C’est l’heure où il était permis à l’homme, poussé par l’instigation de Satan, de s’élever contre le Messie rejeté et de L’accabler ; et au milieu de cette scène, Dieu, dans toute Sa majesté et Son horreur absolue du mal, se déploie contre le péché, dont la sainte personne de Christ est chargée comme victime de propitiation.
C’est bien l’heure redoutée, où le compte se doit rendre. Le jugement divin contre toute iniquité et indifférence, contre l’injustice envers l’homme et la révolte contre Dieu, ce jugement tombe sur le Saint de Dieu. Aussi, ce n’était pas purement l’heure de l’homme, ni la puissance des ténèbres non plus ; mais encore, et au-delà de tout, c’était l’heure de Dieu ; l’heure où Sa sainteté, qui ne saurait rien épargner, éclatait sur la tête de Celui qui portait le péché — de Son propre Fils, se livrant Lui-même, victime responsable, pour porter le jugement de nos péchés sur la croix. La conséquence fut que tout ce que Dieu pouvait ressentir contre le péché s’épuisa sur le Fils de Dieu sans qu’aucune circonstance atténuante vînt briser, pour ainsi dire, la force de Sa colère et de Son indignation ; et c’est pourquoi cette rédemption par Son sang est parfaite dans le sens absolu. Aussi, Dieu n’a-t-Il plus besoin maintenant, pour la justification et le maintien de Son caractère, d’ajouter un seul mot, un seul acte, qui n’ait déjà éclaté sur la personne du Seigneur Jésus Christ. De là aussi plus rien qui soit gardé en réserve dans la révélation de la nature de Dieu, ni dans l’amour du Père. Rien dans le saint caractère de Dieu n’est resté en arrière : tout ce qu’Il ressent contre le péché s’est épuisé sur le Seigneur Jésus ; et par conséquent, tout ce qui se trouve en Lui, comme Père et comme Dieu, est désormais exclusivement en notre faveur. Le mal qui est en nous a été si pleinement condamné, qu’il s’agit maintenant pour Dieu, non seulement comme Père, mais comme Dieu, de témoigner Sa parfaite satisfaction dans la rédemption que le Seigneur Jésus a accomplie.
Et c’est bien dans ce sens-là que le Seigneur s’adresse à Ses disciples par le message qu’Il leur envoie. Ils L’avaient vu se remettre à Son Père, quand il n’y avait pas une seule personne qui pût sympathiser à Ses douleurs, même comme l’homme de douleurs dans ce monde — et non encore la propitiation pour le péché. Ils avaient su qu’avant l’aurore Il était avec Son Père. Ils avaient appris encore, qu’au milieu du sommeil des autres, Lui était toujours devant le Père. Ils avaient appris qu’aucun fardeau qui eût attiré Son regard, aucune souffrance humaine qui passât devant Lui, n’avait failli à Lui pénétrer le cœur ici-bas, et à Le conduire auprès du Père (Matt. 8) ; mais maintenant il se déployait une autre chose — une chose bien plus profonde, ce que Dieu ressentait contre nos péchés qui Lui étaient imputés — nullement, toutefois, contre Lui-même ; jamais, au contraire, Il ne fut davantage l’objet des délices ineffables de Dieu qu’au moment où Il portait le jugement de nos péchés. Néanmoins il importait au caractère de Dieu que Ses souffrances ne fussent nullement un semblant de souffrance, mais que ce fût bien, de Sa part, endurer réellement le jugement divin, comme étant entré en notre faveur dans cette position devant Dieu, de même qu’auparavant Il avait joui réellement, durant Sa vie entière, d’une communion parfaite avec le Père.
Nous comprenons maintenant toute la précieuse portée de ce message dont Marie est chargée. Ce qu’Il connaissait, comme Fils de Dieu, né dans le monde, Il le remet, en quelque sorte, entre nos mains. Ce n’est pas, certes, que nous puissions avoir ce qui Lui appartenait comme personne divine. Il est, Il était le Fils unique avant la création des mondes. Là, évidemment, nous ne saurions prendre place avec Lui ; comme tel, Il est pour nous tout simplement l’objet de l’adoration et du service dévoué. Mais Lui, le Fils avant toute création — Il était né Fils de Dieu. Il était Fils de Dieu, comme homme ici-bas, et c’est à l’évangéliste Luc qu’a été commise la charge de retracer Sa marche comme tel parmi les hommes. Moi, hélas ! au contraire, j’étais un enfant de colère ; vous l’étiez aussi. Tous, par nature, nous étions enfants de colère. Lui, dans Sa nature humaine aussi bien que dans Sa nature divine, Il était Fils de Dieu. « Ce saint (enfant) qui naîtra de toi, sera nommé le Fils de Dieu ».
Quant à l’homme, tel qu’il est, impossible d’avoir communion avec Dieu. Au contraire, entre Lui et l’homme, eu égard à Dieu, il y avait de tous points contraste parfait. La relation n’était qu’une relation de parfaites délices pour Dieu le Père. La condition de l’homme, pécheur qu’il est, était celle du mal et de la colère. Mais la rédemption délivre celui qui croit, de tout mal, de toute colère. Si elle n’a point accompli cela et davantage, serait-il possible de se fier à la Parole de Dieu ? Que veulent dire les assurances constantes et solennelles qui y sont adressées à la foi ? Si elle m’a porté un tel témoignage touchant la croix, mon âme se repose-t-elle sur ce témoignage ? Suis-je bien assuré, sur l’autorité de Dieu, que devant Lui il ne reste plus sur moi, comme croyant en Jésus, absolument aucun mal ? Il est tout effacé, tout parti. Ce n’est pas de l’expérience que je parle ici. Il est clair que chacun, qui a de la conscience, sent son propre mal ; et nous qui avons la foi, par cela même nous le sentons davantage. Plus nous connaissons Son amour, et plus il nous faut détester le péché. Nous ne serons pas jugés pour le péché ; c’est précisément pour cela que nous devons condamner tout péché : si nous étions jugés, nous serions perdus. Ce que Christ a accompli, nous met donc à même, nous qui croyons, de juger maintenant le péché. La responsabilité du chrétien consiste à porter, pour ainsi dire, dès à présent, la sentence de Dieu contre le péché ; en nous-mêmes surtout, bien entendu ; mais encore quand nous le rencontrons chez ceux qui portent le nom de Christ et avec lesquels nous sommes unis comme membres de Son corps qui est un. Si le mal est détestable quelque part, c’est surtout chez l’enfant de Dieu. Et c’est là précisément qu’il nous faut le soulagement de la rédemption et la puissance de l’Esprit.
Il nous faut donc peser mûrement ce que le Seigneur nous donne à entendre ici. Ce n’est pas simplement la rémission des péchés, ni seulement, non plus, que nous sommes nés de Dieu. Il est grand nombre de chrétiens qui semblent ne jamais dépasser une certaine mesure de bénédiction, la plus faible que comporte le moindre degré du privilège de vivre pour Dieu. Jamais ils ne semblent saisir les nouvelles relations de la grâce dans laquelle ils sont placés. La base et la forme de ces relations, tant envers Dieu qu’envers Christ Lui-même, nous ont été présentées dans le message qui précède : « Dis à mes frères : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Ainsi je puis regarder en haut comme quelqu’un que Jésus n’a pas honte d’appeler Son frère. Je puis regarder en haut et voir Son Père et le mien, Son Dieu et mon Dieu, dans la certitude absolue que je suis ainsi amené à Lui dans toute la valeur et la relation intime de Jésus, et que l’œuvre, accomplie par Lui et acceptée de Dieu, est la base morale de mon salut et de ma bénédiction. Dans la grâce qu’Il nous témoigne aujourd’hui, Dieu rend, en quelque sorte, justice à cette œuvre. Serait-ce trop dire que d’affirmer que justice ne serait pas faite à cette œuvre infinie de la croix, s’Il ne nous regardait pas comme je viens de le dire, et selon les paroles de Jésus ? En vérité, ce ne fut point là nullement un retour difficilement arraché ; car c’est ce dont Dieu avait Lui-même arrêté le dessein : Il désirait trouver des objets qui prendraient place dans Son amour ; plus encore, avoir ces relations-là établies, et rien de moins. Il avait contemplé le Fils en homme sur la terre. Et maintenant, en quelque sorte, Il dit : « Il me faut des fils. Il me faut des âmes, jadis pécheresses, qui deviennent mes enfants. Autrefois, j’avais un peuple ; en dépit d’une bonté ineffable, ce peuple a été aussi misérable, aussi hideux que le péché pouvait le rendre ; mais voilà, je vais me former un peuple nouveau, une famille qui ne soit pas de ce monde, même au sein de ce monde ».
Et c’est de cela que Dieu s’occupe maintenant, dans Son amour qui agit en Christ le Seigneur — l’œuvre nouvellement accomplie de la croix, et la résurrection qui en est le résultat. Mais, voici les relations établies pour ceux qui sont appelés : Jésus les reconnaît comme frères ; et cela, après Sa mort et Sa résurrection. Pourquoi pas Ses frères durant Son séjour ici-bas ? Comment se fait-il que le rationalisme, que la religiosité officielle, opposés, en apparence, l’un à l’autre, s’accordent pourtant à affirmer que notre relation avec Jésus est ici-bas ? En voici la simple raison : Que ce soit la religiosité ou le rationalisme, ils ne connaissent point Dieu et ne condamnent pas le péché selon la vérité. Sans doute, ils parlent souvent de l’un et de l’autre ; nous, nous savons que les paroles peuvent se multiplier sans qu’il y ait rien de réel : et toute pensée sur Dieu et sur le péché restera complètement en dehors de la vérité jusqu’à ce que je m’incline devant le jugement prononcé par Dieu sur la croix contre le péché. Aussi le seul moyen d’avoir de saintes relations avec Dieu conformément à Sa pensée est bien cette base qui est posée dans la croix de Christ. Voyez comme ce principe se reproduit dans un système connu comme l’irvingisme, si toutefois il m’est permis de parler de pareille chose, et peut-être est-il bon de le faire en un temps comme celui-ci. Ce ne sont ni ses aberrations extatiques, ni ses fausses prophéties, ni son idolâtrie ecclésiastique qui devraient surtout être si douloureuses pour l’enfant de Dieu ; et pourtant, inutile de dire la peine que doivent causer de pareils résultats chez des gens qui portent le nom de Jésus. Mais qu’est-ce donc qui rend ce système si décidément mauvais ? Eh bien, en premier lieu et par-dessus tout, le voici : c’est le déshonneur fait à la personne de Christ dans le but d’établir union et sympathie avec nous. Comme nous sommes pécheurs, et que de fait nous avons péché, on supposa, en vue d’établir l’union de Christ avec nous, qu’il fallait que Christ prît notre humanité dans l’état déchu et enclin au péché où elle se trouve en nous. Telle était la maxime fondamentale d’Irving ; maxime qui, en sacrifiant Christ, rendait impossible la rédemption. Outre que cela était d’une hétérodoxie ruineuse, la conséquence directe en fut l’abandon de la doctrine du jugement de Dieu contre le péché sur la croix comme base du salut. L’incarnation prend la place de l’expiation. Jésus, né dans ce monde, fut considéré comme uni à nous, au lieu de nous voir, nous, unis à Lui dans le ciel, ce qui seul est le christianisme, en conséquence de l’abolition du péché par Son sacrifice.
Confondre l’incarnation avec l’union c’est la confusion même, c’est une machination de l’ennemi. Et ce n’est pas seulement dans un système aussi extravagant que l’irvingisme que l’on trouve ce résultat, mais encore dans toutes les sortes de hiérarchies sacerdotales — dans le puseysme, le ritualisme, ou n’importe le nom que l’on donne au système d’ordonnances et de sacerdoce terrestres, qui n’est pas circonscrit dans les limites d’une section de la chrétienté, ni non plus d’un seul pays — mais qui s’étend partout maintenant pour mener enfin, je n’en doute pas, à la catastrophe finale de Babylone. Pourquoi donc ces hommes regardent-ils notre union à Christ comme l’effet de Son incarnation ? Pourquoi de leur part cet effort pour représenter Sa naissance comme le grand pivot où se fixe notre relation avec Lui ? Pour la simple raison que quand Jésus était ici-bas Il était sous la loi. Il reconnaissait le temple, se présentait aux fêtes, reconnaissait aussi les sacrifices, les prêtres, le peuple. Justement : et ceux qui tiennent les systèmes dont je parle exigent des chrétiens, ou au moins du monde, qu’on reconnaisse, aujourd’hui encore, temples, sacrifices, fêtes, jeûnes, prêtres et peuple. C’est le judaïsme ressuscité. Ils abandonnent la vérité de l’Écriture, et retournent aux misérables éléments du monde — types, en vérité, de Christ, mais cloués maintenant à la croix. Et pourtant, ils s’imaginent que ce cercle ressuscité de types et d’ombres est le culte chrétien, que l’état qui précède la croix est bien celui où le chrétien se trouve uni à Christ.
Dans l’Écriture, la base invariable du lien qui nous attache à notre Chef glorifié, c’est Sa mort, Sa résurrection, Son ascension. Ainsi donc, l’union avec Christ n’est nullement une union corporelle, mais une union spirituelle. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec Lui ». Bien loin qu’il soit question d’une même chair, ce même passage de l’Écriture met la chose en contraste avec tout ce qui tient à la chair. Dans ce chapitre-là, l’expression « une même chair » a bien mauvaise mine ; — du reste, il est de fait que l’association du Seigneur dans la chair a lieu avec Israël, non pas avec nous. De plus, Son incarnation avait la signification la plus profonde et était pour les fins les plus importantes ; mais l’union, l’union avec Christ comme le corps de notre Tête, n’est jamais représentée comme le fruit de l’incarnation. Si Christ n’avait pris chair, assurément Il n’aurait pu y avoir d’union ; mais l’Écriture enseigne que notre union suit la rédemption, et qu’elle consiste en ce que nous sommes membres de Son corps comme déjà exalté dans le ciel. Et je dirai plus : aussi réellement homme que tout autre, Il participa à la chair et au sang dans une condition différente de celle de tout autre homme. Sans possibilité de l’ombre même du doute, c’est par l’intervention miraculeuse du Saint Esprit qu’Il y a participé — entièrement à part du péché ; « tenté, est-il écrit, en toutes choses, comme nous, à part le péché ». Non seulement il n’y avait pas de péchés en Lui, mais le péché n’y était pas. En Christ, point de penchant, ni d’inclination au péché, non plus que de combat avec le péché — tout était bon, tout était saint. Je bénis Dieu que les symboles ordinaires de la chrétienté, tels que celui d’Athanase et d’autres — confessent publiquement cette vérité, parce que, quoiqu’ils ne soient qu’un rempart purement humain, toutefois, la masse des hommes dans ces contrées-ci entendent jusqu’à ce point la vérité. Ils reconnaissent que l’humanité immaculée du Seigneur Jésus Christ fait partie de la substance, de l’essence même de toute foi orthodoxe. Cette incarnation était donc nécessaire, afin de manifester un homme parfait et une personne divine — le Fils de Dieu, ici-bas ; mais la rédemption fut accomplie afin de nous introduire dans Sa relation, autant que cela pouvait se faire. La rédemption ne se proposait, n’effectuait rien moins que cela. Car la justice de Dieu qui, sans la croix, aurait dû tomber en vengeance sur nous, nous place maintenant, autant que la chose est possible, dans la position de Christ devant Dieu. Qu’Il est bon, notre Dieu ; qu’Il est sage ! Quelle efficace dans la mort et dans la résurrection de Christ, relevant ceux qui croient et leur donnant déjà le titre (et par la puissance du Saint Esprit, la joie aussi dès à présent) de Sa propre position comme Fils de Dieu et homme ressuscité ! Je le répète : ce n’est pas que Sa place comme Fils — objet pour nous d’un culte éternel — soit mise de côté ; mais Il nous accorde, à nous, d’être fils, comme objets de délices et d’affection dans cette relation si intime ; en contraste aussi avec la position simple de saints, ou de membres d’un peuple béni de privilèges spéciaux sur la terre. Voilà ce que notre Seigneur Jésus établit tout d’abord. Mais il y a plus : le soir de ce même jour notre Seigneur se trouve au milieu des siens rassemblés. Et cela me mène au point dont je veux, en particulier, vous parler ce soir. Le premier mot qu’Il prononce, c’est celui de paix — « La paix soit avec vous ». Précieuse parole ! Ce n’était pas simplement la rémission des péchés — toute bénie qu’elle soit — mais, « que la paix soit avec vous ! ». La paix est bien au-delà du pardon des péchés : « ce qu’ayant dit, Il leur montra Ses mains et Son côté ». Il leur fit voir ce qui constatait le signe et le témoignage du sang versé sur la croix par lequel Il avait fait la paix. Et alors, « les disciples se réjouirent, quand ils virent le Seigneur ». Mais leur adressant encore une fois la parole, Il répète les mots : « La paix soit avec vous ». Seulement, remarquez que cette seconde fois, ce n’est pas autant une parole personnelle, pour chacun, qu’une préface à leur mission. Car Il ajoute : « Comme mon Père m’a envoyé, moi, je vous envoie aussi de même ». De là, les premières paroles de paix seraient pour leur propre joie ; c’est ainsi que je les entends. La seconde déclaration se présente alors comme prélude à leur mission. C’est le message avec lequel ils sont envoyés vers d’autres. Aussi Il le leur répète, afin que, munis de la force renouvelée de cette paix, ils puissent ainsi partir. Comme le Père L’avait envoyé, de la même manière le Fils les envoie ; car, Il parle toujours comme le Fils de Dieu, dans la jouissance consciente de Sa communion avec le Père.
Mais un signe remarquable est rattaché à cela : « Quand Il eut dit cela, il souffla en eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ».
Probablement il s’en trouve, dans cette salle, bon nombre qui n’ignorent pas la correspondance qui vient d’avoir lieu récemment quant à ce passage. Elle a clairement constaté la divergence d’opinion qui règne même parmi les chefs du système religieux. Néanmoins, parmi ceux qui sont présents, un plus grand nombre encore seront surpris d’apprendre la complète incertitude de ceux qui font profession d’être docteurs dans le christianisme ; et que le seul point qu’ils aient en commun, c’est d’être tous bien loin de la vérité.
Vous, qui êtes habitués à lire l’Écriture, vous confiant à l’instruction divine par l’Esprit Saint qui vous a été donné, vous aurez peine à vous figurer la manière dont des hommes chrétiens s’écartent de la vérité. Nous savons tous que de nos jours la plupart se flattent qu’il s’est accompli un grand progrès dans la connaissance des choses de Dieu. Que veut donc dire cette impuissance à recueillir et à rendre clairement la pensée de Dieu sur une nature aussi importante que ces paroles de notre Sauveur ? Comment se fait-il qu’au bout de dix-huit siècles et plus, on n’entend rien de mieux que les crudités des pères ou les vaines conjectures de leurs enfants ?
Il y a deux théories contradictoires, qui ont la prétention de se faire adopter : l’une, que notre Seigneur établit ici une sorte d’autorité sacerdotale, en vertu de laquelle ceux à qui Il s’adressait alors, ainsi que leurs successeurs, recevaient le pouvoir d’accorder en Son nom la rémission des péchés à n’importe qui confessait convenablement ses fautes. Je désire placer cette théorie devant vous avec autant de justesse que possible ; sans contredit ils admettent tous qu’il se peut que les conditions ne soient pas remplies — et qu’après tout, la rémission ne revienne à rien ; mais pourtant, là où existe la droiture de la part de l’homme, ils soutiennent que le Seigneur s’engage aussi à faire Sa part par l’entremise de Ses serviteurs, et par cela on entend l’absolution prononcée en vertu de cette commission par le moyen de certains canaux autorisés jusqu’à la fin des siècles. « Non », dit le parti opposé, « rien de la sorte ». « Ce passage suppose une action miraculeuse. Si, de nos jours, on a la prétention d’absoudre les gens de leurs péchés, pourquoi ne pas aussi guérir les lépreux et ressusciter les morts ? Pourquoi ne pas opérer les autres miracles que le Seigneur rendait Ses disciples capables d’accomplir ? ». Eh bien, ne vous paraît-il pas surprenant que des chrétiens puissent publier des théories aussi misérablement à court de la vérité de Dieu qu’elles le sont toutes deux ? L’une me semble aussi peu satisfaisante que l’autre. Et même la seconde opinion, qui émane du parti évangélique, concède assurément ce qu’il y a de pire dans la première, en même temps qu’elle tombe dans l’absurdité, et élude la vérité par l’introduction de l’opération des miracles dans un passage qui ne fait allusion à rien de pareil ; car il est clair que l’argument dont je viens de parler, suppose que si les hommes pouvaient guérir les lépreux et ressusciter les morts, ils auraient aussi le pouvoir d’absoudre les péchés. Mais je nie que les disciples aient jamais possédé le droit d’accorder l’absolution à laquelle ces gens prétendent. Ainsi, qu’il s’agisse de la théorie des puseystes ou de celle du parti évangélique, il serait difficile d’affirmer laquelle des deux s’écarte le plus de l’Écriture.
Est-ce donc que je veuille insinuer par là que ce passage n’a aucun sens déterminé ? Loin de moi une telle pensée ! Mais ce qui donne la clef du sujet, c’est la résurrection du Seigneur telle qu’elle est présentée ici. Si on connaissait mieux Christ et la puissance de Sa résurrection, on comprendrait ce qui en est le fruit. Mais l’ignorance des privilèges de la résurrection fait que, dans l’un comme dans l’autre des deux partis en lutte que nous venons de nommer, on est plongé également dans les ténèbres les plus épaisses quant à la vérité qui est révélée ici. Observez bien, en effet, qu’après que notre Seigneur eut congédié Ses disciples avec la paix, Il souffla sur eux. Je ne connais qu’un seul acte dans la Bible, auquel ceci puisse se rapporter ; et avec cet acte-là, celui-ci se trouve en un contraste bien marqué et plein d’instruction.
Examinons la Genèse au deuxième chapitre, et nous trouverons une différence très frappante dans la formation de l’homme par l’Éternel, en comparaison de celle des autres animaux. Quand Il créa des variétés d’animaux, d’oiseaux, de reptiles, etc., chacun devint, comme il est dit, « une âme vivante », par le simple fait qu’il possédait une organisation convenable. Mais pour l’homme, il n’en fut pas ainsi. Il fut fait de la boue de la terre, nous le savons ; mais ce n’est pas pour avoir été ainsi façonné qu’il devint âme vivante. Il y eut une différence essentielle entre l’homme et tout autre être alors créé. Ce n’est pas seulement que tout le reste du règne animal fût soumis à l’homme ici-bas ; mais lui seul possédait sa vie directement d’en haut : « L’Éternel Dieu souffla dans ses narines une respiration de vie, et l’homme fut fait une âme vivante ». Aucun autre animal ne fut fait de la même manière. L’homme seul possède le souffle de l’Éternel Dieu. C’est là la vraie source de l’immortalité de l’âme : c’est aussi la raison pour laquelle l’homme seul se trouve directement dans une position de responsabilité morale vis-à-vis de Dieu ; il doit rendre compte des choses faites dans le corps à ce Dieu qui lui donna ainsi son âme et son esprit. Chez l’animal, qui néanmoins possède un esprit, cet esprit descend en bas, et ne va pas vers Dieu ; car jamais Dieu ne souffla ainsi dans cet animal. Je veux dire que le principe vital de la bête périt, parce qu’il ne s’agit purement et simplement que de ce qui, par la volonté de Dieu, se rattache à son organisation matérielle. Ainsi donc, l’animal sans raison, qui meurt, périt ; mais chez l’homme, il y a une âme et un esprit qui demeurent toujours, quant à leur origine, distincts du corps, ayant avec Dieu Lui-même un rapport bien plus intime. Conséquemment l’âme participe à une immortalité que le corps tout seul, vivant ici-bas de sa propre nature, ne possède point. La mortalité du corps, c’était une simple affaire de la volonté de Dieu ; mais pour ce qui est de l’immortalité de l’âme, il y avait un principe intrinsèque, indestructible, qui appartenait à l’âme et à l’esprit ; voilà pourquoi aussi le corps de l’homme sera ressuscité et réuni à cette âme et à cet esprit ; et ainsi « chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même ».
Eh bien, c’est ainsi que le Seigneur Jésus Christ se présente devant nous, et que dans cet évangile seul Il prend ces deux caractères, et les réunit fidèlement. Il est homme — ici, surtout, homme ressuscité — mais Il est aussi l’Éternel Dieu ; et Thomas le déclare immédiatement après : « Mon Seigneur et mon Dieu ». C’est une personne qui, en Lui seul, réunit et la nature divine et l’humanité comme elle doit être. Il est devant nous l’homme ressuscité, le second homme, le premier jour de la semaine ; et comme Esprit vivifiant, Il souffle sur Ses disciples, Il leur donne ainsi la vie. C’est-à-dire, c’est l’Esprit du Christ Jésus ressuscité des morts ; c’est le Saint Esprit, accompagnant cette vie de résurrection et en étant la puissance, que le Seigneur, comme chef d’une nouvelle famille, conféra aux membres qui la formaient. Ils avaient cru en Lui, ils avaient donc la vie éternelle ; alors, ils eurent la vie en abondance.
C’est donc là le changement de toute importance qui fut introduit par l’action de notre Seigneur Jésus Christ. Je puis concevoir le raisonnement que certaines personnes tiennent sur ce point. Elles disent : « Si l’on obtient la vie éternelle, je ne vois pas quelle grande différence cela fait que ce soit une vie de résurrection — signalée si remarquablement par cette vie de résurrection ressuscitée en union avec le Seigneur Jésus ». C’est très possible que vous ne le voyiez pas ; mais permettez-moi de vous dire que la victoire complète diffère de la vie qui lutte avec la mort, qui lutte sous des ordonnances, vie en lutte avec ce qui l’entoure, recherchant le bien sans toutefois l’atteindre, s’efforçant d’éviter le mal, et sans cesse, pourtant, d’une manière on d’une autre, entraînée dans le mal. Voilà précisément l’état de l’homme dans l’absence de la puissance libératrice. Mais pour celui qui a la foi, cet état a pris fin, tout au moins pour ce qui est de démontrer la position nouvelle dans laquelle le croyant est placé par la mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ. La vie que je reçois aujourd’hui dans le Seigneur Jésus, c’est une vie qui n’est pas sous la loi ; elle n’a rien à faire avec la terre ni avec ses ordonnances, c’est la vie de Celui qui m’a fait entrer dans la paix parfaite avec Dieu ; de Celui qui m’a mis en possession de Sa propre relation envers Dieu. Eh bien, c’est pour donner cette vie dans sa forme la plus condensée, dans sa plus entière puissance, que le Seigneur souffle ainsi sur eux — signalant ainsi le nouveau caractère de la vie qu’ils possédaient, attestant que ce qu’ils vivaient dans la chair était véritablement par la foi du Fils de Dieu. « Non pas moi, mais Christ qui vit en moi ». Et c’est par le fait même qu’Il souffla ainsi que cette vie fut communiquée. C’était là participer à Lui-même, tel qu’Il se trouvait alors — participer à ce qu’Il était, surtout quant à la vie qui L’animait — après que toutes questions avaient été à jamais réglées et que la délivrance parfaite avait été assurée par Lui et accordée aux siens.
De là l’apôtre Paul, faisant allusion à cette vérité, dit : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Et pourquoi ? « Car », dit-il, « la loi de l’Esprit de vie en Jésus Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ». La loi de l’Esprit de vie, dit l’apôtre Paul. C’est là exactement, Jean nous le dit, ce qui fut accordé. C’était l’Esprit Saint, mais l’Esprit Saint comme Esprit de vie ; non pas seulement comme l’Esprit de puissance, opérant simplement des miracles, ou déployant pareillement Son énergie — ce qui pour l’homme aurait un air bien plus surprenant. Encore bien moins était-ce cette licence extrême, d’après laquelle l’homme prend la place de Dieu et prétend pardonner les péchés sur la terre. Jamais apôtre ne prétendit à cela. Néanmoins, c’était un privilège réel : et il est aussi vrai à ce moment-ci qu’au jour où Jésus ressuscita des morts. L’action du Saint Esprit alors consistait simplement dans la communication de la vie dans le caractère et dans la puissance de la résurrection par l’entremise de Jésus Christ, le second homme, ressuscité des morts. C’est là ce que j’entends par l’expression : « Recevez le Saint Esprit » ; l’Esprit de Dieu accompagne toujours la vie que donne le Christ. Sans doute, c’est Christ qui est l’objet de la foi, et qui donne la vie ; mais c’est par l’opération du Saint Esprit qu’Il la donne. Donnée durant le cours de Sa vie humaine ou de nos jours, c’était toujours l’Esprit de vie qui accompagnait cette vie ; et c’est pourquoi ces paroles en déclarent, en confèrent la puissance.
Mais Il ajoute encore : « À quiconque vous remettrez les péchés, ils seront remis ; à quiconque vous les retiendrez, ils seront retenus ». On dira : Eh bien, croyez-vous cela ? Assurément ; et bien plus : Je crois que vous autres chrétiens vous possédez ce pouvoir et que vous êtes responsables envers Dieu d’y conformer votre marche. Mais voilà, pensera-t-on, une prétention bien élevée, ce pouvoir de remettre et de retenir les péchés ! Oui, sans doute ; mais à qui le Seigneur s’adressait-Il ce jour-là ? Non pas seulement aux apôtres, mais aux disciples. « Le soir donc de ce jour-là, le premier jour de la semaine, étant arrivé, et les portes du lieu où les disciples étaient assemblées étant fermées… ». Si c’eût été une prérogative, restreinte au corps des apôtres, assurément l’historien sacré eût pris soin que la chose apparût ainsi. Un homme sensé même n’en agirait pas autrement. S’il s’agissait d’une commission spéciale de la part de l’empereur à ses ministres d’état, elle ne serait pas adressée à la chambre législative ni au sénat. Une telle façon d’agir n’aurait rien de convenable. Au contraire, si un message impérial était destiné au sénat ou à la chambre, à qui entendrait-on que ce message s’adressât ? S’il était destiné à l’assemblée entière, il serait adressé ainsi. Eh bien ici, il en est de même. Notre Seigneur parlait aux disciples — à leur nombre tout entier. Dès que nous prenons la Parole, telle qu’elle est écrite, nous voyons clairement que ce qu’Il dit alors s’applique à tous. Est-il un homme qui dise que la vie de résurrection du Seigneur Jésus Christ n’était que pour les douze ? Me dira-t-on encore que la paix donnée par le Seigneur avec tant de solennité, et à plusieurs reprises, n’était que pour les apôtres ? Rien de la sorte : Les apôtres y eurent part, bien entendu ; et ce dut être pour leurs âmes de la plus grande valeur.
Sans parler de dons personnels, il y avait, en effet, autorité spéciale de la part du Seigneur pour former des assemblées qui confessent Son nom — et une fois formées, pour les gouverner. Il y avait bien dans ce privilège de poser le fondement un poste d’autorité — des actes d’initiative et de gouvernement que l’Écriture assigne aux apôtres. Mais il entre si peu dans le dessein et le caractère de l’évangile de Jean de s’arrêter à ce qui est officiel, que le mot même « apôtre » ne se trouve nulle part dans son récit. L’esprit, la forme, la substance de cet évangile sont consacrés à ce qui est intrinsèque, essentiel, qui ne passe pas. De plus, nous trouverons tout à l’heure plus particulièrement bonne raison de conclure que cette portion même de l’évangile place expressément le christianisme sur sa propre base, et lui imprime un caractère fort distinctif devant Dieu et devant les hommes. Il y a donc plus d’une raison pour me convaincre que nous ne devons pas rechercher l’accomplissement de ces paroles en rien qui fût personnel aux douze, ou à d’autres qui leur succéderaient ; bien moins encore doit-on les rattacher aux fonctions des anciens ou presbytres comme si le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, leur avait été officiellement confié ainsi que le prétendent, avec tant d’assurance, les symboles de certains corps religieux. Le fait est que le Seigneur Jésus a devant Lui Ses disciples comme tels ; c’est à eux qu’Il communique l’Esprit ; c’est donc bien eux qu’Il charge de cette commission importante.
L’histoire inspirée — les épîtres — ne jettent-elles donc aucune lumière sur le sens dans lequel les apôtres entendirent les paroles de Christ, et dans lequel nous devons aussi les interpréter ? Prenez, par exemple, ceux qui furent convertis le jour de la Pentecôte, et d’autres que le Seigneur ajoutait de temps à temps : par qui leurs péchés étaient-ils remis ? Ils ne se contentaient pas de croire à l’évangile individuellement ; ils soumettaient à ceux qui étaient chrétiens avant eux leur confession du nom du Seigneur. C’est là un fait de la plus haute importance. Il ne m’est pas permis de m’ériger en chrétien sur la seule opinion que je forme de moi-même, sur mon propre jugement quant à la foi que je professe : je dois soumettre mes prétentions à ceux qui ont été en Christ avant moi ; toute miraculeuse qu’était sa vocation, Paul, lui-même, ne fut pas dispensé de cela. Il fut baptisé par un certain disciple ; plus tard il fut reçu par d’autres. Voilà qui est plein de consolation ; se refuser à ce privilège, ou l’affaiblir, c’est la présomption même. En effet, plus la foi d’un homme est véritable, et plus il désirera que d’autres en fassent l’examen. L’apôtre Paul lui-même dut goûter l’amertume de ce procédé : car il y en avait qui se méfiaient de lui. Eh bien, si ce serviteur de Christ, honoré plus qu’aucun autre, eut à supporter ce qui lui était tant soit peu pénible, il ne sied à aucun de nous de nous estimer nous-mêmes des confesseurs du nom de Christ trop sûrs, pour céder quelque peu de notre propre importance, et nous soumettre en même temps à ce qui est bien la volonté du Seigneur et d’une vaste importance pour la bénédiction de l’Église de Dieu. Pensez à tout l’avantage que pourrait prendre l’ennemi si vous posiez en fait qu’on est admis à prendre la position chrétienne de son autorité propre et sur sa propre et unique garantie ? Il est bon de se soumettre les uns aux autres, et cela dès le commencement, dans la crainte de Dieu, qui est plus sage que l’homme et qui a déclaré Sa volonté par le moyen de ces paroles du Seigneur Jésus.
Si nous acceptons les écrits des apôtres comme commentaires, voici l’ordre et la pratique qu’enseignent les paroles qui nous occupent. Lorsqu’une personne fait profession de revenir à Dieu avec repentir et foi ; lorsqu’elle croit au nom du Seigneur Jésus Christ, ce n’est pas assez qu’elle se repose sur ce divin Sauveur pour le salut de son âme : je dois « confesser de la bouche aussi bien que croire dans mon cœur ». Cette confession peut et doit même naturellement se produire comme témoignage pour le monde ; mais il appartient à ceux qui professent déjà Son nom d’en juger. Je suis capable d’admettre quelque chose qui porterait atteinte à la gloire de Christ, ou de ne pas être assez sur mes gardes contre quelque chose qui nuirait à ma propre âme et serait pernicieux pour les autres : alors se présente cette fonction d’une importance suprême qui appartient à ceux qui sont avant moi dans la foi — fonction à laquelle l’Écriture n’attache pas peu de poids, qu’elle ordonne même pour la gloire de Dieu, comme nous voyons faire à l’apôtre Paul dans le chapitre 15 des Romains. J’affirme donc que les disciples, comme l’Assemblée de Dieu, autorisèrent en certains cas la rémission des péchés, en d’autres les retinrent. Ils recevaient cordialement et en simplicité, comme frères de Jésus, ceux qui auparavant se vautraient peut-être dans toute espèce de péchés, mais qui soudainement (dans une heure, peut-être) retournaient à Dieu ; n’était-ce donc pas excessivement important qu’il eût, dans ce monde, un corps constitué par le Seigneur, possédant une autorité positive, tout autant que sa propre vie, l’Esprit même comme puissance d’une vie abondante de résurrection ? Important aussi qu’ils donnassent leur sanction à la confession de ceux qui étaient sincères, tout en examinant les prétentions de tous ceux qui faisaient profession ? Ce n’est pas, certes, que cet examen pût nuire à un véritable enfant de Dieu. Au contraire ; grande consolation, joie de plus pour son cœur — ce bienvenu des autres qui le reconnaissent ici-bas, comme les anges, au lieu de l’homme sur la terre, se réjouissent devant Dieu au sujet de celui qui se repent ; mais frein sérieux, là où il y avait de la réserve, où quelque méchanceté se tapissait secrètement, où, enfin, on apercevait le désir d’introduire quelque chose en secret !
Nous trouvons que l’Assemblée de Dieu agissait dans l’esprit de cette règle ; on remettait et on retenait les péchés. Je ne parle pas en ce moment de cette circonstance solennelle où un homme fut frappé de mort à l’instant même et sur place ; mais d’occasions où il y avait retranchement de ceux qui péchaient, et rétablissement public quand ils se repentaient. Autre occasion encore : un homme qui avait été reçu, et dont les péchés avaient été ainsi remis publiquement, fut retranché comme méchant (1 Cor. 5). Les deux épîtres aux Corinthiens forment donc l’illustration des deux faces du sujet. « C’est assez pour un tel homme de cette punition qui lui a été infligée par la plupart d’entre vous ; de sorte qu’au contraire, vous devriez plutôt lui pardonner, le consoler même, de peur qu’un tel homme ne soit accablé par une tristesse excessive. C’est pourquoi je vous exhorte de ratifier envers lui votre amour » (2 Cor. 2, 6-8). Dans ces cas cités nous trouvons d’un côté péchés remis, de l’autre, péchés retenus ; et je ne doute nullement qu’une des raisons pour lesquelles les chrétiens ont manqué de tenir leur position séparée dans le monde, et de marcher ainsi au sein de leur propre joie et de leur félicité — source riche de bénédictions pour les autres — c’est qu’ils ont perdu de vue cette responsabilité ; la traitant de fonction ministérielle ou de puissance dès longtemps évanouie. Hélas ! la cause en est aussi manifeste qu’humiliante. L’Église n’a pas retenu sa position de peuple à part, ayant pour dot l’amour et la gloire du Seigneur Jésus. En jugement charitable ils ont embrassé le monde entier ; mais aucun jugement charitable ne peut profiter à ceux qui ne croient pas ; il n’en est pas même question quant à ceux qui ont la foi. De là, les bornes publiques et distinctives de la grâce et de la sainteté ont été foulées aux pieds, et la conséquence en est que la prétention même de remettre et de retenir les péchés — si l’on excepte les superstitieux qui en font un acte sacerdotal — est décidée avec mépris, sinon mise absolument de côté.
Je maintiens, au contraire, que les paroles du Seigneur établissent comme étant de l’essence de l’assemblée chrétienne dans ce monde qu’elle se produise comme le témoignage public et l’expression de ce que la grâce a fait, en recevant ceux dont la confession lui paraît satisfaisante et en rejetant publiquement ce qui ne se recommande pas à sa conscience. Souffrez, toutefois, que je déclare avec décision que ce que nous recevons n’est pas un certain degré de lumière et d’intelligence. Ce n’est pas à moi, plus qu’à d’autres, de faire peu de cas de l’intelligence spirituelle. Sans aucun doute, elle a sa place, sa saison, sa valeur ; mais de ceci soyons sûrs : Ce que Jésus souffla sur Ses disciples n’était pas de l’intelligence simplement ; c’était Sa propre vie de résurrection. Et c’est bien là ce qu’Il nous voudrait voir accueillir ; c’est là ce que nous devons reconnaître chez ceux qui se présentent. « Il vous a vivifiés ensemble, vous ayant pardonné toutes vos offenses ». Je ne prétends pas dire pour cela que nous devions sanctionner le péché, pourvu que la vie de Christ soit aussi là ; mais nous devons accueillir les brebis et les agneaux de Christ, et témoigner grande tendresse en agissant avec les fautes, fruits d’une fausse position et d’un mauvais enseignement. Prenons bien garde de faire le jeu de l’ennemi en ayant même l’apparence de confondre le principe sur lequel nous recevons avec certains degrés d’acquisition en pratique ou en doctrine. Retenez ferme ce fait — grand, simple, infini — que Jésus souffle sur Ses disciples l’Esprit de Sa propre vie de résurrection. Nous devons traiter les plus faibles comme faisant partie de l’Assemblée chrétienne. Mais si d’une part, nous accueillons, de l’autre, ne craignons pas de rejeter, selon que la confession est, ou n’est pas digne du nom de Jésus. Un homme a-t-il véritablement la vie de résurrection de Christ, attendez-vous de sa part à la sainteté, fruit d’une conscience purifiée ; mais à autre chose encore, que Christ sera la mesure de tous ses jugements, de même qu’Il est la source de toutes ses bénédictions, et, après tout, l’objet dont son âme sera occupée. C’est pourquoi, le nom de Jésus, passeport unique et suffisant pour la plus simple créature qui possède en Lui la vie éternelle, ce même nom nous suffit aussi pour rejeter la prétention la plus haute qui compromet Sa gloire. Que le Seigneur soit pour nous, comme Il l’est en vérité, la parfaite, la seule mesure. Si Christ est reconnu, honoré, tout ira bien, sûrement, avec félicité. Essayer d’unir Christ au péché, la tentative en est fatale. Loin de nous toute pensée de posséder Christ tout en soufflant le chaud et le froid sur Son nom ! Quoi de plus outrageant pour Dieu ? Aussi, il est de toute importance que nous Le tenions, Lui, fermement devant les yeux ; — nous éviterons ainsi le piège tendu pour nous faire ériger des organisations, des théories ecclésiastiques, que nous avons laissées derrière nous.
Je crois que toute théorie ecclésiastique est fausse si d’une manière quelconque on lui permet de voiler la valeur de Christ — et je refuse absolument de traiter les erreurs ecclésiastiques de la même manière qu’on doit traiter une question de déshonneur fait à Christ, ou de sanction d’un péché positif et connu. User seulement de connivence avec un système voulant retenir quelque chose qui n’est pas de Christ — ne pas « apporter la doctrine de Christ » — c’est la ruine. Un homme pourrait paraître aussi orthodoxe qu’un apôtre sur la vérité ecclésiastique, et posséderait au bout des doigts toute autre vérité du Nouveau Testament, mais quelle est la valeur de quoi que ce soit là où le nom de Christ est déshonoré ? Mais là où Christ est l’objet de l’âme, quand même celui qui le confesse soit ignorant, Christ a là même soufflé Sa vie ; et si nous sommes sujets à Christ, notre règle de conduite est claire, qu’un tel soit au nom de Jésus le bienvenu de nos cœurs ; c’est l’affaire de l’Église d’accueillir tous ceux-là, de les élever : comment, en effet, croîtraient-ils en lumière ; où donc trouveraient-ils à ajuster les jointures tortues, si ce n’est dans l’Église de Dieu ? Mais si nous nous tenons à l’écart jusqu’à ce qu’ils soient parfaitement établis, c’est pour eux-mêmes une impossibilité, aussi bien que pour nous l’abandon de notre position de secours et de devoir envers eux. Je croyais que l’Église de Dieu était la colonne et l’appui de la vérité, et que la vérité ne pouvait réellement s’apprendre que là où on vivait en elle ; et en outre : que ceux dont j’ai parlé, ayant reçu Christ, ont Christ, tant dedans que dehors. M’en faut-il davantage ? Puis-je moi-même me vanter d’en posséder davantage ? Sinon, pourquoi la moindre hésitation ?
Que le Seigneur rende les siens capables de s’adonner à ôter les difficultés, et d’être pleins de cœur pour accueillir les âmes là où il n’y a point trace d’opposition à Dieu dans la foi, ou dans les mœurs. Je ne dis pas là où se trouve la doctrine de la justification par la foi. Il y a bien des choses mauvaises qui marchent de concert avec cette doctrine retenue et même prêchée. Ces paroles de notre Seigneur Jésus Christ constituent une règle immuable, et nous sommes responsables d’agir d’après elles. Si nous sommes rassemblés en Son nom, il faut qu’il y ait une expression claire, ferme, de notre position, de nos privilèges. Notre action, notre action collective, doit être aussi ferme en faveur de la vérité que notre marche individuelle, en ce sens, que nous possédons Christ, que nous estimons ce don — que de concert avec Christ nous sommes tenus de remettre les péchés — et, dès qu’il reste quelque chose de contraire à Christ, de retenir les péchés. Nous renions la prétention de faire l’un ou l’autre entre Dieu et l’homme : jamais l’Église ne réclama un tel droit ; jamais les apôtres n’aspirèrent à action pareille. Mais il est clair que Jésus appelait les disciples à se charger tant de retenir que de remettre les péchés ; et comme nous l’avons vu, cela fut vérifié dans l’Assemblée chrétienne, qui exerçait ce privilège sous son double aspect — non pas pourtant comme question éternelle entre Dieu et l’âme, mais comme affaire d’administration, comme devoir envers Christ d’accueillir le vrai, de rejeter le faux — de retrancher et de rétablir devant les hommes.