Écho du Témoignage:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit

De mipe
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Méditation 1 — Jean 3, 5

Le sujet que je me propose de traiter exigera, selon que ce cours de méditations pourra m’y appeler, le développement, d’après la Parole de Dieu, de bien des opérations de l’Esprit Saint qui ne sont réalisées que sous le christianisme, qui étaient inconnues dans les temps qui précédèrent la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus. Mais je suis heureux de commencer ce soir par ce qui s’étend à toutes les voies de Dieu dans Sa miséricorde envers Ses saints dans tous les temps. Je veux dire que nous allons entrer dans ce qui n’est pas spécial, sinon sous ce rapport seulement que la connaissance de Dieu Lui-même distingue nécessairement les âmes dans un monde perdu où la grâce choisit et sauve — ce qui n’est pas spécial dans le sens d’être donné à connaître et possédé, dans des circonstances particulières et à une époque spéciale dans les voies de Dieu avec l’homme. Au contraire, ce qui nous est présenté maintenant est universel pour les enfants de Dieu, existait dès les premiers temps depuis que le péché est entré dans le monde, n’a jamais été remplacé et ne saurait l’être, jusqu’à ce que la dernière trace de péché ait disparu pour toujours. C’est le besoin spécial et essentiel de toute âme d’homme qui est retirée de la condition de l’homme tombé — la portion commune réservée aux hommes, comme nous le savons, « de mourir une fois, et après cela d’être jugés ». Dieu voulait se faire connaître ; Il voulait se révéler ; la chose pouvait n’être que partielle, selon diverses mesures, aussi bien qu’en plusieurs manières, comme l’apôtre nous le dit dans Hébreux 1 ; mais quelle que fût la mesure ou quel que fût le mode de Ses révélations, Dieu a toujours agi en souveraine miséricorde envers les âmes, et Il a donné de Sa propre nature à ceux qui croient sur la terre. C’est là ce que signifie l’expression : être né de nouveau. Mais il n’y eut jamais un temps où il fut plus nécessaire que maintenant, non seulement d’affirmer ce qui est spécial, mais de s’attacher à ce qui est universel dans le sens où je parle présentement — de maintenir ce qui ne change jamais ; tandis qu’en même temps nous laissons amplement de la place pour tout ce qu’il peut plaire à Dieu, selon Sa propre sagesse, d’introduire pour simplifier, éclaircir, jeter de la lumière ou donner de la profondeur, et cela sous toutes les formes possibles. Il y a progrès, je n’ai pas besoin de le dire, dans la manière dont Dieu se manifeste dans tous les cas, il en est ainsi jusqu’au moment où Christ parut, et où l’œuvre de Christ fut accomplie. Ce n’est pas que je parle de progrès depuis ce moment-là, mais je veux dire que dans le développement de la Parole de Dieu depuis le commencement, il est donné bien manifestement une vue des voies de Dieu qui s’élargit toujours — jusqu’au moment où Dieu Lui-même, et non Ses voies seulement, fut pleinement manifesté.

À travers tout le cours de ces économies diverses, nous trouvons la jouissance de cette grande bénédiction : je l’accorde volontiers. Et la raison est manifeste : il y a d’un côté un Dieu de bonté, de l’autre l’homme perdu. « Mon Père travaille jusqu’à maintenant », dit le Fils, qui travaillait aussi en grâce. La conscience peut suggérer l’idée d’un Dieu et de Son jugement ; mais l’esprit de l’homme ne peut jamais s’élever plus haut que le fait, ou plutôt la conclusion qu’il existe nécessairement un Dieu. Dieu Lui-même n’est jamais connu de cette manière. L’esprit humain, comme tel, est incapable de découvrir Dieu ; et de fait, ce qui donna l’essor à la raison de l’homme, ce fut sa ruine. Il raisonne au sujet de Dieu parce qu’il a perdu Dieu ; et tout ce que le raisonnement peut découvrir dans toutes Ses opérations, ce n’est pas ce qui est, mais simplement, en admettant telle et telle chose, ce qui doit nécessairement être. Mais un Dieu dont l’existence est simplement une nécessité est une chose terrible pour une conscience chargée de sa culpabilité. Le Dieu qui doit exister pour un tel homme — c’est-à-dire, pour un pécheur — est nécessairement un juge ; et si Dieu est le juge du péché et des pécheurs, quelle doit être la portion du pécheur ? Si le juste lui-même est difficilement sauvé, où paraîtra l’impie ? Or en face de tout cela, Dieu n’a pas seulement donné une révélation, fait des promesses, donné même des esquisses prophétiques plus distinctes encore de ce qu’Il avait l’intention de faire : c’est là ce qu’Il a fait depuis le commencement même ; mais il y a toujours eu plus que cela. Et il est d’une bien grande importance pour les âmes même maintenant de reconnaître que ce n’est pas seulement une direction de l’âme du croyant vers Dieu par la foi, mais qu’il y a, et qu’il y a toujours eu, beaucoup plus. Ce n’est pas trop que de supposer que ceux qui m’écoutent ici n’ont aucunement besoin qu’on leur dise ce qu’est réellement ce lien. Je ne fais pas allusion maintenant au nouveau fait, que Dieu a envoyé d’en haut l’Esprit Saint ; mais je dis que tandis qu’il y avait toujours la foi, il y avait toujours plus que la foi. C’est considérer la chose sous un point de vue très imparfait et même bien pernicieux, que de penser que les âmes ne font que regarder à Dieu. Quelque vrai que cela soit, ce n’est qu’une partie de la vérité. Outre le regard de la foi, outre l’acte de saisir la Parole de Dieu par l’opération de l’Esprit dans l’âme, il y a une telle chose que la vie spirituelle ; et il y a toujours eu une telle chose ; car c’est la condition nécessaire pour avoir affaire avec Dieu. Il y a toujours eu, comme il y a encore, une nature nouvelle, positive, donnée au croyant ; c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas seulement de la foi, mais d’une nouvelle vie. Sans doute la foi est le seul moyen par lequel cette nouvelle nature est communiquée, comme j’espère le montrer ; et la foi est le vrai moyen pour l’âme de s’assurer qu’elle est ainsi née de Dieu. Il peut y avoir d’autres preuves pour les yeux et le cœur d’autrui ; mais la foi est ce qui est destiné de Dieu à donner à celui qui la possède la certitude qu’il est né de Dieu.

Or il est évident que cette vérité et cette indispensable nécessité, quoiqu’elles fussent toujours réalisées dans les âmes, étaient bien faiblement comprises avant Christ, et de fait, dans les temps de l’Ancien Testament, elles étaient plutôt impliquées qu’enseignées explicitement. Elles peuvent être présentées en figure, et il peut y en avoir une expression morale ; mais il n’y a nulle part la déclaration distincte d’une nouvelle naissance, sinon comme un privilège prédit. La conséquence était que, lorsque Nicodème vint à notre Seigneur Jésus, frappé par ce qu’il avait vu, mais ayant en même temps le sentiment d’un besoin plus profond dans son âme, bien qu’il ignorât totalement de quoi il avait besoin, il demeura tout interdit et confondu par la forte assertion que lui fit notre Seigneur, que si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut même voir le royaume de Dieu. Les Juifs s’étaient tranquillement reposés sur la conviction que le Messie pourrait et voudrait tout faire pour eux. Or, dans un sens, ils n’avaient pas tort. Lorsqu’Il vint, les Samaritains mêmes étaient convaincus que le Messie leur montrerait ou leur ferait connaître toutes choses ; et les Juifs savaient qu’il ne s’agissait pas seulement d’enseigner, mais qu’Il ferait toutes choses ; Il introduirait la justice éternelle, Il mettrait le sceau à la vision, Il oindrait le Saint des saints, Il agirait à l’égard du péché, de l’iniquité, de toutes choses. Ils savaient bien imparfaitement comment la chose se ferait. Néanmoins il y avait une conviction vague, générale, et en même temps sûre, dans l’esprit de tout Juif, sauf, nous pouvons dire, la portion incrédule de la nation, que l’avènement du Messie serait ce qui changerait la face du monde, en même temps qu’il serait plus particulièrement, pour Israël, l’introduction de toute la bénédiction promise et attendue. Dès lors c’était une chose bien étourdissante que d’entendre annoncer une chose si solennelle par Celui qui se trouvait maintenant présent même au milieu d’eux, par Celui que Son précurseur, Jean le baptiseur, avait déclaré être le Messie, par Celui qui avait manifesté par des miracles qu’Il était réellement, à tout le moins, un docteur venu de Dieu. Et pourtant c’est Celui-là même qui, dès l’entrée, arrêta Nicodème par la déclaration la plus tranchante d’une nécessité qu’il n’avait jamais saisie auparavant ; et la chose était annoncée d’une manière si générale, qu’elle devenait aussi absolue pour un Juif que pour un Gentil. « Si quelqu’un n’est », etc. Aucune exception n’est supposée ; aucune question soulevée au sujet de la famille d’Abraham qui avait été choisie. C’était une chose que Dieu exigeait pour ceux qui étaient près, aussi bien que pour ceux qui étaient loin. « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ».

La conséquence en est que Nicodème adresse à notre Seigneur, comme nous le savons, une question bien dépourvue d’intelligence : Comment se peut faire une telle chose ? « Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le sein de sa mère et naître ? ». Mais du moins sa question prouve ceci, c’est que « né d’en haut » n’est pas du tout le sens du verset. Si le Seigneur avait conduit Nicodème à juger que tel était le sens, une telle question n’aurait pu être proposée. Non, Il voulait dire être « né de nouveau », né, pour ainsi dire, dès le commencement même. Il semble que c’est la manière la plus forte possible d’exprimer la chose ; dans tous les cas je n’en connais pas de plus forte dans l’Écriture. C’est donc là ce qui conduit notre Seigneur à faire la déclaration sur laquelle je désire m’étendre un peu ce soir. « En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». Celui qui voit le royaume entre dans le royaume ; mais il n’y a point de possibilité de voir ni d’entrer, à moins qu’il n’y ait cette nouvelle naissance. Quels en sont donc la source et le caractère ?

Ici notre Seigneur explique la chose ; Il le fait d’une manière figurée, comme Il le fait habituellement dans Ses discours aux Juifs dans cet évangile. Dans le chapitre précédent, lorsqu’il y avait une question au sujet du temple, Il adopta cette figure pour marquer Son propre corps — Lui-même. Dans le chapitre qui suit, Il en prend une autre dans la circonstance des besoins de la femme samaritaine ; et « une fontaine d’eau » devient l’image de cette bénédiction infinie sur laquelle nous espérons nous arrêter un peu tout à l’heure ; et je pourrais parcourir ainsi cet évangile, et prouver que cette adoption de quelques figures bien connues embarrasse d’abord par le fait même que c’est une figure, mais ne jette aucune obscurité ; car ce n’est jamais là le but des figures dans l’Écriture, ni dans aucun écrit honnête. Le véritable but est plutôt de renfermer dans une seule parole la vérité qui, sans cela, pourrait demander à être développée dans plusieurs paroles ; en sorte qu’une parole devient ce qu’on pourrait appeler une parole faisant image pour représenter une vérité, et dès lors elle brille de la lumière même de Dieu. Et je ne doute pas qu’il en soit ainsi dans le cas présent. Or ces images étaient employées dans les prophètes de l’Ancien Testament, et employées aussi en connexion avec cette bénédiction même. C’est donc là ce qui, pour ainsi dire, mettait le Seigneur à même, avec une justice qui en appelait à la propre conscience de Nicodème, de censurer celui qui se trouvait dans la relation de docteur par rapport à Israël (car c’est là le sens) ; non pas, je pense, de quelque manière spéciale comme le maître, mais il y a l’emploi habituel de l’article pour marquer le contraste avec Israël, comme étant enseigné.

Notre Seigneur rappelle tacitement des passages dans l’Ancien Testament qui auraient dû rendre Son allusion et le sens de Ses paroles intelligibles pour Nicodème. Prenez, par exemple, Ésaïe 44. Dieu n’y avait-Il pas promis de répandre des eaux sur celui qui serait altéré ? N’avait-Il pas promis de répandre Son Esprit sur la postérité de Jacob ? N’avait-Il pas encore plus clairement déclaré, dans Ézéchiel 36, que lorsqu’Il aurait rassemblé Israël en sa terre, Il ôterait leur cœur de pierre, et mettrait en eux un cœur de chair, qu’Il répandrait sur eux des eaux nettes et mettrait Son Esprit au-dedans d’eux — ce qui forme précisément les deux éléments de la déclaration de notre Seigneur ? Ainsi donc, dans cet endroit, le Sauveur parle en effet bien clairement comme ayant toujours en vue ces figures de l’Ancien Testament. De fait, ce n’était pas quelque privilège absolument nouveau ; ce n’était, au contraire, que l’assertion, selon la dignité et la gloire qui Lui étaient propres, d’un besoin universel, d’une manière digne de Lui-même ; c’est-à-dire que le Seigneur donne en effet toute l’étendue de la vérité à cet égard qui se trouve dans toute l’Écriture ; mais alors Il ramène tout à un point final, et revêt la chose de cette force qui était propre au Fils de Dieu, s’Il prenait la place de docteur sur la terre. S’Il enseignait, Lui, comment se pourrait-il qu’Il enseignât simplement comme un autre ? « Jamais homme ne parla comme cet homme ». Ainsi donc, alors même qu’Il ne fait que prendre, pour ainsi dire, ce qui existait auparavant (du moins dans la prophétie), ce qui par conséquent aurait dû être connu d’ancienneté, Il donne néanmoins à la chose une profondeur caractéristique par la forme en laquelle Il la présente à Nicodème. Dès lors il ne s’agit nullement ni du baptême d’enfants, ni de recevoir un nouveau cœur, ou un nouvel esprit au-dedans ; mais : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit » — vérité incomparablement importante, primitive et pratique. Je ne nie pas qu’il y ait d’autres vérités plus propres à attirer les affections, et à les fixer sur la personne du Sauveur, amenant l’âme dans une plénitude de liberté, de paix, de joie, aussi bien que de puissance ici-bas. Assurément il y en a ; mais il n’en est pas une qui ait autant le caractère de fondement, sauf seulement Christ et Son œuvre dans laquelle Dieu Lui-même fut glorifié, et glorifié aussi d’une telle manière, qu’Il pouvait ainsi avec justice bénir un pauvre pécheur et lui donner Sa propre nature. Le Seigneur ici, avec la divine perfection qui Lui était propre, d’un seul mot, change tout, pour ainsi dire ; car tandis que la vérité est empruntée à d’autres, elles reçoit néanmoins une nouvelle beauté, et une telle divine énergie, que nous pouvons bien comprendre combien doit être glorieuse la personne qui profère la vérité d’une telle manière. « Si quelqu’un n’est d’eau et de l’Esprit ». C’est en vérité une nouvelle nature ; c’est ce qui n’a aucun fondement dans l’homme, et n’a de source qu’en Dieu ; c’est Dieu Lui-même qui en est le centre, qui le remplit dans la personne de Christ, de Son Fils, et qui seul, par conséquent, peut donner une nouvelle nature. Quelle est en effet la nature qu’il serait convenable de communiquer ? Ce doit être, et c’est en effet, la nature divine. « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». C’est ainsi donc que nous arrivons aux conditions.

J’ai appelé l’attention sur la force de l’expression être « né de nouveau » que nous trouvons dans les premières déclarations. Puis nous avons l’expression plus brève du troisième verset développée dans le cinquième. Mais maintenant, si nous considérons la manière dont cette naissance est caractérisée, nous lisons : « né d’eau ». L’eau, dans l’Écriture, est employée habituellement comme la figure de la Parole de Dieu appliquée par l’Esprit. Elle peut être employée aussi pour marquer l’Esprit Lui-même dans Sa propre puissance ; mais toutefois je n’ai pas besoin de signaler l’étroite connexion qui existe entre ces deux pensées. Ici néanmoins, nous avons l’Esprit distinct de l’eau, et cela nous montre immédiatement la raison de la différence. L’eau est mentionnée, parce que Dieu veut appeler l’attention sur le caractère de ce qui est appliqué, sur ce qui agit moralement à l’égard de l’homme. Au premier abord il pourrait ignorer que ce qui lui a donné le sentiment de sa souillure, c’est l’Esprit de Dieu. Il est vrai qu’il doit toujours y avoir dans l’âme, toutes les fois que l’Esprit Saint opère ainsi, la conscience qu’il y a une action exercée — d’une sorte ou d’une autre. En un mot, il n’y a jamais, et il ne saurait y avoir, l’absence de la conscience de la chose, lorsqu’il y a une opération réelle de la part de Dieu. Mais alors il se pourrait qu’un homme ne comprît nullement que c’est l’Esprit de Dieu ; mais voici ce qu’il sait très bien, c’est que la Parole le juge — qu’elle le déclare coupable, et entièrement hors d’état d’être en la présence de Dieu. Ainsi l’eau est l’expression du fait que la Parole agit moralement avec l’âme, non seulement purifiant, mais convainquant l’homme d’être souillé. Il s’agit d’abord de la communication d’une nouvelle nature que l’homme n’avait pas auparavant. Et comme nous avons vu le caractère extérieur de cette action divine, de même nous en trouvons le caractère intérieur : « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit ».

Arrivé à ce point, il peut être bon de rappeler quelques passages de l’Écriture qui montrent que, sous différents rapports, c’est là le sens indubitable du passage. Prenons ce que dit l’apôtre Paul, dans l’épître à Tite, chapitre 3, lorsqu’il déclare que Dieu nous a sauvés « par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint ». C’est à dessein que je ne vais pas au-delà de ce point, parce que le verset suivant présente en effet un caractère plus complet de bénédiction que ce que notre Seigneur exprime ici. Jusque-là, il y a une liaison bien évidente avec notre passage, quand même on supposerait que « le lavage de la régénération » présente une autre application de l’eau, ou une autre figure, toutefois cette « régénération » est évidemment en harmonie avec la vérité que notre Seigneur avait devant Lui, et qu’Il présentait maintenant avec force à Nicodème. En outre, quand nous lisons dans l’épître de Jacques (1, 18) : « Il nous a de sa propre volonté engendrés », nous voyons le commencement d’une vie que nous ne possédions pas auparavant. Ce n’était pas seulement que Dieu nous eût ainsi éclairés ; ce n’était pas seulement qu’il y eût des pensées, des vues, des vérités, communiquées à l’esprit ; mais il y a une nouvelle sorte de vie ou de nature que l’âme n’eut jamais auparavant. « Il nous a de sa propre volonté engendrés par la parole de la vérité ». Non seulement nous avons le fait que nous sommes engendrés de la part de Dieu, mais aussi la Parole de la vérité, le moyen instrumental. Cela se lie évidemment avec l’expression « né d’eau » dans notre verset de Jean 3. Et encore, nous trouvons dans la première épître de Pierre, chapitre 1, 22, 23 : « Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité par l’Esprit » — nés « d’eau et de l’Esprit » — « pour [que vous ayez] une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment d’un cœur pur, [vous] qui êtes régénérés non par une semence corruptible, mais [par une semence] incorruptible, par la Parole de Dieu vivante et permanente ».

Il n’est pas nécessaire d’entasser des textes sur un point qui, on doit le présumer, sera familier à la plupart de ceux qui sont ici ; mais j’ai pensé qu’il serait bon d’en donner justement assez pour montrer comment la chose se retrouve chez tous les écrivains inspirés de la dernière et la plus complète révélation de Dieu. J’ai donc à dessein choisi des passages de différents apôtres. C’est une vérité commune, que ce soient des Juifs ou des Gentils auxquels ils écrivent, que ce soient Paul, ou Pierre, ou Jacques, qui écrivent. C’est la même vérité fondamentale ; mais, de fait, elle reçut son expression la plus riche et la plus complète, sa forme la plus définie et en même temps la plus profonde, des lèvres de notre Seigneur Jésus Christ. Car telle me paraît être la communication divine dans Jean 3, 3, 5.

Une autre vérité d’une grande importance est annexée à celle-là. Non seulement il y a une nouvelle nature, une nature, en tant que communiquée par la Parole de Dieu, par le moyen de l’opération de Son Esprit, toujours indispensable, comme nous le voyons, pour l’entrée de l’homme ; mais en outre, comme la nature de l’homme ne peut jamais être rendue éthérée, pour ainsi dire, ni améliorée ou modifiée de manière à s’élever jusqu’à une certaine connaissance des choses de Dieu, ne peut jamais être changée en une nature divine, par un procédé spirituel quelconque ; de même, d’un autre côté, la nouvelle nature ne peut se détériorer, ne peut dégénérer en « la chair », ou en la nature de l’homme tel qu’il est. D’un côté, comme notre Seigneur le dit : « Ce qui est né de la chair est chair », ainsi de l’autre : « Ce qui est né de l’Esprit est esprit ». La chose participe du caractère de sa source. Nous voyons ici que ce n’est pas seulement l’instrument, mais le grand agent vivant, qui nous est présenté. Je regarde cela comme étant de la plus grande importance. Si le Seigneur avait présenté l’eau ou la Parole d’une manière partielle, cela aurait laissé la porte ouverte pour l’esprit de l’homme — qui est en réalité, après tout, compris dans l’expression « la chair » — et ses prétentions auraient conduit à un genre de rationalisme bien subtil. Mais il n’en est rien ; « ce qui est de l’Esprit, est esprit ». La Parole de Dieu est, indubitablement, ce que Dieu emploie ; mais pourtant, dans le sens rigoureux, l’homme n’est pas né de la Parole ; c’est par la Parole, mais non de la Parole seule ; il est né de l’Esprit, si vous considérez la source réelle, active et personnelle.

« Ne t’étonne pas », donc, dit-Il, « de ce que je t’ai dit : Il vous faut être nés de nouveau ». Ici Il applique la vérité de la manière la plus directe et la plus distincte, non seulement quant à l’homme, ni comme ce qu’il faut à tout homme qui désire entrer dans le royaume de Dieu, mais Il dit maintenant : « Il vous faut être nés de nouveau ». C’est là surtout ce qui conduit Nicodème à poser sa nouvelle question. En réponse à la demande : « Comment se peuvent faire ces choses ? » Jésus lui répondit et lui dit : « Tu es le docteur d’Israël, et tu ne connais pas ces choses ? En vérité en vérité, je te dis, nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu, et vous ne recevez pas notre témoignage ». Évidemment c’est là une déclaration de la plus grande valeur, comme montrant la place de notre Seigneur Jésus Christ dans ce chapitre. Il parle comme Celui qui est familier avec Dieu ; comme Celui qui, non seulement agit de la part de Dieu, mais qui prononce avec l’autorité de Dieu ; comme Celui qui est absolument et parfaitement intime avec Dieu. « Nous disons ce que nous connaissons », dit-Il ; et l’expression implique une connaissance intime — une connaissance personnelle et intrinsèque ; non celle qui était donnée, ce qu’un prophète pourrait exprimer comme lui ayant été présenté, s’il en avait reçu la révélation. Jésus s’exprime comme connaissant Dieu et Sa gloire et en ayant la conscience. Voilà pourquoi, il semble, Il dit dans ce verset : « Nous disons ce que nous connaissons ». Dieu seul, Celui qui était Dieu, pouvait à juste titre parler ainsi, et nul autre. C’est donc dans la conscience de cette connaissance divine, que Jésus parle. En même temps aussi Il rend Son témoignage quant à ce qu’Il avait vu. Ce n’était pas seulement Celui qui était venu de Dieu, et qui dès lors s’en allait à Dieu ; mais c’était aussi Celui qui, tandis qu’Il était Dieu, parle de scènes de gloire dans lesquelles Il avait été. Il était avec Dieu, en même temps qu’Il était Dieu ; Il avait jeté les yeux sur ce qui convenait, si je puis ainsi parler, à la présence de Dieu ; Il avait la pleine connaissance de tout cela, non seulement de ce qui convenait à Dieu Lui-même, mais aussi de la scène où Dieu habite.

Ainsi donc, d’après cette parfaite connaissance de Dieu et cette parfaite familiarité avec le ciel, Il fait cette déclaration : « Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ». Or pour cette raison même, l’homme n’avait aucun goût pour cela ; — bien plus, non seulement l’homme en général, mais les Juifs n’en avaient pas. Leur scène, c’était la terre, et leur idée constante, fondée sur le témoignage de Dieu, comme Juifs, c’était Dieu se révélant ici-bas ; Dieu bénissant ici-bas ; Dieu abolissant le mal ici-bas ; Dieu délivrant Son peuple par des jugements ici-bas. Mais maintenant il y avait au milieu d’eux Celui qui différait essentiellement de tous ceux qui avaient jamais été sur la terre, Celui qui était réellement et exclusivement le Fils de Dieu. Mais ici, pour ainsi dire, Il prend, s’il est possible, une place plus intime que celle d’être simplement Celui que le Père reconnaît sur la terre, comme étant pour Lui bien-aimé et Fils ; car vous pourriez concevoir qu’une telle chose fût possible, sans qu’Il fût absolument Dieu dans le sens le plus étendu. Mais il y a l’union dans la personne de Christ, non seulement de la relation qu’Il a comme l’objet des délices du Père, mais de la nature même de Dieu Lui-même. En conséquence, il n’y avait pas une seule pensée dans la divinité à part de Lui, si toutefois il nous est permis de parler de la pensée comme appartenant à Dieu ; car, de fait, c’est une expression inexacte. Dieu ne pense pas — l’homme le fait ; mais Dieu connaît. Ainsi Jésus, le Fils de Dieu, avait cette connaissance absolue entièrement à part d’une révélation ; Il avait cette connaissance absolue de Dieu, de ce qui était en harmonie avec la présence de Dieu, avec la nature et le royaume de Dieu ; et conséquemment ici-bas sur la terre Il le communique aussi. Quelle place à occuper ! Quelle communion que celle où nous sommes introduits, bien-aimés frères, au milieu de cette mer de péché et d’iniquité, au milieu du soulèvement des hommes, orgueilleux dans la pauvreté de leurs propres pensées, et prouvant toujours qu’ils sont tombés et éloignés de Dieu ! Quelle merveilleuse chose que Celui-là nous soit ainsi présenté que l’homme veut rejeter et rejette en effet, en niant qu’Il soit Dieu !

Pendant que je m’occupe de ce sujet — sujet du plus profond intérêt possible — savoir, que Celui-là seul qui était homme, pouvait faire connaître Dieu à l’homme, j’ajouterai que je suis persuadé qu’il n’est pas dans la nature de la divinité, pour ainsi dire, simplement comme telle, de se faire connaître à l’homme ; et que le plan béni de Dieu Lui-même, qui était Son moyen pour nous sauver, est tout aussi nécessaire pour que nous Le connaissions, qu’il l’était pour nous sauver. Nous sommes plutôt portés à regarder l’incarnation de la Parole, le Seigneur Jésus Christ ici-bas, comme moyen de notre délivrance, et le fruit de Son œuvre dans l’expiation : nous sommes portés à moins estimer le privilège infini de connaître Dieu ; mais, après tout, connaître le seul vrai Dieu, et Celui qu’Il a envoyé, c’est la vie éternelle. Or c’est pour cette raison même que Dieu n’est jamais appelé la vérité, dans aucune partie de l’Écriture, ni rien de semblable ou d’équivalent. C’est une expression favorite du rationalisme et de l’incrédulité ; et voici pourquoi : c’est que l’homme, de lui-même, prétend connaître Dieu, mais de fait ne Le connaît jamais ; et le rationalisme, par le fait même que c’est la prétention de l’homme de connaître Dieu, de lui-même et en lui-même, ne peut y atteindre ; car Dieu n’est connu qu’en Christ, et pour cette raison même je ne puis connaître Dieu, précisément parce que je ne suis pas Dieu. À moins d’être participant de la nature divine, je ne puis Le connaître. C’est là la raison pour laquelle je viens d’insister sur cette vérité de la nouvelle naissance. Ce n’est pas simplement la foi, bien qu’il y ait sans doute la foi ; et la foi est le seul moyen possible pour être introduit dans la possession de cette nature. De plus, ce n’est pas seulement par la Parole, mais par l’application que l’Esprit Saint fait de la Parole ; par l’Esprit Saint, sans doute, pour ce qui nous concerne. Néanmoins c’est réellement la participation à une nouvelle nature, en vertu de laquelle nous connaissons Dieu. Or je dis que tant que ce serait simplement l’action de Dieu, s’il y avait uniquement cela, il ne pourrait jamais y avoir une telle participation à Sa nature ; car un Être uniquement divin ne saurait ainsi donner de Sa propre nature à l’homme, à moins qu’Il ne se fût révélé dans l’homme ; et ce n’est qu’en vue de Christ, et parce qu’Il est toujours présenté comme l’objet, qu’aucune âme ait jamais été rendue participante de la nature divine — qu’aucune âme soit jamais née de Dieu. Je n’ai pas besoin de dire que les saints de l’Ancien Testament étaient ainsi nés de Dieu. Ainsi notre Seigneur Jésus ne parle pas ici en vue de l’avenir, mais, de fait, d’une manière absolue, comme c’est Sa nature dans Jean, à moins qu’il n’y ait des exceptions expressément signalées ; c’est-à-dire qu’Il a devant les yeux et l’avenir et le passé ; Il regarde à travers tout le cours du temps jusque dans le royaume de Dieu. Et voici le passeport pour y entrer : il faut qu’un homme soit né de Dieu, ou, comme cela est expliqué ici, né d’eau et de l’Esprit.

Or la manière dont cela se fait, c’est, par le bon plaisir de Dieu, d’après Son amour souverain, à Lui, et Sa propre sagesse, de s’introduire Lui-même, pour ainsi dire, dans la nature de l’homme — de se révéler dans l’homme, aussi bien qu’à l’homme ; c’est-à-dire qu’Il demeure Lui-même dans une autre condition, dans laquelle il est parfaitement impossible que l’homme soit introduit, si ce n’est de cette manière bénie ; mais maintenant qu’Il se révèle dans un homme, moi qui suis un homme, je puis Le connaître. Par l’opération de l’Esprit Saint, selon Sa propre Parole, je puis être introduit dans une association vitale avec cet homme béni qui est Dieu. Et c’est ainsi que nous avons la preuve que les plus profondes vérités de Dieu, et celles qui pourraient paraître n’avoir aucune connexion immédiate avec ce dont nous venons de parler, sont des vérités essentielles : et c’est ainsi aussi que tout se trouve étroitement lié dans la foi des enfants de Dieu ; et tandis qu’ils admirent la merveilleuse manière dont il a plu à Dieu d’envoyer Son Fils né d’une femme — pensant uniquement à la chose comme à une nécessité pour l’abolition du péché — il peuvent apprendre qu’elle était nécessaire pour toute connaissance réelle de Dieu et toute communion avec Lui. Je ne puis rien connaître de Dieu, ni jouir en rien de Dieu, comme je Le connais maintenant et comme je jouis de Lui dans le christianisme, à moins qu’Il ne trouve bon de se révéler par le moyen de l’homme Jésus Christ. C’est-à-dire, pour me servir du langage du jour, tant qu’Il est simplement Celui qui est absolu, je ne le puis. Daignera-t-Il devenir relatif quant à moi ? Descendra-t-Il dans la condition dans laquelle je suis ? Car c’est là tout simplement le sens de ce qu’on entend par un langage si extraordinaire.

Il semble que c’est précisément là le besoin que notre Seigneur a ici en vue. Il affirme de la manière la plus forte ce qui Lui appartient comme Dieu : « Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ». Mais alors Il était descendu ici-bas pour parler à l’homme, et en conséquence la chose devint une question de témoignage. Il rend témoignage à la vérité que c’est le seul moyen par lequel l’homme puisse être introduit dans la félicité dont nous jouissons maintenant : il faut que l’homme soit né d’eau et de l’Esprit. Mais quelle réception ce témoignage trouva-t-il de la part de l’homme ? L’homme voyait les choses qui lui étaient propres, autour de lui, là où il était né et avait été élevé. Il ne se souciait pas des choses de Dieu ; bien plus, il était ennemi de Dieu. Éloigné de Dieu, il n’aimait pas entendre parler des choses de Dieu, ni de la sphère dans laquelle ces choses-là seules apparaîtraient. Telle est la tendance de l’homme tel qu’il est par nature : « Vous ne recevez pas notre témoignage ». Et il est remarquable que ces mots se trouvent immédiatement après ce que nous lisons dans le chapitre avant le nôtre, et qui semble une bien prompte réception des choses ; il y est dit, comme nous le savons tous, qu’ils crurent, contemplant les miracles qu’Il faisait ; mais il n’y avait aucune réception de Son témoignage. Il y avait une réception des faits — c’est-à-dire, qu’ils reçurent ce qu’ils pouvaient voir, et ce dont ils pouvaient juger. Or l’homme a toujours une meilleure opinion de lui-même à cause de cela, parce que le simple acte de recevoir les choses d’après des preuves place l’homme dans la position de juge : il conçoit, il tire des conséquences, il conclut, et il est un homme d’autant plus important parce qu’il le fait. C’est quelque chose qui s’accorde avec l’orgueil de l’homme, qui s’érige en juge, même quand il est question d’un miracle opéré par la puissance de Dieu ; tandis qu’ici c’est le témoignage de Dieu.

Qui est-ce qui n’éprouve pas tous les jours la chose même dont nous parlons ? Tant que les âmes demeurent sans être exercées, elles ne s’inquiètent pas de ce qu’elles entendent ; quand les hommes sont sérieux, ils doutent, ou tout au moins ils examinent et ils pèsent. Le double fait soit d’une résistance opiniâtre, soit de ce que vous pouvez appeler la réception indifférente d’un témoignage, prouve également qu’il n’y a aucune œuvre réelle dans la conscience. La raison en est simple. Si la chose pénétrait le cœur comme étant ce en quoi il trouve un profond intérêt, il s’y trouverait aussitôt de l’activité. Il pourrait même sembler qu’elle est trop bonne ; mais, malgré tout cela, le cœur serait profondément touché, et l’anxiété elle-même conduirait une personne à un plus ample examen. En même temps il y aurait le désir qu’elle fût vraie, toutes les fois que Dieu est le bienvenu pour l’âme ; et c’est là la forme que prend l’évangile : quand une personne est tout entièrement morte dans ses offenses et dans ses péchés, le témoignage de Dieu ne produit aucun effet. Il est tout aussi aisé d’une part, de le mépriser, que, de l’autre, d’en faire profession. L’effet de l’indifférence, c’est que vous trouvez soit la profession facile, soit l’opposition ouverte à la vérité. En un mot, les hommes passent soit à la forme d’une simple profession de foi d’une part, soit, de l’autre, à celle de l’incrédulité ouverte ; elles sont précisément, au fond, deux formes de la même chose dans l’esprit humain, en apparence totalement différentes, mais en réalité également de l’incrédulité. Tandis que, toutes les fois qu’une âme réalise l’importance de la vérité, la vérité, lorsqu’elle a été crue, touche nécessairement le cœur ; — et c’est là nécessairement le cas, pour la simple raison qu’en présence de ce dont Jésus nous rend témoignage, il est tout entièrement impossible d’avoir ce qu’on peut appeler cette foi accommodante. Il est impossible, si, étant justement condamné, et sentant que l’enfer serait nécessairement et devrait être ma portion, je crois que la grâce de Dieu en Christ m’en a délivré, en sorte que j’attends le moment avec assurance, où j’irai au ciel pour être avec Jésus ; — il est impossible, dis-je, que celui qui croit tout cela envisage froidement les choses. C’est pourquoi, lorsque vous trouvez cette espèce de foi traditionnelle, inerte et sans portée, qui reçoit les choses avec une extrême rapidité, et sans qu’il y ait aucune action réelle sur la conscience et sur le cœur, il est tout à fait évident qu’il n’y a aucune œuvre vitale de Dieu : c’est tout simplement une conviction humaine ou un sentiment humain dans l’esprit, et conséquemment une chose de nulle valeur. Notre Seigneur pose le cas selon Sa propre connaissance divine du témoignage, et nous fait connaître la résistance ou l’indifférence qu’Il rencontre de la part de l’homme. Mais en même temps Il fait entrevoir des choses plus élevées : « Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ? ». Ceci nous conduit à un point important qui modifie ce qui avait été posé. S’il y en a ici qui trouvent que cela est en dehors de leurs pensées ordinaires, j’espère qu’ils pèseront les paroles de notre Seigneur ; car c’est sur Sa vérité que je désire insister, et non sur des spéculations humaines.

Notre Seigneur Jésus avait parlé, de la manière la plus force, de la nécessité absolue de la nouvelle naissance pour tout homme, quel qu’il fût, afin d’entrer dans le royaume de Dieu. Nous devons en faire l’application et pour le passé et pour l’avenir à travers tout le cours des voies de Dieu. Maintenant, il y a un nouveau langage. Du moment qu’Il se présente comme introduisant dans sa plénitude le témoignage divin que l’homme ne reçoit pas, Il parle de la bénédiction dans un style beaucoup plus riche et plus précis. Tous ceux qui doivent se trouver dans le royaume de Dieu, soit dans les choses terrestres, soit dans les célestes, soit ici-bas, soit en haut, quand ce royaume sera établi et manifesté dans ses deux parties, il faut que tous ceux qui sont dedans soient nés de nouveau. Mais tandis qu’une âme qui reçoit l’évangile maintenant est née de Dieu, c’est bien loin d’exprimer la pleine vérité, que d’en parler simplement comme d’une nouvelle naissance. Ce n’est pas ainsi que Christ présente l’affaire, dans le discours même où Il insiste le plus sur la nécessité d’être né de l’Esprit. « Si je vous ai parlé des choses terrestres » — à l’égard desquelles c’était une condition essentielle d’être né de Dieu — « et que vous ne croyiez pas, comment croirez-vous, si je vous parle des choses célestes ? ». En connexion avec ces dernières, il dit : « Personne n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel : le Fils de l’homme qui est dans le ciel ». Ainsi Il confirme ce qui a été dit auparavant — savoir, qu’Il se présente comme étant bien véritablement homme, le Christ rejeté, le Fils de l’homme, mais aussi certainement Dieu. Le ciel était le lieu auquel Il appartenait, ou plutôt qui Lui appartenait. C’était là un royaume entièrement nouveau, et l’entourage en est tout aussi nouveau. Comme né de femme, né sous la loi, Il fut Lui-même vu et connu sur la terre et dans les limites du temps, et malgré toute Sa grâce, toute Sa puissance et toute Sa gloire, l’homme ne voulut point de Lui ; mais Celui qui était maintenant manifesté en chair ici-bas, était réellement le Fils unique, qui est au sein du Père, et revendique, même comme Celui qui est rejeté, le titre de Fils de l’homme qui est dans le ciel. Remarquez le langage avec soin. Ce n’est pas seulement qu’Il avait été dans le ciel, car cela est entièrement au-dessous de la vérité ; Il est là ; peu importe quand, peu importe comment — Il est toujours le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Le fait qu’Il était l’homme qui était dans l’humiliation ne fit que fournir l’occasion d’une nouvelle gloire pour Dieu et pour l’homme, en même temps que c’était le point de départ d’une nouvelle et plus pleine connaissance de Dieu de la part de l’homme. Il y avait là Celui qui, étant Lui-même l’infini, entra dans ce qui était limité, afin que les hommes, comme tels, pussent entrer dans la connaissance de Dieu, et voir le Père en Lui. Il faut qu’ils aient affaire à la Parole ; il faut qu’ils écoutent Celui qui est homme, de même qu’Il est Dieu. C’était la grâce, mais c’était la vérité ; c’était la seule manière dont la vérité pouvait être révélée. Avant cela il n’y avait qu’une manifestation partielle ; mais la chose merveilleuse, c’est que la pleine manifestation de la vérité se trouve dans l’homme — dans Celui qui est divin, mais qui n’en est pas moins homme. Rien donc ne peut être plus éloigné de la réalité que la pensée que, parce que Christ est venu en chair, apparaissant dans une sphère limitée, la vérité ne peut être connue. De fait, jusqu’au moment où la Parole fut faite chair, la vérité ne pouvait pas être pleinement révélée. C’est précisément dans la combinaison d’éléments en apparence incompatibles, unis dans la personne de Jésus, que vous trouvez la vérité. « Car la loi a été donnée par Moïse ; la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ ». C’est Lui seul qui met Dieu à même de montrer Sa justice en sauvant des âmes en grâce ; — qui en même temps s’est abaissé Lui-même et a glorifié Dieu au plus haut degré. C’est cet homme béni qui est le modèle de toute débonnaireté ; c’est Lui, néanmoins, qui efface toute la gloire de l’homme en un seul mot comme celui-ci : « Personne », dit-Il, « n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel ». Et ce n’était pas seulement qu’Il fût descendu. D’autres pouvaient y être ravis, comme nous le savons, par un acte de puissance ; mais Il pouvait prendre la place comme la portion même qui Lui était propre, et y entrer aussi simplement que possible quand l’heure serait venue. Il y a plus que cela ; comme nous l’avons vu, Il est dans le ciel. Ce n’était pas seulement une question d’y aller ; Il était « le Fils de l’homme qui est dans le ciel ». C’est donc là ce qui Lui appartient comme étant une personne divine, et ne pourrait être dit de nul autre ; et plus encore, cela appartient à cette personne divine seule, et à nulle autre. Comme homme, je ne puis m’élever au-dessus des choses de l’homme : telles sont les limites de l’esprit humain ; il ne peut par soi-même atteindre à Dieu, ni aux choses de Dieu, qui seul peut se révéler Lui-même — qui seul se révèle en effet Lui-même en la Parole — le Fils — et cela, d’une manière efficace, uniquement par l’Esprit Saint. C’est là la raison pour laquelle il est dit de l’Esprit de Dieu qu’Il est la vérité, comme cela est dit de Christ ; de Christ, comme envisagé objectivement, de l’Esprit, comme étant une puissance intérieure.

Le Seigneur Jésus, donc, ayant introduit de cette manière Sa propre personne divine, révèle ensuite la nécessité qu’une œuvre soit accomplie, afin de donner à Dieu le juste droit de conférer la bénédiction de Sa propre nature à l’homme pécheur. En conséquence Il la révèle ainsi : « Comme Moïse éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui, ne périsse point, mais » — quoi ? naisse de nouveau ? Non — « qu’il ait la vie éternelle ». Il y a évidemment ici une différence, et une différence du caractère le plus important et le plus significatif. Il n’est besoin d’aucune force de langage pour la présenter ; et même il n’est guère possible de l’exagérer. D’un autre côté, je ne nie pas du tout que si, dans les temps de l’Ancien Testament, quelqu’un était né de Dieu ou de nouveau, il eût la vie divine, ni que cette vie fût éternelle. Vous comprendrez donc qu’on ne met nullement en question ici le fait que tous les saints, du commencement à la fin, ont la vie éternelle. Nous sommes pourtant tenus de croire que le Seigneur est sage, et qu’Il avait une raison toute suffisante pour introduire à cette place une différence aussi marquée. Car maintenant, pour la première fois, après avoir déjà déclaré l’universalité de la nécessité d’être né de nouveau, lorsqu’Il en vient à exprimer l’application de cette vérité au croyant, fondée sur la rédemption, fondée, remarquez-le bien, sur Sa propre mort, comme Fils de l’homme élevé sur la croix, Il ne veut pas décrire la chose simplement comme une nouvelle naissance, mais Il lui assigne un autre mode et une autre qualité dans l’expression qu’Il en donne. Sans doute, Il est, Lui, le Fils, Celui qui vivifie tous les saints, et par conséquent pour moi ce n’est nullement une question, si les saints de l’Ancien Testament n’ont pas été aussi réellement vivifiés que nous-mêmes : assurément il fallait qu’ils le fussent, et ils l’ont été. Je tiens ceci, qu’il n’y eut jamais qu’un seul Sauveur, et que, par conséquent, la nouvelle naissance, dont tous ont besoin pour le royaume de Dieu, est toujours la communication, par l’Esprit, de la vie qui est dans le Fils de Dieu.

Néanmoins je maintiens avec une égale certitude, et sur l’autorité positive de la parole de mon Sauveur Lui-même, qu’Il refuse, Lui, quand il Lui plaît de décrire notre place, qu’Il refuse, si je puis le dire, de la confondre simplement avec ce qui appartenait à tous dans tous les temps. Ainsi, même pour cette vérité universelle et commune, dans son application à nous depuis la rédemption, Il emploie une expression particulière. De quelle façon merveilleuse donc l’Esprit de Dieu a montré, de cette simple manière, l’honneur qu’Il met sur Christ et sur la rédemption, quand Il présente ce fait glorieux, cette œuvre digne de Dieu — la plus grande, pour ainsi dire, en laquelle Dieu se soit jamais montré, même en parlant de ce qui est universel (dans le sens que cela s’applique à tous Ses enfants dans tous les âges et dans toutes les économies) ! Néanmoins le Sauveur le présente maintenant avec ce nouveau titre et cette qualité beaucoup plus élevée. Si nous sondons l’Ancien Testament nous pouvons trouver qu’il y est parlé de la vie éternelle, ou de ce qui lui est équivalent ; car nous ne tenons pas à des termes techniques, mais nous parlons des choses sous un point de vue pratique — nous parlons d’une réalité que notre Seigneur exprime, et qu’Il a préservée dans le récit inspiré comme une chose à laquelle il est de la plus haute importance que nous prêtions attention. Je dis donc que le Seigneur ne varie pas Ses phrases inutilement, mais que, s’Il donne une autre forme, Il veut que nous tenions compte de la différence. Avons-nous la douceur de la sagesse, si nous ne le faisons pas ?

Voici, il me semble, le résumé de ce que nous lisons dans l’Ancien Testament : par exemple il est parlé de « la vie éternelle » dans Daniel 12, et nous trouvons « la vie, à jamais », à la fin du psaume 133 ; mais nous pouvons remarquer ceci, dans ces deux expressions, « la vie, à jamais », et « la vie éternelle », qu’elles sont liées avec l’espérance de la présence et du règne du Messie, quand Il introduit le royaume de Dieu comme l’objet d’une manifestation visible. Mais la merveilleuse vérité qui apparaît dans Jean, c’est que la gloire de la personne du Fils, étant maintenant manifestée, nous introduit dans la bénédiction d’une manière entièrement indépendante de toute cette manifestation future. Nous n’attendons rien de plus : la raison en est, parce que nous l’avons, Lui. En conséquence, quoique le royaume puisse n’être pas encore venu dans ce sens-là, quoiqu’il n’y ait pas encore l’établissement de la bénédiction publique, quoique, de fait, les Juifs, au lieu d’être bénis, soient encore soumis à la malédiction sous laquelle ils se sont eux-mêmes placés : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants », et que la colère soit venue sur eux au dernier terme (c’est-à-dire, pour le moment, la suspension complète des promesses, pour ce qui les concerne, et la remise du royaume), malgré tout cela, nous sommes introduits même maintenant dans une scène illimitée de bénédictions riches et divines, et voici la raison, c’est que nous avons Christ, et que nous L’avons ainsi et maintenant.

Ce qui rend la chose si touchante aussi bien qu’instructive, gît en ceci, c’est que nous avons maintenant la consolation et la joie d’une association personnelle avec Lui-même. Si nous étions seulement « nés de nouveau », ce serait assurément une grande miséricorde ; mais cela ne confère rien de cette nature-là. Sans doute, je trouve ce titre indispensable pour le royaume de Dieu, venant de Christ et par le moyen de Christ ; mais cela ne m’associe pas en termes formels avec Christ. Personne ne pourrait dire de Christ qu’Il fût né de nouveau : l’homme qui le ferait serait un blasphémateur, et nierait nécessairement la personne de Christ. Ainsi donc, quand nous parlons d’être « né de nouveau », ou que nous en entendons parler, s’il n’y avait que cette seule expression, cela nous empêcherait plutôt de réaliser que nous sommes identifiés avec Christ ; car cela nous rappellerait la différence essentielle qu’il y a entre ce que l’homme acquiert par grâce, et ce qui était en Christ. Mais du moment qu’Il parle de la vie éternelle, j’ai part immédiatement à cette bénédiction. Ma portion en Lui c’est la vie éternelle ; car Il est cette vie éternelle qui était auprès du Père ; de sorte qu’au lieu de distinction dans la manière dont le Seigneur parle de ma participation à la nouvelle nature, cet état béni est maintenant présenté d’une manière qui est vraie de Christ Lui-même. Il n’est pas seulement question d’être introduit dans une position commune, pour ainsi dire, du corps et de la Tête ; ce n’est pas là l’objet ici (car il y a toujours une chose plus profonde que cela dans Jean, qui, je crois strictement, ne traite pas de notre place dans le corps) : l’objet que Jean a en vue, c’est la communauté de vie et de nature, plutôt que l’union du corps.

Quoiqu’il en soit, c’est là précisément ce que nous trouvons ici ; c’est-à-dire que nous savons maintenant que Christ parle de Sa propre manifestation ici-bas, du témoignage divin qu’Il rend Lui-même, et cela non comme une simple déclaration authentique selon Dieu, mais comme un témoignage personnel et divin ; car telle est la portée du verset 11 : — « Nous disons ce que nous connaissons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ». Ainsi nous voyons que la plénitude de la bénédiction est devenue nôtre. Il ne se contente pas de dire : « Il vous faut être nés de nouveau ». Cela fut toujours vrai, et c’est nécessairement vrai ; mais maintenant, bien qu’il s’agisse substantiellement de la même bénédiction, qui peut nier que le caractère dont Il la revêt, et sous lequel Il la présence à mon âme, porte son propre témoignage à cette vérité, que je reçois par grâce ce qu’Il a et ce qu’Il est ? Lui, le Fils, Il est la vie éternelle aussi bien que vrai Dieu. Mais à quoi servait-il, pour ce qui nous concernait, que Dieu soit ainsi manifesté en Lui ici-bas ? Il demeurait seul ; et l’homme aussi, demeurant hors de Lui, était mort aussi bien que dans d’impénétrables ténèbres. Lui, le Sauveur, est mort et ressuscité ; et je Le reçois, et je sais que « celui qui a le Fils a la vie », et que cette vie est la vie éternelle.

Mais si j’envisage simplement la croix du Seigneur Jésus Christ comme la base nécessaire de la justice divine, en même temps qu’elle était aussi la plus pleine manifestation de compassion envers moi, pécheur coupable et ruiné, cela ne suffirait jamais en soi pour établir mon âme en parfaite paix devant Dieu, encore moins cela me donnerait-il une connaissance adéquate de Lui. C’est pourquoi il se présente une autre expression, répétant, il pourrait sembler, le même résultat que dans les versets 14 et 15, mais en réalité découlant d’une source plus élevée encore ; « car Dieu », dit le Fils, « a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle ». Il n’y avait pas eu un mot auparavant au sujet de l’amour de Dieu, dans ce discours, pas plus qu’au sujet du monde ; c’était purement l’intervention du Fils de l’homme, et cela, sans doute, en vue de ce qui était absolument nécessaire. Tout comme il faut qu’un homme soit né de nouveau pour entrer dans le royaume, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé sur la croix, s’il devait y avoir une œuvre efficace en justice pour le pécheur. Mais maintenant il y a beaucoup plus ; car cela ne pouvait jamais satisfaire l’amour de Dieu — qui n’est que bien imparfaitement connu, s’il n’y a pas plus qu’un : « il faut ». Il n’en est pas ainsi. Que je voie ce qu’Il est, Lui ; que je connaisse ce qu’Il sent ; que j’aie le témoignage de Sa propre grâce en Christ ! Est-ce une faveur arrachée à Dieu ? Qu’ainsi n’advienne ! N’aime-t-Il point ? N’est-Il pas amour ? Laissez-moi écouter encore ce que Jésus nous dit, Lui qui savait tout, comme nul autre que Lui ne pouvait savoir ou déclarer ! Oui ; Lui, le Fils, connaissait Dieu parfaitement, et voulait Le faire connaître tel qu’Il est, et comme Il sent, même au sujet du monde. Ainsi donc, Il ajoute, couronnant cette révélation bénie, en Lui-même, de la grâce et de la vérité de Dieu, montrées dans Son œuvre, comme aussi dans Sa personne même — la couronnant, dis-je, d’une déclaration vraiment divine : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». Quelle chose bénie, mes frères, d’avoir cette vie éternelle, et de savoir que nous l’avons ; de l’avoir, aussi, non seulement comme ce qui devait arriver jusqu’à nous, comme les dépouilles péniblement conquises dans la rédemption, mais aussi comme le fruit gratuit, complet et spontané, pour ainsi dire, de Son amour, qui nous est donné en Celui qui était Lui-même l’objet le plus intime de l’amour du Père ! Ainsi envers ceux à l’égard desquels c’est ce dont ils sont le plus indignes, Dieu veut manifester ce qu’Il est, dans le don le plus précieux qu’Il pouvait Lui-même donner ; non seulement parce que je pourrais, moi, être béni d’une autre manière, mais parce qu’Il veut, Lui, selon Son propre cœur, me bénir pleinement. Il m’a donné cette vie en Son Fils, dont il n’est jamais parlé comme étant en aucun autre, une vie que je vois en Lui comme étant absolument parfaite, et parce que je la possède en Lui, je suis capable de communion avec Lui-même ici-bas.

Assurément, quelque bénédiction qu’il y ait d’avoir ce qui fait face à nos péchés et à notre misère, c’est incomparablement plus d’avoir le côté positif de la bénédiction, d’avoir ce en quoi Dieu Lui-même pouvait trouver et trouva en effet Ses délices dans Jésus, comme Il Le contemplait marchant en toute dépendance et obéissance, dans la lumière et dans l’amour — chose d’autant plus merveilleuse, parce que c’était dans l’homme sur la terre. C’est cette vie qui partage Ses pensées et Ses sentiments, qui entre dans toutes Ses joies, qui prend part à toute la douleur avec laquelle Il contemple l’homme rebelle et un monde ruiné, et maintenant, hélas ! nous devons ajouter, une chrétienté coupable. En Lui « était la vie ». Quelle chose bénie pour nous d’avoir en Lui cette vie même déjà mise à l’épreuve, en dépit de tous et au milieu de tous, comme s’élevant à tout ce qui est en Dieu, et pourtant exercée dans toutes les circonstances qui peuvent se rencontrer pour le cœur de l’homme ! Et c’est là, mes frères, en tant que nous possédons la vie éternelle en Christ, ce à quoi nous participons dans la grâce de notre Dieu ; car ce que nous vivons maintenant en la chair, nous le vivons dans la foi du Fils de Dieu, fondée sur la rédemption qu’Il a accomplie dans l’amour. Quant à moi, comme chrétien, ce n’est pas le vieux moi, mais Christ qui vit en moi : telles en sont la source et le caractère. C’est Christ aussi qui en est l’objet ; mais en même temps, avec l’objet, il y a la vie, et cette vie est en Lui-même dans le Fils de Dieu, même la vie éternelle.

Que le Seigneur veuille bénir Sa propre Parole, donnant à nos âmes de retenir fermement toutes les vérités que nous avons connues, mais d’apprendre aussi que Dieu est toujours actif dans Son amour, et voudrait nous donner une plus grande liberté et une plus grande plénitude par la réalisation d’un sentiment croissant de notre association avec Christ. C’est là assurément qu’a été le secret ; si en vérité nous avons déjà fait quelques progrès réels, cela a été toujours dans cette direction. Telles sont nos plus précieuses bénédictions ; et nous aurons, j’en suis persuadé, la preuve qu’il en est ainsi pendant toute l’éternité. Puissions-nous, en attendant, « être fortifiés en puissance par son Esprit dans l’homme intérieur » ; de sorte que le Christ habite dans nos cœurs par la foi, et que nous soyons enracinés et fondés dans l’amour, afin que nous soyons capables de comprendre la gloire qui est devant nous, et de connaître Son amour, lequel surpasse toute connaissance, et être ainsi remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu !

Méditation 2 — « Une source d’eau » — Jean 4

Le chapitre précédent nous a présenté, en rapport avec le sujet qui nous occupe, l’opération du Saint Esprit sur l’homme — cette nouvelle naissance, non pas de la nature de l’homme, comme on dit faussement, mais de Dieu, quoique dans l’homme, cette naissance d’eau et de l’Esprit, sans laquelle personne ne peut voir le royaume de Dieu ou y entrer. Il faut pour le royaume de Dieu une nature qui soit de Dieu. Une nature divine est seule capable de connaître Dieu et d’en jouir ; et nulle bénédiction accordée à l’homme, qui serait simplement une bénédiction extérieure, nulle œuvre (tout infiniment précieuse qu’elle pût être), qui serait accomplie pour lui, ne sauraient par elles-mêmes uniquement suffire pour la présence de Dieu. Elles pourraient bien justifier Dieu à l’égard du péché et même Le glorifier infiniment, comme cela a été réellement le cas, nous le savons, dans l’œuvre de notre précieux Seigneur Jésus Christ ; mais j’ose affirmer que rien de simplement extérieur à l’homme ne saurait mettre l’homme, qui est pécheur, en état soit de connaître Dieu maintenant, soit d’en jouir plus tard. Mais cette même grâce de Dieu, qui donne Christ pour l’accomplissement de l’œuvre de la rédemption, révèle Christ par le Saint Esprit au moyen de la Parole ; et par là l’âme est née d’eau et de l’Esprit. Il y a plus : maintenant, depuis la rédemption, l’homme a droit de la connaître dans sa forme pleinement révélée, dans son expression la plus élevée, celle qui convient au Fils de Dieu Lui-même. C’est-à-dire, que ce n’est pas seulement qu’il est converti ou né de nouveau, mais qu’il a la vie éternelle. Je ne veux pas nier le moins du monde qu’être né de nouveau c’est en réalité avoir la vie éternelle : je ne fais qu’expliquer, dans le sens qu’à mon avis nous devons lui donner, le langage du Seigneur, qui, au lieu de s’en tenir à l’expression la plus générale, ou à l’affirmation de l’absolue et universelle nécessité d’une nouvelle naissance, daigne nous présenter la bénédiction depuis la croix énoncée dans ce caractère qui Lui convient à Lui-même ; car Il est la vie éternelle, savoir, cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée. Ainsi la grâce a opéré d’une manière digne du Fils de Dieu.

Mais nous arrivons maintenant à une autre partie de notre sujet. Il ne s’agit pas simplement des besoins de l’homme, ni de la nécessité d’une nature qu’il n’a pas, et qui vient de Dieu seul. Quand Dieu envoie Son Fils bien-aimé dans un monde tel que celui-ci, Il ne prend jamais pour limites ce qui est indispensable à Sa présence. Il agit comme Dieu ; Il ne communique pas seulement la nature elle-même, mais aussi une puissance propre à opérer en elle ; Il donne ce qui constitue la force de son action, et la source de joie propre à la nature divine. En un mot, ce n’est pas seulement la vie éternelle, toute précieuse qu’elle est, et, comme nous avons vu, la plus riche forme d’expression de la nouvelle naissance ; mais Il donne le Saint Esprit. Or les circonstances étaient, comme elles sont toujours, appropriées à ce que Dieu voulait révéler.

Dans le chapitre précédent, l’homme était appelé d’une manière extraordinairement pressante, en dépit des difficultés qui semblaient être grandes et l’étaient, sans aucun doute, pour autant que son esprit pouvait en juger. Mais à présent il y avait un pas de plus dans le sentier de grâce du Fils de Dieu : Il était virtuellement rejeté. Au lieu de ce qui s’était passé au commencement où on croyait en Lui à cause des miracles qu’Il faisait, la jalousie des pharisiens était excitée, et le Fils de Dieu quitte avec douleur cette Judée vers laquelle Il était venu de la part de Dieu. Il ressentit cela profondément, comme Il fit toujours. Il ne pouvait en être autrement ; il ne devait pas en être autrement. L’amour ne pouvait que ressentir douloureusement ce rejet, car ce n’était pas simplement Son rejet à Lui : pour Son cœur, c’était, comme c’était le cas en effet, l’abandon de leurs propres gratuités, le rejet de Dieu Lui-même — le rejet, en Lui, de leur Messie ; mais cette réjection même Le conduit à une manifestation de grâce comme on n’en avait jamais entendu parler en Judée. Une femme de Samarie, peu faite, pouvait-on penser, pour la compagnie du Messie, une pauvre femme de la ville de Sichar, manifestement dégradée même au jugement de l’homme, Le rencontre tout seul au puits de Jacob où Il s’était assis, fatigué de Son voyage, et Jésus s’ouvre bientôt un chemin vers son cœur.

Jésus demande de l’eau à boire. Il s’approche toujours, non pas comme le Messie, bien qu’Il le soit, mais comme le Fils de Dieu qui n’avait pas besoin de gloire, mais qui avait besoin de montrer de la grâce ; car l’homme était perdu et Dieu était ému de compassion envers l’homme perdu ; et il n’y en avait qu’un seul qui pût satisfaire à ce besoin — c’était Lui. Aussi, mû par Son propre amour, Il s’arrête et adresse une demande à la femme : que ne ferait-Il pas pour atteindre son cœur ? La femme fut toute surprise ; car les Juifs n’avaient pas de relations avec les Samaritains. Pour elle Il n’était qu’« un Juif », et elle-même qu’« une femme de Samarie ». Quelle erreur à l’égard de l’un et de l’autre ! Mais Jésus lui dit : « Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive ». Elle ne Le connaissait pas. On pouvait à peine dire qu’elle connaissait la loi de Dieu, quoiqu’elle en parlât ; mais pour ce qui est du don de Dieu — qui avait jamais entendu parler d’une telle pensée ? Qui, en Israël tant favorisé, s’était jamais arrêté à cette vérité que Dieu donne ? Tout ce à quoi cette femme était attachée donnait une idée toute contraire de Dieu : la religion de l’homme Le considère comme un être qui reçoit. Il est vrai qu’elle n’était qu’une femme pécheresse et perdue ; mais dans une condition pareille on peut avoir l’orgueil religieux et partager la jalousie de ce qui avait des droits supérieurs. Dans tous les cas, pour elle — et même pour ceux qui auraient dû avoir une bien meilleure connaissance — Dieu est toujours un être qui exige, et non pas quelqu’un qui donne comme Dieu seul peut donner. L’esprit de l’homme ne s’élève jamais au-dessus de cette notion de Dieu, et jamais moins que dans ce qu’il cherche pour son âme. Il peut bien arriver à connaître les effets de la sagesse et de la puissance divines, mais Dieu Lui-même demeure inconnu, et on ne saurait jamais Le connaître sauf en Christ, c’est-à-dire en Son Fils. Ceci elle ne l’avait pas appris encore : elle ne se doutait pas le moins du monde qui ce pouvait être qui lui avait dit : Donne-moi à boire. Si elle eût connu qui Il était, elle aurait eu distinctement et glorieusement devant son âme Dieu, comme donateur.

Mais la grâce était loin de ses pensées ; c’était un Juif qui lui demandait de l’eau à boire. Elle ne connaissait pas la dignité de la personne de Celui qui était maintenant un homme sur la terre parmi les hommes ; elle ne savait pas qu’Il était le Fils, le Fils unique ; elle ne connaissait pas la gloire de Celui qui ne prouva jamais mieux Sa gloire que lorsqu’Il s’abaissa ainsi pour des pécheurs et pour leur nécessité ; car qu’y a-t-il de plus profond de la part de Dieu, ou du Fils de Dieu, que cette expression de grâce, cet abaissement en amour — non pas en condescendance, mais en réelle bonté ? La condescendance n’est qu’une sorte de patronage, quelque chose d’humain, de mondain ; l’idée même m’en répugne, sauf pour la petite scène de l’homme. Il n’y avait, ni ne pouvait y avoir, rien de pareil en Celui qui est la vraie, la seule manifestation de l’amour divin — d’un amour qui n’avait pas de motif en dehors de Lui-même, qui était amour dans Sa propre nature. Et Jésus était cela, et Il était maintenant sur la terre pour le manifester. Qu’y avait-il dans une pauvre créature pareille de propre à attirer en quelque manière ou à quelque degré que ce soit ? C’était Dieu donnant ; c’était le Fils s’humiliant ; quant à la forme extérieure, sans doute, demandant, mais demandant afin de pouvoir donner, ne faisant du don d’un peu d’eau qu’Il lui demande, que l’occasion de ce don de l’eau vive de laquelle si quelqu’un boit, il n’aura plus soif à jamais. C’était certes pour elle un son bien nouveau que cette expression « de l’eau vive ».

Avant tout j’appelle votre attention sur l’expression elle-même. Être né de l’Esprit est une chose entièrement différente du don de l’Esprit. Ce sont deux pensées sans connexion quelconque entre elles, bien que, naturellement, l’une soit tout aussi vraie que l’autre. La première de ces choses avait toujours été. L’Esprit de Dieu avait toujours travaillé, sûrement et sans faillir, dans les âmes depuis que le péché était entré dans le monde ; mais l’Esprit de Dieu ne fut jamais donné jusqu’à ce que le Fils de Dieu fût manifesté, jusqu’à ce que Dieu Lui-même eût pris la position de donateur, et que le Fils eût pris celle d’humiliation en amour pour les pécheurs, et eût demandé à la plus nécessiteuse des âmes de Lui donner à boire, éveillant sa confiance par Sa grâce parfaite. C’est là la grande vérité qui rayonne de toute part dans cet évangile. Et vous le remarquerez, Christ est le donateur. Il ne s’agit pas de Lui-même, non plus que de la vie éternelle simplement ; nous avons eu déjà cela pleinement et l’Écriture ne se répète pas. Quoique toutes les parties de la vérité de Dieu soient très certainement en parfaite harmonie, toutefois nous sommes ici sur un nouveau terrain, en présence d’une tout autre nature, de besoins plus profonds donnant lieu à une plus profonde grâce. Ce n’est pas un docteur d’élite qui est devant nous, mais une misérable femme, repoussée de tous, de nulle valeur aux yeux de qui que ce soit dans ce monde. Tel était l’être à qui les profondeurs de la grâce dans le Fils de Dieu furent plus ou moins révélées. Cette femme, il est vrai, prouva de la manière la plus évidente qu’elle n’était nullement préparée pour le don inestimable. Et nous n’avons pas lieu de nous en étonner. Je ne pense pas que si on lit comme il faut le chapitre 3 et le chapitre 4 de Jean, il y ait plus sujet de s’enorgueillir du savant Nicodème que de la femme ignorante de Samarie. La vérité sur laquelle le Seigneur insiste dans la première de ces deux scènes était, si possible, plus indispensable à connaître pour l’homme : combien eût-elle dû être connue du docteur d’Israël ! Jusqu’à quel point la saisit-il alors ? C’est ce que nous ne saurions dire. Dans le dernier incident, le don de l’eau vive était une vérité qu’antérieurement à ce moment-là personne n’eût pu connaître. Bien loin que ce fût une chose d’une nécessité générale et dont on fût tenu d’avoir connaissance, comment pouvait-on la concevoir ? Quand avait-il jamais été donné une révélation de Dieu et de Sa grâce telle que celle que Jésus avait présentée à cette femme en Jean 4, 10 ? Où y avait-il jamais eu un pareil déploiement de la grâce divine, Dieu donnant de la sorte, le Fils s’abaissant ainsi en amour jusqu’à un être en dehors de toute justice, et le Saint Esprit source vive de rafraîchissement pour le cœur ? La femme se rejette cependant sur ce qui est la ressource constante de la nature dans ce monde, c’est-à dire la tradition — « le puits de notre père Jacob ». C’était un effort pour échapper à ce qui était trop vaste, trop profond, trop divin pour qu’elle y entrât. Jésus avait quitté le lieu où Son peuple habitait à l’ombre d’ordonnances divinement imposées. Des desseins d’un ordre plus élevé étaient en voie de s’accomplir. Notre évangile ne Le présente pas comme venu pour mettre à effet les destinées en réserve pour le pays de la promesse ; car, après tout, qu’est-ce que la promesse ? C’est la grâce mesurée. Jésus était venu dans une grâce sans mesure, car tout était perdu, là où il n’eût pas dû y avoir un objet servant de cachette pour l’âme. Mais où un pécheur n’en trouvera-t-il pas une ? Elle se retire derrière cet abri de l’orgueil, même pour une femme de Samarie — « le puits de son père Jacob » ! Il en avait bu, et son bétail, aussi bien que ses enfants : qu’était-ce donc que Jésus se faisait Lui-même ? Oh ! la flétrissante incrédulité du cœur, si prompte à obscurcir la riche grâce de Dieu ! Toutefois Jésus use de patience envers sa folie et lui dit : « Quiconque boit de cette eau-ci » — quoique puits de Jacob — « aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais ». Et plus que cela, « l’eau que je lui donnerai sera en lui une fontaine d’eau jaillissante jusque dans la vie éternelle ».

Cela suppose la vie éternelle, mais suppose une source divine de joie que la vie éternelle en elle-même n’est pas, ni ne saurait jamais être. Au contraire, on détruirait toute la vérité de cette nouvelle et divine nature si on maintenait que la vie elle-même est une source. Telle n’est pas la nature de la vie ; elle est essentiellement dépendante ; mais ici je trouve une source, une source continuelle de secours. C’est-à-dire, qu’il ne s’agit pas simplement d’une nouvelle créature qui, par le simple fait qu’elle est une créature nouvelle et aussi de Dieu, s’appuie sur celui d’où elle vient, et trouve son appui et sa force dans un autre ; mais ce que nous trouvons ici c’est une source vivante de joie. La figure même du puits emporte parfaitement cela et même beaucoup plus, lorsque nous pensons à ce qui est entendu sous ce terme « eau vive » : car nous ne devons pas y voir quelque condition absolument indispensable pour être en relation avec Dieu. Hélas ! quelle eût été dans ce cas la triste vérité de tout ce qui a jamais vécu jusqu’à ce temps-ci ? C’était un privilège nouveau ; c’était une plénitude de joie qui, dans les voies et les conseils de Dieu, ne trouvait son temps et son application propres qu’à la venue du Fils. Il était impossible que Dieu ne signalât pas, d’une manière qui fût en proportion avec elles, la venue de Son Fils et Sa propre manifestation dans la présence de Son Fils ici-bas en grâce, aussi bien que l’accomplissement de l’œuvre infinie de la rédemption. Non que cette œuvre soit mentionnée ici ; mais elle est cependant impliquée dans l’humiliation du Fils. C’était impossible, je le répète, que Dieu ne signalât pas par quelque nouvelle bénédiction, quelque nouvelle source de joie pour le croyant, la mise au jour, la réalisation du plus grand des desseins de Sa pensée et de Son cœur. Pour peu qu’on Le connaisse on confessera qu’il ne pouvait en être autrement. L’homme peut éprouver le désir de faire passer le niveau sur les magnifiques scènes des voies de Dieu, et de supprimer les monuments glorieux qu’Il y a dressés — toujours éclatants témoignages de Sa bonté dans ce monde, toujours pleins de sagesse et de bénédiction ; mais que l’homme nivelle tant qu’il voudra, que sa volonté s’ingère même dans les choses concernant la révélation de Dieu, la Parole de Dieu demeure et demeurera éternellement. Le dessein de Dieu est de faire toutes choses pour la gloire de Son Fils. Et ainsi quand le Fils est venu, il y a eu plus que simplement le don d’une nouvelle nature ; ceci avait toujours été en grâce, que les âmes séparées pour Son nom fussent nées de nouveau, propres pour Sa présence. Mais maintenant, outre la communication de cette nouvelle nature et le fait que Dieu regardait à l’œuvre puissante qui Le justifierait dans le pardon des péchés, maintenant, dis-je, la nouvelle naissance pour le croyant est manifestée dans sa véritable nature et sa véritable valeur, comme la vie éternelle dans le Fils.

Mais nous avons vu qu’il y a davantage encore. Il y a une puissance divine pour celui qui reçoit la vie éternelle, une fontaine d’eau en lui, comme il est dit ici, jaillissant jusque dans la vie éternelle. Ainsi, évidemment ce n’est pas seulement le fait, mais la puissance de la vie éternelle ; et cela non pas tant dans une nature communiquée, que dans un flux intarissable se rattachant à la source. J’admets qu’il n’est point question encore ici de la personnalité du Saint Esprit : ce point sera traité au moment convenable. Cette vérité se trouve plus loin, et elle nous sera présentée à sa place, j’espère, dans une autre occasion. Mais ici tout nous est présenté exactement selon la pensée de Dieu et l’exactitude de la sagesse divine. Il n’est pas encore question d’une personne : quand le saint Fils de Dieu s’en va, et que cette question est pleinement présentée, alors une autre personne arrive et prend la place de Christ ; et de cette manière tout le sujet est présenté admirablement et dans l’ordre. Ce que nous avons présentement, c’est la puissance, plutôt qu’une personnalité ; mais une puissance intérieure pour celui qui a la vie éternelle, afin que son âme puisse sentir la pleine joie de la grâce. C’est donc de ceci que parle le Seigneur quand Il dit : « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi », etc.

Maintenant considérons un moment ce que l’homme est depuis la chute, et ce que Dieu est comme Celui qui s’est révélé dans et par le Fils à une pauvre créature déchue, s’il en fut jamais. Quel fut le changement qui survint lors de la chute de l’homme ? Quand Adam fut créé, éprouva-t-il quelque soif dans le sens spirituel de ce mot ? Absolument aucune. Pour un être sans péché il ne pouvait être question de soif. C’eût été dans la création un défaut que notre Dieu n’y attacha point ni ne pouvait y attacher, puisque tout était très bon. Je ne pense pas que tel ait été le cas même sous le rapport physique ; mais je suis sûr que, dans le sens dans lequel parlait notre Seigneur, Adam n’éprouvait pas le besoin d’une nourriture qu’il ne possédait pas ; il était incapable de la soif en question parce qu’elle suppose que le cœur n’est pas satisfait, qu’il n’y a rien autour de lui pour le satisfaire, qu’il goûte un désir incessant après ce qu’il n’a pas trouvé, ni ne peut trouver. Telle n’était pas la condition d’Adam dans l’état d’innocence, créé droit par la main de Dieu. Sa satisfaction de créature éclatait, sans aucun doute, non pas certainement en culte spirituel, mais au moins en actions de grâces rendues à Dieu. Il jouissait de la bonté et de la sagesse de Dieu dans les innombrables excellentes choses répandues autour de lui et au-dessous de lui. Il pèche, tombe, et, en même temps que la connaissance du bien et du mal qu’il avait acquise, il voit naître en lui ce désir après ce qui ne pouvait jamais satisfaire. Et telle est en conséquence la condition de tout être déchu. Sous sa forme la meilleure, c’est l’espérance, car l’homme espère et ne peut qu’espérer : de fréquents et amers désappointements à l’égard des choses de ce monde peuvent écraser l’esprit ; toutefois, même quand il en est ainsi, qui ne sait comme l’espérance survit toujours, espérant contre toute espérance ? Mais c’est ce qui est venu avec la chute ; car la meilleure forme que vous puissiez donner à cela, au point de vue qui nous occupe, c’est celle de l’espérance, en tant qu’impulsion constante à l’activité. L’homme, comme il a été dit dans l’Écriture, est devenu comme Dieu. Et ainsi il y a eu en lui ce désir d’être quelqu’un — quelque chose — dans ce monde ; en fait, de prendre virtuellement la place de Dieu Lui-même. Naturellement l’audacieuse aspiration est tenue en échec par Dieu, et même elle ne s’est pas encore pleinement manifestée ; mais elle existe dans le cœur et se donnera certainement pleine et libre carrière lorsque Dieu retirera tous les obstacles et que Satan mènera à bout tous ses desseins. Le temps approche, et approche rapidement ; mais depuis le jour où le péché est entré jusqu’à aujourd’hui, ç’a été précisément ce désir de ce qu’il n’a pas obtenu qui a poussé l’homme à l’activité dans un monde perdu.

Contrairement à cela, Jésus vient et donne, non seulement la vie éternelle, mais « l’eau vive » ; et tout aussitôt il y a un objet parfait pour le cœur, ce qui n’avait jamais eu lieu auparavant, avec une puissance nouvelle pour en jouir. Jadis, même ce qui éveillait le cœur prenait encore le caractère de l’espérance pour ce qui était dans l’avenir. Il y avait confiance en Dieu et en Ses promesses, pour ainsi dire. Mais maintenant un changement immense avait lieu. Christ était venu ; Celui qu’on attendait était présent. Dieu Lui-même était ici, dans la personne de cet homme assis fatigué près du puits de Sichar, le plus humble des hommes, le plus effacé, mais se montrant d’autant plus, du sein même des profondeurs de Son abaissement, être le vrai Dieu dans Son amour ; car dans Son don Dieu ne voulait donner rien moins que Dieu. Non seulement Il voulait donner la nature qui est de Dieu, mais Il voulait qu’il y eût dans l’homme une puissance divine de jouir de cette nature et des relations qui lui sont propres, de l’objet qui lui est approprié, du culte et du service en rapport avec elle. En ceci nous trouvons sur-le-champ ce qui répond, selon Dieu, à la chute et à ses conséquences ; ce qui y répond, non pas à la maigre façon d’une simple accommodation à la ruine humaine, pauvre stérile remède, vaine réparation, mais d’une manière telle qu’elle prouve et manifeste Dieu Lui-même en donnant toute leur riche et vaste portée aux ressources qui sont en Lui. C’est la révélation de la grâce du Fils dans la puissance du Saint Esprit. C’est le christianisme dans quelques-uns de ses éléments les plus simples, les plus élevés, les plus importants : une personne divine descendue ici-bas dans un amour parfait, si c’est un Juif en dehors du judaïsme, ayant devant Lui une femme samaritaine coupable, lui adressant une demande, non pas pour Lui, mais pour elle, lui demandant la plus petite chose qu’elle pût donner en vue de fixer son attention, afin qu’Il pût la bénir de Sa plus grande bénédiction à Lui, d’une bénédiction impérissable, et cela dès à présent et pour toujours. Ce n’est pas seulement d’une nature nouvelle qu’il est question, mais d’une puissance actuelle pour l’homme et dans l’homme, mais de la part de Dieu, et en elle-même très formellement divine. Et c’est là précisément ce que nous possédons maintenant pour la joie de nos âmes. Il nous a donné l’Esprit de Dieu ; Il a accompli Sa Parole. Dieu a envoyé l’Esprit de Son Fils, comme il est dit, dans nos cœurs, criant : « Abba, Père » ; « l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné ».

Il n’y a pas simplement la vie éternelle, mais en outre et par-dessus le don de cette vie, le Saint Esprit Lui-même nous est donné. Et, remarquez-le, c’est alors que nous trouvons que le croyant « n’aura plus soif à jamais ». Cela n’est pas dit de celui qui est simplement né de nouveau, ni même quand il est fait mention de la vie éternelle seule ; et, de fait, ce n’était pas vrai non plus lorsque les âmes étaient nées de nouveau et rien de plus, car jusqu’au temps où Dieu a donné en Christ et par Christ le Saint Esprit de grâce, il y avait dans les âmes un certain désir des choses du monde ; et Dieu Lui-même ne condamnait pas absolument cela dans une certaine mesure, mais le permettait — peut-être à cause de la dureté de leur cœur. Un homme pouvait, pour ainsi dire, avoir ce monde-ci, et avoir aussi le monde à venir — cela même que ceux qui sont tristement aveuglés quant à la vérité et ignorants du vrai christianisme estiment être possible même aujourd’hui, comme nous le savons. Alors les croyants n’étaient pas traités comme absolument morts à la chair et au monde. Dans l’Ancien Testament nous ne rencontrons pas un pareil langage, même chez les saints de Dieu, pas plus chez les pères que parmi les enfants d’Israël ; nous trouvons tout l’opposé plus particulièrement dans la forme tout entière de la condition juive — une espérance tout premièrement en quelqu’un qui devait venir, mais en même temps pas de délivrance actuelle du cours du monde comme système jugé. Il y avait des fruits de la foi pleins d’intérêt pour nous, dans lesquels les saints s’élevaient par la grâce de Dieu bien au-dessus de tout ce qui les entourait ; et c’est ainsi que Dieu nous donne de précieuses instructions par ce qui nous est dit d’Abel, d’Énoch, de Noé, d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Joseph, de Moïse, et des autres. Mais malgré tout cela, c’est un fait manifeste au milieu de toutes ces choses que, concurremment avec une espérance à qui son objet n’avait pas encore été révélé, et pour laquelle l’œuvre infinie de la rédemption était encore moins accomplie et posée comme une base pour la foi, il y avait aussi une certaine mesure d’attachement pour ce qui se trouvait ici-bas sur la terre qui n’était pas encore entièrement une chose jugée.

Maintenant, si Christ ne suffit pas au cœur, comment cela se fait-il ? C’est parce que le Saint Esprit ne nous est pas donné ; c’est parce qu’Il ne remplit pas mon cœur jusqu’à le faire déborder de la grâce de Jésus ; c’est parce que, tout en étant divinement attiré à Christ, je ne me repose pas en Lui et suis encore occupé de moi-même, rampant dans la boue de ma nature, au lieu d’être emporté par la puissance de l’Esprit avec ce Christ qui est ma vie. De cette manière Il ne me suffit pas à Lui tout seul, et je soupire aussi ardemment après ce qui est sans valeur, ce qui est mondain, ce qui est charnel. Quelle en est la conséquence ? Ce peut être, et c’est certainement très triste qu’il faille qu’il en soit ainsi ; car Dieu en Christ dans la plénitude de Sa grâce ne suffit pas au cœur ! La possession et la connaissance d’un privilège constituent un accroissement de responsabilité, mais la première chose pour la foi c’est d’y entrer et de le posséder ; et Dieu ne permettra pas non plus que nos cœurs soient occupés de ces choses simplement comme affaire de témoignage, mais Il veut que notre âme y prenne ses délices par la puissance qu’Il nous a donnée. Toutefois ce que j’affirme maintenant c’est que le christianisme est parfaitement manifesté, et qu’il est manifesté aussi selon la sagesse de Dieu ; car, avant tout, la nature divine est révélée dans la personne qui en est la plénitude et la complète expression, et, de plus, la puissance pour en jouir est donnée. Il en résulte que, en même temps que le cœur trouve dans l’objet révélé ce qui seul peut satisfaire, parce que c’est une personne divine, et de plus le Fils de Dieu qui m’a aimé, la puissance de l’espérance n’est pas perdue. Car j’ai aussi une espérance — non pas à présent une simple espérance, comme c’était le cas jadis quand il n’y avait rien d’autre, mais dans un monde tel que celui-ci, étant encore dans le corps, Dieu ne nous en laisse pas manquer, nous qui avons besoin d’un pareil excitant. Il n’y a pas encore soif lorsque dans l’Esprit nous jouissons de Christ, mais il y a encore espérance ; mais alors Celui qui en est l’objet est Celui-là même que je possède. Le Christ après lequel je soupire est le Christ que j’ai actuellement, et je ne trouverai jamais dans ce bien-aimé la plus légère différence. Je Le connaîtrai mieux et Le louerai davantage, car je serai dans une condition où c’en sera fini de mes infirmités, où mon corps lui-même sera incorruptible et glorieux, et où ne se trouvera rien de nature à nuire, à détruire, ou à produire de l’obscurité, mais je Le trouverai, Lui, le même Christ qui m’aime aujourd’hui parfaitement. N’est-ce pas précieux de savoir que cela est vrai même maintenant pour nos âmes — que nous Le possédons ici aussi certainement que nous Le posséderons dans le ciel ? Ainsi pendant qu’il nous reste en un sens le bénéfice de la recherche, de l’espérance de quelque chose, dans un autre tout aussi vrai nos cœurs goûtent un repos réel pour autant qu’il s’agit de leur objet. Nous n’avons pas perdu l’espérance comme énergie d’activité justement excitée et exercée dans un monde ruiné. Ce serait là certainement une perte pendant que nous sommes ici-bas. Mais il faut que l’espérance passe. Dans le ciel il n’est plus question, nous le savons, ni de foi, ni d’espérance, car elles supposent toujours une condition imparfaite, déchue, pour ce qui concerne le milieu dans lequel elles ont à s’exercer ; mais alors la manière selon laquelle nous avons l’espérance c’est, que nous possédons en Christ révélé à notre foi l’objet parfait pour un cœur renouvelé, et que nous sommes nous-mêmes bénis selon la perfection de l’œuvre qu’Il a accomplie, de sorte que la conscience aussi bien que les affections jouissent d’un repos parfait. Et comme en même temps la vieille création est encore là, et nous dans le corps au milieu d’elle, nous possédons dans l’espérance un précieux aiguillon pour nous exciter à l’activité de l’amour. Tout cela, je le demande, n’est-il pas digne d’un Dieu tel que le nôtre ? Et n’est-ce pas Dieu agissant selon Son amour parfait avec Ses enfants qu’Il a ainsi bénis avec Christ Son propre Fils et en Lui ?

Mais il y a plus que cela. Je n’ai pas besoin d’entrer dans ce que nous avons souvent considéré et sur quoi nous serions heureux d’insister s’il s’agissait des besoins d’une âme inconvertie. Je laisse donc de côté ce qui démontre la nécessité d’atteindre l’esprit par le réveil de la conscience. C’est précieux, sans doute, qu’il y ait eu avant cela la preuve de l’amour, car je comprends que la conscience ne saurait supporter d’être atteinte à moins qu’il n’y ait eu préalablement un témoignage d’amour ; mais qui voudrait maintenir qu’un témoignage d’amour serait par lui-même suffisant pour un pécheur ? Il faut qu’il y ait réveil et mise en exercice de la conscience ; et c’est ce que nous trouvons ici.

Mais le point sur lequel il importe maintenant d’attirer très rapidement l’attention, c’est le rapport de cette précieuse puissance de l’Esprit — la source divine de la joie dans l’âme — avec ce culte sur lequel la femme, sachant peu ce qu’elle allait dégager, adresse une question au Sauveur : affaire de pure spéculation pour elle, certainement, peut-être même, palliatif pour une conscience qui était blessée et qui ne se prosternait pas encore complètement devant Dieu ; mais quel que puisse avoir été le motif de sa question, quelque mélangé que fût ce motif, comme je présume qu’il l’était réellement (chose hélas ! que nous connaissons trop bien), cette femme est l’occasion de nous faire entendre du Seigneur pour notre édification un précieux enseignement sur une très importante portée du don de l’Esprit. Car nous ne sommes pas seulement les objets de l’amour divin ; nous ne sommes pas seulement en possession de la vie éternelle et du Saint Esprit, mais tout cela est en vue de fins excellentes selon Dieu ; et ce qui réclame ici notre attention, est nécessairement la fin la plus élevée — ce qui monte, non pas ce qui descend. Nous avons notre place de culte, nous avons notre place de service ; et le culte et le service sont précisément les deux directions dans lesquelles, agissant en nous comme l’eau qui jaillit jusque dans la vie éternelle, le Saint Esprit conduit nos âmes. Le culte de Dieu Lui-même, de notre Père, est la première chose, la chose suprême. Il faut qu’il soit cela : comment pourrait-il être convenable autrement ? Mais nous sommes encore dans ce monde où sont des âmes qui périssent ou qui, si elles ne périssent pas, sont dans une extrême nécessité et réclament notre service ! Je parle ici des enfants de Dieu et je répète cette expression dans l’état actuel de la chrétienté — c’est pour eux un état de profonde pénurie. Et en conséquence le ministère de la grâce a sa juste application ici-bas.

Ce qui se présente ici en tout premier lieu pour le saint, et c’est le seul point sur lequel je désire m’arrêter en terminant notre méditation de ce soir, c’est donc cette connexion de l’Esprit avec le culte tel qu’il est expliqué par Christ. « Nos pères », dit la femme, « ont adoré sur cette montagne-ci » (car elle avait son opinion, et une opinion très décidée) « et vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer. Jésus lui dit : Femme, crois-moi : l’heure vient que vous n’adorerez le Père, ni sur cette montagne, ni à Jérusalem ». Ainsi, devant la présence du Fils disparaissent non seulement les faux systèmes mais même ce qui, comme révélation partielle, avait été sanctionné de Dieu : non seulement la montagne de Samarie, mais Jérusalem elle-même. Comment cela se fait-il ? Il en était pourtant ainsi. Comment Jérusalem pouvait-elle garder sa place en présence du Fils de Dieu rejeté ? La ville du grand Roi ! Si le grand Roi eût été reçu comme tel, Il aurait pris Son siège dans cette cité conformément aux termes de l’ancienne promesse. Mais c’est là précisément ce qu’on avait refusé de faire ; et maintenant le Roi lui avait tourné le dos, comme Il était Lui-même méprisé par ceux qui se donnaient en elle pour les meilleurs et les plus sages. Cela ne sert qu’à faire ressortir la plénitude de la grâce divine, et atteste, en outre, qu’ici, comme toujours, la plénitude de la grâce est attachée à la plénitude de la gloire. Un péché aussi flagrant touchait à la gloire et donnait occasion à la grâce de Dieu. Ne vous y trompez pas. Il n’y a pas d’indifférence en Dieu qui s’oppose à tout péché commis contre Christ, dans l’amour même qu’Il porte à Son peuple coupable, aussi bien qu’Il ne peut souffrir le déshonneur fait à Son Fils ; pareillement, lors même qu’il ne s’agisse que de l’intérêt de l’Église ici-bas, Il ne veut pas laisser passer la plus petite tache, la moindre souillure, ni qu’on tolère un affront fait à Christ. Outre cela, l’homme religieux avait éprouvé et éprouverait encore davantage l’entière vanité des ordonnances quant à satisfaire à ses besoins ou à la gloire de Dieu.

Cette femme avait entendu parler de ce qu’on pensait attendre du Messie à Sa venue. Elle savait peu que c’était Lui qui parlait avec elle. Il n’était entouré d’aucune pompe, et Il n’exerçait pas le jugement. Comme Roi, Il eût pu naturellement envoyer Ses armées et brûler Jérusalem. Mais comme le Fils, Il n’avait besoin maintenant que de dire ces seules paroles : « L’heure vient, et elle est maintenant », etc. Celui qui avait tout créé par une parole effaçait de la terre par une parole, d’un mot, comme il était convenable qu’Il le fît, la place de Jérusalem comme centre du culte divin. Je le répète, non seulement les faux systèmes, mais même la révélation partielle qui en agissait simplement avec l’homme sur la terre — ce qui était approprié plus justement, si on peut parler ainsi, au premier homme — recevait sa sentence et disparaît, afin que le Fils demeure — le Fils de Dieu. « Vous adorez », dit-Il, « vous ne savez quoi : nous adorons ce que nous connaissons ; car le salut vient des Juifs ». Il y avait dans la Samarie présomption et ignorance ; et le Seigneur ne dissimule pas non plus les avantages qu’Israël possédait en toute manière. Mais une chose à remarquer, c’est que Jésus ne parle jamais ainsi sauf de dehors : Il défend les Juifs quand Il se trouve au milieu de leurs rivaux, et qu’Il est Lui-même rejeté. Quelle grâce ! Mais le temps n’était pas venu pour qu’Il fît davantage ; et vous trouvez toujours quelque chose d’équivalent dans les voies merveilleuses de Dieu. Le Seigneur rejeté ne méconnaît pas ce qui avait été institué avec gloire, lors même que cette institution fût active contre Lui-même. Il ne méprise pas la ligne de la promesse ; Il n’oublie pas, dans le plus petit degré, le grand fait capital et profondément intéressant duquel dépendait la bénédiction de tout ce qui avait jamais été béni sur la terre — « Le salut vient des Juifs ». Mais Il dit : « L’heure vient » — Il insiste même et appuie sur le fait qu’à ce moment-là, pour ainsi dire, elle était arrivée — « et elle est maintenant que les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en vérité, car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent ». Quand Dieu donna Sa loi, Il donna ce qui était en harmonie avec la relation dans laquelle Son peuple était avec Lui-même, aussi bien que tout à fait convenable, d’autant qu’il s’agissait de voies morales avec la chair en des hommes qui, comme peuple, n’avaient rien d’autre. Mais c’est là précisément le changement immense, maintenant que le Messie est venu et a été rejeté, et que le Père appelle et forme des fils par Lui, le Fils — et même, plus que cela, leur donne l’Esprit d’adoption, l’Esprit de fils, afin que les vrais adorateurs L’adorent en Esprit et en vérité ; car le Père en cherche de tels qui L’adorent. Qu’est-ce donc que signifie tout cet ensemble de choses, tableaux pour les yeux ou sons pour les oreilles, qui montent maintenant de cette terre devant Dieu avec la prétention d’être Son culte ? Qu’est le culte de la multitude maintenant, d’une nation, quelle qu’elle soit, et où que ce soit ? Une flagrante et audacieuse contradiction, à la face de Dieu, du Fils de Dieu ; et non pas seulement de Lui, bien que sûrement c’en fût assez pour affliger profondément le cœur qui L’aime et qui craint Son nom. Mais la Parole de Dieu montre combien c’est une chose sérieuse de jouer avec ce qui concerne de si près le Saint Esprit. Il est le témoin du Fils de l’homme, rejeté des hommes, mais exalté par Dieu, et, en conséquence, Il attache d’autant plus de prix à Son nom qu’Il est méprisé pour Sa grâce et pour Son humiliation ; et l’Esprit est méprisé parce qu’Il rend témoignage d’un Fils de l’homme méprisé des hommes. Quelle démonstration de ce que Dieu est, et quelle manifestation de l’homme ! Et maintenant ce jour dans lequel nous est échu notre lot voit les hommes s’élancer follement, comme s’ils étaient remplis d’esprits malins, n’ayant qu’un seul désir, celui de frapper de nouveau le Fils de Dieu et d’outrager l’Esprit de la grâce. La superstition dans ses formes les plus grossières et les plus outrageantes trouve des sectateurs et des défenseurs dévoués, non pas simplement parmi les ignorants, mais parmi ceux qui se glorifient de leur savoir, de leur culture, et même de leur connaissance de la Bible elle-même. Toutefois, en présence d’un témoignage tel que notre chapitre — les paroles de Jésus Lui-même — ces marchands de légendes s’arrogent la position de peuple de Dieu, et avec cela rendent culte à Dieu d’une manière qui prouve qu’ils ne sont que des sectes mondaines faisant la guerre à l’Esprit de Dieu et allant audacieusement en avant dans leur aveugle et entier mépris de tout ce que notre Seigneur affirme ici.

Personne que celui qui a la vie éternelle n’est capable d’adorer ; même alors, c’est dans la puissance du Saint Esprit donné que le culte est rendu. Ainsi l’adorateur est quelqu’un qui, ayant le Fils, a la vie ; c’est quelqu’un qui a le Saint Esprit comme source de joie au-dedans, et qui connaît le Père. Il n’y a pas d’autre culte acceptable aujourd’hui. Le Père ne cherche pas d’autres adorateurs. Il cherche ceux-là. Permettez-moi de m’adresser à vous qui êtes assis autour de moi en ce moment : Êtes-vous ainsi de vrais adorateurs ? La joie cherche toujours la communion ! La douleur peut s’épancher toute seule dans la seule oreille qui soit capable de sympathiser, de secourir comme nul autre ne le peut, et de délivrer comme Lui seul délivre ; mais la joie se trouve d’autant plus riche qu’elle en trouve d’autres pour prendre part avec elle-même. Et quand découvrez-vous cela pour la première fois ? Jamais avant que le Saint Esprit soit donné ! Vous voyez par là comment la vérité fait un tout. Aussi longtemps que les âmes étaient simplement nées de nouveau, l’une pouvait être ici, et l’autre là ; et ainsi dans l’espérance de leurs cœurs, et dans le désir de la venue de Christ, elles répandaient souvent une lamentation devant Dieu, faisaient monter des soupirs et des gémissements sur le long délai, et hâtaient de leurs larmes ardentes le temps où apparaîtrait le Sauveur promis. Mais Il est venu dans la grâce divine, Il a ôté nos péchés, et en même temps qu’Il a fait cela, Il nous a donné la vie éternelle ; et, de plus, il y a puissance selon le don de Dieu, la puissance de s’approcher du Père par l’Esprit ; car c’est par l’Esprit que Juifs et Gentils qui croient maintenant ont accès auprès de Lui. C’est en harmonie avec le caractère nécessaire de la vérité qu’il y ait communion de joie, et, en conséquence, communion de culte. C’est ainsi, par conséquent, qu’en même temps que cette vérité bénie (comme nous le verrons, et comme j’espère l’exposer une autre fois), il y a ample provision pour la louange en commun. Il y a le rassemblement des âmes ensemble ; non pas seulement la bénédiction de chaque âme où elle se trouve ; mais maintenant (et maintenant pour la première fois dans l’histoire de ce monde), il y a la recherche individuelle dans ce monde, et le rassemblement ensemble, la recherche, comme il est dit ici, des vrais adorateurs, afin que ces adorateurs puissent eux-mêmes répandre leurs actions de grâce et leurs adorations en commun. Pourquoi ? Parce qu’ils ont un seul et même Esprit, qui, par conséquent, les unit pour la célébration de la grâce de Dieu, les sépare de tous ceux qui ne sont pas de vrais adorateurs.

Jusqu’à ce moment le culte avait été mélangé. Les Samaritains adoraient ils ne savaient quoi. Pour les Juifs c’était Dieu, Jéhovah le Dieu d’Israël, c’était le Tout-puissant, l’Éternel Dieu des armées qu’ils adoraient ; mais encore les adorateurs se trouvaient l’un ici et un autre là, et rien n’était tenté pour les distinguer de la masse du peuple et les réunir ensemble, et cela ne pouvait pas être jusqu’à ce que le Fils fût venu, que la grande œuvre de la rédemption eût été opérée, et que le Saint Esprit eût été donné ! Le mur mitoyen de clôture était encore debout. Mais à présent Christ est venu, et qu’est-ce alors que de revenir en arrière ? Qu’est-ce que se défier du Saint Esprit ? Qu’est-ce que d’apostasier de la grâce et de la vérité ? Oh ! tenez pour sûr qu’elle approche à grands pas cette effrayante apostasie ; et je vous y exhorte de la façon la plus solennelle, ô vous qui en avez d’autres sous votre responsabilité, ne laissez jamais vos enfants, lors même qu’ils soient encore inconvertis, avoir rien de commun avec les adorateurs de ce monde. Je ne dis pas que les hommes comme tels soient capables d’adorer, mais qu’ils sont incontestablement sous la responsabilité de sentir qu’ils ne sont pas de vrais adorateurs. Je dis que vous avez tort de permettre à vos enfants, parce qu’ils sont inconvertis, de se mêler avec le monde et d’en suivre la marche religieuse. Veillez à cela soigneusement, je vous en supplie, et ne permettez rien sous prétexte de curiosité ou pour quelque motif que ce soit que puisse alléguer la nature, car rien n’égale l’habileté du diable à fournir de bonnes raisons pour de mauvaises choses ; mais, chers amis, traitez toujours comme une imposture de celui qui séduisit Ève, si vous êtes sollicités de faire quelque chose qui ne soit pas la volonté de Dieu, qu’on cherche à vous y induire par le motif du bien qui en résulte, ou qu’on mette en avant toute autre raison. « L’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père ». Existe-t-il quelqu’autre culte que celui que Dieu approuve ?

J’admets que Sa grâce entre là où vous ne pouvez ni ne devez aller ; je reconnais qu’elle peut opérer partout ; bien plus, je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas opérer même quand le sacrifice de la messe est offert pour les vivants et les morts ; car ce n’est pas le péché qui pourrait empêcher la grâce de Dieu. Certes, si le péché avait pu faire obstacle à l’action du Fils, il y avait un cas ici ; mais c’était parce que le péché était là, c’était pour en délivrer les pécheurs que le Fils de Dieu était ainsi venu. Et je n’en ai aucun doute, il en est de même, ou au moins il en doit être de même dans l’Esprit de grâce. Mais, je vous en supplie, gardez-vous bien de supposer que grâce signifie tolérer le mal ou le traiter légèrement : il n’y a rien, au contraire, qui le condamne d’une manière aussi sévère, aussi absolue. Et en même temps il n’y a rien autre qui puisse délivrer ; car pendant qu’un autre porte le jugement, le coupable est sauvé dans l’amour divin réel — et ce n’est pas un salut en mort seulement, mais dans la puissance de la vie de Christ comme ressuscité des morts. Ainsi le Saint Esprit fortifie pour le bien, comme Il est l’énergie de la bénédiction et fait qu’on y prend ses délices. De cette manière Il est la seule puissance réelle contre le mal dans ce monde. Nous trouvons ici ce qui peut bien agir sur la conscience d’un saint. Avez-vous jamais adoré Dieu votre Père en esprit et en vérité ? Ou bien vous êtes-vous contentés jusqu’ici d’être mêlés au monde et de prendre part à sa musique, à son architecture, à son rituel ? Vous savez bien que qui que ce soit peut faire sa partie dans ces choses. Un instrument de l’invention de l’homme, qui n’a ni cœur ni conscience, fait une partie et une partie très animée ; et ainsi naturellement le monde est bienvenu, et, de fait, adore. C’est absolument ramener de nouveau la substance même et les pratiques de l’idolâtrie. À la vérité l’apôtre discernait cela chez les Galates (chap. 4) lorsqu’ils reprenaient les formes juives. Mais qu’eût-il pensé et dit de l’état de choses actuel — de ce qui se poursuit activement ? Et ce qui rend la chose plus particulièrement solennelle en ce moment-ci, c’est que cela avance de jour en jour. Et cela ne cessera point jusqu’à ce que le Seigneur Jésus soit révélé du ciel, en flammes de feu exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ. Ne sommes-nous pas sauvés pour adorer maintenant et adorer en esprit et en vérité ?

D’un autre côté, je supplie mes frères en Christ que ce soit la joie de leur cœur, quand ils s’assemblent dans ce but, de s’élever en adoration, dans l’esprit du culte, et de ne pas se contenter tout simplement d’en parler. Il semble quelquefois qu’il y a trop de ceci lorsque nous venons pour adorer le Seigneur. Ce sont plutôt des exhortations ou des prières concernant le culte que l’adoration réelle. Bien-aimés, parler du culte, de l’adoration, ce n’est pas adorer, rendre culte. Nous ne nous réunissons pas en un tel moment pour exposer le sujet ou y insister avec force : cela peut être parfaitement convenable en une autre occasion. Si nous sommes réunis pour adorer, montrons-nous engagés dans la chose devant Celui que chaque âme devrait avoir devant elle pour Le célébrer, L’exalter et se réjouir en Lui. Le culte chrétien est l’effusion devant Dieu de cœurs qui ont vu et trouvé, par le Saint Esprit, leur joie et leur satisfaction dans le Fils et dans le Père. Le cœur qui n’a pas un besoin qui n’ait été pleinement satisfait dans le Christ que nous avons trouvé (donné de Dieu maintenant au milieu d’un monde tel que celui-ci) désire louer, et ne peut que louer, en communion avec tous ceux qui sont bénis de la même manière. Il refuse de s’associer avec ce qui, étant ignorant de la grâce ou même du péché, ne peut avoir de communion avec le Fils et avec le Père ; il demande que la puissance qui conduit le culte soit selon la volonté de Dieu qui a envoyé le Saint Esprit du ciel ici-bas dans ce but. Et qui, ayant connaissance d’une telle puissance pour bien conduire les enfants dans le culte, pourrait se contenter de quelqu’autre conducteur que le Saint Esprit agissant souverainement dans l’assemblée par qui Il veut ? La conséquence en est que le culte chrétien a toujours pour son objet central le Fils de Dieu révélant le Père, et suppose nécessairement le don spécial du Saint Esprit comme la puissance en nous pour jouir de Dieu et Le célébrer convenablement ; il n’est que pour les vrais adorateurs qui connaissent le Père. C’est un culte d’une nature inférieure, que d’être simplement occupés de nous-mêmes et les uns des autres, et que de nous étendre toujours sur nos propres privilèges. L’édification elle-même, toute précieuse qu’elle est, n’est pas le culte : elle a pour objet les saints et non le Père et le Fils. Naturellement elle est admirable à sa place et à sa manière ; et je ne nie pas que, si nous sommes réellement occupés en adoration du Père de notre Seigneur Jésus, il y aura rafraîchissement et édification ; mais il demeure toujours vrai que le but propre du culte c’est notre commune louange montant vers Dieu, comme celui du ministère c’est la grâce et la vérité de Christ descendant ici-bas, et ainsi édifiant les saints. L’action de grâce elle-même, tout en en faisant réellement partie, me semble la forme la plus inférieure du culte chrétien ; et pour cette raison, qu’elle n’est pas tant l’expression de notre joie en Dieu qu’en ce qu’Il nous donne. Or, quoique ceci reste toujours vrai, et qu’il soit très convenable que nous gardions toujours le sentiment de ce qu’Il a fait pour nous et nous a donné, nous avons titre et position comme Ses enfants, et sommes si richement bénis comme chrétiens que nous pouvons laisser nos cœurs s’abandonner aux révélations de l’Esprit sur ce que notre Dieu est en Lui-même, et ainsi nous réjouir en Sa présence. Tout a sa place, et lieu est laissé pour l’état des âmes et la conduite réelle du Saint Esprit.

Une autre chose que je puis aussi faire remarquer en passant, c’est que le Sauveur ne parle pas simplement d’adorer « le Père ». Il nous dit que « Dieu est esprit et qu’il faut que ceux qui L’adorent, L’adorent en esprit et vérité ». Assurément le culte chrétien n’est pas un culte de formes, mais pour être spirituel il n’est pas moins réel. Il y a des occasions où le Saint Esprit fait que le culte ait spécialement Christ pour objet ; et il y a des occasions, je n’ai pas besoin de le dire, où le Père est plus particulièrement devant l’assemblée. D’autres fois aussi c’est la seigneurie ou la grâce de Jésus qui occupe la première place, et d’autres fois encore c’est de notre repos en Dieu Lui-même comme tel que nos cœurs sont le plus fortement frappés ! Je ne veux pas dire que le culte se caractérise jamais par l’une ou l’autre de ces variétés exclusivement, mais je dis qu’on peut sentir que quelqu’une de ces manières ou d’autres encore dont se présente notre bénédiction a donné au culte son ton et son caractère. Naturellement le formalisme est aveugle à ces différences, et les effacerait ; et certainement, là où on n’est pas entré dans le don et la présence du Saint Esprit, les âmes ne sont pas en état de comprendre ou d’apprécier cela. Certainement aussi, tout est parfaite grâce ; et c’est à peine si je connais quelque chose qui démontre mieux combien nous sommes bénis, que le fait que nous pouvons non seulement nous réjouir en notre Père, mais nous réjouir en Dieu comme il est dit en Romains 5, 11. Réconciliés avec Lui, et connaissant Son amour par le Saint Esprit qui nous a été donné, nous avons notre sujet de gloire en Dieu comme Dieu, et pour cette simple raison, que toute la nature de Dieu, Son caractère moral tout entier, a été si parfaitement justifiée et satisfaite quant à notre bénédiction éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur, que nous savons qu’il n’y a rien en Lui qui ne se déclare justement pour nous maintenant et à toujours. Il a été, Lui qui hait le mal et en a par Sa nature une horreur parfaite, qui ne saurait aucunement supporter ce que Lui et nous savons en exister encore de fait en nous, Il a été, dis-je, si absolument glorifié en Christ en notre faveur, qu’Il ne peut s’arrêter à notre égard en rien que dans l’amour, et que nous pouvons nous avancer vers Lui le cœur sans cesse rempli de joie et débordant de louange. Ce n’est pas qu’Il nous épargne la discipline nécessaire ; ce serait là certes une perte, et une chose dangereuse pour nous, puisque nous sommes dans nos corps, et ici-bas ; aussi en sommes-nous les objets de Sa part dans le caractère de Père. Le châtiment dont nous sommes visités maintenant vient de notre Père (comp. Héb. 12 et 1 Pier. 1, 17). Incontestablement notre Père est Dieu, mais il est bon de distinguer la nature et les relations ; et telle est la voie de l’Écriture. Il importe extrêmement que nous connaissions cette étroite relation de Père qui, comme Jean nous le déclare, caractérise les tout jeunes enfants de la famille de Dieu. Mais c’est de la plus haute importance aussi de savoir que c’est le triomphe de la rédemption de nous établir dans la paix avec Dieu, comme tel, et de nous faire glorifier en Lui, maintenant que toute Sa nature peut se reposer pour nous en Jésus et en nous par Jésus.

Nous pouvons donc nous réjouir de ce qu’Il est notre Père, et cela justement ; seulement il y a danger de se limiter à cela et de perdre de vue notre profond et parfait repos en Dieu comme tel (1 Pier. 1, 21). Or, je dis que là où le cœur ne s’est pas soumis à la justice de Dieu, ne connaît pas pleinement la profondeur de la rédemption, il y a plus de confiance dans la relation de « Père », que dans le fait d’avoir à faire avec « Dieu » ; il y a un manque d’appréciation de l’œuvre de Christ, et peut-être aussi un sentiment trop disproportionné de Sa gloire. Et comme il y a défectuosité dans la foi et l’état du cœur, cela se trahit aussi dans le défaut de liberté et de plénitude dans le culte, comme aussi, naturellement, dans la marche pratique ; car toutes ces choses vont ensemble. « C’est pourquoi, recevant un royaume qui ne peut pas être ébranlé, retenons la grâce par laquelle nous servons Dieu d’une manière qui lui soit agréable, avec révérence et avec crainte : car aussi notre Dieu est un feu consumant » (Héb. 12, 28, 29). Car « Jésus aussi, afin qu’Il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte : sortons donc vers Lui hors du camp, portant son opprobre : car nous n’avons pas de cité permanente, mais nous recherchons celle qui est à venir. Offrons donc par Lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13, 12-15).

Je ne veux pas me justifier pour ces remarques générales d’une nature pratique quant à la chrétienté et aux chrétiens, pas plus que pour quelques autres d’une nature analogue relativement au culte. Elles tendent toutes à montrer comment nos bénédictions et nos responsabilités se rattachent au don du Saint Esprit — non pas simplement à la nouvelle naissance, mais au don du Saint Esprit par suite de la manifestation du Fils et de Sa présente réjection. Cette bénédiction que nous avons vue être dépendante de la présence du Fils en humilité et en amour ici-bas, est donnée par Lui en vertu de Sa gloire et de Son humiliation à la fois. Dans le chapitre précédent, la nouvelle naissance n’avait absolument rien à faire avec un temps particulier quelconque, et est pleinement décrite par notre Seigneur comme la chose d’une nécessité absolue et universelle pour le royaume de Dieu, avant qu’Il dise un mot de Sa présence dans ce monde, et bien moins encore de la rédemption. De fait, aucun croyant intelligent ne doute que ce ne fût vrai depuis la chute, et que les saints de l’Ancien Testament ne fussent nés d’eau et de l’Esprit tout aussi bien que ceux du Nouveau Testament ; mais ici nous nous trouvons en présence d’une bénédiction qui attendait la venue de Christ et qui est accordée dans la pleine grâce de Dieu ; car véritablement notre communion est avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. Elle était aussi subordonnée à la rédemption ; mais la rédemption n’est pas introduite directement dans le passage, par la raison, je suppose, qu’il a pour but de présenter, de manière à les rapprocher étroitement, la gloire de Dieu, tel qu’Il est connu maintenant, la gloire du Fils (quelle que soit Son humiliation, et dans Son humiliation même), et le don de l’Esprit au croyant qui en a été la conséquence bénie.

Méditation 3 — « Des fleuves d’eau vive » — Jean 7, 1-39

Le sujet sur lequel doit en ce moment se porter notre attention ne peut être séparé du contenu des chapitres qui précèdent. Il se rattache étroitement aux incidents racontés dans le chapitre 7, et surtout à l’aspect spécial sous lequel le Seigneur se présente à nous. C’est là le secret de toute connaissance certaine de la vérité divine ; et cet enseignement ne nous est pas donné d’une manière sèche et formelle, mais avec amour. Il fait partie de ces révélations de Dieu qui ont Christ pour leur premier objet, car Dieu veut que Christ soit le centre de toutes choses. Il est vrai que les progrès d’une âme que la grâce a déprise d’elle-même, qui ne force pas la vérité, qui ne la découvre pas ailleurs qu’à la place qu’elle occupe dans les plans divins, qui ne sépare pas tout ce qu’a fait Christ d’avec tout ce qu’Il est à la gloire de Dieu, peuvent paraître lents à première vue, mais en réalité elle se trouve dans les seules conditions où il est possible d’avancer, car une âme ne peut recevoir de bénédictions solides et durables que de Dieu directement. Au lieu d’acquérir la connaissance par des moyens purement humains, nous recevons la vérité par l’action de la grâce divine, nos cœurs sont formés sur la Parole et nous entrons ainsi dans le courant des pensées de Dieu. En examinant à ce point de vue le chapitre que nous venons le lire, nous reconnaissons dans la déclaration du Seigneur Jésus touchant le Saint Esprit un caractère autre que celui que nous avons trouvé dans les enseignements renfermés dans les chapitres 3 et 4 de cet évangile. Il y a ici un progrès évident qui dépend comme toujours d’une manifestation plus complète de Christ. Car la connaissance du cœur s’accroît en raison du degré de cette manifestation, aussi bien que la force qui est puisée dans la Parole de Dieu. Nous avons eu premièrement l’exposition de la vérité fondamentale élémentaire, considérée sous son double aspect ; savoir, ce qui est commun aux saints de toutes les époques, et ce qui a été spécialement révélé depuis la venue du Christ, bienfait général lorsqu’il s’agit du fond, de la substance elle-même, spécial quant à la forme qu’il revêt maintenant que Dieu a révélé Son Fils.

Cette vérité fondamentale a été posée au chapitre 3, et ici je dois appeler l’attention sur l’ordre admirable observé dans l’évangile de Jean. Nous y contemplons Christ, la Parole, seul de toute éternité avec Dieu, et nous pouvons Le suivre jusque dans le royaume à venir, où sera pleinement manifestée Sa gloire, non seulement dans les rapports avec Dieu et avec les saints, mais aussi avec ce monde, ainsi que l’effet de ce déploiement de Sa puissance s’étendant jusqu’à l’économie milléniale. Alors Il répandra la joie là où régnaient la désolation et la stérilité, et fera disparaître tout ce qui peut offenser Dieu, par le jugement qu’Il exercera là où l’homme avait corrompu et souillé la maison du Père, savoir à Jérusalem.

Nous sommes ainsi amenés jusqu’au royaume durant lequel Christ établira la gloire de Dieu ici-bas. Et c’est alors que se pose cette question : Quel homme pourra avoir sa part dans ce royaume de Dieu ? Le troisième chapitre de Jean nous donne la réponse et démontre que, de tout temps, Dieu avait par-devant Lui des âmes qu’Il préparait pour le royaume à venir. Il révèle la forme particulièrement sous laquelle cette nouvelle nature est communiquée quand le Fils de Dieu Lui-même est manifesté. Il n’y a pas un des attributs divins, ni une grâce accordée aux hommes qui ne resplendisse avec un éclat jusqu’alors inconnu, quand Christ apparaît. Il était la vraie lumière, et quelles qu’eussent été les bénédictions goûtées avant Sa venue, et certes elles étaient nombreuses, mais le seul contraste avec la lumière de Christ les revêt d’une forme nouvelle, forme riche, harmonieuse et bénie, qui pour ainsi dire, sans rien changer à la substance de la vérité qui a été révélée, la transforme et l’illumine. Dès le commencement, tous les saints de Dieu participaient nécessairement de cette nouvelle et divine nature, capable d’entrer en communion avec Dieu ; mais maintenant ils savent qu’elle n’est autre que la vie éternelle, leur portion actuelle dans Son Fils.

Mais il y a plus encore, car comme nous l’avons vu au chapitre 4, le Fils de Dieu abaissé (dans l’heure qui vient et qui est maintenant), donne le Saint Esprit ; non pas seulement une nouvelle naissance qui provient du Saint Esprit, mais le Saint Esprit pour être en nous une puissance de communion avec le Père et le Fils. Christ était Celui qui avait été annoncé, mais Il fut rejeté, et c’est pourquoi les promesses, toutes précieuses qu’elles étaient, firent place à des révélations touchant l’indicible et éternelle gloire de Sa personne. Ainsi cette réjection et cette gloire inférieure ont eu pour résultat de faire ressortir la gloire plus élevée — je puis dire toute la gloire du Fils de Dieu, mais du Fils de Dieu manifesté sur la terre dans Sa grâce indicible et parfaite. Il ne s’agit pas ici de quelque grand docteur juif venant à Jésus, mais du Seigneur allant au-devant d’une pauvre pécheresse samaritaine et développant cette grâce ineffable du Saint Esprit donné afin que le croyant puisse entrer dès maintenant en communion avec le Père et Son Fils Jésus Christ. Le fait de la nouvelle naissance avait toujours été vrai et le sera tant qu’il y aura des âmes à appeler. L’homme est souillé, mort dans ses fautes et dans ses péchés, et par sa nature, incapable d’hériter du royaume de Dieu. Mais ici nous avons un privilège transcendant qui est au-dessus et au-delà de ce royaume, et dont rien ne nous sépare. La raison en est évidemment que le Fils de Dieu étant là, et rejeté par Israël, Dieu voulait L’honorer. Il faut que toutes choses soient soumises au Fils, et rien n’est trop grand pour être donné par Lui. Le fait de la venue du Fils dans l’abaissement n’était qu’une raison de plus pour hâter ce don du Saint Esprit. C’est pourquoi le cœur par cette perception de la gloire du Fils, peut savourer l’amour du Père par la puissance du Saint Esprit que Jésus donne, et qui révèle tant d’amour et de gloire. C’est pourquoi ce bienfait inestimable est la source de tout culte réel. Il met de côté les choses anciennes, naguère ordonnées de Dieu, ainsi que la « dévotion volontaire » de l’homme.

Nous abordons un sujet tout différent. Le Seigneur Jésus ne voulut plus demeurer en Judée parce que les Juifs cherchaient à Le faire mourir. Le peuple aussi bien que les chefs étaient jaloux de Jésus. Leur haine était arrivée à son comble, et ils n’attendaient pour la satisfaire qu’une occasion favorable. Autant que cela dépendait d’eux, ils voulaient éteindre cette lumière de Dieu, et rien que l’accomplissement de ce dessein ne pouvait les contenter. Quand l’époque de la fête des Tabernacles fut proche, Ses frères Le pressèrent de se rendre en Judée, afin que Ses disciples vissent les œuvres miraculeuses qu’Il opérait. Le Seigneur Jésus avait été peu à peu chassé de Jérusalem, le centre de la grandeur, de l’antiquité, de tout ce qui se vantait d’être religieux parmi les Juifs. C’était dans la Galilée qu’Il avait fait le plus grand nombre de Ses miracles, et il leur semblait impossible qu’un homme capable d’opérer ces prodiges ne cherchât pas la publicité. « Si tu fais ces choses, montre-toi au monde ». C’était une pensée toute humaine, et d’autant plus blâmable qu’elle vint au cœur des frères de Jésus selon la chair, et s’exprima par leur bouche.

Mais qu’avait été l’enseignement de Jésus au chapitre précédent ? Il avait frappé à la racine de toutes ces espérances, car les Juifs avaient voulu Le faire roi. Le Seigneur en multipliant les pains leur avait fait du bien ; et, comme les Juifs s’entretenaient souvent de ces choses, il se peut que ce miracle leur eût rappelé l’attente du Messie d’après le psaume 132. Ils désiraient hâter le royaume, car certainement le Roi était parmi eux. Le Seigneur répond par un refus absolu, et lorsque le peuple persiste à s’adresser à Lui, Il se sert du miracle qu’Il vient de faire, pour montrer le but de Sa mission qui dans cet évangile n’est pas d’être reçu comme le Christ. Il va sans dire que dès le commencement Dieu savait que les Juifs rejetteraient le Messie, et les prophètes l’avaient clairement prédit. L’offre fut faite et l’homme ainsi mis à l’épreuve ; mais si l’homme faillit, Dieu ne faillit pas à faire de plus grandes choses. Ce n’est pas que Jésus ne donna pas les preuves les plus convaincantes qu’Il était le Messie, mais l’évangile de Jean Le considère dans Sa divine nature et dans Sa gloire éternelle et inhérente. Il était le rejeté. Des desseins d’une portée plus profonde s’accomplissaient alors, savoir, la rédemption par Son sang.

L’homme ne comprend pas, ne veut ni ne peut reconnaître ce qui peut manquer si le Roi est sur la terre, si c’est bien le pays, si les Juifs sont bien le peuple. Tous les éléments voulus sont là, le vrai Roi, le vrai peuple, le vrai pays, si l’on regarde aux circonstances extérieures. Mais qu’arrive-t-il ? Dieu n’est pas dans les pensées des Juifs, et le péché n’a pas été jugé en Sa présence. Jésus au contraire ne cherchait que la volonté et la gloire de Celui qui L’avait envoyé. C’est pourquoi l’établissement prématuré du royaume eût été une offense à Dieu, le royaume avec l’homme dans son péché et sans que l’honneur de Dieu fût sauvegardé. Il ne se pouvait pas que Jésus acceptât un pareil royaume. Et voilà pourquoi le point capital du discours de notre Seigneur était celui-ci : qu’au lieu de s’élever pour prendre possession du royaume, Il était descendu pour faire la volonté de Celui qui L’avait envoyé, et cette volonté était de sauver, de recevoir tous ceux qui venaient à Lui, abstraction faite de tout sentiment personnel. Car Il ne vint pas ici-bas pour faire Sa propre volonté, ni pour choisir les personnes qui Lui étaient agréables. C’était une question de vie éternelle et de résurrection au dernier jour. Quand les hommes furent atterrés en entendant ces vérités étonnantes, Jésus en exprima une plus grande encore. Il était venu afin de mourir, afin de « donner sa vie pour le monde » ; et à moins de « manger sa chair et de boire son sang », on ne pouvait avoir la vie. C’est donc le Fils de l’homme apparaissant dans l’abaissement et dans la souffrance qui prend la place du Roi que les Juifs attendaient, et qui devait amener avec Lui la prospérité, l’abondance et le bien-être ici-bas.

Remarquons que dans Jean 5, Jésus est considéré comme le Fils de Dieu travaillant de concert avec le Père et donnant ainsi la vie. Ceux qui ne voudront pas recevoir Jésus auront en Lui leur juge, car Il est aussi le Fils de l’homme auquel le Seigneur remet tout jugement. Dans Jean 6, nous avons une vérité plus profonde encore. Le Fils de l’homme n’est plus considéré comme juge, mais comme Fils de l’homme qui venait mourir, donner Sa chair à manger et Son sang à boire. Rien ne manifeste aussi pleinement ce qu’est Dieu, ce qu’est Christ dans Sa complète abnégation, dans un amour qui se montre divin au moment même où l’humanité de Jésus est le plus entièrement manifestée. Quel autre que Lui est venu mourir ? Toute cette gloire royale du Messie si longtemps attendue disparaît et s’efface pour la mort, parce qu’il fallait avant tout que Dieu fût exalté, que le péché fût jugé, et que l’homme béni selon les desseins de Dieu pût entrer dès lors dans la pensée divine, et en communion avec Christ Lui-même dans Son amour et dans Son renoncement. Ces paroles « manger la chair » de Jésus et boire Son sang impliquent non seulement le sacrifice offert par Jésus, mais encore la communion de Sa mort, la reconnaissance de cette sentence de mort qui en est le résultat et qui pèse sur tout ici-bas, car même la gloire du Messie s’éclipse pour un temps. Nous savons que cette gloire sera bientôt manifestée et que le règne de Jésus sera fécond en bénédictions, étant fondé sur des bases immuables. Mais maintenant c’est la mort qui est devant Jésus, et c’est ce fait avec les résultats qui en découlent qu’Il expose à la multitude. La mort du Christ, le Fils de l’homme, nous ayant donc été présentée comme la base de toute communion véritable avec ceux qui sont à Lui, car il faut pour avoir la vie en soi-même manger Sa chair et boire Son sang, nous avons au chapitre 7 la fête des Tabernacles qui était une figure de la glorieuse perspective de la promesse de Dieu.

Les frères du Seigneur Le pressaient de se manifester. Il leur semblait que le moment favorable était arrivé. Le Seigneur annonce cette solennelle vérité que « leur temps est toujours prêt ». Ils étaient du monde, ils parlaient du monde, et le monde les écoutait ; mais quant à Lui Son temps n’était pas encore venu. Quelle grâce infinie nous découvrons dans ces paroles : « mon temps n’est pas encore venu », si nous nous rendons compte de la gloire de Celui qui les a prononcées, si nous nous rappelons que c’est Lui qui a créé le monde, qu’Il était l’héritier légitime de toutes les promesses, qu’Il avait le droit de tout prendre, de tout posséder ! Et aussi quelle condamnation du pécheur dans ces mots : « votre temps est toujours prêt » ! Quelle sentence de mort sur toutes les notions de l’homme, car le temps de l’homme c’est le présent, et par conséquent il est toujours prêt. C’est là sa principale préoccupation, car il aime à s’exalter lui-même. C’est là la vie dans laquelle il se meut, le mobile de toutes ses activités. Ce qui doit nous faire admirer le plus la voie du Seigneur, c’est que Sa puissance n’était pas en question. Ses frères, nous est-il dit, « ne croyaient pas en lui », mais ils ne doutaient pas de cette puissance. Croire n’est pas la même chose qu’admettre que Jésus fût capable de faire ce qu’Il voulait ; mais l’incrédulité de ces hommes se trahissait par le fait qu’ils n’avaient aucun sentiment de ce qui est dû à Dieu, aucune intelligence de Sa gloire, aucune notion juste de la condition de l’homme, de la grâce qui demeurait en Jésus ou de la contradiction qui existait entre Lui et tout ce qui L’entourait. Mais Celui qui possédait toute puissance pour changer en un clin d’œil la face des choses, attend l’heure convenable. Son temps n’était pas encore pleinement venu.

Ses frères montent à la fête, et là nous voyons les pensées des hommes se manifester quant à Jésus, et les Juifs montrer à leur tour leur incrédulité. Ils murmurent, ils raisonnent, mais leurs pensées sont purement les pensées d’hommes qui n’ont aucune connaissance de Dieu. L’intelligence de l’homme ne peut jamais s’élever jusqu’à l’amour de Dieu. Les idées humaines sont les idées humaines et rien de plus. Elles n’ont aucune valeur réelle ; elles sont aussi impuissantes que l’être qui les conçoit, et elles portent l’empreinte de la sécheresse et de la mort. En Jésus il y avait la puissance, nous le savons, mais il y avait quelque chose d’incomparablement plus précieux encore. Il était divin dans Son amour. Il vint dans la pleine prescience de l’humiliation suprême qui L’attendait, et quand les hommes cherchèrent à Le faire mourir, Sa pensée creusa sans doute toutes les profondeurs de ce qu’Il devait endurer. Rien ne pouvait se dérober à Son regard ; tout était mesuré, tout était prévu : mais cependant Jésus ne hâte pas le dénouement. Il s’attend avec calme et sérénité à Dieu ; Il ne court pas au-devant des événements qui doivent faire éclater le danger qui Le menace et consommer la ruine de l’homme ; Il ne considère pas avec mépris ce que le monde veut faire, car, hélas ! c’était le triomphe éphémère de Satan et la plus insigne de toutes les folies de l’homme, supposant qu’on pouvait se défaire ainsi de Celui qui jetait le trouble partout ici-bas. Mais l’amour, Dieu Lui-même qui est amour, était dans toutes les pensées de Jésus, dans tous Ses sentiments. C’est pourquoi Il attend que la fête soit commencée, et alors coûte que coûte, Il s’y présente.

Premièrement Il annonce Son prochain départ. J’attire votre attention sur ce fait, car il a une grande importance considéré comme base de l’action du Saint Esprit dont je veux vous entretenir. Le don du Saint Esprit suppose la mort et le départ de Jésus, suppose qu’Il allait là où l’homme ne pouvait Le suivre, où les Juifs ne devaient pas venir. C’est pourquoi « en la dernière journée », la grande journée de cette fête « qui était la dernière de l’année parmi les Juifs », Jésus se tint là, et cria, disant : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive ».

Occupons-nous pendant quelques instants de la signification de cette fête. Elle avait été instituée en commémoration du fait que le peuple de Dieu, après avoir séjourné dans le désert, était maintenant recueilli dans la terre promise. Cette fête avait lieu après la moisson et la vendange qui préfiguraient dans ces deux actes l’exécution du jugement de Dieu. Il y a un jugement qui sépare tout d’abord les bons des mauvais : c’est la moisson. Ensuite, vient un autre jugement terrible, inexorable, qui atteint tout ce qui est impie et rebelle envers Dieu ; c’est la vendange. Dieu montrait ainsi à Son peuple quand et comment il pouvait attendre la délivrance. Attendre la gloire selon Dieu avant l’exécution du jugement était une folie. Il faut d’abord que le jugement ait un libre cours avant que la gloire resplendisse. Mais cette fête des tabernacles ne ressemblait pas aux autres fêtes juives. Elle offrait une particularité qui mérite notre attention, savoir, qu’elle n’était pas limitée à sept jours, division ordinaire du cours du temps, ici-bas. Il y avait un jour surnuméraire, en plus de la semaine entière qui marque le cercle habituel de la vie humaine, et ce temps de repos béni vers lequel, d’après la Parole, se tournent les conseils de Dieu concernant Son peuple et la terre, car le Seigneur ne perd jamais de vue dans Ses desseins et dans Sa pensée « le repos qui reste pour le peuple de Dieu ». Ce ne fut pas le septième, mais le huitième jour que Jésus se montra ; le jour non de l’amour créateur, mais de la gloire de la résurrection. « Jésus se tint là, et cria, disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ».

Un esprit divinement éclairé saisira la portée de ce passage que j’ai cherché à développer comme il se présente à nous dans ce chapitre. Il est évident qu’il ne s’agit pas ici de l’Esprit de Dieu comme opérant jadis sur les âmes même avant la venue de Christ, ni du don du Saint Esprit comme établissant la puissance de la communion avec Jésus venu comme Fils de Dieu. L’heure n’était pas venue, ne pouvait pas venir jusqu’à ce que Jésus eût quitté ce monde, de recevoir un bienfait dont aucune âme humaine ne pouvait jouir dans quelque mesure que ce fût avant la mort de Jésus, plus encore, avant Sa résurrection et Son ascension dans la gloire. Mais le point que le Seigneur met en évidence avec tant de sagesse et de puissance dans tous les détails de ce chapitre est celui-ci, que le fait de la gloire de Jésus, non pas de celle qui Lui appartiendra dans le royaume, mais de celle qu’Il a dès maintenant dans le ciel, détermine l’introduction immédiate sur la scène du Saint Esprit répandu ici-bas sur tout croyant, comme un fleuve irrésistible et abondant en bénédiction. C’est quelque chose de tout différent de ce que nous avons eu précédemment. Et il n’y a rien d’étonnant, car quelle n’est pas la pensée de Dieu touchant la mort de Jésus ! Quel témoignage Dieu rend ainsi à la valeur de l’insondable abaissement où descendit Son Fils.

La grâce du Fils se complaît dans le don gratuit du Saint Esprit au croyant, afin qu’il puisse jouir de la communion avec le Père et le Fils qui s’est offert Lui-même. Et sans ce don ineffable, qui pourrait comprendre l’amour de Christ, ou apprécier la majesté de Sa personne ? Prétendre entrer en communion avec le Fils par quelque chose qui existe en nous, serait nous placer sur le même niveau, car même la nouvelle nature que nous avons reçue ne suffirait pas. C’est au Saint Esprit seul qu’il appartient de le faire.

Ici Jésus n’est pas présenté en Sa qualité de Fils de Dieu, mais expressément comme Fils de l’homme, comme Celui qui avait été rejeté tant et plus, comme Celui qui est mort, qui est ressuscité des morts, et qui est maintenant glorifié dans les cieux. Et remarquez que ceci se passe avant que le jugement de Dieu s’exécute, avant qu’un seul châtiment ne tombe sur l’homme, soit qu’il s’agisse de prendre à Lui les bons, en laissant les mauvais, ou d’exercer une vengeance inflexible sur ces religions de convention qu’Il a en abomination. Mais avant ces actes juridiques de la part de Dieu, le Fils de l’homme quitte cette terre qui demeure insouciante et paisible. Il monte au ciel, et de ce ciel où Il a pris place, Il envoie le Saint Esprit pour être comme un lien divin entre l’homme ici-bas, et l’homme glorifié à la droite de Dieu. C’est ainsi que le cœur trouve ses délices par la puissance du Saint Esprit, d’abord en se réjouissant de l’élévation du Sauveur, ensuite en rendant son témoignage au près et au loin. Voilà Celui que je possède et que je sais être ma vie. Pour me racheter et me nettoyer de mes souillures, Il mourut. Et maintenant, Il a rompu avec cette scène terrestre, ayant été rejeté par le peuple même qui aurait dû Le recevoir. Les promesses terrestres ont été différées pour un temps ; mais Celui qui en est le centre, l’objet et l’auteur attend le jour où elles seront pleinement accomplies ; car ce que Dieu a garanti ne peut ni changer ni faillir. La ruine de l’homme a été consommée dans la croix de Jésus. Mais Dieu se sert de l’intervalle qui sépare Sa mort de l’accomplissement des promesses, pour introduire un état de choses incomparablement plus élevé. Au lieu de Christ, le Fils de l’homme établissant Son règne universel ; au lieu de la manifestation d’une gloire terrestre, un ordre de choses est introduit auquel l’homme n’aurait jamais songé. Il envoie le Saint Esprit du ciel pour faire connaître d’avance aux siens le lieu où ils vont, afin qu’ils apprennent dès maintenant à s’y habituer, si je puis ainsi parler. Il veut que j’aie le Saint Esprit qui connaît si bien ce séjour de gloire, afin qu’Il puisse élever toutes les pensées, toutes les aspirations, toutes les affections de mon cœur vers Celui qui m’y attend.

C’est là ce que le Seigneur met devant nous dans ce passage : « La dernière journée, la grande journée de la fête, Jésus se tint là et dit : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi ». Il ne s’agit pas de ce que feront les autres, mais du dénuement et de la misère de chaque homme individuellement. Qu’y a-t-il de plus dangereux que les théories dans les choses de Dieu, que les combinaisons et les systèmes de vérité contre lesquels nous devons nous tenir sur nos gardes ? Nous avons à songer non seulement à notre intelligence, mais aussi à nos âmes. Toutefois, si nous avons été amenés à Dieu pleinement, sincèrement, il nous est permis de nous dilater dans les choses précieuses de Dieu. Mais il faut la réalité : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive ». Cette invitation suppose que l’homme se place quant au dénuement de son âme au point de vue de Dieu, qui lui donne en Christ la réponse à tous ses besoins réels ; car s’Il produit le sentiment de ces besoins, c’est afin de les satisfaire dans la grâce infinie : « qu’il vienne à moi et qu’il boive. Celui qui croit en moi, selon ce qu’a dit l’Écriture, des fleuves d’eau vive découleront de son ventre ». Ainsi l’âme qui a soif se désaltère, et trouve sa joie dans tout ce que le Saint Esprit accorde. Mais il y a plus encore, car Christ mort dans la réjection, mais aussi en expiation, est maintenant ressuscité d’entre les morts et glorifié dans les cieux d’où Il est la source de la puissance, puissance de l’Esprit qui triomphe de tous les obstacles. Ce monde est sans doute un désert aride et désolé — mais cela ne rend ce don ineffable que plus merveilleux. La scène n’est pas changée. Le monde loin d’être amélioré, a été jugé pour ce qu’il est réellement. L’iniquité de l’homme subsiste ; l’inimitié du monde contre Dieu n’a subi aucune modification ; l’absence complète de tout sentiment selon Dieu a été pleinement prouvée par la mort de Christ. Cependant, dans un tel état de choses, le Saint Esprit est donné pour être non seulement une source d’eau pour le croyant, mais des fleuves d’eau vive qui se répandront sur tous ceux qui l’entourent. Que les voies et les paroles de Dieu sont admirables ! Comme Il combat d’une manière digne de Sa gloire avec le mal qui est dans le monde, et remédie au triomphe apparent de Satan ! L’adversaire n’est jamais aussi complètement vaincu que lorsqu’il semble être arrivé à ses fins. La chute apparente du Fils de l’homme était justement le moyen par lequel Il devait accomplir l’œuvre de la rédemption, et par là prendre une position nouvelle. Dès lors Il établit un lien entre le croyant et Lui-même par le Saint Esprit envoyé des cieux et se répandant en fleuves d’eau vive pour rafraîchir le monde désert et desséché.

Souffrez que je vous adresse quelques questions solennelles : Comment Jésus vous apparaît-Il, et quelles sont vos relations avec Lui maintenant qu’Il est dans le ciel ? N’avez-vous rien de plus que l’espoir que vous y serez aussi ? Assurément, c’est là une espérance aussi précieuse qu’elle est certaine ; et plus encore, nous serons avec Lui éternellement. Mais n’y a-t-il qu’une simple espérance ? N’y a-t-il pas dès maintenant quelque chose pour le cœur ? N’y a-t-il pas une puissance actuelle nous unissant à Jésus là où Il est ? Il me semble que c’est ce que le Seigneur voulait révéler aux siens. Jésus ne veut pas que nous nous contentions seulement de désirer avec ardeur le jour de la gloire ; Il veut en donner à nos cœurs l’avant-goût, et faire que, dès à présent, la force et la joie du ciel nous appartiennent ; Il veut nous conduire à travers le monde, non seulement comme ceux qui reçoivent, mais aussi comme ceux qui dispensent selon la riche miséricorde de Dieu. Les croyants qui dans leur dénuement vinrent à Christ, qui burent l’eau vive quand tout en eux n’était que lassitude et tourment, reconnurent que Jésus les avait comblés des vraies richesses, bien qu’Il eût quitté ce monde et que leur position fut de plus en plus précaire et isolée. Ainsi le partage actuel des croyants offre un contraste frappant avec tout ce que les saints ou les prophètes connaissaient ou attendaient ici-bas. Prenez par exemple les saints de l’Ancien Testament et voyez comme la différence est fortement marquée. Écoutez les soupirs et les aspirations des Psaumes. Étudiez les prophéties de Jérémie, d’Ézéchiel ou tout autre : la condition de ces écrivains sacrés est-elle la même que celle des disciples ? Ce n’est pas certes qu’ils ne fussent pas bénis ou honorés de Dieu, car plusieurs d’entre les saints de cette époque étaient des vaisseaux d’inspiration. Et cependant, quand il s’agit de leur propre expérience, ces saints de Dieu, malgré leurs visions ineffables de l’avenir, ne jouissaient pas quant au présent de cette puissance d’adoration et de témoignage.

Rien n’est plus éloigné de ma pensée que de nier que les souffrances des chrétiens peuvent être plus poignantes encore que celles de Jérémie ou d’Ézéchiel, ou de supposer que l’homme de douleur, l’affligé des affligés, épargne aux siens cette association avec Lui. Non, assurément, et nous ne consentirions pas à être privés de cette faible part dans les souffrances que nos pauvres cœurs sont capables de porter. Mais croyons-le bien, nous jouirons pleinement de Christ et de notre union avec Lui dans la mesure où le peuple de Dieu sera rejeté par le monde, où nous serons les objets d’un mépris inconnu dans les anciens temps, car aucun Juif n’a dû subir ce qui assaillit le chrétien. Et ce qu’il y a de plus pénible, c’est que plus on prend la place qui convient au chrétien, c’est-à-dire la place de Christ — (car après tout le christianisme est notre association par le Saint Esprit avec Christ) — plus on est uni à Christ par la puissance de l’Esprit, plus on est rejeté par le monde.

Mais, d’un autre côté, quelle gloire, quelle joie, quelle bénédiction ! Pourquoi les chrétiens sont-ils si souvent abattus ? Je n’entends pas écrasés par les épreuves et par les fatigues du chemin ; mais découragés en présence de Dieu par leurs pensées à l’égard du Seigneur et oublieux des liens qui les attachent au ciel ? Pourquoi y a-t-il chez eux des nuages, de l’incertitude, l’absence de cette joie abondante de Celui auquel ils appartiennent, et de là d’où ils sont ? Parce que n’ayant pas appris à contempler le ciel par l’Esprit, ils ne regardent pas la terre comme un désert, bien que les fleuves d’eau vive puissent découler d’eux. Ils oublient ce que Jésus leur a donné ; ils considèrent la terre comme un lieu désirable. Pourquoi Christ ne serait-Il pas exalté ici-bas ? Pourquoi n’aurions-nous pas, Lui et nous, un nom glorieux dès à présent ? Non — Son heure n’est pas encore venue ; ni la nôtre non plus, puisque nous sommes un avec Lui. Ici, l’heure de l’homme fut pour Christ le mépris ; le rejet et la mort, ce sont là Son partage. Le nôtre est de n’être rien, d’être méprisés, haïs des hommes. Telle fut la portion de Christ sur la terre. Y a-t-il quelque chose de meilleur dans ce monde ? Y a-t-il quelque chose qui puisse soutenir la comparaison avec ce que Christ a connu Lui-même ? Il l’a expérimenté comme nul ne le pourra jamais, mais du moins par Sa grâce nous pouvons nous attacher fortement à Lui, et ainsi en prendre notre part et l’apprécier dans une certaine mesure.

C’est pour cela que le Saint Esprit a été donné. Examinez dans cet ordre d’idées l’expression « fleuves d’eau vive ». La puissance du Saint Esprit remplit le cœur de la gloire dans laquelle Christ est maintenant. Quelle puissance peut mieux convenir au désert, quand il est le plus aride, quand tout est stérilité autour de nous, et qu’il n’y a pas une seule source où nous puissions puiser, un point verdoyant où reposer notre regard, ni un palmier sous l’ombre duquel nous puissions nous abriter ? Quand le sentiment du vide de ce monde a pénétré notre cœur, il prépare et fortifie notre âme selon Dieu. Voici donc la question qui se présente. Si dans Jean 4 nous avons le Saint Esprit mettant le croyant en rapport avec le Fils et le Père, ce qui constitue un culte véritable, quelle est la bénédiction nouvelle et spéciale qui est promise ici ? Elle s’applique plutôt au service qu’au culte, car l’expression « des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » suggère la pensée d’une effusion abondante. Mais aussi elle suppose que par la grâce, le croyant est élevé dans une atmosphère supérieure à celle du désert qu’il traverse. Le croyant sans cesse rempli de Christ, qui est lui-même dans le repos, et qui accorde son repos au cœur, reçoit une puissance communicative du Saint Esprit, et le ciel devient un séjour bien rapproché, duquel la grâce lui a ouvert l’entrée à cause de Christ qui y est déjà. Ainsi le Saint Esprit l’unit si étroitement au Seigneur Jésus, que tout ce que le monde peut lui présenter ne lui semble plus qu’un hochet misérable. D’un autre côté, nous savons qu’il y a d’inépuisables richesses telles que le cœur de l’homme ne saurait imaginer, et nous reconnaissons que, s’il nous est donné de nous les approprier, c’est uniquement par la grâce du Sauveur. En somme, ce qui nous est présenté dans ce passage n’est pas tant l’Esprit du Fils nous donnant de nous réjouir dans Sa personne et dans Sa grâce aussi bien que dans l’amour du Père, mais plutôt la puissance du Saint Esprit dépeinte par Celui qui est maintenant élevé dans la gloire de Dieu, afin de nous donner l’assurance que cette gloire est nôtre en Lui, et de nous remplir tellement de Sa plénitude, que nous communiquions des bénédictions à autrui.

Bien que le sujet ne soit pas identique, il me semble que la différence que nous trouvons dans 1 Pierre 2, entre la sacrificature sainte et la sacrificature royale, peut jeter quelque lumière sur le passage que nous étudions. L’apôtre Pierre nous représente comme étant revêtus de cette double sacrificature, une « sacrificature sainte » (v. 5), une « sacrificature royale » (v. 9) ; assurément ce n’est pas une répétition inutile. Ce ne sont pas des épithètes sonores, accumulées sans intention, mais une appréciation claire et distincte de notre position comme « rapprochés » de Dieu. Quelles sont les fonctions de la « sainte sacrificature » ? Offrir des sacrifices spirituels. Ainsi consacrés, nous nous approchons de Dieu, et en conséquence il s’agit de ces sacrifices qui ont rapport au culte du Seigneur. D’autre part nous sommes appelés une « sacrificature royale », et alors il n’est plus question de sacrifier à Dieu les louanges et les actions de grâces, mais d’annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Ainsi l’une de ces sacrificatures s’exerce en louant Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, tandis que l’autre a pour objet de manifester parmi les hommes l’excellence de Celui qui a agi avec nous comme Dieu seul pouvait en former ou en exécuter le dessein. Que le chrétien ne perde jamais de vue la dignité de cette vocation ; pour lui, chercher la gloire terrestre c’est en réalité s’avilir.

Bien des chrétiens pendant le cours de leur pèlerinage ici-bas sont dans l’obligation de gagner pour eux et pour leurs familles le pain quotidien. Et cela est bon, car peu d’entre nous seraient capables de supporter qu’il en fût autrement. Et pourquoi ce travail manuel nécessaire m’empêcherait-il de rendre un témoignage vivant d’amour et de fidélité à notre adorable Sauveur ? Mais pour le croyant ce travail est un gagne-pain — rien de plus. Aussitôt qu’on veut y attacher l’importance d’une vocation, ou le regarder comme une chose honorable selon le monde, le témoignage rendu à la gloire de Christ devient impossible. Nul doute que la grâce de Dieu puisse appeler des individus activement engagés dans des professions honorables selon le monde. Nous avons connu des hommes ainsi appelés de Dieu au moment même où ils entraient dans une de ces carrières chères au cœur naturel, et nous en avons vu quelques-uns faire preuve d’une grande simplicité de cœur. Je ne dis pas qu’on ait tort de suivre ce qu’il est convenu d’appeler une profession ; mais au nom de la gloire céleste de Christ, je juge l’esprit dans lequel tout ce qui appartient au monde est organisé, et je vous mets en garde contre la vaine gloire des hommes, contre le désir des grandeurs terrestres, contre l’entraînement, pour nous et pour les nôtres, de l’opinion du monde. L’heure de Christ n’était pas venue ; la nôtre ne l’est pas non plus. Si nous Lui appartenons, nous n’avons que faire de la gloire de ce monde. Soyez convaincus que ces honneurs-là sont un déshonneur pour l’enfant de Dieu. Peu importe les biens que le monde nous offre. Quel besoin en avons-nous ? Toutes choses sont à nous. Nous jugerons le monde, et même les anges. Je ne tiens pas à montrer que les choses terrestres portent si souvent l’empreinte de leur futilité, que les sages de ce monde admettent que le plaisir consiste plutôt à poursuivre qu’à atteindre.

Souffrez donc que j’insiste sur l’importance pour le chrétien (qu’il s’agisse de lui ou des siens) de se tenir constamment sur ses gardes quant au monde, le regard attaché sur Christ dans le ciel. Loin de moi la pensée que le christianisme impose à tous les croyants une uniformité d’occupations, ni que la foi se manifeste par l’abandon de la vocation où l’on se trouve, si l’on peut y demeurer avec Dieu, ou par la recherche d’un état qui soit en dehors de nos aptitudes. Ce n’est pas de la foi, mais de la folie. Mais malgré ces réserves, souffrez que je vous redise qu’il n’y a qu’un seul mobile digne d’un chrétien, c’est de tout faire en vue du Seigneur, que notre occupation journalière soit de faire des souliers ou de rédiger des actes. Et si nous savons que nous accomplissons la volonté de Dieu, nous pouvons faire quoi que ce soit avec une bonne conscience et un cœur joyeux. Ce qui perd le chrétien, c’est d’oublier qu’il est sur la terre pour faire la volonté de Dieu et pour être un fidèle témoin d’un Christ rejeté par le monde, mais glorifié dans le ciel.

Quelle est au contraire l’ambition de l’homme du monde ? C’est de faire son chemin, d’accomplir quelque chose de grand — et ce qu’il a pu acquérir aujourd’hui devient un marchepied pour obtenir de nouveaux honneurs demain. Tout cela n’est que la négation de la position que doit occuper le chrétien, et montre combien les désirs du cœur se trouvent dans le courant du monde. Il est naturel peut-être de souhaiter d’avoir une position plus brillante ou plus facile ; mais alors, où est l’attachement du cœur à Christ, et se pourrait-il, après tout, qu’on Lui préférât le premier Adam ? Toute la question est là. Si mon cœur appartient au second Adam, ne dois-je pas le montrer dans ma vie de chaque jour ? Ne faut-il honorer Christ que le dimanche ? Assurément ce n’est pas là la loyauté que nous devons à notre Chef. Avez-vous été amenés par la grâce le Dieu à la connaissance de Son amour pendant que vous occupiez une position regardée par le monde comme basse et méprisable ? Soit. Quelle admirable occasion d’exercer la foi qui sait juger par Christ dans la gloire si vous pouvez, en conservant cette position, demeurer avec Dieu ! Je ne vous demande nullement de suivre tel ou tel homme ; mais de sonder la Parole, et de déterminer dans quelle mesure il vous sera possible d’honorer Dieu là où vous êtes. Car ne devons-nous pas être Ses épîtres lues et connues de tous les hommes ? Et n’est-ce pas ainsi que par Sa grâce des fleuves d’eau vive couleront de nous ? Nous ne manifestons pas Christ quand nous étreignons avec force les biens que nous possédons, quand nous maintenons rigoureusement nos droits, quelque fondés qu’ils puissent être selon le monde ; quand nous résistons avec raideur à tout empiétement qui nous semble injuste. De même l’esprit de Christ n’est pas manifesté par celui de « basse condition » qui profite avec avidité de toutes les occasions d’avancement qui peuvent se présenter. Que votre condition soit élevée ou basse, comme on dit dans le monde, l’occasion ne vous manquera pas de montrer ce que vous pensez de Christ.

La Parole de Dieu peut nous diriger d’une manière infaillible ; notre sagesse n’est que folie. La volonté du Seigneur est tout. Il faut que la conscience chrétienne reconnaisse que, quelle que soit la position du croyant, chacun de nous peut faire la volonté de Dieu, peut être Son serviteur, peut manifester que nous L’estimons infiniment au-dessus du monde. La bénédiction pour moi consiste à être satisfait du service quel qu’il soit que le Seigneur me donne à faire. Quant aux circonstances qui doivent Le glorifier, et qui conviennent à Son serviteur, c’est à Lui à en juger. Que je les regarde simplement comme autant de moyens de publier Ses louanges, en estimant par-dessus tout ce que le monde hait. Pour ce qui concerne notre profession, qu’elle soit honorée ou méprisée par les hommes, elle ne doit être pour nous qu’un gagne-pain. Ce point de vue n’est pas celui du monde. Traiter une profession honorable de gagne-pain ? Oui assurément ; un Sauveur crucifié ici-bas, et élevé dans la gloire fait peu de cas du monde et de ce qui s’y trouve. Prenez un exemple. Je dois travailler comme cordonnier ; ai-je le désir d’être le premier cordonnier de Paris ? Supposez que je sois médecin. Mon ambition me porte-t-elle à vouloir avoir la plus nombreuse clientèle ? De semblables désirs proviennent-ils de Christ ? Est-ce ainsi que nous honorons de fait Jésus glorifié ? Est-ce de Sa main que j’accepte mon travail, et pour Lui que je le fais ? Nos cœurs savent combien — si le Seigneur nous donnait réellement quelque chose à faire pour Lui, notre amour se montrerait à le bien faire. Loin de nous la pensée que les chrétiens doivent être négligents ou insouciants dans la manière de vaquer à leurs occupations. Ce qu’il faut pour la foi, c’est la ferme conviction que Christ est le but de notre travail, qu’il soit important ou humble.

C’est ainsi que nous manifestons, même dans notre vie journalière, que nous ne vivons pas pour nous-mêmes en ce monde, mais pour Celui qui est mort et qui est ressuscité ; et nous aurons certainement pour nous la puissance du Saint Esprit. Précieux témoignage, bien qu’il soit rendu au milieu des choses transitoires de ce monde ; mais témoignage qui ne passera jamais. Nous ne faisons que traverser un pays étranger ; notre patrie est avec Christ ; mais nous ne sommes que pour un temps là où le Seigneur Lui-même nous a placés. Nous séjournons ici aussi longtemps qu’Il nous donne à travailler pour Lui. Nous campons au commandement de l’Éternel, et au commandement de l’Éternel nous partons. C’est à Lui à disposer de nous. Nous sommes au désert, mais, en attendant, au lieu de boire de l’eau d’un rocher, nous avons une source au-dedans de nous, d’où découlent des sources d’eau vive. C’est la joie de Jésus qui se reproduit ici-bas — la puissance du Saint Esprit qui donne dès à présent au cœur de se dilater en Celui qui est là-haut. Nous savons que nous Lui appartenons, et ainsi les vanités de ce monde sont jugées pour ce qu’elles sont, l’appât dont se sert Satan pour séduire un monde condamné.

Bien-aimés, dans quelle mesure vos âmes cherchent-elles ce but ? Je me pose la même question. Je désire, par la grâce de Dieu, que les vérités qu’Il a placées devant nous, ne dégénèrent pas en une connaissance stérile. Plus que d’autres chrétiens, nous avons à nous méfier de ce piège. Dieu dans Sa miséricorde a réveillé Ses enfants en leur rappelant cette vérité, et plus encore en ravivant la foi qui a été « une fois enseignée aux saints ». C’est là, sans doute, un grand privilège, mais il entraîne avec lui une sérieuse responsabilité et de graves périls. Qui sont ceux qui sont le plus exposés à perdre de vue cette vérité et à en devenir les adversaires déclarés ? Ceux-là mêmes qui l’ayant connue ont cessé de la réaliser et par conséquent de l’apprécier. Et comment peut-on la réaliser, à moins que Christ et non le moi soit notre premier objet ? Mettez à la place du Seigneur dans nos cœurs des préoccupations personnelles, touchant notre renommée ou notre bien-être, et tout se corrompt jusqu’à la source. Dieu seul sait où s’arrêterait cette folie sans la grâce qui, après nous avoir pris quand il n’y avait pas dans nos cœurs une seule étincelle d’amour pour Dieu, nous a gardés malgré toute notre misère, et qui peut encore empêcher les funestes conséquences de notre indécision et de notre infidélité. Dieu qui a toujours Christ en vue et qui veut qu’Il soit glorifié en nous, nous laisse assez de liberté d’action et de responsabilité morale pour montrer jusqu’où l’incrédulité peut nous entraîner. Mais Il peut relever une âme, et c’est ce qu’Il fait. Puissions-nous compter sur cette grâce pour nous garder aussi bien que pour nous relever, aussi bien que pour discerner la manière dont Il juge les personnes et les choses, et traiter avec sévérité tout ce qui peut tendre à amoindrir la Parole, ou à abuser de la grâce pour diminuer la gloire du Seigneur Jésus Christ.

Veuille le Seigneur nous rendre humbles et nous tenir dans l’humilité. Qu’Il nous donne si constamment de Le contempler dans la gloire, que tout ce qui est de ce monde soit jugé comme devant subir l’heure de la moisson, et celle de la vendange qui ne sont pas encore venues. Mais en attendant, notre joie est venue dans la glorification de Christ et dans le Saint Esprit qui nous a été donné avant cette heure. Nous connaissons Jésus dans la gloire céleste, et nous savons qu’Il a déjà envoyé le Saint Esprit pour nous faire participer dès maintenant à la richesse de cette gloire. Puissions-nous être Ses fidèles témoins, dussions-nous être brisés afin que les fleuves d’eau vive se répandent plus librement à la louange de la grâce et de la gloire de Dieu.

Méditation 4 — « Le Paraclet ou le Consolateur » — Jean 14, 26 ; 15, 26 ; 16, 7 à 15

Dans les chapitres dont quelques versets ont été lus, nous entrons dans une région de vérité sensiblement différente, relativement à l’Esprit de Dieu. Il n’est plus question de la nouvelle naissance, ni même de l’Esprit Saint comme étant la puissance de communion avec les sources de la grâce — communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. En outre, ce n’est pas non plus l’Esprit Saint comme une puissance qui du dedans coule au-dehors, rendant un témoignage vrai au Seigneur rejeté par le monde mais céleste, avant que l’heure vienne pour Lui de se manifester au monde, et les siens avec Lui. Ce sont là, en tant qu’il s’agit de l’Esprit de Dieu, les trois sujets de Jean 3, 4 et 7.

Quelle est donc la grande vérité dominante, que le Seigneur met devant nous dans les chapitres qui ont été lus ? Quel est l’objet qui frappe le plus éminemment une âme soumise à la Parole de Dieu, en entendant ou en lisant ces passages ? Il se peut qu’il y ait des différences, et il y en a en effet, dans chacune de ces communications ; mais elles ont néanmoins — soit le chapitre 14, ou le chapitre 15, ou le chapitre 16 — une grande vérité en commun, qui n’avait été présentée dans aucune partie précédente de cet évangile — une vérité qui est d’une valeur si immense en elle-même, et aussi d’une telle immensité dans ses conséquences, que nous n’aurions pu en aucune manière la déduire d’aucune des communications précédentes de notre Seigneur. Voici le principe commun dans ces chapitres (14, 15 et 16), c’est qu’il ne s’agit pas seulement d’une source qui imprime son propre caractère à la nouvelle vie qui est donnée au croyant, ni d’une puissance qui opère, soit intérieurement ou extérieurement, et cela dans le culte aussi bien que dans le témoignage ; mais il y a beaucoup plus. Nous trouvons le témoignage de Christ fortement marqué dans ces chapitres ; mais il y a une autre vérité qui non seulement s’élève au-dessus de ce que nous avons eu dans la première partie de Jean, mais encore ressort particulièrement dans chacune de ces communications qui sont maintenant devant nous. Il y a une personne divine qui nous y est présentée d’une manière proéminente. Ce n’est pas seulement une source ou une puissance, mais une personne.

Or l’occasion explique évidemment la source de cette différence. Le Seigneur Jésus était sur le point de s’en aller — Lui, la personne bénie qui avait appelé à Lui les disciples, qui avait formé leur cœur pendant Son ministère terrestre en leur révélant le Père. La scène allait se terminer par Sa mort, en laquelle Dieu serait infiniment glorifié. Comme Il le dit Lui-même : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié et Dieu » — non simplement le Père, mais Dieu — « est glorifié en lui ». Le Père était glorifié, mais cette vérité renferme quelque chose de plus, et une tout autre pensée : « Dieu est glorifié en lui ». Le péché était contre Dieu et devant Dieu ; par conséquent il était impossible que Dieu passât par-dessus. Il faut que la nature morale de Dieu se manifeste dans toute sa force et toute son indignation contre le péché. Jésus, le Fils de l’homme, le Christ rejeté, prend sur Lui-même le péché, et devient responsable pour les iniquités de Son peuple. Dès lors, sur la croix, Dieu a acquis une gloire qu’Il n’eut jamais auparavant, et qu’il est impossible qu’Il reçoive jamais une seconde fois. Dieu fut glorifié, infiniment et pour toujours. La conséquence est que depuis ce moment-là jusque dans l’éternité, Dieu a devant Lui la grande œuvre et en même temps l’œuvre précieuse, de manifester, sous toutes les formes possibles, Son appréciation des souffrances infinies dans lesquelles Jésus L’a glorifié. Le résultat immédiat de cette œuvre fut que Jésus, étant ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, prit Sa place à la droite de Dieu dans le ciel. Rien autre n’eût été pour Lui un témoignage adéquat de la valeur de la croix. Il y a des résultats qui seront accomplis en leur temps ; il n’y a aucune bénédiction que Dieu ait jamais donnée ou puisse jamais donner, à part de la croix du Seigneur Jésus. Mais en même temps, la croix a si parfaitement et entièrement satisfait la justice de Dieu, Sa sainteté, Sa majesté et Son amour — tout Son caractère en un mot aussi bien que Ses affections — que maintenant Dieu a simplement devant Lui, pour ce qui concerne Christ et ceux qui Le reçoivent, la tâche bénie de satisfaire pleinement Sa propre nature en bénédiction selon tout ce qui est en Son cœur. C’est cela seul qui explique ce qu’Il fait maintenant. En vertu de cela, non seulement Il met Jésus à Sa droite, mais Il proclame Son évangile — chose qu’Il n’avait jamais faite auparavant — et Il l’envoie à toute la création. Dieu est le même Dieu, et pourtant des milliers d’années avaient passé sur ce monde sans qu’Il eût jamais fait annoncer aux hommes un pareil message. Il pouvait y avoir une bonne nouvelle ou une autre, de bonnes nouvelles pour Abraham ou pour les enfants d’Israël ; mais il n’y eut jamais auparavant la bonne nouvelle de Sa grâce envoyée au loin à toute créature. Ce n’est pas que Dieu commençât à être amour : Jésus Christ ni Sa croix n’ont jamais produit l’amour en Dieu. C’est le caractère distinctif de l’amour en Dieu, qu’il n’est ni créé, ni causé, ni mis en action par ce qui est en dehors de cet amour même. L’amour est dans la nature même de Dieu. L’amour y existerait et y existait, même s’il n’y avait pour lui aucun objet, car les objets ne créent pas l’amour ; mais en même temps, dans la souveraineté de Dieu, Son amour se manifeste, et c’est envers ceux qui sont les plus nécessiteux, les plus déplorablement coupables, les plus éloignés de Lui-même, et les plus hostiles. Il peut maintenant déployer Son amour. C’est la croix de Christ qui justifie Dieu quand Il le fait.

Mais ce n’est pas tout. Jésus disparaît de ce monde. Il devait en être ainsi. Le monde n’était pas assez pour Lui. Tout ce que Dieu aurait pu y faire, tout ce que Sa providence aurait pu accomplir, le don du trône de David, ni même la domination universelle du Fils de l’homme sur toute nation, tribu et langue, n’eussent pas été une récompense suffisante de la part de Dieu pour la croix du Seigneur Jésus. En conséquence, Dieu élève Jésus à Sa droite dans une gloire céleste ; et c’est évidemment là ce qui fournit l’occasion des merveilleux enseignements de Jean 14. Tout d’abord notre Seigneur présente la certitude de Son retour ; car s’Il s’en allait au Père, ce n’était pas que Son amour et diminué. Il allait leur préparer une place. Aussi sûrement donc qu’Il allait à la maison de Son Père, Il reviendrait, et les prendrait auprès de Lui ; afin que là où Il serait, Lui, ils y fussent aussi. Il leur avait manifesté le Père ; Il L’avait montré ici-bas. Ils avaient connu, ou ils auraient dû connaître, non seulement que le Père était en Lui, mais qu’Il était dans le Père. Il était une personne divine ; Il était le Fils. La chose, sans doute, était indépendante de Son œuvre ; mais en même temps, elle donnait une valeur infinie à cette œuvre. Maintenant Il va plus loin, et montre que pendant Son absence dans la maison du Père, Il donnera une chose digne de Son amour et digne de la croix — une bénédiction inouïe, surpassant tout ce qui avait jamais été connu par l’homme sur la terre auparavant. Il l’introduit ainsi : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements ». Il ne voulait pas qu’ils dépensassent leur vie et leurs affections dans d’inutiles regrets pour Son absence ; mais Il voulait qu’ils prouvassent leur amour d’une manière réelle et substantielle — « gardez mes commandements ». D’un autre côté, Il prouverait, Lui, Son amour d’une manière divine en son caractère. « Et je prierai », dit-Il, « le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour demeurer avec vous éternellement, [savoir] l’Esprit de vérité, lequel le monde ne peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas, et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et sera en vous ». Plus loin Il ajoute ce qui rend la personnalité si évidente : « Le Consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom ». Remarquez les paroles : « Enverra en mon nom ». Ce n’est pas seulement : « donnera », car nous pouvons comprendre l’acte de donner de la puissance simplement ; nous pouvons comprendre une source divine de bénédiction qui jaillit au-dedans ; nous pouvons comprendre qu’il coule une provision infinie de bénédiction. Mais ici il y a bien plus. C’est indubitablement une personne divine : « que le Père », dit-Il, « enverra en mon nom, lui, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites ».

Arrêtons-nous là-dessus quelques moments et considérons ce que c’est, ou plutôt quel est Celui, que Dieu nous a donné — que le Père a envoyé au nom du Fils, du Seigneur Jésus. Je ne nie pas que l’Esprit Saint soit quelquefois présenté en figure comme étant répandu ou ce qui est communiqué. Cela est familier à tous, et une chose indiscutable. Dans de telles figures la pensée est clairement la profusion de la bénédiction, la richesse, l’abondance et la prodigalité, si je puis le dire, de ce que Dieu le Père donne maintenant pour la gloire de Son Fils. Mais outre les richesses du don, et l’abondance de la grâce, nous avons ici une pensée tout entièrement différente. Nous trouvons ici le plus haut degré de clarté et de précision. Et cela n’a rien qui doive étonner. C’est une personne — et non une puissance simplement. Il ne s’agit pas seulement d’une plénitude de bénédiction, mais d’une personne divine. En conséquence, le langage employé semble destiné par le Seigneur à présenter avec insistance cette grande vérité, car Il savait, hélas ! qu’elle serait promptement oubliée par l’Église de Dieu.

J’admets aussi comme certain que le temps viendra où les hommes ici-bas recevront une autre effusion de l’Esprit Saint. J’admets la dernière pluie, comme aussi la première. J’admets l’accomplissement du beau type dans Exode 28, lorsque le son des clochettes se fait entendre, non pendant que le souverain sacrificateur est au-dedans du lieu saint, non seulement quand il y entre, mais aussi quand il en sort. Ainsi donc, comme il y eut un témoignage rendu quand le souverain Sacrificateur est entré, il y aura un autre témoignage de l’Esprit Saint, quand le souverain Sacrificateur sortira encore une fois. De même que, lorsque Jésus est entré dans les cieux, le son se fit entendre par la puissance de l’Esprit, ainsi quand Il sortira de nouveau, il y aura une nouvelle forme et plénitude de la bénédiction de l’Esprit Saint répandu sur toute chair, comme il est dit dans la promesse ; mais avec cette seule différence, que la chose future ne sera assurément pas pour le même corps qui avait reçu de l’Esprit Saint la première bénédiction de la grâce divine, mais, comme nous le savons, c’est l’ancien peuple de Dieu qui en sera l’objet. Dieu visitera de nouveau Israël en grâce ; non pas, sans doute, limitant la bénédiction à Israël, mais de même qu’il a plu à Dieu maintenant de chercher dans toute nation sous le ciel, il en sera ainsi, mais d’une manière plus étendue au temps du second avènement de Christ et de Son règne sur toute la terre.

Dans tout cela il pourrait sembler que nous nous fondons sur le vague ; et si nous n’avions rien autre, nous serions loin de posséder une lumière bien évidente relativement à l’Esprit de Dieu. Même dans ce sens, je ne sache pas qu’il conviendrait de parler, comme cela se fait assez fréquemment de nos jours, des influences de l’Esprit. Nous sommes en présence d’une vérité infiniment plus grande et plus imposante, et c’est de cette vérité même que le Seigneur parle ici. Car, en effet, il ne s’agit pas simplement d’influences pour le bien de l’âme, ni d’une source jaillissante de la faveur divine, ni de puissances qui se répandraient au-dehors ou au-dedans à un degré quelconque. Au-dessus de cela, et mieux que cela, nous avons le glorieux fait que maintenant, pour la première fois et, d’après l’Écriture, je le crois pleinement, pour la seule fois — la présence personnelle de l’Esprit Saint est connue sur la terre — de l’Esprit Saint effectivement descendu du ciel et ici-bas comme fruit de la rédemption et du départ du Seigneur Jésus pour le ciel.

Nous admettons pleinement que conjointement avec cette présence personnelle, il y a une abondante distribution de puissance, ainsi que nous l’avons dit. Et je ne doute pas non plus un seul instant que bientôt, lorsque le Seigneur Jésus reviendra du ciel, il y aura de toutes parts une effusion plus grande encore, un déploiement beaucoup plus considérable de la bénédiction de Dieu ; mais où voyons-nous qu’Il enverra l’Esprit dans ce temps-là ? Où voyons-nous le Père envoyant le Consolateur au nom de Christ, le Fils ? À nulle autre période que celle-ci. C’est ici et maintenant seulement. Je ne veux pas dire que ce soient là les seules Écritures qui s’y rapportent ; mais que ce sont ici les seuls temps, et circonstances et conditions dans lesquels la Parole de Dieu place non seulement le don de l’Esprit et Son effusion, mais encore la mission de l’Esprit.

Il est question ici, je le répète, de Sa descente personnelle du ciel ; et rien ne saurait se déduire plus clairement des paroles de notre Seigneur, ainsi que nous le prouverons dans la suite.

La clé à toutes ces déclarations gît dans ce fait : la présence du Consolateur. Cette présence personnelle du Saint Esprit, dont il est parlé ici, est en rapport intime avec l’absence personnelle de Christ après la rédemption, absence qui en est le fondement. D’un autre côté, le jour éclatant du Seigneur, ce jour qui vient, sera marqué, non par l’absence de Christ, mais par Sa présence ; non par Sa séance dans le ciel, mais par Sa propre venue pour régner sur la terre ; et à ce jour-là ne se rattache aucune présence personnelle de l’Esprit. Il se peut qu’il y aura, dans un certain sens, une manifestation plus grande de puissance — plus étendue, sinon plus profonde ; mais ce sera un état de choses absolument différent, et l’une des différences les plus frappantes se trouve dans un fait qu’en passant nous pouvons établir ici, à savoir, que, dans ce jour-là, le Saint Esprit n’introduira pas une seule personne dans le lieu très saint pour adorer. Ceci, qui caractérise l’état de choses actuel, aura pris fin. Le voile ne sera plus déchiré dans le jour millénial, lorsque le règne du Seigneur Jésus Christ sera établi sur la terre. Il est possible qu’une pareille déclaration paraisse mal sonnante et vienne rudement choquer « la routine », les préjugés de doctrine. Pour certains théologiens, qu’y aurait-il, après l’œuvre de la rédemption, de plus blessant à entendre admettre que la possibilité d’un retour à un sanctuaire terrestre, à un voile de séparation, et à une sacrificature humaine aussi bien qu’au renouvellement des sacrifices extérieurs ? Mais, dans ma pensée, rien cependant n’est plus certain, si nous reconnaissons l’autorité des Psaumes et des Prophètes, qu’un tel état de choses sur la terre, sous le règne millénial du Seigneur. Les docteurs gentils l’expliqueront à leur guise ou plutôt essaieront de l’expliquer de manière à n’en rien laisser ; mais le fait n’en demeure pas moins d’une manière impérissable devant eux dans la Parole de Dieu, dans la parole prophétique évidemment non accomplie. Dans l’Écriture, ce fait est bien particulièrement marqué de ce signe, que quand ce jour-là viendra et que Dieu reprendra Ses relations avec Son ancien peuple d’Israël, il n’y aura pas de Pentecôte parmi les fêtes rétablies. Il y aura la Pâque et la fête des Tabernacles, mais pas la fête des semaines. Ceci s’accorde évidemment avec ce que j’ai dit, à savoir, qu’il y aura une effusion plus abondante de l’Esprit ; de telle sorte que certains dons extérieurs, communiqués au jour de la Pentecôte et après, sont désignés sous le nom de « miracles (vers. angl., puissances) du siècle à venir ». Pourquoi sont-ils appelés « puissances du siècle à venir » ? Parce qu’ils sont un spécimen de cette énergie qui alors opérera inempêchée et fera connaître au vaste univers la puissante délivrance que le Sauveur a accomplie pour « toutes choses » aussi bien que pour ceux qui croient. Les « puissances » conférées de la part du Seigneur, par le Saint Esprit, après qu’Il fut monté au ciel, sont donc justement appelées « miracles du siècle à venir » — miracles tels que la guérison des malades, des lépreux, la résurrection des morts, la vue rendue aux aveugles, les membres aux impotents, etc. — parce que ce sont là des expressions de cette puissance qui sera comme au loin et au large dans ce grand jour du règne du Seigneur, alors qu’Il guérira toutes leurs maladies aussi véritablement qu’Il pardonnera toutes leurs iniquités. En ce temps-là, Il introduira et joindra ensemble les deux bénédictions. Il est donc clair qu’il s’agit ici d’un état de choses bien différent de ce que nous avons maintenant.

C’est pourquoi nous jouissons actuellement de ce privilège sans égal que Dieu accorde pour faire connaître l’excellente valeur et le bon plaisir qu’Il trouve en l’œuvre du Seigneur Jésus. D’où vient cela ? Cette œuvre a, sans nul doute, aux yeux de Dieu une valeur éternelle et infinie. Comment se fait-il donc que maintenant plutôt qu’en un autre temps il en soit fait une estimation aussi saisissante et aussi divine ? Je crois qu’en voici la raison : Le jour qui vient sera l’accomplissement de la promesse et de la prophétie ; ce sera le temps de mettre à effet ce que Dieu avait positivement manifesté sous cette forme de bénédiction détaillée qui était accordée à Son peuple sur la terre. Ce peuple était terrestre, et, comme tel, conséquemment, les promesses, dans leur application littérale, le concernaient. C’est pourquoi, lorsque ce jour arrivera, ce sera le jour de ces promesses que Dieu avait expressément mises devant eux, le jour du peuple terrestre et de la terre (la terre d’Israël spécialement), comme centres de leur accomplissement. Mais Dieu ne s’est jamais tenu à l’accomplissement pur et simple de ce qu’Il avait promis ; et bien loin d’atteindre aux profondeurs de la grâce de Dieu en saisissant les promesses, comme cela se dit, on ne fait, au contraire, qu’atteindre en quelque sorte aux limites de ce qui a été approprié à l’homme sur la terre, ou à un peuple sur la terre, ou à la terre elle-même ; mais aussi sûrement que les cieux sont élevés par-dessus la terre, de même la grâce qui reposait pour ainsi dire intacte dans le sein de Dieu, cette grâce qui n’a jamais été définie dans la prophétie et dont la promesse n’a jamais été la mesure, doit être nécessairement proportionnée à la profondeur de la bonté de Dieu Lui-même. Et d’un côté, c’est pour cela qu’Il a gardé par-devers Lui cette réserve bénie ; non pas sans doute dans l’intention de la tenir cachée toujours, mais toutefois en la cachant dès les siècles, « cachée en Dieu » comme nous le lisons ailleurs. D’un autre côté, maintenant le secret n’est plus caché, et cela parce que maintenant Dieu peut agir librement. Il a, à Sa droite, le Christ rejeté par le monde ; et à la seule vue de Christ entrant là, pour ainsi dire, au sortir de la croix et apportant dans Sa présence toute la valeur de la rédemption, Dieu ne donne pas selon la mesure du besoin d’un peuple terrestre ou selon ce qui convient à ce pauvre monde, mais Il donne ce qui est digne de Lui-même et de Christ ; Il donne ce qui serait un honneur dans le ciel même. Qu’est-ce qui peut attester ou prouver cela mieux que l’envoi ici-bas de l’Esprit bienheureux, qui connaissait si bien le ciel et qui pouvait partager tous les sentiments de Dieu le Père au sujet du Fils et de la rédemption ? De là la raison pourquoi nous entrons si pleinement dans cette bénédiction infinie.

C’est donc avec tout le poids de la vérité qui est devant nous, avec ces profondeurs jusque-là impénétrables de la grâce divine, que le Seigneur Jésus Christ parle à Ses disciples. Il voulait les amener dans les conseils et leur révéler la pensée de Dieu le Père, la grâce du Dieu Sauveur ; mais ce à quoi Il engage Son nom, ce qu’Il promet de la part de Son Père comme une ample compensation à la perte de Lui-même, que les siens allaient faire, c’est de leur envoyer un autre « Consolateur » pour demeurer avec eux.

Mais je présume que pour quelques-uns, sinon pour le plus grand nombre, le mot « Consolateur » ne donne pas une notion complète de ce que le Seigneur Jésus entendait réellement nous fournir en nous parlant ainsi du Saint Esprit. Nous pourrions bien naturellement déduire du terme qu’il a rapport à l’affliction, qu’il suggère l’idée d’une personne qui nous consolerait au milieu des détresses de ce bas monde. En effet, le Saint Esprit nous console et nous encourage ; mais cela n’est qu’une bien faible partie des fonctions dont le terme « paraclet » donne l’idée. « Paraclet » est le mot correspondant à celui qu’en fait notre Seigneur employa. Mais ce mot « paraclet » ne signifie pas simplement « Consolateur », mais s’entend de quelqu’un qui est identifié avec nos intérêts, qui soutient toutes nos causes, qui s’engage à nous visiter dans toutes nos difficultés, de quelqu’un qui, à tous égards, devient et notre représentant et le grand agent personnel qui traite toutes nos affaires à notre place. Voilà ce que signifie avocat, paraclet ou consolateur, quel que soit l’équivalent que l’on préfère. Il est donc manifeste qu’il a une portée incomparablement plus grande que celle des mots « avocat » ou « consolateur » : il veut dire l’un et l’autre, mais comprend bien davantage encore. En fait, il s’entend de quelqu’un qui est absolument et infiniment compétent pour se charger de tout ce qui peut être fait en notre faveur, quelle que soit ou puisse être l’étendue de nos nécessités, la grandeur de nos besoins dans les difficultés ou dans les exigences de la grâce de Dieu pour la bénédiction de nos âmes. Tel est le Saint Esprit maintenant, et quelle bénédiction de L’avoir ainsi ! Mais remarquez ici que semblable bénédiction n’a jamais été connue auparavant. J’ai déjà laissé entrevoir, et même, à dire vrai, nettement exprimé la conviction qu’elle ne sera jamais connue de nouveau, tout en accordant pleinement que, quant à l’étendue, il y en aura une plus grande expansion dans le monde à venir. Mais la présence personnelle de l’Esprit ici-bas comme réponse à la gloire de Christ élevé à la droite de Dieu — un tel état de choses ne pourra jamais se renouveler. Tandis que le souverain Sacrificateur est en haut, l’Esprit envoyé ici-bas donne une entrée céleste dans Sa gloire aussi bien que dans la rédemption ; lorsque le souverain Sacrificateur sortira pour occuper le trône terrestre, l’Esprit répandu alors rendra un témoignage approprié à la terre sur laquelle le Seigneur devra régner.

Si cela reste présent à notre esprit, quelle solennelle impression nous ressentirons en regardant à l’état de la chrétienté ! Je ne mets pas en doute le fait ; mais s’il est tel, il est gros d’importance et plein de sérieuses réflexions. C’est toujours, si je puis ainsi m’exprimer, ce qui constitue le grand critérium de la vérité qui est destiné à disparaître d’abord, et toujours, je le crois aussi, ce qui est le plus difficile à recouvrer quand on l’a perdu ; car c’est invariablement ce qui reflète au plus haut degré la gloire de Dieu. Qu’est-ce donc qui pourrait être plus cher à l’Esprit, qui est ici-bas pour glorifier le Fils en glorifiant le Père ? Et que pourrait-il y avoir de plus important pour les saints ? Ne vous étonnez pas si le diable tend toutes ses cordes et pratique toutes ses ruses pour effacer et défigurer, pour pervertir et corrompre ce qu’il ne peut détruire. Si je juge la chrétienté d’après ce principe, quelle sera la triste conclusion ? S’il est une chose qui plus qu’une autre devrait caractériser aujourd’hui les enfants de Dieu partout, quelle serait-elle, d’après ces paroles du Sauveur ? La présence, la présence personnelle du Saint Esprit ; la certitude que cette personne divine est venue remplacer Christ. Je veux bien que pour l’esprit de l’homme elle soit impénétrable, et pour les sens, invisible, ainsi que cela est dit du monde dans ce passage. Évidemment, s’il s’agissait d’une chose que les sens et l’esprit pussent saisir, le monde aurait pour cela la même capacité que le croyant. Mais, au contraire, « le monde ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez ». Nous Le connaissons et nous savons qu’Il est présent, d’abord sur la simple parole du Seigneur Jésus, mais secondement aussi par la consciente jouissance de cette présence.

Il faut que je le reçoive d’abord simplement sur la parole du Seigneur ; mais quand j’ai reçu la vérité dans mon âme, suis-je privé du sentiment de Sa présence ? Suis-je privé de goûter la joie de l’Esprit Saint habitant soit en moi, soit dans l’Assemblée de Dieu ? Assurément, nos cœurs peuvent bien attester le contraire. C’est pourquoi il ne s’agit pas seulement de croire pour que cela devienne une vérité. « Ne savez-vous pas », dit l’apôtre, « que votre corps est le temple du Saint-Esprit ? ». C’est-à-dire que ce n’est pas seulement une affaire de foi. Tout d’abord, je n’en doute pas, une âme est amenée à la bénédiction par la foi en Christ et rien de plus ; mais ne pas laisser de place pour la jouissance qui est trouvée en Lui subséquemment, tout réduire à une affaire pure et simple d’acceptation de la Parole de Dieu concernant le Seigneur Jésus, ce ne serait de notre part qu’un bien pauvre témoignage à la puissance de l’habitation de l’Esprit ou à la révélation de la grâce du Sauveur. Que penserait-on d’un homme qui n’aurait d’autre assurance, concernant la réalité de la relation de sa femme avec lui, que le fait de l’inscription du nom de celle-ci au registre de l’état-civil ? Il faudrait pour cela que les choses en fussent venues à un point bien extraordinaire et bien fâcheux. Et supposez-vous que la présence du Saint Esprit — personne divine — envoyé ici-bas expressément pour nous communiquer la puissance, et la joie, et la bénédiction, et le rafraîchissement de la grâce de Dieu dans la connaissance de Christ, supposez-vous que la présence de cette personne divine soit pour le nouvel homme une moins grande réalité que la consolation fournie par une compagne que Dieu a donnée à l’homme pour tout ce qui appartient à la vie présente ? Loin de nous une telle pensée, et c’est pour cela que je répète que c’est une question digne d’être examinée et pesée.

Sans doute, si mon âme, une fois réveillée, ne fait qu’accepter la parole pure et simple de Dieu dans l’évangile et n’a de souci ni de désir pour rien autre chose de la part de Celui qui est ici-bas pour glorifier Christ, je ne dois pas m’étonner si je reste au-dessous de la jouissance que d’autres goûtent ; car le Saint Esprit ressent un tel mépris fait à Sa grâce et ce qu’il y a d’outrageant dans cette disposition à être satisfait de la plus faible mesure possible dans la connaissance de Christ. J’éprouverai nécessairement une perte, si je m’obstine à ne rien chercher de plus. En soi, cette disposition est, quant au principe, rationaliste, en ce qu’elle réduit la Parole même de Dieu à une simple lettre ; c’est le cœur se refusant à avancer dans la jouissance de cette puissance et de cette présence bénie de l’Esprit, simplement parce qu’on a cru l’évangile du salut sur la parole du Seigneur. Nous voyons, au contraire, que la Parole prend tout particulièrement soin de montrer que, individuellement, il y a, par la puissance de l’Esprit, un sentiment divin de notre relation avec Dieu ; et aussi, dans l’assemblée de Dieu, j’ai le droit non seulement de croire que l’Esprit est là, mais, croyant cela, le droit encore de goûter la douceur et les puissants effets de Sa présence. C’est pourquoi en Romains 8, passage qui se rapporte à ce qui concerne la nouvelle position de l’âme en Christ, il n’est pas simplement dit que le Saint Esprit demeure en moi, croyant, mais qu’Il « rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu ». Est-ce que cela signifie seulement qu’un homme croit l’évangile ? Sans doute, c’est bien par là qu’il nous faut commencer, c’est-à-dire par une foi pure et simple au témoignage que Dieu a rendu de Sa propre grâce à l’égard de nos âmes, par une foi qui ne repose sur rien que cela, sur aucune émotion, ni aucune expérience de quelque genre que ce soit, sur rien que la Parole de Dieu dans la bonne nouvelle du salut par Christ. Mais supposez que je conclue que c’est là tout ce à quoi la grâce me donne droit, ne serait-ce pas, de ce côté, une erreur presqu’aussi préjudiciable que celle qui consiste à confondre la foi avec les sentiments et avec les expériences ? Là où la foi est réelle, elle conduit à une expérience profonde, tant pour ce qui est personnel à une âme que pour ce qui regarde l’Église de Dieu. Quoi qu’il en soit, j’espère que ces remarques suffiront pour le sujet que je traite maintenant. Il m’a paru d’autant plus profitable d’y faire allusion, que le retour, de l’embrouillement ordinaire des évidences intérieures, à la foi simple expose les âmes à limiter tout ce qui regarde le Saint Esprit à la simple parole du Seigneur concernant l’évangile. Cette parole est bien donnée comme fondement ; mais il y a autre chose encore à rechercher. Et nous devons, en évitant une erreur, faire attention de ne pas tomber dans l’erreur opposée. Que le Seigneur m’adresse la parole de vie, je l’admets entièrement comme le point d’où doit partir le chrétien. Accepter l’évangile sur la simple parole du Seigneur, c’est une chose bénie et admirable que le Seigneur nous enseigne, et cela peut-être quand nous sommes rudement poussés par l’adversaire. Mais aussi sûrement que Celui-là est une personne divine, qui est descendue ici-bas et qui demeure réellement en nous, supposer qu’Il ne communique pas à nos âmes une jouissance sensible de Sa présence, c’est, à mon avis, se tromper d’une manière non moins sérieuse.

Donc, tout d’abord, le Seigneur prie le Père, comme Il le dit (car dans ce chapitre Il prend une position de médiateur) : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre consolateur pour demeurer avec vous éternellement ». Ainsi, nous sommes en présence d’une grande vérité concernant le Saint Esprit. Il n’est pas donné seulement ; mais lorsqu’Il vient, c’est pour demeurer éternellement, comme il est écrit : « pour demeurer avec vous éternellement ». Il n’y a pas un mot ici pour qui que ce soit, sinon pour le chrétien. Dans toute cette portion de l’évangile de Jean, nous avons invariablement, comme base anticipée, la rédemption accomplie sur la terre et Christ exalté dans le ciel. Ce sont là, par conséquent, les limites de la bénédiction présentée ici. En effet, c’est moins la rédemption vue dans quelqu’une de ses nombreuses applications, que cette vérité présentée comme fondement de la glorification de Christ en haut et de la descente de l’Esprit Saint sur la terre. En conséquence, l’Esprit Saint est promis ici, non pas pour un séjour limité, comme c’était le cas du Seigneur Jésus, mais, en contraste avec un tel séjour passager, « pour demeurer avec vous éternellement ».

Ces considérations nous amènent tout de suite à sentir combien est solennel le tableau qui partout frappe notre vue dans la chrétienté. S’il y a une vérité qui ait été particulièrement abandonnée, c’est bien celle de la présence personnelle du Saint Esprit. Le témoignage rendu à cette vérité reste bien au-dessous de son importance, et je ne dis pas cela par irréflexion. Je ne le dis pas seulement de cette grande ville qui règne sur les rois de la terre, mais aussi de villes plus petites que les rois de la terre ont bâties pour régner sur elles, et de villes moindres encore sur lesquelles leurs propres sujets ont aimé à régner comme rivaux et sous prétexte de progrès sur les deux autres catégories. Cela, je le dis des corps protestants, nationaux ou dissidents, où qu’ils soient et quels qu’ils soient. Un fait bien remarquable est celui-ci, que si vous examinez leurs confessions de foi, dont la plupart ont été rédigées à une époque où les hommes étaient, sans nul doute, beaucoup plus simples et plus pratiques qu’ils ne le sont aujourd’hui — au temps de la Réforme, par exemple, ou à une époque subséquente de grande crise — s’il y a une vérité qui manque tout particulièrement à ces confessions (au moins à celles que j’ai eu occasion de voir), c’est le témoignage relatif à la présence de l’Esprit Saint. Vous y trouverez d’autres vérités, comme la nécessité d’être né de nouveau, la valeur de l’œuvre de Christ, la gloire de Sa personne comme Dieu et comme homme. Ce n’est pas qu’ils niassent que le Saint Esprit fût une personne divine ; assurément ils n’étaient pas dans ce cas. Mais je ne parle pas maintenant de Sa personnalité ou de Sa déité seulement, mais de Sa mission personnelle sur la terre et de Sa présence actuelle avec les chrétiens, soit individuellement, soit collectivement — la présence de l’Esprit Saint envoyé du ciel. En quel lieu trouve-t-on une telle vérité pratiquée ou confessée à cette époque ? Où est-elle établie ? Je n’ai jamais rencontré rien qui en approchât, même en lisant ; et je ne voudrais pas qu’on pensât que je n’ai pas lu beaucoup sur ce sujet. Je l’ai diligemment sondé, et j’ai désiré obtenir la connaissance de ce qui est réellement retenu par les chrétiens universellement ; mais jamais, dans aucune confession, aucun credo, aucun article de foi, aucun règlement, je n’ai découvert la plus faible expression de ce qui est évidemment la grande vérité caractéristique du christianisme — cette vérité qui devrait retentir au-dehors et se pratiquer continuellement au-dedans de l’Église. N’est-ce donc pas un sujet de solennelle réflexion que cette vérité, qui est la gloire du chrétien, la force de l’Église de Dieu et le privilège spécial en vue duquel il était avantageux que Christ s’en allât, n’est jamais attestée dans aucun des systèmes de la chrétienté que je connaisse ?

On dira que l’on rencontre d’excellentes personnes et, au moins parmi les orthodoxes, de bonnes prédications, etc. Cela est-il nié ? Mais cela remplit-il la lacune ? Peut-être quelques-uns soutiendront-ils qu’au moins la Société des Amis, ou Quakers, comme on les appelle généralement, fait grand cas de la vérité relative au Saint Esprit. À mon jugement, ce sont eux qui (je le déclare avec tout le respect dû à eux-mêmes personnellement) sont, bien à leur insu sans doute, les plus ignorants concernant cette vérité de la présence personnelle de l’Esprit Saint. Et il y a une raison manifeste pour qu’ils s’en tiennent si éloignés et qu’ils y soient si opposés. Leur doctrine, sur laquelle il faut absolument que je m’explique après avoir exprimé une opinion si prononcée sur cette société — la doctrine des Quakers est en complet désaccord avec la vérité que le Seigneur pose ici. Ils soutiennent que l’Esprit de Dieu habite dans tous les hommes sans exception ; qu’il n’y a pas un seul individu, Juif ou Turc, incrédule ou croyant, qui ne possède ce privilège de l’habitation de l’Esprit en lui. Il en résulte par conséquent qu’il leur est impossible de croire à une présence personnelle particulière du Saint Esprit ; car ils sont dans cette pensée que la présence personnelle du Saint Esprit n’est aujourd’hui que ce qu’elle a toujours été, et qu’ainsi elle constitue le moyen essentiel par lequel celui qui en fait un usage convenable peut être sauvé. Aussi une autre erreur marche-t-elle de pair avec celle-ci : c’est qu’ils font de la justification une affaire graduelle et progressive, non pas complète par la foi en Christ et en Son œuvre, mais se complétant dans la proportion où les hommes suivent cette lumière intérieure. Je ne dis pas que tous les membres de cette société en soient là ; sans doute la vérité évangélique a pénétré parmi un grand nombre d’entre eux ; et il en est (je ne tiens pas à les nommer dans ce moment) qui dernièrement ont prêché au-dehors aussi bien que parmi eux, et qui sont dignes d’un grand respect et ont été jusqu’à un certain point employés de Dieu pour la conversion des âmes. Mais ce qu’ils avaient reçu pour leurs propres âmes et qu’ils prêchaient pour la bénédiction des autres, n’était pas la doctrine propre des Amis, telle qu’elle est établie dans ce qui nous reste des fondateurs de la société ou l’apologie de Barclay ; mais c’est une certaine mesure de témoignage évangélique qui a pénétré dans leur enceinte et, de là, a été portée aux autres.

Mais pour ce qui regarde cette doctrine, le principal dogme des Amis est que le Saint Esprit est donné à tous les hommes sans exception, afin que, par un bon usage de cette manifestation de l’Esprit, ils se trouvent finalement sauvés. Or, n’est-ce pas là l’antithèse même de la vérité de Dieu ? Car l’Écriture ne dit pas que l’Esprit soit donné à tous les hommes au monde, mais enseigne que la manifestation de l’Esprit est donnée à ceux-là seulement qui sont dans l’Église. Le chrétien seul a le Saint Esprit. Les saints de l’Ancien Testament ne connaissaient pas même une telle vérité ; pas plus que les saints du millénium, c’est ma conviction, ne la posséderont comme elle nous est donnée maintenant, bien qu’il doive y avoir alors, nous le savons, une effusion de l’Esprit sur toute chair. Israël même n’aura pas l’Esprit comme nous Le possédons maintenant, quoique dans un jour prochain il doive être largement béni et doué d’une puissance aussi étendue, et extérieurement même plus transcendante, je pense, que tout ce qui a jamais été connu dans l’Église. Car le jour millénial sera témoin des manifestations les plus merveilleuses que la puissance divine ait jamais opérées en permanence au milieu des hommes dans ce monde. Je ne doute nullement que les efforts dont l’homme s’enorgueillit si fort à présent — ses inventions, ses télégraphes électriques, ses chemins de fer, ses bateaux à vapeur, disparaîtront du monde pour faire place à ce qui les surpassera incomparablement ; car Dieu ne permettra jamais que l’homme ait le dessus sur Lui. Il ne veut pas laisser subsister cette illusion qu’un jour de péché, de volonté propre, de honte, qu’un jour dans lequel Jésus est rejeté et l’Esprit dédaigné, puisse fournir les matériaux convenables pour le règne de Son Fils sur une terre réconciliée. Qui est celui qui connaît le caractère et la Parole de Dieu et qui admette la possibilité que, sous le Messie, Dieu laisse Israël redevable de ses monuments aux Gentils rebelles, alors qu’Il relèvera Son peuple et fera luire la lumière, et que la gloire de Jéhovah se lèvera sur Sion ? Dans ma pensée, il est impossible que Dieu se serve de ces moyens stériles de l’homme dans ce jour éclatant. Tout comme autrefois Jéricho dut tomber et les anciens centres de la Terre Sainte disparaître, afin que Dieu en choisit de nouveaux pour Son peuple, pareillement, dans le jour qui vient, le Saint Esprit — j’en suis persuadé — enseignera à l’homme combien est infinie la puissance qu’Il déploiera dans la terre ; car ce qui en sera la particularité, c’est que le Saint Esprit agira alors sur la terre et pour la terre. Naturellement, il n’y aura pas de suspension dans ce qu’Il entreprendra ; mais le déploiement de la puissance sera approprié au caractère du Seigneur comme régnant alors sur le monde, ainsi qu’aux objets que le Saint Esprit aura en main.

Actuellement, l’Esprit Saint opère d’une façon différente et pour d’autres fins. Il y eut une grande manifestation de puissance dans les jours apostoliques ; mais le grand point de départ en était l’envoi ici-bas du Saint Esprit par Christ glorifié à la droite de Dieu et amenant les âmes dans une association vitale avec Lui-même comme étant là. C’est le céleste nous rendant célestes par le Saint Esprit, qui est le lien divin entre Lui en haut et nous sur la terre. Voilà ce dont notre passage parle ici (et pour cette raison il y a un contraste établi entre le croyant et le monde). « Il est, dit Christ, l’Esprit de vérité que le monde ne peut pas recevoir ». La fausse doctrine à laquelle j’ai fait allusion, insiste fortement sur ce fait que le monde reçoit l’Esprit et que cette réception n’est point du tout particulière au croyant. Ici, au contraire, il est question d’une possession spéciale de l’Esprit, de Sa présence personnelle, qui est la part du chrétien seul et que le monde ne peut pas recevoir, « parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous le connaissez ». Ce privilège appartient exclusivement ici-bas au croyant : « il demeure avec vous et sera en vous ». Au lieu de leur donner simplement la jouissance d’une bénédiction transitoire, l’Esprit demeure avec eux ; et qui plus est, au lieu de demeurer seulement avec eux, Il est « en eux ». Il y a cette double vérité que l’Esprit demeure avec et aussi qu’Il est en eux. Ces deux choses sont importantes. À partir du moment de Sa descente, Il demeure ; mais pourtant Il ne demeure pas seulement avec eux comme occupant une position extérieure — ce qui est vrai dans une assemblée de saints — mais Il est en eux. Il est absolument essentiel que le croyant retienne le fait que le Saint Esprit demeure avec nous, que ce n’est pas par occasion seulement qu’Il nous visite, mais qu’Il demeure réellement avec nous, afin que nous puissions regarder à Lui sachant qu’Il est réellement ici. Mais en outre, ainsi que l’ajoute le Seigneur — « Il sera en vous » — ce qui implique qu’il y aurait la présence la plus intime qu’il soit possible de concevoir de l’Esprit de Dieu « dans », aussi bien qu« avec » ceux auxquels Il était envoyé, et cela « éternellement ».

Ensuite, l’effet est montré. Le Seigneur dit emphatiquement : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (c’est-à-dire par Son départ d’avec eux) ; « je viendrai à vous ». « Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus ; mais vous me verrez ; parce que je vis, vous aussi vous vivrez ». Est-ce que le Saint Esprit ne nous forme pas en un corps, unissant le croyant à Christ comme Tête ? Il y a même plus que cela. Ici, c’est la communauté de nature qui est enseignée, et non, comme dans les épîtres de Paul, l’unité du corps. « Parce que je vis, vous aussi vous vivrez ». Rien ne saurait être plus intime. De plus, Il dit, pour montrer de quelle manière cela a lieu : « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous ». Mais « ce jour-là » est venu. Et ceci fait voir de nouveau combien cette présence du Saint Esprit diffère de l’effusion de l’Esprit dans le millénium. Ce verset (20) sera-t-il vrai des saints d’alors ? Il est clair qu’il n’existera rien de ce genre. Je suis bien loin de nier que des bénédictions appropriées seront répandues par la miséricorde et la puissance de Dieu. Je ne nie pas que la divine bonté opérera dans le peuple de Dieu, objet de Sa grâce. Assurément il en sera ainsi. Mais il est évident pour moi que l’état de choses décrit ici par le Seigneur et pris dans son ensemble, sera parfaitement impossible dans le millénium. « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous ». Cette vérité n’est applicable que dans le temps présent. La base dont elle dépend a été posée maintenant, et maintenant seulement. Christ a pris place en haut ; non pas seulement dans le ciel, mais, comme Il le dit, « en mon Père ». « En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi » pendant qu’Il est là, et en même temps « moi en vous » pendant que nous sommes ici. Évidemment donc, ce verset est la preuve décisive que notre Seigneur place ce don merveilleux dont Il parle en contemporanéité avec Sa présence dans le ciel. C’est alors seulement qu’est effectuée notre association avec Lui en haut par le Saint Esprit envoyé en bas. Lorsque le Seigneur Jésus Christ quittera le ciel et prendra possession du royaume, tous ces éléments seront changés, et il y aura un nouvel état de choses en harmonie avec la position nouvelle que notre Seigneur prendra. Toujours le Saint Esprit agit ou est donné en rapport avec la place que Christ occupe. Durant l’absence personnelle de Christ, il y a la présence personnelle de l’Esprit Saint ; et comme c’est la présence personnelle de Christ qui caractérise ce siècle à venir qui Le verra revenir, ainsi l’action du Saint Esprit se trouvera nécessairement modifiée par ce nouvel et fructueux acte.

Je ne m’arrêterai pas sur les derniers versets ; car j’ai désiré d’abord présenter aussi distinctement que possible la vérité, et, à cette fin, comparer ce qui existe actuellement avec ce qui a existé et ce qui pourra exister dans les jours à venir, de façon à faire ressortir la spécialité de notre bénédiction. C’est toujours en regardant à Christ que la foi entre dans la pensée présente de Dieu, dans Ses conseils et Ses voies. C’est pourquoi, quand l’âme tient fermement en vue le fait de la présence de Christ à la droite de Dieu dans le ciel, chaque chose se trouve à sa véritable place. Lorsque nos âmes ne font pas de cette vérité la clef de voûte de notre relation avec Dieu aussi bien que de notre position vis-à-vis du monde, tout est perdu — j’entends quant à ce qui nous distingue comme chrétiens. Sans doute, il peut y avoir cette foi en Christ qui saisit le pardon des péchés et une certaine mesure de paix avec Dieu ; mais je ne parle pas de ce qui est propre à consoler l’âme, ni même de la grâce qui nous fait traverser ce monde après nous avoir éternellement sauvés par Christ. Je pense à la gloire de Dieu et à ce qui répond à Ses affections, à ce qui est bon et saint, rempli de puissance et de bénédiction pour le chrétien qui réalise sa relation avec Dieu. Assurément, rien de cela ne sera connu si l’œil de la foi n’est pas dirigé et continuellement fixé sur Christ, là où Il est. Avoir l’œil continuellement tourné vers Lui, là où Il est, voilà ce qui assure la liberté d’action du Saint Esprit dans l’âme ; et c’est pour cela que vous pouvez voir que ceux qui ne croient pas à la présence personnelle du Saint Esprit ici-bas, n’ont aucune conception juste au sujet de Christ comme Tête de l’Église dans le ciel. Ils ne nient pas, ils ne mettent pas même en doute qu’Il soit à la droite de Dieu. Ils déclarent formellement croire au Saint Esprit, à la communion des saints, et ainsi de suite. Mais il ne s’agit pas maintenant de répéter les paroles d’un formulaire ; et les remarques que je fais, je ne les limite pas à un système particulier ; car, à mon avis, toutes les sociétés dissidentes sont fondées sur des vues et visées absolument indépendantes de la présence et de l’opération de l’Esprit Saint dans l’Assemblée. Ainsi, l’état actuel de la chrétienté dans toutes ses formes — nationales ou dissidentes — est caractérisé par l’incrédulité à l’égard de la principale vérité distinctive de l’Église, au moins en ce qui concerne le Saint Esprit.

Il est de la dernière importance que les enfants de Dieu se pénètrent de cette vérité. Il ne s’agit pas de savoir comment et en quel endroit ils ont pu recevoir du bien pour leurs âmes. L’Esprit de Dieu bénit parmi et souvent malgré ces systèmes. En tous il y a des âmes chères à Christ ; en tous il y a non seulement des membres vivants, mais des ministres de Christ, je le crois fermement, partout où les grands fondements se rattachant à la personne ou à l’œuvre de Christ sont reconnus en quelque mesure. Mais il est une chose bien différente, qui consiste à se dire : « Suis-je là où le Saint Esprit envoyé du ciel peut agir librement, conformément aux intentions du Seigneur et à la Parole de Dieu ? Suis-je là où le fait de Sa présence est cru ? La réunion ou l’assemblée dont je fais partie est-elle l’expression de la présence du Saint Esprit ? ». Dans ce moment, ce n’est pas des prédications que je parle, ni même des réunions d’étude, soit sous forme de méditations, soit pour la lecture en commun de la Parole de Dieu. Toutes ces choses ont leur place ; mais il reste, à côté de cela, la grande occasion centrale et distinctive dans laquelle l’Église, c’est-à-dire les membres de Christ, se rassemblent autour du nom du Seigneur Jésus. Or, dans ces occasions-là, avons-nous présente à nos âmes cette transcendante vérité, qu’au milieu de nous il en est un qui est compétent pour toutes les difficultés ; un qui prend soin de la gloire de Christ ; un qui (à cause de l’amour qu’Il porte à Christ, et de la valeur qu’Il attache à Son œuvre et à Sa grâce envers nous qui, par Sa propre puissance, avons reçu Christ et nous reposons sur Son œuvre), un, dis-je, qui soutient nos intérêts, nous recherche, nous donne toutes sortes de joies, nous aide dans toutes nos afflictions, nous fortifie contre tous les pièges du diable, nous rend capables, par Sa propre grâce, d’être simples, humbles, vrais et fidèles, et qui nous traite sur le principe de la Parole de Dieu lorsque nous manquons à quelque chose de ce qui est dû à la personne de Christ ou à la vérité de Dieu ?

Or, je maintiens que de toutes les vérités il n’en est point, au moins en ce qui regarde le corps chrétien, qui prenne le pas sur celle-ci sous le rapport de l’urgence et de l’importance. Et la raison en est bien simple. Si l’on croyait qu’il y a une personne divine envoyée du ciel, et que cette personne est réellement présente avec nous pour être considérée comme dirigeant l’assemblée, agissant par qui bon Lui semble, pensez-vous que cela ne constituerait pas un fait bien prééminent ? Je n’entends pas parler seulement de l’opération de l’Esprit ; car Il peut agir dans une chapelle wesleyenne ou bien par un ministre anglican. J’admets pleinement que, sans l’opération de l’Esprit Saint, nulle âme ne pourrait être convertie ou recevoir aucune vérité de la Parole de Dieu. Ainsi, l’opération de l’Esprit est semblable à Sa propre souveraine grâce ; ou, comme le Seigneur en a fait la comparaison, semblable au vent qui souffle où il veut. Ceci est une chose qui diffère totalement de la reconnaissance de la présence de l’Esprit Saint et de Son action libre et souveraine pour tel des membres qu’il Lui plaît d’employer dans l’assemblée chrétienne.

Est-ce que les chrétiens croient qu’il y a une telle présence de l’Esprit sur laquelle on peut compter ? Assurément, la Parole de Dieu est claire, et c’est cette vérité que les saints sont appelés à reconnaître, et en elle qu’ils sont appelés à trouver leur bénédiction. Or, peut-elle être pleinement connue, à moins qu’elle ne soit crue ? Je ne veux pas dire que tous les chrétiens, individuellement, ont une mesure complète de foi ; peut-être n’y en a-t-il pas un seul qui l’ait, car nous trahissons une si grande faiblesse à l’égard de cette vérité comme de toutes les autres ! C’est pourquoi, bien naturellement, l’assemblée de Dieu n’entend pas exiger de chacun des membres de Christ tout ce qu’elle désire pour eux. Ce n’est pas que tous soient parvenus à une plénitude d’assurance et de simplicité dans cette confiance qui nous sied relativement à la présence du Saint Esprit — confiance due d’autant plus que c’est là une des plus hautes vérités, quoiqu’une des plus simples après tout ; car, en effet, il est assez général que les plus hautes vérités deviennent facilement les plus simples une fois qu’on les a saisies. Que pourrait-on concevoir de plus simple, par exemple, que la séance de Christ à la droite de Dieu dans le ciel ? Cependant n’est-ce pas là, après tout, le noyau du mystère, qui est la plus excellente des bénédictions que Dieu nous ait données en Lui ? De même, je ne connais rien de plus simple et de plus profond à la fois que la présence du Saint Esprit sur la terre, concordant avec la séance de Christ à la droite de Dieu. En même temps, si simple que soit la vérité de la présence du Saint Esprit, elle n’en a pas moins de poids. Tout chrétien, quel que soit le lieu qu’il occupe, devrait être versé dans sa connaissance ; et je sens que Dieu nous a donné cette charge sérieuse de travailler à l’instruction des enfants de Dieu où que nous les rencontrions, afin que comme ils ont reçu Christ, ils croient réellement aussi en la présence du Saint Esprit sur la terre. Mais tout en ayant ce sentiment, je n’admets pas qu’il soit de Dieu de requérir de chacun de ceux qui sont reçus, qu’il possède une connaissance préalable ou une foi exercée à l’égard de cette présence de l’Esprit. Il y a individuellement un grand nombre de membres de Christ qui sont bien faibles dans cette connaissance et qui n’en saisissent pas le prix à un degré appréciable. Mais aussi longtemps que la réunion, comme ensemble, est dirigée par l’Esprit ; aussi longtemps que Sa présence est reconnue sans empêchement avoué, fixé ou sanctionné ; aussi longtemps qu’il n’y a pas plans humains, règles d’homme, ou d’autres arrangements qui gênent l’action du Saint Esprit selon la Parole, là, j’en suis persuadé, tous les enfants de Dieu peuvent être et sont tenus d’être entièrement heureux. On peut bien se tromper, sans doute ; nous sommes tous sujets à errer ; mais dans ce cas, notre consolation est de savoir qu’il en est un présent avec nous, qui seul est à même de redresser toutes les erreurs, et qui, dans Sa propre grâce, est descendu du ciel dans l’intention expresse de s’occuper des saints. C’est pourquoi nous ne devons jamais désespérer, quelles que soient les difficultés ; nous ne devrions jamais abandonner cette confiance dans nos âmes, que le Saint Esprit, qui est présent avec nous et en nous, pourvoira à tous les empêchements et à tous les dangers. Ayons seulement foi en Lui ; invoquons seulement le nom du Seigneur ; soyons seulement assurés qu’Il est ici dans le but — je ne dirai pas d’honorer notre foi — mais dans le but bien plus sûr et bien meilleur de glorifier Christ. À cela Il ne peut jamais manquer. En même temps, là où il y a la foi en Sa présence, comme étant, après tout, la grande pensée de la réunion dans son ensemble, bien que ce puisse ne pas être la pensée dominante de chaque membre en particulier, là, dis-je, où il y a la foi en Sa présence, il y aura une puissance divine. Mais à moins que la réunion ne soit gouvernée ainsi par cette grande vérité, il est évident qu’on pourra y introduire toutes sortes de règlements humains, qui seront en contradiction avec l’action du Saint Esprit dans ces mêmes réunions. Nous trouvons sous ce rapport des détails dans les épîtres, et nous aurons, je l’espère, occasion d’en examiner quelques-uns une autre fois. Je ne fais allusion au sujet que pour le lier, en passant, avec Jean 14, comme montrant la souveraine importance de cette grande vérité de la présence personnelle du Saint Esprit.

Permettez-moi de renouveler ici ma question. En admettant qu’un chrétien, protestant ou autre, crût à la présence d’une personne divine, ne pensez-vous pas que pour lui toutes choses se façonneraient et seraient gouvernées d’après une vérité aussi considérable ? S’il s’agissait seulement d’un souverain terrestre parmi les hommes, je voudrais bien savoir si vous ou moi nous soucierions de paraître vouloir prendre la direction dans une affaire en vue de laquelle le gouverneur se trouverait là ? À supposer que le roi traverse les pays où s’étend sa domination, ou bien visite quelque branche de l’administration de son gouvernement, est-ce aller trop loin que de dire que le devoir d’un sujet, même du plus élevé, serait de lui rendre d’autant plus d’honneur ? Telle est du moins mon opinion. Et, parlant maintenant comme homme, je crois que, dans l’ordre temporel des choses, rien n’est plus heureux pour un peuple que de sentir et reconnaître et respecter les droits du souverain. Je crains que pour beaucoup, cela ne soit qu’une affaire de forme, et que toute trace d’autorité — même celle de la vérité révélée — ne soit guère mieux appréciée dans ces jours-ci, soit pour ce qui est extérieur, soit pour ce qui est intérieur. Mais là où existent l’intelligence et le sentiment vrai de ce qu’est la volonté de Dieu en matière d’autorité terrestre, il est évident que nul homme ou femme qui aurait le souverain dans sa maison — dans sa propre maison, remarquez-le bien — ne pourrait ne pas tenir compte d’un pareil fait et se conduire comme si le souverain n’était pas là.

Mais, bien-aimés, quand nous pensons à l’Église de Dieu, ce n’est pas à notre propre maison que nous pensons, mais à celle de Dieu ; et là, qu’est-ce qui y est dû ? Assurément si quelqu’un peut y agir de plein droit, c’est bien Celui qui est Dieu. En conséquence, il est trop évident et trop palpable pour qu’on s’y méprenne, qu’il ne saurait y avoir la foi en la présence du Saint Esprit sans qu’on Lui donne dès lors la place de primauté et qu’on s’attende à Son action dans les divers membres selon l’Écriture. En vérité, on rencontre rarement une telle prétention ; car le raisonnement ordinaire est celui-ci : que dans les jours primitifs de l’Église il y avait des miracles, des apôtres, et ainsi de suite, mais qu’à présent tout est changé : — de sorte que pratiquement une partie des Écritures se trouverait hors d’usage. Aussi, lorsque les personnes qui sont dans ces idées parlent du Saint Esprit, elles entendent pour la plupart qu’Il se confond avec ces grandes énergies et ces merveilleux serviteurs qui ont existé autrefois ; mais on ne croit pas à la présence sur la terre d’une personne divine qui a daigné, pour la première fois, descendre du ciel pour agir au milieu des saints assemblés — de cette assemblée qui se réunit pour adorer et prendre la cène du Seigneur, ou accomplir quelqu’autre acte de culte ou d’édification chrétienne. Et la preuve qu’on n’y croit pas, c’est que tous les arrangements et précautions sont pris par l’homme pour que la machine fonctionne précisément comme s’Il n’était pas là. Ils espèrent que Dieu bénira les moyens employés, agira par des instruments qui ont été arbitrairement établis ; mais le but de tout cela est de faire marcher les choses parfaitement bien, dans l’ignorance évidente de la présence personnelle de l’Esprit dans l’assemblée. Or, il n’est pas un homme qui voulût agir de la sorte s’il avait le sentiment que seulement un auguste personnage humain est présent. Cette présence apporterait un changement de ton. Il y aurait une ligne de conduite qui sortirait entièrement des habitudes ordinaires. Il n’y aurait pas un homme qui osât se promener au travers de sa maison avec son sans-gêne accoutumé, s’il savait que le roi est là ; du moins je n’admirerais pas un tel homme : il me paraîtrait singulièrement rempli de lui-même. Il est donc en même temps évident que si au lieu d’un personnage humain, on a le sentiment que c’est une personne divine qui est présente, alors toute révérence, toute conscience de Son amour, toute sujétion à Sa direction ne seront de notre part que l’expression bien légitime de la foi.

C’est pourquoi je sens dans mon cœur que puisque nous sommes redevables au Seigneur de tant de bénédictions, nous avons besoin de veiller attentivement à ce que, quand nous nous réunissons ensemble, nous agissions comme croyant en la présence du Saint Esprit. Éprouvons donc par la pierre de touche nos voies et notre maintien. Il suffit quelquefois de bien peu de chose pour trahir la vraie mesure de notre foi en Sa présence réelle. Prenons donc garde d’autant plus, si nous proposons une hymne, ou si nous prions, ou si nous prononçons une parole, ou enfin quoi que nous fassions. Le Seigneur veuille que nous ne jetions pas de discrédit sur cette précieuse vérité qu’Il a donnée à nos âmes. Je suis persuadé qu’il n’est pas d’attaque, pas d’opprobre du dehors, pas de persécution de la part des ennemis, pas de détraction de la part des faux frères, pas de moquerie de la part du monde, qui puissent jamais renverser ceux qui ont foi en la présence du Saint Esprit. Mais, de l’autre côté, ce dont je suis également sûr, c’est que la pauvreté de notre foi pratique, nos fautes, nos fréquents et affligeants manquements ouvrent la porte à l’ennemi ; et c’est de cela plus que de tout le reste que Satan se sert comme pierre d’achoppement pour ceux qui, dans l’état actuel de la chrétienté, cet état si agité et si confus, cherchent ici et là, d’un regard inquiet, quelque port de sûreté au milieu de leur détresse. Et j’insiste sur ce point auprès de mes frères, parce que nous en portons tous chacun notre part — oui, tous, les frères et aussi les sœurs. Je les supplie donc de ne pas oublier quelle place de dignité et de responsabilité est celle à laquelle ils sont appelés. Qu’ils fassent bien attention que leur esprit, leurs regards mêmes, leur contenance, leurs paroles, s’il leur arrive de dire quelque chose, ne se trouvent jamais en discordance avec la foi en la présence du Saint Esprit.

Avant de terminer, je dirai quelques mots sur les deux autres chapitres. La fin du chapitre 15 présente l’Esprit Saint, le Consolateur, sous un point de vue légèrement différent du chapitre 14. « Quand le Consolateur sera venu » — j’appelle encore votre attention sur la manière emphatique dont le Saint Esprit est présenté comme devant personnellement descendre — « Quand le Consolateur sera venu, lequel je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage, parce que dès le commencement vous êtes avec moi ». Il me semble que le point particulier enseigné ici, est le caractère céleste du témoignage de l’Esprit. Au chapitre 14, l’Esprit rappelle les choses que Jésus a dites (v. 26) ; au chapitre 15, Il rend témoignage de Christ Lui-même, et eux aussi rendent témoignage, parce qu’ils étaient avec Lui dès le commencement, et maintenant le Saint Esprit vient et leur apporte un supplément céleste. Ainsi, c’est le Saint Esprit qui descend du ciel, connaissant la place et la gloire dans lesquelles Christ a été reçu, et qui est expressément envoyé, non seulement pour leur rappeler ce qu’ils avaient vu et entendu sur la terre, mais de plus apporter, pour le développement de leur connaissance et la joie de leur âmes, ce que Lui seul pouvait dire de la gloire céleste de Christ. En un mot, ici le Saint Esprit est vu comme apportant une connaissance nouvelle, un nouveau et céleste témoignage concernant Christ, sans que les disciples, bien entendu, perdissent le témoignage terrestre qu’ils avaient reçu préalablement et dans lequel le Saint Esprit vient au contraire les fortifier comme témoins de Christ.

Au chapitre 16 nous avons une déclaration plus avancée encore concernant l’Esprit de Dieu. Notre Seigneur avait dit à Ses disciples, au chapitre 14, qu’au lieu de s’attrister de ce qu’Il s’en allait, ils auraient dû se réjouir : parole merveilleuse de grâce, parce qu’elle montre combien le Seigneur apprécie notre amour et combien Il compte sur la joie exempte d’égoïsme qu’il nous convient de trouver dans Sa propre béatitude et Sa propre gloire. Assurément, c’était pour Lui une heureuse transition que de passer des plus profondes douleurs et des plus profondes souffrances de la croix dans la présence de Dieu le Père au ciel. Il n’y a donc pas à s’étonner que le Seigneur attende des siens qu’ils tiennent compte du fait et se réjouissent de ce que Lui s’en va au Père, quoique ce fût en soi une grande perte pour eux. Mais maintenant Il fait voir l’autre côté de la vérité, et leur dit que, dans un sens, c’est aussi pour eux-mêmes qu’ils devraient se réjouir. La tristesse avait rempli leur cœur ; Il dit, Lui : « Toutefois je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m’en aille ». Le chapitre 14 déclare que c’est avantageux pour Lui ; le chapitre 16 montre que c’est avantageux pour eux, et pour cette raison que, s’Il ne s’en allait, le Consolateur ne viendrait pas — parole qui prouve jusqu’à l’évidence qu’il était nécessaire que Christ passât de la terre au ciel pour que le Saint Esprit descendît. « Si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous ; mais si je m’en vais je vous l’enverrai ». Ainsi, nous voyons que, sous différents aspects, le sujet de la mission personnelle du Saint Esprit est commun à tous ces chapitres. « Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement ». Ici nous voyons, tout d’abord, quelle est la position qu’Il prend vis-à-vis du monde. Le Saint Esprit, aux plus importants égards, prend la place de la loi. Dans les dispensations de Dieu avec Israël, la loi était le grand censeur ; maintenant, c’est le Saint Esprit qui, au lieu de limiter Son action à un peuple particulier, est venu pour convaincre le monde, quel qu’en soit le lieu ou l’état. Le monde pouvait être moral, ou religieux, ou zélé pour la loi ; mais Lui le convainc de péché — non seulement « de péchés », mais « de péché », comme étant ce qui caractérise son état. De plus, Il le convainc « de justice et de jugement ». « De péché », non parce qu’ils avaient enfreint la loi, mais « parce qu’ils ne croient pas en moi » ; « de justice », non parce que Christ avait gardé la loi pour eux, mais « parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus ». La justice maintenant est inséparable de Christ. Il est la seule justice qui soit valable pour l’âme aux yeux de Dieu. Je ne parle pas de ce qui peut avoir de la valeur, au point de vue social, parmi les hommes ; cela, sans doute, a sa place ; mais maintenant j’ai en vue l’éternité, et ici Christ seul est la vie, seul le chemin de la vie. C’est pourquoi ne pas croire en Lui est une chose fatale, quoi qu’il puisse y avoir d’autre. Pareillement aussi, quelque apparence de justice qu’il puisse y avoir, il n’y a réellement pas d’autre justice devant Dieu. Et même dans ce sens, cette justice n’a rien d’externe, mais est caractérisée par la glorification de Christ à la droite de Dieu le Père. C’est justice que le Père ait placé là le Christ que la terre a rejeté. Si nous sommes faits justice de Dieu, par grâce, c’est en Christ, qui a reçu du Père honneur et gloire en haut (voyez 2 Cor. 5).

Mais il y a encore une autre et très solennelle vérité ajoutée à ce verset : « et que vous ne me voyez plus ». Le monde a perdu Christ. Il est venu, non pour juger, mais pour apporter la bénédiction. Il avait tout pouvoir et il ne dépendait que de Lui d’introduire le royaume, pour autant qu’il s’agissait de Sa propre puissance et de Sa propre gloire. Mais l’état du monde par rapport à Dieu était tel, qu’introduire le royaume eût été, d’une part, envisager légèrement le péché, et, d’autre part, traiter légèrement la gloire de Dieu qui avait été totalement compromise. C’est pourquoi, en fait, bien que le Messie soit venu et qu’il ne se trouvât en Lui ni tache ni défaut, bien que l’homme fût responsable à l’égard de la manière dont il recevait Christ, néanmoins — l’homme étant coupable devant Dieu — il était moralement de toute impossibilité que le royaume fût établi alors. C’eût été la négation de la ruine de l’homme et de la gloire de Dieu, chose impossible de la part de Jésus. C’est pour cela que, dans cet évangile, Jésus ne se présente jamais, ainsi qu’on l’a déjà remarqué, comme le Christ. D’autres pouvaient parler de Lui comme tel, mais Lui ne le fait jamais (sauf en ce qu’Il reconnaît la vérité quand elle est confessée) ; et cela, pour cette raison bien simple que, dans l’évangile de Jean, Il a toujours conscience de Sa réjection comme Messie, bien qu’Il fût en même temps Dieu Lui-même, le Fils. De là vient que, quoiqu’Il soit sur la terre, qu’Il accomplisse la prophétie et que d’autres Le désignent comme le Christ, le Fils de David, et ainsi de suite, Il se donne néanmoins le titre de Fils de l’homme, Lui qui, dans Sa propre gloire, est le Fils unique de Dieu. On trouve partout, en Lui, le sentiment calme et distinct de Sa gloire personnelle, gloire qu’aucune réjection, aucune honte du côté de l’homme ne pouvait ternir un seul instant. En conséquence, les bénédictions qui nous sont propres et caractéristiques, sont fondées sur Sa personne rejetée, mais excellemment glorieuse (voyez Matthieu 16), et constituent la réponse à Sa gloire comme homme exalté dans la puissance de résurrection du Fils de Dieu.

Ainsi donc, l’Esprit de Dieu, dans le temps actuel, remplit vis-à-vis de ce monde une fonction en harmonie avec la position de Celui auquel Il rend témoignage, et fait des Écritures, pour ainsi dire, le texte de Son témoignage à Christ. D’où il résulte que le monde, qui ne croit pas en Christ, est convaincu de péché ; et pareille aussi est Sa démonstration de justice et de jugement. La justice est hors de vue et ainsi on en fait peu de cas ; l’exécution du jugement est également différée ici-bas, où le monde marche dans sa volonté propre ; mais la croix, aussi bien que l’exaltation de Christ, est la preuve la plus positive que le prince de ce monde est jugé aux yeux de Dieu. Ce monde, comme tel, n’a jamais été digne de l’attention du croyant depuis la croix de Christ. Jusque-là, il y a eu de la part de Dieu une longue patience, pleine de grâce ; depuis lors, Dieu regarde ce monde comme Son ennemi. Le saint qui a de l’intelligence sait, lui aussi, que le monde est, en effet, l’ennemi mortel de Dieu ; et tout comme la chair a été stigmatisée, le monde l’a été pareillement : le caractère de l’un et de l’autre a été déterminé par la croix de Christ. L’Esprit soutient ce témoignage vis-à-vis du monde ; et comment cela ? Non pas d’après la doctrine qui prétend que tout le monde possède l’Esprit ; mais, bien au contraire, en se tenant en dehors du monde. Si le monde avait cru en Christ, le Saint Esprit y aurait demeuré ; mais le monde ne croyant pas, le Saint Esprit se tient en dehors ; et conséquemment Il convainc le monde au lieu d’y demeurer comme un paraclet. Ce n’est que parmi les saints qu’Il demeure ainsi.

De là découle cette autre question : De quelle manière le Saint Esprit agit-Il par rapport aux disciples ? Et comme c’est une chose absolument différente, elle est décrite ainsi : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les supporter. Mais quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité ». Le Saint Esprit remettrait toutes choses en mémoire. Ce n’est pas seulement qu’Il rendrait témoignage à Christ dans Sa gloire céleste ; mais maintenant il n’y a plus de limite : c’est Lui-même qui est venu personnellement pour être avec et dans les saints, ainsi que nous l’avons vu. En conséquence, Il les conduit dans toute la vérité. Ici, Christ dit : « Il ne parlera pas de lui-même ». Cela ne veut pas dire, ne l’oubliez pas, que l’Esprit ne parlera jamais au sujet de Lui-même. Beaucoup s’imaginent, je pense, que telle est la signification de cette clause ; mais je puis leur assurer qu’ils se trompent. Le Saint Esprit parle beaucoup au sujet de Lui-même dans l’épître aux Romains, dans les épîtres aux Corinthiens, aux Éphésiens, aux Galates. Je puis dire que dans presque toutes les épîtres le Saint Esprit nous fournit une large somme d’instruction au sujet de Lui-même. Donc, ces paroles, loin de légitimer une semblable idée, signifient que le Saint Esprit ne parle pas par le fait de Son autorité indépendante, mais qu’Il agit de concert avec le Père, dans le but de glorifier le Fils ; et il y a une harmonie évidente entre cette vérité et le contexte : « Il ne parlera pas de lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu ». Il est descendu ici-bas pour rendre honneur à Christ : ce qu’Il entend du Père, aussi bien que ce qu’Il entend du Fils, Il nous le dit. Il Lui a plu de prendre sur la terre, si nous pouvons ainsi parler avec révérence, une position subordonnée à cet objet ; tout comme le Fils prit ici-bas une position de subordination au Père. Par rapport à Sa divinité, le Fils était sur un pied d’égalité avec le Père ; néanmoins, Il vint sur la terre dans le but exprès de faire la volonté du Père en qualité de serviteur. Pareillement le Saint Esprit daigne maintenant se faire le serviteur des desseins du Père et de la gloire du Fils, tout comme le Fils le fut ci-devant à l’égard du Père.

C’est pourquoi nous lisons : « Il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver ». Ce n’est pas seulement que l’Esprit nous conduise dans toute la vérité que Jésus avait révélée auparavant ; il y avait encore des choses que nous ne pouvions pas supporter alors. De plus, Il parle de « choses qui vont arriver » — vérité importante pour les âmes qui méprisent les révélations de Dieu concernant l’avenir. Ce n’est pas simplement, me semble-t-il, que nous ayons la Parole révélée de Dieu, mais ayant la révélation de Dieu maintenant complète et le Saint Esprit Lui-même en nous, l’Église devrait pouvoir interpréter tout ce qui l’entoure dans ce monde. Il n’y a rien maintenant que le croyant soit incapable de comprendre par le Saint Esprit, si seulement il se sert de la Parole de Dieu dans la puissance de l’Esprit. Le chrétien a, dans un certain sens, une position prophétique aussi bien qu’une position sacerdotale. Il est appelé à discerner les temps ; il peut lire ce qui se passe dans le monde, et il doit le faire. Sans doute, ses sens peuvent ne pas être exercés à discerner le bien et le mal, et ainsi il sera paresseux à écouter — ce que l’apôtre reproche aux Hébreux ; mais je parle maintenant de ce pour quoi nous sommes considérés comme compétents par la vertu de l’Esprit Saint.

« Celui-là me glorifiera », dit le Seigneur. Ici, nous avons l’objet principal rendu tout à fait apparent — soit qu’il s’agisse de révéler la vérité, de dire ce qu’Il entend, ou d’annoncer les choses à venir ; c’est là le centre autour duquel, pour ainsi dire, tous Ses offices et toutes Ses fonctions font converger leur complète opération. « Celui-là me glorifiera ; car il prendra du mien et vous l’annoncera ». C’est, je crois, pour cette raison et pour plusieurs autres encore que, autant que je sache, il n’est jamais parlé du gouvernement ou de la domination du Saint Esprit. L’expression est assez communément usitée, et plus communément encore parmi les chrétiens qui ont de l’intelligence spirituelle que parmi les autres ; mais je ne crois pas que pour cela elle soit plus correcte. Le fait est que nous ne pouvons pas frapper ou consacrer une phrase pour la vérité. La connaissance de la présence du Saint Esprit est une vérité du caractère le plus sérieux ; mais présence ou opérations souveraines ne sont pas la même chose que gouvernement. Je crois qu’en émettant cette pensée je suis soumis à l’Écriture ; et je désire certainement aussi parler avec une respectueuse déférence de ceux dont, à mon sens, le langage n’est pas d’accord avec la Parole de Dieu. Mais je puis faire remarquer que la raison de cela me semble être que le Saint Esprit affirme la seigneurie de Christ : Il exalte Christ au lieu de se glorifier Lui-même. C’est pourquoi Il n’est jamais présenté comme gouvernant l’Église. Il est parfaitement clair et sûr que c’est Lui qui agit souverainement. Cela, je l’admets et le tiens pour absolument vrai ; mais quand vous parlez de gouvernement, vous avancez une assertion différente, qui ne me paraît pas conforme à l’exactitude de la vérité, et qui, au contraire, tend à déplacer le Seigneur de la position qui Lui est due et à introduire le désordre dans la relation des saints vis-à-vis du Seigneur. Jésus rejeté est le « seul Seigneur » dans le sens officiel (dans un autre sens, le Père et l’Esprit le sont également comme Dieu). Le Saint Esprit est présent pour soutenir cette vérité, qui est selon la volonté de Dieu. C’est pourquoi Il agit au milieu des saints pour exalter Christ devant nos yeux. L’Esprit opère, et en nous, et avec nous, et par nous ; mais le Seigneur Jésus Christ est notre Seigneur, et Il nous est ainsi révélé par l’Esprit, qui par conséquent nous place dans une position de sujétion envers Lui. Il a pris à tâche de glorifier Christ dans le temps présent, et Il imprime sur nous le caractère d’esclaves de Christ.

Toutefois, je ne dis ceci qu’en passant. Mon principal but, ce soir, est de réveiller en vous le sentiment plein et distinct que ces paroles du Seigneur ont pour objet de produire dans les cœurs — le sentiment de la présence personnelle du Saint Esprit, envoyé par Jésus Christ qui est à la droite du Père. Puisse cette précieuse vérité non seulement avoir une place toujours plus grande dans nos cœurs individuellement, mais encore être de plus en plus prisée dans les assemblées de Dieu sur la terre. Que le Seigneur préserve toute âme d’abandonner cette vérité, quelles que soient les difficultés qui se rattachent à sa confession, et aussi qu’Il nous préserve de reconnaître pratiquement toute assemblée au sein de laquelle la place due, selon l’Écriture, au Saint Esprit, ne Lui serait pas accordée !

Méditation 5 — Jean 20, 17-23

S’il n’est peut-être point de passage de l’Écriture qui n’ait souffert d’avoir été séparé de son contexte, il en est peu dont la portée ait été plus obscurcie et la signification plus défigurée par ce divorce contre nature que celui que je viens de lire. Impossible de saisir la force des communications spéciales, de la conduite du Seigneur à l’égard de Marie Madeleine, et tant des paroles que des actions du Seigneur, le soir de cette même journée, à moins de retenir distinctement la pensée que tout cela se rattache strictement à Sa résurrection — et à Sa résurrection surtout comme Fils de Dieu. C’est parce qu’Il ressuscite les morts qu’Il est démontré être tel (Rom. 1, 4). Et c’est essentiellement comme Fils de Dieu, que le Saint Esprit Le contemple dans ce chapitre : non pas pourtant comme ressuscitant les autres, mais bien comme se ressuscitant Lui-même. L’aise parfaite qui préside aux circonstances — les linges pliés en ordre et sans confusion — ici le suaire qui enveloppait Sa tête ; là, à part, et pourtant tous réunis, le reste des linges — sont pour l’œil tant soit peu exercé la preuve évidente que, toute glorieuse que soit la scène, elle s’est opérée avec la même tranquillité qu’un homme se lèverait du lit où il vient de passer la nuit en repos. En vérité, c’est le Fils de Dieu qui vient d’accomplir cette œuvre de grâce, pour laquelle Il est l’envoyé du Père ; ce n’est pas seulement qu’Il soit l’objet de la puissance divine comme ressuscité des morts. Cette dernière vérité a sa saison et sa place, et elle est présentée avec force dans d’autres passages. En effet, Dieu L’avait ressuscité : Pierre et Paul insistent sur ce fait ; mais il n’en est pas moins vrai que Lui-même ressuscite des morts.

« Détruisez ce temple », dit-Il, même vers le début de cet évangile, « et, en trois jours, moi, je le relèverai ». Puis Il ne manque pas d’ajouter : « Ce commandement, je l’ai reçu de mon Père ». Ce n’est donc pas seulement qu’il y avait dans Son obéissance parfaite union à la volonté du Père, mais encore la puissance divine qui Le proclame Fils de Dieu par le moyen d’une telle résurrection. C’est là exactement cette même puissance, exercée toutefois dans une bénédiction plus entière, par laquelle Il avait Lui-même ressuscité les morts : témoins, la fille de Jaïrus, le fils de la veuve, Lazare et autres ; comme Il disait, en parlant de Lazare : « Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié ».

Ainsi maintenant Il se ressuscite Lui-même. Pierre et Jean toutefois (c’est ce dernier qui en donne le récit) nous témoignent de la faible manière dont la vérité de Sa résurrection selon l’Écriture leur avait pénétré l’esprit. Bien qu’à sa propre honte ainsi qu’à celle de Pierre, Jean le déclare : Ils avaient vu, ils avaient cru. Vrais enfants de Dieu, nous le savons ; toutefois, ils ne s’étaient que bien pauvrement rendu compte de la pensée révélée de Dieu. Ils n’avaient point saisi le « Il faut » de l’Écriture (Luc 24) ; ils n’avaient pas non plus encore envisagé la grâce et la gloire de Dieu dans la personne du Fils de Dieu comme ne trouvant leur digne et parfaite expression que dans Sa résurrection. Quant aux faits, ils les voient ; ils constatent les preuves et s’en retournent chez eux — car tel est le vain et impuissant résultat, lorsque de tels faits sont appréciés simplement par l’esprit de l’homme, quelque juste que soit la conclusion qu’il peut en tirer.

Mais il n’en fut pas ainsi pour Marie. Elle avait peut-être aussi peu de connaissance de la gloire de la résurrection, ou de la parole de Dieu qui s’y rapportait, que n’en avaient Pierre et Jean ; mais pour elle, au moins, il y avait en Jésus réponse aux besoins du cœur ; aussi, telle est la peine de son âme qu’elle ne peut que demeurer attachée au lieu où Son corps avait reposé ; elle ne peut se contenter aussi facilement que les deux apôtres. De fait, pour elle pas de demeure dans ce monde ; voilà pourquoi elle s’arrêtait à la tombe vide du Seigneur. Voici bien aussi ce qui révèle l’entière absorption de son esprit dans ses pensées et son amour envers Jésus. Elle regarde encore dans ce tombeau qu’un moment auparavant elle savait être vide (car c’est ainsi qu’elle avait apporté la nouvelle, et c’était la vérité), et bientôt elle voit deux anges, vêtus de blanc, assis l’un à la tête, l’autre au pied du lieu où le corps de Jésus avait été couché ; mais cela ne produit en elle aucun signe d’alarme, tel que chez les femmes dont il s’agit ailleurs. En des circonstances ordinaires, quelle surprise, quelle frayeur une pareille apparition ne lui eût-elle pas causées ! Notre évangéliste ne lui attribue pas l’ombre même d’une pareille émotion. Le besoin de Jésus possédait tellement son cœur, que la présence de tous les anges, pour ainsi dire, n’aurait pu comparativement troubler son calme. Les deux anges qui sont là lui disent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? ». De suite, elle épanche le sentiment de son cœur : « parce qu’on a enlevé mon Seigneur et je ne sais où on l’a mis ». Ayant dit cela, elle se tourna en arrière et vit Jésus.

Au premier abord, pourtant, ne reconnaissant pas le maître, pensant que c’était le jardinier, elle répond aussi à Sa question : « Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je l’ôterai ». Mais un mot rompt le charme, lui rappelle la vérité, et révèle le Seigneur, c’était Sa voix — la voix du bon Berger — appelant Ses propres brebis par leur nom : « Marie », dit Jésus. Aussitôt elle se tourne vers Lui, et Le reconnaît comme son « maître » ; et c’est alors que viennent ces paroles auxquelles je me propose de m’arrêter un moment avant d’aller plus loin.

Ces mots, « ne me touche pas », je dois le remarquer, ne rendent nullement la force de l’expression. M’adressant à des chrétiens qui ont une connaissance familière de l’Écriture, et parmi eux à ceux en bon nombre, je le pense, qui sont plus ou moins à même de juger de ce que je dis, je me sens d’autant plus à l’aise pour énoncer clairement ce que je crois être la vérité. Le fait est que le mot placé ici implique bien plus que le simple toucher. C’est le verbe qui devrait se traduire « manier ». Il en est de même au deuxième chapitre des Colossiens ; et j’y appelle un moment votre attention.

L’apôtre relève le contraste qui existe entre ce que dictent la tradition et les ordonnances, et un Christ mort et ressuscité, afin d’écarter ce qui ne fait que distraire l’âme de Christ. Nous en avons fini avec un langage tel que ceci : « Ne touche, ne goûte, ne prends pas » (vers. angl.). Cela sied peut-être bien à des hommes en vie dans ce monde, mais non à ceux qui sont morts en Christ. Mais, comme le sait quiconque s’en est tant soit peu occupé, la version commune renverse l’ordre de la gradation ; les mots nous présentent un rang qui est justement l’opposé de la vérité ; car voici réellement la pensée : D’abord ne manie pas ; puis ne goûte pas — enfin ne touche même pas. C’est donc, pour ainsi dire, une gradation descendante : en premier lieu, vient « manier », ou ce qu’il y a de plus familier ; puis, goûter, qui serait peut-être de bien moindre force ; enfin, pas même toucher. C’est bien là le mode d’une sauvegarde humaine ; c’est bien ainsi que l’homme préserverait la chair dans ce monde. Il n’a pas d’autre moyen. Quel moyen autre que celui-là pourrait en effet employer la nature qui cherche à se garder d’être engloutie au sein d’un monde pervers ? Qu’y a-t-il, sinon ces diverses interdictions du mal ? Le christianisme est d’une nature complètement différente. C’est la révélation d’un libérateur, Dieu et homme tout ensemble, qui vient au monde, meurt au mal en expiation, remporte la victoire sur toutes choses, et, victorieux, se relève jusque dans la présence de Dieu où en définitive Il amène tous ceux qui Lui appartiennent. Cela associe le chrétien à Christ sur la base de Son œuvre de réconciliation envers Dieu et de Son triomphe à la droite de Dieu. De même, le christianisme est l’accomplissement pratique de cette vérité, par le Saint Esprit, dans l’âme du chrétien d’abord — plus tard, dans son corps aussi. Et c’est là évidemment la grande doctrine de l’épître aux Colossiens aussi bien que de celle aux Éphésiens. Ceux qui se trouvaient ainsi bénis avec Christ et morts au monde, qu’avaient-ils à faire de pareilles ordonnances : « Ne manie, ne goûte, ne touche pas » ? Cette version de la phrase est correcte, je n’en puis douter ; aussi ne serait-elle pas contredite par personne qui fût capable d’en juger. Vous entendez bien qu’elle est entièrement indépendante de vues que des adversaires pourraient considérer comme particulières (et pourtant j’ignore pourquoi ces objections se feraient entendre ; je ne puis aucunement admettre qu’une juste interprétation de la Parole de Dieu soit traitée de vue particulière). J’espère qu’on ne fera pas de cette explication une question quant au nombre de ceux qui l’acceptent. Toutefois, quoiqu’il en soit, elle a été admise, et le serait encore, par des personnes aux vues les plus opposées, pourvu, toutefois, qu’elles aient réellement sondé et examiné ce que j’avance.

Eh bien, s’il en est ainsi, l’expression que le Seigneur adresse à Marie Madeleine n’est pas exactement rendue par les mots : « Ne me touche pas ». C’est plutôt : « Ne me manie pas ». Il lui dit de ne pas céder à son penchant à s’attacher familièrement à Sa personne : et ce qui appuie cette version, c’est que le mode particulier du verbe (μη μου απτου — et non pas seulement μη αψη) suppose cet attachement continu au Seigneur auquel je fais allusion. Dans l’épître aux Colossiens, il n’en est pas ainsi : là c’est l’action toute simple — elle pourrait être ou soudaine ou passagère — ici, une action continue ; c’est-à-dire, la phrase aurait cette force : « Ne persistez pas à vous attacher à moi ! ». Telle est la pensée qui ressort et du mot propre, et de la forme qu’il prend ici.

Cela me semble donner à ce passage beaucoup plus de force et de précision. En effet, Marie de Magdala représente une personne qui regarde toujours à Jésus conformément à l’espérance de sa nation, aussi bien que selon le désir de son cœur ; une personne qui ne pouvait que mener deuil sur Son absence corporelle, qui eût même trouvé un douloureux plaisir à penser que Son corps mort était encore là. De là nous comprenons facilement l’instinct, dirai-je, par lequel elle se saisit du Seigneur sitôt qu’elle Le reconnut. Mais de suite, Il le lui défend ; et cela est d’autant plus frappant que dans l’évangile de Mathieu, comme on l’a souvent remarqué, lorsque les femmes de Galilée Lui saisissent les pieds, Il ne refuse pas cet hommage : au contraire, Il l’accepte. Bien plus, dans ce même chapitre de Jean nous voyons comment, huit jours plus tard, le Seigneur invite Thomas l’incrédule à avancer le doigt, à mettre sa main dans Son côté.

Nous ne saurions donc manquer d’apprendre l’importante leçon que nous présentent des actions si variées, si contraires même — qui ont lieu aussi presqu’au même moment — le Seigneur refusant ici ce que là Il accepte, ce que même une troisième fois Il demande. En agissant de la sorte Il avait certainement dans Son esprit quelque sage intention. Nous ne pourrions non plus admettre pour un instant que le Seigneur aimât Marie Madeleine moins que les autres qui Le suivirent de la Galilée. À quoi donc attribuer la différence de Sa conduite dans les deux cas ? Comment nous rendre compte du fait que le même Saint Esprit, dans l’évangile de Matthieu nous présente l’hommage comme accepté, mais comme refusé dans celui de Jean ? La raison en est aussi simple qu’instructive. Dans le premier évangile, nous trouvons, il est vrai, le Messie rejeté par Son peuple, les Juifs, mais nous y trouvons aussi le dessein à la poursuite duquel la grâce de Dieu va faire servir cette réjection — celui de proclamer l’évangile aux nations, et d’appeler des disciples du milieu de toutes ces nations pour la raison même que la nation élue avait rejeté son Roi. Pensée bénie ! La grâce se refuse, pour ainsi dire, à l’inaction. Il faut, à l’énergie de l’amour de Dieu, que cette grâce se répande ; si le Juif la repousse, impossible que Dieu ne prenne pas de nouvelles mesures, qu’Il ne verse même de plus grandes bénédictions. Si l’ancien peuple abandonnait ses propres miséricordes, il en est d’autres — pauvres et misérables — que Son amour avait jadis comparativement négligés. S’il était si incrédule, si ingrat, si aveugle à l’Orient d’en haut qui les avait visités, s’il avait consommé cette incrédulité dans le rejet et la mort de son propre Messie, Dieu, qui s’était servi de ce même rejet pour l’accomplissement de la rédemption, Dieu proclame au loin ces bonnes nouvelles à toutes les nations sous les cieux. Et pourtant, malgré tout ce déploiement des ressources de la grâce envers le Gentil, Matthieu nous fait voir les femmes de Galilée se tenant fermement attachées à Jésus ressuscité, et L’adorant. Quel témoignage ! Jésus est rejeté de la nation : Dieu va faire servir ce rejet au développement de Sa grâce ; et toutefois il est pris le plus grand soin que les espérances d’Israël soient maintenues sur une base immuable. Je l’accorde : leur rejet du Messie, c’est leur ruine ; mais était-ce tout ? C’était bien la justice — mais que ferait la grâce ? Le temps viendrait où la miséricorde de Dieu attirerait à Lui leurs cœurs impénitents, à Lui qu’ils avaient trop longtemps méprisé, et rattacherait leurs espérances, et les lierait si étroitement eux-mêmes au trône du Fils de l’homme glorifié que, vienne l’heure où Dieu jugerait le monde en justice, eux, ils seraient reçus en grâce ! La chaîne de la miséricorde divine se trouverait si fortement rivée à la mort et à la résurrection du Seigneur que, toutes retardées que fussent leurs espérances, il resterait pourtant une base inébranlable, et la grâce de Dieu les bénira alors dans la plénitude de Ses conseils souverains aux derniers temps.

Voilà une vérité qui, à mon avis, se trouve en Matthieu aussi pleinement qu’ailleurs. Aussi, le dernier chapitre de cet évangile nous en fournit-il comme un gage assuré, non seulement par la Parole (comme dans la prédiction du chapitre 24) mais encore dans le culte typique du chapitre 28. Je crois vraiment que les faits qui impliquent cela nous sont présentés dans l’action à laquelle nous avons déjà fait allusion. Les femmes de la Galilée forment, pour ainsi dire, le type de ce résidu du peuple juif qui, au dernier jour, sera attiré par la grâce, et s’attachera à Jésus, cherchera et trouvera en Lui le Seigneur — L’attendra et s’attachera à Lui. Et le Seigneur ne rejettera pas le culte de ce résidu ; culte qui se distingue par Sa présence de fait, par Sa présence corporelle, après qu’Il sera venu de nouveau et sera réuni avec Son peuple élu. Le Juif, comme Juif, n’est guère appelé, comme le chrétien, à marcher par la foi, et non par la vue. Littéralement, il verra le Seigneur. Il est dit dans Zacharie 12 : « Ils verront Celui qu’ils ont percé ». En effet, ils Le verront réellement ; il ne s’agit pas de la foi : ils Le verront de leurs propres yeux. Aussi, cette réception du Seigneur par ces femmes de Galilée, leur attachement à Sa personne, le fait même qu’Il accepte leur culte, tout cela, ce me semble, ne peut que nous être comme le gage sûr de cette miséricorde du Seigneur qui se déploiera au dernier jour envers le résidu de Son ancien peuple, quand Il apparaîtra pour régner sur eux ici-bas.

Et voilà, je suppose, la raison pour laquelle la scène de l’ascension n’est pas décrite ici — circonstance qui est pour le critique une cause de grande perplexité — mais qui est pour celui qui croit, la simplicité même. L’ascension de Christ introduite ici eût fait sortir le Seigneur de cette relation, au lieu que le contraire — Sa présence corporelle au milieu d’eux — sans mention aucune, dans ce chapitre, de Son départ pour le ciel, Le laisse ici, pour ainsi dire, comme la joie éternelle de ceux qu’Il visitera dans leur affliction pour les bénir à tout jamais en miséricorde. Mais au chapitre 20 de Jean, nous avons précisément tout le contraire : c’est une femme, pleinement imbue de sentiments israélites, qui témoigne encore de son attachement à ces espérances auxquelles se livrerait naturellement le cœur juif à la vue de Christ ressuscité des morts, et cela d’autant plus ardemment que la croix et la mort l’avaient pour un moment privée de tout espoir. De là, elle ne saurait se dessaisir de Christ. Dans cet amour instinctif elle s’empare de Lui, mais Il la prie de ne point ainsi Le saisir : « Je ne suis pas encore remonté vers mon Père ». C’est autrement, en effet, qu’Il va maintenant se faire connaître. Il va quitter la scène unique où le résidu d’Israël se rattacherait au Messie. Cette espérance-là ne serait pas flétrie, elle fleurirait en son temps et en son lieu ; mais à présent Il mettait le résidu à part d’Israël. De fait, c’est ainsi que commença le christianisme : « Le Seigneur », est-il dit, « ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ».

Marie Madeleine nous présente comme un exemple de cela. Jusqu’à ce jour elle s’adonnait à l’espoir que le Seigneur allait introduire la gloire et la félicité ici-bas au sein d’Israël. Mais le Seigneur lui fait connaître que ce n’est point ainsi qu’Il se plaît à bénir aujourd’hui ; ce n’est pas non plus cette félicité-là que révèle cet évangile. C’est comme remonté près du Père qu’Il serait connu au chrétien : aussi, songer à Le retenir ici était hors de saison ; même si cela eût été possible, comme c’eût été bien au-dessous de ce qu’Il avait au cœur, et qu’Il faisait maintenant annoncer à Ses disciples par l’entremise de cette femme étonnée de Magdala ! Loin d’être plus éloigné des saints, il n’y a point d’affinité comparable à celle qui nous unit à Jésus à la droite de Dieu. Voilà, semble-t-il peut-être, une manière étrange d’opérer l’union ! Cela est loin d’être conforme aux pensées de la chair ; mais aussi la chair n’est ni le moyen, ni le mode de notre association avec le Seigneur. Si on regarde à Israël, c’est bien ainsi selon la chair. Né des Juifs, Il était Juif Lui-même d’origine et de naissance. Le chrétien ne Le connaît pas ainsi, mais bien expressément en contraste ; comme le dit saint Paul : « Et si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi ». C’est d’une façon bien plus excellente que nous Le connaissons. Le connaître ici-bas comme le Messie, c’était une vraie bénédiction, et dans le cas des femmes de Galilée le Seigneur donna les arrhes de l’accomplissement de cette bénédiction dans un jour encore à venir. Mais ce n’en est point, pour cela, le modèle de cette connaissance de Christ qui se trouve dans le christianisme.

Voici l’essence de notre privilège : dès que l’œuvre de la rédemption est accomplie, Christ prend Sa place à la droite de Dieu comme l’homme céleste. De là, le christianisme n’est pas seulement la bénédiction descendant sur la terre — bien que cela aussi fût parfaitement vrai — comme s’ouvrant elle-même la voie. Mais la scène et la nature de notre félicité sont célestes — la personne même de ce bien-aimé Sauveur qui vint ici-bas, était déjà au ciel ; et nous savons quelle est notre bénédiction là en Lui. Comme manifestation de Dieu, rien de plus béni que le Seigneur Jésus contemplé comme ici-bas ; mais la position spéciale que donne notre place et notre union avec Lui, ne se trouve qu’en Lui là-haut, après qu’Il eut achevé l’œuvre d’effacer nos péchés et de glorifier la nature de Dieu à l’égard de tout ce qui pouvait la compromettre dans ce bas monde. Christ est maintenant monté au ciel et là Il est révélé à nos âmes, et c’est aussi là que nous Lui sommes unis. En conséquence, puisqu’à cette fin Il doit monter au ciel, à cette fin aussi le Saint Esprit doit en descendre. De là, la présence de l’Esprit Saint sur la terre est la réponse nécessaire à l’absence de Jésus monté à la droite de Dieu, après avoir opéré la rédemption ; et ce sont là les deux grandes et nécessaires vérités qui constituent le christianisme.

Aussi le Seigneur, dans l’esprit de cette vérité, défend-Il à Marie de Le retenir ; car Il n’était pas encore monté vers Son Père. Tel dorénavant Il devait être connu ; telle la relation qui s’établissait avec Lui pour ceux qui croiraient, débarrassés de leurs vieilles pensées, de leurs vieilles attentes, et mis en connexion avec l’amour et la gloire dans lesquelles Il allait maintenant, dans la maison même du Père dans les cieux.

Reportons-nous à un passage de l’Ancien Testament, qui aidera à éclaircir un peu le sujet de l’œuvre dont Dieu s’occupe maintenant — passage qui n’est pas toujours bien compris. Si nous prenons le chapitre 5 de Michée, voilà le passage bien connu touchant la naissance du Seigneur : « Et toi, Bethléhem vers Éphrath, quoique tu sois petite entre les milliers de Juda, c’est de toi que me sortira celui qui doit être dominateur en Israël, et ses issues sont d’ancienneté, dès les jours éternels ». Ici nous avons Sa naissance humaine d’origine israélite, aussi bien que Sa gloire éternelle — Celui qui, quoique né d’une femme, d’une Juive, était néanmoins « d’ancienneté, dès les jours éternels ».

La question de quelle personne il s’agit ne présente aucune difficulté ; c’est la même qui est décrite au verset 1. C’est le dominateur d’Israël, de qui il est dit : « On frappera le gouverneur d’Israël avec une verge sur la joue ». Évidemment il s’agit de l’humiliation du Messie — né à Bethléhem appartenant à Juda — né, dis-je, ici-bas ; et pourtant de toute éternité Il est Dieu tout aussi bien qu’homme. De sorte que nous trouvons évidemment dans ce verset un groupe de vérités touchant Jésus Christ d’une importance, d’une bénédiction immense, qu’aucune imagination humaine n’eût jamais pu anticiper, mais que Dieu, dans la connaissance absolument parfaite qui Lui est propre, nous fournit d’avance dans toute la plénitude de leur simplicité. Voilà ce qui donne le dernier degré de la culpabilité d’Israël : c’est que, Lui étant ce qu’Il est en Sa propre personne, aussi bien que leur juge, Il puisse être frappé, et surtout par eux, d’une verge sur la joue. « C’est pourquoi », il est écrit au verset 3, « Il les livrera ». C’est exactement ce qui a eu lieu. Le juge d’Israël frappé, a abandonné Israël pour un temps, « jusqu’au jour où celle qui est en travail d’enfant aura enfanté ».

Dans le chapitre 12 de l’Apocalypse, une femme enfante qui est destinée à une gloire insigne. Grand est le dessein de Dieu pour les derniers jours. Voilà ce qui nous est présenté en premier lieu ; puis le dragon est précipité, la lutte en faveur de la terre et du peuple terrestre se poursuit ; alors le juge d’Israël revient, et l’ancien peuple reprend de nouveau sa place, mais dorénavant sous son Messie ici-bas. Nous apprenons donc ici que dans les voies de Dieu, il doit y avoir aux derniers jours un retour à Ses conseils concernant les Juifs. De fait, où en sommes-nous ? Christ a paru ; Il a été repoussé des Juifs, Il les a abandonnés. Depuis la croix, non seulement ils sont abandonnés comme nation, mais Dieu en a appelé du milieu d’eux un certain nombre pour les unir aux Gentils qui ont cru, et pour composer ainsi le corps de Christ au ciel. Ce sont ceux qui sont dits être ajoutés ensemble à l’Assemblée dans le second chapitre des Actes : « Il ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ». Mais vienne le moment d’accomplir les conseils futurs et éternels de Dieu envers Israël sur la terre, alors, dit-il, « le résidu de ses frères (au lieu d’être séparés comme aujourd’hui pour former l’Église) retournera aux enfants d’Israël ». Aujourd’hui ils perdent tout leur caractère israélite, pour former le seul homme nouveau ; alors, ils retourneront encore aux anciens conseils, et aux anciennes voies de Dieu quant à Son peuple terrestre. Rien de plus clair, à mon avis, que la façon merveilleuse dont s’établit l’harmonie de toute la vérité, de l’ancienne avec la nouvelle. C’est justement la preuve que la vérité a été saisie (c’en est aussi le fruit), qu’elle nous donne encore le moyen de trouver une nouvelle beauté, un nouvel ordre dans ce qui, en dehors de cette connaissance additionnelle, a l’air tout décousu — un amas immense de matériaux que nous n’avons aucun moyen de coordonner comme il faut. Mais que Dieu nous dise touchant n’importe quelle partie de la vérité : « que la lumière soit », alors, en vérité, nous trouvons que tout commence à changer ; et bien qu’il puisse y avoir plus d’une addition de lumière, Dieu pourtant, nous fait voir, à Sa manière propre et glorieuse, comme la nouvelle lumière s’adapte heureusement à l’ancienne.

Ajoutons qu’il n’est point de clef de voûte comme ce qui a l’air d’être venu introduire la confusion, la rupture, une brèche apparente dans les conseils de Dieu. De fait aucun conseil de Dieu ne saurait jamais faillir. Il sera peut-être nécessaire d’attendre, et pour le cœur qui désire ardemment le retard semble bien se traîner en longueur. L’incrédulité semble avoir tout pour elle ; mais la foi seule a toujours raison, et chaque parole que Dieu a prononcée sera accomplie, tous Ses desseins aboutiront infailliblement, et cela par le moyen de la mort de Christ.

Ici notre Seigneur révèle en principe une chose tout à fait nouvelle, à commencer par le Juif, qui le sentirait le plus. Vous remarquerez dans l’évangile de Jean, comme tout se rattache à Sa personne. Il ne s’agit pas de dispensations, mais de Lui-même, et ici dans Son ascension. En vérité, une fois établis par Sa rédemption, rien ne nous est plus important à comprendre, si nous voulons avancer et jouir du christianisme. Prenez n’importe quel autre système : toutes les personnes qui s’y rattachent sont comparativement insignifiantes ; mais séparez Christ du christianisme, que reste-t-il ? De plus, le Saint Esprit scellera-t-Il de Son sceau le moindre déshonneur fait au Seigneur Jésus, ou la moindre omission de Sa personne, ou le moindre mépris de Son œuvre, ou le moindre oubli de Sa gloire ?

Jésus fait donc d’abord connaître à Marie qu’Il allait monter vers le Père, et que pour cette raison même l’hommage rendu à Sa présence corporelle ne s’accordait pas avec la manière dont Il voulait se révéler, comme nous en témoigne cet évangile. Jetez un coup d’œil d’ensemble sur le témoignage de Jean ; portez le regard en arrière pour en prendre une vue générale, et réfléchissez-y : vous trouverez qu’il se compose de deux grandes parties. La première est la révélation du Fils de Dieu et de Son œuvre ; la seconde, la révélation d’une autre personne, également divine, qui, au départ de Christ, prend Sa place parmi les disciples ici-bas. Évidemment voilà le christianisme : Christ Lui-même, l’objet de la foi ; et le Saint Esprit, la puissance qui établit la gloire de Christ dans l’Église, aussi bien que chez le chrétien.

De ces deux parties c’est spécialement la partie chrétienne (concernant Christ), que nous trouvons dans le message que Marie rapporte à Ses disciples de la part du Seigneur : « Va vers mes frères ». Ici, pour la première fois, nous voyons le chrétien distinctement associé avec Jésus Lui-même : « Va vers mes frères et leur dis : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Ainsi donc Il nous associe à Lui directement — fait d’une immense valeur — mais, en outre, Il détermine leur relation avec Dieu. Cette relation n’a aucun rapport aux formes anciennes de bénédiction. Ce n’est pas la révélation de Sa puissance protégeant Ses pauvres pèlerins sur la terre. Du Dieu tout-puissant, il n’est nulle part question. Ses voies de gouvernement au milieu d’Israël où Il était le Jéhovah Dieu de ce peuple, ne s’y trouvent pas non plus. Ici tout est en rapport avec Christ qui s’en va en haut. C’est pourquoi, dit-Il, « va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu ». Parole pleine de bénédiction ! Tel que le Père est pour le Fils, tel aussi est-Il pour les fils. Tel que Lui, Son Père, était pour cet homme béni, qui avait aboli le péché ; tel aussi, et rien de moins, Il était pour ceux dont les péchés avaient été abolis. C’est-à-dire que ce qui est révélé ici ce n’est pas seulement que Dieu est pleinement en relation avec Jésus comme Dieu et Père, mais qu’Il l’est de même pour nous par la rédemption de Christ et dans la résurrection.

Je ne parle pas ici d’une connaissance vague de Dieu comme paternel dans Ses voies. Nous le savons : vienne la grande détresse d’Israël, Ésaïe, le prophète, leur fait dire : « Véritablement, tu es notre Père, lors même qu’Abraham ne nous reconnaîtrait pas ». Le but de ce langage n’est évidemment pas de décrire leur relation ; c’est bien pour leur porter de la consolation. On dirait de même à un petit orphelin maltraité dans la rue : « Mon enfant, tu as été fort maltraité ; viens, dorénavant, je serai ton père ». Cela ne se dirait pas, ne serait pas non plus compris, dans le sens d’une adoption formelle au sein de la famille, comme fils et héritier. Ce n’est que comme nation qu’Israël pouvait réclamer une place pareille, ainsi qu’on le voit en Exode 4, etc. ; mais ici, il y a infiniment plus. En effet, Il était descendu sur la terre, Lui qui était Fils, et qui connaissait le Père comme nul autre ne Le pouvait connaître ; Il avait paru ici-bas, et cela en humanité, l’objet alors des délices du Père, tout aussi parfaitement que lorsqu’Il était simplement Dieu, dans Sa présence. Jamais, en effet, Il n’avait dit mot, jamais éprouvé d’émotion, jamais pensée ne Lui était entrée au cœur, jamais motif ne L’avait inspiré, qui ne fût la parfaite expression de la bonté même de Dieu. Seul, Jésus répondait moralement en esprit, en nature, en actions, à tout ce qui se trouvait en Dieu — aussi Dieu se penchait-Il du ciel pour trouver ce seul objet qui pût faire toujours Ses délices. Pas de créature là-haut qui pût un seul instant retenir Ses yeux et Son cœur. Sur ce monde — au sein de tous ses péchés, de toutes ses iniquités — Il portait le regard d’en haut — ces iniquités bouillonnant toujours en vapeurs pestilentielles vers le ciel et parfois attirant sur l’homme coupable des coups terribles de jugement. Mais maintenant, pour la première fois depuis le commencement des âges, il ne s’agissait pas seulement d’entrevoir un rayon éloigné de Sa gloire — Dieu se réjouissant dans un Énoch, un Noé jusqu’à la venue de cet Être béni ; mais Il se trouvait là Lui-même : le ciel donc s’ouvre, Dieu fait descendre le Saint Esprit, et, remarquez-le bien, sur Jésus en tant qu’homme. Comment, en effet, en serait-il autrement ? Il n’était pas question de la descente du Saint Esprit sur Lui comme Dieu ; c’est comme homme qu’Il fut oint de l’Esprit Saint. « C’est Lui que le Père a scellé » — « le Fils de l’homme ». Et voilà ce qui est d’une si grande bénédiction : afin de trouver, pour la première fois, ce qui répondrait à tout Son jugement, à tous Ses sentiments — à tout l’être moral de Dieu — à toutes les affections divines (vous entendez bien que je parle figurativement) — Dieu eut à porter le regard sur un homme !

Mais, à présent, il vient de s’opérer sur le Bien-aimé un changement immense. Une scène nouvelle se présente ; les cieux sont voilés par d’épaisses ténèbres, et Dieu Lui-même, du sein de cette profonde obscurité, agit envers Lui. C’est l’heure où il était permis à l’homme, poussé par l’instigation de Satan, de s’élever contre le Messie rejeté et de L’accabler ; et au milieu de cette scène, Dieu, dans toute Sa majesté et Son horreur absolue du mal, se déploie contre le péché, dont la sainte personne de Christ est chargée comme victime de propitiation.

C’est bien l’heure redoutée, où le compte se doit rendre. Le jugement divin contre toute iniquité et indifférence, contre l’injustice envers l’homme et la révolte contre Dieu, ce jugement tombe sur le Saint de Dieu. Aussi, ce n’était pas purement l’heure de l’homme, ni la puissance des ténèbres non plus ; mais encore, et au-delà de tout, c’était l’heure de Dieu ; l’heure où Sa sainteté, qui ne saurait rien épargner, éclatait sur la tête de Celui qui portait le péché — de Son propre Fils, se livrant Lui-même, victime responsable, pour porter le jugement de nos péchés sur la croix. La conséquence fut que tout ce que Dieu pouvait ressentir contre le péché s’épuisa sur le Fils de Dieu sans qu’aucune circonstance atténuante vînt briser, pour ainsi dire, la force de Sa colère et de Son indignation ; et c’est pourquoi cette rédemption par Son sang est parfaite dans le sens absolu. Aussi, Dieu n’a-t-Il plus besoin maintenant, pour la justification et le maintien de Son caractère, d’ajouter un seul mot, un seul acte, qui n’ait déjà éclaté sur la personne du Seigneur Jésus Christ. De là aussi plus rien qui soit gardé en réserve dans la révélation de la nature de Dieu, ni dans l’amour du Père. Rien dans le saint caractère de Dieu n’est resté en arrière : tout ce qu’Il ressent contre le péché s’est épuisé sur le Seigneur Jésus ; et par conséquent, tout ce qui se trouve en Lui, comme Père et comme Dieu, est désormais exclusivement en notre faveur. Le mal qui est en nous a été si pleinement condamné, qu’il s’agit maintenant pour Dieu, non seulement comme Père, mais comme Dieu, de témoigner Sa parfaite satisfaction dans la rédemption que le Seigneur Jésus a accomplie.

Et c’est bien dans ce sens-là que le Seigneur s’adresse à Ses disciples par le message qu’Il leur envoie. Ils L’avaient vu se remettre à Son Père, quand il n’y avait pas une seule personne qui pût sympathiser à Ses douleurs, même comme l’homme de douleurs dans ce monde — et non encore la propitiation pour le péché. Ils avaient su qu’avant l’aurore Il était avec Son Père. Ils avaient appris encore, qu’au milieu du sommeil des autres, Lui était toujours devant le Père. Ils avaient appris qu’aucun fardeau qui eût attiré Son regard, aucune souffrance humaine qui passât devant Lui, n’avait failli à Lui pénétrer le cœur ici-bas, et à Le conduire auprès du Père (Matt. 8) ; mais maintenant il se déployait une autre chose — une chose bien plus profonde, ce que Dieu ressentait contre nos péchés qui Lui étaient imputés — nullement, toutefois, contre Lui-même ; jamais, au contraire, Il ne fut davantage l’objet des délices ineffables de Dieu qu’au moment où Il portait le jugement de nos péchés. Néanmoins il importait au caractère de Dieu que Ses souffrances ne fussent nullement un semblant de souffrance, mais que ce fût bien, de Sa part, endurer réellement le jugement divin, comme étant entré en notre faveur dans cette position devant Dieu, de même qu’auparavant Il avait joui réellement, durant Sa vie entière, d’une communion parfaite avec le Père.

Nous comprenons maintenant toute la précieuse portée de ce message dont Marie est chargée. Ce qu’Il connaissait, comme Fils de Dieu, né dans le monde, Il le remet, en quelque sorte, entre nos mains. Ce n’est pas, certes, que nous puissions avoir ce qui Lui appartenait comme personne divine. Il est, Il était le Fils unique avant la création des mondes. Là, évidemment, nous ne saurions prendre place avec Lui ; comme tel, Il est pour nous tout simplement l’objet de l’adoration et du service dévoué. Mais Lui, le Fils avant toute création — Il était Fils de Dieu. Il était Fils de Dieu, comme homme ici-bas, et c’est à l’évangéliste Luc qu’a été commise la charge de retracer Sa marche comme tel parmi les hommes. Moi, hélas ! au contraire, j’étais un enfant de colère ; vous l’étiez aussi. Tous, par nature, nous étions enfants de colère. Lui, dans Sa nature humaine aussi bien que dans Sa nature divine, Il était Fils de Dieu. « Ce saint (enfant) qui naîtra de toi, sera nommé le Fils de Dieu ».

Quant à l’homme, tel qu’il est, impossible d’avoir communion avec Dieu. Au contraire, entre Lui et l’homme, eu égard à Dieu, il y avait de tous points contraste parfait. La relation n’était qu’une relation de parfaites délices pour Dieu le Père. La condition de l’homme, pécheur qu’il est, était celle du mal et de la colère. Mais la rédemption délivre celui qui croit, de tout mal, de toute colère. Si elle n’a point accompli cela et davantage, serait-il possible de se fier à la Parole de Dieu ? Que veulent dire les assurances constantes et solennelles qui y sont adressées à la foi ? Si elle m’a porté un tel témoignage touchant la croix, mon âme se repose-t-elle sur ce témoignage ? Suis-je bien assuré, sur l’autorité de Dieu, que devant Lui il ne reste plus sur moi, comme croyant en Jésus, absolument aucun mal ? Il est tout effacé, tout parti. Ce n’est pas de l’expérience que je parle ici. Il est clair que chacun, qui a de la conscience, sent son propre mal ; et nous qui avons la foi, par cela même nous le sentons davantage. Plus nous connaissons Son amour, et plus il nous faut détester le péché. Nous ne serons pas jugés pour le péché ; c’est précisément pour cela que nous devons condamner tout péché : si nous étions jugés, nous serions perdus. Ce que Christ a accompli, nous met donc à même, nous qui croyons, de juger maintenant le péché. La responsabilité du chrétien consiste à porter, pour ainsi dire, dès à présent, la sentence de Dieu contre le péché ; en nous-mêmes surtout, bien entendu ; mais encore quand nous le rencontrons chez ceux qui portent le nom de Christ et avec lesquels nous sommes unis comme membres de Son corps qui est un. Si le mal est détestable quelque part, c’est surtout chez l’enfant de Dieu. Et c’est là précisément qu’il nous faut le soulagement de la rédemption et la puissance de l’Esprit.

Il nous faut donc peser mûrement ce que le Seigneur nous donne à entendre ici. Ce n’est pas simplement la rémission des péchés, ni seulement, non plus, que nous sommes nés de Dieu. Il est grand nombre de chrétiens qui semblent ne jamais dépasser une certaine mesure de bénédiction, la plus faible que comporte le moindre degré du privilège de vivre pour Dieu. Jamais ils ne semblent saisir les nouvelles relations de la grâce dans laquelle ils sont placés. La base et la forme de ces relations, tant envers Dieu qu’envers Christ Lui-même, nous ont été présentées dans le message qui précède : « Dis à mes frères : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Ainsi je puis regarder en haut comme quelqu’un que Jésus n’a pas honte d’appeler Son frère. Je puis regarder en haut et voir Son Père et le mien, Son Dieu et mon Dieu, dans la certitude absolue que je suis ainsi amené à Lui dans toute la valeur et la relation intime de Jésus, et que l’œuvre, accomplie par Lui et acceptée de Dieu, est la base morale de mon salut et de ma bénédiction. Dans la grâce qu’Il nous témoigne aujourd’hui, Dieu rend, en quelque sorte, justice à cette œuvre. Serait-ce trop dire que d’affirmer que justice ne serait pas faite à cette œuvre infinie de la croix, s’Il ne nous regardait pas comme je viens de le dire, et selon les paroles de Jésus ? En vérité, ce ne fut point là nullement un retour difficilement arraché ; car c’est ce dont Dieu avait Lui-même arrêté le dessein : Il désirait trouver des objets qui prendraient place dans Son amour ; plus encore, avoir ces relations-là établies, et rien de moins. Il avait contemplé le Fils en homme sur la terre. Et maintenant, en quelque sorte, Il dit : « Il me faut des fils. Il me faut des âmes, jadis pécheresses, qui deviennent mes enfants. Autrefois, j’avais un peuple ; en dépit d’une bonté ineffable, ce peuple a été aussi misérable, aussi hideux que le péché pouvait le rendre ; mais voilà, je vais me former un peuple nouveau, une famille qui ne soit pas de ce monde, même au sein de ce monde ».

Et c’est de cela que Dieu s’occupe maintenant, dans Son amour qui agit en Christ le Seigneur — l’œuvre nouvellement accomplie de la croix, et la résurrection qui en est le résultat. Mais, voici les relations établies pour ceux qui sont appelés : Jésus les reconnaît comme frères ; et cela, après Sa mort et Sa résurrection. Pourquoi pas Ses frères durant Son séjour ici-bas ? Comment se fait-il que le rationalisme, que la religiosité officielle, opposés, en apparence, l’un à l’autre, s’accordent pourtant à affirmer que notre relation avec Jésus est ici-bas ? En voici la simple raison : Que ce soit la religiosité ou le rationalisme, ils ne connaissent point Dieu et ne condamnent pas le péché selon la vérité. Sans doute, ils parlent souvent de l’un et de l’autre ; nous, nous savons que les paroles peuvent se multiplier sans qu’il y ait rien de réel : et toute pensée sur Dieu et sur le péché restera complètement en dehors de la vérité jusqu’à ce que je m’incline devant le jugement prononcé par Dieu sur la croix contre le péché. Aussi le seul moyen d’avoir de saintes relations avec Dieu conformément à Sa pensée est bien cette base qui est posée dans la croix de Christ. Voyez comme ce principe se reproduit dans un système connu comme l’irvingisme, si toutefois il m’est permis de parler de pareille chose, et peut-être est-il bon de le faire en un temps comme celui-ci. Ce ne sont ni ses aberrations extatiques, ni ses fausses prophéties, ni son idolâtrie ecclésiastique qui devraient surtout être si douloureuses pour l’enfant de Dieu ; et pourtant, inutile de dire la peine que doivent causer de pareils résultats chez des gens qui portent le nom de Jésus. Mais qu’est-ce donc qui rend ce système si décidément mauvais ? Eh bien, en premier lieu et par-dessus tout, le voici : c’est le déshonneur fait à la personne de Christ dans le but d’établir union et sympathie avec nous. Comme nous sommes pécheurs, et que de fait nous avons péché, on supposa, en vue d’établir l’union de Christ avec nous, qu’il fallait que Christ prît notre humanité dans l’état déchu et enclin au péché où elle se trouve en nous. Telle était la maxime fondamentale d’Irving ; maxime qui, en sacrifiant Christ, rendait impossible la rédemption. Outre que cela était d’une hétérodoxie ruineuse, la conséquence directe en fut l’abandon de la doctrine du jugement de Dieu contre le péché sur la croix comme base du salut. L’incarnation prend la place de l’expiation. Jésus, né dans ce monde, fut considéré comme uni à nous, au lieu de nous voir, nous, unis à Lui dans le ciel, ce qui seul est le christianisme, en conséquence de l’abolition du péché par Son sacrifice.

Confondre l’incarnation avec l’union c’est la confusion même, c’est une machination de l’ennemi. Et ce n’est pas seulement dans un système aussi extravagant que l’irvingisme que l’on trouve ce résultat, mais encore dans toutes les sortes de hiérarchies sacerdotales — dans le puseysme, le ritualisme, ou n’importe le nom que l’on donne au système d’ordonnances et de sacerdoce terrestres, qui n’est pas circonscrit dans les limites d’une section de la chrétienté, ni non plus d’un seul pays — mais qui s’étend partout maintenant pour mener enfin, je n’en doute pas, à la catastrophe finale de Babylone. Pourquoi donc ces hommes regardent-ils notre union à Christ comme l’effet de Son incarnation ? Pourquoi de leur part cet effort pour représenter Sa naissance comme le grand pivot où se fixe notre relation avec Lui ? Pour la simple raison que quand Jésus était ici-bas Il était sous la loi. Il reconnaissait le temple, se présentait aux fêtes, reconnaissait aussi les sacrifices, les prêtres, le peuple. Justement : et ceux qui tiennent les systèmes dont je parle exigent des chrétiens, ou au moins du monde, qu’on reconnaisse, aujourd’hui encore, temples, sacrifices, fêtes, jeûnes, prêtres et peuple. C’est le judaïsme ressuscité. Ils abandonnent la vérité de l’Écriture, et retournent aux misérables éléments du monde — types, en vérité, de Christ, mais cloués maintenant à la croix. Et pourtant, ils s’imaginent que ce cercle ressuscité de types et d’ombres est le culte chrétien, que l’état qui précède la croix est bien celui où le chrétien se trouve uni à Christ.

Dans l’Écriture, la base invariable du lien qui nous attache à notre Chef glorifié, c’est Sa mort, Sa résurrection, Son ascension. Ainsi donc, l’union avec Christ n’est nullement une union corporelle, mais une union spirituelle. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec Lui ». Bien loin qu’il soit question d’une même chair, ce même passage de l’Écriture met la chose en contraste avec tout ce qui tient à la chair. Dans ce chapitre-là, l’expression « une même chair » a bien mauvaise mine ; — du reste, il est de fait que l’association du Seigneur dans la chair a lieu avec Israël, non pas avec nous. De plus, Son incarnation avait la signification la plus profonde et était pour les fins les plus importantes ; mais l’union, l’union avec Christ comme le corps de notre Tête, n’est jamais représentée comme le fruit de l’incarnation. Si Christ n’avait pris chair, assurément Il n’aurait pu y avoir d’union ; mais l’Écriture enseigne que notre union suit la rédemption, et qu’elle consiste en ce que nous sommes membres de Son corps comme déjà exalté dans le ciel. Et je dirai plus : aussi réellement homme que tout autre, Il participa à la chair et au sang dans une condition différente de celle de tout autre homme. Sans possibilité de l’ombre même du doute, c’est par l’intervention miraculeuse du Saint Esprit qu’Il y a participé — entièrement à part du péché ; « tenté, est-il écrit, en toutes choses, comme nous, à part le péché ». Non seulement il n’y avait pas de péchés en Lui, mais le péché n’y était pas. En Christ, point de penchant, ni d’inclination au péché, non plus que de combat avec le péché — tout était bon, tout était saint. Je bénis Dieu que les symboles ordinaires de la chrétienté, tels que celui d’Athanase et d’autres — confessent publiquement cette vérité, parce que, quoiqu’ils ne soient qu’un rempart purement humain, toutefois, la masse des hommes dans ces contrées-ci entendent jusqu’à ce point la vérité. Ils reconnaissent que l’humanité immaculée du Seigneur Jésus Christ fait partie de la substance, de l’essence même de toute foi orthodoxe. Cette incarnation était donc nécessaire, afin de manifester un homme parfait et une personne divine — le Fils de Dieu, ici-bas ; mais la rédemption fut accomplie afin de nous introduire dans Sa relation, autant que cela pouvait se faire. La rédemption ne se proposait, n’effectuait rien moins que cela. Car la justice de Dieu qui, sans la croix, aurait dû tomber en vengeance sur nous, nous place maintenant, autant que la chose est possible, dans la position de Christ devant Dieu. Qu’Il est bon, notre Dieu ; qu’Il est sage ! Quelle efficace dans la mort et dans la résurrection de Christ, relevant ceux qui croient et leur donnant déjà le titre (et par la puissance du Saint Esprit, la joie aussi dès à présent) de Sa propre position comme Fils de Dieu et homme ressuscité ! Je le répète : ce n’est pas que Sa place comme Fils — objet pour nous d’un culte éternel — soit mise de côté ; mais Il nous accorde, à nous, d’être fils, comme objets de délices et d’affection dans cette relation si intime ; en contraste aussi avec la position simple de saints, ou de membres d’un peuple béni de privilèges spéciaux sur la terre. Voilà ce que notre Seigneur Jésus établit tout d’abord. Mais il y a plus : le soir de ce même jour notre Seigneur se trouve au milieu des siens rassemblés. Et cela me mène au point dont je veux, en particulier, vous parler ce soir. Le premier mot qu’Il prononce, c’est celui de paix — « La paix soit avec vous ». Précieuse parole ! Ce n’était pas simplement la rémission des péchés — toute bénie qu’elle soit — mais, « que la paix soit avec vous ! ». La paix est bien au-delà du pardon des péchés : « ce qu’ayant dit, Il leur montra Ses mains et Son côté ». Il leur fit voir ce qui constatait le signe et le témoignage du sang versé sur la croix par lequel Il avait fait la paix. Et alors, « les disciples se réjouirent, quand ils virent le Seigneur ». Mais leur adressant encore une fois la parole, Il répète les mots : « La paix soit avec vous ». Seulement, remarquez que cette seconde fois, ce n’est pas autant une parole personnelle, pour chacun, qu’une préface à leur mission. Car Il ajoute : « Comme mon Père m’a envoyé, moi, je vous envoie aussi de même ». De là, les premières paroles de paix seraient pour leur propre joie ; c’est ainsi que je les entends. La seconde déclaration se présente alors comme prélude à leur mission. C’est le message avec lequel ils sont envoyés vers d’autres. Aussi Il le leur répète, afin que, munis de la force renouvelée de cette paix, ils puissent ainsi partir. Comme le Père L’avait envoyé, de la même manière le Fils les envoie ; car, Il parle toujours comme le Fils de Dieu, dans la jouissance consciente de Sa communion avec le Père.

Mais un signe remarquable est rattaché à cela : « Quand Il eut dit cela, il souffla en eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint ».

Probablement il s’en trouve, dans cette salle, bon nombre qui n’ignorent pas la correspondance qui vient d’avoir lieu récemment quant à ce passage. Elle a clairement constaté la divergence d’opinion qui règne même parmi les chefs du système religieux. Néanmoins, parmi ceux qui sont présents, un plus grand nombre encore seront surpris d’apprendre la complète incertitude de ceux qui font profession d’être docteurs dans le christianisme ; et que le seul point qu’ils aient en commun, c’est d’être tous bien loin de la vérité.

Vous, qui êtes habitués à lire l’Écriture, vous confiant à l’instruction divine par l’Esprit Saint qui vous a été donné, vous aurez peine à vous figurer la manière dont des hommes chrétiens s’écartent de la vérité. Nous savons tous que de nos jours la plupart se flattent qu’il s’est accompli un grand progrès dans la connaissance des choses de Dieu. Que veut donc dire cette impuissance à recueillir et à rendre clairement la pensée de Dieu sur une nature aussi importante que ces paroles de notre Sauveur ? Comment se fait-il qu’au bout de dix-huit siècles et plus, on n’entend rien de mieux que les crudités des pères ou les vaines conjectures de leurs enfants ?

Il y a deux théories contradictoires, qui ont la prétention de se faire adopter : l’une, que notre Seigneur établit ici une sorte d’autorité sacerdotale, en vertu de laquelle ceux à qui Il s’adressait alors, ainsi que leurs successeurs, recevaient le pouvoir d’accorder en Son nom la rémission des péchés à n’importe qui confessait convenablement ses fautes. Je désire placer cette théorie devant vous avec autant de justesse que possible ; sans contredit ils admettent tous qu’il se peut que les conditions ne soient pas remplies — et qu’après tout, la rémission ne revienne à rien ; mais pourtant, là où existe la droiture de la part de l’homme, ils soutiennent que le Seigneur s’engage aussi à faire Sa part par l’entremise de Ses serviteurs, et par cela on entend l’absolution prononcée en vertu de cette commission par le moyen de certains canaux autorisés jusqu’à la fin des siècles. « Non », dit le parti opposé, « rien de la sorte ». « Ce passage suppose une action miraculeuse. Si, de nos jours, on a la prétention d’absoudre les gens de leurs péchés, pourquoi ne pas aussi guérir les lépreux et ressusciter les morts ? Pourquoi ne pas opérer les autres miracles que le Seigneur rendait Ses disciples capables d’accomplir ? ». Eh bien, ne vous paraît-il pas surprenant que des chrétiens puissent publier des théories aussi misérablement à court de la vérité de Dieu qu’elles le sont toutes deux ? L’une me semble aussi peu satisfaisante que l’autre. Et même la seconde opinion, qui émane du parti évangélique, concède assurément ce qu’il y a de pire dans la première, en même temps qu’elle tombe dans l’absurdité, et élude la vérité par l’introduction de l’opération des miracles dans un passage qui ne fait allusion à rien de pareil ; car il est clair que l’argument dont je viens de parler, suppose que si les hommes pouvaient guérir les lépreux et ressusciter les morts, ils auraient aussi le pouvoir d’absoudre les péchés. Mais je nie que les disciples aient jamais possédé le droit d’accorder l’absolution à laquelle ces gens prétendent. Ainsi, qu’il s’agisse de la théorie des puseystes ou de celle du parti évangélique, il serait difficile d’affirmer laquelle des deux s’écarte le plus de l’Écriture.

Est-ce donc que je veuille insinuer par là que ce passage n’a aucun sens déterminé ? Loin de moi une telle pensée ! Mais ce qui donne la clef du sujet, c’est la résurrection du Seigneur telle qu’elle est présentée ici. Si on connaissait mieux Christ et la puissance de Sa résurrection, on comprendrait ce qui en est le fruit. Mais l’ignorance des privilèges de la résurrection fait que, dans l’un comme dans l’autre des deux partis en lutte que nous venons de nommer, on est plongé également dans les ténèbres les plus épaisses quant à la vérité qui est révélée ici. Observez bien, en effet, qu’après que notre Seigneur eut congédié Ses disciples avec la paix, Il souffla sur eux. Je ne connais qu’un seul acte dans la Bible, auquel ceci puisse se rapporter ; et avec cet acte-là, celui-ci se trouve en un contraste bien marqué et plein d’instruction.

Examinons la Genèse au deuxième chapitre, et nous trouverons une différence très frappante dans la formation de l’homme par l’Éternel, en comparaison de celle des autres animaux. Quand Il créa des variétés d’animaux, d’oiseaux, de reptiles, etc., chacun devint, comme il est dit, « une âme vivante », par le simple fait qu’il possédait une organisation convenable. Mais pour l’homme, il n’en fut pas ainsi. Il fut fait de la boue de la terre, nous le savons ; mais ce n’est pas pour avoir été ainsi façonné qu’il devint âme vivante. Il y eut une différence essentielle entre l’homme et tout autre être alors créé. Ce n’est pas seulement que tout le reste du règne animal fût soumis à l’homme ici-bas ; mais lui seul possédait sa vie directement d’en haut : « L’Éternel Dieu souffla dans ses narines une respiration de vie, et l’homme fut fait une âme vivante ». Aucun autre animal ne fut fait de la même manière. L’homme seul possède le souffle de l’Éternel Dieu. C’est là la vraie source de l’immortalité de l’âme : c’est aussi la raison pour laquelle l’homme seul se trouve directement dans une position de responsabilité morale vis-à-vis de Dieu ; il doit rendre compte des choses faites dans le corps à ce Dieu qui lui donna ainsi son âme et son esprit. Chez l’animal, qui néanmoins possède un esprit, cet esprit descend en bas, et ne va pas vers Dieu ; car jamais Dieu ne souffla ainsi dans cet animal. Je veux dire que le principe vital de la bête périt, parce qu’il ne s’agit purement et simplement que de ce qui, par la volonté de Dieu, se rattache à son organisation matérielle. Ainsi donc, l’animal sans raison, qui meurt, périt ; mais chez l’homme, il y a une âme et un esprit qui demeurent toujours, quant à leur origine, distincts du corps, ayant avec Dieu Lui-même un rapport bien plus intime. Conséquemment l’âme participe à une immortalité que le corps tout seul, vivant ici-bas de sa propre nature, ne possède point. La mortalité du corps, c’était une simple affaire de la volonté de Dieu ; mais pour ce qui est de l’immortalité de l’âme, il y avait un principe intrinsèque, indestructible, qui appartenait à l’âme et à l’esprit ; voilà pourquoi aussi le corps de l’homme sera ressuscité et réuni à cette âme et à cet esprit ; et ainsi « chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même ».

Eh bien, c’est ainsi que le Seigneur Jésus Christ se présente devant nous, et que dans cet évangile seul Il prend ces deux caractères, et les réunit fidèlement. Il est homme — ici, surtout, homme ressuscité — mais Il est aussi l’Éternel Dieu ; et Thomas le déclare immédiatement après : « Mon Seigneur et mon Dieu ». C’est une personne qui, en Lui seul, réunit et la nature divine et l’humanité comme elle doit être. Il est devant nous l’homme ressuscité, le second homme, le premier jour de la semaine ; et comme Esprit vivifiant, Il souffle sur Ses disciples, Il leur donne ainsi la vie. C’est-à-dire, c’est l’Esprit du Christ Jésus ressuscité des morts ; c’est le Saint Esprit, accompagnant cette vie de résurrection et en étant la puissance, que le Seigneur, comme chef d’une nouvelle famille, conféra aux membres qui la formaient. Ils avaient cru en Lui, ils avaient donc la vie éternelle ; alors, ils eurent la vie en abondance.

C’est donc là le changement de toute importance qui fut introduit par l’action de notre Seigneur Jésus Christ. Je puis concevoir le raisonnement que certaines personnes tiennent sur ce point. Elles disent : « Si l’on obtient la vie éternelle, je ne vois pas quelle grande différence cela fait que ce soit une vie de résurrection — signalée si remarquablement par cette vie de résurrection ressuscitée en union avec le Seigneur Jésus ». C’est très possible que vous ne le voyiez pas ; mais permettez-moi de vous dire que la victoire complète diffère de la vie qui lutte avec la mort, qui lutte sous des ordonnances, vie en lutte avec ce qui l’entoure, recherchant le bien sans toutefois l’atteindre, s’efforçant d’éviter le mal, et sans cesse, pourtant, d’une manière on d’une autre, entraînée dans le mal. Voilà précisément l’état de l’homme dans l’absence de la puissance libératrice. Mais pour celui qui a la foi, cet état a pris fin, tout au moins pour ce qui est de démontrer la position nouvelle dans laquelle le croyant est placé par la mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ. La vie que je reçois aujourd’hui dans le Seigneur Jésus, c’est une vie qui n’est pas sous la loi ; elle n’a rien à faire avec la terre ni avec ses ordonnances, c’est la vie de Celui qui m’a fait entrer dans la paix parfaite avec Dieu ; de Celui qui m’a mis en possession de Sa propre relation envers Dieu. Eh bien, c’est pour donner cette vie dans sa forme la plus condensée, dans sa plus entière puissance, que le Seigneur souffle ainsi sur eux — signalant ainsi le nouveau caractère de la vie qu’ils possédaient, attestant que ce qu’ils vivaient dans la chair était véritablement par la foi du Fils de Dieu. « Non pas moi, mais Christ qui vit en moi ». Et c’est par le fait même qu’Il souffla ainsi que cette vie fut communiquée. C’était là participer à Lui-même, tel qu’Il se trouvait alors — participer à ce qu’Il était, surtout quant à la vie qui L’animait — après que toutes questions avaient été à jamais réglées et que la délivrance parfaite avait été assurée par Lui et accordée aux siens.

De là l’apôtre Paul, faisant allusion à cette vérité, dit : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Et pourquoi ? « Car », dit-il, « la loi de l’Esprit de vie en Jésus Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ». La loi de l’Esprit de vie, dit l’apôtre Paul. C’est là exactement, Jean nous le dit, ce qui fut accordé. C’était l’Esprit Saint, mais l’Esprit Saint comme Esprit de vie ; non pas seulement comme l’Esprit de puissance, opérant simplement des miracles, ou déployant pareillement Son énergie — ce qui pour l’homme aurait un air bien plus surprenant. Encore bien moins était-ce cette licence extrême, d’après laquelle l’homme prend la place de Dieu et prétend pardonner les péchés sur la terre. Jamais apôtre ne prétendit à cela. Néanmoins, c’était un privilège réel : et il est aussi vrai à ce moment-ci qu’au jour où Jésus ressuscita des morts. L’action du Saint Esprit alors consistait simplement dans la communication de la vie dans le caractère et dans la puissance de la résurrection par l’entremise de Jésus Christ, le second homme, ressuscité des morts. C’est là ce que j’entends par l’expression : « Recevez le Saint Esprit » ; l’Esprit de Dieu accompagne toujours la vie que donne le Christ. Sans doute, c’est Christ qui est l’objet de la foi, et qui donne la vie ; mais c’est par l’opération du Saint Esprit qu’Il la donne. Donnée durant le cours de Sa vie humaine ou de nos jours, c’était toujours l’Esprit de vie qui accompagnait cette vie ; et c’est pourquoi ces paroles en déclarent, en confèrent la puissance.

Mais Il ajoute encore : « À quiconque vous remettrez les péchés, ils seront remis ; à quiconque vous les retiendrez, ils seront retenus ». On dira : Eh bien, croyez-vous cela ? Assurément ; et bien plus : Je crois que vous autres chrétiens vous possédez ce pouvoir et que vous êtes responsables envers Dieu d’y conformer votre marche. Mais voilà, pensera-t-on, une prétention bien élevée, ce pouvoir de remettre et de retenir les péchés ! Oui, sans doute ; mais à qui le Seigneur s’adressait-Il ce jour-là ? Non pas seulement aux apôtres, mais aux disciples. « Le soir donc de ce jour-là, le premier jour de la semaine, étant arrivé, et les portes du lieu où les disciples étaient assemblées étant fermées… ». Si c’eût été une prérogative, restreinte au corps des apôtres, assurément l’historien sacré eût pris soin que la chose apparût ainsi. Un homme sensé même n’en agirait pas autrement. S’il s’agissait d’une commission spéciale de la part de l’empereur à ses ministres d’état, elle ne serait pas adressée à la chambre législative ni au sénat. Une telle façon d’agir n’aurait rien de convenable. Au contraire, si un message impérial était destiné au sénat ou à la chambre, à qui entendrait-on que ce message s’adressât ? S’il était destiné à l’assemblée entière, il serait adressé ainsi. Eh bien ici, il en est de même. Notre Seigneur parlait aux disciples — à leur nombre tout entier. Dès que nous prenons la Parole, telle qu’elle est écrite, nous voyons clairement que ce qu’Il dit alors s’applique à tous. Est-il un homme qui dise que la vie de résurrection du Seigneur Jésus Christ n’était que pour les douze ? Me dira-t-on encore que la paix donnée par le Seigneur avec tant de solennité, et à plusieurs reprises, n’était que pour les apôtres ? Rien de la sorte : Les apôtres y eurent part, bien entendu ; et ce dut être pour leurs âmes de la plus grande valeur.

Sans parler de dons personnels, il y avait, en effet, autorité spéciale de la part du Seigneur pour former des assemblées qui confessent Son nom — et une fois formées, pour les gouverner. Il y avait bien dans ce privilège de poser le fondement un poste d’autorité — des actes d’initiative et de gouvernement que l’Écriture assigne aux apôtres. Mais il entre si peu dans le dessein et le caractère de l’évangile de Jean de s’arrêter à ce qui est officiel, que le mot même « apôtre » ne se trouve nulle part dans son récit. L’esprit, la forme, la substance de cet évangile sont consacrés à ce qui est intrinsèque, essentiel, qui ne passe pas. De plus, nous trouverons tout à l’heure plus particulièrement bonne raison de conclure que cette portion même de l’évangile place expressément le christianisme sur sa propre base, et lui imprime un caractère fort distinctif devant Dieu et devant les hommes. Il y a donc plus d’une raison pour me convaincre que nous ne devons pas rechercher l’accomplissement de ces paroles en rien qui fût personnel aux douze, ou à d’autres qui leur succéderaient ; bien moins encore doit-on les rattacher aux fonctions des anciens ou presbytres comme si le pouvoir de remettre et de retenir les péchés, leur avait été officiellement confié ainsi que le prétendent, avec tant d’assurance, les symboles de certains corps religieux. Le fait est que le Seigneur Jésus a devant Lui Ses disciples comme tels ; c’est à eux qu’Il communique l’Esprit ; c’est donc bien eux qu’Il charge de cette commission importante.

L’histoire inspirée — les épîtres — ne jettent-elles donc aucune lumière sur le sens dans lequel les apôtres entendirent les paroles de Christ, et dans lequel nous devons aussi les interpréter ? Prenez, par exemple, ceux qui furent convertis le jour de la Pentecôte, et d’autres que le Seigneur ajoutait de temps à temps : par qui leurs péchés étaient-ils remis ? Ils ne se contentaient pas de croire à l’évangile individuellement ; ils soumettaient à ceux qui étaient chrétiens avant eux leur confession du nom du Seigneur. C’est là un fait de la plus haute importance. Il ne m’est pas permis de m’ériger en chrétien sur la seule opinion que je forme de moi-même, sur mon propre jugement quant à la foi que je professe : je dois soumettre mes prétentions à ceux qui ont été en Christ avant moi ; toute miraculeuse qu’était sa vocation, Paul, lui-même, ne fut pas dispensé de cela. Il fut baptisé par un certain disciple ; plus tard il fut reçu par d’autres. Voilà qui est plein de consolation ; se refuser à ce privilège, ou l’affaiblir, c’est la présomption même. En effet, plus la foi d’un homme est véritable, et plus il désirera que d’autres en fassent l’examen. L’apôtre Paul lui-même dut goûter l’amertume de ce procédé : car il y en avait qui se méfiaient de lui. Eh bien, si ce serviteur de Christ, honoré plus qu’aucun autre, eut à supporter ce qui lui était tant soit peu pénible, il ne sied à aucun de nous de nous estimer nous-mêmes des confesseurs du nom de Christ trop sûrs, pour céder quelque peu de notre propre importance, et nous soumettre en même temps à ce qui est bien la volonté du Seigneur et d’une vaste importance pour la bénédiction de l’Église de Dieu. Pensez à tout l’avantage que pourrait prendre l’ennemi si vous posiez en fait qu’on est admis à prendre la position chrétienne de son autorité propre et sur sa propre et unique garantie ? Il est bon de se soumettre les uns aux autres, et cela dès le commencement, dans la crainte de Dieu, qui est plus sage que l’homme et qui a déclaré Sa volonté par le moyen de ces paroles du Seigneur Jésus.

Si nous acceptons les écrits des apôtres comme commentaires, voici l’ordre et la pratique qu’enseignent les paroles qui nous occupent. Lorsqu’une personne fait profession de revenir à Dieu avec repentir et foi ; lorsqu’elle croit au nom du Seigneur Jésus Christ, ce n’est pas assez qu’elle se repose sur ce divin Sauveur pour le salut de son âme : je dois « confesser de la bouche aussi bien que croire dans mon cœur ». Cette confession peut et doit même naturellement se produire comme témoignage pour le monde ; mais il appartient à ceux qui professent déjà Son nom d’en juger. Je suis capable d’admettre quelque chose qui porterait atteinte à la gloire de Christ, ou de ne pas être assez sur mes gardes contre quelque chose qui nuirait à ma propre âme et serait pernicieux pour les autres : alors se présente cette fonction d’une importance suprême qui appartient à ceux qui sont avant moi dans la foi — fonction à laquelle l’Écriture n’attache pas peu de poids, qu’elle ordonne même pour la gloire de Dieu, comme nous voyons faire à l’apôtre Paul dans le chapitre 15 des Romains. J’affirme donc que les disciples, comme l’Assemblée de Dieu, autorisèrent en certains cas la rémission des péchés, en d’autres les retinrent. Ils recevaient cordialement et en simplicité, comme frères de Jésus, ceux qui auparavant se vautraient peut-être dans toute espèce de péchés, mais qui soudainement (dans une heure, peut-être) retournaient à Dieu ; n’était-ce donc pas excessivement important qu’il eût, dans ce monde, un corps constitué par le Seigneur, possédant une autorité positive, tout autant que sa propre vie, l’Esprit même comme puissance d’une vie abondante de résurrection ? Important aussi qu’ils donnassent leur sanction à la confession de ceux qui étaient sincères, tout en examinant les prétentions de tous ceux qui faisaient profession ? Ce n’est pas, certes, que cet examen pût nuire à un véritable enfant de Dieu. Au contraire ; grande consolation, joie de plus pour son cœur — ce bienvenu des autres qui le reconnaissent ici-bas, comme les anges, au lieu de l’homme sur la terre, se réjouissent devant Dieu au sujet de celui qui se repent ; mais frein sérieux, là où il y avait de la réserve, où quelque méchanceté se tapissait secrètement, où, enfin, on apercevait le désir d’introduire quelque chose en secret !

Nous trouvons que l’Assemblée de Dieu agissait dans l’esprit de cette règle ; on remettait et on retenait les péchés. Je ne parle pas en ce moment de cette circonstance solennelle où un homme fut frappé de mort à l’instant même et sur place ; mais d’occasions où il y avait retranchement de ceux qui péchaient, et rétablissement public quand ils se repentaient. Autre occasion encore : un homme qui avait été reçu, et dont les péchés avaient été ainsi remis publiquement, fut retranché comme méchant (1 Cor. 5). Les deux épîtres aux Corinthiens forment donc l’illustration des deux faces du sujet. « C’est assez pour un tel homme de cette punition qui lui a été infligée par la plupart d’entre vous ; de sorte qu’au contraire, vous devriez plutôt lui pardonner, le consoler même, de peur qu’un tel homme ne soit accablé par une tristesse excessive. C’est pourquoi je vous exhorte de ratifier envers lui votre amour » (2 Cor. 2, 6-8). Dans ces cas cités nous trouvons d’un côté péchés remis, de l’autre, péchés retenus ; et je ne doute nullement qu’une des raisons pour lesquelles les chrétiens ont manqué de tenir leur position séparée dans le monde, et de marcher ainsi au sein de leur propre joie et de leur félicité — source riche de bénédictions pour les autres — c’est qu’ils ont perdu de vue cette responsabilité ; la traitant de fonction ministérielle ou de puissance dès longtemps évanouie. Hélas ! la cause en est aussi manifeste qu’humiliante. L’Église n’a pas retenu sa position de peuple à part, ayant pour dot l’amour et la gloire du Seigneur Jésus. En jugement charitable ils ont embrassé le monde entier ; mais aucun jugement charitable ne peut profiter à ceux qui ne croient pas ; il n’en est pas même question quant à ceux qui ont la foi. De là, les bornes publiques et distinctives de la grâce et de la sainteté ont été foulées aux pieds, et la conséquence en est que la prétention même de remettre et de retenir les péchés — si l’on excepte les superstitieux qui en font un acte sacerdotal — est décidée avec mépris, sinon mise absolument de côté.

Je maintiens, au contraire, que les paroles du Seigneur établissent comme étant de l’essence de l’assemblée chrétienne dans ce monde qu’elle se produise comme le témoignage public et l’expression de ce que la grâce a fait, en recevant ceux dont la confession lui paraît satisfaisante et en rejetant publiquement ce qui ne se recommande pas à sa conscience. Souffrez, toutefois, que je déclare avec décision que ce que nous recevons n’est pas un certain degré de lumière et d’intelligence. Ce n’est pas à moi, plus qu’à d’autres, de faire peu de cas de l’intelligence spirituelle. Sans aucun doute, elle a sa place, sa saison, sa valeur ; mais de ceci soyons sûrs : Ce que Jésus souffla sur Ses disciples n’était pas de l’intelligence simplement ; c’était Sa propre vie de résurrection. Et c’est bien là ce qu’Il nous voudrait voir accueillir ; c’est là ce que nous devons reconnaître chez ceux qui se présentent. « Il vous a vivifiés ensemble, vous ayant pardonné toutes vos offenses ». Je ne prétends pas dire pour cela que nous devions sanctionner le péché, pourvu que la vie de Christ soit aussi là ; mais nous devons accueillir les brebis et les agneaux de Christ, et témoigner grande tendresse en agissant avec les fautes, fruits d’une fausse position et d’un mauvais enseignement. Prenons bien garde de faire le jeu de l’ennemi en ayant même l’apparence de confondre le principe sur lequel nous recevons avec certains degrés d’acquisition en pratique ou en doctrine. Retenez ferme ce fait — grand, simple, infini — que Jésus souffle sur Ses disciples l’Esprit de Sa propre vie de résurrection. Nous devons traiter les plus faibles comme faisant partie de l’Assemblée chrétienne. Mais si d’une part, nous accueillons, de l’autre, ne craignons pas de rejeter, selon que la confession est, ou n’est pas digne du nom de Jésus. Un homme a-t-il véritablement la vie de résurrection de Christ, attendez-vous de sa part à la sainteté, fruit d’une conscience purifiée ; mais à autre chose encore, que Christ sera la mesure de tous ses jugements, de même qu’Il est la source de toutes ses bénédictions, et, après tout, l’objet dont son âme sera occupée. C’est pourquoi, le nom de Jésus, passeport unique et suffisant pour la plus simple créature qui possède en Lui la vie éternelle, ce même nom nous suffit aussi pour rejeter la prétention la plus haute qui compromet Sa gloire. Que le Seigneur soit pour nous, comme Il l’est en vérité, la parfaite, la seule mesure. Si Christ est reconnu, honoré, tout ira bien, sûrement, avec félicité. Essayer d’unir Christ au péché, la tentative en est fatale. Loin de nous toute pensée de posséder Christ tout en soufflant le chaud et le froid sur Son nom ! Quoi de plus outrageant pour Dieu ? Aussi, il est de toute importance que nous Le tenions, Lui, fermement devant les yeux ; — nous éviterons ainsi le piège tendu pour nous faire ériger des organisations, des théories ecclésiastiques, que nous avons laissées derrière nous.

Je crois que toute théorie ecclésiastique est fausse si d’une manière quelconque on lui permet de voiler la valeur de Christ — et je refuse absolument de traiter les erreurs ecclésiastiques de la même manière qu’on doit traiter une question de déshonneur fait à Christ, ou de sanction d’un péché positif et connu. User seulement de connivence avec un système voulant retenir quelque chose qui n’est pas de Christ — ne pas « apporter la doctrine de Christ » — c’est la ruine. Un homme pourrait paraître aussi orthodoxe qu’un apôtre sur la vérité ecclésiastique, et posséderait au bout des doigts toute autre vérité du Nouveau Testament, mais quelle est la valeur de quoi que ce soit là où le nom de Christ est déshonoré ? Mais là où Christ est l’objet de l’âme, quand même celui qui le confesse soit ignorant, Christ a là même soufflé Sa vie ; et si nous sommes sujets à Christ, notre règle de conduite est claire, qu’un tel soit au nom de Jésus le bienvenu de nos cœurs ; c’est l’affaire de l’Église d’accueillir tous ceux-là, de les élever : comment, en effet, croîtraient-ils en lumière ; où donc trouveraient-ils à ajuster les jointures tortues, si ce n’est dans l’Église de Dieu ? Mais si nous nous tenons à l’écart jusqu’à ce qu’ils soient parfaitement établis, c’est pour eux-mêmes une impossibilité, aussi bien que pour nous l’abandon de notre position de secours et de devoir envers eux. Je croyais que l’Église de Dieu était la colonne et l’appui de la vérité, et que la vérité ne pouvait réellement s’apprendre que là où on vivait en elle ; et en outre : que ceux dont j’ai parlé, ayant reçu Christ, ont Christ, tant dedans que dehors. M’en faut-il davantage ? Puis-je moi-même me vanter d’en posséder davantage ? Sinon, pourquoi la moindre hésitation ?

Que le Seigneur rende les siens capables de s’adonner à ôter les difficultés, et d’être pleins de cœur pour accueillir les âmes là où il n’y a point trace d’opposition à Dieu dans la foi, ou dans les mœurs. Je ne dis pas là où se trouve la doctrine de la justification par la foi. Il y a bien des choses mauvaises qui marchent de concert avec cette doctrine retenue et même prêchée. Ces paroles de notre Seigneur Jésus Christ constituent une règle immuable, et nous sommes responsables d’agir d’après elles. Si nous sommes rassemblés en Son nom, il faut qu’il y ait une expression claire, ferme, de notre position, de nos privilèges. Notre action, notre action collective, doit être aussi ferme en faveur de la vérité que notre marche individuelle, en ce sens, que nous possédons Christ, que nous estimons ce don — que de concert avec Christ nous sommes tenus de remettre les péchés — et, dès qu’il reste quelque chose de contraire à Christ, de retenir les péchés. Nous renions la prétention de faire l’un ou l’autre entre Dieu et l’homme : jamais l’Église ne réclama un tel droit ; jamais les apôtres n’aspirèrent à action pareille. Mais il est clair que Jésus appelait les disciples à se charger tant de retenir que de remettre les péchés ; et comme nous l’avons vu, cela fut vérifié dans l’Assemblée chrétienne, qui exerçait ce privilège sous son double aspect — non pas pourtant comme question éternelle entre Dieu et l’âme, mais comme affaire d’administration, comme devoir envers Christ d’accueillir le vrai, de rejeter le faux — de retrancher et de rétablir devant les hommes.

Méditation 6 — Le don de l’Esprit et les dons — Actes 2, 33-38

Le temps était maintenant pleinement venu. Dieu s’était manifesté Lui-même. Israël aurait dû reconnaître ce jour-là le Messie comme Emmanuel, c’est-à-dire, Dieu avec nous. Et la foi aurait dû voir en Christ mort et ressuscité, comment Dieu est pour nous. Mais Dieu allait maintenant prendre un nouveau caractère, et faire un pas immense en avant : Il allait être Dieu en nous. Ceci ne pouvait pas se faire sans l’effusion du précieux sang de Jésus. Là où il y avait aspersion de ce sang, le Saint Esprit pouvait venir et demeurer. C’est pourquoi les disciples s’assemblèrent selon la parole du Seigneur, jusqu’à ce que, comme Il le leur avait dit, « ils fussent baptisés de l’Esprit Saint dans peu de jours ».

« Et comme le jour de la Pentecôte était venu, ils étaient tous d’un commun accord dans un même lieu ». Dieu introduisit cette nouvelle chose, d’une manière appropriée à Sa sagesse. Soudain il vint un son d’en haut, car c’était le Saint Esprit qui descendait du ciel, et il plaisait à Dieu d’accorder qu’un signe extérieur accompagnât ce fait sans précédent : « Un son du ciel comme d’un vent violent et impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Et il leur apparut des langues divisées comme de feu, et elles se posèrent sur chacun d’eux. Et ils furent tous remplis de l’Esprit Saint, et commencèrent à parler d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’énoncer ». Il est vrai que le Saint Esprit était descendu sur eux déjà auparavant, mais ç’avait été pour demeurer dans un homme — l’homme Christ Jésus. Dans le cas de Jésus, il n’y eut pas d’œuvre préparatoire ; mais la manière même en laquelle le Saint Esprit descendit, aussi bien que la forme qu’il Lui convint de prendre en descendant sur le Seigneur Jésus, attestaient l’immense différence qui existe entre Lui, en qui il n’y avait point de péché, et nous, si grandes que soient les bénédictions et la délivrance que nous avons reçues. Car c’est de nos péchés et du péché que nous sommes délivrés ; et cette œuvre souveraine de la grâce de Dieu a eu lieu par le moyen des souffrances et de la puissance de la résurrection de Celui qui, n’ayant point de péché, subit et la mort et le jugement.

Pour Jésus, le Saint Esprit apparut sous la forme d’une colombe — belle expression de la manière dont le Saint Esprit s’adaptait à cet homme auquel Il pouvait venir et dans lequel Il pouvait demeurer, sans qu’il y eût effusion de sang. Le Saint Esprit pouvait adopter cet emblème bien connu de la pureté, en descendant ainsi pour habiter dans le Fils de l’homme. Mais dans le cas de l’homme, c’est-à-dire dans le cas des croyants qui étaient assemblés à Jérusalem, attendant la puissance d’en haut, ainsi que le Seigneur le leur avait dit — la forme n’était pas celle d’une colombe, mais la forme de langues. L’image appropriée était celle de langues divisées, parce que Dieu allait maintenant répandre un vaste et puissant témoignage. Quelle que fût la responsabilité d’Israël, quel que fût le témoignage qui devait être rendu dans cette terre et à ce peuple, Dieu qui connaissait la fin dès le commencement, avait Sa pensée et Son regard dans ce fait même, arrêtés sur la propagation de la bonne nouvelle et sa présentation au Gentil aussi bien qu’au Juif. Les langues étaient « divisées », mais elles étaient « comme de feu » aussi. Il y avait eu le jugement du péché à la croix. Il y avait en l’homme ce qui rendait le jugement nécessaire et ce qui, de fait, avait été déjà jugé par Dieu en Christ comme sacrifice pour le péché. La langue « comme de feu » témoignait donc (quel que pût être le déploiement de la puissance du Saint Esprit et l’évidence de Son action en pleine grâce), que c’était la grâce ici, comme en tout ce à quoi le péché se rattache, « régnant par la justice par Jésus Christ notre Seigneur ».

Ainsi donc, le Seigneur accomplissait ce à quoi Il avait préparé les disciples. Dans les langues diverses auxquelles les hommes d’autrefois avaient été condamnés par le juste déplaisir de Dieu, Sa miséricorde allait maintenant s’étendre jusqu’à eux. Les œuvres merveilleuses de Dieu devaient ainsi être proclamées à toute nation sous le ciel. Ceci attirait l’attention universelle. Toutes sortes d’idées relatives à cet étrange et inconnu phénomène remplissaient les oreilles et les esprits des hommes. Mais Pierre explique comment ces choses étaient ce qu’on devait attendre, d’après la parole sûre de la prophétie. Il n’affirme pas que c’était l’accomplissement de la déclaration de Joël, dans son sens complet et absolu, mais c’était « ce qui a été dit », et rien autre chose. L’accomplissement des paroles dans un sens plein et entier, aura lieu en un autre jour. — Néanmoins ce qui avait lieu, loin d’être de mauvaise renommée, méritait d’être pris en considération — d’être accepté et prisé comme venant de Dieu. C’était « ce qui a été dit par le prophète Joël : Et il arrivera aux derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ». Ce n’était que le principe de la prophétie ; car, en fait, bien qu’il y eût diverses langues parlées, et bien que tous ceux qui étaient là vinssent de toutes les nations qui sont sous le ciel, il ne s’agissait pourtant que de Juifs. Toutefois, dans le fait que des paroles étaient prononcées dans les langues des Gentils, encore que les personnes qui écoutaient fussent juives, il y avait pour tout œil intelligent, l’indication de ce que Dieu allait produire en temps opportun.

Mais il est une vérité très importante qu’il est bon d’établir tout d’abord — d’établir, il est vrai, par la Parole de Dieu, vérité que nous ferons bien de retenir et de ne jamais abandonner. Il n’y avait pas une chose seulement, mais des choses variées dans le déploiement de la puissance de l’Esprit manifestée en ce jour-là. Nous ne devons pas limiter à quelque partie spéciale de Ses opérations, ce que l’Esprit produisit. D’abord, et avant tout, il y avait l’accomplissement de la promesse du Père, il y avait la grande et infinie vérité de la descente du ciel du Saint Esprit Lui-même. Ensuite, il y avait l’accomplissement de l’assurance spéciale que notre Seigneur avait donnée à Ses disciples, qu’Il les baptiserait du Saint Esprit, ce qui aurait pour effet la formation « d’un seul corps ». Ils pouvaient ne pas connaître et effectivement ne connaissaient pas encore, ce que « un seul corps » impliquait ; je crois pouvoir dire en vérité, qu’il n’y avait pas un seul croyant qui le sût. La doctrine du « seul corps », avait été jusque-là complètement cachée ; elle attendait un autre ministère, et un serviteur de Dieu approprié, qui parle de lui-même comme de quelqu’un né hors de temps. De fait cette doctrine ne fut, et l’on peut dire, ne pouvait être révélée, selon la sagesse de Dieu, qu’après la réjection, par les Juifs, du témoignage de Sa grâce. Alors, quand les Gentils sont effectivement appelés, ou que leur appel est en voie d’accomplissement, le « seul corps », formé de Juifs et de Gentils et joint dans ses parties par le Saint Esprit descendu du ciel ; le « seul corps », dis-je, pouvait être manifesté d’une manière conforme aux voies de Dieu. Cependant, ce qui était la puissance de ce corps, cette personne qui seule était à même de le former, était de fait donnée alors et dans cette circonstance : « Vous serez baptisés du Saint Esprit (sans qu’il y ait de conséquences tirées), dans peu de jours ».

Puis, et à côté de cela, il devait s’opérer des signes et des prodiges conformément à la parole du prophète, et ils furent opérés. De plus, il y avait la communication de dons variés de la part du Seigneur, pour Son œuvre ici-bas : « Quand il est monté en haut, il a donné des dons aux hommes »« les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les autres pasteurs et docteurs ». Ceci avait évidemment lieu par le Saint Esprit, ou, comme il est écrit en 1 Corinthiens 12, « la manifestation de l’Esprit en vue de l’utilité ».

Toutes ces choses distinctes, qu’il ne faut nullement confondre entre elles, furent concurremment accomplies en ce jour-là. De plus, l’Esprit de Dieu fut donné pour demeurer en chacun de ceux qui croyaient. Cela était bien clairement une conséquence de la même grande vérité. Ainsi, nous avons ce qui est individuel et ce qui était collectif — ce qui était universel et ce qui était particulier, le tout mis à exécution en ce jour de la Pentecôte, chaque chose toutefois devant être distinguée de l’autre. Telles épîtres embrassent une partie, telles autres une autre partie de ce vaste sujet. Dans une occasion prochaine, nous aurons de plus amples détails sur chacune de ces parties, mais ce sur quoi j’insiste particulièrement en ce moment, c’est la grande vérité même du don du Saint Esprit, comme distincte d’une opération distincte de Sa puissance, par le moyen de membres particuliers.

Ces dons-ci diffèrent, mais celui-là est, et doit être un seul et même don, le don du Saint Esprit. Ailleurs, il y a de grandes et nombreuses différences, mais ici il ne saurait y en avoir ; et cela est manifeste quand on comprend que nous parlons d’une personne divine, descendant ici-bas pour habiter en chaque chrétien et dans l’Église. Ce serait évidemment détruire la vérité que de dire qu’il y a des différences en Lui. Il peut y avoir variété dans les formes et les mesures sous lesquelles Sa puissance se déploie ; il peut y avoir et il y a différents degrés auxquels la joie de Sa présence est goûtée, mais le fait demeure (et que peut-il y avoir de plus béni et de plus glorieux que ce fait ?) que, quant à Lui-même, Il habite également en tout croyant qui se repose sur la rédemption accomplie dans le Christ Jésus.

En outre il y a, comme nous le savons, cette circonstance qu’Il est non seulement en nous, mais avec nous. En conséquence, nous voyons que, tandis que les langues se posent sur chacun des disciples, il y avait simultanément un vent impétueux qui remplissait toute la maison. Il y avait ainsi ce qu’on pourrait appeler un double signe de la présence de l’Esprit de Dieu — ce qui demeurait sur chaque personne et ce qui, d’une manière générale, remplissait la maison où ils étaient assis. Ainsi nous pouvons voir çà et là dans le livre des Actes, sans aller plus loin, que le fait que le Saint Esprit est , aussi bien qu’Il est en eux, est retenu présent à la pensée. Par exemple, au chapitre 4, quand le lieu où ils étaient fut ébranlé, qu’est-ce que cela avait à faire avec ce fait particulier que l’Esprit de Dieu habitait dans cette personne-ci, ou dans celle-là ? Le Saint Esprit était là et Il faisait sentir Sa présence au milieu d’eux. Ainsi, encore, lorsque Ananias et Sapphira mentirent, qui pourrait dire qu’ils mentaient à un croyant plutôt qu’à un autre ? Il nous est rapporté que ce n’était « pas aux hommes », mais « à Dieu », qu’ils mentaient. Mais c’était Dieu présent dans l’Église — c’était Dieu descendu sur la terre et qui pouvait maintenant en justice, selon la plénitude de Sa grâce et l’expression de cette grâce la plus bénie qui puisse se concevoir sur la terre, qui pouvait, dis-je, demeurer jusque dans ceux qui non seulement avaient été pécheurs, mais qui avaient encore le sentiment le plus profond possible de ce qu’était le mal naturel qu’ils avaient hérité d’Adam. Mais pourtant, malgré tout cela, malgré ce qu’ils avaient été et malgré ce qu’ils se sentaient être encore en dehors de Christ, la grâce de Dieu dans le don de Jésus était si bénie, le caractère de Son amour dans la mort et la résurrection du Seigneur était si riche, que le Saint Esprit pouvait en justice, et pour la gloire du Père et du Fils, descendre et demeurer en eux sur la terre.

C’est pourquoi nous voyons partout qu’il est parlé de l’Esprit de Dieu non seulement comme de Celui qui demeurait réellement dans chaque croyant, mais qui était avec eux lorsqu’ils se réunissaient ensemble ou qu’ils travaillaient à l’œuvre ici-bas. Ainsi, par exemple, nous lisons au sujet de l’Esprit, qu’Il dit à l’évangéliste Philippe : « Joins ce chariot » (chap. 8). Un ange du Seigneur lui avait dit préalablement la direction qu’il devait prendre. Toutefois, ce ne fut pas l’ange, mais l’Esprit qui lui parla quand il fut question de s’adresser directement à une âme. L’ange était simplement l’expression de la providence de Dieu marquant son chemin : naturellement, cela demeure encore une vérité. Nous pouvons ne pas voir les anges, ou n’avoir pas conscience de leur action, mais elle n’en est pas moins aussi véritable que jamais. Et pareillement à l’égard de l’Esprit de Dieu, nous pouvons ne pas L’entendre comme Philippe L’entendit alors, mais le fait est aussi certain qu’il l’était en ce jour-là. Selon la promesse de Christ : Il travaille. Sans doute, Il attend que l’état soit approprié, bien que ce soit un état de cœur que Lui seul puisse produire, mais Il travaille aussi véritablement maintenant que jamais. Ainsi, nous voyons un peu plus loin que l’Esprit dit (chap. 13) : — « Séparez-moi Barnabas et Paul » pour l’œuvre à laquelle Il les avait appelés. Ainsi, il est évident que l’Esprit de Dieu n’agit pas seulement au-dedans — car il ne nous est pas dit que c’est en Paul ou en Barnabas qu’Il agissait ; je crois que l’impression qu’on peut retirer de l’ensemble du chapitre est que cette action était extérieure, c’est-à-dire que l’Esprit parlait à leur sujet, plutôt qu’à eux et plutôt encore qu’Il n’opérait en eux. Sans doute nous savons que toutes ces choses sont vraies en leur temps. Le Saint Esprit était réellement en eux, et y était auparavant ; mais néanmoins le Saint Esprit se montre ici comme une personne divine qui était descendue ici-bas, et là donnait effet à la grâce et à la gloire du Seigneur. Et l’on pourrait retrouver ces mêmes principes à travers tout le livre, ainsi que nous le verrions aisément. Ainsi encore dans une autre occasion, l’Esprit de Jésus enseigne à Paul où il doit aller (chap. 16). Toutefois il n’est pas nécessaire que je multiplie les exemples.

Mais il est un autre point d’une immense importance, qui cause souvent une grande perplexité à certaines âmes : c’est la différence dans la manière dont le Saint Esprit est conféré. L’incrédulité, particulièrement où elle prend la forme de l’exaltation de l’homme par la superstition (et en vérité elle a constamment ce caractère, à moins qu’elle ne prenne la forme plus basse encore qui consiste à rejeter et à nier entièrement ce qui est de Dieu), l’incrédulité travaille activement à ces matériaux-là. Mais soit que l’incrédulité se traduise par l’exaltation de l’homme comme tel, ou par l’indifférence à l’égard de Dieu et une insouciance ouverte et complète quant à tout ce qui concerne l’âme, dans les deux cas elle est disposée à se prévaloir des modes variés dans lesquels l’Esprit de Dieu est conféré, pour nier que vous puissiez avoir le Saint Esprit, aujourd’hui comme autrefois, ou bien pour réclamer la confiance à l’endroit de quelque spécifique de charlatanerie religieuse par le moyen duquel on pourrait infailliblement attendre le Saint Esprit.

Or, pour ces motifs, je passerai en revue les grandes occasions que l’Esprit de Dieu rapporte pour notre instruction, et j’espère montrer cela d’une façon bien claire, à tout homme qui reconnaît l’autorité de la Parole de Dieu, qu’il n’y a rien de capricieux dans la manière dont le Saint Esprit était donné, qu’il n’y rien qui donne à l’homme comme tel la moindre importance, qu’il n’y a rien qui soit plus propre à diminuer la confiance du plus faible enfant de Dieu, et que quand nous connaissons pleinement, ou au moins d’une manière relativement pleine, la pensée révélée de Dieu, il y a tout au contraire pour consoler et affermir l’âme, et augmenter en nous le sentiment de Sa grâce et de Sa sagesse ; car nous aurons des preuves abondantes de Sa sainte attention en toutes les circonstances possibles. Combien il est évident par là que la simplicité dans les choses de Dieu est le secret réel pour voir les choses clairement ! Car la simplicité n’est pas occupée de nos affaires propres, ni surchargée par les pensées des autres ; mais elle a confiance en Dieu et elle sait qu’Il a toujours devant Lui Son grand objet : celui de glorifier Christ, par qui le Père a été glorifié.

Dans la première occasion, c’est-à-dire au jour de la Pentecôte, nous avons bien la plus ample et, dans un certain sens, la plus riche forme sous laquelle le Saint Esprit a été donné d’en haut. C’est pourquoi nous ferons bien d’accorder une attention spéciale au récit inspiré que Dieu nous en fournit. Nous apprenons par la plus haute des autorités, que Jésus « étant exalté par la droite de Dieu et ayant reçu de la part du Père le Saint Esprit promis, il a répandu ce que maintenant vous voyez et entendez ». C’est-à-dire, qu’il y avait devant eux des témoignages palpables et irrécusables de l’accomplissement de la promesse du Père. Le Saint Esprit promis n’était pas en Lui-même une chose qui tombât sous les sens, néanmoins il y avait une puissance extérieure qui L’accompagnait. Il est très important de distinguer cela, car autrement les hommes sont en danger, s’il y a absence de signes extérieurs, de nier ou de mépriser cet incomparable don qui est toujours au-dessus de ses effets. Quelle que soit l’importance de ces signes, ils n’étaient pour l’homme que les garants accompagnant le don et la présence du Saint Esprit, comme chose nouvelle sur la terre.

Mais, de plus, la réponse de Pierre aux interrogateurs anxieux de Jérusalem, jette une lumière considérable sur ce point. Dans l’angoisse quant à leur état, se sentant si ouvertement accusés par l’apôtre comme coupables d’avoir rejeté et crucifié leur propre Messie, et cela encore dans la présence de Dieu qui L’avait exalté à Sa droite, l’apôtre leur dit : « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés, et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Pesez attentivement les paroles. Il ne les invite pas seulement à croire. Je n’ai pas besoin de dire que c’est dans Sa sagesse que Dieu les appelle à se repentir plutôt qu’à croire. Il n’y a rien de vain dans l’Écriture. Nous voyons l’inverse dans une autre occasion : ce fut lorsque Paul et Silas convièrent le geôlier alarmé de Philippe à croire plutôt qu’à se repentir.

Mon désir, bien entendu, n’est pas de causer la moindre perplexité à une âme quelconque, mais au contraire de délivrer d’un tel sentiment les faibles qui peuvent voir cette différence sans la comprendre. Ce n’est pas l’homme qui a, ou qui aurait employé de telles paroles. Dieu a écrit ainsi, et Il mérite toujours toute confiance. Nous ne devons pas supposer qu’il y ait là affaire d’indifférence, dans l’emploi des termes choisis. J’accorde pleinement et j’insiste là-dessus, que sans la foi, il ne peut pas y avoir de vraie repentance envers Dieu. Il peut y avoir contrefaçon dans la foi, comme il peut y avoir aussi contrefaçon dans la repentance ; mais où la puissance de Dieu produit la vraie repentance, il y a nécessairement la vraie foi et réciproquement.

Cependant, chacun sait par expérience (et nous voyons cela dans la Parole même de Dieu — qui est la clé de tout ce que nous connaissons et expérimentons) qu’il y a des différences dans la forme du sentiment et de l’expression de l’âme devant Dieu. Car dans l’un prédomine une profonde œuvre morale dans la conscience ; dans un autre c’est la joie et la paix en croyant, qui sont les plus apparentes. Mais, néanmoins, sans la foi, il ne peut pas y avoir dans la conscience d’œuvre réelle de quelque valeur spirituelle, et il ne peut pas y avoir la foi selon Dieu, sans une œuvre vraie de l’Esprit dans la conscience. Si Pierre à Jérusalem, exhorte les Juifs à se repentir, Paul le fait pareillement envers les Athéniens, disant : « que Dieu annonce à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils se repentent ». En d’autres occasions, et des Juifs et des Gentils étaient invités et pressés à croire. La vérité est que les uns et les autres se repentaient — les uns et les autres croyaient ; mais il y a toujours une signification, et une signification importante, quand c’est sur l’une que l’on insiste plutôt que sur l’autre.

La chose nécessaire en cette occasion — la chose convenable selon la sagesse de Dieu — c’était l’humiliation de ces Juifs orgueilleux. De là vient que c’est la repentance, c’est-à-dire, ce qui brise la chair et traite l’homme comme ne valant rien, qui est mise en avant. « Repentez-vous », dit l’apôtre, « et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus » — au nom de Celui-là même que vous avez crucifié et rejeté. En Lui est la seule source de bénédiction. Il est la seule espérance pour vos âmes. Ils furent brisés et amenés à vouloir. C’était le jour de la grâce de Dieu, sinon encore le jour de Sa puissance d’après le psaume 110. La grâce avait touché leurs cœurs, la grâce leur faisait recevoir et endosser la sentence de Dieu contre eux-mêmes. Ils pouvaient alors croire du mal d’eux-mêmes et c’est la dernière chose que l’homme consente à croire. Ils étaient réellement amenés à ce point, qu’ils voulaient bien se croire méchants dans la présence de Dieu. C’est pourquoi il presse ce sentiment sur leurs consciences.

Il ne prend pas pitié d’eux parce qu’ils étaient justement percés au cœur, mais il insiste, pour ainsi dire, sur la nécessité de recevoir ce qui les humilierait davantage encore devant Dieu. Pierre pouvait le faire d’autant plus volontiers, qu’il connaissait en Jésus une aussi ample grâce. Comme il le dit lui-même : « Que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ ». Plus la grâce est proclamée, plus aussi nous pouvons provoquer et plus les âmes peuvent supporter avec une entière et saine repentance. En vérité, nous pouvons insister là-dessus et non pas rester dans des termes vagues, en disant : « On doit se repentir si l’on croit ». Ce n’est pas ainsi que Dieu pose la question. Il amène les âmes à sentir leur état réel devant Lui. C’est toujours une grande bénédiction pour tous, et laissez-moi dire en passant, que si ce n’est pas de bonne heure qu’une âme est travaillée à ce sujet, il lui reste pour un autre jour des exercices humiliants et pénibles. Car si nous n’apprenons pas en simplicité, au début de notre carrière, ce que nous sommes, si nous n’avons pas alors un complet sentiment de notre péché, ainsi qu’il sied à un nouveau converti, peut-être faudra-t-il que nous l’apprenions par quelque grande chute, par un péché manifeste, par un éloignement flagrant de Dieu, par un retour pénible, après avoir erré d’autant plus loin de Lui, que nous aurons eu trop peu le sentiment du péché au commencement de notre profession chrétienne. Qu’elles sont nombreuses les âmes qui ont passé par là ! Peut-être devrais-je ajouter qu’à mon avis il n’y en a point qui soient en aussi grand danger de tomber dans cette omission que ceux avec lesquels nous avons le plus communément à faire. Plus le sentiment de la grâce du Seigneur est grand, plus est grand le danger, et particulièrement pour les jeunes, si, devant Dieu, la conscience n’est pas sondée en proportion.

Dans ce cas donc, lorsque l’apôtre les exhortait à se repentir et à être baptisés au nom de Jésus Christ pour la rémission des péchés, vous remarquerez ce qui suit : « et vous recevrez le don du Saint Esprit ». Assurément, s’ils se repentaient, ce n’était pas sans le Saint Esprit. Lorsqu’ils recevaient le nom du Seigneur Jésus Christ et trouvaient en Lui la rémission, et qu’ils étaient ensuite baptisés — baptisés en Son nom — ce qui aurait été, sans doute, absolument vain pour les âmes qui étaient devant l’apôtre, si elles n’avaient pas cru en Son nom — on ne doutera pas que ce fût le Saint Esprit qui leur donnait la repentance et la foi en Son nom. Ainsi donc, il est évident que la réception du Saint Esprit telle qu’elle est présentée ici, est une chose entièrement différente de l’acte d’amener des hommes à croire et à se repentir. C’est une opération subséquente, une bénédiction séparée et adjointe ; c’est un privilège fondé sur la foi déjà agissante dans le cœur. Il est si peu vrai qu’un homme reçoit le don du Saint Esprit au moment même où il croit, qu’il est permis de douter que jamais un cas semblable se soit présenté depuis le commencement du monde. Je n’entends pas nier que le don du Saint Esprit puisse avoir lieu pratiquement en la même occasion, mais jamais dans le même moment, ou du moins, j’aimerais qu’on me produisît une preuve tirée de la Parole de Dieu, ou un exemple tiré de l’expérience pratique. Je n’ai jamais vu un cas pareil, non plus que je n’en ai entendu parler et (ce qui plus est) je crois que l’Écriture en exclut la possibilité. La raison en est bien simple aussi. Le don du Saint Esprit est fondé sur le fait que nous sommes fils par la foi en Christ, croyants se reposant sur la rédemption en Lui. Cela suppose donc clairement que l’Esprit de Dieu nous a régénérés. Nous pouvons voir l’importance de cette remarque en considérant, en une autre occasion, quelques-unes des épîtres. Ici, je ne fais que toucher à ce point parce qu’il est très évidemment impliqué dans ce verset. Ainsi le don du Saint Esprit n’est pas fait en vue de la repentance, ni de faire recevoir Christ pour la foi. Ce qui est vrai, c’est qu’après que les âmes s’étaient repenties et avaient été baptisées en Son nom pour la rémission des péchés, elles recevaient le don du Saint Esprit comme privilège subséquent.

Il y a une autre chose que je voudrais faire remarquer, une chose non moins importante qu’une autre à ne pas perdre de vue : c’est que le don du Saint Esprit ne signifie jamais les dons. Il en est beaucoup qui confondent le don avec les dons. Dans la Parole de Dieu, ils ne sont jamais confondus et jamais ne présentent la même idée. Il y a même un terme différent, non pas dans notre langue, mais dans celle dont s’est servi le Saint Esprit. Les deux choses sont invariablement distinctes. L’une et l’autre pouvaient se donner dans la même occasion. Quelqu’un pourrait avoir le don et jouir de la présence de l’Esprit de Dieu dans son âme. Il pourrait aussi recevoir de l’Esprit, puissance pour porter l’évangile au monde, ou pour être pasteur ou docteur dans l’Église. Cependant, le don du Saint Esprit est absolument un autre privilège. C’est le Saint Esprit Lui-même qui est donné et non pas seulement la puissance dont Il revêt quelqu’un en vue de certaines fins. Il pouvait y avoir ceci également, mais le don du Saint Esprit était cette bénédiction commune qui était alors conférée à toute âme qui se repentait et était baptisée.

Cela était immédiatement suivi de la réception joyeuse ou du moins de la réception de la Parole, car le mot « avec joie » est de source douteuse. « Ils reçurent sa parole, cela est certain, mais ce pouvait être avec un sentiment solennel aussi bien qu’avec un sentiment de joie, et ils furent baptisés au nom du Messie qu’ils avaient autrefois méprisé ». « Et en ce jour-là furent ajoutées à l’Église environ trois mille âmes ». Et on les voit dans la description de la dernière partie de ce chapitre, pleines de grâce et de puissance de la part de Dieu.

En passant à la crise suivante (chap. 8) — nous avons une scène entièrement différente. Étienne avait rendu son témoignage, dont le résultat fut une complète réjection du côté des Juifs ; Étienne était rempli de l’Esprit Saint, eux, Lui résistaient. Comme leurs pères avaient fait, ainsi firent-ils. Étienne scella de son sang son témoignage ; et la persécution qui éclata sur lui, comme première victime, dispersa toute l’Assemblée qui était à Jérusalem, à l’exception des apôtres. Ceux-là même que le Seigneur avait appelés pour aller dans tout le monde, furent exceptés dans la dispersion, et ceux-là seuls. Tellement l’homme, même dans le meilleur état, est lent à entrer dans les conseils de la grâce de Dieu et à travailler à leur accomplissement ! Mais Dieu Lui-même les accomplirait, dût-Il se servir pour cela d’une cause pénible. Si l’amour, si la puissance de la grâce, si le sentiment du besoin des âmes et de la gloire de Christ, ne réveillait pas ceux qui avaient reçu le commandement, Dieu aurait soin que des vases plus faibles, mais pourtant remplis des puissantes nouvelles de Sa grâce, répandissent la bonne odeur de toutes parts ; et ainsi ils « allaient çà et là annonçant la parole ». Philippe, qui, parmi tous, avait été établi par les apôtres aussi bien que choisi par la multitude pour le service journalier, Philippe, maintenant que cette affaire est brusquement terminée, gagne un haut degré et s’en va prêchant l’évangile. Il visite l’ancienne rivale de Jérusalem, la ville de Samarie. Là, les Juifs n’ayant pas été fidèles à établir l’autorité de la loi, se retiraient dans l’isolement et n’avaient pas de relations avec les Samaritains. Ils n’avaient pas gagné leur confiance, ni rendu recommandable cette forme de la connaissance et de la vérité telle qu’elle est renfermée dans la loi qui avait été commise à leur charge. Mais l’évangile allait maintenant démontrer sa puissance où la loi avait été infructueuse ; et Philippe annonça Jésus avec tant de force et de simplicité, et il fut si béni dans sa prédication, que la ville entière était dans une grande joie. Même le plus méchant d’entre ceux qui étaient là — homme depuis longtemps versé dans la connaissance des voies et des ruses du diable — fut impressionné par la sainte influence de la vérité, sans que, toutefois, elle eût pénétré dans sa conscience ni gouverné son cœur. Néanmoins, le courant était trop fort pour qu’il y pût résister. Simon le magicien s’incline devant la vérité de l’évangile, intellectuellement du moins, et est baptisé avec les autres. Mais là, prenez-en bien note, le don de l’Esprit Saint ne fut encore fait à personne.

Un tel fait montre la distinction bien claire qui existe entre le don du Saint Esprit et l’œuvre ou opération par laquelle Il amène une âme à se repentir et à croire à l’évangile. Il n’est pas douteux, quant à la masse des convertis samaritains, qu’ils fussent de vrais croyants, lors même que Simon ne l’était pas. Néanmoins, l’Esprit Saint n’était « encore tombé sur aucun d’eux ». Ce n’est pas seulement qu’ils n’avaient pas encore parlé d’autres langues, ou qu’il n’y avait pas encore eu de prodiges accomplis, sauf par l’évangéliste lui-même (v. 6, 7, 13). La descente du Saint Esprit est une chose totalement différente, bien qu’elle puisse être accompagnée de ces manifestations extérieures de Sa puissance. Il ne faut jamais confondre ces deux choses comme si elles n’en faisaient qu’une. Les confondre, serait porter le plus grand coup à la vérité capitale de la présence de l’Esprit Saint ; car si on le fait, il en résultera, et c’est notre cas actuellement, que nous n’aurons pas de Saint Esprit présent puisque nous n’avons plus ces manifestations extérieures de puissance. Il est donc évident qu’on va loin dans l’incrédulité, si l’on ne distingue entre les signes et témoignages fournis par l’Esprit et l’Esprit Lui-même. Je répète que ce n’est pas seulement le pouvoir de faire des miracles qu’ils n’avaient pas reçu, mais que l’Esprit Saint n’était pas encore venu sur eux. Cela, l’Écriture l’affirme, et c’est ainsi que nous lisons : « Les apôtres, qui étaient à Jérusalem, ayant entendu que la Samarie avait reçu la parole de Dieu, leur envoyèrent Pierre et Jean, qui, étant descendus, prièrent pour eux, pour qu’ils reçussent l’Esprit Saint : car il n’était encore tombé sur aucun d’eux ; seulement ils avaient été baptisés au nom du Seigneur Jésus ».

Nous rencontrons tout de suite une notable différence, qui fait un contraste marqué avec le jour de la Pentecôte. Là, quand ils se repentirent et furent baptisés au nom du Seigneur Jésus, l’Esprit Saint vint sur eux. Ici, Il n’était tombé sur aucun d’eux, quoiqu’ils eussent cru et eussent été baptisés. D’où vient cela ? D’une raison bien sérieuse et bien digne de Dieu, j’en suis persuadé. Telle est la nature humaine que, je n’en puis douter, si le Saint Esprit fût descendu sur ces croyants de Samarie à la prédication de Philippe, l’ancienne rivalité de la Samarie eût subsisté. La Samarie aurait levé de nouveau la tête, et la grâce même de l’évangile aurait servi d’appui à ses prétentions religieuses. Jérusalem avait, il est vrai, goûté cette nouvelle et extraordinaire bénédiction de l’évangile ; mais n’en est-il pas de même de la Samarie ? Ainsi, Jérusalem et « cette montagne-ci » auraient continué de dresser leurs têtes, en opposition l’une à l’autre, et l’effet que Dieu avait l’intention de produire par la présence de l’Esprit Saint aurait été manqué. Au lieu de la manifestation de l’unité dans l’amour, au lieu du maintien et d’une seule tête et d’une seule énergie — une tête en haut et une puissance en bas, opérant dans le corps comme réponse à la gloire de Christ — il y aurait eu une nouvelle institution à Samarie aussi bien qu’une nouvelle société à Jérusalem. Dieu rendit cela impossible — impossible, du moins, pour celui qui était attentif à Ses voies. Il n’y eut pas même l’apparence d’une sanction accordée à l’indépendance — le plus grand principe destructeur de la vérité de l’Église de Dieu sur la terre.

En conséquence donc, lorsque l’assemblée de Jérusalem, ou tout au moins les apôtres entendirent cela (car l’assemblée était maintenant dispersée), ils envoyèrent deux des chefs, deux des colonnes, Pierre et Jean. Ils prièrent ; mais il y eut, en outre, une indication plus particulière encore de l’intention qu’avait Dieu en différant ainsi le don de l’Esprit Saint. Il y eut l’imposition des mains des apôtres ; et cette imposition des mains était un acte qui exprimait à la fois la bénédiction que Dieu communiquait par les apôtres et, pour ainsi dire, l’identification avec l’œuvre à Jérusalem. Cela attestait devant le monde entier que Dieu ne souffrirait, dans Son Église, rien qui ressemblât à la rivalité — que ceux qui étaient à la tête de l’œuvre dans un endroit, n’étaient pas moins indispensables dans l’autre. Ainsi donc, Dieu montre, comme cela m’apparaît dans ce fait même, que quoiqu’il y ait une différence dans la manière de communiquer la bénédiction, cependant cette différence même est due à la sagesse et aux soins que Dieu déploie envers nos âmes aussi réellement qu’à la sagesse et aux soins qu’Il met dans la communication du don. Sans doute, le don du Saint Esprit constitue la principale partie de la bénédiction ; mais alors, il y a toujours la bonté et la sagesse de Dieu dans les moindres différences que nous offre Sa Parole. Ainsi, bien que nous ayons ici une différence très marquée avec le jour de la Pentecôte, tout contribue à prouver combien Dieu nous aime, combien le Seigneur prend soin de l’Église, et comment, même dans la manière dont Il communique cette suprême bénédiction de l’Esprit, Il procède de façon à montrer, si les saints ont la sagesse d’être attentifs à Ses voies et de chercher à comprendre la méthode de Ses dons, comment Il voudrait nous armer contre notre propre nature.

Il y a une autre chose qui se présente à nous dans la circonstance suivante (Act. 10) — une troisième variété. L’apôtre Pierre est enfin sommé par Dieu, à qui il plaisait de donner un double témoignage de Son dessein. Corneille, le centenier Gentil, eut, pendant qu’il jeûnait et priait à Césarée, un visiteur angélique qui lui ordonna d’envoyer chercher Simon Pierre. Quant à l’apôtre lui-même, il lui survint, à Joppé, une extase le jour d’après, et il eut jusqu’à trois fois une vision concernant cette grande affaire, afin que chaque parole en fût en quelque sorte établie par trois témoignages distincts. Pierre, encouragé davantage encore par l’Esprit (Act. 10, 19, 23), se met à la disposition des messagers de Corneille et s’en va avec eux. Dès qu’il ouvre la bouche, c’est pour appeler leur attention sur ce qui était excessivement prééminent dans son esprit ; car, au commencement, c’était bien à contre gré qu’il allait, puisqu’il avait, pour ainsi dire, osé contester avec le Seigneur dans la vision de la « grande toile ». Lorsque le Seigneur lui commanda de tuer et de manger, il n’avait, disait-il, jamais mangé ce qui est impur ou immonde. Mais il reçoit, à réitérées fois, cette parole de blâme : « Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour impur » ; et finalement il fait son profit de la leçon : « En vérité, je comprends que Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes ; mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable ».

Ainsi donc, il est évident que d’abord l’appel n’est pas adressé à un païen idolâtre. Pierre ne parle, dans le cas présent, que d’un homme qui déjà craignait Dieu et pratiquait la justice. Tel était le cas de Corneille. Ce n’était pas une âme inconvertie, mais une âme qui craignait Dieu. Il abondait en prières et en aumônes. Il est certain que ce ne sont pas les prières et les aumônes de la propre justice qui auraient pu le recommander à Dieu. Semblables choses, lorsqu’elles sont présentées à titre de propitiation pour l’âme devant Dieu, appartiennent, nous le savons, aux ressources sacrilèges de l’incrédulité. Mais Corneille était un homme qui craignait Dieu en réalité et non pas seulement par profession extérieure. Il était régénéré, et Dieu avait signalé son état et la connaissance qu’Il avait de sa justice dans le message dont l’ange était chargé — message qu’il me paraît parfaitement impossible d’interpréter comme signifiant que Corneille n’avait que la profession extérieure de la connaissance du vrai Dieu — la chose la plus invraisemblable, même aux yeux des hommes, qui se puisse concevoir, et qui est toujours une abomination aux yeux de Dieu. En lisant de nouveau le récit, je puis librement déclarer que son état était celui que le Seigneur avait produit et qu’Il pouvait distinctement reconnaître comme Lui étant agréable. Et de la part du Seigneur, c’était sagesse et grâce qu’en allant vers les Gentils Il commençât par une âme dont pas un Juif ne pouvait nier la piété. C’était bien, à n’en pas douter, la même miséricorde infinie qui sauvait ceux qui étaient évidemment perdus et, parmi eux, le premier des pécheurs. Mais pourtant ici, il ne s’agissait pas de réveiller pour la première fois une âme morte dans ses péchés, mais plutôt d’asseoir une âme déjà réveillée sur un terrain connu de relation avec Dieu et de parfaite liberté, de telle sorte que nul de ceux qui craignaient Dieu et Sa Parole ne pût contester son titre. Dans la plupart des cas, les deux choses — la conversion et l’affranchissement — pourraient avoir lieu simultanément ; mais il n’en est pas ainsi de Corneille, qui, en temps dû, reçoit avec sa maison la parole de Pierre.

Remarquez aussi que c’était une parole qu’on n’entendait pas pour la première fois. « Vous connaissez la parole… qui a été par toute la Judée ». Il est donc clair que ce centenier, non seulement craignait et priait Dieu auparavant, mais qu’il avait connaissance de ce qui avait été prêché par toute la Judée. Comment se faisait-il que cela n’eût pas été appliqué à sa propre âme et reçu en plein par lui ? Simplement parce que Corneille craignait Dieu et tremblait à Sa parole. Ce n’était pas sous cette forme que la foi en Dieu opérait maintenant, mais c’était une chose juste à sa place. Cette révérence envers Dieu pouvait le rendre lent à anticiper Ses voies. « Si Dieu a envoyé Sa Parole à Israël, pouvait-il dire, je sais qu’elle est sûre pour eux, et heureux le peuple qui a un tel Dieu ! Mais moi, qui et que suis-je ? ». À cause de cela même il attendait jusqu’à ce que la parole fût envoyée à lui-même. C’est précisément ainsi qu’agit maintenant l’évangile. L’évangile est la proclamation de la parole de la grâce de Dieu à toute créature ; mais alors c’était une chose nouvelle. Corneille avait connaissance, sans doute, des anciennes Écritures et ne doutait pas au sujet des promesses ; il ne les mettait pas en question comme vérités abstraites, non plus que leur accomplissement par Christ et en Christ pour Israël.

Mais maintenant la parole était envoyée à lui, Corneille, un Gentil, par l’autorité de Dieu, au moyen de Pierre. Ainsi qu’il est dit ici : « Comme Pierre prononçait encore ces mots » (plus particulièrement, je suppose : « Tous les prophètes lui rendent témoignage, que, par son nom, quiconque croit », etc.), cette vérité fut empreinte sur son âme. C’était tout au moins un témoignage direct, et qui, selon tous les prophètes, ouvrait la porte à n’importe qui : « Quiconque croit en lui, reçoit la rémission des péchés. Comme Pierre prononçait ces mots, l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la parole ». Quoi ! sans le baptême ? Sans l’imposition des mains ? Sans qu’on priât pour eux ? Oui, sans rien de tout cela, sans autre difficulté, sur-le-champ, même pendant que la Parole est prêchée par l’apôtre Pierre, le Saint Esprit leur est donné à tous.

Ici donc, nous avons une phase nouvelle, une phase entièrement différente, non seulement différente du témoignage rendu en Samarie, mais de tout ce dont on avait fait l’expérience à Jérusalem. Là, il fallut que le Juif fût baptisé, et c’est seulement ensuite qu’il reçoit l’Esprit Saint. Ce n’était pas assez qu’il crût l’évangile ; il fallait qu’il fût baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés (baptisé d’eau, naturellement), « et vous recevrez le don de l’Esprit Saint ». En Samarie, il n’avait pas suffi qu’ils fussent baptisés d’eau ; il fallait qu’il y eût la prière et l’imposition des mains des apôtres — à défaut de quoi le Saint Esprit ne serait descendu sur aucun d’eux. À Césarée, avant le baptême et sans imposition de mains de la part de l’apôtre, le Saint Esprit tombe sur eux tous. Comment cela pouvait-il se faire ? Le Dieu seul bon et seul sage reconnaissait ces Gentils en profonde grâce. Le moment était venu de produire Sa pensée plus ouvertement, et la première manifestation de Sa grâce envers eux, eut lieu d’après ce riche et singulier procédé. Ce pouvait n’être pas une occasion aussi publique que lorsque les trois mille âmes furent ajoutées. Toutefois, ce que l’on vit alors, c’est le brisement de cœur des Juifs qui s’étaient montrés endurcis et orgueilleux envers Jésus de Nazareth. À ce nom-là il faut qu’ils ploient les genoux ; bien plus, c’est en ce nom qu’il leur faut être baptisés ; de toute autre manière ils n’auraient pu recevoir l’Esprit. À leur tour les Samaritains recevaient une leçon spéciale pour contrecarrer la propension qui leur était particulière et pour établir le grand principe de l’Église ou Assemblée (pas seulement des églises), que Dieu formait sur la terre. Mais ici, Dieu voulait encourager et gagner les Gentils que Pierre lui-même avait méprisés. Car, après que le Seigneur lui eut dit d’aller et de faire disciples toutes les nations, il n’était pas allé ; après même que l’Église fut poussée à parler, il traînait en longueur. Ils étaient tous tardifs (m’est-il permis de le dire ?) ; ils restaient en arrière dans l’œuvre du Seigneur ; ils étaient peu entrés dans Sa puissante grâce, qui surpassait tellement les pensées de Ses propres enfants et qui était dirigée par la main de Dieu, bien que manifestée avec peu de cœur du côté de l’homme (car ce fut bien à peu près là tout, jusqu’à ce que Pierre ait été amené sur le terrain). Mais lorsqu’il prêcha à Césarée, combien Dieu blâma — quoique dans une pleine miséricorde — la lenteur de Son serviteur. Dès que les paroles tombèrent de ses lèvres, il se manifesta une grâce que Jérusalem n’avait point vue et dont la Samarie n’avait pas été témoin ; car là, il y avait eu, dans la sagesse de Dieu, un moment d’intervalle et une imposition des mains des apôtres avant que la complète bénédiction fût communiquée.

Mais ici, rien de la sorte ; tout était de pure grâce. Sans doute il y avait dans leurs âmes une œuvre antécédente de l’Esprit, qui leur avait donné la repentance envers Dieu et la foi en Jésus. Cela est toujours nécessaire. Mais il n’y avait pas d’acte extérieur, auquel ils eussent à se soumettre, tandis que l’accomplissement en aurait été commis à d’autres. Le baptême se présentait ensuite comme un privilège (ce qu’il est réellement) qui ne pouvait pas leur être refusé. Pour le Juif, pour le Samaritain, il ne manquait pas d’éléments humiliants. Pour les Gentils, au contraire, il y avait un doux encouragement. Dieu les attirait et fermerait la bouche de tous les contradicteurs. Il fournissait, jusque dans la manière dont se faisait le don, la preuve la plus magnifique qu’en allant au-devant des plus éloignés Il montre, en raison même de l’éloignement, une plus grande grâce. Il n’y a pas eu de miséricorde plus riche que celle qui a cherché et trouvé les pauvres Gentils.

Et remarquez-le bien, frères, c’est ainsi que nous recevons le Saint Esprit, c’est-à-dire en prenant la place de Gentils. Nous ne sommes pas Juifs ; nous ne sommes pas Samaritains. Que d’autres se prévalent, si cela leur convient, de ce que le Saint Esprit est descendu du ciel : plût à Dieu qu’ils se prévalussent de ce qui a été fait le jour de la Pentecôte à Jérusalem, et dans la Samarie un peu plus tard ! Il n’y eut pas d’apôtre appelé à imposer les mains aux Gentils. Pierre était là, lui qui certainement était placé au premier rang et qui avait imposé les mains aux Samaritains ; mais le fait de sa présence à Césarée rendait la grâce de Dieu d’autant plus transcendante. À tous il déclara les étonnantes nouvelles, mais c’est là tout ce qu’il fut appelé à faire. Il ne s’agissait pas ici d’une action préparatoire de l’homme, telle que l’imposition des mains ou le baptême. Rien de cela n’a lieu avant que le Saint Esprit soit donné, bien que Pierre fût là et pour baptiser et pour imposer les mains si c’eût été nécessaire. Il n’y avait donc pas d’empêchement dans les circonstances, si tel eût été l’ordre de Dieu. L’homme disparaît, pour ainsi dire, dans le débordement de la grâce de Dieu, et combien c‘est heureux que nous ayons là notre bénédiction et notre place devant Dieu ! En cela Dieu nous a donné largement de quoi répondre aux hommes qui insistent de toutes leurs forces sur la nécessité d’avoir des apôtres, alors qu’il n’y en a pas. L’incrédulité méprisa les apôtres lorsqu’ils étaient ici-bas ; l’incrédulité prétend maintenant que leur présence est indispensable comme unique canal de la communication de l’Esprit, alors que ce canal ne se trouve nulle part. Quelle bonté du Seigneur qu’Il nous ait laissé dans Sa Parole écrite la preuve que de tels hommes ne savent ni ce qu’ils disent, ni ce sur quoi ils fondent leur affirmation. Que d’autres, si cela leur plaît, se rejettent dans la place qui, sans doute, leur convient, la place des Samaritains ou des Juifs ; qu’ils se disent Juifs alors qu’ils ne le sont pas : c’est à ceux qui se contentent de reconnaître qu’ils ne sont que pécheurs d’entre les Gentils, que le Seigneur fait don de Sa plus riche miséricorde. Puissent ceux qui s’attachent encore aux formes et aux ordonnances, à des instruments humains d’une espèce ou d’une autre, consentir à prendre leur véritable place, afin que, disposés à accepter leur néant, ils reçoivent la pleine bénédiction qui est selon le cœur de Dieu ! C’est ainsi que Dieu bénissait alors, et c’est ainsi qu’Il aime encore à bénir. Il nous convient donc d’apprécier hautement Sa grâce. Comme Paul pouvait dire qu’il glorifiait son ministère, de même devrions-nous, ce me semble, glorifier la grâce qui nous est divinement adressée, à nous qui, par nature, ne sommes que des Gentils répudiés. Nous pouvons dire beaucoup à la louange de Celui qui a le moyen de bénir des êtres tels que nous ; car si c’est ainsi qu’Il bénissait alors, le fondement de Sa bénédiction n’a pas changé et c’est encore ainsi qu’Il bénit aujourd’hui. Je ne dis pas qu’il y ait le même genre d’évidence, mais que tel est le principe révélé de la bénédiction de Dieu envers les Gentils. Si vous vous inclinez devant le témoignage de Dieu se répandant sur toute la terre, ne voyez-vous pas que, d’après l’Écriture, ce sont les Gentils et non les Juifs qui reçoivent le Saint Esprit sur la simple prédication de la Parole ? Et n’est-ce pas par le même moyen, c’est-à-dire par la Parole de la grâce de Dieu, qu’Il est encore aujourd’hui communiqué ?

Dans certains cas, sans doute, il peut y avoir quelque délai. Vous pouvez trouver des âmes réellement touchées par l’Esprit de Dieu — je ne veux pas dire touchées seulement dans les sentiments, touchées d’une émotion passagère, mais travaillées par une œuvre réelle de grâce dans le cœur et la conscience, tout en n’ayant pas la paix et en n’étant pas établies dans le repos et l’affranchissement dans le Sauveur. Ce cas n’est pas rare, et, en telle occurrence, nierons-nous qu’il y ait une œuvre de Dieu ? Fermerons-nous les yeux sur la partie existante de l’œuvre, parce qu’il n’y a pas tout ce que nous pourrions et devons désirer ? Dirons-nous que parce qu’il manque la conscience d’une pleine délivrance devant Dieu, il n’y a rien du tout ? Cela, je le laisserai dire à d’autres, mais je n’oserai pas même le penser. Je conjure mes frères de ne pas se livrer à une semblable incrédulité, et j’espère que personne ici ne croira nécessaire de mettre en doute la réalité de l’œuvre de Dieu dans une âme par la raison que cette âme n’entre pas encore dans la simple et pleine conscience de tout ce que Christ a fait pour elle. Il peut quelquefois nous arriver d’être intempestifs avec les âmes et de leur faire ainsi beaucoup de mal en ne reconnaissant pas suffisamment l’œuvre de Dieu en elles.

Mais il y a encore un autre danger. Ne soyons satisfaits de ce qu’une personne se montre vraiment pénitente et regarde vraiment à Christ que quand elle est établie dans l’affranchissement. Se satisfaire à moins est également de l’incrédulité et révèle un manque de connaissance de la Parole et de la grâce de Dieu ; c’est rester au-dessous de la plénitude de la présence et de l’opération de l’Esprit de Dieu dans l’âme. Il est bon d’appeler les choses par leur véritable nom. On ne peut être que malheureux sous un sentiment de péché ou d’anxiété en réponse auquel on n’a pas saisi la grâce de Dieu en rédemption. Mais cependant lorsqu’on soupire après Jésus, quand même on ne possède pas la paix de la conscience et encore moins celle du cœur, nous devons appeler cela conversion et le considérer comme une œuvre de la grâce de Dieu. Toutefois, s’asseoir dans cet état, ou supposer qu’il suffise qu’une âme se tourne du péché vers Dieu et sente son indignité en regardant à Jésus, est également une faute. Cela est bien au-dessous de la plénitude de l’évangile ; c’est s’accrocher à Jésus plutôt que trouver en Lui une paix positive. Nous devons, au contraire, nous efforcer de persuader les âmes qu’il y a en Jésus bien plus que ce qui touche le cœur et réveille la conscience, quelque réel que puisse être le sentiment du péché et vrai le désir qui recherche ce qui est de Dieu. Je crois que nous manquons tous si nous n’insistons pas auprès des âmes qui se sont arrêtées là, pour leur faire comprendre qu’elles ne sont pas encore dans ce que l’Écriture reconnaît pour être le véritable état du chrétien devant Dieu. Si la Parole entend que les enfants de Dieu jouissent d’une pleine paix, devons-nous nous déclarer satisfaits de quelque chose de moins ? Nous ne devons jamais reconnaître qu’un esprit renouvelé, mais encore sous la loi, soit le résultat complet de la vérité qui est en Jésus, quoique nous soyons tenus de reconnaître la sincérité de la personne qui est dans cette position. Dieu met bien plus que cela à la disposition des siens ; dans la place de bénédiction qu’Il leur offre, tous les doutes, toutes les craintes, toutes les anxiétés s’évanouissent sous le sentiment de la grâce parfaite qui nous a rapprochés de Lui sans qu’il reste devant Lui contre nous l’ombre d’un péché ou d’une incertitude.

Il est évident qu’aussi longtemps qu’il y a combat et trouble intérieur, on est dans les sentiments qui se trouvaient chez les saints de l’Ancien Testament. La seule différence est que ceux-ci ne pouvaient pas aller au-delà ; le temps n’en était pas encore venu. Le Libérateur n’était pas là ; la délivrance n’avait pas encore été opérée. Le fondement béni sur lequel on reçoit la paix d’après le principe de la foi et par la grâce de Dieu, n’avait pas encore été posé devant eux, et l’on ne peut pas anticiper les voies de Dieu. Nous ne pouvons pas courir en avant de Lui. Nous pouvons Le suivre et nous devrions nous réjouir de voir Sa bonté lorsqu’elle se présente à nous ; mais nous ne pouvons pas précéder Dieu. Maintenant le salut est venu. Christ a passé ici-bas ; Il est mort et ressuscité ; et cependant les âmes vivifiées ne saisissent pas toujours en un moment les puissants résultats qui découlent de ce grand fait. Il peut bien arriver qu’elles le saisissent, et je ne doute pas qu’il se présente encore des cas analogues à celui du geôlier de Philippe. Là, à l’heure même où la conscience de cet homme fut atteinte, il y eut une œuvre supplémentaire de Dieu en vertu de laquelle lui et sa maison purent se réjouir immédiatement. Quelque misérable qu’il pût être l’instant avant, sur l’heure même la grâce divine le rendit pleinement heureux. Ainsi donc, je suis loin de nier que la même chose puisse avoir lieu dans le même laps de temps ; mais je dis que le cas est plus rare qu’on ne le suppose.

Prenez, par exemple, l’apôtre Paul. Si jamais homme fut converti, ce fut bien celui-là — sur le chemin de Damas et par une manifestation de puissance extraordinaire. Pourtant, il est certain que Dieu ne l’établit pas sur-le-champ dans une pleine liberté. Pendant des jours et des nuits il fut aveugle et exercé au point de ne manger ni de boire ; et tout cela concordait avec son état spirituel. Il avait réellement vu Christ dans la gloire, et cela pour la délivrance de son âme ; mais avait-il été amené aussitôt à la paisible jouissance de tout ce qu’il avait vu et entendu ? Je ne doute pas qu’il se fit en lui une œuvre immédiate, fruit de la vérité agissant dans l’homme intérieur ; cependant il ne connut le repos et la pleine liberté qu’après qu’Ananias fut venu à lui et qu’il eut été baptisé. Nous savons que c’est à ce moment-là qu’il fut rempli de l’Esprit Saint et que, comme c’est toujours le cas, il entra dans la conscience de la pleine bénédiction. Cela n’ôte rien à la plénitude de l’évangile, non plus qu’à l’affranchissement qu’il apporte ; mais cela fournit une réponse à des faits qui se rencontrent actuellement et explique certain état dans lequel nous voyons des âmes qui, après tout, ne peuvent jamais être courbées sous une théorie. Il est des faits persistants, qui chaque jour tombent sous les yeux sans même qu’on les recherche, si seulement nous avons de la sollicitude pour les âmes. Prenez-en note, où que vous les rencontriez, et vous apprendrez qu’il y a là une action réelle de l’Esprit de Dieu sur les âmes et qu’on peut néanmoins rester dans cette condition pendant des jours, des semaines, des mois, des années. Puis, il est assez fréquent de voir, après cela, l’âme amenée dans un complet affranchissement devant Dieu. Or, là où l’on entre dans l’affranchissement, il y a, selon moi, non pas seulement la vie, mais la réception de l’Esprit Saint.

Je voudrais dire encore un mot avant de quitter cette partie du sujet. Dans tous les cas où Dieu commence l’œuvre, Il l’achève toujours, lors même que les deux choses n’auraient point lieu simultanément. Je suis donc fermement convaincu, d’après la Parole de Dieu, confirmée aussi par tout ce que l’expérience a pu m’enseigner, que jamais, dans ceux qui meurent, l’œuvre n’est restée incomplète. Là où Dieu crée à nouveau, Il donne assurément aussi le Saint Esprit. Je ne crois pas que ce soit toujours au premier moment, et, de fait, l’Écriture me semble prouver le contraire ; mais celui que Dieu entreprend de bénir maintenant, sera, tôt ou tard, on peut en être sûr, amené à la jouissance simple et entière de la paix avec Dieu. Vous remarquerez que je ne parle pas ici de l’intelligence spirituelle. Si je traitais ce point, j’aurais à constater douloureusement combien c’est chose rare chez les croyants. Nous savons tous comment des âmes vraiment pieuses peuvent rester malheureuses pendant des années ; mais il ne m’est jamais échu d’en voir une seule qui n’ait été rendue joyeuse avant que le Seigneur l’appelât à Lui. J’ai été témoin de cas véritablement merveilleux, où se sont complètement évanouis tous les doutes et toutes les craintes qui avaient assombri l’existence entière de personnes qui pourtant avaient la vie ; et d’autres que moi, j’en suis assuré, ont pu en voir autant, peut-être davantage. Ils ont pu voir la grâce de Dieu dissipant enfin tous les nuages qui avaient plané sur l’âme. Mais rattache-t-on généralement ce fait à sa cause réelle ? — De ce qui m’a occupé je conclus donc que lorsqu’une âme est vivifiée par l’Esprit de Dieu, ou convertie, ce qui, substantiellement, signifie la même chose (en considérant seulement à un autre point de vue l’œuvre de l’Esprit), il se pourra qu’une telle âme reçoive éventuellement le Saint Esprit, mais il se pourra aussi qu’elle ait à attendre par raison d’un manque de soumission présente à la justice de Dieu.

Il est bon de remarquer qu’à Césarée le baptême suit le don de l’Esprit. L’apôtre Pierre attire l’attention sur ce fait que non seulement l’Esprit Saint tombe sur eux comme Il était tombé sur les Juifs le jour de la Pentecôte, mais que ceux des nations aussi parlaient en langues. Il y avait le même irrécusable témoignage du grand don. Ce fait était de grande importance en ce qu’il fermait la bouche aux fidèles de la circoncision qui accompagnaient l’apôtre. Lorsqu’il les entendit magnifier Dieu, « Pierre répondit : Quelqu’un pourrait-il refuser de l’eau ? ». Il savait parfaitement bien comment le préjugé des Juifs pourrait se montrer. C’était également une chose nouvelle que les Gentils fussent baptisés d’eau. « Quelqu’un pourrait-il refuser de l’eau, pour que ceux-ci ne soient pas baptisés, eux qui ont reçu comme nous l’Esprit Saint ? »

Encore un autre fait à observer (à l’appui duquel l’Écriture fournit d’ailleurs des preuves abondantes), c’est que le baptême n’a jamais été établi pour être, dans son administration, le privilège d’un personnage officiel dans l’Église. Pierre était là, et si l’on eût rattaché à cet acte une question de dignité ou de supériorité dans les personnes, assurément c’est à un apôtre que fût revenu le droit de baptiser. Au contraire, la seule forme du récit indique que ce n’est pas lui qui appliqua le baptême. Il eut soin qu’ils fussent baptisés, et même il le commanda, mais il n’est dit nulle part qu’il les baptisa lui-même. Pareillement, Paul était heureux de pouvoir, en parlant de son œuvre à Corinthe, rendre grâces à Dieu de ce qu’il n’avait baptisé aucun d’eux, à l’exception d’un nombre insignifiant. Je ne doute pas qu’ici Pierre fût, quoique pour une raison bien différente, conduit de Dieu à s’abstenir de baptiser. S’il eût baptisé, combien les hommes eussent aimé à s’emparer de la circonstance ! Combien l’on se serait efforcé de tirer de là quelque chose pour glorifier l’homme, alors que Dieu opérait à Sa propre louange ! Mais il n’en fut pas ainsi. Le glorieux apôtre Paul lui-même fut baptisé par un simple disciple ; et, assurément, si la personne de celui qui baptisait eût ajouté quelque chose à l’acte, nous pouvons croire que cette distinction aurait été particulièrement maintenue lorsqu’il s’agissait de baptiser un apôtre. Mais Ananias, sur l’ordre de Dieu, va et dit : « Saul, frère », et le baptisa sur-le-champ. On n’attendit pas de personnage officiel. N’est-ce pas une preuve étonnante de l’incrédulité des hommes, que l’on passe par-dessus un fait aussi patent et aussi accablant ? Les anciens ou les modernes oseraient-ils se flatter de faire mieux que l’Écriture ? Connaissent-ils ou peuvent-ils communiquer la volonté du Seigneur envers Ses serviteurs ou envers l’Église mieux que les écrivains inspirés ? L’usage qui consiste à faire des ministres de l’évangile les seules personnes compétentes pour baptiser, n’a pas le sceau de Dieu. La Parole met le plus grand soin à montrer que le baptême pouvait être appliqué sans eux, et cela, lorsqu’il n’y avait pas nécessité de recourir à d’autres. Pour Corneille, par exemple, il n’était pas besoin de chercher quelqu’un remplissant une fonction élevée, puisqu’il y avait un apôtre au lieu même. Si l’ordre selon Dieu eût demandé la forme que les hommes ont imposée depuis, pourquoi aurait-elle été omise dans une occasion aussi sérieuse, qui ne pouvait que devenir un précédent pour tous les temps à venir pour ceux qui se placent sous l’autorité de l’exemple apostolique ? De même que Paul, le centenier gentil et sa maison sont baptisés par ceux que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de laïques. Les apôtres et les évangélistes ont quelquefois baptisé ; mais le baptême n’était nullement considéré comme un rite officiel : d’autres frères pouvaient baptiser et baptisaient en effet, même quand l’apôtre était présent. Mais je dis ceci en passant.

Il ne reste plus qu’un seul cas, relaté dans les Actes des apôtres, sur lequel j’ai quelques mots à dire en rapport avec le sujet que je traite. « Or il arriva, comme Apollos était à Corinthe, que Paul, après avoir traversé les contrées supérieures, vint à Éphèse, et ayant trouvé de certains disciples, il leur dit : Avez-vous reçu l’Esprit Saint après avoir cru ? Et ils lui dirent : Mais nous n’avons pas même ouï dire si l’Esprit Saint est. Et il leur dit : De quel baptême donc avez-vous été baptisés ? Et ils dirent : Du baptême de Jean. Paul dit : Jean a baptisé du baptême de la repentance, disant au peuple qu’ils crussent en Celui qui venait après lui, c’est-à-dire dans le Christ Jésus. Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Et Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent » (Act. 19, 1-6). Voici une circonstance dont le sens est bien clair, et qui, de plus, est aussi remarquable qu’aucune de celles que nous avons examinées. L’apôtre, sans doute, avait discerné dans ces « disciples » une certaine gêne qui le porta à s’informer s’ils avaient reçu l’Esprit Saint depuis qu’ils avaient cru. Il est donc vrai — et cela l’était certainement dans la pensée de l’apôtre — qu’on peut recevoir le Saint Esprit après avoir cru. Il ne met pas en question la réalité de leur foi ; mais il avait un motif pour demander s’ils avaient reçu le Saint Esprit depuis qu’ils étaient dans la foi. Et leur réponse est également simple. « Nous n’avons pas même ouï dire si l’Esprit Saint est ». Ils ne prétendaient pas, comme on l’infère quelquefois d’une façon peu intelligente, ignorer l’existence de l’Esprit. La question portait sur la réception du Saint Esprit par les croyants. Cela constituait une promesse ancienne, et Jean-Baptiste (à qui ceux-ci se trouvaient plus ou moins étroitement rattachés) en rendant témoignage à la venue imminente du Messie — bien plus, à Sa présence au milieu d’Israël — déclarait tout aussi explicitement que Celui-ci ne baptiserait pas, comme le précurseur, d’eau seulement, mais de l’Esprit Saint. En fait, tout lecteur de l’Ancien Testament connaissait non seulement l’existence de l’Esprit, mais la bonne promesse de Dieu, que dans les derniers jours l’Esprit serait répandu ; et de tous ceux qui ont été appelés à enseigner, Jean est celui qui a le plus insisté auprès de ses disciples sur cette vérité que le Messie serait l’instrument de cette œuvre et de cette faveur merveilleuses parmi les hommes. Mais, pour une cause ou pour une autre, ceux-ci ne savaient pas que la promesse était actuellement en voie d’accomplissement, que des croyants juifs, samaritains et gentils avaient déjà reçu l’Esprit, par l’ouïe de la foi et non par des œuvres de loi.

L’apôtre leur demanda ensuite à quoi ils avaient été baptisés, et là-dessus ils répondent qu’ils ne connaissaient pas autre chose que le baptême de Jean. Ceci provoqua une importante explication. Jean n’avait pas été au-delà du baptême de la repentance. Il avait, en effet, insisté sur ce jugement de soi-même que l’Esprit seul produit dans les âmes qui s’inclinent devant la Parole de Dieu, jugement qui leur découvre leur ruine morale devant Lui. Mais elle n’avait pas encore été communiquée, la puissance qui est basée sur la rédemption et qui ne pouvait demeurer dans un homme pécheur aussi longtemps que n’avaient pas eu lieu l’effusion et l’aspersion du sang qui était en quelque sorte le fondement de l’habitation de l’Esprit. Or, c’est cette puissance, communiquée en vertu de cette œuvre, qui lie l’âme délivrée et rachetée avec Celui qui a remporté la victoire, et la conduit victorieusement au travers d’un monde méchant. Jean ne pouvait que dire aux hommes de croire en Celui qui venait après lui, c’est-à-dire en Christ. Paul prêchait un Sauveur déjà venu et qui avait effectué la rédemption. Et ayant ouï ces choses, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus. Et Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux, et ils parlèrent en langues et prophétisèrent.

Ici encore les signes extérieurs ne manquèrent pas ; mais, pas plus que dans les autres circonstances, ils ne sont confondus avec le don du Saint Esprit. Ces disciples sont baptisés du baptême chrétien ; le baptême de la repentance était insuffisant. Ils sont baptisés au nom de Celui qui mourut et ressuscita ; et là-dessus, ils reçoivent l’Esprit, mais non pas cependant sans l’imposition des mains de Paul. C’est ainsi que si Dieu a honoré Pierre et Jean en Samarie, Il n’élève pas moins l’apostolat de Saul de Tarse. Et l’on remarquera aussi que, comme les délégués apostoliques avaient reçu cette distinction, non à Jérusalem, mais dans sa religieuse rivale, Samarie, de même Paul est appelé à imposer les mains, non pas à des Gentils convertis par sa prédication, mais à des disciples déjà baptisés du baptême de Jean.

Il n’y a donc en cela rien qui soit de nature à susciter de la difficulté, ni à affaiblir le sens de ce que j’ai cherché à expliquer en toute simplicité par la Parole de Dieu. Les deux cas dans lesquels des apôtres (un ou plusieurs) imposèrent les mains à des croyants afin que ceux-ci reçussent l’Esprit, sont des cas exceptionnels et subordonnés aux occasions principales, où nous ne voyons pas que pareil acte soit accompli par les apôtres. Dans l’une et la plus considérable de ces circonstances (la visitation des Juifs à la Pentecôte), l’Écriture ne fait pas mention d’un seul cas où il y eut imposition des mains ; et il n’y avait assurément personne pour imposer les mains à ceux qui, les premiers, reçurent le Saint Esprit en ce jour-là, soit les apôtres, soit les cent vingt : Dieu s’était réservé que ce don émanerait directement de Sa main. Dans l’autre circonstance collatérale, nous savons en toute certitude que les mains ne furent pas imposées aux croyants avant qu’ils eussent reçu l’Esprit ; et cela est d’autant plus important pour nous que, comme Gentils, nous tombons naturellement sous le cas dont Corneille et sa maison sont le type. La conclusion est donc irrésistible : c’est que si même il existait des apôtres, l’imposition de leurs mains ne serait pas nécessaire pour que nous, ou tous autres croyants gentils, reçussions l’Esprit Saint. Ce n’est pas par un tel moyen que, d’après Sa Parole, Dieu communiqua l’Esprit à l’incirconcision. Croyant en Christ par leur parole, nous avons eu part à la bénédiction de la même manière que nos prototypes à Césarée.

Le Seigneur soit loué, non seulement pour le don de Son Esprit, mais pour cette Parole écrite, qui manifeste la folie d’hommes prétentieux, réprouvés quant à la foi, qui cherchent à alarmer les timides et à enhardir les superstitieux. Puissions-nous retenir, selon la foi des élus de Dieu, la connaissance de la vérité qui est selon la piété, dans l’espérance de la vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles !

Méditation 7 — Romains 8, 1-27

Notre sujet embrasse deux points principaux. Pour comprendre l’un ou l’autre, il importe beaucoup que l’enfant de Dieu puisse les distinguer. L’un est la vérité bénie que nous sommes dans l’Esprit. C’est là une condition qui suppose un état entièrement changé : en contraste avec la nature et la chair, c’est une condition nouvelle que les âmes revêtent déjà sur la terre. Puis, il y a la demeure actuelle, personnelle, du Saint Esprit en celui qui croit. Le chapitre que nous lisons insiste, d’une manière nette et précise, sur ces deux vérités. J’essaierai donc d’en expliquer un peu la différence, et de tirer la conclusion qui ressort de chacune d’elles pour la bénédiction du chrétien, à la propre gloire de Dieu (et cela évidemment par Jésus Christ), ce qui est la fin dernière de toute chose. Pour bien saisir la première de ces vérités il nous faut étudier un peu les traits principaux de l’épître aux Romains.

Remarquons, en premier lieu, que la clef de cette épître est la justice — surtout, et en toute première ligne, la justice de Dieu ; c’est-à-dire la manière d’être de Dieu, la qualité divine — révélée par l’évangile et fondée sur la rédemption — par laquelle Dieu peut être parfaitement conséquent avec Lui-même en justifiant le coupable qui croit en Christ.

Si nous nous demandons comment il se fait que Dieu puisse nous justifier ainsi, cette justice divine est par Jésus Christ, le Seigneur. C’est en vertu de Son sang, de Sa mort ; mais ce n’est pas cela seulement. C’est bien là que la plupart des fidèles aiment à s’arrêter. Bénissons Dieu qu’il y ait des pécheurs quelconques qui aillent même aussi loin que cela ; pourtant nous devons vivement regretter que nos frères n’avancent pas au-delà de ce point ; le regretter non seulement pour eux-mêmes — pour la joie qu’ils perdent par rapport à la liberté — mais parce que tout ce qui dérobe à l’âme sa bénédiction propre, son entière liberté devant Dieu, diminue d’autant la gloire de Christ, et entraîne, en proportion, faiblesse dans le service de Christ aussi bien que dans le culte.

Cet état, il en est qui le regardent comme de peu d’importance : nous ne leur portons pas envie ; nous ne saurions non plus sympathiser en aucune manière avec ceux qui estiment que la seule chose désirable est qu’une âme soit sauvée de la colère à venir. Si le salut de l’homme était le seul but de Dieu, ce serait fort bien ; mais jamais Dieu ne se propose moins que Sa propre gloire ; et celui qui fait du simple salut la grande question, prouve qu’il est plus occupé de lui-même et de ses compagnons qu’exercé dans son âme à l’égard de ce que le Saint Esprit révèle de Dieu et de Son Fils. Du reste, il y a toujours juste rétribution : jamais, en effet, depuis le commencement des âges il n’y a eu une âme douée de la puissance de jouir de Dieu, ou de prendre plaisir à Le glorifier — une âme capable de triompher du monde ou simplement et profondément adorer dans l’énergie de l’Esprit Saint, qui s’arrêtât là où l’homme est prompt à s’arrêter, et où termine ordinairement la théologie humaine. Car la théologie consiste en certaines conclusions ; c’est un système d’inductions ; ce n’est jamais la foi. De certains principes, qui peuvent bien se trouver dans la Parole de Dieu, elle tire des conclusions ; et, sans doute, il en est beaucoup qui sont vraies ; mais cela même qui constitue la théologie empêche la puissance, sacrifie la liberté, s’oppose à la gloire de Dieu, et donne à l’homme une place qui ne lui appartient pas, lorsqu’il systématise les doctrines et se constitue chef d’école. Il en résulte que les enfants de Dieu sont arrêtés dans leurs progrès ; ils ne croissent point ; et le Saint Esprit est contristé par le déshonneur qu’on Lui fait ainsi, à Lui qui seul a titre pour guider pleinement, et capacité pour bénir tout ce qui appartient à Christ, pour la gloire de Dieu le Père. En premier lieu j’appellerai votre attention sur les faits évidents qui se présentent à la première lecture de l’épître aux Romains. Il ne s’y trouve pas un mot sur l’amour de Dieu, pas un mot sur la victoire dont jouit le chrétien, jusqu’à ce que la question entière de la justice soit décidée. Au premier abord il ne semblerait pas que ce fût là le moyen le plus court de soulager le cœur, de lui donner la paix, la liberté, néanmoins c’est bien le moyen dont Dieu se sert. D’abord et en toute première ligne, nous trouvons ce mot toujours si inflexible, si accablant pour l’homme — « la justice de Dieu ». Et pourquoi ? Parce que sa justice place devant l’homme l’autorité divine, ne lui permet pas d’oublier Son droit solennel de juger ; car jusqu’au moment où le péché fut entré dans le monde, il n’était pas question de justice. Qu’y avait-il à juger avant que l’homme se fût ruiné, et lui-même et la création qui dépendait de lui comme son chef ? Auparavant, tout était très bon. Le jugement n’était donc pas la relation naturelle, normale, pour ainsi dire, entre Dieu et l’homme dans l’état d’innocence. Dieu n’agissait alors envers l’homme que pour le combler de toutes les bontés qui ressortaient de la création. L’homme alors ne faisait que jouir, et les actions de grâces d’une créature absolument sans péché s’élevaient jusqu’à Dieu. Mais bientôt la scène fut changée et gâtée ; et la conscience acquise à l’homme par la connaissance du bien et du mal — connaissance du bien, qu’il avait perdu et du mal, gain amer du péché qui l’avait vaincu — porta l’homme tout d’abord à cacher sa nudité dont il était conscient, et puis, au son même de la présence de Dieu, à se retirer de devant Lui. Hélas ! bien avant que la voix de Dieu ne prononçât contre lui la sentence judiciaire, la conscience de l’homme L’avait déjà banni moralement ; et il sentait qu’en présence de Dieu il n’y avait plus place pour lui. La conséquence fatale fut manifestée dès ce jour-là, bien qu’elle ne se déclarât que par degrés, selon le bon plaisir de Dieu, et avec une clarté toujours croissante. Le péché nécessitait le jugement.

De là, évidemment, si l’homme devait être sauvé, il fallait qu’il fût appelé ; et cela, de plus, par la gloire et par la vertu, comme il est dit au chapitre 1 de 2 Pierre. C’est là le caractère de la vocation de Dieu. Il appelle l’homme à ce qu’il ne possède pas. Il ne s’agissait pas seulement pour lui de maintenir ce qu’il possédait et d’en user sagement. Il avait perdu sa tenure originelle ; ah ! il avait perdu non pas seulement ce qui lui avait été soumis dans un état excellent sans tâche, mais encore Celui qui était au-dessus de lui — Dieu Lui-même ; et sa propre conscience en portait le témoignage pénible mais véritable. C’est pourquoi Dieu l’appelle dans Sa grâce ; mais Il l’appelle par la gloire. Il l’appelle à ce qui ne se voit pas, en dehors de ce qui se voit, tout en agissant sur lui par des motifs moraux comme frein pour le mal qui s’était introduit dans le cœur de l’homme et l’avait soumis à sa domination. Tout cela est, sans contredit, développé dans le christianisme avec une force et une propriété incomparablement plus grandes ; toutefois, le principe n’en est pas moins vrai du moment que l’homme tomba. Au moment convenable pourtant, Dieu fit des promesses ; et celles-ci, est-il besoin de le dire, agirent puissamment en ceux qui avaient la foi. Au temps convenable, encore, la loi fut donnée par Moïse, et, par là même, celui dont la conscience était exercée possédait une connaissance non médiocre du péché ; car la loi soulevait la question de l’état de l’homme — chose que les promesses ne touchaient point. Les promesses présentaient simplement un bien que Dieu donnerait assurément en Son propre temps. Le point qui les caractérisait était qu’elles ne dépendaient pas de l’état de l’homme, mais de la Parole et de la volonté de Dieu agissant en grâce. Toutefois l’homme étant pécheur, il est évident qu’il ne serait pas bon pour lui de ne pas sentir son état réel. Aussi, les promesses une fois données mais non encore accomplies, la loi fut-elle introduite ; elle sonda l’homme, et le mit en évidence comme méchant et coupable au dernier point ; elle prouvait que, doué même de la connaissance de sa méchanceté, il ne possédait ni la volonté ni la puissance d’amender ses voies.

Christ vint enfin. Soumis à la loi, Il eût pu s’approprier les promesses. En effet, Il était l’héritier véritable aussi bien que le témoin fidèle — le seul qui ait jamais fait ressortir la beauté de la loi, comme instrument moral ; le seul qui ait répondu à cette expression du droit que Dieu a sur l’homme. Lui seul justifia Dieu, qui avait donné la loi, dans toutes Ses voies ici-bas ; mais si, pour cela, Il s’était saisi des promesses comme se rattachant à la loi, il est bien évident que personne n’eût pu partager avec Lui l’héritage. C’est pourquoi, dans la croix du Seigneur Jésus se fait voir une chose toute nouvelle : Lui qui avait accompli la loi, Lui, l’héritier même des promesses, au lieu de la couronne, Il prend la malédiction — au lieu du royaume de Dieu, Il reçoit Son jugement ! Alors s’accomplit cette œuvre, la plus merveilleuse de toutes : tout ce que Dieu ressentait contre le péché se répandit sur Celui qui ne connut point le péché ; tout ce que pouvait Dieu dans Sa sainte indignation contre le mal, tomba sur Celui qui n’avait point commis le mal, dans la bouche duquel il ne se trouvait aucune fraude. Lui, Son propre Fils, l’objet de Ses parfaites délices, de la faveur absolue, éternelle, Il fut abandonné au jugement impitoyable, Dieu agissant envers Lui comme jamais Il n’avait agi, ni ne peut jamais agir de nouveau envers aucun autre. La gloire même de la personne du Fils unique, qui Lui donnait la force de soutenir ce jugement, rendait cette colère d’autant plus insupportable. Le fait même qu’Il était Dieu, et comme Fils en rapport avec le Père (car Il possédait et la nature de Dieu, et la connaissance du Père comme nul autre ne l’eût jamais), ajoutait aux souffrances du Seigneur à cette heure solennelle une extrémité, poignante, indicible. Mais, « c’est accompli… ». Et, dès ce moment, la justice de Dieu n’est plus seulement promise ; elle commence à être révélée. Ce sujet-là n’est peut-être pas entièrement exposé dans l’épître aux Romains ; mais on y en trouve une partie bien importante — celle surtout qui se rattache aux besoins de l’homme. Dans 2 Corinthiens, l’Esprit contemple une autre partie de la justice de Dieu : « Ce que nous sommes faits en Christ ». Là le point principal c’est que Jésus est glorifié au ciel dans la gloire de Dieu. Du reste, cette vérité-là n’est pas absolument omise dans les Romains ; car comme nous le savons tous, il y est fait très brièvement allusion dans le chapitre 8 selon que le comporte le but de cette épître qui présente la vérité fondamentale, plutôt que la hauteur céleste à laquelle la justice divine nous donne droit. Ce dernier point de vue eût pu aller à la traverse du courant de l’Esprit occupé alors à faire ressortir la vie en celui qui est ressuscité des morts plutôt qu’à révéler la gloire du siège où Christ s’est assis dans les cieux. Mais, indubitablement, ce qu’il y avait de plus absolument indispensable pour établir la base et la manifestation de la justice de Dieu (telle que la présente l’Écriture, si on l’envisage dans son ensemble et comme un tout), c’est que Dieu entrât dans la scène de la mort, là où s’abaisse Jésus comme sacrifice pour le péché, s’étant, en grâce parfaite, rendu responsable pour nous. Là-dessus, Il ressuscite Christ des morts, et enfin Le fait asseoir à Sa droite dans les lieux célestes.

Tout cela était bien évidemment la justice de Dieu par suite de la croix. C’était ce que Dieu devait à Jésus ; c’était une dette qu’Il ne pouvait que payer soit comme Dieu, soit comme Père. Car Jésus était l’homme qui L’avait glorifié au plus haut degré — comme jamais auparavant Il n’avait été glorifié — et cela quant à ce qu’Il détestait le plus — quant au péché même. Il ne s’épargna rien, Il endura tout. Il ne tint pas à montrer Sa gloire ; Il la mit de côté. Sa vie même, Il la remit entre les mains de Dieu. Il se plaça, pour ainsi dire, complètement entre les mains de Dieu, prenant sur Lui tout ce qui était dû à Dieu pour le péché. La conséquence en est que Dieu, aussi bien comme Dieu que comme Père, ressuscita, comme il est dit en Romains 6, par Sa propre gloire, Celui qui était Fils et pourtant homme. Mais cela même n’eût pas suffisamment exprimé la valeur de l’œuvre et des souffrances de Christ. Aux yeux de Dieu la croix méritait encore incomparablement davantage. Là, en vérité, Il mourut, portant nos péchés en Son propre corps. Par la grâce de Dieu, Il goûta la mort pour tout. Voilà ce qui détruisait la puissance de Satan, effaçait le péché, rapportait à Dieu une gloire infinie — et Dieu se trouvait endetté envers l’homme, le Fils de l’homme. De là, comme il est dit dans Jean 13 : « Si Dieu est glorifié en lui, Dieu le glorifiera en lui-même et incontinent le glorifiera ». Aussi, au lieu d’attendre l’administration de la plénitude des temps, au lieu de Lui donner toute la terre et toutes les nations sur la terre, Dieu glorifie Christ en Lui-même — de suite, et dans le ciel. Quant à ce qui est de la terre, aucun retard, aucun changement. Mais il était question de la justice de Dieu, de Sa gloire morale et céleste, absolument à part de toute autre chose. Ni la race, ni le monde ne contribuent en rien à la procurer. Dieu relève Christ et Le place sur Son propre trône dans le ciel. Qui, excepté Dieu, eut jamais la pensée d’un tel dessein ? Sans doute, dans les Psaumes, et ailleurs, il se trouvait des paroles inspirées, qui, après que Dieu eut agi de la sorte, reçurent une signification de ce fait même, et firent voir que telle était déjà dans le passé la pensée divine ; mais glorifier le Fils de Dieu en Lui-même, c’est là un moyen d’exprimer la gloire dont Il couronna Jésus, qu’on chercherait en vain dans la Parole de Dieu jusqu’à ce qu’Il le déclare Lui-même au moment où Il allait quitter la terre.

Et pourtant, toute glorieuse qu’elle soit, cette portion ne suffirait pas à Dieu. Elle était personnelle à Christ et précieuse par-dessus tout ; mais Son œuvre s’appliquait à d’autres, et voilà le côté de la justice de Dieu que nous déploie l’épître aux Romains — savoir l’effet de Sa justice par rapport aux croyants plutôt que par rapport à Son Fils. Il souffrit sur la croix et fut exalté dans la gloire céleste ; mais que deviendraient ceux pour lesquels Il mourut ? Dieu les laisserait-Il dans leurs péchés ? Serait-il juste que Jésus fût ainsi traité ? Comment estimer la juste valeur de l’œuvre accomplie par le Fils de l’homme pour Ses brebis perdues qu’Il était venu chercher et sauver ? Avait-Il failli ou vaincu dans cette puissante entreprise ? Il avait souffert et était mort pour eux et pour leurs péchés : qu’en est-il résulté ? La réponse se trouve dans l’épître aux Romains qui nous présente ce que cette vérité opère pour l’homme dans le péché : « La justice de Dieu envers (ou pour) tous — et sur ceux qui croient ». Le chapitre 3, auquel nous empruntons ces paroles, nous apprend que la justice de Dieu a satisfait entièrement aux péchés. C’est la satisfaction, comme l’appelaient les anciens docteurs, qui fut donnée par rapport au péché. Ce n’est pas que j’aime beaucoup cette expression, ni la pensée qu’elle exprime ; mais ce que nous trouvons là est évidemment l’expiation, ou la propitiation, pour les péchés des hommes. Ce chapitre prouve que la mort, ou le sang de Christ, ne se borne en aucun sens à suffire aux besoins de l’homme : tout se rapporte maintenant à la gloire de Dieu. « Les hommes n’atteignent pas à sa gloire » ; mais si Dieu introduit Son salut, ce doit être pour rendre l’homme capable de se tenir en Sa présence dans le ciel, et non seulement là où il se trouvait auparavant, ce qui n’accomplirait pas les desseins de Dieu. Le rétablissement n’est pas le salut. Si le salut s’accomplit, ce n’est pas pour réinstaller l’homme où il était avant sa chute, mais bien pour lui fournir la capacité de se tenir dans la présence de la gloire de Dieu.

Eh bien ! c’est là ce qui se trouve aux chapitres 4 et 5, et dans un sens plus avancé : et par quel moyen ? Le sang si précieux du Seigneur Jésus n’est pas tout : « Il fut livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification ». Remarquez bien la liaison : Il fut ressuscité pour notre justification. Il en est qui entendent ainsi ce passage : « Parce que nous avons été justifiés ». Ce qui me paraît bien loin de la sainte doctrine. L’effet d’une version, d’un sens pareil, serait de faire de notre justification, comme de l’effusion du sang de Christ, une chose du passé, à part, en dehors de la foi. Mais la Parole de Dieu ne la présente pas ainsi ; et cette pensée se trouve réfutée par les paroles suivantes du commencement du chapitre 5 : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ». Le « donc » n’aurait pas de place, si nous avions été justifiés lorsque Christ ressuscita. Sans doute l’œuvre de la rédemption était accomplie, quand Dieu Le ressuscita ; et Christ entra dans cet état glorieux de résurrection, qui démontrait la nature de la justification assurée à celui qui croit en Lui. Mais les mots qui suivent immédiatement prouvent que la justification, là même où l’homme chercherait à la séparer de la foi, se trouve indispensablement liée à la foi : « Ayant été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ».

C’est là, remarquons-le, que, pour la première fois dans cette épître, nous trouvons la paix avec Dieu, l’accès à cette faveur dans laquelle nous sommes, et notre privilège de nous glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu. L’épître aux Romains ne nous considère jamais ainsi que le fait celle aux Éphésiens, comme déjà, dans un sens, unis à la gloire ; mais elle nous représente comme capables, ici-bas, d’abonder dans l’espérance de la gloire que nous avons en perspective. Puis aussi, au milieu des tribulations, dont nous pouvons tirer de quoi nous glorifier, il est dit que nous avons l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs, par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Ainsi donc la première allusion à l’amour de Dieu n’apparaît qu’après que la justice de Dieu a été expliquée aussi complètement que l’exigeait cette épître.

Ce que je conclus de cela, c’est que Dieu voulait produire en ceux envers lesquels Il agissait avec tant de grâce, un sentiment profond, solennel du péché. De plus, Il voulait leur faire voir qu’après tout, Il a soin de Sa propre gloire. Je ne dis pas que c’est ainsi que nous, nous devons en agir envers une pauvre âme inquiète ; mais, en fait, l’épître aux Romains ne s’adresse pas à ceux qui sont inquiets et troublés dans leur conscience. Il ne s’agit pas là de gagner des âmes non encore converties à Dieu. Avec celles-là rien de plus important que de démontrer l’amour : et c’est là d’abord ce que fait Jésus. Il gagne l’attention, puis Il éveille la conscience avant de la mettre dans la parfaite liberté telle que nous la connaissons par le Saint Esprit, depuis que l’œuvre est achevée. Mais dans nos rapports avec ceux qui croient, et surtout avec les âmes qui ont saisi la bénédiction de l’évangile sans que la conscience ait été bien profondément labourée, il est de toute importance de maintenir, avec la plus grande clarté possible, le côté juste du salut de Dieu ; et de comprendre distinctement que l’évangile est « la puissance de Dieu pour le salut » parce qu’il est la justice de Dieu. C’est là le raisonnement de l’apôtre quand il commence à discuter cette question en Romains 1.

Continuons cet examen un peu plus loin, et une autre question surgit devant nous. Dans tout le développement de ces quatre premiers chapitres, et même jusqu’au milieu du 5, voici le point principal qui nous occupe : les pécheurs coupables, et Dieu qui, à Sa propre manière, vient au-devant d’eux tels qu’ils sont, dans leurs péchés. Mais alors, pour l’âme réveillée qui a trouvé la paix, il y a autre chose qui donne encore bien plus de peine : ce ne sont pas ses péchés mais son péché ; non pas ce qu’elle a fait, ce dont elle est coupable, mais son état même devant Dieu. Ce que l’homme trouve en lui de plus lamentable, c’est qu’après la conversion, après avoir trouvé la paix, il découvre cet état misérable, ces replis de méchanceté dans sa nature, qu’il ne pouvait croire possibles chez un enfant de Dieu — replis qu’aucun homme ne prévoit avant d’en faire l’expérience personnelle. La Parole de Dieu en parle bien, mais il passe outre, et ne s’attache pas à ces passages. À vrai dire, du reste, personne ne le comprend, avant d’en avoir l’expérience personnelle une fois que le cœur est véritablement amené à Dieu.

C’est là précisément que le christianisme de nos jours, et depuis bien longtemps assurément, manque d’atteindre à la vérité révélée de Dieu… Il laisse les âmes, je puis bien le dire, à demi sauvées ; il leur présente des pensées partielles de Christ, mais il ne leur offre jamais une vraie intelligence, une connaissance simple et précise qu’ils sont en Christ. Je ne veux pas dire que l’expression même « en Christ » ne se reproduit pas ; mais qu’en lisant ce passage : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » — la plupart des personnes n’y comprennent rien, au-delà du fait que Christ est mort et ressuscité pour elles, et que par conséquent elles sont justifiées devant Dieu. Mais ce n’est pas là toute la signification de ce passage. La différence est que, dès le milieu du chapitre 5 de l’épître aux Romains, le Saint Esprit de Dieu soulève une question nouvelle : c’est l’homme coupable, et la manière dont sa culpabilité peut-être traitée, et dont l’âme peut avoir la paix par rapport à elle. Tout cela a été décidé ; et c’est là la doctrine propre de l’épître aux Romains. Ce qui suit immédiatement est plutôt un supplément, du chapitre 5 au chapitre 8. C’est une instruction, ajoutée par l’Esprit Saint, de l’importance la plus profonde pour l’âme qui a déjà trouvé Christ. Voici le point qui y est discuté : non seulement il y a un Sauveur qui est mort pour mes péchés, et ressuscité pour ma justification ; mais dans la mort de Christ ma vieille nature a été jugée, condamnée : « Comme par un seul homme le péché est entré au monde ». — Il ne s’agit donc pas de ce que j’ai fait. Où il est question de péchés, nous avons la culpabilité personnelle, et c’est à elle que s’applique la loi — à elle encore que s’applique le jugement de Dieu quant aux choses faites dans le corps.

Mais la grâce nous donne encore autre chose. Si tous mes péchés étaient effacés et pardonnés, je me trouverais encore dans un état misérable pour moi-même, et plein de déshonneur pour Dieu. Comment cela s’est-il opéré ? Cet état fut introduit par un seul homme — Adam ; et, comme un seul homme est le chef du mal, il est, Dieu soit béni, un autre homme qui, avec autant de certitude que le premier homme a introduit le péché et la mort, a accompli, effectué, Lui, la justice — « la grâce qui règne par la justice en vie éternelle ». Voilà la délivrance. Ce ne sont plus des pécheurs et la 1oi, mais Adam à une extrémité et Christ à l’autre. Mais vous et moi, comment cela nous touche-t-il ? Aucun Juif ne pouvait nier, à l’égard de toute la race, l’effet de la position d’Adam. Quant à la loi, il pouvait se glorifier ; mais avant même que la loi n’entrât, il y avait un monde ruiné ; et la loi, loin de réparer la ruine, ne fit absolument qu’imposer à l’homme de nouvelles entraves ; elle prouvait plus complètement l’étendue de la ruine. Elle ne pouvait faire davantage. Mais maintenant était venu un autre homme, Jésus. Et comment ce passage parle-t-il de Jésus ? Comme de Celui qui passa, par la mort, dans la vie de résurrection. Par conséquent, depuis le milieu du chapitre 5 des Romains, le Saint Esprit entame une question toute nouvelle : ce n’est pas la justification par le sang, c’est la justification de la vie.

C’est ici que les théologiens sont complètement en défaut. Je ne sache pas qu’ils aient aucune idée de la justification de vie. Évidemment, il n’est pas question de ce que le Seigneur a fait. C’est un état, une condition fondée sur la rédemption, et déployée dans Sa résurrection. Les œuvres, quelque bonnes qu’elles soient, ne suffisent pas à l’exigence du cas. Christ, nous l’avons dit, a magnifié Dieu en toutes choses ; et cela était absolument nécessaire pour la gloire de Dieu, de même que c’est une partie de notre profonde bénédiction, parce que nous possédons réellement un Christ entier. Toutefois quand il s’agit de ce qui fait face à notre état de péché comme hommes, l’Écriture ne fait pas ressortir ce que Jésus fit ici-bas, mais ce à quoi Il fut élevé. C’est pourquoi, de même précisément qu’Adam ne devint chef de race qu’après être devenu pécheur (l’on pourrait dire, quand il eut accompli l’œuvre du péché), de même, le Seigneur Jésus ne devient chef, le Chef reconnu et révélé — « un Esprit vivifiant » — qu’en entrant en résurrection. Ce n’est que lorsqu’Il eut déposé Sa vie dans la mort qu’Il eut fini l’œuvre que Dieu Lui avait confiée. C’est alors que le grain de froment, qui était tombé en terre et était mort — maintenant ressuscité — porterait du fruit en abondance.

Ce principe s’applique dans le chapitre 6 au péché, qui faisait le trouble du croyant. Le point principal du chapitre n’est pas que nous sommes ressuscités, mais que nous vivons à Dieu en Christ ressuscité. Le raisonnement de l’apôtre ne va pas jusqu’à contempler celui qui croit comme ressuscité avec Christ ; ce n’est pas là la doctrine des Romains. Dans les Colossiens, on le voit ainsi ressuscité ; dans les Éphésiens, il est même assis en Christ dans les lieux célestes. Mais dans les Romains, le croyant n’est jamais considéré comme ressuscité : il est simplement « mort au péché et vivant à Dieu ». Mais si je suis ressuscité je ne puis me tenir pour mort ; c’est évident ; ce serait une contradiction dans les termes. Une telle erreur est exclue par le raisonnement même, ainsi que par toute la portée de l’épître ; et c’est un point d’une très grande importance comme on le verra dans l’Écriture. Mais c’est là justement ce qui fournit au croyant une délivrance bien merveilleuse pour la pratique ; délivrance à laquelle j’ai droit dès le premier moment de ma carrière chrétienne, dès que je reconnais le Seigneur Jésus et que je suis baptisé en Son nom.

Quelle est la chose pour laquelle je suis baptisé ? Pour Sa vie — pour ce qu’Il a fait ? Point du tout ; c’est pour Sa mort que je suis baptisé. Je commence, tout d’abord, par ce grand acte, cet acte infini de grâce divine, dans lequel Il vint au-devant de moi, et non seulement de mes péchés — pour eux en effet, je trouve Son sang précieux. — Mais il ne dit pas que je suis baptisé pour le sang de Christ, mais pour Sa mort — expression plus large et qui descend plus profondément. Voilà ce qui répond à ma condition comme pécheur — comme homme vivant au péché ; et j’ai besoin de trouver la mort à tout cela, j’ai besoin de trouver la délivrance de tout cela. Et la seule délivrance possible d’un état de péché, c’est la mort. C’est là précisément ce qu’il me fallait. Je ne suis pas seulement pardonné — ce qui est fort béni et très nécessaire pour commencer. Mais ce n’est pas ce qui est appelé le salut, même si l’on applique ce terme simplement comme intérêt personnel. Il y a plus. J’ai besoin de me voir appliquer la mort de Christ et Sa vie au-delà de la mort, aussi bien que Son sang précieux : et c’est là ce que je possède en Christ. C’est un fait glorieux que j’ai le droit de tenir la mort de Christ comme satisfaisant pleinement à ma condition quant à toute la racine du mal ; de sorte que j’ai le bonheur non seulement de savoir que je suis pardonné par Son sang, mais que, par Lui ressuscité j’ai le droit de me tenir pour mort à tout péché demeurant en moi, qui serait autrement un fardeau insupportable. Il y a donc une bénédiction qui ressort du Christ Jésus mort et ressuscité. Il y a la rémission des péchés ; mais il y a aussi délivrance plénière. Celui-là seul qui est mort est quitte du péché. Le sang de Christ suffit pour les péchés ; mais pour le péché, il me faut la mort de Christ dans toute sa valeur. C’est là seul ce qui répond à nos besoins. Car Celui qui est mort en expiation est ressuscité dans un état tout à fait nouveau où ne saurait jamais reparaître la question du péché, non plus que celle de quelque chose qui devrait être faite, ou souffert de la part de Dieu. La bénédiction entière de Christ est en faveur du croyant ; et, remarquez-le bien, dès son baptême. Est-ce quelque chose que l’homme atteint par degrés, et qui donne une certaine valeur à l’expérience ? Cela ne tendrait qu’à l’exposer tristement à être content de lui-même et, par suite de la subtilité de son cœur, à lui fournir le moyen de dépouiller Christ sous prétexte d’honorer l’œuvre de l’Esprit de Dieu au-dedans de lui. C’est là précisément, hélas ! malgré le soin de Dieu dans l’Écriture et dans les faits du christianisme, c’est là que tant de chrétiens glissent de côté ; et voulez-vous savoir pourquoi ? C’est bien simple : le monde, la loi et la chair marchent de front. Si je suis purement un homme vivant dans le monde, il me faut une loi pour me tenir dans l’ordre, une règle pour gouverner ma nature, tantôt me reprendre, tantôt me frapper. Aussi, lorsque Dieu était occupé de fait de Son peuple d’Israël — nation vivant dans le monde, Il leur donna Sa loi, qui agissait en frein, en restriction — une espèce de mors, de bride pour leur chair rebelle. D’une part il fallait la réprimer ; de l’autre, pour ainsi dire, la pousser. C’est ainsi que la loi en agissait envers la chair de l’homme ; c’est là ce que la loi voudrait tenter chez les chrétiens. Mais y revenir aujourd’hui, c’est simplement renier le christianisme. Il est des hommes qui, tristement dans l’erreur, voudraient imposer la loi comme règle de vie pour le chrétien. Ils ont fort bonne intention, je n’hésite pas à le dire, car ils visent à la piété ; mais je suis bien sûr que tout cela ne constitue qu’un principe faux ; et que la loi, au lieu d’être une règle de vie, est nécessairement une règle de mort pour celui qui a le péché dans sa nature. Loin d’être une puissance libératrice elle ne peut que le condamner ; loin d’être un moyen de sainteté, elle est de fait, et d’après l’apôtre, la force du péché.

Ce qu’il me faut avant tout c’est la délivrance. Et comment l’obtenir ? Par la mort. Notre mort, à nous ? Dois-je mourir moi-même ? Ce serait la destruction, et non le salut ; ce n’est pas là non plus l’enseignement de l’Écriture. Me reposant sur la mort de Christ, je puis mourir tous les jours. Je puis, selon la mesure de ma foi, me soumettre au mépris du monde, m’exposer à ce qui m’obtiendra, je le sais bien, de la part du monde et la séparation et la souffrance, et c’est la gloire du chrétien — tout en se séparant ainsi — d’avancer avec humilité, et pourtant avec hardiesse, dans le sentier qui est semé de toute l’amertume de l’épreuve. Mais que me faut-il comme point de départ ? Si j’avais à mourir graduellement à ma nature mauvaise, il y aurait lieu pour moi de me glorifier, de m’honorer, en quelque sorte, moi-même. Mais il n’en est pas ainsi ; et de là l’importance de la vérité qui est démontrée dans le baptême du chrétien. Au début de sa profession de Christ, l’homme confesse Sa mort et Sa résurrection. Je n’entamerai point ici des questions controversées, mais regarderai le baptême comme institution initiative. Sans doute, comme chacun l’avoue, certaines différences existent sur ce point, mais tous reconnaissent le caractère initiatoire que revêt le baptême aussi bien que la vérité objective qu’il exprime. Que signifie-t-il ? Que le Sauveur qu’on a confessé n’est pas vivant, mais mort et ressuscité. « Tous ceux qui sont baptisés pour Jésus Christ sont baptisés pour sa mort ». C’est là pour moi, encore plus que l’aspersion de Son sang, tout précieux qu’est, sans contredit, ce privilège.

Outre le sang, il y a Sa mort ; c’est elle qui a affaire avec ma nature, et me met en liberté devant Dieu en Christ ressuscité. Plus je le prends simplement et mieux cela vaut. Dans les choses de Dieu, il n’y a rien de comparable à la simplicité ; et il n’est pas de foi aussi vraie que celle qui reçoit Sa Parole sur sa propre autorité, bien qu’il soit possible que nous ne la comprenions encore que bien peu. Si Dieu me dit à moi chrétien que je suis mort, dois-je le croire ou non ? Si donc il est certainement vrai que je suis mort, ne dois-je pas aussi croire les conséquences que Sa Parole en déduit pour moi — que mon jugement est tombé sur Christ, que Lui ressuscité est la puissance et le modèle de ma délivrance, et que, quant à l’homme et au monde, ils n’ont aucun droit sur moi, qui appartiens désormais à un autre, savoir à Celui qui est ressuscité des morts ? Quel droit peut-on encore exercer sur un homme qui est mort ? Tout le monde le sait : un tel être doit être enseveli hors de la vue des hommes. La loi n’a plus absolument d’application envers les morts : non qu’elle cesse de retenir sa force, mais c’est à l’égard de ceux qui sont en vie sous elle. Dans sa propre sphère la loi est de toute importance ; mais sa force et sa sphère se déploient envers les hommes vivant dans le monde. Je suis sorti de cet état-là par la mort et la résurrection de Christ ; de sorte que pour ce qui est de ma vie proprement chrétienne, je ne suis plus vivant dans le monde. Je suis mort à la chair et au monde ; et c’est bien là mon point de départ dans le baptême et dans ma profession du Seigneur Jésus. Comme homme naturel, je vivais ; mais un Christ mort et ressuscité a terminé tout cela pour moi. Ce n’est pas seulement que je crois en Christ et que je connais le pardon par Son sang précieux ; la Parole de Dieu me donne encore le droit de savoir et de déclarer que, dans la mort de Christ, je suis mort moi-même. L’une de ces choses-là est aussi bien vraie que l’autre. Mais le saint le plus faible, tristement mêlé avec le monde dans la vie pratique, sent le besoin de connaître ce qui arrête le jugement de Dieu, et de là, dans l’heure de l’épreuve et de la douleur, embrasse avec ardeur cette consolation. Pourquoi ne pas accepter aussi l’autre vérité ? C’est qu’on n’aime pas à voir en face toute la grâce de Dieu, ni toute la responsabilité du chrétien dont il avait été fait aspersion. Le sang de l’agneau pascal, sur les poteaux des portes, était connu même dans le pays de la servitude ; mais la mer Rouge en séparait manifestement le peuple, afin que, racheté et délivré, il fût désormais seulement au Seigneur. Il est donc absolument nécessaire que la marche du chrétien soit dans la pure lumière de la grâce de Dieu. « Nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce ». — Le chapitre 6 de l’épître aux Romains insiste sur ce point. Et c’est là une marche aussi humble que sainte où la chair ne compte pour rien : aussi n’y est-il pas dit un mot de la loi, si ce n’est expressément pour déclarer celui qui croit complètement affranchi de sa juridiction. Elle n’est pas faite pour un homme juste, et c’est bien sûrement ce qu’est un croyant. Sa force est contre les injustes : elle s’applique aux méchants qui vivent dans le monde, contre la méchanceté des hommes comme tels ; ce n’est pas en vain que la loi porte son témoignage. Ils vivent dans l’orgueil du monde, dans les voies profanes ou la propre justice de la chair. C’est pour de telles personnes qu’est la loi ; c’est-à-dire, que soit que les hommes lâchent la bride à la chair impure, ou qu’ils se retranchent dans les prétentions religieuses de la chair exaltée, la loi agit également envers eux tous. Mais, quant au chrétien, il commence par la mort de sa nature comme en vie dans le monde. J’insiste encore sur la pensée que c’est là précisément le sens, je ne dis pas du baptême de Jean, mais du baptême chrétien pour la mort. Ce qui est si terrible pour le cœur naturel — le mort, le chrétien, y trouve sa bénédiction ; mais c’est dans la mort de Christ qu’il est un homme mort devant Dieu, de même qu’il était mort dans ses péchés. Telle est la condition du premier Adam, hors de laquelle le chrétien surgit par la foi en Christ, par la mort duquel, lui aussi est mort à tout ce en quoi il vivait auparavant ; et maintenant il jouit, comme faisant partie de la grâce de Dieu à son égard, du privilège de se tenir pour mort au péché et vivant à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur.

Voilà un des privilèges auxquels l’Esprit Saint applique la mort et la résurrection de Christ ; et à ce privilège se rattache une grave responsabilité. Remarquons bien qu’il ne s’agit pas de nos péchés, ou de la grâce de Dieu qui nous en nettoie dans le sang de Christ. Le péché comme péché — la nature charnelle — trouve son juste sort, sa fin en condamnation, dans la mort de Christ, qui, ressuscité, communique une vie nouvelle, une nature spirituelle, dans la puissance de Sa résurrection. Cet homme est mon Sauveur, et cette nouvelle nature est exactement ce que j’ai acquis comme ma part de la nouvelle création ; car, « si quelqu’un est en Christ il est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici toutes choses sont devenues nouvelles ». Comme je l’ai déjà remarqué, la deuxième épître aux Corinthiens peut porter la doctrine plus en avant, car elle s’occupe de la gloire de Christ et non pas seulement d’expliquer la justice de Dieu comme base du salut, ce qui est le sujet de l’épître aux Romains.

Puis, dans Romains 7, nous abordons la question de la loi, et, bien que ce ne soit pas ici le moment de traiter pleinement ce point-là, je dois observer que nous trouvons ici, de la part de Dieu, une aussi pleine délivrance de cette difficulté-là que de celle dont traite le chapitre 6, par rapport au péché. « C’est pourquoi, frères, dit l’apôtre, vous aussi êtes morts à la loi par le corps de Christ ». Comment cela se fait-il ? Cette expression « le corps de Christ » est pleine d’expression ; personne, en effet, ne se servirait d’une telle phrase pour décrire la vie de Christ ici-bas. Appliquez-la à Sa mort, et tout devient simple et conséquent. « Vous êtes morts à la loi par le corps de Christ afin d’être mariés à un autre ». Et dans quelle condition ? Est-ce à Celui qui versa Son sang pour vous ? Non pas ; mais à Celui même « qui est ressuscité des morts, afin que vous portiez du fruit pour Dieu. Car lorsque nous étions dans la chair »… nous n’y sommes donc plus maintenant. Et c’est là ce qu’il vous faut. Mais pour ceux qui insistent sur la loi comme règle de vie du chrétien, lorsqu’ils font allusion à cette expression de l’apôtre, « vous n’êtes pas dans la chair », ils lui prêtent un sens tout erroné, car ils entendent par là notre vieille condition d’inconvertis. Mais cette expression va plus loin. Quelle est, en effet, l’expérience que nous présente le Saint Esprit à la fin du chapitre ? C’est un homme misérable, mais évidemment converti. Il lui a été donné de revenir à Dieu ; il déteste le péché — pourtant il y tombe toujours ; il aime la sainteté — mais jamais il n’y atteint ; il est, en tous points, misérable. Ses sentiments sont droits ; mais pour faire le bien ou éviter le mal aucun effort ne lui réussit. Le mal est présent ; le bien semble toujours lui échapper ; telle est l’expérience de son cœur ; je ne parle pas de sa vie extérieure ; car ce n’est pas là la question, c’est quelque chose de bien plus profond. Il peut n’y avoir aucune chute en péché manifeste, mais le péché est tristement à l’œuvre au-dedans.

Ce que l’apôtre rapporte ici à lui-même comme pour se l’appliquer, c’est l’amertume d’une âme qui pensait n’avoir plus que bénédiction, et qui pourtant ne s’est jamais trouvée aussi malheureuse dans sa vie. Avant d’être régénéré cet homme eût pu goûter les plaisirs du monde qui ne donnent pas de vraie satisfaction. Maintenant il a tourné le dos au monde et la face vers Dieu ; et pourtant jamais il n’y eût (il le sentait) d’être si dénué de consolation, et la misère augmente jusqu’au point qu’il pousse ce cri de douleur : « Misérable que je suis, qui me délivrera ? ». Dès lors l’obscurité disparaît devant une lumière qui est plus calme, plus sereine que jamais. C’est donc l’espérance d’une âme qui avait connu Christ, comme son espérance, une âme née de Dieu, et n’ayant néanmoins aucun sentiment de délivrance. Dieu lui laisse sentir son mal propre, intérieur, jusqu’à ce qu’elle regarde tout à fait hors d’elle-même à Christ, comme son libérateur, non seulement de la condamnation et de la colère, mais « de ce corps de mort ».

Ce ne sont pas ses péchés, c’est le péché qui le déchire d’autant plus que sa conscience est éveillée, devenue sensible à ce qui est dû à Dieu, sans connaître suffisamment ou la grâce ou la rédemption — Dieu, ou son propre cœur — elle souffre péniblement jusqu’à ce qu’elle apprenne la réalité, la nature, l’étendue de la liberté en Christ. Aussi c’est là précisément la question à laquelle le Saint Esprit prépare une réponse dans le passage que je viens de lire. Et quelle en est la portée ? La première réponse est que Dieu a déjà, dans Son amour, introduit pour mon âme une délivrance complète ; plus tard Il effectuera une délivrance aussi entière pour mon corps mortel. Ainsi donc, en premier lieu, vient une délivrance réelle de la grâce — puis elle est le gage de tout ce qui suit dans la gloire. Quelle est donc la nature de la délivrance dès à présent ? Si, en parlant de ce que Dieu donne maintenant, je me sers du mot « partiel », c’est simplement parce qu’il y a le corps aussi bien que l’âme. Pour tout ce qui regarde l’âme, l’émancipation est parfaite — mais elle est parfaite seulement pour l’homme intérieur, si je puis ainsi parler, et non encore pour l’homme extérieur.

C’est pourquoi l’apôtre nous présente cela dans les premiers versets de Romains 8 : « Il n’y a maintenant aucune condamnation », parce qu’il n’envisage que Christ, se repose et est en Christ seul. C’est là, en partie, la réponse pour l’âme qui confesse sa misère et crie après un libérateur. Réveillé pour sentir que ce n’est pas le pardon seul qu’il lui faut, mais bien d’être délivré de soi-même, le cœur trouve que la délivrance est dans un autre. Il s’était imaginé qu’ayant obtenu le pardon en Christ, il lui fallait se délivrer par l’opération intérieure de l’Esprit de Dieu ; mais au moment même où Son secours lui était le plus nécessaire, il apprenait que l’Esprit Saint ne l’aidait pas. D’une manière ou d’une autre, il éprouvait que le Saint Esprit le rendait misérable en lui-même. La raison en est claire ; dans la pensée de son entendement il s’était placé sous la loi, et le Saint Esprit — précisément parce qu’Il est l’Esprit de Dieu descendu pour glorifier Christ — ne donnera jamais la puissance — mais Il fera sentir à l’homme la faiblesse, tant qu’il cherche à mettre la loi à la place de Christ. Ce n’est là nullement ce que le Saint Esprit est venu faire. Il est descendu du ciel sur la terre pour glorifier le Seigneur et non pas la loi.

C’est dans les gémissements qu’il avait appris l’absence de la délivrance ; il est donc réduit à se tourner vers le Libérateur, et la conclusion qu’il en tire c’est « qu’il n’y a aucune condamnation » — non pas pour ceux pour lesquels Christ mourut — mais « pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Nous sommes maintenant par grâce établis en un autre — Christ ressuscité. — Voilà ce qui nous donne notre condition, notre état devant Dieu. Rien de plus béni. La comparaison suivante pourra aider quelques chrétiens à se faire de cela une faible idée. Prenez un homme digne, dont les sentiments honorables et les ressources (je parle le langage des hommes) égalent la dignité. Il fait choix d’une femme. Sage et digne lui-même, il choisit sagement et dignement, et il se plaît à faire ce choix là où d’autres n’avaient pas le cœur de choisir — là où aucun autre n’eût osé le faire. Ce choix fait, qu’en résulte-t-il ? La personne qu’il a choisie et qui devient sa femme acquiert l’état propre à son mari, et tous les anciens antécédents, les perplexités, les angoisses disparaissent entièrement. Parmi les hommes la femme prend le nom de son mari ; son propre nom est à jamais abandonné : elle en prend un nouveau. Il en est de même pour ceux qui sont dans le Christ Jésus. Quelle est leur place ? Là où Il est. Jésus marchant sur la terre… Est-ce là ma position ? Comme exemple céleste divin, nous pouvons Le suivre, mais Il « demeure seul ». S’il n’y avait eu que cela, moi j’eusse été à jamais exclu. Mais Christ est mort — bien plus, Il est ressuscité. Alors Il peut me donner Son Esprit, et c’est là ce que fait Christ. Sa mort a agi de deux manières à l’égard du mal : les péchés ne sont plus, mais la nature même est aussi jugée, saintement et justement. Aussi, Dieu peut-Il alors révéler la nature nouvelle qu’Il a donnée, et accorder une position tout à fait différente.

Christ ressuscité est le seul chef de la famille de Dieu. Je ne parle pas de Son corps, mais de la famille ; car, sauf dans le langage figuré employé d’une manière si pratique dans le chapitre 12, l’épître aux Romains ne va pas au-delà de la famille. Mais ici je trouve la famille de Dieu, et la condition, la demeure, l’état de cette famille devant Lui, comme résultat de la mort et de la résurrection de Christ. « Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés ». La grâce fait participer la famille tout entière à l’état même de Christ. Et quel en est le résultat pour eux ? « Aucune condamnation ». Christ avait souffert pour le chrétien, et maintenant qu’Il est ressuscité, le chrétien, pour ainsi dire, fait partie de la justice de Dieu comme il est dit avec plus de force encore en 2 Corinthiens 5. Comment Dieu pourrait-Il, en justice, exiger une seconde fois le paiement d’une dette ? Et désormais Christ était entré dans cette position, où Il pouvait en avoir d’autres identifiés avec Sa propre bénédiction devant Dieu. C’est là, et rien de moins, ce qui la caractérise : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ».

Et puis vient la raison : car dit l’apôtre, « la loi de l’Esprit de vie ». Remarquez bien que ce n’est pas simplement parce que Son sang a été répandu. Cela seul ne suffirait pas. Tout efficace qu’il soit contre les conséquences de la vieille condition d’être, cela ne nous donnerait pas la nouvelle position devant Dieu. Sans Son sang précieux, je ne pourrais jamais entrer dans cette condition nouvelle ; mais ce qu’il me faut ce n’est pas seulement le sang qui nettoie les péchés de ma vie passée, mais encore l’affranchissement complet hors de l’ancienne condition et une place sainte, fixe, joyeuse, dans la création nouvelle. Et qu’est-ce qui peut faire cela ? Lui-même mort et ressuscité. Comme c’est bien Lui qui donne satisfaction parfaite pour les péchés ; qui, plus que cela, fut jugé pour le péché ; c’est Lui de même qui est l’exemple béni et la puissance du nouvel état en résurrection. Il est le chef et la source de toute la bénédiction. Et en conséquence, l’apôtre parle d’une « loi de l’Esprit de vie ». De là vient que lorsque Christ fut ressuscité des morts, ayant, au prix de Son sang, acquis les bénédictions les plus chères, les plus profondes, Il souffla sur Ses disciples : Sa personne adorée en accorde le signe. Le jugement était tombé sur Christ au lieu de tomber sur nous — le péché était aboli, la mort vaincue ; mais aucune de ces choses n’a affaire avec cette vie nouvelle qui est en Christ. Ce n’est pas qu’un chrétien ne puisse tomber dans le péché, comme il peut aussi mourir. Mais ce n’est pas parce qu’il possède la vie nouvelle qu’il pèche ou qu’il meurt. Il pèche, parce qu’il a cédé à la vieille nature, il meurt, parce qu’il plaît à Dieu que Jésus ne vienne pas encore — et en attendant, Il l’appelle à être en haut avec Lui. La vie qu’il obtient de Jésus ne pèche, ni ne meurt point. C’est une vie sainte. Aussi, en vertu de sa source, il peut être dit : « Celui qui est né de Dieu ne commet pas le péché ». De même, quant à la nature nouvelle, le chrétien ne meurt pas, puisqu’il a même la vie éternelle du Christ. Mais remarquez que toute cette délivrance est purement pour l’homme intérieur : reste encore le besoin de l’homme extérieur. Quant à l’âme, la réconciliation est complète ; pour ce qui regarde le reste de la nature, elle n’est que partielle ; et Dieu ne se contentera jamais de ce qui n’atteint pas à Ses propres conseils. Il entend affranchir complètement, et cet affranchissement sera digne de Lui, du Saint Esprit, de Christ et de Sa rédemption.

Plus loin, l’apôtre donne la raison pourquoi la loi de l’Esprit de vie en Christ a affranchi le chrétien de la loi, du péché et de la mort. Il dit : « Ce qui était impossible à la loi en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu l’a fait ». Remarquez que la loi et la chair vont naturellement ensemble : « Ce qui était impossible à la loi en ce qu’elle était faible par la chair », Dieu ayant envoyé Son propre Fils en ressemblance de chair de péché. Il ne dit pas « en chair de péché » bien entendu : car il n’en fut pas ainsi ; toutefois ce fut assurément en sa ressemblance. C’est-à-dire, que ce ne fut pas du tout dans les circonstances d’un être qui refusait de se trouver dans un monde souillé par le péché, mais d’un être qui, né d’une femme, né, sans doute, ainsi par puissance surnaturelle — ne serait qu’en ressemblance de chair de péché, et pourtant serait né véritablement dans le monde ; sans quoi Il n’eût point été en nature humaine.

Mais Celui qui était Fils de Dieu, devient néanmoins homme, aussi véritablement qu’Il était Dieu de toute éternité, et meurt dans la nature qu’Il avait prise — meurt pour l’homme, meurt pour glorifier Dieu quant aux péchés de l’homme ; et plus encore, non seulement pour ses péchés, mais pour son péché. J’appelle votre attention sur ce point, car c’est là ce qu’il fallait ; et c’est là ce qui est affirmé ici : « Dieu envoya son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché ». Ce n’est pas seulement qu’il y avait une accumulation de péchés ; mais ici c’est de la nature même qu’il est question. Le pardon de mes péchés, il me le faut, et je le possède ; mais pensez-vous que je désire que Dieu pardonne à ma mauvaise nature ? Mais, je ne lui pardonne pas moi-même ! Non, ce dont j’ai besoin, c’est que cette nature soit condamnée, et que moi je sois affranchi. Et c’est là exactement le caractère du nouvel état où Christ nous introduit et nous place devant Dieu. Quant à l’âme, c’est la liberté parfaite ; délivrance non seulement de ce que j’ai fait, mais de ce que je suis. De sorte que comme chrétien, je n’ai plus affaire avec la responsabilité qui s’attache à l’homme mortel ; je suis déjà passé à un état nouveau, lors même que je suis encore dans le monde. Avant de quitter les choses d’ici-bas, j’ai acquis, par grâce, une relation nouvelle envers Dieu. Et Celui qui déclare cette relation, qui l’établit, qui en est le modèle, c’est Jésus dans Sa présence. Telle est, en vertu de sa rédemption, la place du croyant ; et elle appartient à tous les chrétiens.

La question sérieuse est de savoir si nous y sommes réellement et d’une manière consciente. Selon l’Écriture, qui peut douter que Dieu n’ait véritablement destiné cette position aux siens ? Mais la foi devrait y entrer, dès à présent, la réaliser en regardant à Christ. C’est se tromper soi-même, et se méprendre sérieusement sur la Parole de Dieu, que de supposer que l’homme puisse au même instant être engagé dans la lutte entre le mal et le bien, décrite aux derniers versets de Romains 7, et jouir de la liberté de Romains 8. Ces deux états sont complètement incompatibles l’un avec l’autre. Un homme peut-il être, au même instant, esclave et libre ? Ce sont deux états qui se contredisent et s’excluent mutuellement. Mais, dans la nature, l’homme voit l’absurdité de la chose plus facilement que dans la grâce. Personne ne peut être en même temps, et misérable et heureux. Personne ne peut dire tout d’une haleine, « misérable que je suis ! » et « je rends grâce à Dieu ». Mais après avoir été « misérable », on peut dire : « je rends grâce à Dieu ». Mais c’est le fruit d’un système faux — système qui lui-même découle de l’incrédulité — que de soutenir que l’on puisse être à la fois « affranchi de la loi de la mort et du péché » et « charnel », « vendu au péché ». La loi de l’Esprit ne règne pas de concert avec la loi qui fait que « pour celui qui veut pratiquer le bien, le mal est avec lui ». On peut connaître l’abattement par suite de tentations réitérées, et avoir aussi la paix dans le Saint Esprit ; on peut avoir la paix avec Dieu et souffrir, pourtant, profondément à cause de ce qu’est le monde et de ce qu’est le peuple de Dieu. Cette douleur pleine de grâce pesait sur notre bien-aimé Sauveur ici-bas, et causait Ses gémissements ; et nous pouvons et devons connaître la communion de Ses souffrances. Tout cela, je l’admets : mais ces gémissements n’étaient pas les gémissements de quelqu’un à qui manquait la paix de Dieu. La communion non interrompue est précisément ce que posséda sans cesse le Seigneur Jésus dans les jours de Sa chair. Ne dit-Il pas, en effet : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ? Eh bien, nous demeurons maintenant dans cette paix qui a été faite par Son sang, telle qu’elle a été établie pour nous dans la puissance de Sa résurrection ; mais c’est après avoir laissé derrière nous les exercices du cœur sous la loi décrits dans le chapitre 7. Ce dont je me plains, c’est que des âmes vivifiées, qui regardent réellement à Christ — s’attachent à la loi, et, dans leur erreur, se fassent un devoir de travailler comme un forçat à la rame de cet amer esclavage, lorsque Dieu les appelle à la liberté du Christ. En elles-mêmes elles ne sont pas mortes à la loi. La mort de Christ nous place absolument en dehors de cette condition-là, de la même manière qu’un homme emprisonné pour ses dettes, ne demeure plus, après sa mort, sous le pouvoir de la loi. Tant qu’il est en vie, la loi, sans doute, s’applique à lui ; mais la mort vient, et il est impossible, alors, que la loi le retienne ; il est irrévocablement passé au-delà de sa portée. Pour le chrétien, il en est précisément de même.

Il en est qui traitent tout cela de mysticisme. Sans doute c’est dans un style figuré que l’apôtre nous parle ; mais c’est la déclaration la plus expressive d’une réalité bienheureuse. Ceux qui n’y croient pas en toute simplicité, paient la peine de leur incrédulité par l’incertitude et l’impuissance qui en sont la suite. Dès que la conscience est exercée chez celui qui se place sous la loi comme règle de vie, il éprouve aussitôt l’esclavage de la loi qui est la force du péché, et non de la sainteté. C’est la défaite qui en est la fin ; ce n’est pas la victoire. Ce n’est jamais ainsi qu’on trouve la force ; car elle est le fruit de la grâce et non pas de la loi. De là quant une âme est ainsi sous la loi, plus le Saint Esprit agit sur la conscience, et plus elle est malheureuse : aussi, il en résulte que les plus consciencieux en sont souvent là. Osera-t-on affirmer que c’est là l’ordre de Dieu ? Est-ce bien Son œuvre qu’un chrétien soit pieux et consciencieux, et privé, pourtant, d’une joie paisible et de repos en Christ ? Voici la raison qui explique un état si étrange, c’est que l’âme n’a jamais compris la condition de mort à la loi, dans laquelle Christ voulait l’établir.

D’autres me diront peut-être que c’est une fausse doctrine que Christ soit mort pour le péché, aussi bien que pour mes péchés. J’ai rencontré de telles attaques de la part de gens qui devraient en savoir davantage. Mais la mort au péché par la mort de Christ me semble être une vérité essentielle du christianisme. Celui qui voudrait me borner au pardon par le moyen du sang de Christ ; qui, dans l’œuvre de Christ, n’admet rien de plus que Sa mort pour mes péchés ; qui nie qu’Il n’ait, outre cela, donné la mort au péché, celui-là n’a pas saisi le côté positif du christianisme. Savoir que toutes mes œuvres mauvaises et ma culpabilité sont entièrement effacées est une bénédiction suprême de la part de Dieu ; mais cela tout seul est comparativement négatif ; et de là vient que tant d’enfants de Dieu tâchent de se construire un terrain positif de justice de tout ce que fait, jour par jour, le Seigneur Jésus dans Sa marche sur la terre. Mais le côté positif existe aussi bien que le côté négatif ; seulement, il se trouve en avant, dans la résurrection — et non pas sous la loi, en deçà de la croix.

Et le chrétien apprendra qu’il a besoin de tout ce que Dieu lui a donné — y compris cette précieuse vérité. Être mort à la loi est une partie bien substantielle de la bénédiction du chrétien ; et qui ne le sait pas, omet une doctrine capitale du côté positif du christianisme, révélée dans les Romains depuis le verset 12 du chapitre 5 jusqu’au chapitre 8. Je ne dis rien absolument sur les épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens, épîtres qu’on ne doit jamais s’attendre à voir comprises par ceux qui se retranchent sur le terrain de la loi. Je limite ma pensée à ce dont le chrétien a besoin pour la liberté, sinon pour la fondation de son âme. Remarquez que, jusqu’à ce que nous soyons arrivés là, il n’est pas dit mot de victoire — pas mot d’être « plus que vainqueurs », jusqu’à ce que nous ayons atteint ce point. Il n’y a ni soupirs, ni joie de l’Esprit — ce travail intime de Dieu dans l’âme — jusqu’à ce qu’on soit solidement affermi sur le terrain précieux où nous placent la mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ. Dieu garde Ses enfants d’abandonner ce qu’Il a déclaré pour leur délivrance et pour la victoire pratique ! L’Écriture est bien claire : comme toujours, c’est ailleurs que la difficulté existe. Le cœur recule devant ce qui porte l’arrêt de mort sur la nature sous toutes ses formes.

Les jours sont-ils mauvais ? Raison de plus pour tenir ferme. En parlant de ce sujet, permettez-moi de recommander fortement à ceux qui m’entourent, l’étude de la seconde épître de Pierre et de celle de Jude — deux portions de la Parole de Dieu qui ont particulièrement en vue un jour de déclin, de méchanceté croissante, et même d’apostasie. Qu’y trouvez-vous ? Que les saints sont abandonnés au déclin comme chose inévitable ? Point du tout. C’est dans ces épîtres-là, plus que dans toutes les autres, que nous sommes exhortés à croître et à avancer dans la vérité de Dieu. Telles sont les ressources de la grâce pour un jour d’obscurité, de ténèbres de plus en plus profondes.

Quant au point qui nous occupe, sachons traiter comme l’œuvre de l’ennemi, n’importe quelle en soit la forme ou la prétention, tout ce qui pourrait effacer une vérité si précieuse, et après tout, si simple et si fondamentale, et qui se rattache même à notre baptême. Quel avertissement pour nous dans le fait que les hommes seraient séduits au point de traiter cette vérité d’étrange doctrine !

Comment donc décrire cette position nouvelle où le Seigneur Jésus place le chrétien ? Selon le Nouveau Testament, il n’y a pas deux mais bien trois conditions dans lesquelles l’homme peut se trouver. J’insiste sur cela, car c’est une question de foi aussi bien que de pratique. Il n’est pas vrai que, si l’on n’est pas un homme spirituel on doive nécessairement être un homme naturel. Ce dernier état est évidemment l’état de celui dont les péchés ne sont pas encore remis — qui est simplement enfant d’Adam, sans rien posséder qui soit au-dessus de la nature déchue.

Que la grâce de Dieu convertisse une telle âme, elle reçoit une nouvelle nature, et sur le pied de la rédemption, elle est amenée à Dieu. Mais tout homme ainsi réconcilié avec Dieu n’est pas nécessairement un homme spirituel ; il est plus d’une cause qui peut empêcher un chrétien d’être ce que l’Écriture appelle spirituel. Les spirituels sont ceux qui « ne sont pas dans la chair mais dans l’Esprit ». Comme s’exprime l’apôtre Paul.

Puis encore, en parlant des saints de Corinthe, quelque graves que fussent leurs fautes, l’apôtre ne dit pas qu’ils sont des hommes naturels. Il pose ce principe : « L’homme naturel (vers. angl.) ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu ». Il n’en dit pas de même des saints ; mais il leur dit bien, qu’ils sont des enfants, qu’au lieu d’être arrivés à l’état de pleine croissance — au lieu qu’il puisse leur parler des choses profondes de Dieu, il est contraint de les nourrir du lait convenable à leur état. Et qu’étaient-ils donc ? « Des hommes charnels ». De là les hommes sont charnels, naturels ou spirituels. C’est là une vérité bien humiliante : je comprends facilement que les hommes ne l’aiment pas — et pourquoi ? C’est qu’ils craignent, si les croyants peuvent être charnels, sans être des hommes naturels, qu’on ne les estime pas, eux, comme spirituels. Faites allusion à une action du Saint Esprit qui soit distincte de la nouvelle naissance, et ces personnes-là dressent l’oreille. Elles refusent d’entendre parler de Ses opérations qui sont distinctement chrétiennes, comme si l’assertion de privilèges si brillants devait les priver de ce qu’ils ne possèdent pas, au lieu de leur faire sentir le manque de ce qu’ils devraient posséder. Soit charnel, soit spirituel, il est clair, au contraire, que si quelque chose me manque, ou va mal, je devrais reconnaître mon état : n’est-ce pas là le moyen de rectifier le mal, et d’obtenir de Dieu qu’Il supplée à ce qui fait défaut ?

Eh bien, il y a plusieurs causes qui retardent le progrès spirituel du croyant. La première est qu’il n’ait pas encore acquis le sentiment intime que, dans sa chair, il n’existe absolument que le mal, ou la foi que la chair a été complètement jugée dans la mort de Christ. Mais sans cela, en substance, est-il possible d’être véritablement spirituel ? J’en doute sérieusement ; tout en admettant volontiers tout ce que peut effectuer, chez celui qui n’a pas appris cette vérité, un sentiment bien profond de l’amour de Christ. Mais il y a une autre difficulté qui survient — je ne dis pas la loi, mais la sagesse de la chair. On peut attribuer une telle valeur aux pensées de l’homme, sans subir le poids de l’influence qu’exerce sur l’esprit la déférence pour la philosophie de ce monde sous une forme ou sous une autre, que, dans un pareil état, on ne peut être que charnel : ceux qui sont spirituels manifestent ce que Dieu les a fait être dans le second homme ; et pour ce qui appartient au premier, ils désirent le mortifier et non pas le cultiver. Au lieu de nourrir délicatement ou d’admirer la chair, des personnes telles la traitent, au contraire, en chose morte. Il en résulte qu’elles ne peuvent manquer d’acquérir ainsi la puissance d’échapper à tout piège de ce genre-là.

Le danger — celui dans lequel Satan cherche toujours à entraîner les enfants de Dieu — c’est de saisir toute la consolation possible en Christ, tout en retenant de main ferme tout ce qu’on souhaite des aises de ce monde. Il est clair que le cœur et la conscience du croyant doivent repousser de telles pensées et une telle conduite ; comme, du reste, le fait aussi le monde lui-même. En effet, qu’un chrétien soit découvert là où il ne devrait pas être, les autres exprimeront ce qu’on aurait dû ressentir sans le besoin d’un tel avertissement — leur étonnement qu’un chrétien puisse se trouver là. N’est-ce pas humiliant au dernier degré pour un chrétien d’étonner le monde de cette manière-là ? — se permettant, lui, une licence qui, d’après le sentiment des hommes en général, convient si peu au nom du Maître ? Le monde sait apprécier une conduite conséquente. Il peut tenter le chrétien à le suivre dans ses occupations et ses plaisirs ; il peut insister sur la grande importance qu’il y a à ce que le chrétien aide à bien diriger le monde et à donner un bon exemple, en entrant dans ses assemblées, en siégeant dans ses sénats, dans ses tribunaux, et en exerçant l’autorité dans toutes les sphères imaginables. Et, sans aucun doute, il est extrêmement doux pour la chair de se trouver au sein de la dignité et du pouvoir ; mais n’est-ce pas là précisément ce que Christ a formellement défendu aussi bien par l’esprit de Son enseignement que par Son exemple ? Voilà ce que pratiquent les nations, et voilà ce qui leur est cher ; mais Christ est mort et ressuscité afin de nous retirer de ce présent siècle mauvais. Au milieu de notre humble sort, Sa grâce nous rend heureux et contents des circonstances, quelles qu’elles soient, qu’il a plu à Dieu de nous départir. Dans un monde tel que celui-ci, c’est une chose radieuse et bénie que de trouver une âme estimant Christ à un tel prix, et jouissant si pleinement de la place que Dieu lui a faite en Christ, qu’elle ne soupire qu’après Sa volonté et Sa gloire.

D’un autre côté, aussi longtemps qu’un homme est à travailler sous la loi, il est toujours faible à raison de la chair. Il prend des résolutions, mais il ne les tient pas ; il peut faire des efforts inouïs, mais le pouvoir d’atteindre lui manque. Il lutte incessamment ; mais au bout de chaque journée, il est contraint de reconnaître que « ce qu’il voulait il ne le fait pas, et ce qu’il ne voulait pas, il le fait ». Il passe ainsi son temps à se repentir et à pécher, à pécher et à se repentir. Telle est la condition invariable d’un homme sous la loi. Mais des hommes intelligents peuvent-ils affirmer que c’est la condition du chrétien ? Je ne puis nier que l’état de bien des chrétiens y ressemble ; mais c’est entièrement anormal et contraire à ce que suppose l’Écriture chez tous les chrétiens. En faisant valoir que ce n’est pas là une condition chrétienne, je ne prétends pas insinuer que c’est un état où aucun chrétien ne puisse se trouver, mais seulement que cet état est tout l’opposé de ce que notre Dieu nous accorde, et de ce qu’Il attend de nous. Un enfant de Dieu peut être dans un état qui ne répond pas à la grâce qui lui a été témoignée. Si l’on prend les épîtres en toute simplicité, il est impossible de ne pas voir que l’intention de Dieu est que, par le moyen du Saint Esprit agissant par la Parole, je me saisisse de la place qu’Il m’a donnée, de manière à m’établir dans une paix stable et dans la joie véritable du cœur. Pour le témoignage pratique, c’est ce qui est de la plus haute importance ; et, comme vaisseau du Saint Esprit, Dieu veut que je sois toujours à rendre témoignage de Christ dans ce misérable monde. Voilà la raison principale de tant de bénédictions octroyées par la grâce, qui veut que nous le sachions et que nous en jouissions pleinement.

Ce que je viens de dire explique ce que c’est qu’être « dans l’Esprit », et cela dépend du fait que le Saint Esprit habite en nous ; ce qui en est aussi la preuve. Ce n’est pas l’Esprit agissant sur l’âme pour y produire la foi ; c’est l’Esprit habitant en celui qui croit. « Vous n’êtes pas dans la chair mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il n’est point à lui ». C’est là ce qui caractérise le chrétien. Sans Son Esprit, l’on n’est pas revêtu de l’empreinte de Son caractère essentiel. C’est le Saint Esprit et non seulement la chair, qui distingua Christ dès Sa conception ; de même, au temps convenable, Il fut scellé par l’Esprit, et jamais Il n’agit que dans l’Esprit. Le chrétien de même : comme il vit dans l’Esprit, il est appelé désormais à marcher dans l’Esprit. Il ne s’agit pas de ne pas être perdu — ce n’est pas là la force de l’expression, mais bien d’être distinctement de Christ même ici-bas. « Et si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’esprit est vie à cause de la justice ». L’homme qui est converti, mais tourmenté sous la loi, n’a aucun sentiment d’une telle position, aucun pouvoir de tenir le corps pour mort. L’Esprit, tant qu’il est ainsi tourmenté, lui donne la conviction du péché, et non pas la force de glorifier Dieu en paix. Mais qu’il abandonne tout à l’arrêt de Dieu sur la chair, trouvant son tout en Christ, alors l’Esprit le fortifie intérieurement. Non seulement il est affranchi, mais il peut encore user de sa liberté en puissance pratique. Il y a encore plus. « Mais si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ». C’est là la pleine délivrance même pour le corps, et la réponse complète a la question soulevée dans la détresse du chapitre 7, verset 24.

Ainsi donc, l’Esprit Saint, qui rend témoignage de la rédemption, ne me fournit pas seulement mon état présent en Christ mort et ressuscité devant Dieu ; Il est encore le gage divin, qu’en regardant à Christ, ce corps mortel sera pénétré de cette vie dont je jouis dans mon âme ; car ce n’est pas seulement comme Fils de Dieu que j’envisage Christ, mais comme ressuscité selon la justice et par la gloire du Père. Je dis qu’en grâce Il descendit et mourut ; Il est ressuscité en justice et assis à la droite de Dieu ; et le juste décret qui découle de l’œuvre infinie qu’Il accomplit en grâce coule et déborde en une richesse surabondante, de manière que nous, qui jadis étions esclaves du péché et de Satan, mais qui maintenant croyons en Lui, nous sommes affranchis par Dieu dans l’efficace même de la liberté de Christ — pour l’âme, d’abord, puis pour le corps, quand le Christ viendra nous réveiller ; et l’Esprit est le sceau de l’une de ces deux parties de notre bénédiction et les arrhes de l’autre.

Christ est-Il ma portion ? C’est Christ qui détermine l’étendue de la justification. Elle est réellement aussi parfaite que Christ devant Dieu. Quelle mesure devant Dieu que Christ Lui-même ! C’est pourquoi il est dit que « nous sommes devenus la justice de Dieu en lui ».

Avec cette justice pour base, l’Esprit Saint vient, dès maintenant, habiter en moi, et non seulement agir en moi ; de là, Il anticipe le jour radieux de la gloire, et, en attendant, Il me donne la puissance dans la mesure même où je tiens pour morte la vieille nature et fais de Christ mon tout. Voilà donc la réponse complète pour celui qui crie après un libérateur. L’âme est émancipée d’abord ; plus tard, le corps sera vivifié. En attendant, l’Esprit Saint prend Sa place bénie, non seulement par rapport à l’âme, mais aussi par rapport au corps. Lorsqu’aura lieu bientôt la résurrection du croyant, elle ne s’effectuera pas sans le Saint Esprit. C’est le Fils qui donne la vie, mais par l’Esprit, qui a Sa part dans toutes les parties de la bénédiction que reçoivent l’âme et le corps. Qu’il est doux, qu’il est glorieux de posséder ainsi l’Esprit de Dieu s’identifiant avec chaque partie de la bénédiction ! Que ne devrions-nous donc pas sentir quand nous attristons le Saint Esprit de Dieu « par lequel nous avons été scellés pour le jour de la rédemption » ? Mais ce n’est pas tout. Assurément, le Saint Esprit n’a pas encore ressuscité nos corps mortels ; néanmoins Il opère en nous déjà, et soutient en nous le cri : « Abba, Père ». C’est là l’action première, l’action propre du Saint Esprit quand le croyant a bien compris la délivrance. Nécessairement cette action se dirige vers Dieu, et elle est l’action de l’Esprit comme Esprit filial ou d’adoption. Par là, ce n’est pas dans la bénédiction seule que l’âme se réjouit, mais dans la source d’où elle a découlé : aussi l’expression est-elle bien : « Abba, Père ».

Et ce n’est pas seulement de cette manière que le même Esprit qui habite en nous y opère ; comment opère-t-Il encore ? Il donne la certitude que nous serons bientôt délivrés ; bien plus : Il soupire en nous ; et ce sont « des soupirs inexprimables ». Il y a donc sympathie parfaite avec l’état tout entier dans lequel nous nous trouvons à présent. Ce n’est pas parce que je ne suis pas affranchi que l’Esprit de Dieu pousse ces soupirs, mais justement parce que je le suis. Il est vrai que je ne suis délivré qu’en partie, non pas complètement encore. De là si je gémis dans l’Esprit, c’est parce que, affranchi dans mon âme, je sens l’état contraire de mon être extérieur et de tout ce qui m’entoure ; et mon cœur envisage le jour où la création même sera affranchie de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. La liberté de la grâce de Dieu, je la possède déjà ; la liberté de la gloire, pour le corps même, sera à moi tout à l’heure. Et de là nous avons cette place bénie que prend l’Esprit de Dieu, comme on l’observera, en tant qu’une personne, et comme distincte de la nouvelle nature ; mais en même temps le Saint Esprit donne Son nom, pour ainsi dire, à la condition où je suis introduit comme âme affranchie, comme chrétien, en vertu de la mort et de la résurrection de Christ ; et ainsi je suis dans l’Esprit, et l’Esprit habite en moi.

On ne s’attendra pas à retrouver dans cette esquisse toutes les applications et tous les usages pratiques que l’on peut faire d’une aussi grande vérité. Je voulais particulièrement discuter la question qui est ordinairement la moins comprise, c’est-à-dire l’Esprit comme la condition où nous nous trouvons à présent. Je suppose que la vérité à laquelle la plupart de ceux qui sont ici se sont familiarisés davantage, c’est celle de l’Esprit de Dieu habitant en nous ; mais l’autre vérité est aussi du plus grand intérêt, de la plus grande importance pour le chrétien.

Méditation 8 — Baptisés en un seul corps — 1 Corinthiens 12

Je me propose de traiter maintenant de quelques-uns des puissants effets de la présence du Saint Esprit. L’un de ces effets est ici désigné comme Son baptême, par lequel Il forme un corps nouveau et uni : le corps de Christ sur la terre. Non seulement cette vérité appartient exclusivement au Nouveau Testament ; mais, même dans le Nouveau Testament, la révélation, pour nous, en est confiée à un seul apôtre. On ne la peut trouver que dans les écrits de l’apôtre Paul. Je ne prétends certainement pas que l’Église, le corps de Christ, n’existait pas avant que Dieu eût suscité cet apôtre pour faire connaître cette grande vérité. Mais je dis que, tandis que le mystère de Christ et de l’Église fut révélé, par l’Esprit, aux saints apôtres et prophètes de Dieu, il fut révélé non pas par tous, mais par un seul. Ceci est tout simplement une matière de fait. Aucun des écrivains du Nouveau Testament, excepté Paul, ne parle de l’Église comme corps de Christ.

Or, l’histoire de Paul, telle qu’elle s’est présentée dans les écrits sacrés, montre de quelle manière remarquable il était propre pour l’œuvre que Dieu lui confiait, en tant que sa révélation nous concernait. Il avait été ennemi tant que le témoignage de Christ glorifié en haut était confiné au peuple juif. Il fut témoin dans le martyre d’Étienne ; il fut l’émissaire actif des Juifs dans la persécution de tous — hommes et femmes — non seulement à Jérusalem, mais les poursuivant de ville en ville dans leur triste fuite, mais en même temps fuite bénie (puisque Dieu s’en servait pour gagner des âmes à Christ). Et dans la plénitude de la haine qu’il portait au nom de Jésus, il avait reçu, comme nous le savons, des lettres des plus hautes autorités religieuses de l’époque, afin de poursuivre leur destruction le plus énergiquement et surtout le plus pieusement possible. Au milieu de tout cela, et alors que Dieu changeait la forme de Ses voies sur la terre, en sorte que le flot de la bénédiction ne descend plus vers Jérusalem, mais en découle ; quand tout ce qui constituait alors la vraie gloire (car, en vérité, tout était grâce à Jérusalem) est foulé ou dispersé ; c’est alors que l’Esprit de Dieu regarde, pour ainsi dire, en dehors, recherche et bénit les anciens ennemis de Jérusalem ; non seulement opère parmi les Samaritains (et nous savons leur jalousie pour Jérusalem), mais même un étranger, d’un pays lointain, est recherché par le Seigneur qui le rencontre en grâce (en dépit de sa grossière ignorance touchant ce que Dieu venait d’accomplir en Jésus), et qui le renvoie son chemin tout joyeux, non pas montant à Jérusalem, mais s’en éloignant vers sa demeure lointaine.

C’est à ce moment critique qu’il plut à Dieu d’en agir avec Saul de Tarse, sur son chemin vers Damas ; car lui aussi s’éloignait de Jérusalem, plein de furie persécutrice contre les confesseurs de Jésus, plongé dans les ténèbres quant à la véritable grâce de Dieu, pendant qu’il poursuit sa mission de douleur, de honte et de mort, telle que le monde pouvait la donner ; avec sa commission, dont Satan seul, empruntant le nom de Dieu, pouvait inspirer l’énergie ; et toutefois avec une bonne conscience comme homme, au milieu de tout son aveuglement quant à la vérité — il est soudainement renversé par une lumière plus brillante que le soleil en plein midi ; mais néanmoins, malgré ce qui l’aveugle naturellement, il est rendu capable de voir surnaturellement le Seigneur de gloire, d’entendre la voix de son Seigneur, de se savoir appelé non seulement comme saint, mais aussi comme apôtre ; non pas simplement de goûter la grâce dont il devait être un témoin si remarquable, mais de servir dans le ministère, avec l’autorité du Seigneur ; non seulement pour cette seule journée, mais en tout temps ; non seulement pour un pays, mais pour tous les pays sous le ciel. À cet homme béni, fut donné, dans les paroles mêmes qui convertirent son âme, le germe de cette grande vérité dont je désire m’entretenir un peu avec vous maintenant. Il apprit, à son grand effroi, de celui qu’il ne pouvait pas douter être le Seigneur, non seulement qu’Il était Jésus — vérité merveilleuse qui fondit sur son cœur — mais que ce Seigneur glorifié, Jésus de Nazareth, qui avait été crucifié, s’identifiait avec les objets de son implacable persécution : Je suis Jésus que tu persécutes. L’œuvre était faite — non pas tout d’un coup, en ce qui constitue la jouissance de l’âme, mais sûrement communiquée en substance à quelqu’un ainsi converti d’une aussi étrange manière. Le premier et le dernier qui eût jamais été arrêté par une révélation de Jésus, qui révélait aussi, en principe, l’Église de Dieu, était précisément le vaisseau convenable pour développer cette vérité, et l’appliquer d’une manière pratique, aussi bien que dans ses écrits, pour poser les fondements de l’Église de Dieu, pour insister sur son caractère céleste, comme corps de Christ, et combattre pour la gloire de Dieu en elle. Cela devenait sa vie ; c’est à cela, désormais, que Dieu l’appelait par Jésus Christ notre Seigneur.

C’est Paul qui, de suite après sa conversion, commence à prêcher le Seigneur Jésus, non seulement comme le Christ, mais comme Fils de Dieu (Act. 9) — autre grand point de ses écrits. — Je ne dis pas que cette doctrine soit aussi caractéristique de Paul, ou tout au moins lui appartienne aussi exclusivement que celle du corps de Christ ; mais je la fais remarquer pour montrer la largeur des voies de Dieu développées par le bienheureux apôtre. Quoique l’Église de Dieu lie davantage à Christ, comme l’homme exalté, pourtant Celui qui est l’homme exalté, dans le ciel, est le Fils ; et (si je puis me permettre avec révérence une telle expression) Dieu prend le plus grand soin d’appuyer sur cette relation de Christ avec Lui-même, aussi bien que sur celle dans laquelle Il se tient pour nous, dans Sa place comme homme à Sa propre droite. En conséquence, l’apôtre n’est pas conduit par l’Esprit de Dieu à insister uniquement sur ce que d’autres ont dit avant lui. Il n’attire pas simplement, comme Pierre, l’attention sur le fait que Jésus avait été fait Seigneur et Christ ; il ne parle pas de Lui comme serviteur de Dieu (Παιδα), car tel est le vrai sens du terme mal traduit par « Fils » dans Actes 3 et 4. Il n’avait pas encore été prêché comme le Fils. Quant à la déclaration de l’eunuque éthiopien dans Actes 8, 37, où il est supposé confesser que Jésus est Fils, tous ceux qui sont un peu versés dans ces choses savent qu’elle est apocryphe. Mais Paul, au lieu de limiter son enseignement à Christ comme homme exalté en haut, prêche de suite dans la synagogue, que Jésus était le Fils (Υιος) de Dieu. Je considère cela comme digne de remarque, comme un exemple admirable de largeur de cœur, partout où Christ, et Christ vu en haut, est l’objet des affections. On est libre alors de penser à toute Sa gloire, on s’y dilate ; il n’y a point d’hésitation pour accepter la vérité de Dieu, et l’importance de la vérité est réalisée par l’âme.

Si je regarde à Lui uniquement sur la terre, le progrès est incomparablement plus lent. Nous trouvons cela dans le cas des autres apôtres. Comme ils se méprirent facilement ; comme ils furent lents à recevoir ; comme ils durent être conduits pas à pas ! Chez l’apôtre Paul, sans aucun doute, la vérité s’installa par la conscience ; car, même pour lui, il en dut être ainsi. Nul homme ne peut la posséder autrement, ni se l’approprier réellement dans son âme ; et cela parce que nous ne sommes pas simplement des hommes — nous sommes pécheurs. L’apôtre Paul lui-même, un homme marchant avec une aussi bonne conscience qu’aucun homme ait pu le faire jamais depuis la fondation du monde, oui, lui-même doit apprendre l’indignité de la chair et doit l’apprendre pour et en lui-même. Il doit l’apprendre par Christ, mais il l’apprit dans son propre cœur ; toutefois, ainsi apprise, le résultat en est toujours brillant. Le Saint Esprit le rend capable de saisir ce qui ne nous est pas déclaré lui avoir été dit. Je ne sais pas comment cela eut lieu, car certainement le Seigneur Jésus n’en avait rien dit (que nous sachions) dans ce qui se passa, mais il lui fut donné de Dieu de le savoir. Dans ce qui se passa entre Christ et Saul, Dieu ne dirige pas particulièrement notre attention sur le caractère de Fils. Pourtant, les deux grandes vérités de la gloire de Christ, comme Fils et comme Tête céleste, deviennent dès lors son témoignage. Ce n’est plus simplement qu’Il est le Messie sur la terre. On ne devait plus maintenant insister là-dessus. Le Seigneur Lui-même avait mis fin à cette prédication avant de quitter ce monde (Matt. 16, 20, et particulièrement Luc 9, 20-22). Puis vint une chose nouvelle.

Après que Christ fut monté au ciel, Il fut fait Seigneur et Christ. Qu’Il soit Seigneur, c’est la plus simple confession, la forme la plus faible sous laquelle puisse Le reconnaître celui qui Le confesse, parce que c’est simplement l’assertion de Son autorité, et il est clair que l’autorité, quoique très vraie certainement, est après tout de côté le moins élevé de la vérité en Christ. Elle ne fait pas ressortir Sa grâce, elle ne manifeste pas Sa gloire infinie. Elle constitue ce qu’Il fut fait, non ce qu’Il était et ce qu’Il est en Lui-même. Elle n’est donc pas ce qui Lui est propre et intrinsèque, ce qui Lui est personnel, mais une place qui Lui fut donnée, qu’Il revêtit, dans laquelle Il a été exalté. L’apôtre Pierre et les autres prêchent cela. Puis Étienne Le voit d’une autre manière. Ainsi, quoique ce fût par la pleine puissance de l’Esprit de Dieu agissant sur la terre, pourtant il y eut progrès graduel et la découverte en sa propre personne, combien est totalement rejetée la vérité de Dieu quant au Seigneur et Christ exalté. Il rend son témoignage qu’Il est le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. Ainsi, précisément comme sur la terre le témoignage de Jésus au Christ Tête, pour ainsi dire, fit place à Son caractère de Fils de l’homme rejeté, de même la seigneurie exaltée de Christ entré dans la position de Seigneur et Christ, fait place à Sa présentation comme le Fils de l’homme dans la gloire. Finalement, Paul non seulement entre de suite dans la vérité déjà connue, mais il apprend là, au moins dans son germe, le grand mystère que Christ et les saints qu’il persécutait étaient un ; et pourtant, loin de s’enfermer dans l’étroitesse à laquelle nos faibles cœurs sont si sujets, lui, au contraire, le prêche aussitôt comme Fils de Dieu.

Maintenant, je crois que cela est un fait des plus bénis que nous ne devons pas oublier, particulièrement dans sa relation pour nos propres âmes, faisant voir comment, lorsque les choses sont bien vues, quand Christ Lui-même est vu dans la lumière céleste, par l’enseignement de l’Esprit de Dieu, la plénitude de la gloire de Sa personne est vue dans ce qui est au-delà. Car Son caractère de Fils de Dieu, s’il se lie moins avec nous en particulier, est pourtant en lui-même une vérité plus élevée qu’aucune autre gloire qu’Il pût avoir, même comme exalté de quelque manière que ce soit, à la main droite de Dieu. Non pas que nous voulions comparer trop curieusement, ou mettre une chose contre l’autre, il n’y a aucune raison pour cela, mais nous devons affirmer et maintenir la vérité entière de la gloire de Christ. Et je suis persuadé que toute puissance pour saisir, appliquer tout le reste de la vérité, en jouir et y marcher, dépend de la manière dont nous sentons et reconnaissons dans nos âmes la vérité de Sa gloire personnelle. Toutes choses, même les plus éloignées, les bords même de Sa gloire, si je puis parler ainsi, s’élargiront et deviendront plus brillantes à mesure que la vérité de Christ exalté prendra plus de consistance dans nos cœurs. D’un autre côté, tout ce qui peut atténuer, affaiblir, corrompre, détruire la vérité de Dieu, prend naissance dans les mesquineries et les vues étroites de l’homme en ce qui concerne le Seigneur Jésus. Il est bon que tout cela soit vu et apprécié. Nous en trouverons l’importance dans ce que nous allons considérer présentement.

Qu’est-ce, en effet, que l’Église ? N’est-elle pas le corps de Christ ? Elle est la réponse produite sur la terre par le Saint Esprit, à la gloire de cet homme exalté en Tête dans le ciel à la droite de Dieu. De là vient que vous ne pouvez séparer les deux. Maintenant le plus grand nombre des enfants de Dieu ont été entièrement inexercés quant à cette place de gloire dans laquelle Christ est entré. La conséquence en est que l’Église est inconnue. Ils ont ignoré la place de Christ devant Dieu. Elle est niée. La valeur en est inconnue. La gloire singulière et la bénédiction d’un homme tel qu’Il est, exalté dans le ciel, sont aussi faiblement senties que la misère de l’homme maintenant — fût-il le plus grand des philosophes, des poètes, des hommes d’état, des conquérants, jugés, condamnés, rejetés de Dieu sur la terre. Même les enfants de Dieu envisagent les choses présentes comme une scène dont nous devons jouir comparativement ; une chose dont nous devons tirer le meilleur parti possible. En conséquence, on fait contribuer autant que possible la vérité et la miséricorde de Dieu à ce qu’on peut appeler les aises et les joies terrestres. Ce qui n’est qu’une vaine recherche de plaisir est modifié, sans doute, dans le cas du chrétien : des pensées spirituelles sont là. Mais pourtant, que le nombre des chrétiens qui regardent toujours ce monde comme une scène jugée et condamnée est comparativement petit ! Il avait été devant Dieu dans des opérations multipliées et dans des témoignages continuels jusqu’à ce que tout eût été éprouvé. Alors vint le Fils, l’homme Christ Jésus. Ce fut, hélas ! la grande lutte, si l’on peut parler ainsi, entre Dieu le Père, qui avait donné Son Fils, et le monde conduit par la puissance de Satan. Mais Dieu n’eut pas honte, et ne voulut pas reculer devant ce qui — nous pouvons bien le dire — était pour Lui l’épreuve infinie, celle de l’abandon de Jésus, de permettre que toute indignité, toute injustice fût faite à Celui qu’Il aimait par-dessus tout ; et le Fils de Dieu Lui-même ne s’épargne aucune douleur, aucune honte, aucun mal que l’homme pouvait mettre sur Lui. Mais, en vérité, c’est pour cela qu’Il était venu ; et pour cela, il était nécessaire dans les voies de Dieu, que le monde manifestât son mal comme il ne l’avait jamais fait auparavant ; et c’est ce qu’il fit. Ainsi tout le mal ressortit afin que Dieu pût en agir d’un seul coup ; afin qu’Il pût en finir par un coup de jugement — non pas sur le monde, mais sur Son Fils ; afin qu’Il pût en agir en grâce absolue en tant que ce monde était concerné. Là-dessus tout est changé, et au lieu que ce soit l’homme chassé d’un délicieux jardin, et en dérive vers ce qui était devenu un désert et un monde sans Dieu, l’homme maintenant, dans la personne de Jésus, entre dans le ciel même, et s’assied sur le trône de Dieu dans la gloire.

Mais du moment que Dieu eut accompli cela, la chose qu’Il attendait, alors, et pas avant, il put avoir la formation d’un corps sur la terre ; car il fallait qu’il y eût d’abord une tête suffisante, et une seule personne était digne d’être cette tête, et cet Être béni ne pouvait être tête avant d’être homme aussi bien que Dieu, et plus encore, avant que le péché eût été jugé et que la grâce, en conséquence, pût avoir libre cours. Et ainsi nous voyons de quelle façon bénie toute la vérité se concentre en Christ, dans Sa croix et dans cette place où Il est allé à la droite de Dieu. En outre, une autre chose était nécessaire ; il fallait une puissance compétente et suffisante sur la terre. Et quelle puissance cela pouvait-il être ? La même qui avait toujours travaillé pour effectuer ce qui était de Dieu. C’était le Saint Esprit, mais agissant d’une manière nouvelle, conforme à celle dans laquelle Dieu s’était manifesté. Il s’était montré dans le Fils de Dieu, et Il ne voulait pas en sortir.

Il n’y avait qu’une personne, même dans la divinité, qui pût comme objet et image manifester Dieu : c’était le Fils. Il en fut toujours ainsi. Celui qui révéla Dieu, même en passant, était le Fils. Il pouvait venir sous la forme d’un ange, comme dans le cas d’Abraham ; pourtant c’était toujours le Fils. Mais s’il y eut jamais une puissance qui travaillât, soit dans l’homme juste, soit dans le méchant, Celui qui accomplit quelque chose de divin par l’homme ou en lui sur la terre, c’était invariablement l’Esprit de Dieu. Par suite, l’Esprit de Dieu prend Sa place dans cette nouvelle œuvre de Dieu. Le Fils était entré, comme homme, dans la gloire qu’Il avait eue auparavant comme Dieu. Il est entré jusqu’en la présence de Dieu, et a porté l’humanité en quelque sorte dans Sa personne jusqu’à Son trône ; de sorte qu’il y avait désormais ce merveilleux spectacle, que tout dans le ciel était assujetti à un homme. Alors ce que Dieu avait à cœur devenait évident par ce qu’Il manifestait en haut.

Mais qui, je dois le demander encore, pouvait raconter cela dignement ici-bas ? Qui pouvait être un témoin véritable de cette gloire céleste ? Celui qui la connaissait parfaitement ; Celui qui seul était capable de glorifier Christ et était prêt à le faire, et qui était habitué à donner à l’homme de faire, d’apprendre quoi que ce fût que Dieu avait par-devers Lui pour l’homme, et aussi d’en jouir. C’était le Saint Esprit ; et, en conséquence, Il descendit. Et voici le fruit de Sa venue. — Il forme un corps sur la terre, non pas quantité de corps. Une pensée pareille ne se trouve pas dans l’Écriture. Y a-t-il une telle notion dans l’esprit d’un chrétien quelconque, d’un enfant de Dieu ici présent ? Dieu reconnaît-Il des corps de chrétiens sur la terre ? Qu’est-ce qui peut être plus faux ? Je n’entends pas seulement d’une manière intellectuelle. Comme chrétiens, nous ne devons perdre ni notre temps, ni notre haleine contre les simples égarements de l’intelligence humaine. Mais je dis qu’un tort fait à Jésus, un tort fait à cette manière bénie par laquelle Dieu glorifie Son Fils, par le Saint Esprit envoyé du ciel, doit certainement agir sur la conscience et choquer le cœur de celui à qui Dieu a fait connaître la gloire de Christ par le Saint Esprit. Suis-je donc dans le courant de l’œuvre de l’Esprit de Dieu ? Ou bien, au contraire, est ce que je me mets à la traverse du principal objet que Dieu avait en vue en envoyant le Saint Esprit et en mettant Christ à Sa droite ?

Ainsi cela devient une question tout à fait au-dessus de toute controverse ecclésiastique. Dieu garde que les enfants de Dieu s’occupent de telles bagatelles ou pis encore ! Mais je dis ceci : Si nous Le connaissons, si nous prenons notre plaisir en Lui, si nous ne marchons plus selon la chair, si Dieu a révélé Son Fils à nous et en nous tel qu’Il est maintenant, ressuscité et glorifié, il nous convient de nous demander si nous sommes obéissants envers la vision céleste, comme l’apôtre le fut, lui dans sa grande, nous dans notre faible mesure — si nous sommes ses imitateurs comme il l’était lui-même de Christ. Dieu n’appelle-t-Il pas tous Ses enfants à être les instruments de la grâce divine dans Son dessein de glorifier le Seigneur Jésus ? Il faut toujours que cela commence par nous-mêmes : absolument comme cela eut lieu en l’apôtre Paul ; la vérité pénétra profondément dans son âme, avant que l’œuvre puissante ouvrit tout autour de lui. Mais que ce soit en nous-mêmes (ce qui nécessairement est le premier effet de la révélation qui nous est faite de Christ) ou bien au-dehors, dans le désir d’être des aides pour la joie des autres, comme serviteurs de la volonté de Dieu, de magnifier la grâce de Christ, il nous est convenable de rechercher et de voir si nous pouvons répondre avec une conscience pure.

À présent, ce qu’il fut donné à Paul de voir et ce qu’il a pleinement développé dans le chapitre dont nous avons lu un verset, c’est que le Saint Esprit est maintenant descendu pour travailler sur la terre dans l’Église — non pas simplement dans les saints individuellement (bien que sûrement Il fasse aussi cela). Mais il y a ici-bas ce que Dieu appelle Son Église, le corps de Christ, et identifiée ici avec Christ. Cela est si vrai que l’Esprit ne dédaigne pas d’appeler le tout (c’est-à-dire Christ et l’Église) Christ Lui-même, tant les saints constituent une partie de Sa gloire. Et cela ressort d’une manière si intéressante — humiliante, il est vrai pour nous, mais une preuve merveilleuse du Dieu avec qui nous avons à faire. Ce fut la folie, la vanité, le travail du péché, au milieu des saints de Corinthe, qui donnèrent à l’Esprit l’occasion de nous instruire largement sur l’Église, le corps de Christ. Leurs tristes désordres amenèrent l’application de la pensée et de la volonté de Dieu — leur vaine gloire aussi qui aimait à déployer ce qu’ils pouvaient avoir de puissance. Et il y avait de la puissance ; car il ne s’agissait nullement de faiblesse. Bien des personnes supposent que la faiblesse est la grande raison des désordres qui se trouvent ou peuvent se trouver dans l’Église de Dieu. Mais la faiblesse ne devrait jamais opérer de la sorte. Le désordre n’a rien à faire avec la faiblesse. De fait, quelques-uns de ceux qui ont causé les plus grands désordres dans l’Église ont trahi moins de faiblesse que de forte volonté charnelle. Il y a toujours insoumission à Christ, et très souvent la même vanité que déployèrent les saints de Corinthe. Personne ne peut l’attribuer à de la faiblesse. Ce fut l’abus du pouvoir, le désir, plein d’ostentation, de montrer ce qu’ils possédaient — en quelques mots, la séparation de la puissance de l’Esprit d’avec la glorification de Christ. Le désordre en est le résultat naturel. N’importe qu’il y ait plus ou moins de puissance, ni ce que peuvent être les qualités qu’on possède ; — si cela est séparé de Christ, c’est fatal — fatal à Sa gloire — fatal à la bénédiction des saints et des autres âmes — par-dessus tout, fatal à celui qui est ainsi abusé par Satan. C’est ce qui précisément était à l’œuvre parmi les Corinthiens, à cette époque. Que nous devrions bénir Dieu pour l’usage qu’Il en a fait dans Sa miséricorde !

Je ne puis dire que peu de mots, ce soir, en comparaison de ce qu’exigerait la grandeur de mon sujet. J’attirerai seulement votre attention sur quelques-uns des principaux points du chapitre, selon leur ordre : « Pour ce qui est des manifestations spirituelles, je ne veux pas que vous soyez ignorants. Vous savez que vous étiez gens des nations, entraînés vers les idoles muettes, selon que vous étiez menés. C’est pourquoi je vous fais savoir, que nul homme, parlant par l’Esprit de Dieu, ne dit anathème à Jésus ». Un tel homme ne peut appeler Jésus « anathème » ; nul ne peut se placer sous la malédiction (sauf sur la croix). Dieu le fit, nous le savons, quand Il mourut pour nos péchés ; mais nul homme, par l’Esprit de Dieu, ne peut appeler Jésus Lui-même maudit. Nul ne peut dire non plus que Jésus est le Seigneur, si ce n’est par l’Esprit de Dieu.

Ainsi, il y a deux puissances à l’œuvre en vue de Dieu et l’homme. Il y a l’esprit qui agit dans les fils de la désobéissance, et l’Esprit Saint qui travaille dans les enfants de Dieu. Dans le premier cas, il y a tendance à élever l’homme contre Jésus ; dans l’autre, la sujétion des croyants au Seigneur (car c’est le grand point présenté ici : Jésus comme Seigneur). La raison vient de ce que ces Corinthiens faisaient de la cène du Seigneur leur propre repas, et de l’assemblée leur propre théâtre d’étalage, comme si la Parole procédait d’eux, au lieu d’être venue à eux — réclamant leur obéissance à Dieu. De fait, ce n’est que lorsque les âmes sont orgueilleuses ou dans une condition de négligence, qu’on a besoin d’insister sur cette vérité de la seigneurie de Jésus. Le saint qui jouit de Christ n’a nullement besoin d’une telle pression ; ne voudrait pas avoir d’autre Seigneur et fait ses délices de Sa grâce. Il va sans dire que cela est dû par toute âme ; mais assurément l’assertion en est plus nécessaire là où l’insubordination prédomine, et où la chair cherche à s’exalter contre Sa volonté, comme c’était le cas à Corinthe. C’est pourquoi l’apôtre part de ce fait grave que l’Église de Dieu est là où le Saint Esprit maintient Jésus comme Seigneur. C’est le principe préliminaire atteignant les Corinthiens exactement dans leurs besoins, comme il faut que l’Esprit de Dieu fasse, s’il nous est permis de parler ainsi. Si Dieu agit, Il agit moralement ; cela seul peut être digne de Lui, et bon pour nous. Dieu agit moralement, et voudrait ramener nos âmes dans la jouissance de Lui-même, là où la pensée même de nos voies disparaît : et pourtant il n’y a rien, après tout, qui agisse aussi puissamment sur nos voies pour les former selon Sa nature.

La chose que nous trouvons ensuite, c’est qu’il « y a diversité de dons, mais le même Esprit », et encore « il y a diversité de services, et le même Seigneur ; il y a diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous ». Il est clair que ces trois versets sont d’une importance profonde pour l’intelligence pratique de ce que le Seigneur place devant nous. Les plus simples éléments sont ici ; pourtant, dans la pratique, l’Église les a oubliés. Ce sont les plus petites conditions requises qu’Il pût accepter, le seul caractère qu’Il pût reconnaître de l’Assemblée de Dieu, envisagée dans son œuvre journalière.

La première des conditions requises mentionnées est donc « la diversité de dons ». Là où quelque chose prétend répondre à l’idée de l’Église de Dieu sur la terre, il doit y avoir champ libre, non seulement pour les dons, mais pour la diversité des dons, dans la même congrégation. Là où les dons sont pratiquement exclus, et où la congrégation s’attend simplement à un ou à plus d’un individu, n’importe dans quelle mesure ils peuvent être doués, le terrain est prouvé par la première touche de la Parole de Dieu, n’être pas de Lui. Il y a diversité de dons, mais le même Esprit (pas le ministre). Je ne veux pas dire par là qu’il doive y avoir effort pour donner un semblant de dons à l’œuvre. L’Église de Dieu est un corps réel, et maintenant nous sommes forcés d’ajouter que son état est dans une anomalie désolante ; mais chercher les apparences, ce qui aurait toujours été malséant, doit maintenant être spécialement repoussé. C’est l’Assemblée de Dieu : nous devons prendre garde à ce que nous cherchons et faisons là. Il l’a formée ici pour la gloire du Seigneur par le Saint Esprit qui est souverain et maintiendra sûrement les droits de Christ. Que la manifestation soit grande ou petite, c’est le fruit de Sa propre œuvre, mais il y a sûrement diversité de dons. De fait, spécialement comme est l’Assemblée de Dieu maintenant, il peut y en avoir peu, peut-être point dans une place particulière, ou peut-être un ou deux peuvent manifester les dons pour l’édification ; autre part, il peut y en avoir beaucoup. Le grand point c’est que la porte soit ouverte pour tout ce qu’Il donne.

Je répète « qu’il y a diversité de dons, mais le même Esprit ». Tout ce qui nie cela pratiquement ou en principe n’est pas l’Église de Dieu et n’a, par conséquent, aucun droit à ma soumission ni à la vôtre. Au contraire, je suis contraint de désavouer ses prétentions. Dois-je sanctionner ou abjurer un éloignement de la volonté du Seigneur, dans ces graves matières concernant le Saint Esprit ? Ne dois-je pas traiter, même une congrégation de vrais chrétiens, comme une association humaine, s’ils jettent par-dessus bord, par exemple, une parole telle que celle-là ? Il ne s’agit pas simplement des constituants, mais de ce qui règle leur action. Si des règles humaines, différentes des Écritures, et même opposées aux Écritures, gouvernent, n’est-ce pas l’Église de l’homme ? Qu’est-ce qu’un chrétien a à faire avec autre chose que l’Église de Dieu ? Qui a permis à l’homme d’intervenir ? Qui lui a dit de la régler ? La formation de l’Église était une grande œuvre, même pour Dieu. Elle nécessitait, la rédemption achevée, que le Fils montât au ciel, et que le Saint Esprit descendît sur la terre. Il fit le monde par Sa parole pour le premier Adam, quoique, sans doute, le but définitif fût pour Christ, quand Il sera manifesté comme Roi dans Sa gloire. Mais Dieu Lui-même ne fit pas (et en toute révérence, nous pouvons dire ne pouvait faire) l’Église avant d’avoir le second homme, comme Tête glorifiée en haut, et le Saint Esprit envoyé pour former le corps en bas. La mort et la résurrection seules pouvaient être une base suffisante ; le Seigneur Jésus ressuscité et glorifié pouvait seul être la Tête convenable. Ainsi, l’Église de Dieu, sur la terre, n’est pas une provision gouvernementale de religion pour une nation, ni une société arrangée pour tenir et réaliser les plans et les vues particulières du meilleur des hommes. C’est le corps que le Saint Esprit a formé ici-bas pour Christ, lequel, dans Son tout premier principe, Il confesse comme Seigneur. Mais le mode d’opération pratique consiste dans la diversité des dons, quoique par le même Esprit.

Ensuite, nous apprenons « qu’il y a diversité de services, mais le même Seigneur ». C’est-à-dire, le Seigneur emploie l’un pour une chose, l’autre pour une autre ; mais c’est Lui qui agit en tout cela. L’Esprit de Dieu ne prend pas ici la place du Seigneur. Et je doute fort que ce soit là la vraie manière d’envisager l’Esprit de Dieu. Est-ce correct de parler du gouvernement du Saint Esprit ? J’admets entièrement la puissance, l’œuvre et la souveraineté de l’Esprit, et je suppose que c’est cette souveraineté qu’entendent les hommes sains dans la foi quand ils parlent de Son gouvernement. Pourtant il y a danger à s’écarter des formes de saines paroles que fournit l’Écriture — non pas la lettre, mais la vérité et le principe de la Parole de Dieu. Je ne combats pas contre des ombres, mais touchant des réalités ; et je suis sûr que nous trouverons que les paroles de l’Écriture sont les plus propres à exprimer les vérités de l’Écriture. Aussi, lorsque nous nous écartons des paroles, sommes-nous en danger d’affaiblir la vérité elle-même. De plus, il y a eu tendance plus d’une fois, dans l’Église de Dieu, à élever le Saint Esprit, pour ainsi dire, à la place du Seigneur. L’effet qui en résulte est de nous faire sortir de la place de dépendance du Seigneur, tel qu’Il est en haut. Or, en tant que le Saint Esprit agit dans l’homme et par lui, cela porte plus ou moins à mettre l’homme à la place de Christ Lui-même. Tandis que si nous nous tenons à ce que dit et enseigne l’Écriture, il est clair que le Saint Esprit Lui-même, dans l’œuvre de l’Église, ne prend pas tant la place de Tête et de Seigneur que celle de serviteur, prenant soin de tout et glorifiant Christ, quoiqu’Il soit Lui-même une personne divine. Comme le Fils ici-bas prit la place de serviteur du Père pour l’accomplissement des conseils divins, de même le Saint Esprit, quoiqu’Il soit Dieu dans Sa personne, et par suite souverain, pourtant Il daigne, pour la poursuite des conseils de Dieu, s’assujettir en attendant au Seigneur Jésus. C’est ainsi qu’Il imprime le caractère de serviteur sur le saint réellement animé par Lui et conduit par Lui, pour la gloire de Christ. C’est-à-dire que, même si Sa fonction est de gouverner l’Église de Dieu, le Saint Esprit le constitue serviteur dans sa relation avec le Seigneur Jésus. Cela n’est pas de l’orgueil, mais simplement la vraie place d’un serviteur, appelé à gouverner. Il ne peut pas fidèlement abandonner la volonté de son maître, et il peut n’y avoir pas une seule parcelle du moi, en gouvernant ainsi. Là où le moi ou l’homme est ordonnateur, quelle valeur, quelle autorité ou quelle puissance peut-il y avoir ? Mais si un homme est appelé à gouverner d’une manière quelconque, que la sphère soit grande ou petite, il est autant serviteur, non, il n’est réellement que serviteur, s’il poursuit l’accomplissement de ce que le Seigneur lui a donné à faire. Il n’y a là aucune assertion du moi, mais de Christ Lui-même, en Le servant ainsi, quel que soit son don ou sa place. Il y a diversité de services, mais le même Seigneur, comme il y a diversité de dons, mais le même Esprit.

Et encore : « il y a diversité d’opérations » ; il ajoute « mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous ». L’Église n’est pas un lieu où l’homme ait le moindre droit ni où se trouve la plus petite place pour sa volonté. Si Dieu y travaille, le devoir de l’homme est de se retirer, afin que Dieu puisse réellement agir d’après Sa propre volonté. Quel caractère cela imprime à l’Église de Dieu ! Et je m’arrête un instant pour presser cette pensée auprès de ceux qui sont ici présents, non pas auprès de ceux pour qui c’est une vérité tout à fait nouvelle, ou comparativement nouvelle. Je demande aux frères et sœurs ici devant moi : Sont-ce là les vérités qui remplissent nos cœurs ? Dites, quand nous venons chaque jour du Seigneur, quand nous nous réunissons, n’importe quand, pour l’édification ou l’adoration, nous réunissons-nous comme l’Assemblée de Dieu regardant au Saint Esprit, au Seigneur Dieu Lui-même ? J’insiste là-dessus, c’est l’Assemblée de Dieu ou rien du tout. Je sais qu’il y en a qui trouvent fort présomptueux qu’on s’appelle l’assemblée de Dieu. Je vous prie, comment voulez-vous qu’ils s’appellent ? Voulez-vous que ce soit l’assemblée de l’homme ou pas une assemblée du tout ? Voudriez-vous détruire toute responsabilité des saints de Dieu sur la terre ? Pourriez-vous supporter avec calme que Jésus n’eût aucune gloire par vous, quelque pauvrement qu’elle puisse être réfléchie ? qu’il n’eût aucun retour de nos cœurs pour Sa grâce ? que le Saint Esprit pût être contrarié, entravé, supplanté, maintenant qu’Il a daigné descendre pour glorifier Christ dans les saints ? Mieux encore, après qu’Il a une fois de plus réveillé les enfants de Dieu, et qu’ils sont sortis de leurs cachettes et de leur sommeil, refusant d’être empêchés plus longtemps d’aller au-devant de l’Époux ? Et s’ils vont en avant, ne doivent-ils pas se livrer pour faire Sa volonté ? Et comment peuvent-ils mieux la faire que dans ce qui Lui est cher ? Il y a un objet qui Lui est incomparablement plus cher que tout ce qui absorbe les hommes. Que peuvent être pour Lui tous les mondes, comparés à l’amour qu’Il éprouve pour Son Épouse, l’Église qui est Son corps ici-bas ? Cela rabaisserait-il Sa gloire à nos yeux ? Cela affaiblirait-il notre désir d’obéir, parce que nous réalisons en nous-mêmes que notre devoir est de faire Sa volonté, soumis à ce qui nous est demandé pour glorifier Christ ? Loin de nous une telle pensée !

Permettez-moi de vous présenter la chose sous cette forme. Prenez, par exemple, une femme, accordez-lui tous les sentiments d’une épouse, des pensées justes et tendres pour son mari, et lui-même, non seulement un époux de nom, mais digne de tout son amour. Inutile d’ajouter combien une telle comparaison est faible quand nous pensons à Christ et à l’Église ; mais pourtant elle est assez suffisante pour répondre à la question, si l’intimité des relations affaiblit l’amour pour un objet qui en est digne de toute manière. La question seule porte sa réponse avec elle. Il est triste que de telles séductions soient même tolérées un instant par des enfants de Dieu.

C’est un mensonge de Satan, de dire que connaître Dieu comme notre Père en Christ affaiblit notre obéissance ; c’en est un autre de nier le titre des membres de Christ où qu’ils soient. N’est-ce pas clair que les reconnaître comme siens donne essor à l’amour mutuel et inspire de la confiance et de la persévérance à chercher à les servir ? Niez leur place de relation, et avec quelle différence de sentiments vous agirez envers eux ! En vertu de quel principe leur demanderez-vous d’abandonner les voies et les systèmes de l’homme ? Pourquoi, excepté sur cette base, insister sur la bénédiction qu’il y a à se réunir au seul nom de Christ sur la terre, avant d’aller au ciel comme partie de ce que Dieu a appelé Son Église ? Combien ce devrait être repoussant pour le chrétien de voir le monde, souillé de la sanglante culpabilité de la croix de Christ, oser se mêler du corps et de l’Épouse de Christ ! Quelle dégoûtante chose de s’enfoncer dans une société volontaire, dans une secte façonnée et gouvernée suivant des règles d’invention humaine ! S’il en est ainsi, la simple responsabilité de chaque enfant de Dieu est de s’attacher uniquement à ce que Dieu a fait et révélé, ne doutant nullement de la puissance et du vouloir de l’Esprit pour le rendre fidèle.

Mais il y a une autre vérité qui se rattache aussi à cela. J’ai déjà montré, dans une occasion précédente, la présence réelle et permanente de l’Esprit de Dieu sur la terre. Par conséquent, il ne s’agit nullement de former une nouvelle Église ; encore moins une espèce de raccommodage. C’est notre place de reconnaître ce que l’Esprit a formé et n’abandonne jamais. Notre appel est d’agir, par la foi, selon la Parole de Dieu, nous nettoyant de ce qu’elle condamne, et cherchant à être fidèle à ce que Dieu Lui-même a donné ! Il se peut que deux ou trois dans un endroit, deux ou trois seulement, aient la foi pour sentir et agir de la sorte (car la ruine est bien grande) ; mais n’y en eût-il que deux ou trois seulement, même dans une grande ville comme celle-ci, assemblés au nom du Seigneur Jésus, ils ne devraient tolérer rien d’incompatible avec « les diversités de dons », « les diversités de services », et « les diversités d’opérations », au lieu de tout établir, pour ainsi dire, sur le même terrain d’égalité humaine ou de distinctions d’un ordre imaginaire. La vérité et la volonté de Dieu ne peuvent jamais perdre leur autorité sur le peuple de Dieu par suite du changement des circonstances. Le cléricalisme et le radicalisme religieux sont également et entièrement opposés à l’Écriture et à l’action du Saint Esprit. Ce sont des formes différentes et contraires de la volonté de l’homme. L’Église est une institution divine où l’ordre de Dieu doit être suprême, et le Saint Esprit seul peut tout mener à bien selon la Parole écrite. Toute autre chose n’est que l’homme, et il importe peu que ce soit l’homme qui nivelle ses compagnons ou l’homme qui les exalte : l’un et l’autre, ce n’est que l’homme. Quel autre que Dieu possède un droit réel au gouvernement de Son Église ? Si c’est seulement « notre église » ou « votre église », nous ou vous, je l’accorde, pouvons légitimement l’altérer ou l’amender, la rétrécir ou l’élargir comme bon nous semble.

Mais n’y eût-il que deux ou trois saints seulement qui, à cause des droits méconnus du Seigneur Jésus, fussent sortis de ce qui depuis si longtemps s’est éloigné des Écritures quant à l’Assemblée de Dieu, et de ce qui fait fi de l’Esprit Saint, je suis tenu de les reconnaître comme étant sur le vrai terrain de l’Église de Dieu. L’humilité leur sied aussi bien que de profondes actions de grâces, et aussi la honte qu’eux aussi avaient pu être unis au manque général de respect vis-à-vis de la Parole de Dieu et de l’Esprit, le désir de la bénédiction pour tous les saints selon la volonté de Dieu, et une sainte frayeur que leur propre faiblesse ou leur négligence n’attire du déshonneur sur leur témoignage. Je ne veux pas dire, je ne dis pas non plus que ces deux ou trois sont l’Église de Dieu, mais je les appelle, marchant ainsi ensemble, Son Église. N’y eût-il, dans le monde entier, que ces deux ou trois ainsi rassemblés selon la Parole, ils seraient la seule chose de cette nature ici-bas. Ainsi ce n’est pas le simple fait d’être membre du corps de Christ qui constitue l’Église. Sans doute, c’est le titre personnel ; tous les chrétiens sont Ses membres, et de là, leur responsabilité d’abandonner tout ce qui fausse leur relation en matière de conduite, de position ou d’objets ; mais ce qui constitue l’Église de Dieu ici-bas, ce n’est pas que les saints qui la composent soient membres de Christ — cela, sans doute, est essentiel — mais qu’ils soient assemblés et marchent ensemble selon la Parole de Dieu, laissant au Saint Esprit Sa place en action souveraine pour la gloire du Seigneur Jésus. Ce n’est qu’une affaire de circonstance qu’ils soient deux ou trois, ou bien des centaines, des milliers ou des millions. Le nombre des personnes qui se réunissent est un point tout à fait secondaire.

Je le répète, bien qu’il ne s’agisse que de vrais membres de Christ, cela seul ne suffit pas. Ainsi, il peut y avoir un grand nombre de saints réunis ; mais s’ils se sont arrangés, eux ou leurs réunions, comme ils l’ont trouvé convenable, en dehors des Écritures, s’ils ont reçu tel ou tel selon leur sagesse, appliqué leur discipline, reconnu cette doctrine-ci et non celle-là, que serait-ce ? Ni plus ni moins qu’une société de chrétiens plus ou moins excellente, plus ou moins prudente ou active. Et même non pas simplement toutes ces choses, mais une seule d’entre elles étant opposée à la Parole de Dieu — et à la place du Saint Esprit opérant dans l’Église — bien plus encore toutes réunies — détruirait la prétention d’être l’Église de Dieu. Ils n’ont aucun droit réel, vis-à-vis des enfants de Dieu en dehors d’eux. Ils n’ont pas au plus petit degré le droit d’être reconnus comme corps, quoiqu’individuellement ils soient des objets d’amour comme chrétiens. Nul ne doit nier leur place et leur relation propre qui est réellement le vrai terrain d’appel à leur conscience. L’Église, envisagée comme sur la terre, est l’Assemblée des saints où Dieu agit par le Saint Esprit envoyé du ciel : c’est Son Assemblée, et non pas simplement une assemblée de saints. Une assemblée de saints, c’est une bonne chose ; mais s’ils ne sont que cela, ils ne peuvent jamais aspirer, avec vérité, à la place d’Église de Dieu. Ce n’est pas leur présence, mais la sienne, par le Saint Esprit, qui les constitue Son Église. Qu’il est précieux qu’il y ait, sur la terre, des saints bâtis ensemble pour être l’habitation de Dieu par l’Esprit !

Mais de même que pour Christ, le Fils, dans les jours de Sa chair, ainsi de nos jours la place du Saint Esprit Lui est contestée. Quelle pensée à émettre ! Mais n’est-il pas vrai et certain que l’état de la chrétienté maintenant autorise l’emploi de paroles telles que celles-là ? Pouvez-vous dire qu’il soit laissé à Dieu pleine liberté pour agir selon Sa propre Parole ? La responsabilité de cela a été laissée à l’homme, et comment s’en est-il acquitté ? C’est vraiment merveilleux, que, précisément comme Dieu permit à l’homme de faire ce qu’il lui plut de Christ, Il permette à l’homme d’outrager l’Esprit de grâce par la manière dont à présent il traverse et ruine Sa gloire dans l’Église. L’un et l’autre furent commis à la responsabilité de l’homme. Nous savons que le temps approche où l’Église disparaîtra du monde pour joindre sa Tête et entrer, conjointement avec Christ, dans son siège de gloire qui lui est destiné. Devant le monde aussi, nous brillerons dans le temps convenable.

Voici ce sur quoi je voudrais insister avec force auprès du peuple de Dieu comme étant d’une conséquence solennelle que les saints en eussent aujourd’hui le sentiment : Jusqu’à quel point ont-ils reçu dans leur âme, et jusqu’à quel point réalisent-ils dans leur marche la vérité de Dieu en ce qui concerne Son Église ? Si vous dites que vous ne vous en préoccupez pas particulièrement, et que c’est assez pour vous de penser au salut de vos âmes, je vous demanderai : Où est votre cœur pour Christ, et pour ceux qui sont de Christ et pour Sa gloire en eux ? Quelle condition égoïste et servile pour un chrétien ! C’est, je veux bien l’admettre, le résultat naturel de l’enseignement qui prévaut, lequel néglige le « un seul corps » et le « un seul Esprit », pour notre propre salut et celui des autres. Et il porte avec lui son aiguillon vengeur ; car ceux qui acceptent un plan pareil, ne semblent même jamais atteindre, même cette fin égoïste : ils sont condamnés à une incertitude continuelle quant à leur acceptation personnelle avec Dieu, et trouvent — dans la mondanité — un soulagement à leur manque de paix réelle. Quelle différence avec la voie de Dieu qui sauve d’un parfait salut, afin que nous soyons libres pour tous Ses objets, pour Sa gloire en Christ et dans l’Église par-dessus tout ! Chrétien, Dieu vous a-t-Il sauvé pour vous laisser à part de Ses propres desseins et sans un souci pour la gloire de Christ ? Si Dieu vous a montré une telle miséricorde, est-ce que Sa Parole, est-ce que votre cœur, sous l’action de l’Esprit, ne vous dirigent pas à reconnaître et à servir Christ, en apprenant et faisant la volonté de Dieu en une chose aussi précieuse à Christ que Son Église ? Je vous en supplie, considérez sérieusement la chose.

Mais dans ce chapitre (1 Cor. 12) il y a bien plus encore. L’apôtre parle de la manifestation de l’Esprit sous des formes diverses. Elle est donnée à chaque saint, non pour lui-même seulement, mais pour l’utilité de tous. « À l’un est donnée par l’Esprit la parole de sagesse ; à un autre selon le même Esprit la parole de connaissance ; à un autre la foi, par le même Esprit ; à un autre des dons de guérison, par le même Esprit ; à un autre des opérations de miracles ; à un autre, la prophétie ; à un autre, des discernements d’esprits ; à un autre, diverses sortes de langues ; à un autre, l’interprétation des langues ». Ainsi ce chapitre embrasse les dons qui étaient répandus comme un signe pour le monde. Ils étaient dans l’Église, dans les différents membres du corps de Christ ; mais pourtant ce n’était pas pour le profit de l’Église seulement ; il y avait une marque extérieure pour les hommes aussi. Prenez, par exemple, les langues. Quel témoignage de la grâce parfaite de Dieu ! Quel témoignage de l’amour qui ne se renferme plus dans la nation élue, mais qui rencontre maintenant tous les hommes en grâce, là où ils avaient déjà été placés par Son jugement après le déluge ! Les œuvres merveilleuses de Dieu, dans la rédemption, sont proclamées par l’Esprit à toute nation sous le soleil dans les langues qui leur étaient familières. Mais nous avons plus encore. Il est ajouté : « Mais un seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît ». Ainsi est maintenue soigneusement la souveraine action de l’Esprit Saint. Quelle que soit la place de dépendance qu’il Lui plaît de revêtir maintenant, pourtant Il est souverain, agissant comme Il veut ; Il est divin ; Il est Dieu. « Car de même que le corps est un et a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ ». Avez-vous été amenés à Dieu ? Avez-vous cru de cœur et confessé de votre bouche que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts ? Alors vous êtes à Lui pour magnifier Celui qui est votre Sauveur et Seigneur. Reconnaissez-Le comme seul Seigneur. Reconnaissez le Saint Esprit comme le seul qui opère activement dans les saints, dans l’Assemblée de Dieu ici-bas. J’admets que l’Esprit de Dieu, agissant librement en grâce, ne se confine pas à l’Assemblée comme telle. Il peut agir dans les membres de Christ, et Il agit par eux (et parfois même par d’autres), quoique peut-être ils ne soient pas fidèles eux-mêmes, et qu’ils ne soient pas dans la place où Dieu voudrait qu’ils fussent. Aussi n’ai-je pas la pensée de nier un instant que le Saint Esprit travaille et dans le nationalisme et dans la dissidence, et non seulement dans le protestantisme, mais même dans le papisme et les systèmes orientaux de la chrétienté. Mais celui qui apprécie et comprend l’Écriture peut voir que tout ce conflit de sociétés chrétiennes prouve un total éloignement de la Parole de Dieu quant à Son Église.

Ainsi, le protestantisme national n’est pas seulement une invention humaine, mais une invention comparativement moderne. Rien de la sorte n’existait pendant au moins quinze siècles après la fondation de l’Église. Mais continuons. Ne regardons pas uniquement aux corps nationaux, mais là où l’on essaie de réunir des saints sur la base (supposons-le) d’une large mesure de vérité. Est-ce là l’Église de Dieu ? L’Église doit-elle choisir certaines doctrines particulières ? Voyons-nous dans la Parole qu’elle choisit ses propres ministres ? Quand l’Église prend une telle place, elle abandonne, en principe, la sujétion au Seigneur. C’est la femme s’efforçant de prendre la place du mari, au lieu de lui obéir. Rien ne peut être plus simple si nous tenons ferme ce que Dieu Lui-même a établi. L’Église ne confère point de mission, n’enseigne pas ; mais j’admets pleinement qu’elle est tenue de juger, et non seulement quand il s’agit de mal moral, mais aussi de la doctrine, ne tolérant rien de ce qui peut nuire à la vérité ou à la sainteté de Dieu et étant surtout soigneuse de la gloire de Christ. Mais entre cela, et établir un clergé, ou définir des articles de foi, la différence est grande. En considérant l’Église dans l’Écriture, je la vois chargée de l’obligation de maintenir la vérité dont elle est la colonne et le soutien ici-bas. Je ne cherche pas au loin dans le monde pour trouver la vérité. Je sais que la vérité ne se trouve que dans l’Église. Je parle de l’Église comme elle était sous les soins et la direction apostoliques. Son état de désordre n’a pas mis fin à sa responsabilité.

Maintenant, en vérité, il y a un état de choses qui contraste péniblement avec ce qui est présenté dans la Parole de Dieu. Nous voyons grand nombre de corps qui s’appellent telle ou telle espèce d’église. Que doit faire un enfant de Dieu qui désire être humble et pourtant fidèle à Dieu ? Jugez où vous êtes par la Parole de Dieu ; jugez par elle ce que vous faites ou ce que vous sanctionnez par votre assentiment ou même par votre présence. Avez-vous abandonné la communion des saints sur la terre ? Vous cachez-vous derrière l’excuse que vous n’avez rien à faire avec les autres ? — que tout votre devoir est de bien marcher vous-mêmes ? Alors vous abandonnez entièrement le terrain de l’Église de Dieu. Soyez honnête, cherchez et voyez si vous vous trouvez en dehors de la portée des Écritures qui traitent de l’Assemblée de Dieu dans son opération pratique, ou si elles s’accordent avec ce que vous faites. Le Saint Esprit n’est-Il pas tellement enchaîné par les arrangements de l’homme, que les diversités des dons, fussent-ils nombreux et réels, n’auraient aucun moyen de se déployer ? L’Esprit n’est-Il pas contristé par tout ce qui contrecarre Son action ? Le Seigneur n’est-Il pas déplacé d’une manière pratique par l’Église (n’importe de quelle espèce) se permettant d’établir des surveillants et même des ministres de la Parole, au lieu de laisser s’accomplir la volonté de Christ que Ses serviteurs aillent en avant sur Sa propre autorité et trafiquent avec Ses biens ? De quelque manière que vous soyez sortis de ce qui répond à la Parole écrite, vous êtes sortis du terrain de l’Église de Dieu sur la terre.

D’un autre côté, si la foi vous enhardit à être avec ces deux ou trois seulement, là où il y a la joie de savoir que la Parole est appliquée et dirige, au lieu de prononcer condamnation, quelle place heureuse et bénie ! Car Dieu honorera, en Son temps, ceux qui L’honorent. En attendant, la lumière divine brille sur le sentier chaque fois que vous vous réunissez. Elle peut vous montrer votre faiblesse et vos manquements, toutefois c’est la vraie place et le vrai but. C’est la place où Dieu vous veut, où Il prend soin de vous, satisfait aux besoins, envoie des secours en passant, donne tantôt tel serviteur, tantôt tel autre, car « toutes choses sont à vous », et votre âme profite par la vérité et progresse dans les voies de Dieu. S’il y a du mal ici ou là, il est manifesté et jugé (le Saint Esprit agissant à cet effet par la Parole). Puis, qu’il est doux de savoir qu’en fait et en vérité, nous faisons la volonté de Dieu ! Celui qui la fait, subsistera à toujours. Heureux le cœur et la conscience qui ont ainsi la certitude d’être soumis à Jésus tout le long de l’aride chemin.

C’est là ce que l’apôtre désirait pour les Corinthiens. Pratiquement, ils avaient mis la machine entière en désordre, mais il ne la renie pas comme assemblée de Dieu. On peut avoir introduit tout le mal imaginable sous le soleil. Dois-je me détourner de l’Assemblée de Dieu à cause des choses indignes qui peuvent se trouver dans tel ou tel ? Sûrement ce n’est pas le sentier du Seigneur, qui nous dit comment le mal doit être jugé et corrigé. Ce que nous avons à faire, c’est d’appliquer la Parole d’une manière intelligente, et d’agir contre chaque source de mal, à mesure qu’il se manifeste. Sans doute, l’indifférence quant à la volonté du Seigneur n’est pas une chose moins mauvaise que tel ou tel mal que je sens dans les autres. Mais il est aussi contraire aux Écritures de sortir sur-le-champ à cause du péché des autres que de fermer les yeux à son sujet ou de l’encourager. L’assemblée de Dieu ne tolère ni ne doit tolérer le mal, parce qu’elle confesse qu’Il est là. Mais je dois chercher à éveiller la conscience et à agir en obéissance même quant à cela. C’est dans l’Église (et non pas en en sortant précipitamment) que je puis compter sur Dieu pour qu’Il opère dans Ses saints et par eux ; et ainsi quel que soit le mal qu’introduise Satan, la fausse doctrine, ou l’immoralité la plus flagrante, nous ne devons être ni trop surpris, ni refuser notre aide à l’Église dont le devoir est de faire la volonté du Seigneur en tout. Je dois regarder à Lui, en appeler à Lui et compter sur Lui, ensemble avec mes frères, afin que toutes nos consciences soient en activité — soit hommes, soit femmes, soit enfants — et que nous puissions avoir la grâce de mettre dehors tout ce qui offense la gloire de Dieu, si rien d’autre ne peut remédier au mal.

Ainsi ce n’est pas la faiblesse, ni même l’entrée d’un mal positif, quelle qu’en soit la nature, qui doit nous conduire à la séparation, quelque grands et pénibles que soient le chagrin et la honte pour nos cœurs. C’est le refus d’agir contre la chose impure, c’est le rejet pratique de l’Esprit de Dieu s’élevant par la Parole et réprimandant le mal, qui est si fatal. C’est quand la simple volonté propre de l’homme prévaut et est sanctionnée, qu’on préfère les aises, le repos et l’apparence de l’unité, quoique tout ce qui rend l’unité précieuse soit parti — car qu’avons-nous à faire de l’unité, si elle n’est basée et maintenue selon la volonté de Dieu ? Si le Saint Esprit ne peut y mettre Son sceau, si la gloire du Seigneur Jésus n’y est pas maintenue, c’est une horreur et un péché, et cette assemblée n’a aucun droit à mon obéissance. Et rien ne peut être plus simple après tout que l’application de ces principes, quoique l’incrédulité crie hautement qu’il n’y a point d’espoir, et que nous sommes délivrés pour faire ces abominations. Il se trouve des difficultés dans le sentier de Christ, mais la foi surmonte tout. Nous savons que l’Église se compose d’hommes qui, quoique dans l’Esprit, ont néanmoins la chair en eux. Par conséquent, il y a des semences de mal que Satan s’efforce de faire germer et dont il cherche à étendre les effets tout à l’entour d’une manière aussi funeste et aussi contraire que possible à la gloire du Seigneur. Avec le Seigneur au milieu de nous, nous n’avons à nous épouvanter de rien, encore moins devons-nous fuir ce qui est un poste d’honneur et de bénédiction, aussi bien que de difficultés et de dangers. Ceignons nos reins et regardons vers Celui à qui appartient l’Église, et d’où proviennent toute force et toute puissance ! Il manifestera Son précieux pouvoir en notre faveur, et agira contre ce qu’Il hait.

Mais que faire, si un mal subtil, spécialement contre Christ (car tel est le but de Satan), prend le dessus dans l’assemblée — si le remède et le jugement sont refusés — si, pour quelque raison particulière, elle rejette comme inutile, illégitime et présomptueuse, toute tentative pour appeler l’attention sur la sentence que la Parole de Dieu prononce contre ce qui est certainement opposé à Sa gloire et détruit la vérité et la sainteté ? Évidemment, s’il en est ainsi, nous nous trouvons sur un terrain glissant. Mais si le mal flagrant, aussi bien que certain, est tenu caché et non jugé, et que ce qui a pris la place d’assemblée de Dieu s’enferme dans une obstination délibérée et dans la réjection des appels du Saint Esprit à juger ce qui est contraire à Christ, alors nous devons sortir, au nom du Seigneur, avec douleur, peut-être bien avec une honte profonde, et avec des sentiments qui doivent nous laisser un cœur blessé, saignant et brisé en présence d’un mal si triste, mais en même temps, sans hésitation d’esprit, si nous voyons, d’une manière certaine, les signes et les gages des mêmes maux qui ont brisé avant nous de bien meilleurs cœurs que les nôtres. Je le répète, nous devons d’une manière solennelle, et dans la force du Seigneur, détourner nos cœurs de ce qui est une prétention d’autant plus vile, qu’ayant eu la lumière de Dieu à nouveau, on a refusé, de propos délibéré, d’agir selon cette lumière ; qu’ayant eu la grâce de Dieu manifestée de nouveau, on est devenu obstinément sourd à Sa Parole et on a tourné contre Lui Sa grâce en dissolution. Que le Seigneur nous délivre de telles voies, et nous rende toujours sensibles à Sa gloire et à Sa volonté révélée ; mais en même temps, et tout d’abord, soyons toujours prêts à nous croire déçus et peu disposés à croire que Son Assemblée puisse vilement trahir ainsi Son honneur ; n’agissant jamais dans un cas individuel, encore moins vis-à-vis d’une assemblée, jusqu’à ce que nous soyons forcés de reconnaître la certitude triste et humiliante que le saint ou l’assemblée est entièrement infidèle à Christ. La précipitation à mettre dehors des individus, ou à juger ce qui a été reconnu comme l’assemblée de Dieu, est la dernière chose qui devrait caractériser l’enfant de Dieu. Lente et pénible devrait être pour nous une telle découverte, mais que nous ne pouvons pas rejeter, parce que Dieu, pour ainsi dire, la place sur nos consciences ; et alors nous ne pouvons pas fermer les yeux ou refuser d’agir avec fermeté. Je crois que cela peut en aider quelques-uns à apercevoir l’opération de l’Esprit de Dieu, non seulement comme elle est révélée dans la Parole, mais comme Il veut qu’elle soit fidèlement appliquée, quand nous avons à en agir pratiquement avec les difficultés et les devoirs actuels.

Et maintenant quelques mots seulement pour attirer l’attention sur la grande vérité contenue dans le verset 12, que « quoique plusieurs, sommes un seul corps ». Les Écritures vont plus loin encore et disent : « Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit, pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ». Qui peut douter que tout enfant de Dieu maintenant, tous ceux qui ont été appelés par la grâce de Dieu depuis la croix, soient amenés en qualité de membres de ce corps ? Pas un chrétien n’est laissé dehors. Je ne dis pas que tous les saints y entrent de suite, mais qu’il n’y a pas un seul chrétien qui ne soit tôt ou tard baptisé par le Saint Esprit ; et, s’il est baptisé par le Saint Esprit, dans quel but ? Ce n’est pas pour être divisés en individualités. Cela était anciennement l’état des saints en Israël, mais c’est justement pour nous sortir de cet état de choses que le Saint Esprit est descendu. Certainement je ne perds pas ma bénédiction individuelle sous le christianisme — bien au contraire — mais outre cela, il y a un terrain que Dieu nous a donné collectivement en corps ici-bas. J’appartiens au seul et unique corps, à l’Église. Je suis baptisé en un corps par le Saint Esprit descendu du ciel. C’est autant une matière de foi que le privilège d’être enfant de Dieu. Mais étant membre d’un seul corps, est-ce que j’agis comme tel ? Est-ce que je crois que cela est vrai maintenant ? Cela ne dépend-il pas de la présence infaillible du Saint Esprit ? Si cela est vrai maintenant, ne suis-je pas tenu de marcher en conséquence ? Et comment ? Sondez et voyez par la Parole de Dieu, éprouvez vos voies et je n’ai aucun doute du résultat pour celui qui le fera honnêtement — je ne veux pas dire, avec une franchise humaine, mais avec une pieuse sincérité et avec cet œil simple qui ne cherche pas ses intérêts propres, mais ceux de Jésus Christ. Est-il possible qu’il puisse y avoir autre chose qu’un seul et même résultat pour tous les enfants de Dieu qui sont guidés par Sa Parole et Son Esprit ? Il n’y a point de défauts dans l’Écriture, point de manquements dans le Saint Esprit.

Je n’ignore pas que beaucoup supposeront que c’est une insinuation hardie, mais je n’ose pas dire moins ni autrement. En le faisant, je sentirais que je fais peu de cas de la Parole de Dieu, ou que je nie pratiquement la puissance du Saint Esprit. Ce serait l’aveu incrédule de l’insuffisance de la révélation et de la direction présente du Saint Esprit. Ce serait là véritablement une insinuation hardie, et, pour ma part, je la rejette absolument. L’Esprit de Dieu, en nous, n’est-Il pas plus grand que celui qui est dans le monde ? Je n’ose pas admettre que l’Écriture soit la figure de cire que prétendent quelques papistes et tous les infidèles. Et j’affirme que, quoiqu’ayant en lui la chair, pourtant le chrétien n’est pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si toutefois l’Esprit de Dieu habite en lui. Si nous étions simples et soumis aux Écritures, le Saint Esprit pourrait et ne voudrait produire qu’une seule et même conviction. La seule raison pourquoi les chrétiens diffèrent tellement, c’est parce que la chair, non jugée, prévaut contre l’Esprit de Dieu. Je ne blâme pas les autres ; je dis cela contre moi-même aussi sûrement, et, j’espère, avec un sentiment aussi profond, que contre quiconque permet à la chair de prévaloir. Je sens qu’on ne peut pas, qu’on ne doit pas abandonner, ni l’assurance de la présence de l’Esprit, ni la suffisance de la Parole de Dieu maniée par le Saint Esprit. Le Saint Esprit n’est-Il pas ici pour se servir puissamment de cette Parole, pour la gloire de Christ dans le chrétien et dans l’Église, en proportion de la foi ? Par conséquent, ce qui convient à l’enfant de Dieu, c’est de mettre de côté toutes les vieilleries de la tradition et le poids mort de l’incrédulité qu’il reconnaît ; de quitter ce qu’il fait ou tolère en contradiction avec l’Écriture ou qui s’en éloigne d’une manière ou de l’autre, et le met dans l’impossibilité de suivre complètement et en toutes choses la Parole de Dieu par l’Esprit.

Le reste du chapitre, qu’il n’est pas nécessaire de développer, nous enseigne d’abord que le corps n’est pas un seul membre. La variété des membres indique combien ils sont tous nécessaires — principe des plus importants — le pied aussi bien que la main. Ils ne sont pas tous également nécessaires à la même fin ; ils n’ont pas tous la même fonction, ni la même place ; néanmoins ils sont tous utiles, petits et grands. Dans la faiblesse présente et la dispersion de l’Église de Dieu, la main peut être ici et le pied là-bas — dispersés au lieu d’être rassemblés. Les choses sont dans une condition disloquée en ce qui regarde la manifestation extérieure du corps de Christ sur la terre. De là, la confusion et la perplexité qui règnent ; mais Dieu est toujours fidèle et opère encore par le Saint Esprit descendu du ciel, qui est suffisant pour toutes les circonstances. L’Église peut être faible, et le ministère aussi ; mais l’Esprit de Dieu est-Il faible ? Ainsi ce n’est plus qu’une question de foi dans la réalité de la présence et de l’opération du Saint Esprit. Et Il rend forts et emploie des individus comme Il veut pour la gloire de Christ ; mais normalement comme membres de Son corps ; et il est de toute importance d’user de hardiesse et de tenir ferme cette vérité, sans toutefois forcer les autres au-delà de leur foi. Mais qu’y a-t-il de plus aimable sur la terre que d’entrer ainsi de cœur dans les œuvres variées de l’Esprit de Dieu ? Il distribue à celui-ci un don qui diffère essentiellement de celui d’un autre. Il n’y a pas, et il n’y eut jamais deux dons exactement semblables dans l’Église de Dieu, aussi sûrement qu’un homme diffère de son voisin, et, nous le savons tous, il y a quelque chose de particulier à chaque homme. La ressemblance peut être grande, mais il y a tel cachet qui caractérise un homme, que nul autre ne possède ni ne posséda jamais. Il en est exactement de même dans l’Église. Dieu a besoin de ceci ou de cela pour l’œuvre qu’Il nous a donnée à faire. La chair envie et est jalouse ; mais qu’il est doux, là où l’Esprit de Dieu nous donne la foi, de reconnaître ces variétés dans l’œuvre du Seigneur ! D’un autre côté, partout où on laisse agir la nature, elle efface invariablement ces traits divins, assimile autant que possible, par quelqu’opération écrasante, si on peut parler ainsi, et gâte par là les beaux traits et les diverses opérations de l’Esprit de Dieu. Toutefois, il faut passer par-dessus les détails du chapitre. J’ai seulement voulu en retracer, autant que le permettait un aperçu, les pensées dominantes.

Il y a un autre passage sur lequel je voudrais attirer l’attention avant de terminer — Éphésiens 4. Là encore, le corps de Christ est mis en saillie, mais d’une manière bien différente et bien frappante, parce que l’apôtre envisage Son corps, l’Église, non pas comme la scène des opérations du Saint Esprit sur la terre (1 Cor. 12), mais comme lié avec sa Tête, dans le ciel. Là, Christ est si loin d’être décrit comme la Tête — Il l’est, cela va sans dire — que le corps lui-même est appelé Christ (v. 12). Au lieu d’unir Christ à l’Église, envisagée comme un champ où le Saint Esprit manifeste la volonté de Dieu, ici c’est un autre aspect. Christ Lui-même est monté en haut, et le corps de Christ, quoique de fait ici-bas, pourtant, quant à la relation, est envisagé comme un avec Christ en haut. Ainsi, si je regarde à Christ, je suis de suite lié avec le ciel ; si je regarde au Saint Esprit, je suis lié à la terre, comme la place où Il est Lui-même à l’œuvre pour la gloire de Dieu dans l’Église. De là, la différence dans tout le cours de ces épîtres. Les deux vues sont vraies et importantes. On ne doit pas en abandonner ou en négliger une pour l’autre. Je ne dis pas qu’elles agissent toutes également sur les affections, sûrement ce n’est pas le cas ; mais elles sont toutes deux utiles, toutes deux divines, toutes deux révélées pour notre profit et notre bénédiction. Ainsi, ce que nous trouvons comme le sujet principal en Éphésiens 4, c’est Christ la source infaillible de nourriture pour Son corps. Il lui donne des dons — des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs et des docteurs ; mais pas un mot des langues et des guérisons — signes dont nous avons une si grande variété dans 1 Corinthiens 12 et 14. Dans Éphésiens tout est moyen direct de nourriture pour le corps, et envisagé comme découlant de Christ pour les siens, plutôt qu’un témoignage de puissance dans l’Église de Dieu pour le monde. Là, l’Esprit agit puissamment dans ce qui est appelé Christ ; ici, Christ, comme Tête, aime et soigne personnellement Son corps. De là, Christ est aussi proéminent dans un cas, que le Saint Esprit est la grande énergie dans l’autre, agissant comme il Lui plaît dans ces manifestations variées qui sont données à chacun dans l’Église. De là, donc, en Éphésiens, le grand objet c’est : « pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ ».

La vraie et exacte manière dont Dieu voulait que Ses dons fussent déployés, c’est comme membres du corps de Christ. Ainsi, dans 1 Corinthiens 12, ce n’est pas indépendamment de l’Église de Dieu, mais comme membres du seul corps. Cela est vrai, même pour l’évangélisation, fût-ce l’apôtre Paul lui-même, de quelque manière miraculeuse que le Seigneur eût opérée dans son appel, comme le Saint Esprit fit dans la suite. Quand Paul et Barnabas partirent, ce fut comme recommandés par l’Église à la grâce de Dieu. De même ils reviennent et disent à l’Église ce que Dieu a opéré. Ce n’est nullement comme ayant dérivé leur commission de l’Église, qui n’est nullement compétente pour choisir et envoyer le serviteur du Seigneur. Cela a de l’importance. Nous n’avons qu’à le comparer avec la source, le caractère et l’appel du ministère tel qu’il est de nos jours, et la différence est aussi manifeste que complète entre le ministère selon la Parole et le ministère corrompu par l’homme. Je ne nie pas qu’il y ait des serviteurs du Seigneur parmi les ministres officiels ordinaires, mais en même temps il y a ce qui toujours et systématiquement déshonore le Seigneur comme seule source de mission, et entrave l’œuvre ; de sorte que, loin d’être dans un ordre régulier, vous ne pouvez presque rien trouver de plus irrégulier ici-bas. Il y a, je le crois, de vrais et sincères serviteurs de Christ parmi eux, mais alors, pour jouir d’une place officielle, de nos jours, dans la chrétienté, vous devez vous soumettre à dériver votre appel de quelque soi-disant église, c’est-à-dire que vous devez être en effet partie dans ce qui déshonore le Seigneur, et honorer l’église dans sa place d’usurpation, afin d’obtenir une commission ministérielle. Il n’est pas question d’un seul corps : tous s’accordent dans cette substitution coupable de l’Église à la place du Seigneur. Il importe peu que ce soit la plus petite branche de religionistes ; ils sont aussi rigoureux dans leur forme d’erreur que le pape de Rome dans la sienne. C’est absolument le même principe, depuis le corps catholique romain jusqu’à la secte extravagante des Irvingiens. Il n’y a pas une seule exception, à ma connaissance, pas même la Société des Amis. Quoique chez elle il y ait, dans un certain sens, reconnaissance du Saint Esprit, pourtant, comme nous l’avons fait observer dans une méditation précédente, il n’existe pas de corps plus étranger que celui-là à cette vérité.

Je ne désire froisser les sentiments de personne, mais dire la vérité ; et je ne sache pas qu’il y ait un seul « Ami » présent à cette réunion : s’il s’en trouve un, j’espère qu’il me supportera dans ce que je dois dire comme mon témoignage à la vérité. Or, je crois que la doctrine que tout homme dans le monde possède, comme tel, l’Esprit de Dieu, est aussi destructive que quoi que ce soit de la grande vérité relative à l’habitation du Saint Esprit dans le croyant et dans la maison de Dieu. Je ne connais rien de pire — pas même dans la papauté, parce que, d’une certaine manière, la papauté fait entrer le nom de Christ. Ce peut n’être que par quelques gouttes d’eau ; pourtant il y a dans leur fanatique et profondément superstitieux abus de cérémonies, un faible sentiment que l’homme dans sa nature en dehors de l’Église est perdu, et que, sous le nom de Christ seul, les hommes peuvent être sauvés. Jusque-là, il y a ce qui absout la papauté elle-même du manque de respect pour la vérité objective que l’on trouve parmi ces personnes, d’ailleurs si respectables, auxquelles nous faisons allusion. Je n’ai rien à dire contre elles individuellement, mais j’ai tout à dire contre leur opposition à la vraie grâce de Dieu dans la rédemption et au don du Saint Esprit. Qui pourrait nier avec raison que ce soit là une accusation solennelle, si elle est vraie ? Dieu garde que qui que ce soit se serve du retour à cette grande vérité pour se complaire à lui-même ! Au contraire, c’est notre profonde responsabilité. Mieux encore. Nous devrions réellement être honteux à la pensée que nous ne la présentons pas au cœur et à la conscience des autres avec une puissance telle, qu’ils fussent accablés sous le poids de l’anxiété dans la crainte d’être en dehors des voies de Dieu. J’admets que notre manque de spiritualité et de dévouement, notre mondanité et tous les autres tristes éléments qui, soit individuellement, soit publiquement, ont été au milieu de nous, sont les plus grands obstacles possibles ; car toute la puissance de Satan unie à celle de l’homme ne pourrait nous surmonter un instant, s’il n’y avait pas manque de foi, ou infidélité non jugée en nous. Voilà le vrai danger que nous avons à craindre et notre sujet de honte devant notre Dieu. Tenons ferme seulement la vérité que notre Dieu nous a donnée pour en être les témoins aussi bien que pour la croire. Les calomnies du dehors n’ont de puissance que sur ceux qui aiment le mal. Laissons les hommes dire ce qu’ils veulent ; mais pour nous ne tremblons pas, tant que notre œil est simple, notre cœur vrai à Christ et le Saint Esprit notre confiance selon la Parole. Mais quant à Éphésiens 4, un autre point peut être signalé avant de finir. Ces dons sont tous, jusqu’à ce que nous soyons parvenus à la mesure de la stature de la plénitude de Christ. C’est précisément là où est le contraste entre Éphésiens 4 et 1 Corinthiens 12. Il n’y a pas une telle assurance quand il s’agit des signes. Ainsi j’apprends ce qui devrait, à un œil instruit, expliquer pourquoi les signes n’existent plus. Le Seigneur ne s’est jamais engagé à faire continuer les guérisons, les langues ou autres signes extérieurs qui furent donnés à la primitive Église ; mais du moment où vous venez à ce qui est nécessaire à l’édification, aux dons ministériels de Sa grâce nécessaires pour l’appel de nouvelles âmes, ou pour le soin et la surveillance de celles déjà appelées, j’ai l’autorité divine pour savoir que ceux-ci sont donnés « jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ ». Tout ce qui est bon au bien réel dans les circonstances présentes, demeure pour l’Église de Dieu jusqu’à la fin.

Et maintenant, je termine cette partie du sujet, sentant combien j’y ai faiblement pénétré ; mais, en tout cas, j’ai pu, par la grâce de Dieu, diriger l’attention sur ce qui ne fera pas défaut à ceux qui ont la foi en Lui. Puissions-nous chérir la foi en Sa Parole, cherchant à plaire au Seigneur.

Méditation 9 — Une habitation de Dieu par l’Esprit — Éphésiens 2

Quoique j’aie lu ce chapitre en entier, comme un tout, mon intention est de m’arrêter presque exclusivement sur les derniers mots. On va en voir tout de suite la raison. Le Saint Esprit envisage l’Église, non seulement comme le corps de Christ, mais comme l’habitation de Dieu. Le corps de Christ met spécialement devant nous notre communion avec Lui-même, comme Tête dans le ciel. L’habitation de Dieu se lie tout à fait aussi simplement et aussi clairement avec la place actuelle de l’Église maintenant sur la terre. Ce n’est pas la seule différence, mais elle est considérable et importante. Néanmoins, les deux s’accordent en ce qu’il ne peut y avoir ni corps de Christ, ni habitation de Dieu, si ce n’est par le Saint Esprit et sur la base de la rédemption. Comme doctrine, cette vérité est d’une grande importance. Mais elle l’est tout autant pour la pratique. Collectivement aussi, elle décide pour toute âme, réellement soumise à la Parole de Dieu, les limites de l’Église — le temps où commença sa formation. Ainsi l’Église est la conséquence de la rédemption.

Une chose telle que le corps de Christ ou l’habitation de Dieu par l’Esprit, n’exista pas jusqu’à ce que le péché eût été jugé en la croix, et le Saint Esprit envoyé du ciel sur la terre pour la former. Savoir cela est un pas immense pour bien des âmes. Il n’en est pas un dans cette salle qui connaisse depuis longtemps cette vérité ; il y a comparativement peu d’enfants de Dieu qui l’admettent ; et c’est un grand dommage pour eux. Toutefois, ils ne laissent pas pour cela de participer à la bénédiction, car ce n’est pas notre relation, mais notre jouissance de la relation, qui dépend de cette connaissance. Et c’est une grande miséricorde de la part de Dieu. Il en est de celui-ci comme des autres privilèges que confère Sa grâce. Bien des âmes regardent simplement à Christ, et par cela ont la vie éternelle ; mais si vous leur demandez : « Avez-vous la vie éternelle ? », il y aura peut-être une hésitation très grande à répondre ; et même pour ceux qui n’ont pas conscience de cette difficulté, ils n’ont aucune conception suffisante de la nature de la vie éternelle. Ils ne mettraient pas en doute les paroles dont se sert l’Écriture, mais ils connaissent fort peu le caractère, la nature et les conséquences (pour maintenant et pour plus tard) de la vie éternelle. Il en est de même pour la vérité de l’Église de Dieu sous ses deux aspects — son union avec Christ en haut, ou la demeure de Dieu par l’Esprit ici-bas. Dans notre dernière méditation, nous avons effleuré la première de ces vérités ; aujourd’hui nous sonderons les Écritures sur la deuxième, quoiqu’on ne puisse pas faire plus que diriger l’investigateur vers ces parties de la Parole qui développent, avec une certitude divine, l’une ou l’autre de ces grandes vérités. Je toucherai, en passant, quelques-unes des conséquences pratiques, car certainement nous ne goûtons jamais la bénédiction d’une vérité quelconque, ni n’honorons Dieu par elle, jusqu’à ce que, par le Saint Esprit, nous soyons suffisamment éclairés pour moissonner pour nos âmes, et aussi pour cultiver dans notre expérience, dans nos voies, dans notre culte, les fruits de ce que Dieu nous a fait connaître.

Dans les versets que nous avons lus, il est clair que le point auquel le Saint Esprit est arrivé dans cette épître, est le rejet du système juif et l’introduction de quelque chose d’entièrement nouveau sur la terre. Dieu agit d’une manière tout à fait nouvelle et sans aucun précédent : Il introduit des Gentils qui étaient, comme Il le dit, l’incirconcision dans la chair. Mais plus encore ; ayant introduit ces Gentils, qui, avant de recevoir l’évangile, étaient éloignés et étrangers, sans espérance et sans Dieu dans le monde, Il les place, avec les croyants en Israël, ensemble dans une position nouvelle devant Lui. Pourquoi tout cela ? Parce que la rédemption est maintenant accomplie. N’est-il pas étrange que des chrétiens puissent mettre cela en doute ? N’est-ce pas un fait extraordinaire (car c’est un fait) qu’on permette à la théorie de renverser l’enseignement le plus évident et le plus incontestable de la propre Parole de Dieu ?

Toute notre épître, du commencement à la fin, a en vue des chrétiens, et des chrétiens seulement. Si je prends quelque parole isolée je puis, sans doute, l’appliquer aux saints de l’Ancien Testament (par exemple le mot « saints » lui-même), mais je ne trouve pas même une telle expression toute seule. S’il nous est parlé des saints, tout est placé dans de nouveaux rapports. Ainsi, nous lisons dès les tout premiers mots : « Paul, apôtre de Jésus Christ, par la volonté de Dieu, aux saints qui sont à Éphèse, et aux fidèles en Jésus Christ ». Il n’y avait rien de semblable dans l’Ancien Testament. Il ne peut pas être question là d’un fidèle en Christ. Un tel langage eût été complètement inintelligible, et on ne le peut concevoir employé à une telle époque. Non qu’il n’y en eût de fidèles, non qu’ils ne fussent pas des saints, mais on ne pouvait pas les appeler de cette manière. Ils attendaient le Messie conformément à la promesse et à la prophétie. L’Esprit de Dieu, sans doute, n’avait pas manqué de travailler en eux. Il y avait de précieux fruits dans leur saison, mais pas une seule phrase, que je sache, de cette épître eût pu être prononcée à aucun moment, ou par une seule âme dans tout le cours des temps de l’Ancien Testament. Que doit-on penser alors de ceux qui en appliquent chaque mot à toutes les époques ? Simplement qu’ils n’en comprennent nullement la portée. Je ne nie pas qu’ils ne recueillent du bien du Sauveur parce qu’Il est présent à leurs âmes ; ils ont goûté la grâce en Lui ; ils voient quelques-unes des précieuses miséricordes manifestées aux chrétiens. Mais sûrement la profondeur et la nature spéciale des privilèges présents, aussi bien que leur force et leur caractère céleste, sont obscurcis, atténués, émoussés pour leurs âmes par le vague brumeux jeté sur le tout par le triste et faux système d’étendre à tous les saints ce que Dieu a révélé distinctement et uniquement des âmes amenées à la connaissance de Sa grâce, depuis qu’Il s’est manifesté en Christ et que l’œuvre de la rédemption a été opérée. En conséquence, je maintiens que, dans tout son ensemble, notre épître, dans chacune des pensées qu’elle exprime, chacune des phrases qu’elle renferme, envisage exclusivement les saints qui ont été appelés entre l’apparition de Christ dans le monde pour mourir comme victime de propitiation, et Son retour pour les prendre à Lui.

Tout cela n’a pas besoin de commentaire, je suppose, pour la plupart de mes auditeurs. C’est une simple question de foi en la Parole qui ouvre le mystère du Nouveau Testament, et de comparaison de ce langage avec celui de tout l’Ancien Testament qui, nécessairement, est la seule partie des Écritures capable de nous faire connaître avec une certitude entière l’état, la condition, les expériences des saints de l’Ancien Testament. En faisant allusion à ce qui, après tout, devrait être, ici du moins, une vérité triviale et familière, mon motif est de faire remarquer que toute tentative d’atténuer les diversités dans la Parole et dans les voies de Dieu a pour effet d’affaiblir notre appréciation de ce à quoi Dieu appelle maintenant Ses enfants ; et aucune méprise n’a engendré de plus grands maux, quant à la vérité dont nous nous occupons maintenant, que celle de permettre à ces généralités d’effacer la précision de la révélation de Dieu. On croit, par exemple, que c’est l’Église qui a été de tout temps l’objet des voies de Dieu dans ce monde ; que de nos jours elle a un peu plus de lumière, un peu plus de bénédiction (on ne peut pas nier les différences) mais que néanmoins, en substance, c’est le même système du commencement à la fin. Je nie cela formellement ; mais je presse ceux qui n’ont pas encore dûment considéré la question de ne pas recevoir mes paroles, mais de les examiner par la Parole de Dieu. Je les supplie d’examiner par cette même Parole divine ce qu’ils ont jusqu’ici maintenu. Je les prie instamment d’apporter toutes leurs propres pensées et les suggestions des autres sur cette grande question, à la seule pierre de touche que Dieu reconnaisse, aux seuls moyens de lumière et de vérité possibles.

Si nous sommes désireux de soumettre ainsi nos pensées concernant l’Église, comme l’habitation de Dieu par l’Esprit ici-bas, nous apprenons d’abord que l’œuvre de la rédemption est appliquée aux âmes d’une manière complète et sans distinction. C’est-à-dire que maintenant il ne s’agit pas de savoir si un homme est Juif ou Gentil, si cette différence existe dans le terrain sur lequel l’Église est formée — sous son aspect de corps de Christ d’un côté, ou d’habitation de Dieu d’un autre. — Dans les deux cas il est supposé, pour cette nouvelle œuvre, le renversement total de ce que Dieu avait sanctionné et élevé dans les premiers temps. De là, le langage continue : « Mais maintenant dans le Christ Jésus vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix, qui des deux en a fait un, ayant détruit le mur mitoyen de clôture, et ayant aboli dans sa chair l’inimitié ». Ainsi s’évanouit la clôture qui subsistait dans les temps de l’Ancien Testament par ordre de Dieu, « savoir la loi des commandements qui consiste en ordonnances, afin qu’il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau ». C’est-à-dire, non seulement nos péchés sont effacés, et le ciel assuré pour nous plus tard ; mais c’est la formation ici-bas d’une création entièrement inconnue auparavant. C’est la communication de privilèges inconnus et impossibles tant que Dieu avait des relations avec Son ancien peuple, agissait au milieu d’eux et les gouvernait par une loi comme en Israël, « et qu’il les réconciliât (nous est-il dit, en conséquence) tous les deux en un corps à Dieu par la foi, ayant tué en elle l’inimitié. Et étant venu, il a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin, et à ceux qui étaient près ; car par lui, nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit ».

Nous arrivons ici au point qui constitue plus particulièrement notre sujet ce soir. « Ainsi donc », est-il dit, « vous n’êtes plus étrangers, ni forains, mais concitoyens des saints et gens de maison de Dieu, ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin ». Remarquez qu’il n’est pas question ici des prophètes de l’Ancien Testament. L’ordre dans lequel le Saint Esprit a écrit exclut une telle pensée ; car si les saints d’Éphèse « étaient édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes », qu’est-ce qui pouvait être moins naturel qu’une allusion aux prophètes de l’Ancien Testament dans un tel cas, ou dans un tel ordre ? « Les apôtres » sont placés avant « les prophètes ». Plus encore, la construction de la phrase implique une classe commune de personnes qui forment un fondement pour cet édifice que Dieu allait construire. Et à quelle époque ce fondement fut-il posé ? Ce ne fut pas de suite après le péché de l’homme ni dans les temps des anciens que Dieu commença à exécuter cette grande œuvre sur la terre. Nous trouvons ici que c’est plus tard vers la fin du jour, après un espace de quatre mille ans, après la venue et la mort de Christ, que le fondement fut posé (non pas l’œuvre, longue en durée, amenée à la perfection) par les apôtres et les prophètes. La classe commune déterminée par l’article grec nous empêche de songer aux prophètes de l’Ancien Testament qui étaient passés. Les prophètes dont il s’agit étaient présents alors et associés avec les apôtres dans cette œuvre. Et les apôtres et les prophètes, savoir ceux du Nouveau Testament, sont ceux qui posèrent ce nouveau fondement[2] « en qui tout l’édifice » dit-il « bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ». Tel est le résultat final. Ce saint temple sera vu plus tard ; mais remarquez la dernière clause : « en qui aussi vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ». La conclusion que j’en tire est simple et certaine. — Il y a maintenant, avant que le saint temple ait atteint ses pleines proportions, cette œuvre sur la terre, déplaçant le système d’Israël, une tout à fait nouvelle construction qui est véritablement l’habitation de Dieu en vertu de la présence de l’Esprit.

Ainsi les croyants, maintenant, fussent-ils Gentils, par nature, avant de recevoir l’évangile, sont amenés avec les Juifs qui croient maintenant, dans cette habitation de Dieu « en qui vous aussi — parlant aux Éphésiens — êtes édifiés ensemble pour une habitation de Dieu ». De quelle manière ? « Par » ou « dans l’Esprit ». C’est-à-dire que l’Esprit est précisément aussi nécessaire pour l’habitation de Dieu que pour le corps de Christ dont nous nous occupions dernièrement. Toutefois, l’habitation de Dieu, sous quelques rapports, n’est pas une pensée aussi exclusivement nouvelle que le corps de Christ. Nous trouvons, du moins, plus de types distincts de la grande vérité de l’habitation de Dieu au milieu des hommes sur la terre dans les écrits de l’Ancien Testament. Mais, cependant, rien n’était révélé de la réunion du Juif et du Gentil en un seul corps — encore moins qu’ensemble ils composeraient le corps de Christ. Sans doute nous en avons un type dans le mariage d’Adam ou son union avec Ève ; mais cela ne révèle rien de son composé, ne nous dit rien du Juif et du Gentil — distinction à laquelle il n’est pas alors fait allusion — réunis en un. On ne peut faire valoir que le fait, et nous savons que l’Esprit de Dieu s’en est servi lorsque l’Église vint à la lumière, mais rien de plus.

Quant à l’habitation de Dieu, nous n’en avons, comme chacun le sait, aucune trace dans la Genèse. Il n’y en a pas même une promesse. Et c’est d’autant plus frappant que, s’il y a un livre dans l’Ancien Testament qui soit plus qu’aucun autre fertile en germes de vérité divine, c’est le livre de la Genèse. Tous les autres livres mis ensemble, et ce n’est peut-être pas trop dire, ne présentent pas autant de vues variées des voies à venir de Dieu ; pourtant, il y a cette exception remarquable : il n’est pas une fois fait allusion à l’habitation de Dieu, au dessein de Dieu d’avoir une demeure sur la terre. La raison en est claire. Quoique nous voyions le commencement des sacrifices dans la Genèse, quoiqu’il nous y soit parlé d’holocauste, quoique des relations d’alliance soient souvent placées devant nous, il n’y est pourtant pas encore question de rédemption. L’absence de toute allusion à la rédemption est aussi remarquable que celle de toute allusion à la demeure de Dieu dans tout le cours de ce livre merveilleux.

Puis vient le deuxième livre de la loi qui n’est pas aussi remarquable comme présentant de cette manière variée les révélations des voies de Dieu, et Ses conseils qui devaient plus tard s’effectuer en Christ. Mais certainement le livre de l’Exode réclame maintenant notre attention spéciale en tant qu’il nous présente en types la vérité que nous cherchons — premièrement la rédemption, et puis la demeure de Dieu avec les hommes. Nous pouvons ajouter en passant que quoique, cela va sans dire, la loi intervienne aussi, au-dedans de cette loi nous trouvons l’assurance renouvelée de cette même vérité. Ainsi les grandes vérités mises en relief dans le livre de l’Exode sont parmi les choses révélées en Éphésiens 2 et dans le même ordre.

La première partie de l’Exode s’occupe à nous montrer la condition désespérée, misérable, avilie du peuple de Dieu. Grâces à Dieu, non seulement ils crièrent du profond de leur ruine, mais aussi l’Éternel les entendit et s’occupa de leur délivrance. Non content d’envoyer des messages de miséricorde, au temps convenable Il travaille, non pas d’abord en jugement, quoiqu’Il jugeât, mais réclamant Son peuple pour Lui-même. Il envoie Moïse et Aaron, et, comme signes accompagnant leur mission, des plaies par lesquelles Il châtie l’orgueil du monde qui tenait Son peuple en esclavage. Finalement nous voyons le plus remarquable type de rédemption de l’Ancien Testament et cela dans ses deux parties — le sang de l’Agneau avec la mort et la résurrection, la Pâque et la mer Bouge. Toute seule, l’une ou l’autre de ces deux choses eût été insuffisante pour présenter la rédemption qui ne peut être bien comprise que lorsqu’elles sont reçues ensemble. Car si nous considérons la Pâque, nous trouvons, après tout, Dieu jugeant encore ; et il doit en être ainsi : Dieu est armé de puissance, Dieu agit en vengeance sur ce qui était péché ; mais, en même temps, dans Sa propre sagesse admirable, Il procure un moyen de refuge juste pour Son peuple.

Ainsi la vérité la plus proéminente dans la Pâque, c’est Dieu en jugement quoique pourvoyant au salut des siens. La même chose apparaît réellement dans un des aspects de l’évangile. Une des pensées centrales de l’évangile, c’est que Dieu s’y trouve comme juste (Rom. 1, 17). Ce n’est pas seulement la miséricorde. Toute précieuse qu’elle soit, la miséricorde est toute différente de la justice de Dieu, quoiqu’il ne pût jamais y avoir le fondement ou le déploiement de la justice de Dieu sans la miséricorde ; mais ce qui est la gloire de l’évangile, c’est que Dieu s’y montre juste en justifiant. Lorsque le pécheur est reconnu juste, ce n’est pas simplement que Dieu pardonne et montre de la miséricorde, mais qu’Il est juste en justifiant. Il en est de même de la Pâque. Dieu, en cette nuit-là, descendit en jugement sur l’homme aussi bien que sur les dieux de l’Égypte. Il manifesta Sa haine pour le péché comme Il ne l’avait jamais fait avant, et cela d’une manière tout aussi évidente dans Ses rapports avec Israël que dans Ses rapports avec les Égyptiens. Bien entendu, il y eut la mort. Cette nuit-là, dans toutes les maisons d’Égypte, le premier-né était étendu sans vie, et les lamentations déclaraient à tout le pays ce que c’était que mépriser les avertissements du Seigneur ; mais, dans chaque habitation des Israélites, les poteaux aspergés de sang déclaraient aussi véritablement, et d’une manière plus bénie encore, que Dieu est juste et en même temps Celui qui justifie — parlaient d’un substitut, du sang d’un autre ; parlaient de l’Agneau de Dieu et de l’effusion de Son sang.

Toutefois ce n’était pas là toute la bénédiction, même typiquement. L’agneau pascal tenait simplement Dieu dehors, empêchait seulement Son jugement de tomber sur la personne des Israélites. Est-ce en cela que consiste toute la rédemption ? C’est l’opinion d’un trop grand nombre, mais combien elle est loin de la rédemption selon Dieu ! Quelqu’important que cela soit sans contredit, ce n’est pas toute la vérité du sujet, bien s’en faut. C’est pourquoi nous trouvons que Dieu ajoute un autre type comme complément du premier, savoir, la mer Rouge, où la fleur de l’Égypte trouva un tombeau et où Dieu fit passer Israël à travers ce qui semblait devoir être une mort certaine, mais, en vérité, devint un type de la vie éternelle et leur meilleure sécurité. C’est précisément ainsi que le chrétien trouve la mort et la résurrection de Christ. Alors pour la première fois Dieu daigne parler de salut en rapport avec Son peuple (Ex. 14, 13, 30 ; 15, 2). Il ne parle jamais comme étant le « salut » de rien de ce qui avait été opéré antérieurement, quelque glorieux que c’eût été d’ailleurs.

Nous pouvons remarquer, en passant, que c’est une chose nuisible pour les âmes de parler comme étant le salut d’une connaissance non mûrie, partielle de Dieu — je veux dire — connaissance même de l’amour de Christ. Ainsi nous entendons souvent parler ainsi : « Il est vrai, cet homme n’est pas encore heureux, il n’a aucune liberté d’âme ; mais en tous cas il est sauvé ». L’Écriture ne sanctionne jamais un pareil langage. Ce qu’elle désigne comme le salut ce n’est pas simplement une âme convertie ou vivifiée — une âme ayant reçu de Christ ce qui lui permet de se juger et de crier vers Dieu, même avec une certaine mesure d’espoir. L’Écriture réserve le nom de « salut » précisément, quoique pas exclusivement, pour le fait d’être amené dans une liberté dont on a conscience, pour la réalisation de la délivrance actuelle, par l’évangile, de tous les ennemis, par la puissance de Dieu en Christ. Aussi n’entendons-nous parler de salut que lorsqu’Israël arrive à la mer Rouge, et quand par conséquent il y a pleine et entière délivrance du pays d’Égypte et destruction totale de ses fiers ennemis. « Aujourd’hui, dit Moïse, vous verrez le salut de l’Éternel ». Ce n’était pas la nuit de la fête pascale ; c’était le jour où ils purent regarder en arrière la mer Rouge traversée pour toujours. Pour cette raison, il est de la dernière importance de parler sur cela selon les Écritures et de ne reconnaître rien de moins comme salut. Autrement nous n’aiderons pas les enfants de Dieu, comme nous le pourrions, à arriver à une assurance ferme de la puissante victoire de Christ, dont le manque les laisse toujours dans une sorte d’état moitié de vie, moitié de mort, condition d’anxiété et de trouble, au lieu de paix. Il est bien précieux, en effet, pour une âme d’être travaillée profondément par l’Esprit et de découvrir ce qu’elle est devant Dieu ; mais jusqu’à ce qu’elle puisse se reposer, avec simplicité et confiance, sur l’œuvre achevée de Christ, il n’y a là rien de ce que Dieu appelle salut dans son sens complet.

Après que cette œuvre puissante est opérée — pour autant qu’il s’agit du type — alors, pour la première fois, nous entendons chanter Israël. Le cantique de Moïse est entonné de l’autre côté de la mer Rouge. Remarquez particulièrement le langage de ce cantique concernant notre sujet de ce soir. « Je chanterai à l’Éternel, car il s’est hautement élevé. Il a jeté dans la mer le cheval et celui qui le monte. L’Éternel est ma force et ma louange, et il a été mon Sauveur, mon Dieu fort, je lui dresserai un tabernacle ». Comme la vérité ressort d’une manière remarquable ! Le type tout entier de la résurrection aussi bien que de la mort est placé devant nous ; et alors, pour la première fois, nous entendons parler du salut, et immédiatement (aussi loin, sans doute, qu’il s’agit de l’ombre de ces choses) le cœur désire que Dieu ait une habitation. Comment cela se fait-il ? Devons-nous supposer un instant qu’il se trouvât dans ceux qui chantèrent ainsi dans le désert quelque qualité ou une conduite plus agréable à Dieu que ce qu’Il avait trouvé dans leurs pères ou dans d’autres anciens du livre de la Genèse ? C’était tout le contraire. Parmi ceux-là, il s’en trouvait que Dieu avait honorés de la façon la plus signalée, qui avaient été choisis de Dieu pour être les dépositaires de Ses secrets, qui avaient été non seulement exemptés du jugement infligé au monde entier, mais, dans un cas, au moins, élevés au ciel sans passer par la mort, comme dans un autre cas Dieu était descendu pour souper avec Son ami sur la terre. Ai-je besoin de rappeler comme ce dernier fut fait l’objet des promesses — promesses qui ne cesseront de poursuivre leur cours de bénédiction jusqu’à ce que tous les âges soient achevés dans l’éternel repos de Dieu quand le bien et le mal auront chacun leur lot pour toujours, conformément au jugement de Dieu aussi bien qu’à Sa grâce ?

N’est-il donc pas impossible de supposer que ce soit une question de personnes ? Mais c’est justement la raison pour laquelle les merveilles de la rédemption sont mises ainsi en relief. La mort de Christ soit dans le type, soit dans l’antitype explique seule cela ; et je ne crois pas aller trop loin en disant que la rédemption devait l’expliquer. J’affirme que c’est convenable et pas du tout surprenant, après tout, quand nous savons ce que mérite la rédemption et qui a acquis cette rédemption, et comment elle fut acquise ; quand nous savons qu’elle réclamait le Fils de Dieu et qu’Il vint dans ce monde comme un homme, non seulement pour abandonner pour un temps la jouissance de Sa gloire propre, mais pour entrer en grâce dans les circonstances de toute la honte, de la douleur et des souffrances de l’homme, et encore, après tout cela, au lieu d’entrer dans une place de bénédiction et de la gloire, entrer au contraire dans un abîme plus profond, après que l’homme eut fait contre Lui tout ce qu’il pouvait, après que Satan ne pouvait faire davantage : car c’est alors, après tout le reste, que fut résolue une question qui devait se régler entre Dieu et ce Bien-aimé. Et cette question devait être, de toutes, la plus dure pour Dieu, et, en elle-même, la chose la plus éprouvante pour le Fils de Dieu. Car que peut-on comparer à cette heure merveilleuse où le péché dut être jugé par Dieu, et puni dans la plus étrange place dans laquelle il fût possible à l’homme de le concevoir — imputé à la personne du Saint de Dieu, au Fils même de Dieu, par Dieu Lui-même ?

Lorsqu’on réfléchit sur ces choses, peut-on s’étonner que Dieu voie dans la rédemption une valeur si infinie et une place de repos pour Lui-même, que les cieux des cieux cessent, pour ainsi dire, de Le contenir ? Comme si Dieu Lui-même disait : « Il me faut descendre maintenant ; mon Esprit doit habiter où se trouve ce sang précieux ; il ne peut pas rester plus longtemps en haut ». Ce point peut avoir été le point le plus vil de toute la création ; ce peut être ce qui trop souvent éleva sa mesquine tête, dans la rébellion la plus furieuse et en même temps la plus effrontée : mais n’importe ce que la terre peut être ; n’importe ce que le peuple sur la terre peut s’être montré contre Dieu et contre Son Oint, Dieu ne pouvait pas, en vertu de Son estimation des souffrances de Christ, demeurer dans le ciel plus longtemps, mais doit venir trouver Sa demeure sur cette même terre et parmi les membres de cette même race qui L’ont toujours traité d’une manière outrageuse. Selon moi, cela, et cela seulement, peut expliquer la vérité bénie que Dieu a Sa demeure parmi nous sur la terre, ou même la possibilité de Sa demeure sur la terre. La rédemption explique le fait, et le Saint Esprit l’effectue aussitôt que la rédemption est accomplie. Et voilà pourquoi nous voyons dans ce même chapitre, quand le type de la rédemption est accompli, que l’habitation typique de Dieu devient immédiatement désirée sur la terre. Quand la vraie rédemption, la rédemption éternelle, fut un fait, Dieu descendit réellement pour habiter, demeurant pour toujours par le Saint Esprit dans les rachetés. Ainsi, nous ne pouvons rien concevoir de plus harmonieux que les faits typiques d’un côté, ou leur accomplissement réel de l’autre, dans la rédemption éternelle que Christ a acquise pour le chrétien.

Mais une autre chose encore mérite d’être notée. Non seulement, nous avons le peuple exprimant, par Moïse, leur désir commun de préparer une habitation pour Dieu, mais, un peu plus loin, nous trouvons (et c’est aussi digne de remarque) le premier chapitre dans la Bible où la sainteté de Dieu soit présentée. Personne ne soupçonnerait cela ; nul, j’en suis convaincu, ne peut croire, avant de s’être assuré par lui-même du fait, que Dieu ait attendu tant de temps avant de donner une révélation de Lui-même, dans Son caractère saint, dans Ses voies avec les hommes ici-bas. Il y avait, sans doute, une allusion à la pensée de sainteté quand Il sépara le jour du sabbat, et je le mentionne parce que c’est le seul passage qui puisse paraître faire une exception. Ainsi, avant qu’il fût question de péché, Dieu trouva bon d’énoncer dans le jour du sabbat un gage de « ce repos qui reste pour le peuple de Dieu ». Cela vient aussi en sa saison. Mais lorsqu’Il en agit avec l’homme, et que l’homme était de fait devant Lui sur la terre, pas un mot sur la sainteté n’est prononcé avant Exode 15.

Un peu plus bas, verset 11, nous lisons : « Qui est comme toi entre les forts, ô Éternel, magnifique en sainteté, digne d’être révéré ? ». Nous verrons que cela se lie avec l’habitation de Dieu, dans le Nouveau Testament. Je fais simplement remarquer la circonstance frappante : les deux choses sont pour la première fois présentées ensemble en conséquence de l’accomplissement de la rédemption typique. De fait, ce n’est que lorsque la rédemption est accomplie que l’homme peut supporter la pleine révélation de la sainteté de Dieu. Il peut y avoir eu un appel à ceci ou à cela auparavant ; mais évidemment, ce n’était, après tout, que d’un ordre charnel ; ce n’était qu’une relation cérémonielle avec le premier Adam d’une manière ou de l’autre. Mais, dès l’instant qu’il y a le type de la rédemption en Jéhovah accomplissant la délivrance, alors même les Israélites peuvent parler sans anxiété et, dans leur mesure, se réjouir et louer Son nom. Cela va sans dire, ce n’est encore qu’une délivrance terrestre, mais ils chantent la sainteté de Dieu.

À présent, si nous nous tournons vers le Nouveau Testament, dans le chapitre que j’ai déjà lu, nous voyons ce qui répond à tout cela. Ici, nous avons la rédemption opérée. Le Fils de l’homme a donné Sa vie en rançon pour plusieurs ; l’effet qui en résulte est d’amener les âmes, même les plus éloignées, près de Dieu, et cela en parfaite paix — Christ Lui-même en étant l’expression. « Il est notre paix », bénédiction à laquelle rien ne peut être comparé, rien — je ne dirai pas ne saurait être supérieur — mais même s’en rapprocher. Mais, c’est justement là-dessus que nous commençons à entendre parler de l’habitation de Dieu.

Et cette vérité n’est pas confinée à une seule épître. Prenez par exemple, 1 Corinthiens 3. « Nous sommes collaborateurs », dit l’apôtre, « de Dieu ; vous êtes le labourage de Dieu ; l’édifice de Dieu ». L’apôtre parle de sa propre relation avec elle ; il dit : « Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte ». Il est bâti sur le fondement des apôtres et des prophètes. Ainsi ici, Paul prend cette place, et en conséquence, plus bas dans le chapitre, il en appelle à eux : « Ne savez-vous pas, dit-il, que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ». Aussitôt c’est la base d’un ardent appel à la sainteté : « Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple ». C’est-à-dire que ce n’est pas une simple révélation de ce que doit être l’Église dans la suite, mais il parle de faits actuels. Il me semble que nous devrions faire plus attention à cela que nous ne le faisons d’habitude, car il est de la plus grande importance que les chrétiens sachent et comprennent que le christianisme ne se compose pas seulement de doctrines, mais de faits ; et ces faits sont le fondement de la doctrine. Il y a une personne, un homme réellement vivant, qui est né, a été manifesté dans ce monde ; qui a vécu ici-bas, est mort ici-bas, est ressuscité ici-bas, quoiqu’Il soit maintenant allé au ciel ; et cette personne n’est pas seulement le moyen de faire connaître la vérité, mais est Lui-même la substance de la vérité qu’Il fait connaître. Ôtez Christ du christianisme et que reste-t-il ? Et maintenant qu’Il est parti, Dieu réalise le christianisme par une autre personne, savoir le Saint Esprit qui est descendu, qui, au lieu de supplanter Celui qui est monté, est maintenant la puissance pour nous Le faire connaître. Je ne puis réellement connaître, selon Dieu, Celui qui est parti, sinon par Celui qui est venu. C’est Sa présence qui constitue le temple de Dieu. Le Saint Esprit habite dans les saints sur la terre, selon qu’il est dit : « Vous êtes bâtis ensemble pour une habitation de Dieu par l’Esprit ».

À présent, je voudrais demander à mes frères ici présents : Avez-vous pensé à estimer l’immense importance d’un fait tel que celui-là ? Est-ce cela qui remplit vos cœurs jusqu’à déborder, lorsque vous vous assemblez, disons, le jour du Seigneur, ou à quelque autre moment où l’assemblée de Dieu est réunie soit pour adorer, soit pour s’édifier l’un l’autre ? La présence du Saint Esprit vous console-t-elle comme matière de foi ? Comptez-vous sur le Seigneur, comme étant vraiment au milieu de vous ? Ou bien ne pensez-vous qu’à ceux qui composent cette assemblée ou à ceux qui ouvrent leurs lèvres pour l’adoration ou l’édification des saints ? Que penserait-on d’un visiteur entrant dans quelque grand bâtiment, et qui ne s’occuperait que des petits accidents ici ou là ? Il est évident que la portée de tout serait perdue pour lui. Mais combien plus encore lorsque nous réfléchissons qu’il se trouve une personne vivante et divine, présente dans l’Assemblée ici-bas, et qui seule la fait être l’Assemblée de Dieu. Ce n’est pas simplement la foi de ceux qui sont réunis, car leur foi ne faisait pas des saints de l’Ancien Testament l’Assemblée de Dieu. Ce n’est pas non plus leur vie à nouveau, car certainement tous les saints depuis le commencement étaient nés de nouveau, et pourtant, comme nous le savons, jusqu’à la Pentecôte l’Assemblée de Dieu n’existait pas. La seule chose qui pouvait donner à l’assemblée de ceux qui avaient la foi, et par cela même la vie, le titre d’Assemblée de Dieu, c’est la présence, là, de Dieu Lui-même ; et Il est là par le Saint Esprit.

Je dirai plus : Cela est si capital que le fait que quelques personnes non nées de Dieu se sont glissées parmi Ses saints ne détruit pas Son Assemblée. Un tel fait est pénible et humiliant ; mais je ne dois pas m’en alarmer, ni en être trop abattu. Nous devons être peinés d’avoir eu si peu de discernement pour permettre à des âmes, non nées de Dieu, de pénétrer dans l’Assemblée de Dieu. Mais il n’y a rien que Satan ne mette en œuvre pour souiller et détruire l’Assemblée de Dieu. Elle est la chose la plus près du cœur de Dieu sur la terre. C’est la plus grande gloire présente de Christ. C’est à ce corps que Dieu commet Sa vérité. Dieu demande de lui une réponse à Sa gloire morale et à Son caractère ici-bas, et s’Il ne lui a pas donné un pouvoir de miracles infaillible, Il a envoyé Son Esprit pour demeurer avec nous et être en nous pour toujours — Sa propre habitation par l’Esprit. Ce n’est donc pas à cause de telle ou telle qualité qu’Il nous a tant bénis, mais par Son Esprit présent.

À supposer que l’on dût voir le triste spectacle de quelques-uns qui, ayant été amenés, mais n’ayant pas de vie dans leur âme, sortent un jour de l’Église, ceux-là sont capables de devenir les plus ardents adversaires, non seulement de l’Église, mais de Christ Lui-même, haïssant Son nom, et reniant Sa gloire (nous en trouvons de tels en Hébreux 6). Ils avaient partagé des pouvoirs étonnants, nous est-il dit, jusqu’à être faits participants du Saint Esprit. Cette dernière clause est une grande difficulté pour quelques-uns, tandis qu’en bien l’envisageant, elle n’est pas d’un petit secours pour nous aider à comprendre la vérité que nous considérons ce soir. Loin d’être une énigme, cela me semble s’accorder avec la vérité en général et nous donner la clef des faits qui peuvent arriver en tout temps, comme ils sont arrivés depuis le commencement. Ainsi nous trouvons incontestablement qu’il y a des hommes qui se glissent au milieu des saints, et ces hommes, quand ils se détournent, sont d’autant plus mauvais — deux fois morts, comme les appelle l’apôtre Jude — parce qu’ayant pris la place de confesseurs du Seigneur Jésus, ils se sont éloignés de Lui, ont abandonné la vérité avec dédain, l’ont traitée avec le plus grand mépris, et sont devenus des fanatiques infiniment plus violents contre la vérité de Dieu que zélés et ardents en sa faveur en débutant. Ces hommes peuvent avoir eu un grand nombre de privilèges extérieurs, car il y a des miséricordes extérieures et non de médiocre valeur, entièrement en dehors de la vie éternelle. Il n’est pas dit qu’aucun de ces professants eût jamais été vivifié de Dieu. La vie éternelle n’est nullement un privilège extérieur, et il n’est pas question dans la Parole d’un homme qui, ayant une fois été fait participant de la vie éternelle, ait perdu cette vie. Ceux qui sont ainsi vivifiés de Dieu ne retombent jamais dans la mort dans ce sens-là. Il est très possible pour un homme, touché dans ses sentiments et persuadé dans son jugement, de renier le Christ qu’il professait et de ne plus marcher avec Lui, comme ce fut le cas de certains disciples scandalisés par l’enseignement du Sauveur si impitoyable pour la chair et le monde. C’est ainsi seulement que nous pouvons comprendre ces passages d’une manière compatible avec d’autres. Le professant mort par nature, était désormais deux fois mort, comme dit Jude, ayant renoncé à ce qu’il semblait avoir, et étant retourné vers les ordonnances terrestres, ou le péché ouvert — selon le cas — avec plus de charme même qu’auparavant et une haine plus intense que jamais pour ce qu’il abandonnait ainsi ouvertement. Ce son-là les personnes décrites en Hébreux 6 et 10, et de telles désertions, décrites dans l’Écriture, se présentent de temps en temps devant les yeux des chrétiens attristés.

Ainsi la chair peut aller aussi loin que possible dans la profession de la vérité et la possession de tous les privilèges et pouvoirs extérieurs dont il soit permis de jouir, et cela plus encore dans les temps chrétiens que dans les temps anciens. Nous savons, par exemple, que, dans l’Ancien Testament, Saül se faufila parmi les prophètes ; d’autres furent doués de grands pouvoirs par le Saint Esprit qui, alors comme à présent, était le seul agent d’énergie divine et pouvait agir par qui Il voulait pour la gloire de Dieu. Maintenant la grâce de Dieu ouvre la porte, si possible, pour des abus plus faciles, si l’homme ose s’en prévaloir. Il est tout à fait aussi possible aux inconvertis de se tromper qu’à l’Église de Dieu, et de se précipiter dedans, s’arrogeant la profession du nom de Jésus, d’autant plus qu’ils ont moins de conscience. Le Saint Esprit donne maintenant Son sceau personnel, chose qui est particulière à celui qui a la véritable foi et la vie éternelle. Mais tandis que l’Esprit est donné comme sceau, ce serait errer que d’oublier les pouvoirs extérieurs qu’Il confère. Hébreux 6 ne parle pas plus de Son sceau que de la vivification des âmes, ni du gage que le chrétien a en Lui de l’héritage prochain de la gloire. Il y a la plus grande réserve de langage en parlant de tout ce qui pourrait produire une difficulté réelle. Pourtant il y a participation au pouvoir du Saint Esprit. Cela, bien des hommes irrégénérés peuvent l’avoir eu dans les premiers jours de la chrétienté. Peut-on s’étonner que de telles personnes abandonnent le nom du Seigneur, à cause duquel seul de tels pouvoirs leur étaient conférés ?

Cela explique aussi l’état présent de la chrétienté — l’extension de l’habitation de Dieu aux incrédules et aux profanes, qui néanmoins extérieurement portent le nom du Seigneur Jésus, et s’aventurent là où la présence de Dieu est réalisée par le Saint Esprit. Sans doute, là où il y avait de la négligence on pouvait se servir avec légèreté des privilèges extérieurs, comme, par exemple, quant à baptiser au nom du Seigneur Jésus. Toutes ces sortes de choses pouvaient facilement être effectuées irrégulièrement par des hommes, de manière à faire entrer des multitudes de professants inconvertis, comme nous savons que tel fut de bonne heure le cas. En conséquence, ce fut par un ecclésiasticisme latitudinaire pareil, sous des formes variées, qu’il n’est pas nécessaire de développer à présent, que la maison de Dieu, quoique l’Esprit y habitât, fut, par degré, corrompue de toutes manières ; et à mesure qu’une ambition profane rechercha un accroissement d’influence en dehors des intentions de Dieu, l’homme, comme toujours, perdit de vue sa responsabilité solennelle et tourna la grâce de Dieu en licence.

Je voudrais faire observer une autre chose encore qui est, je crois, importante pour juger justement de ce sujet. Nous avons, dans l’Écriture, non seulement la maison de Dieu, selon l’idée divine, décrite à la fin d’Éphésiens 2, mais aussi sa connexion avec le travail de l’homme et sous sa responsabilité, dans le chapitre 3 de la première aux Corinthiens auquel j’ai déjà fait allusion. Il y a même plus que cela, car nous avons une esquisse, demi-morale, demi-prophétique, de ce qui était à l’œuvre, dans une certaine mesure, quand l’apôtre écrivit sa dernière épître (2 Tim. 2) à laquelle il faut que j’en réfère brièvement à cause de son immense portée sur ce qui est aujourd’hui notre devoir. L’apôtre exhorte Timothée à étudier à se montrer approuvé de Dieu et lui parle des profanes et vains babils qu’il devait éviter, mais qui néanmoins s’élevaient à un ton d’impiété plus grand encore. Il parle de personnes qui, par rapport à la vérité, avaient erré, mais il encourage aussi et soutient son fidèle compagnon de service, évidemment trop affecté par les difficultés et les dangers du moment, en lui adressant ces consolantes paroles : « Toutefois le solide fondement de Dieu demeure ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens » ; et « que tout homme qui prononce le nom du Seigneur se retire de l’iniquité ». Mais cela est suivi d’une figure bien animée de ce qui existait alors, et devait se réaliser plus tard d’une manière encore plus littérale : « Or, dans une grande maison, il y a non seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre, et les uns sont à honneur, et les autres à déshonneur. Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié et utile au maître, et préparé pour toute bonne œuvre ». Ici nous avons évidemment une description très exacte d’un état de choses en voie de progrès rapides, quoique devant d’un jour à l’autre avancer plus rapidement encore. Cette condition de grande maison est pleinement réalisée en nos jours : ce n’était que l’anticipation de l’état de pleine croissance de la chrétienté. C’est-à-dire, que nous avons dans ces pays-ci un vaste édifice, où se trouvent des vaisseaux à honneur aussi bien que des vaisseaux à déshonneur.

Que doit donc faire un chrétien ? Doit-il abandonner la grande maison ? Certainement non. Un homme ne peut pas sortir de la grande maison, sans cesser d’être chrétien. Car c’est justement la condition à laquelle est arrivée la profession du nom de Christ. Il ne peut donc s’agir jamais en aucune manière d’abandonner la profession du nom du Seigneur : ce que nous avons à faire, c’est de nous séparer de tout ce qui est contraire à Sa volonté, ne jamais abandonner la profession de Son nom. La profession de Christ est en elle-même la seule position révélée qui soit bonne et complète ici-bas. Aucune autre profession ne peut y atteindre. Elle Lui est aussi assurément due, et c’est une bénédiction pour le saint, aussi bien que son salut, que de la Lui rendre. Car qui peut être sauvé, sinon celui qui invoque le nom du Seigneur ? Et ainsi tout le long du sentier, depuis qu’on est arrivé à Sa connaissance, invoquer le nom du Seigneur, confesser Son nom est évidemment une joie autant qu’un devoir. Ce ne peut donc être bien en aucun cas d’abandonner la maison, caractérisée par la profession du nom du Sauveur. Mais, dans cette grande maison, il y a des vaisseaux à honneur et des vaisseaux à déshonneur. Que dois-je faire ? Il m’est ordonné de me purifier des vaisseaux à déshonneur. Telle est la signification du texte, telle est l’intention manifeste du Saint Esprit, quand il est dit : « Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci » (c’est-à-dire des vaisseaux à déshonneur). Un homme fait cela quand il cesse d’avoir communion avec ce qu’il sait être jugé par la Parole de Dieu, quand il abandonne tout ce qui, par l’invariable témoignage écrit de Dieu, est démontré opposé à Sa volonté.

Si donc un homme se trouve rattaché et soumis à un ministère établi contrairement aux Écritures, ou bien encore prostituant une institution du Seigneur (la cène, par exemple), qu’il l’abandonne de suite ! Le Seigneur ne veut pas que Son serviteur sanctionne ce qui est contraire à la vérité et à la sainteté. Pourquoi, moi chrétien, sanctionnerais-je un ministère qui n’est pas de Dieu ? Pourquoi, par ma présence, m’associerais-je à la profanation de la cène du Seigneur transformée en un sacrement devenu moyen de grâce pour la foule, pour n’importe qui, pour tout le monde ? Celui qui possède tant soit peu de connaissance de la Parole de Dieu, sur l’un ou l’autre point, sait parfaitement bien qu’ils ne peuvent être appuyés par l’Écriture et qu’ils annulent la volonté du Seigneur dans ces graves questions. Dois-je donc abandonner la cène du Seigneur ? Dois-je désormais me passer du ministère de la Parole ? Certainement non, si je suis sage et obéissant. Ce qu’il faut abandonner, c’est l’abus de ces choses. Je dois en avoir fini avec ce qui, n’étant pas selon les Écritures, est manifestement au déshonneur de Dieu. Je ne renonce donc pas au ministère chrétien ; je ne renonce pas à la cène du Seigneur ; mais je juge, selon la Parole de Dieu, autant que j’en suis rendu capable par Sa grâce, quelle est Sa volonté à cet égard. Le même principe s’applique à tous les autres points. Prenez le culte, par exemple ; je dois sonder les Écritures pour juger ce qu’est le culte chrétien selon la Parole de Dieu pour nous maintenant, ainsi que faisait un Juif d’après l’Ancien Testament. Ne suis-je pas tenu d’en agir ainsi ? Ne dois-je pas suivre la volonté de Dieu ?

Quant à la question qui nous occupe — qu’est-ce que Dieu veut que Ses saints pensent relativement à leur position sur la terre ? Qu’ils ne sont rien moins que Son assemblée. Ici donc, nous avons sur-le-champ une pierre de touche des plus précieuses pour découvrir si ce à quoi nous nous tenons rattachés jour après jour, comme Son Église dans ce monde, au milieu de tant de prétentions contraires, est réellement pour nos consciences selon Sa volonté. Ce n’est pas assez pour moi et ce ne devrait satisfaire aucun chrétien, pas même le plus faible enfant de Dieu, de savoir que ceux qui composent cette corporation sont des chrétiens ; encore moins s’agit-il d’arranger des chrétiens en diverses classes de doctrines, comme offrant la meilleure garantie de paix. Quelle présomption ! Qui m’a appelé à arranger les saints de Dieu ? Qui vous a chargé de régler l’ordre de la maison de Dieu ? Qui vous a donné le droit d’établir ceux-là ici et ceux-ci là ? Le caractère et le témoignage de l’Église de Dieu sont détruits par tout arrangement pareil. Supposé que toutes les âmes en communion professassent exactement mes vues ou les vôtres sur tous les points, je regarderais cela comme une grande calamité pour l’Église de Dieu. Quelle mesure pourrait-on imaginer plus efficace pour effacer la vérité, que nous sommes l’Assemblée de Dieu ? Qu’est-ce qui peut être mieux calculé pour produire une fausse appréciation de l’état des saints, que de les voir tous ainsi ligués ensemble, avec des vues identiques ; tous absolument remplis des mêmes pensées ; satisfaits les uns des autres, et méprisant ceux du dehors qui n’ont pas les mêmes sentiments ? Même en supposant que toutes les vues professées sont justes et que les choses faites sont conformes à la pensée de Dieu, à mon avis, un pareil tableau ne répond ni à l’Écriture, ni à l’amour de Christ.

Frères, permettez-moi de parler ouvertement. L’Église de Dieu n’est pas une citadelle pour les forts seulement, ni une niche pour les sages et les intelligents seuls. Ce n’est pas un fronton pour ceux qui sont arrivés à une certaine maturité de sainteté, encore moins de connaissance. Il veut que je contemple toujours tous les saints (excepté ceux qui sont dans le péché ou la fausse doctrine). Je suis si loin de considérer l’école éclectique comme répondant à la pensée du Seigneur, qu’à mon point de vue, elle gâte et fausse entièrement la vérité que Dieu a fait connaître sur Son Église. Ce que je trouve là, c’est le corps de Christ, et, sans doute, les divers membres à leur place. Il y a des pieds aussi bien que des mains. Le faible a son usage aussi bien que le fort, et tout comme il plaît à Dieu de donner et d’ordonner. Comme l’enseigne l’apôtre au cœur large, les parties les moins honorables, au lieu d’être laissées en dehors, sont traitées avec plus d’honneur par cela même qu’elles sont en danger d’être méprisées. Telle est la voie de notre Dieu, telle Sa volonté expresse. Avons-nous appris à nous incliner ? Ceux qui sont forts doivent porter les infirmités des faibles au lieu de se complaire en eux-mêmes. Le rationalisme religieux peut penser qu’il vaut mieux n’avoir que les forts, ceux-là seuls qui ont la même pensée, ou qui ont atteint un certain point de vérité donnée. Mais est-ce là Christ ? L’Église de Dieu devrait être devant nos cœurs telle qu’elle est dans Sa Parole. Du moment que nous cherchons à façonner ou même à désirer dans nos cœurs quelque chose de différent de ce qu’Il nous a donné, il y a un cachet d’insoumission empreint sur la pensée, et il en résultera la confusion partout où on aura cherché à réaliser la théorie. Et ainsi, frères, je suis persuadé que c’est la volonté de Dieu à notre égard, particulièrement dans l’état actuel de ruine de l’Église, que celui qui est le plus affermi dans la sagesse divine cherche tout spécialement à chérir l’ignorant et le faible quelque peu qu’ils aient atteint — qu’il cherche à marcher envers tous les saints selon l’amour de Christ pour l’Église. Assurément Christ chérit, non seulement les membres de Son corps les plus dignes et les plus honorables, mais l’Église comme un tout : Il chérit le plus, s’il peut exister des différences, ceux qui ont le plus besoin de Son amour. Devons-nous, ou non, avoir communion avec Lui en cela ?

C’est absolument de la même manière que, pour ce qui est de Son habitation par l’Esprit, Dieu contemple en cela Son Église entière ; Il contemple tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur. Ici, naturellement, en Éphésiens 2, ceux qui portent vraiment Son nom y ont part, mais en est-il de même pour ceux qui invoquent un faux Christ ? Assurément, pas le moins du monde, si ce n’est pour le jugement. Dans l’état présent de la chrétienté, il y a des vaisseaux à déshonneur. Dois-je m’unir à eux ? Cela m’est défendu par l’Esprit Saint : « Si quelqu’un donc se purifie de ceux-là ». La communion avec des vaisseaux à déshonneur est un mal. Je suis appelé à me séparer de tous ceux qui sont tels, si je ne puis pas les faire séparer de ce qui porte le nom du Seigneur. Autrement, je fais partie du mystère d’iniquité, car si un chrétien continue à être en communion avec un mal reconnu, c’est, pour ainsi dire, reconnaître que Christ a communion avec Bélial. Quelquefois c’est l’admission d’un mal de doctrine ou de pratique, quelquefois c’est une indifférence qui ignore la présence du Saint Esprit ou neutralise Ses opérations dans ce qui porte le nom de Christ ici-bas. Mais quelles que soient les formes particulières du mal toléré, qu’on n’a pas la possibilité de juger, un homme doit s’en purifier. Là se trouve le devoir clair et positif. Vous n’êtes pas présomptueux en agissant de la sorte ; vous n’assumez nullement une autorité usurpée ; vous n’êtes qu’obéissants. Ce n’est pas une question d’élévation, mais d’obéissance à Dieu. Il est obligatoire pour tout homme qui invoque le nom du Seigneur de se retirer de l’iniquité. Et, au lieu de laisser l’occasion indéterminée, au lieu de rejeter un chrétien sur sa propre pensée ou son cœur pour juger de ce dont il doit se séparer, voici la demande explicite du Seigneur : il doit se purifier des vaisseaux à déshonneur quels qu’ils soient et où qu’ils soient. Si des personnes, portant le nom du Seigneur (et ainsi Son nom dans leur personne), s’adonnent au péché, ce sont des vaisseaux à déshonneur, et le chrétien est tenu de s’en éloigner et se maintenir pur. C’est la ligne de conduite prescrite en un état de corruption de la chrétienté aussi sûrement que d’autres passages traitent de cas individuels comme objets de discipline pour l’Assemblée. Le désir de paix ou d’unité ne devait jamais laisser porter atteinte au caractère de Christ qui ne doit être compromis à nul égard. Le saint ne peut pas abdiquer sa responsabilité. Le premier devoir est de rendre au nom de Christ ce que nous lui devons. Nous ne pouvons jamais sanctionner le mal ou fermer les yeux à son sujet.

Et ce n’est pas non plus, permettez-moi de le dire, une question de torts flagrants seulement. L’Église, étant l’habitation de Dieu, doit être intolérante pour tout ce qui ne convient pas à Sa présence, quoique nous ayons aussi besoin de patience ; et qui est aussi patient que Dieu ? Mais Il veut être sanctifié dans tous ceux qui L’approchent, et au milieu desquels Il habite. Tout ce qui est contraire à Sa parole doit être jugé. À supposer qu’il n’y eût, comme disent les hommes, qu’un peu de mal, dois-je lier Son nom et Sa présence, pour ne pas parler de moi-même, même avec un petit mal ? Loin de nous une telle pensée ! Non que nous soyons appelés à nous séparer pour toute faute, mais nous ne devons jamais participer à ce qui est contraire à Dieu, mais par la grâce de Dieu nous en tenir toujours purs. En même temps, la manière dont cela doit être fait doit être déterminée par la Parole de Dieu. Par exemple, tout frère digne de censure ne doit pas être éloigné de l’assemblée, mais bien ceux qui sont coupables de méchanceté (1 Cor. 5) ; mais en aucun cas, un chrétien n’est tenu de cheminer avec ce qu’il sait être offensant pour Dieu. De plus, nous avons à nous juger, de peur d’être trop prompts à imputer le mal. Dieu veut que Ses enfants soient lents à soupçonner, à parler, à agir dans de telles circonstances. Hélas ! comme nous sommes prompts à imputer aux autres le mal que nos consciences nous reprochent à nous-mêmes !

D’un autre côté, notre encouragement et notre consolation, aussi bien que notre source de responsabilité, c’est que Dieu habite en nous, comme Son habitation par l’Esprit. Nous pouvons et devons compter sur cela, assurés qu’Il nous aidera, nous entendra, se montrera pour nous ; et ainsi, quelle que soit la difficulté, quel que soit le chagrin, quelle que soit la honte, ayons cette confiance — Dieu habite dans l’Assemblée qui est Son temple. Elle peut être dans un état bien humble, elle peut être seulement (comme les choses le sont réellement) représentée dans tel ou tel endroit, par deux ou trois individus seulement. Même une seule âme peut être obligée de se tenir à l’écart toute seule ; il peut même ne pas y avoir de sentiment suffisant de la vérité pour produire ce résultat ; mais je n’en tiens pas moins comme un axiome chrétien fixe et fondamental, qu’il n’y a pas de circonstance possible où un membre de Christ soit obligé d’avoir communion avec ce qui est contraire à la volonté de Dieu. Il peut y avoir lieu à de sages et fermes remontrances, à attendre patiemment, mais tolérer le mal connu, jamais ! Ce n’est pas la somme du mal (comme nous l’avons déjà fait remarquer) qui détruit la qualité de temple de Dieu, mais la sanction réfléchie d’un mal connu, ne fut-ce pour toute forme extérieure qu’une simple indifférence. Cela détruit son caractère, autrement ce serait supposer indifférent Dieu Lui-même qui y habite. Lorsque ce qui porte le nom de Sa maison se rend coupable d’associer ce nom avec un mal toléré, tout est fini avec elle. La question alors est simple quoique pénible (non sans de vifs appels à la conscience de ceux qui demeurent) : il faut abandonner ce qui a cessé d’être, en quelque sens que ce soit, une vraie représentation de Dieu. Quel droit pourrait-elle avoir encore sur la foi de Son enfant pour le retenir ?

Cela est évidemment de la dernière importance. Cela fait de la question d’église une question de jugement selon la Parole de Dieu par Sa présence. La profession et le préjugé, la tradition ou la volonté humaine sont également sans portée et de nulle valeur. Cela devient chose extrêmement sérieuse de reconnaître ou de méconnaître une assemblée comme assemblée de Dieu. Celui qui le fait faussement ou légèrement abuse ou se joue du nom de Dieu. Que cela est différent d’une dispute ecclésiastique ! Au lieu d’un homme jugeant selon ce qu’il pense devoir être dans l’Église, au lieu de ses propres sentiments et pensées sur elle, c’est Dieu qui est le critérium. Comme c’est saint et juste ! Certainement Sa Parole est la pierre de touche, et Son Esprit la puissance ! Ainsi, où se trouve la foi simple, Dieu apparaîtra, entendra le cri et viendra en aide : rien ne peut être plus simple et en même temps plus certain. Il rendra le sentier manifeste.

Nous pouvons observer une autre chose : l’Église, cela va sans dire, peut commettre des erreurs. Les mesures prises dans la discipline peuvent être trop promptes, trop lentes ou erronées. De fait, il en est de même avec l’habitation de Dieu, par l’Esprit collectivement, qu’avec le chrétien individuellement. Si les saints sont le temple de Dieu, le saint individuellement l’est aussi. Or, personne dans son bon sens ne peut maintenir qu’un chrétien est exempt de mal ou de méprises, parce que le Saint Esprit habite en lui. C’est exactement le même principe pour l’Assemblée de Dieu. Pour elle le même danger existe. Elle peut dans la pratique, humainement parlant, en être gardée en proportion des hommes de Dieu qui s’y trouvent. Cet homme-ci ou celui-là peut facilement errer ; mais il serait difficile de supposer qu’au milieu d’une assemblée fidèle il ne s’en trouve pas un seul qui regarde au Seigneur de manière à comprendre Sa pensée. Pourtant, c’est possible ; et particulièrement là où l’influence dominatrice d’un ou de plusieurs affaiblit le sentiment que doit avoir l’assemblée de sa dépendance de Dieu. Il est évident qu’un faux principe, une fausse position ou même une simple précipitation peut exposer une assemblée de Dieu à mal agir. Aussi, n’y a-t-il rien d’aussi important, quel que soit le serviteur ou les serviteurs de Dieu à l’œuvre, comme de se bien mettre dans l’esprit que la seule sauvegarde est que Dieu est là. Il peut trouver bon de corriger le plus sage de Ses serviteurs, sur la terre, par un tout faible enfant.

Par conséquent, nous devons nous tenir résolument et avec vigilance à ceci, que l’Église n’est pas l’assemblée, même d’un Paul, bien moins de vous et de moi ; c’est l’Assemblée de Dieu. Donc, dans un cas de discipline, par exemple, ce serait la destruction de cette assemblée si les mesures prises devaient être établies pour elle d’une manière déterminée par lequel que ce soit de Ses serviteurs. Quiconque connaît la Parole de Dieu concernant les besoins ou les difficultés pratiques de l’Église, doit reconnaître l’immense valeur du secours de ceux qu’Il a donnés pour guider et régler. Il y a autant règle qu’enseignement, et l’Église abandonnerait ses propres grâces si elle méprisait le secours de l’un ou de l’autre. Sans doute, quelques-uns ont de grandes capacités spirituelles et de grandes expériences des âmes, et sont capables, comme règle générale, de juger justement sur de telles choses, plus que ceux qui sont moins doués ou versés en ces matières. Néanmoins Dieu est jaloux et il doit être laissé place pour Sa propre et libre action dans Sa propre Assemblée jusqu’au dernier moment. Là où il n’y a point de place pour réviser ce que des individus ont pu juger, où il n’est pas laissé de pouvoir à l’Esprit pour mettre de côté, par le plus faible membre de Christ présent, le jugement du meilleur des guides, je n’ose pas plus appeler cette assemblée, assemblée de Dieu qu’aucune autre société quelconque de croyants sous le soleil.

Ainsi, il ne s’agit pas simplement de doctrine pure ou de précieux saints ou de grands dons. Ce sur quoi j’insiste est plus grave encore. J’admets toutes ces choses à leur place, mais la vérité fondamentale à saisir et à maintenir toujours et en toutes circonstances, c’est que l’Église, même maintenant, est la propre Église de Dieu ; et Dieu, parce qu’Il est là, maintiendra Son action souveraine. Il peut répandre de nouvelles lumières ; Il peut corriger les plus expérimentés, sur lesquels on s’appuie trop, par qui il Lui plaît. Il doit toujours y avoir cette réserve gardée ; car Dieu ne permettra pas que nous nous glorifiions dans la chair ; plus encore, Il ne permettra pas que nous nous glorifions dans les dons qu’Il nous a donnés Lui-même. Il nous convaincra, quelque reconnaissants que nous puissions être pour tous les fruits de Sa bonté, quelle que soit la manière dont nous Le bénissions pour tout ce qu’Il nous a donné, que l’Église est à Dieu, qu’Il aime à être reconnu, et qu’Il fera sentir Sa présence dans l’assemblée qui a foi en Lui.

La foi aime à savoir et à voir Christ au milieu des siens ; et cela dans le jour le plus sombre, quand même deux ou trois seulement seraient réunis en Son nom. Et, regardant ainsi à Lui, l’Esprit manquera-t-Il de nous guider ? Je ne le crois pas ; pourtant j’admets librement que, soit la trop grande confiance dans un conducteur, soit la jalousie d’un conducteur, soit toute autre œuvre de la chair, ou la hâte de l’incrédulité, soit relâchement, soit propre justice, puisse pratiquement séparer l’assemblée de la pensée de Christ dans quelque cas donné. Ainsi, l’assemblée, aussi bien que l’individu, doit toujours être laissée ouverte pour la correction de l’Esprit par la Parole écrite. Si elle vient de fait à manquer, l’humiliation lui convient aussi devant le Seigneur qu’elle a déshonoré.

Le temps m’empêche d’aborder d’autres passages maintenant ; en vérité, je sens combien le sujet a été imparfaitement traité. Pourtant, j’ai désiré indiquer quelques résultats pratiques, aussi bien que cette vérité que nous sommes l’habitation de Dieu, par l’Esprit. S’il plaît au Seigneur de se servir de ces aperçus pour disposer les Siens à examiner pour eux-mêmes Sa Parole sur ces points, ils verront avec surprise combien Son témoignage repose largement sur cette vérité.

Méditation 10 — Apocalypse 1, 4, 5 ; 19, 10

J’ai lu ces deux portions de l’Apocalypse, afin de faire ressortir le contraste de l’aspect de la vérité telle qu’elle nous est présentée par le Saint Esprit dans le dernier livre du Nouveau Testament, avec le témoignage des épîtres. Notre méditation aura donc ce soir un caractère quelque peu vagabond ; car, au lieu de m’en tenir à une portion particulière des Écritures, je m’efforcerai de rassembler, d’une manière quelque peu étendue, un certain nombre de passages épars dans les épîtres, et tout particulièrement dans celles de saint Paul, que nous n’avons pas encore considérées ou que nous avons parcourues dans un but différent. Après avoir jeté un regard rapide sur ces lumières éparses, je m’efforcerai de les mettre en regard avec ce que l’Apocalypse nous fournit sur le même sujet.

La Saint Esprit est toujours présenté, dans n’importe quelle portion de l’Écriture qui traite de Lui, selon le caractère du but qu’Il se propose dans cette même portion. Cette remarque ne s’applique pas plus à un sujet qu’à un autre, elle est aussi vraie en ce qui concerne le Saint Esprit que pour toute autre doctrine. Ainsi, par exemple, nous avons vu que la justice est le sujet de l’épître aux Romains et particulièrement la justice de Dieu. De là vient qu’il n’y a pas un seul mot sur le Saint Esprit jusqu’à ce que la doctrine de la justice ait été parfaitement éclaircie. La première allusion qui Lui soit faite, dans cette épître, ne se trouve qu’au chapitre 5, comme à vrai dire aussi, la première mention de l’amour de Dieu en rapport avec Lui, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer. « L’amour de Dieu, dit l’apôtre, est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné ». Ainsi la question entière de nos péchés et du jugement de Dieu contre eux, du péché et de la délivrance du péché, fut pleinement résolue avant que l’Esprit de Dieu fût Lui-même introduit. Il n’était pas convenable d’ouvrir l’œuvre qui doit continuer dans le cœur jusqu’à ce que Dieu se fût montré pleinement satisfait dans la rédemption et la résurrection de Christ. Mais c’est dans le chapitre 8 (c’est-à-dire, quand non seulement le sujet de nos péchés, mais celui du péché ont été pleinement discutés) que l’apôtre se lance dans une ample exposition doctrinale — la doctrine de l’Esprit envisagé à la fois comme condition, état du chrétien, et aussi comme personne qui demeure dans le croyant.

Mais comme nous avons déjà considéré cette vérité, je me contente d’y faire allusion. Laissez-moi seulement rappeler le fait, que tout est envisagé du côté de la justice, et cela d’une manière pratique, dès que tout est au clair quant à la justice de Dieu. « La loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ; car ce qui était impossible à la loi en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché et pour le péché a condamné le péché en la chair, afin que la justice de la loi fût accomplie en nous qui ne marchons point selon la chair, mais selon l’Esprit ». C’est de cette manière seulement que la justice de la loi pouvait être accomplie dans le saint, maintenant et dans un temps quelconque. C’est en marchant selon l’Esprit. Le croyant est d’abord rendu libre comme étant en Christ devant Dieu. Il doit y avoir liberté, aussi bien que vie ; et fondés sur cette justice, le dessein et le but de la loi sont accomplis dans le saint. Ce n’est pas exactement par le croyant ; encore moins est-elle accomplie pour le croyant, pensée qui est aussi dénuée de fondement, qu’elle mérite une qualification plus sévère. Elle est accomplie en nous, et par cela même, est une chose plus intrinsèque que si c’était simplement par nous. L’amour, nous est-il dit autre part, est l’accomplissement de la loi, et le Saint Esprit opère cela en nous comme possesseurs d’une nouvelle nature, et pouvant maintenant traiter le vieil homme comme jugé dans la croix. La nouvelle nature se manifeste dans son amour pour Dieu et pour l’homme ; et ainsi la justice de la loi (poursuivie en vain sous la loi) est accomplie en nous qui marchons selon l’Esprit. C’est le déploiement de ce qui est en harmonie avec la nature morale de Dieu, qui est ainsi accompli dans l’exercice du nouvel homme, par la puissance du Saint Esprit.

Cela fait voir combien la manière dont le Saint Esprit et le caractère de Son opération dans le croyant y sont présentés, est entièrement déterminée par le but de l’épître. Ayant proclamé d’abord la ruine de l’homme comme nécessitant l’évangile et la justice de Dieu telle qu’elle y est révélée, l’apôtre en vient maintenant à la réponse de justice pratique dans les enfants de Dieu, et le Saint Esprit prend Sa place, en rapport avec l’une et l’autre. Quand la question de la justice est pleinement éclaircie, il peut être fait librement mention de l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs et, plus loin, le Saint Esprit est manifesté comme une puissance, qui non seulement déplace le péché, mais la loi, comme pierre de touche extérieure qui ne peut, en aucune manière, rendre des êtres tels que nous capables d’effectuer une justice intérieure et pratique.

Dans la première épître aux Corinthiens, le Saint Esprit nous est présenté sous un aspect tout à fait différent, et avec une plénitude remarquable. Ce qui avait donné lieu à l’apôtre de l’écrire, c’est la manière dont la chair était à l’œuvre dans l’église de Corinthe où elle opérait sous toutes les formes possibles, excepté le légalisme. On y était trop relâché pour aimer la loi, mais leur état charnel était si grand qu’il n’y avait aucune puissance dans la loi, pour y remédier : la loi ne peut que condamner celui qui est charnel. Christ seul peut remédier à un mal pareil, et à tout autre mal, mais Christ aussi, rendu efficace par la puissance du Saint Esprit. De là vient que nous trouvons dans cette épître la sagesse de l’homme jugée d’abord par la croix (chap. 1) et ensuite supplantée par les communications de l’Esprit de Dieu. Ces communications qu’il relève dans le chapitre 2 sont présentées comme étant des révélations faites par l’Esprit, et rendues en paroles que le Saint Esprit donnait, comme Lui seul est pour l’homme la puissance pour les recevoir. Ainsi le Saint Esprit donnait la vérité, les paroles qui l’expriment et la capacité pour s’incliner et comprendre. Le Saint Esprit, au fait, s’occupe de toutes choses quant à la vérité de Dieu qui n’est bien vue qu’en Christ Lui-même. Il est donc évident que les Corinthiens, qui voulaient introduire quelque sagesse humaine dans l’espoir de rendre l’évangile plus agréable à la chair, étaient complètement en défaut, et de fait, en opposition avec la pensée de Dieu.

Puis encore le chapitre suivant (3) montre, quoiqu’il soit inutile d’en beaucoup citer, comment le Saint Esprit est envisagé comme ayant constitué les croyants en un temple de Dieu. Cela est présenté comme un fait positif ainsi que la sérieuse responsabilité qu’il y a à se mêler du sanctuaire de Dieu et à y faire entrer, soit des bagatelles de nulle valeur, soit une souillure positive ou un mal destructeur. « Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira ». Mais à supposer même qu’un homme ne corrompît pas le temple de Dieu, dans toute la force du mot, s’il introduisait des matériaux sans valeur, tout son travail serait perdu et brûlé ; quant à lui personnellement il serait sauvé, mais ce serait comme un homme à travers le feu. C’est une figure, mais une figure bien instructive, intimant l’application du jugement de Dieu sur l’œuvre, quoique l’homme lui-même puisse échapper.

L’application suivante, et bien solennelle, de ce don du Saint Esprit, concerne le corps du croyant. Ce n’est pas actuellement que les chrétiens constituent ensemble le temple de Dieu, mais que le corps de chaque chrétien est Son temple. C’est une des vérités capitales du christianisme ; car les Corinthiens tombèrent dans cette erreur qui s’est perpétuée de nos jours, à savoir, que pourvu que nous soyons dans un bon état intérieurement, le corps est sans conséquence — que nous ne devons pas être trop difficiles pour les choses extérieures, parmi lesquelles vient, cela va sans dire, le corps, comme instrument de l’activité extérieure de l’homme. Pour de tels esprits, être occupé du corps semblait être une pensée charnelle ; pourquoi ne pas insister sur l’homme intérieur ? Que tout aille bien pour l’âme, et nous pouvons en sûreté laisser tout le reste. Pas du tout, dit l’apôtre Paul ; le Saint Esprit se plaît à habiter dans l’homme et fait Son temple, non pas de l’âme, mais du corps. Si le corps est consacré au Seigneur, s’il est mis dans un état de séparation par la puissance du Saint Esprit, tout ira bien pour l’âme. Mais il se pourrait qu’on trouvât des prétextes, qu’on alléguât des excuses pour laisser le corps s’adonner librement à la sensualité, ou à une méchanceté avouée, tandis que des sentiments d’une fausse et orgueilleuse élévation rempliraient l’esprit. Il est évident qu’une telle chose est odieuse à Dieu. « Vous avez été achetés par prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1 Cor. 6).

Ensuite, au chapitre 12, pour ne pas m’arrêter sur tous les passages, le Saint Esprit est représenté dans l’Église, d’abord comme opérant par le moyen des dons, Sa manifestation étant donnée à chacun, vérité sur laquelle on a peut-être assez parlé pour excuser mon silence. Ensuite le chapitre 14 régularise l’exercice de ces dons, dans l’assemblée des saints, dans l’assemblée de Dieu. Ainsi est établi le principe important, que la possession de la puissance du Saint Esprit n’exempte aucun chrétien de l’autorité du Seigneur par Sa Parole. Mieux encore, c’est le Saint Esprit qui applique cette Parole, pour en agir avec la conscience du chrétien dans l’usage qui est fait de Sa puissance. En vain un homme alléguera-t-il avoir reçu une parole de Dieu, et prétendra-t-il qu’elle doit être prononcée. Il doit se taire, si elle n’est pas de saison, ou dans la place vraie. Une parole peut véritablement provenir du Seigneur ; mais Il tient à Son propre ordre dans Sa propre maison, et le Saint Esprit ne met nullement de côté la responsabilité personnelle dans l’exercice des dons. La Parole et la Parole seule — non pas l’Esprit, est la pierre de touche (comp. 2 Tim. 3). Il est inutile de dire que cela est une vérité inestimable, car la tendance des hommes qui croient réellement à l’action de l’Esprit de Dieu, est de soumettre plus ou moins la Parole à l’Esprit, au lieu de reconnaître ce qui est si clair dans l’Écriture, à savoir, que le Saint Esprit soumet Ses propres manifestations à l’autorité de la Parole du Seigneur — Parole qu’Il a Lui-même inspirée.

Ensuite, dans la seconde aux Corinthiens, après que Dieu avait agi puissamment pour réveiller et restaurer les âmes des saints, nous avons un passage d’un grand poids, en connexion avec notre thème. L’apôtre console expressément les saints qui avaient été abaissés. Lui-même avait subi une terrible persécution, mais en était sorti. Ensuite il leur dit : « que toutes les promesses de Dieu en Lui (Christ) sont oui, et amen en Lui, à la gloire de Dieu, par nous ». Quelques-uns lui avaient reproché de ne pas avoir poursuivi son dessein. Cette vacillation convenait-elle à un apôtre ? Si la parole de quelque homme peut avoir du poids, sûrement celle d’un apôtre devrait en avoir ; mais Paul n’était pas venu comme il l’avait promis. Le changement de son plan quant à la visite promise avait été artificieusement tourné contre son autorité. En tous cas, il répond : si je n’ai pas tenu ma promesse, Dieu tient les siennes dans l’évangile : « Tout autant qu’il y a de promesses de Dieu, en Lui est le oui et en Lui l’amen à la gloire de Dieu, par nous. Or, celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs ». C’est précisément ce qui a lieu dans les voies de Dieu avec l’âme et tout est ici présenté d’une manière et dans un ordre admirablement complets. Le croyant est établi par Dieu en Christ, ce qui naturellement suppose qu’il est vivifié de la vie de Christ. Je ne prétends pas dire que cet établissement en Christ soit simplement vivifiant ; mais que, lorsqu’une âme est ainsi établie, elle doit avoir été vivifiée. C’est la manière la plus forte d’établir la bénédiction, car Christ donne force et plénitude à ce dont on est en possession en conséquence d’un privilège accordé antérieurement. Puis encore il est déclaré oint, car le Saint Esprit est la puissance pour lui faire connaître toutes choses selon Dieu. « Vous avez une onction de la part du Saint » comme il est dit même des petits enfants en 1 Jean 2. Ainsi, immédiatement après qu’il est établi en Christ, l’onction est mentionnée — cette bénédiction par laquelle l’Esprit ouvre les yeux du croyant et lui donne puissance pour voir et comprendre les choses avec une capacité nouvelle et divine. De plus, l’Esprit scelle le croyant sur la base d’une rédemption accomplie et devient pour lui les arrhes d’un héritage futur : « Qui nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos cœurs ».

Arrivons maintenant à un autre passage, où se trouve la même double pensée — l’épître aux Éphésiens. Les courtes remarques que je ferai peuvent suffire pour les deux. En Éphésiens 1, 12-14 il est écrit : « Afin que nous soyons à la louange de Sa gloire, nous qui avons pré-espéré dans le Christ ». « Nous » signifie d’entre les Juifs qui anticipons la nation en étant amenés à faire reposer nos espérances sur Christ le Seigneur. « En qui, vous aussi (les Éphésiens) ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut, auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage » etc. Vous observerez que l’apôtre parle de l’Esprit Saint sous deux points de vue, et en rapport avec les deux principaux sujets qu’il a présentés et présente dans le chapitre. L’un est l’appel du Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, l’autre l’héritage. Le Saint Esprit en agit avec nous en rapport avec les deux. Relativement à l’appel de Dieu, Il scelle le croyant, et relativement à l’héritage, Il est les arrhes dans nos cœurs. Dans l’un des cas, Il est la puissance d’une séparation consciente pour Dieu, sur le terrain de ce qui est maintenant achevé. Et ainsi, vous remarquerez que dans ce même verset il est dit : « Ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut ». Ce n’est qu’en conséquence de cela que le Saint Esprit daigne prendre une telle place dans le croyant. Il scelle la personne de celui qui se repose sur la rédemption et Il devient les arrhes de l’héritage de la gloire que nous partagerons avec Christ.

Il y a souvent sur ce sujet des difficultés dans l’esprit des enfants de Dieu. Mon unique but, mon seul désir en en disant ici quelques mots, c’est de contribuer par mon faible secours, à faire disparaître quelque peu la difficulté, et je dois ajouter quelque peu le préjugé qui obscurcit ce point. Ceux qui savent comment le monde a empiété sur le domaine des saints, ne seront pas surpris qu’il y ait quelque difficulté à comprendre un thème tel que celui-ci. Je fus reconnaissant, l’autre jour, en parcourant un ancien auteur puritain, de voir que même lui admettait cette distinction de la foi (et certainement ce n’est pas dans le puritanisme que je dois chercher l’intelligence de la doctrine du Saint Esprit). Toutefois, par cela même que je m’y attendais moins, il m’a été plus agréable de trouver un théologien élevé au-dessus des trop communes traditions légales de son parti. C’était un hommage rendu à la simple et précieuse vérité de Dieu par une âme pieuse. Il faut se rappeler aussi que cette âme pieuse et capable écrivait il y a deux cents ans, à une période critique, où le côté moral de la loi était soutenu avec plus d’ardeur encore qu’à aucune autre époque. Le légalisme est ordinairement le grand obstacle à une saine intelligence de la doctrine du Saint Esprit. C’est le légalisme sous une forme ou sous une autre qui cause les difficultés. Le Saint Esprit est la puissance de sainteté dans le croyant, comme la loi était la force du péché pour l’homme placé sous elle. La loi avait affaire avec la chair. Le Saint Esprit habite maintenant où est la nouvelle nature.

En vivifiant, l’Esprit de Dieu trouve une âme qui est absolument sans vie aucune à l’égard de Dieu. Il n’y a rien en elle, sinon la nature déchue, avant qu’Il communique la nouvelle créature par la foi en Christ. La foi en la Parole rattache l’âme à Christ ; il lui est communiqué une nouvelle nature qu’elle ne possédait pas autrefois. « Ce qui est né de l’Esprit est Esprit », comme la chair vient de la chair. Mais le sceau de l’Esprit suppose une chose sainte déjà existante, soit qu’on regarde à Christ ou aux saints comme ils sont en Christ. Naturellement, il n’y a pas de sceau sur la vieille nature. Le Saint Esprit scelle cette nouvelle nature ou plutôt la personne vivifiée. Mais n’y a-t-il pas plus encore ? Je crois que, dans notre cas, il y a une autre pensée. Ce n’est pas simplement qu’il doit y avoir quelque chose de bon et de saint à sceller, et qu’il serait monstrueux et absurde de supposer le Saint Esprit apposant Son sceau sur la chair ou la vieille nature : vivifier suppose une absence de vie ; mais sceller implique de plus qu’il y a quelque chose à sceller qui est selon Dieu. Car même une nouvelle nature n’est pas assez, parce que les saints avaient une nouvelle nature dès les temps de l’Ancien Testament (quoique pas révélée alors), pourtant il ne nous est jamais dit qu’ils fussent scellés du Saint Esprit. Mais maintenant, être scellé implique quelque chose de plus. Le sceau de l’Esprit ne vient pas simplement sur la vie, quoiqu’il la suppose toujours, mais suit la réception de « l’évangile de notre salut » : « En qui, ayant entendu la Parole de la vérité, l’évangile de votre salut, auquel aussi après avoir cru » (vers. angl.). Je ne mets pas ici une importance particulière sur le mot « après » mais je veux bien le prendre (comme quelques-uns soutiennent qu’il faut le faire) pour « ayant cru ». Cependant, en fin de compte, cela revient tout à fait au même. Dans mon opinion bien arrêtée, cela suppose que les saints avaient déjà cru et que le sceau était une action subséquente du Saint Esprit sur leurs âmes. En somme, les hommes ne sont pas scellés comme incrédules, ce qui serait, si elle était possible, la chose la plus misérable. Ils sont scellés comme croyants, de même qu’ils furent vivifiés comme morts dans leurs péchés.

La question du temps qui s’écoule entre croire et être scellé, est d’une importance médiocre, mais la distinction des deux choses est au contraire fort importante. N’y aurait-il qu’une minute d’intervalle, pourtant elles sont distinctes et le sceau suit la foi. L’incrédule a besoin d’être vivifié, le croyant d’être scellé. Loin de l’admettre comme un point douteux ou une proposition discutable, j’affirme que l’Écriture est positive et uniforme sur cette vérité, savoir, que le sceau de l’Esprit suit invariablement la foi, et dans aucun cas, n’est la même chose que la foi, ni n’arrive dans le même moment. Je maintiens que quiconque ne reconnaît pas cette vérité, confond l’action de l’Esprit de Dieu vivifiant ou donnant de croire, avec ce qui est d’une nature tout à fait différente. Il en résulte aussi le danger que les gens sont ainsi constamment exposés à confondre la condition des saints de l’Ancien Testament avec le christianisme. Sans aucun doute, le Saint Esprit s’occupait des âmes anciennement ; sans aucun doute, elles étaient vivifiées et croyantes. Étaient-elles scellées ? Avaient-elles les arrhes de l’Esprit dans leurs cœurs ? Ni l’un, ni l’autre.

Cela nous conduit à la raison de la différence. Ce n’était pas qu’ils fussent des incrédules ou qu’ils n’eussent pas la vie, car leur foi est certaine, et pour le royaume de Dieu, il est indispensable d’être né de nouveau. Mais l’évangile du salut n’était pas encore la base connue, publique pour la bénédiction de l’âme dans sa relation avec Dieu. C’est-à-dire, l’ancienne condition était toujours une condition simplement d’attente ; il n’y avait encore aucune communion goûtée avec Dieu dans la paix et la délivrance. Le christianisme a amené cela et plus encore. Christ est venu et a accompli la rédemption, et le Saint Esprit, envoyé maintenant du ciel, nous apporte, non seulement la promesse — car à elle toute seule la promesse n’est jamais le christianisme — mais les promesses vérifiées au plus haut degré en Christ Lui-même. Partout où ce n’est qu’une simple promesse, présentée à l’âme, l’évangile du salut n’est pas encore compris. J’admets, cela va sans dire, qu’il y a des promesses où l’âme a trouvé Christ. Quelques choses sont futures et, sans doute dans ce sens, elles ne sont pas encore accomplies (par exemple la résurrection du corps et le déploiement de la gloire). Mais je maintiens que l’Écriture attribue la plus grande importance possible au fait de (non pas une simple promesse maintenant) l’accomplissement en Christ ; et que c’est là précisément ce qui est maintenant prêché (pas promis) dans l’évangile. Ce n’est pas une simple espérance de Christ, ce qui est exactement la condition où se trouvent toujours ceux qui sont sous la loi. Ils soupirent constamment soit après le salut, soit pour avoir un intérêt en Christ, et ainsi de suite. Cela était bon dans l’Ancien Testament, et personne ne possédait de titre pour aller au-delà. Le Messie n’était pas venu, ni l’œuvre accomplie, aussi croire plus que cela eût été faire du sentiment, et non la vérité de Dieu ; de l’imagination, et non la réalité. Ce n’est pas selon le témoignage actuel de Dieu que de mettre en avant seulement la promesse ; en vérité, il n’y a pas actuellement une chose telle qu’une « promesse de pardon ». Le pardon est un fait actuel, tandis que la vie éternelle, tout en étant à venir, est une possession présente. Le salut, en un sens fort vrai, est la portion du croyant (Éph. 2), et tellement complet, qu’il est dit du croyant qu’il est ressuscité avec Christ et assis avec Lui dans les lieux célestes. Envisagé jusqu’à Christ, il est aussi parfait qu’il puisse jamais l’être, quoique nos corps doivent être changés plus tard à la ressemblance de Son corps. Dans ce sens-là, le salut est près — pas encore venu.

En conséquence, l’Esprit de Dieu prend une relation nouvelle ou un nouveau mode d’action en rapport avec ce développement des voies de Dieu et de la révélation de la pleine bénédiction. En ce qui intéresse l’âme, le salut est déjà parfait et le Saint Esprit (dans Ses relations avec elle maintenant) en est le messager et scelle la personne de celui qui croit à l’évangile. Le sceau suppose, non seulement une nouvelle naissance qui était vraie anciennement, mais outre cela, il est basé sur une rédemption complète et suppose l’œuvre de Christ connue. Nous-mêmes nous ne scellons pas une chose avant qu’elle ne soit faite. Personne ne penserait à sceller une lettre avant qu’elle ne soit écrite. Ainsi cela suppose toujours que la base sur laquelle repose déjà un objet scellé, est achevée et ferme. De là, l’acte du sceau, appliqué par le Saint Esprit, indique clairement l’état complet de ce qui est en question.

De même que le Saint Esprit scelle pour le chrétien le salut qu’annonce l’évangile (ce qui est de fait la manière par laquelle l’appel de Dieu se déploie maintenant en Christ), l’autre côté a sa place. Il y a ce qui n’est pas encore venu, et le Saint Esprit, même là, n’est pas présenté comme faisant une promesse, mais comme un gage. Il n’est pas plus un gage du salut de Christ que de l’amour de Dieu, mais un gage de l’héritage. Le chrétien a l’amour de Dieu aussi complet envers lui qu’il puisse jamais l’avoir. J’ai un tel salut pour mon âme que Dieu Lui-même ne peut pas le faire plus parfait ; mais je n’ai pas encore l’héritage, et le Saint Esprit, au lieu de m’en présenter simplement une promesse, m’en donne un avant-goût — me donne d’entrer dans l’anticipation, la joie et la bénédiction de ce qu’il est, même tandis que je suis encore dans le monde. C’est pour cela, ce me semble, qu’Il en est appelé les arrhes.

Cela peut suffire pour le texte en Éphésiens ; mais il me faut retourner pour un moment aux Galates, quoique cela puisse paraître du désordre : « Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi ou de l’ouïe de la foi ? ». Ils savaient bien, quoique séduits par les judaïsants, que les œuvres de la loi n’avaient jamais conduits à ce que le Saint Esprit leur fût donné, pas plus qu’à ce que des miracles fussent opérés parmi eux (chap. 3). Ce passage toutefois, n’est pas décisif pour tous les esprits sur la question de la distinction dont je parle. Je me référerai à une autre expression qui se trouve plus loin dans le chapitre 4, et qui est très explicite. Quand Son peuple était sous la loi « Dieu a envoyé Son Fils… afin qu’Il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption ; et parce que vous (Galates qui n’étiez pas sous la loi) êtes fils, Dieu (quand la rédemption fut accomplie) a envoyé l’Esprit de Son Fils dans vos cœurs criant : Abba, Père ». Ainsi c’est le Saint Esprit nous donnant la conscience de la relation qui nous appartient déjà par la foi en Christ (Gal. 3, 26). Ils étaient fils déjà — « parce que vous êtes fils ». Mais alors ils pouvaient, quand même, ne pas avoir la jouissance connue de cette relation ; pour cela « Dieu a envoyé l’Esprit de Son Fils dans vos cœurs criant : Abba, Père ». La signification et la force sont donc aussi claires que possible. Sous la loi, le croyant, quoique enfant, n’eut jamais la conscience de son adoption. Il était ostensiblement, et par sa propre expérience, dans la condition de serviteur, quoique seigneur de tout, comme l’apôtre l’explique au long. La raison en était que, dans la première période, il était sous la loi. Il ressemblait à un mineur « sous des tuteurs et des curateurs jusqu’au moment fixé par le père ». Il était tenu en esclavage sous les principes du monde, et la loi le châtiait et lui faisait sentir sa méchanceté, et la rébellion qui se trouve dans la nature humaine. Tout cela a continué sous le système légal ; mais maintenant est venu un état de choses entièrement différent, comme l’apôtre le montre ici.

Ainsi l’épître aux Romains nous a appris cette grande vérité du christianisme : que, quant à la chair, j’ai le droit, je suis même tenu de la considérer comme morte. Je ne suis jamais appelé à mourir à la chair. Une pareille idée est naturelle, piétiste, mystique, mais ce n’est nullement la vérité révélée en Christ. Je ne suis jamais appelé à mourir à la chair. Sans doute il est parlé de mourir d’une manière pratique à la nature et au monde — mourir tous les jours. Mais c’est une tout autre pensée, et où il s’agit de s’exposer continuellement pour Christ à l’épreuve et à la mort. Mais quant à la chair, j’ai le droit, par la grâce de Dieu, de dire que je suis déjà mort, et je suis appelé à me considérer désormais, et pour toujours, comme mort. Le mysticisme est un effort pour devenir mort en soi-même, et cela sonne bien ; mais la grâce me donne le titre de Christ pour croire dans la puissance de Sa mort pour moi, et de ma mort en Lui, de sorte que je puis sans présomption me tenir pour mort au péché, mais vivant à Dieu en Jésus Christ.

L’épître aux Romains nous a donné cet enseignement en connexion avec la justice ; mais ce qui est enseigné ici est en contraste avec le système légal de contrainte qui servait à en agir avec des mineurs. La rédemption nous a amenés, par la foi de Christ, dans la place de fils et nous avons l’Esprit du Fils de Dieu, donné comme puissance par laquelle nous crions Abba, Père. Telle est la connexion du Saint Esprit avec la doctrine de cette épître. Là, l’objet de l’ennemi était de tourner les croyants de la liberté par laquelle ils avaient été rendus libres, et de la relation bénie de fils devant leur Dieu et Père, pour les ramener sous les ordonnances de la loi sous une forme ou sous une autre. Le Saint Esprit est la puissance libératrice, qui nous est donnée, fondée sur la rédemption par Christ et en Lui.

Mais encore quelques mots sur le caractère pour lequel le Saint Esprit est présenté dans les Éphésiens avant de passer outre. Nous n’avons pas besoin de nous étendre sur toutes les allusions au Saint Esprit, car il n’y a pas un chapitre qui n’en fournisse une ou plusieurs. Dans le témoignage du chapitre 1 et du chapitre 2, le Saint Esprit est envisagé comme la puissance d’accès auprès du Père tant pour le Juif que pour le Gentil qui croient maintenant ; à la fin Il nous est présenté comme la puissance constitutive de l’habitation de Dieu. Ce n’est pas l’habitation de Dieu d’une manière extérieure, comme en Israël. Aucune nuée visible de gloire ne signale Sa présence dans l’Église. Mais il y a la plus grande réalité dans le fait que le Saint Esprit y habite. Dans le chapitre 3, le Saint Esprit n’est pas seulement une puissance révélatrice pour notre intelligence comme dans le chapitre 1, mais aussi une marque intérieure pour rendre plus profonde la communion spirituelle du chrétien et fortifier son homme intérieur selon toutes ces richesses qui sont en Christ. Dans le chapitre 4, la doctrine de l’Esprit de Dieu est largement développée, en relation avec le corps, aussi bien qu’avec les dons individuels. Par-dessus tout, dans la dernière partie du chapitre, il est fait allusion à Lui comme à la puissance active et la mesure personnelle de sainteté dans la marche. Ce qui est convenable au nouvel homme ce n’est pas simplement de faire ceci ou cela, mais de ne pas contrister cette personne divine par laquelle nous avons été scellés pour le jour de la rédemption. Ce n’est pas assez de savoir, comme vérité, le vieil homme jugé et le nouvel homme donné, mais il y a le Saint Esprit de Dieu que nous ne devons contrister d’aucune manière. Le chapitre 5 nous fournit une autre et très intéressante allusion au Saint Esprit. Là, nous sommes non seulement appelés à résister aux excitations charnelles, mais à être remplis de l’Esprit et en connexion avec cela « vous entretenant par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant dans vos cœurs au Seigneur ».

Et ici, je me permettrai quelques remarques qui, je crois, peuvent être utiles à des âmes souvent accusées d’inconséquence, parce qu’elles se servent de livres et d’hymnes et qu’elles objectent à l’usage de formules de prières. Dans le Nouveau Testament, il n’existe pas un corps de louanges préparées en vers pour l’usage des chrétiens. Il n’y a pas provision de psaumes, d’hymnes ou de chants spirituels, écrits, par inspiration, pour le chrétien : il y en a abondamment pour le Juif. Cela vous étonne-t-il ? Pour moi, c’est simple, convenable et plein d’intérêt. Le Juif avait besoin que de telles louanges fussent préparées pour lui ; le chrétien non, car le chrétien, ayant le Saint Esprit, comme le Juif ne l’avait pas, possède intérieurement une abondante source pour faire de la mélodie dans son cœur. Cela me semble être la raison pour laquelle il n’y a point de provisions extérieures fournies à cet égard pour les chrétiens. À l’Église, qui a le Saint Esprit toujours présent et habitant en elle, appartient la source de l’eau vive ; plus encore, chaque chrétien la possède individuellement, et ainsi, naturellement et d’une façon tout à fait normale éclate en psaumes, en hymnes et en cantiques spirituels. Ainsi ce qui, pour quelques-uns est la preuve d’un besoin de formes humaines, ou pour d’autres un motif pour retourner aux psaumes de David, est réellement la preuve la plus éclatante, dans la manière la plus simple possible, de la bénédiction actuelle de l’Église de Dieu et du chrétien, s’ils avaient seulement la foi pour se servir de leur bel héritage. Ceux qui sont sous la douloureuse expérience de la loi, et, pour cela même, ne peuvent pas entrer dans le culte chrétien, ont sans doute besoin d’être pourvus et de se stimuler par lui du recueil des psaumes juifs, lesquels, si seulement ils les comprenaient, supposent une expérience et une relation toutes différentes. Ils n’ont aucune source de joie en eux-mêmes, ils ont donc besoin d’une provision extérieure. Mais justement, parce que nous avons Christ et, de plus, le Saint Esprit comme puissance divine pour jouir de notre Sauveur, avec notre Dieu et Père, c’eût été abaisser la place de l’Église, si la Parole eût fait, pour nous, une provision de psaumes, d’hymnes et de chants spirituels. La sainte Écriture en agit avec le chrétien comme étant arrivé à l’état d’homme fait, et suppose l’Église, à moins qu’elle ne soit égarée par des séducteurs, dans une position de pleine liberté, devant Dieu, dans l’intelligence de Sa pensée et la confiance de Son amour, entrant dans les richesses de Sa grâce et de Sa gloire en Christ ; et cela, parce que le Saint Esprit habite et dans le chrétien et dans l’Église. La conséquence en est, que la conscience d’une telle bénédiction naturellement — pour ne pas dire nécessairement — trouve son expression, comme nous le voyons, non seulement dans la louange, mais, « s’entretenant par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant dans vos cœurs par le Seigneur ».

De plus, je ne doute nullement que ces psaumes, et ces hymnes et ces cantiques spirituels dont il est parlé ici ne fussent des compositions chrétiennes, non pas improvisées, ni empruntées au recueil de David, mais les propres expressions variées de l’esprit de louange dans les chrétiens. Ils étaient le fruit de l’Esprit de Dieu agissant dans les premiers croyants, les portant à exprimer leur propre joie pour Dieu, au lieu de les jeter sur une provision inspirée qui n’entre pas dans leurs joies et leurs privilèges distinctifs, mais, en tout, appartient à d’autres qui ne sont pas encore venus. Cela ne répond-il pas pleinement à ces personnes qui mettent en avant des difficultés captieuses et disent : « Après tout vous avez un livre d’hymnes et il nous faut des formulaires » ? Il me semble que oui. Les expressions ici montrent qu’il y avait des compositions poétiques de cette sorte, qu’il y avait une expression propre et caractéristique de louanges et d’actions de grâce, aussi bien que les diverses expériences spirituelles du chrétien. Ces variétés semblent représentées par ces « psaumes, hymnes et cantiques spirituels ». Elles ont chacune leur caractère propre particulier, et l’on ne peut prendre un livre chrétien de louanges à Dieu sans les y trouver toutes. Mais, je le répète, ces compositions sont libres, au milieu des chrétiens, au lieu d’être préparées par l’inspiration divine, en dehors d’eux ; en vérité, c’est une des particularités du Saint Esprit dans le Nouveau Testament. Il est descendu pour être en nous. Il n’est pas simplement Celui qui écrit pour nous et nous enseigne ; il y a en outre cette sorte de témoignage. Vous trouverez, particulièrement dans l’Apocalypse, et de temps en temps autre part même, encore le caractère prophétique de révélation connue : « L’Esprit dit que dans les derniers temps, etc. ». Ainsi, nous ne perdons dans le Nouveau Testament, ni l’élément prophétique qui abonde dans les anciens livres, ni la narration. Il y a dans les épîtres une instruction spéciale sur la marche et la conduite du chrétien, sur le ministère, etc. En outre le Saint Esprit dirige le chrétien dans la joie et la louange. Il n’abandonne pas Sa fonction de faire les injonctions empreintes d’autorité ou de visions prophétiques, mais ni l’une ni l’autre de ces choses n’est nullement le trait caractéristique du Saint Esprit, à l’égard du chrétien ou de l’Église. La louange des enfants, l’expression de la joie commune ou de la joie individuelle dans le Seigneur, ne peut que s’échapper du cœur, aussi bien que des lèvres, et cela aussi sous une forme poétique.

La seule allusion à l’Esprit de Dieu qui reste encore à examiner dans les Éphésiens se trouve dans le dernier chapitre, où nous sommes exhortés à prier par l’Esprit. « Priant toujours avec toute prière et supplication par l’Esprit ». Le Nouveau Testament ne parle jamais de la prière à l’Esprit, mais par l’Esprit. Il n’en résulte pas que l’Esprit ne soit pas digne de louanges et de prières ; qu’Il ne soit pas Dieu également avec le Père et le Fils ; mais il Lui a plu, depuis la rédemption, de prendre une place en nous, qui empêche qu’Il soit fait un objet de prière tant qu’Il habite en nous. La prière à Dieu implique l’Esprit avec le Père et le Fils. Par conséquent là où des sujets chrétiens sont révélés, c’est invariablement « priant par l’Esprit » et non pas Le priant Lui. S’adresser à l’Esprit serait, sans en avoir la conscience, ne pas croire au Saint Esprit comme habitant dans l’Église et dans le croyant ; comme c’est une expression de manque de foi, dans un des grands privilèges distinctifs du chrétien, toujours comme parmi ceux qui confondent l’état de l’Église avec la position juive.

Sans toucher aux passages de moindre importance dans les Philippiens qui parlent de l’Esprit, par rapport à Son caractère plutôt que comme personne habitant en nous (c’est-à-dire comme la source de la communion et du caractère du culte, en contraste avec ce qui était spécial), observons l’omission remarquable de l’Esprit de Dieu dans la doctrine de l’épître aux Colossiens. On l’a souvent fait remarquer, mais j’y fais allusion en passant. Cette épître fait ressortir d’une manière aussi frappante la nouvelle vie, que l’épître analogue aux Éphésiens met en relief le Saint Esprit. Il va sans dire que l’un et l’autre traits sont liés avec le caractère particulier de leurs épîtres respectives.

Dans Thessaloniciens le Saint Esprit est présenté avec une simplicité et une force extraordinaires, et cela de leur conversion à travers toute leur carrière (1, 5 ; 4, 8 ; 5, 19). Les textes ne demandent pas de remarques étendues, excepté peut-être le dernier qui est souvent mal compris : « N’éteignez pas l’Esprit ». C’est tout à fait autre chose que « contrister l’Esprit », contre quoi nous sommes avertis dans Éphésiens 4. Le contrister est évidemment une affaire tout à fait personnelle ; tandis que l’éteindre est justement d’une manière tout aussi excellente en rapport avec d’autres et principalement, je suppose, dans leur action publique ou au moins dans l’usage de leurs dons. Je ne dois pas être une entrave pour un autre, ni élever des difficultés, quant à la manifestation du Saint Esprit dans aucun frère. Cela peut être une grande ou une très petite œuvre, cela ne change rien à la question ; mais — est-elle de l’Esprit ? Du respect pour la présence et l’opération du Saint Esprit dans toutes les variétés de Son action dans l’Église garderait le plus grand d’éteindre l’Esprit dans le moindre. Certainement Dieu ne méprise pas le jour des petites choses.

Dans les deux épîtres à Timothée, il est constamment question de l’Esprit. J’ai fait remarquer l’épisode prophétique dans la première ; mais l’introduction du sujet en 2 Timothée 1, 7 est profondément intéressante aussi : « Car Dieu, dit l’apôtre, ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, d’amour et de conseil » (voyez aussi v. 14). Il n’est pas difficile de voir pourquoi le Saint Esprit est ainsi mentionné à cette place. Timothée tremblait devant les difficultés de la lutte chrétienne — devant cette tristesse et cette épreuve dans lesquelles le service de Christ, plus particulièrement au milieu des assemblées, conduit le serviteur fidèle. C’est pourquoi l’apôtre lui rappelle le don qui lui avait été accordé par l’imposition de ses propres mains, et ajoute que l’Esprit qui nous est donné, à nous autres chrétiens, n’est pas un esprit de crainte, mais de puissance, d’amour et de conseil. Il y a, par conséquent, deux choses : le don qui lui est communiqué par l’imposition des mains de l’apôtre, et le caractère général de l’Esprit donné aux saints. Il est clair que le but était de fortifier l’homme de Dieu craintif. Pourquoi serait-il surchargé de tristesse par les difficultés, les dangers, les désappointements, ou même la défection de ceux qui avaient autrefois travaillé avec l’apôtre lui-même, et qui maintenant s’étaient tournés contre lui ?

Dans l’épître à Tite, nous avons un riche passage — non pas — concernant un don accordé à un serviteur bien-aimé ; mais la place commune de bénédiction dans laquelle le christianisme amène une âme (3, 4). « Mais quand la bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes sont apparus, il nous a sauvés, non sur le principe des œuvres accomplies en justice, que nous eussions faites, mais selon Sa miséricorde, par le lavage de la régénération et le renouvellement de l’Esprit Saint, lequel Il a répandu richement sur nous par Jésus Christ notre Sauveur, afin qu’ayant été justifiés par sa grâce nous fussions, selon l’espérance, héritiers de la vie éternelle ». Ici nous avons non seulement le lavage de la régénération, ce qui, à mon avis, est commun à tous les saints de toutes les époques ; mais nous l’avons sous cette forme et dans cette plénitude qui maintenant appartiennent au chrétien. C’est « le lavage de la régénération, et le renouvellement de l’Esprit Saint, lequel il a répandu richement sur nous par Jésus Christ notre Sauveur ». Ceci paraît être distinctement la pleine puissance de la bénédiction qui caractérise le chrétien. La régénération simplement est universelle et le propre de tous les saints ; mais la riche effusion du Saint Esprit dans cette richesse est l’effet de la rédemption. Aussi cela est dit être « répandu abondamment sur nous par Jésus Christ notre Sauveur ». Ainsi le passage montre d’une manière bien frappante à la fois et ce qui est et doit toujours être vrai, et ce qui ne devint possible, selon les voies sages de Dieu, que lorsque l’obstacle fut ôté, la chair jugée, et que le Saint Esprit put être répandu richement, par Jésus Christ notre Seigneur.

Il y a plusieurs allusions dans l’épître aux Hébreux, mais je n’ai besoin, pour le moment, que de signaler deux expressions : — « l’Esprit de grâce » et « l’Esprit éternel ». Elles doivent être toutes les deux appliquées au Saint Esprit, et demeurent en contraste frappant avec les choses juives : « l’Esprit de grâce » en contraste avec la loi, et « l’Esprit éternel » avec des voies temporaires comme dans les temps anciens.

Nous arrivons ensuite en 1 Pierre 1 à un passage de grande importance pour le croyant : « Auquel salut les prophètes qui ont prophétisé de la grâce qui vous est destinée se sont enquis et l’ont diligemment recherché ; recherchant pour quand, et pour quel temps l’Esprit de Christ qui était en eux, rendant par avance témoignage, déclarait les souffrances qui devaient arriver à Christ et les gloires qui suivraient ; et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel ». Maintenant, ce passage demande et rémunérera richement la plus sérieuse attention. D’abord, nous avons là un énoncé clair de l’œuvre de l’Esprit de Christ dans les anciens prophètes ; mais ce qu’Il était en eux, c’était un esprit de prophétie, c’est-à-dire, Il leur a donné de témoigner de ce qui allait arriver. Il donna à leurs âmes de témoigner des souffrances qui appartenaient à Christ et aux gloires qui devaient suivre. À quel degré ils comprirent ces vérités, et jusqu’à quel point ils en purent jouir, sont d’autres questions ; mais l’une et l’autre furent mises devant eux. Nous trouvons tout cela dans les Psaumes et dans les prophètes en général, mais avec une clarté toute particulière dans Ésaïe, Michée, Daniel et Zacharie. Mais nous trouvons plus encore : « Et il leur fut révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour vous qu’ils administraient ces choses, qui vous sont maintenant annoncées par ceux qui vous ont annoncé la bonne nouvelle par l’Esprit Saint envoyé du ciel ». Ainsi, à présent que l’évangile est annoncé, parce que Christ est venu, et la grande œuvre de la rédemption accomplie, le Saint Esprit prend une place toute nouvelle — « envoyé du ciel », chose, vous le remarquerez, qui n’est pas dite de l’œuvre de l’Esprit de Christ auparavant. Évidemment la mission du Saint Esprit, envoyé du ciel, est tout à fait distincte des opérations de l’Esprit de Christ dans l’Ancien Testament, quelque bénies qu’elles fussent. C’est le Saint Esprit descendu du ciel qui est la puissance du croyant pour entrer dans ce qui est maintenant annoncé par l’évangile. En outre, il reste l’accomplissement de la prophétie à une autre époque ; quand le royaume sera (non pas prêché) mais établi en puissance et en gloire ici-bas.

En conséquence, il y a trois choses en tout : premièrement, le Saint Esprit prophétisant ; secondement la jouissance présente du salut de l’âme, proclamé par l’évangile dans la puissance du Saint Esprit envoyé du ciel ; en troisième lieu, la révélation de la grâce à l’apparition de Christ qui sera l’accomplissement des prophéties. C’est-à-dire qu’il y a une œuvre puissante accomplie, et sans aucun doute, la prophétie touche à cette œuvre, quoiqu’elle aille bien au-delà de ce que la prophétie a révélé. Finalement le plein accomplissement de la prophétie est réservé pour l’apparition du Seigneur en gloire. Entre les deux époques — après la venue de Christ pour souffrir, mais avant Son apparition en gloire — le Saint Esprit est envoyé du ciel ; et nous jouissons, dans la foi, par Sa puissance, de ce que l’évangile annonce de Christ. Nous trouverons l’importance de cela plus tard, quand nous examinerons l’Apocalypse ; mais ces remarques préliminaires peuvent servir à faire ressortir le contraste de ce que nous trouvons là.

Il est inutile de m’arrêter sur 2 Pierre, comme la principale allusion est simplement aux prophètes de l’Ancien Testament qui parlèrent sous l’influence du Saint Esprit.

1 Jean peut réclamer une attention particulière, comme nous avons là une pleine instruction quant au don du Saint Esprit en nous, par lequel nous avons Dieu habitant en nous, et nous-mêmes habitant en Dieu. Mais comme cela nous retiendrait en dehors de ce que nous nous sommes proposé ce soir, je ne le rappelle qu’en passant.

À la fin, nous arrivons à l’Apocalypse, où les premières paroles qui annoncent l’Esprit de Dieu placent le sujet sur un terrain entièrement nouveau — nouveau du moins dans le Nouveau Testament. Ici c’est tellement en dehors, non seulement de la phraséologie usuelle, mais de l’esprit, de parler de « sept esprits », que des anciens aussi bien que des modernes ont nié qu’il s’agit du Saint Esprit et ont appliqué la phrase aux sept anges qui se tiennent devant Dieu (Apoc. 8, 2). Moi-même, je ne mets pas en doute que l’allusion ne se rapporte à la puissance spirituelle septuple dont il est fait mention dans Ésaïe 11. Mais le style est sans précédent dans le Nouveau Testament. Naturellement la connexion est aussi différente ici, comme s’appliquant à un temps de transition de jugement sur les hommes, tandis que le prophète juif montrait combien la plénitude de l’Esprit devait reposer sur le Messie.

L’Apocalypse ne s’occupe donc nullement, dans ses visions prophétiques, des objets ordinaires au Nouveau Testament. Cela nous donne évidemment la clef du changement du style. Par suite l’Apocalypse — allant traiter, non pas du déploiement de la grâce, mais du gouvernement de Dieu — est remplie d’allusions à l’Ancien Testament. Nul n’est capable de comprendre le livre, s’il n’a pas les voies anciennes de Dieu présentes à son esprit. Mais on peut suivre ses communications d’une manière plus intelligente, si on n’oublie pas sa constante allusion à la loi et aux prophètes, tandis qu’en même temps, elle lie avec cela les éléments du Nouveau Testament, conduisant jusque dans l’état éternel d’une façon bien au-delà de l’Ancien Testament.

De là, quoique disant : « Grâce et paix vous soient ! », il est parlé de Dieu d’une manière toute différente de ce que nous avons vu jusqu’ici. C’est de la part de Celui « qui est, qui était et qui vient ». Il parle comme Jéhovah. C’est une traduction, si on peut parler ainsi, du Jéhovah hébreu dans le langage du Nouveau Testament. Comme Dieu est ainsi amené devant nous, il en est de même de Son Esprit — « les sept esprits qui sont devant son trône ». Quiconque est familier avec le Nouveau Testament doit être d’autant plus frappé d’une telle expression. N’est-il pas, sans cesse, question de l’Esprit ; — « d’un seul esprit » ? N’est-ce pas là l’enseignement emphatique de l’apôtre Paul ? Le principe et la puissance formatrice du corps de Christ, corps qui est un, n’est-ce pas qu’un seul et même Esprit habite dans chaque disciple de Christ, unissant étroitement et constituant en un tous les membres divers ? Oui, certainement. Et ici, dans les termes mêmes de la salutation, nous entendons parler des « sept esprits », et plus encore « des sept esprits qui sont devant Son trône ». C’est un autre ordre d’idées, complètement différent de ce que nous trouvons dans les épîtres. Il est partout ailleurs « le Saint Esprit envoyé du ciel » ; Il habite dans le croyant ; Il distribue et opère dans l’Église. Ici, c’est des sept esprits qui sont devant le trône de Dieu qu’il nous est parlé. D’où cela vient-il ? Nous entrons dans une scène de gouvernement et d’actes judiciaires. Nous fermons la céleste parenthèse de grâce, où Dieu fit le merveilleux déploiement du mystère, caché des siècles et des générations, dans la gloire de Christ en haut, et du chrétien et de l’Église unis là à Lui. Même dans la préface des sept églises et de Christ en relation avec elles, le jugement est le point capital, et le Saint Esprit est envisagé selon le caractère de gouvernement que le livre dans son ensemble nous révèle. Dieu Lui-même est présenté là, comme jugeant et prêt à gouverner directement plutôt que d’une manière providentielle. Par conséquent, c’est le livre où tous les systèmes, et l’homme comme tel, doivent être jugés. Les églises sont jugées en premier lieu ; le monde est jugé ensuite, puis les vivants (à l’apparition de Christ, et avant la fin de Son règne terrestre), puis, en dernier lieu, les morts sont jugés. Tout le long du livre ce n’est que jugement.

En harmonie avec cela, le Saint Esprit est envisagé conformément à un état de choses terrestre et judiciel, repris du point de vue de l’Ancien Testament, mais avec une profondeur caractéristique de la révélation finale et complète de Dieu. Le prophète parle « de sept esprits » ; c’est la perfection pleine, mais variée du Saint Esprit agissant selon les voies de Dieu développées en gouvernement, et pour cette raison ils sont désignés comme étant devant Son trône.

Dans les épîtres aux églises, il y a une manière de parler, même quand c’est à elles que la Parole s’adresse, remarquablement conforme à ce caractère : « Ce que l’Esprit dit aux églises ». Ce n’est pas l’œuvre de l’Esprit de Dieu dans le saint ou dans l’Église. Ce n’est pas l’habitation de Dieu par l’Esprit. Mais même Lui, en s’adressant ici à elles, prend plutôt la place d’avertissement et de remontrance comme quelqu’un qui est dehors. Christ Lui-même agit de cette manière. Il n’est pas ici comme la Tête de l’Église, communiquant la nourriture et chérissant Son corps. Il apparaît, marchant revêtu des vêtements sacerdotaux — plus qu’un sacrificateur, mais comme sacrificateur aussi ; non pas certes intercédant pour le croyant et le relevant, mais, au contraire, le sondant avec Ses yeux comme une flamme de feu, et s’occupant de ce qui est contraire à la pensée de Dieu. C’est là évidemment la révélation que nous avons de notre Seigneur Lui-même, dans les choses vues. Par conséquent, Il est Lui-même décrit comme le Fils de l’homme — désignation extraordinaire relativement à l’Église, et pourquoi ? Pourquoi est-Il vu ici comme Fils de l’homme ? Il va prendre le royaume, et en attendant, le jugement Lui est donné parce qu’Il est le Fils de l’homme (Jean 5). Ainsi le Seigneur a pris la place de juge, quoique le sujet soit les églises elles-mêmes. Toute espèce de jugement est entre Ses mains. « Malheur à celui qui vivra quand Dieu fera ces choses ! ». En conséquence, nous trouvons que la meilleure de ces églises — la première du moins — est menacée d’avoir son chandelier ôté, si elle ne se repent (et s’est-elle repentie ?) ; tandis que la dernière, quoique appelée à se repentir, est positivement menacée d’être vomie de la bouche de notre Seigneur. Pour ce qui est des églises, il y avait donc réjection entière et sans espoir.

Vient ensuite un vaste changement ; et (quelle que soit la chose jugée), des rachetés — non plus sur la terre — sont glorifiés dans le ciel, et le Seigneur est vu en haut comme un agneau immolé (un Christ rejeté) dans la présence de Dieu et sur Son trône. Là aussi, nous voyons l’Esprit, mais encore comme sept esprits, symbolisés par sept lampes ou torches de feu (encore l’aspect judiciaire) ; comme aussi dans le chapitre suivant il y a puissance et activité dans les sept esprits de Dieu envoyés sur toute la terre — il ne s’agit plus de la prédication de l’évangile par le Saint Esprit envoyé du ciel. L’Église n’est pas plus en vue que l’évangile mais c’est une mission sur toute la terre, où Il est un Esprit, non de grâce mais de gouvernement, qui en agit activement avec la terre dans son universalité. On n’entend même plus parler des églises ; elles ne sont pas même ici des objets de témoignage pour l’Esprit de Dieu. À partir de ce moment, Dieu est occupé d’autres plans, de plans terrestres, les cohéritiers célestes étant en haut avec Christ. L’Esprit de Dieu agit donc en vue de toute la terre.

Cela indique suffisamment le caractère si particulier de l’action du Saint Esprit dans cette période apocalyptique. La plus grande portion du livre traite de l’intervalle de transition après que les églises ont disparu de la scène, et avant que le Seigneur Jésus vienne du ciel avec Ses saints glorifiés, en vue du jugement de la terre. Je crois que c’est là, en abrégé, un exposé vrai du sujet principal de l’Apocalypse. Le sujet des églises est déterminé, et on n’en entend plus parler après le chapitre 3 (excepté dans les exhortations de la fin). Puis nous entendons parler, comme je l’ai déjà fait remarquer, des sept cornes et des sept yeux, représentant les sept esprits de Dieu répandus sur toute la terre. La période de la longue patience prend fin, et les jugements divins prennent leurs cours. Ce n’est pas qu’il n’y ait des saints appelés et rendant témoignage ; et il va sans dire qu’il ne pourrait pas y avoir des saints vivifiés sans la puissance vivifiante du Saint Esprit, agissant par la Parole, comme avant. Mais quel est le caractère de l’action du Saint Esprit dans et par ces saints qui suivent l’Église sur la terre ? Quelle est la nature de Ses communications à leurs âmes ? Quelle est l’expérience qu’Il forme au-dedans et quelle est la marche vers laquelle Il conduit au-dehors ? La réponse, dans les termes mêmes de l’Apocalypse, c’est que l’Esprit de prophétie est le témoignage de Jésus (car voilà quel doit être à mon avis l’ordre réel des termes du passage ; quoique, étant conçu dans la forme d’une proposition réciproque, la grammaire admette l’un ou l’autre).

Or, cela nous fait entrer de suite dans toute la différence des relations de l’Esprit de Dieu envers ces saints, comparées avec Son aspect envers l’Église et le chrétien. Le Saint Esprit, comme fait actuel et caractéristique, habite dans le croyant comme esprit de communion. Ce que j’apprends en Christ, j’en jouis comme étant mien. Tout cela est ma portion et mon bonheur. Dieu ne fait pas une seule révélation, concernant Son Fils, que je n’aie le droit de prendre comme consolation de mon cœur. Le chrétien a un intérêt direct dans toute Sa gloire. Il peut ne voir que ce qui Le présente comme objet d’adoration pour l’âme, en tant que le Fils du Père ; mais, pourtant rien ne le réjouit davantage, parce que, comme né de Dieu, ayant le Saint Esprit qui met le cœur au large, c’est la joie du croyant d’avoir quelqu’un au-dessus de lui quel que soit Son amour — quelqu’un devant lequel il peut se prosterner et adorer. Nous savons, hélas ! combien Jean montra là sa propre faiblesse (l’abus de ce qui en soi serait parfaitement juste, s’il s’agissait d’un objet divin) ; mais la gloire de l’ange obscurcit et divisa un petit moment l’hommage de son cœur : l’éclat de ce personnage révélateur était si brillant que le prophète allait l’adorer. Mais le croyant (dont le cœur connaît le Fils de Dieu, connaît Sa grâce, se réjouit dans Sa gloire selon que le Saint Esprit lui montre Jésus) est un adorateur empressé du Père comme aussi du Fils.

Dans toutes les autres choses où Christ n’est pas ainsi simplement le Fils, la personne éternelle et divine, l’objet du culte et de l’adoration, Il est Celui qui, à la fois est au-dessus de nous, et se plaît dans Son profond amour à partager avec nous Sa portion. De fait Il nous donne tout ce qui Lui a été donné. Tout ce qu’Il a acquis, Il le fait contribuer à notre bénédiction infinie. Observez dans tout cela, que c’est l’Esprit de Dieu qui prend des choses de Christ et nous les annonce. Il glorifie Christ mais en nous annonçant ce qui est à Lui. Il fait déborder nos cœurs de la joie de Christ que nous possédons.

Dans l’Apocalypse tel n’est pas le cas. Voyez les saints dans le chapitre 6, la première place où quelques-uns sur la terre nous soient présentés de fait, dans la partie prophétique. Ils demandent au Seigneur qu’Il juge leurs adversaires. Ils soupirent ardemment après quelque bien qu’ils ne possèdent pas. C’est le cas même dans le cantique de Salomon, et non pas ce qui appartient à l’Église, ou à la relation du chrétien, comme je vais le faire voir en parlant du livre de l’Apocalypse. Mais la position des saints sur la terre, après que l’Église a disparu, est telle que le Saint Esprit n’est que l’Esprit de prophétie. Le seul témoignage qu’Il rende à Jésus c’est comme un esprit prophétique, ce qui les rejette sur l’avenir — sur ce qu’ils doivent recevoir par Jésus, lorsqu’Il apparaîtra. Il n’en est pas ainsi pour le chrétien ; et c’est là un fait qui peut expliquer beaucoup quant aux principes divers dans les manifestations de Dieu et la bénédiction du saint. Deux choses sont nécessaires pour placer dans une véritable bénédiction actuelle. Il me faut un objet qui satisfasse mes affections, et il faut que je possède cet objet. Il me faut un stimulant pour mon attente, étant encore dans le corps et entouré d’objets dont Satan se sert pour m’éloigner de Dieu. Or, il est essentiel pour moi, que comme j’ai Christ pour mon cœur, je l’aie aussi comme attente dans l’autre sens de mon espérance. Il nous faut ces deux choses qui semblent être contradictoires, mais qui, en réalité, sont les éléments essentiels de la pleine bénédiction du saint et de l’Église. Si je n’ai pas devant mon cœur un objet qui puisse le satisfaire, quel exercice ou quel repos peut-il y avoir pour ses affections ? Mais le chrétien a Christ. Et c’est pour cela que le Saint Esprit le scelle, lui donne cette onction, lui donne de connaître ce qu’il a, comme Il est sa puissance pour jouir de Christ et de ce que Christ lui a donné. Mais alors le même Saint Esprit me conduit à attendre Christ. Nous trouverons cela aussi dans l’Apocalypse — pour nous, non pas pour ceux qui viendront après l’Église. Ce n’est qu’avec l’Épouse que l’Esprit dit : « Viens ». Ce n’est qu’en en agissant avec elle, qu’Il excite son cri et s’y joint en disant : « Viens ». Et Il dit : « Viens », parce que Celui qui nous aime le plus et qui est vraiment aimé de nos cœurs nous a dit qu’Il vient. Aussi l’Esprit, qui honore Sa parole, inspire ce désir et nous fait soupirer après Lui. Mais alors Celui que j’attends c’est Celui qui aime comme personne ne put jamais aimer — qui s’est dépensé Lui-même, dans Son amour. Ainsi j’ai et en même temps je n’ai pas. J’ai toute la bénédiction en conséquence de la possession par la foi, et néanmoins j’ai tout le stimulant de l’espérance qui me fait regarder hors de la scène présente, pour n’être parfaitement satisfait que lorsqu’Il m’aura, et que je L’aurai, dans la gloire céleste où Il est allé.

C’est là précisément ce que le cœur trouve dans le christianisme. Christ est descendu sur la terre et m’aime là où je suis. Il m’aima au milieu de ma folie et en dépit de mes péchés. En même temps Il est mon espérance ; et je serai semblable à Lui, et avec Lui, là où Il est. Et voilà ce qui se trouve dans le christianisme et nulle autre part. Cela ne pouvait pas être avant la venue de Christ, parce que l’objet n’était ni venu, ni pleinement révélé. Cela ne peut pas être après Sa deuxième venue. À Sa venue, il y aura bénédiction pleine et éternelle, et toute tristesse, toute difficulté s’évanouira. Alors, le sentier sur la terre sera un sentier aisé. Mais maintenant il y a l’opposition de l’Esprit de Dieu à la puissance de Satan. Par conséquent, il y a tous les éléments possibles pour entraver et éprouver l’enfant de Dieu. Mais il y a la bénédiction de la foi et de l’espérance. Le Saint Esprit est la source de toute puissance. Depuis la rédemption, Il prend Sa place dans le croyant et dans l’Église. Que la portion de l’Église de Dieu est belle !

Mais évidemment, quand l’Église s’en sera allée en haut, il n’y aura plus de condition pareille. L’Esprit de Dieu vivifiera les âmes comme Il le faisait avant d’être envoyé du ciel pour former l’Église. C’est-à-dire, qu’il y aura la même œuvre élémentaire du Saint Esprit, aussi longtemps qu’il y aura des âmes ici-bas, et un Dieu à connaître vitalement. En outre, l’Esprit Saint opérant d’une manière appropriée à l’économie rejettera les saints sur l’avenir. Il n’y a rien là d’étonnant, parce que c’est simplement l’ordre alors devant Dieu. Ainsi le contraste est manifeste. Les saints célestes auront été, juste auparavant, ôtés du monde : ici sont ces âmes qui sont préparées pour la terre milléniale. C’est absolument une période de transition ; mais la forme d’action et de témoignage de l’Esprit est de diriger les cœurs sur l’avenir qui va être révélé. L’Esprit de prophétie est le témoignage de Jésus. Ainsi ce n’est pas le déploiement de la plénitude de la rédemption. Ce n’est pas la puissance qui donne à l’âme la conscience de pénétrer « au-dedans du voile ». où il y a une ancre sûre et ferme pour l’âme. On n’y voit rien de notre paix et de notre joie : cela, les saints le possèdent maintenant en Jésus. Mais la forme emphatique de la communication implique que le Saint Esprit les dirigera à regarder à Lui pour l’avenir. Ils auront à attendre. D’autres âmes doivent aussi souffrir comme eux (Apoc. 6, 11). Par conséquent, nous trouvons des paroles telles que celles-ci : « Jusques à quand, Seigneur ! ». Ils attendent Celui qui doit venir, et rien que la toute-puissance de Dieu ne peut leur donner de croire cela, tant sera grande la séduction d’injustice.

Ce n’est pas à l’homme à disputer avec Dieu, et ce n’est pas au croyant à mettre en question la Parole de Dieu. Toute notre sagesse consiste à avoir sur-le-champ une foi simple dans les Écritures, ce qui a pour effet de mettre du calme dans l’âme, en présence de toutes les questions, de toutes les difficultés, et de tous les doutes de l’esprit sur ces matières. Si Dieu a révélé l’avenir, Il l’a révélé pour que nous le connaissions. Il est si peu vrai que le chrétien a assez à faire de s’occuper exclusivement de ses propres bénédictions qu’au contraire, vous dépouillez le chrétien d’une portion de son héritage particulier, si vous l’induisez à abandonner cette position avantageuse. Non seulement le chrétien possède maintenant la foi, et l’anticipation de l’espérance, mais il est ici placé sur une éminence d’où il embrasse l’avenir, regardant jusque dans l’éternité même. Quelle position peut être plus large, plus bénie que celle d’un chrétien ? Oh ! comme nous entrons peu dans notre propre bénédiction en Christ ! Combien peu nous la connaissons ! Comme nous en jouissons peu ! Les saints apocalyptiques n’auront pas cela, mais un témoignage prophétique de la part de l’Esprit de Jésus.

Il n’est pas nécessaire que j’en dise davantage sur ce sujet maintenant. Permettez-moi simplement de ramener votre attention sur les dernières paroles comme une preuve convaincante de ce qui a été avancé — que le Saint Esprit, dès que la prophétie est terminée, nous est présenté, à la fin, en union avec l’espérance de l’Épouse, expression qui signifie l’Église de Dieu et rien d’autre. Il me semble que c’est une erreur, une déception de l’ennemi d’appliquer, dans l’Apocalypse, ce terme d’Épouse à Jérusalem. « L’Esprit et l’Épouse disent : Viens. Que celui qui l’entend dise : Viens ». Ici, nous avons d’une façon évidente l’Esprit guidant l’Église, envisagée dans sa propre anticipation nuptiale de Jésus. La place même où cela se trouve rend l’appel plus frappant encore, parce qu’après avoir traversé le cours entier des voies de Dieu envers l’homme jusqu’à leur dernier terme, même après le jugement final devant le grand trône blanc, après avoir pleinement décrit les nouveaux cieux et la nouvelle terre, la joie propre du chrétien aurait pu être tant soit peu diminuée pour avoir été tellement occupé de prophétie. En vérité, une étude pareille est bien faite pour abattre l’esprit et le cœur quand il n’y a pas un contrepoids d’espérance céleste. Je suis persuadé que la prophétie toute seule tend à produire un effet terrestre sur l’âme du chrétien, et nous conduit à gaspiller l’énergie spirituelle destinée à Christ et à l’Église, ainsi qu’aux âmes dans leurs besoins et leurs dangers, si nous lâchons notre esprit après de minutieux détails de jugement terrestre ou de reconnaissance curieuse. Naturellement cela est positivement nuisible au saint de Dieu, en proportion de la mesure dans laquelle sont exclus Christ et les choses célestes.

Remarquez comment le Saint Esprit a pourvu ici à ce danger relativement à l’Église. Nous pouvons parcourir toutes ces visions prophétiques que Jean a écrites pour nous, et nous pouvons voir en elles un tableau complet de l’avenir où sont réunies en un foyer, dans l’Apocalypse, les lumières éparses dans le reste des Écritures. Après que tout cela est fait, la principale chose qu’Il entreprend c’est, pour ainsi dire, de nous faire regarder complètement hors des scènes terrestres et fixer notre vue sur notre propre objet à nous — Christ. Et cela me semble, sinon plus étonnant, du moins plus frappant dans un livre si éminemment prophétique. Toutefois ce dernier appel nous élève, de suite, hors de la région inférieure de la prophétie, dans ce qui convient mieux au cœur renouvelé dans ses plus vraies affections pour son propre et céleste objet — Christ en haut et revenant encore.

Que le Seigneur nous donne de jouir, avec une paix toujours plus profonde, de cette merveilleuse lumière que nous donne la Parole de Dieu au sujet du Saint Esprit qui daigne être en nous (quoiqu’uniquement pour l’amour de Christ) et cela à cause de Son estimation tant de Christ Lui-même que de cette rédemption qui est notre fondement immuable devant Dieu ! Puissions-nous ne pas seulement apprendre davantage sur l’Esprit, mais, guidés par Lui, avoir nos cœurs fortifiés, jouissant par Lui, en Christ, notre Seigneur, de tout ce qu’il a plu à Dieu de nous révéler dans Sa précieuse Parole !



  1. Voir le livre.
  2. Comparez Éphésiens 3, 5 : « révélé maintenant » aux deux (c’est-à-dire à ses apôtres et prophètes).