Messager Évangélique:Coup d’œil sur la gloire et la grâce de Jésus
Lisez l’évangile de Jean
Les évangiles, et celui de Jean en particulier, nous montrent deux choses bien précieuses, savoir, la gloire de la personne de Jésus et Sa grâce. « Nous vîmes sa gloire, gloire comme d’un Fils unique de la part du Père », et il ajoute : « pleine de grâce et de vérité » (1, 14). Telles sont les deux choses que Jean a vues en Jésus et qu’il nous montre à son tour dans ses écrits. La gloire de la personne de Jésus et Sa grâce forment, dans cet évangile, comme deux courants qui quelquefois se touchent, se croisent, sans jamais se confondre, car la gloire est toujours distincte de la grâce. Suivons un instant ces deux fleuves, et puissent nos âmes s’abreuver à leurs eaux limpides et en être fortifiées, vivifiées !
Et d’abord, la gloire de la personne de Jésus nous est déclarée et enseignée comme une doctrine dans un grand nombre de passages de l’Écriture. C’est par une telle déclaration que débute notre évangile : « Au commencement était la parole, et la parole était auprès de Dieu, et la parole était Dieu. Toutes choses furent faites par elle et sans elle rien ne fut fait de ce qui a été fait. En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes » (1, 1-4). Quel personnage peut être plus glorieux que Celui-ci, qui, par Sa parole puissante, a fait sortir du néant tout ce qui existe ; — qui a fondé la terre et dont les propres mains ont fait les cieux ; — par qui ont été créées toutes choses, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre, les visibles et les invisibles, soit trônes, dominations ou principautés et qui est avant toutes choses et par qui toutes choses subsistent (Col. 1) ? La Parole nous enseigne donc que « Christ est Dieu sur toutes choses béni éternellement » (Rom. 9, 5). Cependant Dieu ne s’est pas manifesté en Jésus dans toute la gloire qui Lui est propre. Qui en aurait pu supporter l’éclat ? Mais « Dieu a été manifesté en chair ». « La parole a été faite chair » (1, 14). Celui dont nous parlent les premiers versets de cet évangile, Celui qui parle dans les premiers versets de la Genèse et qui dit : « Que la lumière soit », celui-là, le Dieu béni, est venu à nous dans notre propre nature, « en ressemblance de chair de péché » (Rom. 8, 3) ; égal à Dieu, Il s’est anéanti Lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ; et étant trouvé en figure comme un homme, Il s’est abaissé Lui-même… (Phil. 2, 8). Or même sous cette forme d’esclave, dans cette nature humaine, à travers ce voile, cette chair, la gloire de la personne de Jésus se discerne, se révèle et brille avec éclat. Et c’est seulement de cette gloire, manifestée dans l’homme Jésus sur la terre, que je veux parler.
Il est dit (2, 11) : « Jésus fit ce premier miracle à Cana de Galilée, et il manifesta sa gloire ». Or si la gloire de Jésus est manifestée par le miracle de Cana, l’est-elle moins quand Il dit à Nathanaël : « Avant que Philippe t’eût appelé, quand tu étais sous le figuier, je te voyais ! » (1, 49) ? Sa gloire ne se voit-elle pas quand Il dit à la Samaritaine : « Tu as bien dit : Je n’ai pas de mari, car tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; en cela tu as dit la vérité » (4, 18) ? Ne se voit-elle pas quand Il dit au seigneur de la cour : « Va, ton fils vit », et que les esclaves de ce seigneur viennent en hâte lui dire : Ton fils vit (4, 46-54) ? Ne se voit-elle pas quand Jésus dit à l’infirme de Béthesda : « Lève-toi, prends ton petit lit et marche ; et qu’aussitôt cet homme prend son lit et marche » (chap. 5) ? Ne se voit-elle pas quand, de l’autre côté de la mer de Galilée, Jésus rassasie cinq mille hommes avec cinq pains d’orge et deux poisons, et que le même soir Il est vu marchant sur la mer en tourmente (chap. 6) ? Ne se voit-elle pas quand Il dit à l’aveugle-né : « Va et te lave au réservoir de Siloé », et que l’aveugle va, se lave et revint voyant (chap. 9) ? Ne se voit-elle pas quand Il dit à Lazare : « Sors dehors ! »… et que le mort sortit (chap. 11) ? Ne se voit-elle pas quand, s’approchant de la troupe venue pour Le prendre, Il dit : « C’est moi ! » et qu’ils reculent et tombent par terre (chap. 18) ? Ne brille-t-elle pas du plus vif éclat, cette gloire de Jésus, dans les nombreuses guérisons qu’Il a opérées et que les autres évangiles rapportent ? Ces multitudes d’aveugles auxquels Il a rendu la vue, de sourds auxquels Il a rendu l’ouïe, de muets auxquels Il a rendu la parole, de morts qu’Il a ressuscités, ne la publient-ils pas ? Et ce n’est pas seulement par les choses que Jésus a faites que Sa gloire est manifestée, mais aussi par celles qu’Il a dites et enseignées. Quel homme a jamais parlé comme Lui ? Quelle autorité ! quelle vérité ! quelle sagesse dans Ses paroles ! Sa gloire a été abondamment manifestée, car tout ce qu’Il a fait et tout ce qu’Il a dit démontre qu’Il voit tout — qu’Il sait tout — qu’Il peut tout !
En pensant à toutes les manifestations publiques de la gloire de Jésus, on se demande comment il se fait que ceux qui en ont été les témoins ne l’aient point connu ni reçu. La réponse est humiliante pour l’homme, car c’est parce qu’il est aveugle qu’il ne voit pas la gloire de Jésus et ne ploie pas les genoux devant Lui. Et rien ne manifeste plus l’aveuglement de l’homme que la brillante lumière que le Seigneur a fait luire devant lui. Il faut un œil à l’âme pour voir la gloire de Jésus, et cet œil, c’est la foi ; la foi qui est le résultat d’un acte créateur, d’une opération de Dieu, car c’est la communication d’une vie nouvelle. Tant que cet œil manque, le soleil a beau briller, on ne voit point. Une certaine logique peut nous faire dire avec Nicodème : « Personne ne peut faire les miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui ; nous savons que tu es un docteur venu de Dieu », etc. ; mais cette logique n’est pas l’œil qui discerne la gloire de Jésus ; aussi le Seigneur cherche-t-Il à faire comprendre au docteur, qu’il faut qu’un homme naisse de nouveau, naisse d’en haut, ce qui étonne Nicodème. Les faits froidement examinés peuvent bien nous imposer les conséquences qui en découlent ; l’intelligence, la raison, si l’on veut, est gagnée, vaincue, et sans doute c’est déjà quelque chose que de raisonner juste ; mais le raisonnement n’est pas la foi, n’est pas la vie. L’homme simplement animal ne peut ni recevoir, ni comprendre les choses qui sont de l’Esprit de Dieu. Quelles actions de grâces n’avons-nous donc pas à rendre à Dieu, nous, à qui Il a donné des yeux pour voir la gloire de Son Fils ! Oh ! ne cessons pas de contempler cette gloire, soit celle qu’Il a manifestée dans Son abaissement, soit celle dans laquelle Il est actuellement et qu’Il manifestera bientôt devant tous, quand Il viendra avec une grande puissance et une grande gloire !
Mais maintenant portons un instant nos regards sur l’autre chose que Jean a vue en Jésus et qu’il nous montre. Il déclare que la « Parole habita au milieu de nous pleine de grâce, et que de cette plénitude nous avons reçu grâce sur grâce ». Or la grâce, de même que la gloire, est certainement présentée dans l’Écriture comme un principe, comme une doctrine, comme une vérité plus ou moins abstraite. C’est ainsi surtout que nous la présentent les épîtres de Paul, et chacun sait avec quelle puissance il démontre que là où le péché a abondé la grâce a surabondé, qu’elle a des richesses si immenses, qu’elle est capable de sauver n’importe quel pécheur, de couvrir n’importe quelle misère, de justifier n’importe quel criminel, de délivrer n’importe quel captif, d’enrichir le plus pauvre et le plus misérable des hommes ! Il est de toute importance de nous occuper de la doctrine de la grâce, mais il est bon de nous souvenir qu’on n’arrive pas à une vraie connaissance et une vraie jouissance de la grâce, par la spéculation, par la voie du raisonnement, par une sèche analyse ou une étude purement théologique des textes qui nous parlent de la grâce ; ce n’est point par un travail de l’esprit ou de l’intelligence pour faire de ces textes un ensemble imposant et bien lié ; non, ce n’est point par cette voie seulement qu’on parvient à une vraie connaissance et une vraie jouissance de la grâce. La raison en est bien simple. Avant de nous être annoncée comme une doctrine, la grâce a été manifestée en Jésus et par Lui. Il l’a apportée sur la terre, elle est apparue, on l’a vue et connue, touchée en la personne de Jésus qui en était plein, tellement plein qu’elle débordait de tous côtés et se manifestait dans toutes Ses paroles et dans toutes Ses œuvres. Or, si je veux connaître la grâce, il faut que je suive Jésus sur la terre, que je L’entende parler aux pécheurs et le voie agir en eux. Il faut, en un mot, que Sa personne soit devant mes yeux. Quand la personne de Jésus n’est pas devant nous, la grâce devient quelque chose de si abstrait, que nous en parlons avec des cœurs admirablement secs ; on raisonne sur cette doctrine, comme sur une autre ; l’intelligence sait ce qui est bon, mais qu’est-ce que le cœur aime, quand la personne de Jésus n’est pas son objet ? Jamais une doctrine, pas même celle de la grâce, n’est proposée à notre amour. C’est une personne, c’est Jésus. « Fortifie-toi dans la grâce… qui est en Jésus Christ ». Il faut donc que je vive près de Jésus avec Lui, si je veux vraiment connaître Sa grâce et en jouir ; il faut que je L’entende dire à Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu n’a pas envoyé son Fils au monde pour juger le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui » (3, 16, 17). Il faut que je Le voie, Lui, assis sur le puits, près de Sichar, parlant à la Samaritaine et lui disant : « Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive » (chap. 4). Il faut que je Le voie, visitant les malheureux de Béthesda et disant au pauvre infirme : « Veux-tu être guéri ? » (chap. 5). Il faut que je L’entende au grand jour de la fête criant aux foules : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (chap. 7). Et à la femme adultère : « Moi je ne te condamne pas non plus : va et ne pèche plus » (chap. 8). Et : « Je suis le bon Berger ; le bon berger met sa vie pour ses brebis » (chap. 10). Il faut que je Le voie pleurer sur la tombe de Lazare (chap. 11), et laver les pieds de Ses disciples (chap. 13). Toutes Ses voies, toutes Ses paroles, tous Ses actes envers les pauvres pécheurs manifestent Sa grâce. Ses paroles ! Tout ce qu’Il dit à Ses disciples, dans les chapitres 13 à 17 de cet évangile, n’est-il pas comme un fleuve de grâce ? Il les console ; Il va leur préparer une demeure ; Il ne les laissera pas orphelins, Il viendra les chercher, les prendre avec Lui ; Il prie instamment pour eux, leur donne Sa gloire, veut que là où Il est, ils y soient aussi ! Et ce n’est pas ici un amour de parole et de langue. La fin de l’évangile nous montre qu’il est en effets et en vérité. Il donne aux siens tout ce qu’Il a, mais Il donne davantage ; Il se donne Lui-même. « Vous connaissez la grâce de notre Seigneur Jésus Christ qui, étant riche, s’est fait pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Cor. 8, 9). Ah ! c’est dans Sa passion, dans le don de Sa vie, dans Sa mort, que la grâce du Seigneur paraît dans tout son éclat.
Je pense donc que la plus puissante exposition de la grâce que nous ayons, c’est la vie de Jésus ; en Le suivant de la crèche à la croix, nous en apprendrons plus qu’en lisant les meilleures dissertations sur ce sujet. Veux-je dire qu’il ne faille pas voir Jésus au-delà de la croix ? Oh ! non ! Je ne puis le voir que là où Il est ; et Il est au ciel, couronné de gloire et d’honneur. Mais là même que dit-Il ? « Et que celui qui entend dise : Viens ! Et que celui qui a soif vienne, et que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22). Voilà ce qu’Il dit encore aujourd’hui même ! Le fleuve de grâce qui a commencé à couler sur la terre, coule toujours, coule aujourd’hui du ciel ! Oh ! que tout pauvre pécheur vienne s’y abreuver ! « Oh ! vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux ; venez, achetez sans argent et sans aucun prix du vin et du lait ! ».
Faire de l’évangile un sujet de spéculation, de raisonnement et de dispute a toujours été l’affaire de l’ennemi. C’est un piège qui est toujours devant nos pas, et le moyen d’y échapper, c’est d’avoir Jésus Lui-même devant nous. Si l’on n’y prend pas garde, on en vient assez facilement à vivre plutôt avec des idées, des systèmes, une doctrine, que de vivre avec Jésus et de Jésus Lui-même. Souvenons-nous que ce n’est point par une théorie, si parfaite qu’elle soit, que nous pouvons apprendre comment Jésus a marché et comment il faut que nous marchions nous-mêmes. Il est vrai qu’il y a des préceptes qui nous disent de quelle manière il nous faut marcher et plaire à Dieu (1 Thess. 4, 1, 2), mais il y a aussi l’exemple de Jésus auquel la Parole nous renvoie sans cesse. Jésus est le seul soleil de l’âme : sous les rayons de Sa grâce et de Sa gloire, elle voit, elle vit ; ailleurs il n’y a que ténèbres et mort, quelles que soient les apparences.