Messager Évangélique:La conversion de Job, ou Dieu qui justifie/Partie 1
Le témoignage de la Parole inspirée quant à Job, cet homme des jours anciens, c’est qu’il était un véritable homme de Dieu, intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal (1, 1). Les biens de cet homme étaient considérables, car Dieu l’avait béni de bénédictions terrestres — sur la terre. Il est important de remarquer ceci avant que Job soit mis dans la fournaise. La droiture de son caractère est hors de question, d’après le témoignage de Dieu.
Le témoignage de la Parole est de même tout aussi clair, quant à tout enfant de Dieu, sous cette dispensation, quelque éprouvé et battu qu’il puisse être. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Éph. 1, 3). Nous ne sommes pas bénis, ici-bas, de biens qui peuvent être détruits ; mais bénis, dans les lieux célestes, en Christ. Remarquez quelle certitude — Il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans le Christ Jésus. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, qui ne se peut flétrir, conservé dans les cieux pour vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé au dernier temps » (1 Pierre 1, 3-5). Ainsi la bénédiction du croyant dans ces deux chapitres, Éphésiens 1 et 1 Pierre 1, est en brillant contraste même avec celle du « plus puissant des Orientaux ». L’héritage de Job pouvait se flétrir, mais non pas celui du chrétien.
Ainsi donc, avant d’entrer sur la scène de ce terrible combat, que le chrétien soit bien fondé sur le témoignage de Dieu, quant à tout ce qui pour lui est absolument certain. Il est parfaitement évident, d’après la Parole de Dieu, qu’il a la rédemption par le précieux sang de Christ, savoir la rémission des péchés. Son héritage dans les lieux célestes ne saurait lui être plus fermement assuré ; car le Seigneur Jésus, qui mourut pour ses péchés, est ressuscité d’entre les morts, et est monté en haut afin de prendre et de garder la possession des lieux célestes pour lui. Cette possession n’est-elle pas, par conséquent, aussi assurée au croyant que s’il la tenait déjà ? C’est-à-dire pourrait-il la posséder d’une manière plus certaine que Christ, dans la gloire, la possède pour lui ? C’est une question vidée : l’héritage est conservé dans les cieux pour lui. Mais, dira-t-on, tout en étant enfant de Dieu, ne peut-il pas tomber, et tomber de manière à perdre après tout cet héritage ? Non, cela aussi est prévu ; il est conservé « pour ceux qui sont gardés par la puissance de Dieu ». C’est ainsi, ô chrétien timide et tremblant, que le témoignage de la Parole rend toutes choses claires et certaines pour toi. Le témoignage de Dieu, quant à Job, était celui-ci : qu’il était « intègre [ou parfait] et droit, craignant Dieu et se détournant du mal ». Et encore une fois, quant à la position du croyant maintenant, comme le témoignage en est clair : « Car par une seule offrande il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10). « Et vous êtes accomplis en Lui » (Col. 2, 10). Et l’amour pour Dieu, l’amour de la sainteté et la haine du mal ne sont-ils pas les traits caractéristiques de tout homme qui est né de Dieu (1 Jean 3, 6-10) ? Ainsi comme le témoignage de Dieu avait tout d’abord déterminé la bénédiction et le caractère de Job, de même le témoignage de la Parole détermine maintenant la bénédiction et le caractère de tout enfant de Dieu.
Le voile qui couvre pour nous le monde invisible est levé, si nous pouvons parler ainsi. Satan entre parmi les fils de Dieu. Il vient de courir çà et là par la terre et de s’y promener. C’est le grand adversaire dont Pierre nous dit qu’il rôde tout autour comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. Le Seigneur, afin de nous montrer ce qu’est cet ennemi pour nous, adresse une question à Satan : « N’as-tu point considéré mon serviteur Job ? » et Satan avait considéré le cas de Job en effet. Ah ! bien souvent, lorsque nous ne nous en doutons guère, Satan peut être occupé à nous surveiller, à considérer avec toute l’expérience des siècles, quelles sont les tentations qui seraient le mieux adaptées à notre cas particulier, qui pourraient le mieux nous entraîner. Votre porte peut être fermée et vous pouvez l’oublier, mais il peut se trouver là veillant sur vous, et veillant avec la plus profonde malignité, cet être réel, ce réel adversaire, Satan. Il ne serait pas plus réel quand nous le verrions de nos yeux. Dieu a béni Job et c’en est assez pour remplir de haine le cœur de Satan. Maintenant va commencer l’épreuve permise. Elle était nécessaire. Et jamais Satan n’a la permission de nous cribler, sans que cela soit nécessaire. À l’égard de tout véritable enfant de Dieu, Satan peut être sûr qu’il sera dupe de sa propre ruse. Dieu fera tourner toutes choses au bien au croyant.
Qui aurait cru possible que Satan eût un pareil pouvoir, si Dieu ne nous l’eût pas révélé dans ce livre ? Les fils et les filles de Job, ainsi que le monde de nos jours, sont occupés à manger et à boire, se doutant peu de la soudaine destruction qui les attend. Les bœufs labouraient, et les ânesses paissaient tout auprès, chaque chose suivant son cours ordinaire. Ô monde à l’aspect si riant ! il pourrait n’y avoir pas de tentateur au-dedans de toi. Comme Satan a vite et habilement accompli son œuvre ! Les Sabéens sont tombés sur les bœufs et les ânesses, et les ont pris, et ils ont frappé les serviteurs au tranchant de l’épée ; un seul d’entre eux est échappé pour le rapporter à Job. Nous entendons parler d’une invasion redoutée, de levées de troupes, de menaces d’un puissant ennemi, etc. ; mais combien peu de personnes pensent à ce grand adversaire, Satan, « le prince de l’autorité de l’air » (Éph. 2, 2), « le dieu de ce siècle » (2 Cor. 4, 4), le grand moteur des dernières scènes de la méchanceté humaine (Apoc. 13, 4 ; 20, 7, 8). C’était Satan qui avait amené les Sabéens contre les biens et les serviteurs de Job. Il est meurtrier dès le commencement. Et comme le serviteur parlait encore, il en vint un autre qui lui dit : « Le feu de Dieu est tombé des cieux, et a embrasé les brebis et les serviteurs, et les a consumés, et je suis échappé moi seul pour te le rapporter ». Tout étrange que cela puisse paraître, Satan fera usage encore une fois de cette même puissance. « Et elle [la seconde Bête] fait de grands miracles, en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes » (Apoc. 13, 13). « Et comme celui-là parlait encore, un autre arriva et dit : Les Chaldéens, rangés en trois bandes, se sont jetés sur les chameaux et les ont pris, et ont frappé les serviteurs au tranchant de l’épée, et je suis échappé moi seul pour te le rapporter ». Quelque terrible que fussent ces nouvelles, il y en avait de plus terribles encore. « Comme celui-là parlait encore, un autre arriva et dit : Tes fils et filles mangeaient et buvaient dans la maison de leur frère aîné ; et voici, un grand vent s’est levé de delà le désert et a heurté contre les quatre coins de la maison, qui est tombée sur ces jeunes gens, et ils sont morts, et je suis échappé moi seul pour te le rapporter ». Ainsi commençait la bataille comme par un feu roulant de mousquèterie. Oh ! quelle douleur pour un cœur de père, que la nouvelle de la mort d’un enfant ; mais quelque pénible que cela fût pour Job, et quelque terrible que fût cette première partie du combat, la grosse artillerie de Satan n’était pas encore à l’œuvre. Jusque-là Job tient bon : « l’Éternel l’avait donné, l’Éternel l’a ôté ; le nom de l’Éternel soit béni ».
De nouveau Satan, l’accusateur des frères, nous est présenté. Il est encore parmi les fils de Dieu, accusant Job. Il a échoué dans son attaque, mais il n’a pas cessé, pour cela, de considérer Job et de chercher à le détruire.
Dieu répète Son témoignage, et il est bon aussi que nous revenions au premier témoignage de la Parole, après chacun des assauts de notre mortel ennemi. C’est précisément dans cette même épître aux Éphésiens, qui expose notre glorieuse et assurée position dans le Christ ressuscité, que nous sommes exhortés à revêtir l’armure complète de Dieu ; et l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu ne doit pas être oubliée. « Revêtez-vous de l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme devant les artifices du diable ». Ce n’est pas contre les Sabéens, contre les Chaldéens, ni contre le feu et le vent, qu’est notre lutte, mais contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes.
« Et l’Éternel dit à Satan : Voici, il est en ta main, seulement ne touche point à sa vie ». Heureux sommes-nous de savoir que notre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Satan peut avoir la permission de brûler notre corps sur l’échafaud, mais il ne saurait toucher à la vie éternelle — celle-ci ne peut jamais mourir. C’est seulement déloger pour être avec Christ, et cela est de beaucoup meilleur.
« Ainsi Satan sortit de la présence de l’Éternel, et frappa Job d’un ulcère malin depuis la plante de son pied jusqu’au sommet de sa tête ». Ainsi comme les bénédictions de Job étaient terrestres, en contraste avec les nôtres qui sont célestes, de même ses afflictions étaient corporelles, en contraste avec les nôtres qui sont spirituelles. Et comme il fut permis à Satan d’agir sur le corps de Job et de le plonger dans la plus profonde douleur — pauvre homme, quel tableau nous en est donné ! — il se grattait et était assis dans les cendres — de la même manière il peut être permis à Satan d’agir sur notre vieille nature charnelle, en sorte que, spirituellement, nous trouvons que, depuis le sommet de la tête à la plante des pieds, il n’y a rien d’entier en nous, il n’y a que blessure, meurtrissure et plaie purulente. Ah ! c’est alors que Satan met en avant son artillerie de réserve. Le premier coup qu’il dirige sur Job maintenant, ce sont les paroles de sa femme étonnée et irritée, qui dit : « Conserveras-tu encore ton intégrité ? Maudis Dieu et meurs ». Combien la réponse de Job est frappante. Discernant sans doute la détresse de sa femme à la vue de son affliction, et prenant le meilleur côté de la chose, il répond de manière à lui laisser voir qu’il la croit au fond meilleure que ne l’impliquent ses paroles : « Tu parles comme une femme insensée ». Il ne dit pas : Tu es une femme insensée, mais : Tu parles comme si tu en étais une. « Quoi ! nous recevrions de Dieu les biens, et nous n’en recevrions pas les maux ! En tout cela Job ne pécha point de ses lèvres ». Quel caractère vraiment beau que celui de Job ! Assurément un des plus beaux entre les fils de l’humanité déchue. L’Éternel avait dit de lui : « Il n’a point d’égal sur la terre ». Il est à remarquer que quand les trois amis de Job, Éliphaz, Bildad et Tsophar, entrent en scène, nous n’entendons plus parler de Satan. Et quels instruments plus acérés Satan pourrait-il employer, que des amis qui se trompent sur votre compte ? Être mal jugé, mal compris de ceux que nous aimons ; certes, c’est là de l’amertume. Et à cet égard que n’a pas enduré notre précieux Sauveur, alors qu’Il vint chez soi et que les siens ne L’ont point reçu.
Mais pour en revenir à Job, nous pouvons nous former une idée de l’amertume de son angoisse par l’effet qu’elle produisit sur ses trois amis. « Ils s’assirent à terre avec lui pendant sept jours et sept nuits, et nul d’eux ne lui dit rien, parce qu’ils voyaient que sa douleur était fort grande ». Telle était la souffrance de Job ; et c’est là, je pense, comme un tableau de la profonde angoisse de cœur de plus d’un véritable enfant de Dieu, qui, comme Job, connaissant la rédemption, mais ne connaissant pas la vivante et toute puissante sacrificature de Christ, et qui, peut-être, après des années d’heureuse jouissance de Christ, pour autant du moins qu’il Le connaissait, trouvant que sa chair est toujours aussi affreusement corrompue que jamais, voit peut-être comme en un moment toute son espérance d’amendement évanouie et détruite ! Job n’aurait pu poser le doigt sur une partie quelconque de son corps qui ne fût pas une plaie. Et le croyant, tôt ou tard, devra voir lui aussi, qu’il n’y a, dans sa vieille nature, absolument rien sur quoi il puisse se reposer. Et puis autre chose est de parler, autre chose encore de savoir que tout ce que je suis dans le premier Adam est flétri et mort devant Dieu. Heureux sommes-nous, quand nous avons appris cela, d’apercevoir aussi le brillant côté de résurrection du pauvre Job.
Chapitre 3. Enfin Job ouvre la bouche, et quelle douleur, quelle amertume ! Puis il termine par ces paroles : « Ce que je craignais le plus m’est arrivé, et ce que j’appréhendais m’est survenu. Je n’ai point eu de paix, je n’ai point eu de repos, ni de calme ; toutefois le trouble est arrivé ».
Il se peut qu’il en ait été ainsi de mon lecteur. Le vrai croyant ne redoute rien tant que le péché ; et cependant ce qu’il craignait le plus, le péché, oui, le péché, encore le péché et toujours le péché, il le voit en lui ; et pourtant il le craint, il le hait, il avait parfois combattu à outrance pour s’en débarrasser entièrement et quelquefois il avait espéré d’en avoir fini avec lui, et puis de nouveau il le sent, le voit revenir, se relever, et se retrouve toujours le même ; ah ! cela ne semble-t-il pas devoir ôter toute espèce de paix ? — Nul repos, nul calme, mais au contraire le trouble qui arrive, comme dans le cas de Job. Jusqu’à ce que la leçon de Job soit apprise, je sais qu’il en est ainsi de tout enfant de Dieu. Oui, et l’amertume de votre angoisse sera précisément en proportion avec votre amour pour Dieu et avec votre haine pour le péché. N’avez-vous pas, depuis votre conversion, éprouvé du dégoût pour le péché ? N’a-t-il pas pesé lourdement sur votre âme, à tel point que, semblable à Job, qui désirait n’être jamais né, vous avez presque désiré n’avoir jamais été converti, ou du moins douté de l’être ? Hélas ! vous avez peut-être été bien plus de sept jours avec quelqu’un de vos intimes amis, avant de pouvoir ouvrir votre cœur. Vous ne vous attendiez guère à vous trouver si méchant.
Maintenant voilà Satan qui renouvelle l’attaque au moyen de l’ami Éliphaz. Des flèches empoisonnées partent de ses lèvres, dans le chapitre 4, 3-8 : « Voilà, tu en as enseigné plusieurs ». C’est une chose terrible quand Satan parvient ainsi à fixer les pensées d’un pauvre croyant sur lui-même. « Quoi ! dit-il, est-ce bien toi ? toi qui as fait une si haute profession ? toi qui instruis les autres ? — toi à qui l’on s’attend ? Ah ! le bel opprobre que tu vas jeter sur le nom de Christ, si le monde vient à connaître tout ce que tu es. Ton péché est effrayant, précisément en raison de la profession que tu fais ». Oui, et quelquefois il persuaderait volontiers à l’âme tremblante, que son péché est tellement aggravé à cause de sa profession ouverte, qu’il ne peut plus être pardonné ; et alors si cela ne suffit pas, le voilà, prompt comme la pensée, lançant le dard qu’il jeta à Job : « J’ai vu que ceux qui labourent l’iniquité, et qui sèment l’outrage, les moissonnent. Ils périssent par le souffle de Dieu ». Voilà le bout aigu du grand coin de Satan. C’est la première insinuation que Job est un hypocrite. C’est ce même coin que nous lui verrons enfoncer, coup après coup, à mesure que nous irons en avant dans le livre.
Que le croyant se tienne en garde contre le coin de Satan ; il pourra par exemple vous insinuer ceci : « Oui, tout cela est très vrai pour ceux qui font partie du peuple de Dieu ; certainement ils ont la rédemption par le sang de Christ ; je ne te dis pas de douter de cela. Mais ne m’est-il pas permis de faire cette question : Si tu étais un enfant de Dieu, serais-tu aussi méchant ? N’es-tu pas un hypocrite ? Qu’en penses-tu ? ». Ah ! voici un terrain sur lequel, si le chrétien s’y laisse entraîner, il reçoit un terrible soufflet. Sans doute il est très vrai que ceux qui sèment l’iniquité la moissonnent, et cela sera toujours vrai. Ils périssent par le souffle de Dieu. Mais cela était mal appliqué quant à Job, c’eût été appliqué à faux dans le cas de Pierre, bien qu’il eût renié son Seigneur ; c’eût été justement appliqué à Judas. Lui avait semé l’iniquité. Il cherchait une occasion de livrer son Maître. Il n’en était pas ainsi de Pierre, bien que, en présence de la tentation, il se soit trouvé complètement sans force. Voilà justement la différence entre un croyant et un hypocrite. Le péché n’est pas l’objet du croyant : il ne cherche pas des occasions de trahir Christ, quoique, hélas ! comme Pierre, en présence de la tentation, il puisse se trouver dépourvu de toute force.
Maintenant c’est cette fausse application de la vérité, dont Satan se servit dans les discours des amis de Job. Le chapitre 6 nous fait voir quelle secousse terrible cela causa au malheureux Job. « Plût à Dieu, dit-il, que mon indignation fût bien pesée, et qu’on mît ensemble dans une balance ma calamité ! Elle serait plus pesante que le sable de la mer. Parce que les flèches du Tout-puissant sont au-dedans de moi, mon esprit en suce le venin ; les frayeurs de Dieu se dressent en bataille contre moi ». Job se trompait grandement : ces flèches étaient les flèches de Satan. Dieu n’était pas contre Job. Si seulement il avait su que, au contraire, Dieu était pour lui.
Combien grande est la détresse de l’âme lorsque Satan peut ainsi insinuer que Dieu est contre le croyant, comme il parvient à grossir chaque épreuve, chaque affliction ! « À présent, dit-il, est-ce que cela ne montre pas que tu es un hypocrite et que Dieu est contre toi ? Maintenant, il va te traiter comme tes péchés le méritent ». Oui, et combien le cœur incrédule est vite prêt à dire : « Il faut bien que cela soit ainsi. Personne, assurément, n’a eu des sentiments de désespoir pareils à ceux que j’éprouve. Les frayeurs de Dieu se rangent en bataille contre moi. Je croyais être un si bon chrétien, mais maintenant je vois que mes péchés méritent la condamnation la plus sévère ». Hélas ! l’angoisse de Job, quand il fut aux prises avec cette tentation, devint si profonde qu’il demanda à Dieu de le détruire. Soit qu’il dorme soit qu’il veille, il n’y a pour lui aucun soulagement. Il ne trouve personne qui comprenne son état, et ainsi il s’enfonce de plus en plus dans l’abîme de son amertume.
Et quand le croyant passe par ces profondes eaux, combien peu il en est qui comprennent bien son état ! Je n’en connais qu’un seul, dont je vais parler tout à l’heure.
Chapitre 8. Voici maintenant l’ami Bildad, qui vient frapper sur le coin à son tour pour l’enfoncer un peu plus avant. « Le jonc montera-t-il sans qu’il y ait eu du limon ? L’herbe des marais croîtra-t-elle sans eau ? Ne se flétrira-t-elle pas même avant toute herbe, bien qu’elle soit encore en sa verdure, et qu’on ne la cueille point. Il en sera ainsi des voies de ceux qui oublient Dieu, et l’attente de l’hypocrite périra » etc. Tout cela est vrai des auditeurs, semblables aux lieux rocailleux ; mais cela n’était pas vrai de Job, et cela n’est pas vrai non plus de celui qui se confie sincèrement en Christ. L’eau qui est en lui est une source qui jaillit en vie éternelle. « L’attente de l’hypocrite périra », mais la plus faible des brebis de Jésus ne périra jamais. Si l’on va regarder à sa propre verdure, je veux dire à celle qu’on s’imagine avoir — à sa bonté vantée, oh ! alors, cela en effet se fane, et de cette manière Satan a l’avantage. Il peut y avoir beaucoup de fraîcheur d’âme à la conversion — comme dans l’herbe des marais ; mais gardez-vous de vous y fier ; car bien souvent la réaction a lieu en proportion de l’exubérance de la joie, quand on découvre le vrai caractère de la chair. Alors voici, les dards enflammés qui arrivent en masse, tels que : « Je me suis fait illusion à moi-même. Je n’éprouve plus ce que j’éprouvais autrefois. Peut-être, n’ai-je pas de racine en Christ ». « L’attente de l’hypocrite périra ». Oh ! alors quelle obscurité d’âme — quelle perplexité ! L’œil a cessé de regarder à Christ. Le cœur en est venu à écouter Satan. Même la toute première question, celle de la justification, redevient indécise. Prenez garde aux coups de Bildad.