Messager Évangélique:La persévérance finale/Partie 1

De mipe
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Cher ami,

Votre lettre se rapporte à un sujet très important, beaucoup trop important pour être résumé en quelques lignes tracées à la hâte, sous le titre de « Correspondance » ou de « Explication de passages ». La question de la persévérance finale, quoique très simple, selon notre jugement, a embarrassé bien des personnes ; et les questions que vous nous soumettez, ainsi que les passages de l’Écriture que vous alléguez, prouvent abondamment que vous n’êtes pas vous-même très au clair sur ce point. Néanmoins, il est possible que vous ayez plutôt pour but d’être utile aux autres que de vous instruire vous-même, en provoquant une discussion de cette doctrine, à la lumière de la Parole. Quoi qu’il en soit, nous serons toujours heureux de faire part à nos lecteurs et à nos correspondants de la lumière que, dans Sa grâce, le Seigneur peut nous avoir communiquée, sur des sujets d’un intérêt commun pour tous ceux qui aiment la vérité.

En essayant de répondre à votre intéressante lettre, nous avons trois choses à faire, savoir : En premier lieu, d’établir la doctrine de la persévérance finale ; ou en d’autres termes, la sécurité éternelle de tous les membres de Christ. En second lieu : de répondre aux questions que vous nous avez présentées, et que, nous le reconnaissons, les antagonistes de doctrine de la persévérance finale mettent habituellement en avant. Et troisièmement : d’expliquer les passages que vous citez et qui semblent vous présenter de grandes difficultés. Puisse le Saint Esprit nous enseigner, et nous donner un esprit entièrement soumis à l’autorité de l’Écriture, afin que nous soyons capables de former un jugement sain sur le sujet que nous allons examiner.

I. Premièrement donc, quant à la doctrine de la persévérance finale, elle nous paraît fort claire et fort simple, pourvu qu’on la considère dans son rapport immédiat avec Christ, comme, au reste, toute doctrine doit être considérée. Christ est l’âme, le centre et la vie de toute doctrine. Une doctrine séparée de Christ n’est qu’un dogme sans vie et sans puissance, une pure idée dans l’esprit, un simple article dans un credo. C’est pourquoi il faut considérer chaque vérité dans ses relations avec Christ. Il faut qu’Il soit notre point de vue et notre point de départ ; ce n’est qu’autant que nous nous tenons près de Lui et que, de ce grand point central, nous considérons tous les autres, que nous pouvons nous en former une idée vraiment correcte et juste. Si, par exemple, je fais du moi mon point de vue, et que, de ce point, j’envisage la question de la persévérance finale, je suis sûr de n’arriver qu’à une vue entièrement fausse du sujet, attendu que, de cette manière, c’est de ma persévérance finale qu’il s’agira, et que tout ce qui dépend de moi est nécessairement incertain.

Mais, si Christ est mon point de départ, et que, de ce centre, j’examine le sujet, la vue que j’en aurai sera immanquablement correcte, vu qu’alors ce sera de la persévérance de Christ qu’il sera question ; or, je suis parfaitement assuré qu’Il persévérera et que nulle puissance du monde, de la chair ou du diable, ne pourra empêcher que Christ ne persévère jusqu’à la fin pour le salut de ceux qu’Il a rachetés au prix de Son propre sang, car « Il peut sauver entièrement (ou jusqu’à l’achèvement) ceux qui s’approchent de Dieu par Lui ». C’est bien là assurément de la persévérance finale, quelles que soient les difficultés et la puissance contraire : « Il peut sauver entièrement ». Le monde avec ses mille pièges est contre nous ; mais « Il a tout pouvoir ». Le péché en nous avec ses mille opérations est contre nous ; mais « Il a tout pouvoir ». Satan avec ses mille machinations est contre nous ; mais « Il a tout pouvoir ». En un mot, c’est la capacité de Christ, non la nôtre ; c’est la fidélité de Christ, non la nôtre ; c’est la persévérance finale de Christ, non la nôtre — dont il s’agit. Tout dépend de Lui dans cette importante affaire. Il a racheté Ses brebis et Il les sauvegardera le mieux qu’Il pourra. Or, puisque : « Tout pouvoir lui a été donné dans le ciel et sur la terre », Ses brebis doivent être — et pour toujours — en parfaite sécurité.

Si la vie du plus faible agneau de Son troupeau pouvait être atteinte par quoi que ce soit, il ne pourrait pas être dit de Christ qu’Il a « tout pouvoir ».

Il est donc de la plus haute importance de considérer la question de la persévérance finale comme inséparablement liée à Christ. Alors les difficultés disparaissent ; les doutes et les craintes s’évanouissent ; le cœur est affermi, la conscience soulagée, l’entendement éclairé. Il est impossible que ce qui constitue une partie du corps de Christ périsse jamais ; or, le croyant fait partie de ce corps : « Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os » (Éph. 5, 30).

Chacun des membres du corps de Christ était écrit dans le livre de l’Agneau mis à mort, avant la fondation du monde, et nulle créature n’a le pouvoir d’effacer ce qui est écrit dans ce livre. Écoutez ce que le Seigneur Jésus dit de ceux qui sont à Lui : « Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent, et je leur donne la vie éternelle et elles ne périront jamais, et nul (homme, diable ou qui que ce soit d’autre) ne les ravira de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tous, et personne ne les ravira de la main de mon Père » (Jean 10, 27-29).

Assurément la persévérance finale est comprise dans ces paroles ; et qui plus est, non la persévérance des saints seulement, mais celle du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Oui, cher ami, c’est sous cette face que nous voudrions vous voir considérer le sujet en question. C’est la persévérance finale de la sainte Trinité. C’est la persévérance du Saint Esprit à ouvrir les oreilles des brebis. C’est la persévérance du Fils à recevoir tous ceux dont les oreilles ont été ainsi ouvertes. Enfin, c’est la persévérance du Père à garder, en Son propre nom et dans la paume de Sa main, le troupeau racheté au prix du sang de Son Fils. Voilà qui est assez clair. Il faut, ou que nous admettions la vérité — la vérité consolante et fortifiante de la persévérance finale, ou que nous cédions à la proposition blasphématoire qui attribue à l’ennemi de Dieu et de l’homme le pouvoir de poursuivre, avec succès et jusqu’au bout, la lutte qu’il soutient contre la sainte et éternelle Trinité. Il n’y a pas de milieu. « Le salut est de l’Éternel », dès le principe jusqu’à sa consommation. C’est un salut gratuit, inconditionnel et éternel. Il vient chercher le pécheur, dans toute sa culpabilité, sa ruine et sa dégradation, pour l’élever là où Dieu habite dans toute Sa sainteté, Sa vérité et Sa justice ; et ce salut est éternel. Dieu le Père en est la source ; Dieu le Fils en est le canal ; et c’est par la puissance du Saint Esprit que ce salut est appliqué à l’âme et qu’elle en jouit. Tout est de Dieu, du commencement à la fin ; du fondement de l’édifice à la pierre la plus haute ; d’éternité en éternité. S’il n’en était pas ainsi, ce serait une présomptueuse folie que de parler de persévérance finale ; mais puisqu’il en est ainsi, ce serait une incrédulité présomptueuse que de songer à autre chose.

Avant comme après la conversion, de nombreuses difficultés se présentent sur notre chemin, cela est vrai ; nous avons de puissants adversaires ; mais c’est précisément pour cette raison que nous devons maintenir la doctrine de la persévérance finale entièrement dégagée du moi et de tout ce qui en dépend, et la faire reposer simplement sur Dieu. Quelles que soient les difficultés et en dépit de tous les adversaires, la foi peut toujours dire avec triomphe : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? ». Et encore : « Qui nous séparera de l’amour de Christ ? Sera-ce l’affliction, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée ? Selon qu’il est écrit : Nous sommes livrés à la mort tous les jours à cause de toi, et on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie. Au contraire, en toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs, par Celui qui nous a aimés. Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les choses élevées, ni les choses basses, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour que Dieu nous a montré en Jésus Christ notre Seigneur » (Rom. 8, 35-39).

Dans ces passages encore, la persévérance finale est enseignée de la manière la plus claire et la plus forte. « Aucune créature ne pourra nous séparer ». Que ce soit le moi, sous n’importe quelles formes ; ou Satan avec toutes ses ruses et ses machinations ; ou le monde avec tous ses attraits ou son dédain — ils ne pourront jamais séparer le « nous » de Romains 8, 39, de l’amour de Dieu qu’Il nous a montré en Jésus Christ notre Seigneur. Sans aucun doute, il y a des personnes qui peuvent se tromper et en tromper d’autres. Des cas de conversions simulées peuvent se présenter. On peut paraître courir bien pendant un temps, puis faillir. Les fleurs du printemps peuvent n’être pas accompagnées des fruits mûrs et suaves de l’automne. Tout cela est possible et, de plus, les vrais croyants peuvent manquer en plusieurs choses. Ils peuvent broncher et être arrêtés dans leur course. Ils peuvent avoir plus d’une raison de se juger et de s’humilier dans les détails de la vie pratique. Mais, en accordant à toutes ces choses la part la plus large, l’importante doctrine de la persévérance finale n’en reste pas moins inébranlable et intacte sur son éternel et divin fondement : « Je leur donne (à mes brebis) la vie éternelle (non temporaire ou conditionnelle), et elles ne périront jamais ». Et encore : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle ». On peut raisonner selon ses propres idées et baser ses arguments sur des cas qui se présentent de temps en temps dans l’histoire des chrétiens professants : quant à nous, considérant le sujet au point de vue divin et donnant pour base à nos convictions l’infaillible Parole de Dieu, nous soutenons que ceux qui appartiennent au « nous » de Romains 8, aux « brebis » de Jean 10, et à « l’Église » de Matthieu 16, sont aussi en sûreté qu’il est possible à Christ de les rendre sûrs, et nous croyons que c’est là la somme et la substance de la doctrine de la persévérance finale.

II. En second lieu, cher ami, nous répondrons brièvement et positivement aux questions que vous nous avez présentées.

1° « Un croyant sera-t-il sauvé, peu importe dans quelle voie de péché il puisse vivre et mourir ? ». — Un vrai croyant sera infailliblement sauvé ; mais nous jugeons que le salut renferme, non seulement une pleine délivrance des conséquences futures du péché, mais encore de la puissance et de la pratique du péché dans le temps présent. D’où il s’ensuit que si nous rencontrons quelqu’un qui vit dans le péché, et qui néanmoins se vante de son assurance du salut, nous le regardons comme un antinomien et point du tout comme un sauvé. « Si nous disons que nous avons communion avec Lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous n’agissons pas selon la vérité ». Le croyant peut tomber, mais il sera relevé ; il peut être surpris, mais il sera restauré ; il peut errer, mais il sera ramené, parce que Christ peut sauver entièrement, et aucun de Ses petits ne périra.

2° « Le Saint Esprit peut-il habiter dans un cœur qui se livre au mal et à des pensées impures ? ». Le corps du croyant est le temple du Saint Esprit (1 Cor. 6, 19). Cette importante vérité est le fondement solide sur lequel repose toute exhortation à la pureté et à la sainteté du cœur et de la vie. Nous sommes exhortés à ne pas contrister le Saint Esprit. « Se livrer » au mal et à des pensées impures n’est nullement la marche chrétienne. Le chrétien peut être assailli, affligé et harassé par de mauvaises pensées, et en pareil cas, il n’a qu’à regarder à Christ pour remporter la victoire. La marche qui convient au chrétien est ainsi décrite dans la première épître de Jean : « Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas ; mais celui qui est né de Dieu se conserve soi-même et le méchant ne le touche point » (chap. 5, 18). Voilà le côté divin de la question. Nous savons, hélas ! qu’il y a le côté humain ; mais nous jugeons le côté humain par le divin. Nous n’abaissons pas le point de vue divin au niveau du point de vue humain, mais nous avons toujours pour point de mire le côté divin malgré le côté humain. Nous ne devrions jamais être satisfaits à moins de 1 Jean 5, 18. C’est en ayant toujours en vue le vrai modèle que nous pourrons espérer d’atteindre à une hauteur morale plus élevée. Prétendre avoir l’Esprit, tout en « se livrant au mal » et à des pensées impures, est à notre jugement l’ancien nicolaïsme (Apoc. 2, 6-15), ou le moderne antinomianisme.

3° « S’il en est ainsi, ne dira-t-on pas que chacun peut vivre comme bon lui semble ? ». Très bien ; mais comment semble-t-il bon au chrétien de vivre ? Comme Christ autant que possible. Si cette question eût été adressée à Paul, qu’aurait-il répondu ? 2 Corinthiens 5, 14-15 et Philippiens 3, 7-14 nous fournissent la réponse. Il est à craindre que ceux qui font de telles questions ne connaissent pas grand-chose de Christ. Nous comprenons qu’une personne puisse se trouver embarrassée dans les filets d’un système théologique qui ne voit qu’un côté, et qu’elle soit embrouillée par les dogmes opposés de la théologie systématique ; mais nous croyons que celui qui tire de la liberté, de la souveraineté et de la fermeté éternelle de la grâce de Dieu, une excuse pour vivre dans le péché, ne connaît rien du christianisme et n’a ni part, ni lot dans cette affaire ; mais qu’il est dans une condition dangereuse et vraiment épouvantable.

Quant au cas que vous alléguez du jeune homme qui, ayant entendu un ministre énoncer que « une fois enfant, on est toujours enfant », en prit occasion de se plonger et de vivre ouvertement dans le péché ; ce n’est qu’un exemple entre mille. Nous croyons que le ministre avait raison en ce qu’il dit et que le jeune homme eut tort en ce qu’il fit. Juger les paroles du premier par les actes du dernier serait une grave erreur. Que penserais-je de mon fils quand il dirait : « une fois fils, toujours fils », donc je n’ai qu’à briser les fenêtres de mon père et à me livrer à toute sorte de mal ?

Nous jugeons l’énoncé du ministre par la Parole de Dieu, et nous le déclarons vrai ; nous jugeons la conduite du jeune homme par la même règle, et nous déclarons qu’elle est mauvaise. La chose est toute simple. Nous n’avons aucune raison de croire que le jeune homme ait jamais réellement goûté la grâce de Dieu, car dans ce cas il l’aimerait, il cultiverait et pratiquerait la sainteté. Le chrétien a à lutter contre le péché, mais lutter contre le péché et se vautrer dans le péché sont deux choses entièrement opposées. Dans le premier cas, on peut compter sur la sympathie et la grâce de Christ ; dans l’autre, on blasphème de fait le nom de Christ, en ce qu’une telle conduite implique que Christ est ministre du péché. Juger la vérité de Dieu par les actions des hommes est, selon nous, une grave erreur. Tous ceux qui le font doivent arriver à une fausse conclusion. C’est précisément le contraire qu’il faut faire pour être dans le vrai. Saisissez d’abord la vérité de Dieu, puis jugez toutes choses par cette vérité. Prenez la règle divine et qu’elle soit pour vous la mesure de toutes choses. Prenez la balance du sanctuaire pour constater le poids de tout et de chacun. Il ne faut pas régler la balance d’après le poids de chacun ; mais juger du poids de chacun d’après la balance. Quand bien même dix mille professants renonceraient à leur profession pour vivre et mourir ouvertement dans le péché, cela n’ébranlerait pas notre confiance en la doctrine divine de la persévérance finale. La même Parole qui prouve la vérité de cette doctrine, prouve aussi la fausseté de leur profession. « Ils sont sortis d’entre nous, mais ils n’étaient pas des nôtres » (1 Jean 2, 19). « Le fondement de Dieu demeure ferme ayant ce sceau : le Seigneur connaît ceux qui sont siens. Et que tous ceux qui se nomment du nom de Christ se retirent de l’iniquité » (2 Tim. 2, 19).