Traité:Le cordon écarlate

De mipe
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Josué 2 et 6

Jéricho[1] était une ville riche et populeuse de la terre de Canaan dont les habitants avaient oublié Dieu et ne s’occupaient que des plaisirs et des richesses de cette vie. Peut-être n’étaient-ils pas, comme le peuple de Sodome et de Gomorrhe, ouvertement débauchés et immoraux ? Mais ils recherchaient leurs aises ; le monde leur était agréable ; leurs affaires prospéraient. Peut-être gardaient-ils les dehors de la décence et les apparences de la moralité ; Dieu, cependant, n’était pour rien dans leurs pensées. Dans le fond, ils étaient fort semblables au reste des hommes, se consumant en efforts pour réussir dans leurs affaires et oubliant Dieu. Si parfois la pensée d’un jugement traversait leur esprit, ils la repoussaient bientôt comme importune, en se persuadant à eux-mêmes que le monde durerait bien autant qu’eux, que Dieu était miséricordieux, qu’ils n’étaient pas pires que leurs voisins et autres raisonnements de cette espèce. Telle était Jéricho ; et c’est précisément parce qu’elle était telle, que Dieu l’avait condamnée à être détruite. Tout, il est vrai, y paraissait toujours beau et prospère ; la plaine, bien arrosée, était aussi verdoyante et aussi fertile que jamais ; les bienfaisantes inondations du Jourdain rendaient les prairies très productives ; les habitants de la ville étaient forts, bien portants et actifs ; tout ce qu’ils entreprenaient semblait réussir ; rien ne faisait même présager un affaiblissement ou un déclin de leur bien-être ; leur ville était si solidement construite, si bien fortifiée et si habilement défendue, qu’elle pouvait défier toute espèce d’armées ennemie et braver toutes les forces humaines. Et cependant la sentence avait été prononcée par l’Éternel contre Jéricho ; elle était suspendue sur cette cité, malgré sa prospérité apparente. Dieu voyait que ce peuple avait comblé la mesure de ses iniquités, et Son jugement ne sommeillait point.

Maintenant, portez vos regards autour de vous sur le monde. Comme Jéricho, il a été condamné par le Seigneur à la destruction. Avant Sa crucifixion, Jésus a dit : « Maintenant est le jugement de ce monde » (Jean 12, 31). À la vérité, nous ne pouvons distinguer aucun signe extérieur de ce jugement : les saisons reviennent à leur tour ; le jour succède à la nuit ; tout marche comme il a toujours marché ; et cependant la sentence est prononcée. Vous vivez dans un monde qui est sous le poids d’un jugement. Redoutable pensée ! à chaque instant, ce jugement peut recevoir son exécution ; ce qui est sûr, c’est qu’il arrivera quand les hommes s’y attendront le moins. « Or le jour du Seigneur viendra comme un voleur ; et, dans ce jour, les cieux passeront avec un bruit sifflant et les éléments embrasés seront dissous, et la terre et les œuvres qui sont en elle seront brûlées entièrement » (2 Pier. 3, 10).

Mais avant que Jéricho fût détruite, Josué envoya deux hommes pour épier secrètement le pays, et leur dit : Allez, voyez le pays et Jéricho. Et ils s’en allèrent, et vinrent dans la maison d’une prostituée nommée Rahab et y couchèrent (Jos. 2, 1).

La terreur des jugements de Dieu, dont ils avaient entendu parler, avait saisi, il est vrai, tous les habitants du pays ; mais cette terreur n’avait été que passagère, et le peuple de Jéricho était si peu disposé à recevoir instruction de ce qu’il avait appris, que le roi de cette ville voulut faire saisir et mettre à mort les deux Israélites, qui auraient péri par ses mains sans la foi et les bons offices de Rahab.

Il en est de même aujourd’hui de ce monde : Dieu a envoyé avertissement sur avertissement avant l’arrivée de la terrible destruction ; mais qui a cru à cette prédication ? Qui est-ce qui fuit la colère à venir ? Presque tous s’en moquent ; quelques-uns s’irritent d’être troublés par ces choses ; d’autres se récrient contre une doctrine aussi peu charitable, comme si Dieu allait réellement juger la terre, comme si les hommes étaient réellement aussi méchants que tels ou tels prédicateurs les représentent.

Mais dans Jéricho même, il se trouva une femme qui crut la parole de Dieu et reçut les espions en paix ; — c’était Rahab — une prostituée — peut-être la plus mauvaise femme de la ville où elle était décriée et méprisée de tous. — C’est elle qui dit hardiment : « Je sais que l’Éternel vous a donné le pays ». Elle n’avait pas eu plus de moyens de le connaître que les autres : la puissance de Dieu en faveur de Son peuple, et Ses terribles jugements, dont le récit avait effrayé Jéricho, touchaient Rahab à salut ; elle croyait à la vérité de ces nouvelles, car elle pouvait dire : « L’Éternel votre Dieu est Dieu dans les cieux en haut et sur la terre en bas ». Ce fut cette croyance, cette foi qui la sauva. Croire, vous le voyez, est une chose bien simple. Rahab avait entendu parler des Israélites ; on lui avait raconté comment l’Éternel avait divisé devant eux les eaux de la mer Rouge ; elle avait appris comment ils avaient détruit leurs ennemis de l’autre côté du Jourdain, et elle croyait toutes ces choses. Jamais, il est vrai, elle n’avait vu personne de ce peuple merveilleux dont elle entendait tant parler ; et quand les espions qui en faisaient partie, vinrent lui demander un logement, elle ne vit en eux que deux hommes d’un aspect misérable et accablés de fatigue ; mais ce qu’elle avait ouï avait pénétré profondément dans son cœur ; elle avait cru que le Dieu qui protégeait ainsi les Israélites, était le vrai Dieu : c’est pourquoi elle accueillit les espions avec joie, les logea et les garantit à ses périls et risques. C’étaient là la foi et ses fruits : la foi, car elle crut ce qu’on lui racontait des prodiges opérés au loin en faveur d’un peuple dont elle ne connaissait rien sinon par des récits, et opérés par un Dieu qu’elle n’avait point connu auparavant ; — ses fruits, car lorsque deux individus de ce peuple se présentèrent à sa porte, elle les reçut par la foi avec joie et reconnut en eux des messagers du capitaine du peuple de Dieu.

Or, cher lecteur, un message de Dieu vous est aussi adressé au milieu de ce monde condamné à la destruction. D’un côté, il vous dit que le jugement est suspendu sur cette terre condamnée, car « le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand ils diront : Paix et sûreté ! alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point » (1 Thess. 5, 2, 3). D’un autre côté, ce message vous annonce que « celui qui croit au Fils a la vie éternelle, et ne vient pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 3, 36 ; 5, 24). Plus de condamnation pour l’homme qui ajoute foi à ce message de Dieu ; il est à l’abri du feu et de la colère qui doivent se répandre sur cette terre ; lavé et blanchi dans le sang de l’Agneau, revêtu de la justice de Dieu, il sera fait participant de tout le bonheur et de toute la gloire de Dieu, alors que « le ciel se retirera comme un livre que l’on roule, et que toute montagne et toute île seront remuées de leurs places ».

Mais revenons à l’histoire de Rahab. Après avoir dit aux deux hommes qu’elle connaissait que l’Éternel leur avait donné le pays, elle ajoute : « Maintenant donc, je vous prie, jurez-moi par l’Éternel que, puisque j’ai usé de gratuité envers vous, vous userez aussi de gratuité envers la maison de mon père ; et vous me donnerez un signe certain que vous laisserez vivre mon père, et ma mère, et mes frères, et mes sœurs, et tous ceux qui sont à eux, et que vous sauverez nos âmes de la mort ». Et ces hommes lui répondirent : « Nos vies payeront pour vous… Et lorsque l’Éternel nous aura donné le pays, nous userons de gratuité et de vérité envers toi ». Rahab est tellement certaine que la destruction va fondre sur Jéricho, qu’il faut que les espions lui donnent un serment et un signe pour sa sûreté avant qu’elle les laisse partir ; et elle n’essuiera pas un refus ; ils sont tout prêts à lui accorder ce qu’elle désire ; ils répondront de sa sûreté sur leurs propres vies : « Nos vies payeront pour vous ». Ils n’ont pas besoin de s’en retourner pour demander à Josué, leur capitaine, s’ils peuvent épargner la vie de Rahab ; non, ils peuvent s’engager eux-mêmes, parce qu’ils connaissaient d’une manière sûre la pensée de leur chef. Avec tout autant de certitude qu’ils savent qu’ils triompheront de la ville, ils sont assurés que Rahab et sa maison seront épargnées. Admirable confiance ! Deux pauvres espions, en danger de mort, au milieu d’une cité ennemie, éloignés de leur armée, peuvent garantir sur leurs vies à une pauvre prostituée qu’elle et sa maison seront sauvées ; étant, d’une part, pleinement certains que le pays leur sera donné, et, de l’autre, qu’ils ont le pouvoir d’annoncer la délivrance à Rahab.

Ceci, cher lecteur, ressemble au message et au gage de l’évangile que je puis aussi vous offrir. Au milieu d’un monde corrompu, qui hait le Seigneur Jésus, ayant à combattre de toute manière contre le péché et contre Satan, exposé à toute espèce de séductions contraires à la vérité, cependant, au nom de Celui qui est le capitaine de notre salut, je puis vous promettre une pleine, gratuite, éternelle délivrance de toute la peine du péché, de toute la condamnation de ce monde, de tout le pouvoir de Satan et de la mort, si seulement vous croyez le témoignage que Dieu a rendu de Jésus. Ce n’est point un message douteux, une délivrance incertaine qui vous sont ici gratuitement présentés de la part de Dieu. Si j’y ajoutais un si, et que je vous l’offrisse à une condition quelconque, si je me bornais à vous dire d’espérer le salut, je serais un messager trompeur, un ambassadeur infidèle. Non, vous avez besoin d’une rédemption complète, gratuite, éternelle. Un salut, au sujet duquel il ne puisse y avoir aucune ombre de doute, peut seul satisfaire les désirs de votre âme, et c’est précisément là ce que Dieu, dans Sa miséricorde, offre en Christ à tout pécheur. « Que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie ». Vous le voyez, le salut est offert gratuitement à chacun. — « Celui qui croit a la vie éternelle ». Vous le voyez, le don de la vie est éternel. « Dieu justifie l’impie ». Vous le voyez, c’est l’impie, le pécheur, qui reçoit la bénédiction.

Rahab demandait encore un signe. « Et les hommes lui dirent : … Voici, nous allons entrer dans le pays ; tu attacheras ce cordon de fil écarlate à la fenêtre par laquelle tu nous as fait descendre, et tu rassembleras auprès de toi, dans la maison, ton père, et ta mère, et tes frères, et toute la maison de ton père. Et il arrivera que quiconque sortira hors des portes de ta maison, son sang sera sur sa tête et nous serons quittes ; mais, quiconque sera avec toi dans la maison, son sang sera sur notre tête, si on met la main sur lui… Et elle dit : Qu’il en soit selon vos paroles. Et elle les renvoya, et ils s’en allèrent ; et elle attacha le cordon d’écarlate à la fenêtre ». C’était là pour Rahab le signe qu’elle et tous ceux qui seraient dans sa maison, étaient en sûreté — le cordon écarlate à la fenêtre.

Et vous aussi, vous avez besoin d’un signe ; or Dieu en a donné un pleinement suffisant au pauvre pécheur ; — le sang du Seigneur Jésus. Regardez à ce sang, et vous êtes sauvé ; vous n’avez plus alors sujet de craindre un jugement, car le sang indique qu’un jugement a déjà été prononcé sur un autre et subi par un autre. Redoutez-vous la colère de Dieu à cause de vos péchés ? Voici, le sang de Jésus nous dit que la colère de Dieu est tombée tout entière sur Lui, à cause de nos péchés qu’Il a portés en Son corps sur le bois. Sentez-vous avec douleur que le péché vous souille de sa corruption et de son impureté, et qu’il vous rend incapable de jouir de la sainte présence de Dieu ? Voici le témoignage de Dieu, c’est que « le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché ». C’est sur la Parole de Dieu seule que le pécheur doit s’appuyer ; et cette Parole montre le sang et annonce le sang comme le signe de l’entière purification et de l’entier pardon du pécheur qui croit.

Vous direz peut-être : « Comment dois-je regarder à ce sang ? Comment puis-je connaître que j’ai part au sang précieux de Jésus ? Comment puis-je savoir que ce sang a été répandu pour moi ? ». Cher lecteur, si ce sont là vos pensées, il est facile de vous répondre. Ne vous tourmentez pas pour savoir si, vous, vous regardez, oui ou non, à ce sang, ou s’il a été, oui ou non, répandu pour vous ; croyez seulement que Dieu y regarde, que Dieu le considère comme une rançon pleinement suffisante pour le péché ; qu’il est précieux aux yeux de Dieu ; qu’il est pour Lui le témoignage attestant que le jugement prononcé contre le péché a été subi par Son Fils unique, et que Sa sainteté et Sa justice en ont été pleinement satisfaites.

Le cordon écarlate à la fenêtre de Rahab devait être le signe, non seulement pour elle, mais pour les Israélites, que sa maison était garantie. Le sang de Jésus est le signe, non pour le pécheur seulement, mais pour Dieu, que le pécheur qui s’y confie est sauvé. Dieu, qui est le juge de tous, dit que le sang de Son Fils a été répandu pour plusieurs en rémission des péchés, et Il vous invite, vous et tous les pécheurs, à croire cela ; si vous le faites, vous êtes sauvé.

Quant à la question de savoir qui a part au sang précieux de Christ : ce sont ceux qui en sentent le besoin. Une telle victime n’aurait point été immolée, si l’état des pécheurs n’eût pas été désespéré. Le Fils de Dieu n’a pas quitté la gloire éclatante de Son Père et n’est pas descendu dans ce monde de mort pour y chercher des justes. S’Il eût cherché des êtres saints, bons et purs, Il n’aurait pas quitté le ciel. Il venait vers des pécheurs, appeler des pécheurs, chercher et sauver ce qui était perdu ; c’est pourquoi Il a paru sur cette terre, où il n’y a que des pécheurs entièrement perdus, où il n’y a point de bons, point de justes, non pas même un seul. Cher lecteur, Rahab, la pécheresse, n’avait point de justice dont elle pût se glorifier, point de bonté sur laquelle elle pût s’appuyer. Quelle avait été sa vie ? Une vie de péché et de débauche ; cependant Jéricho périt, et elle fut sauvée. Que fit-elle pour cela ? Si les hommes ne sont sauvés qu’autant qu’ils sont bons, ils ne pouvait y avoir d’espérance pour elle ; mais elle se confia en Celui qui est « miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, grand en bonté et en vérité ; gardant la bonté envers des milliers de générations ; pardonnant l’iniquité, la transgression et le péché ». — Sachant qu’il n’y avait pas de temps à perdre, sans renvoyer d’un instant, elle attacha aussitôt le cordon écarlate à la fenêtre. Et vous, de même, vous n’avez point de temps à perdre : « Voici, c’est maintenant le temps agréable, voici, c’est maintenant le jour du salut ». Que maintenant le sang soit le gage de votre sûreté. Fuyez à ce sang pour sauver votre vie. Le jugement est près, il est à la porte. Il n’y a de sûreté, de salut, que dans le sang de Jésus.

Mais le temps marchait ; les deux espions étaient retournés auprès de Josué, et les habitants de Jéricho avaient repris tranquillement le train de leurs affaires, de leurs projets ou de leurs plaisirs. À la fin, pourtant, voici l’armée des Israélites qui arrive et qui campe auprès de la ville. Lorsque, de sa fenêtre placée dans la muraille même, Rahab plongeait ses regards sur la plaine où elle voyait les troupes rangées en bataille, quelles devaient être ses pensées ? Elle devait trembler, car le jugement était proche ; mais non, le cordon écarlate, solidement lié à la fenêtre, lui disait qu’elle était en sûreté. Mais ses parents, ses frères, ses sœurs, qu’allaient-ils devenir ? Elle va et les supplie de se réfugier avec elle, là où le cordon écarlate est le signe assuré du salut. Mais quoi ! ils devraient entrer dans la maison d’une vile prostituée ! sous le toit d’une femme qui avait été pour eux le sujet d’une grande honte, et qui avait déshonoré toute leur famille ! Et elle osait leur parler de sûreté avec elle ! Était-il croyable que Dieu choisît la maison d’une femme de mauvaise vie pour en faire la seule place de délivrance dans Jéricho, quand il y avait dans cette ville tant de personnes vertueuses et respectables qui ne s’étaient jamais déshonorées, et dont la vie avait été morale, décente, honnête ? Oh ! avec quelle force Rahab, le rebut de sa famille, dut insister auprès d’eux ; et cependant avec quelle confiance elle devait leur montrer sa maison comme la seule qui serait épargnée, la seule qui eût le cordon écarlate ! Il est vrai qu’elle avait été une misérable prostituée ; il est vrai qu’elle n’avait point de bonté sur laquelle elle pût s’appuyer ; aussi se confiait-elle en Dieu. C’est dans la miséricorde de ce Dieu, et non dans ses propres mérites (car elle n’en avait point) qu’elle plaçait sa confiance. Le signe à la fenêtre, le cordon écarlate, lui disait que tout ce qui était sous son abri était en sûreté ; et elle savait que, si ses parents se confiaient dans le même Dieu, s’ils croyaient ce qu’elle avait cru, sa délivrance serait la leur, et que le même signe les protégerait aussi bien qu’elle.

« Jéricho était fermée et avait barré ses portes devant les fils d’Israël ; personne ne sortait, et personne n’entrait ». Aucun moyen d’échapper, si ce n’est celui offert par Rahab ; et, quelque humiliés que fussent ses parents d’accepter un tel refuge, joyeux toutefois de la délivrance qui leur était présentée, ils cherchèrent un abri dans la maison où le cordon écarlate à la fenêtre attestait que le jugement était passé. Ainsi, cher lecteur, le sang de Jésus Christ nous annonce de bien humiliantes vérités par rapport à nous-mêmes, tout en nous annonçant de bonnes et réjouissantes nouvelles à l’égard de la miséricorde et de l’amour de Dieu. Il nous dit que nous sommes tous également condamnés comme pécheurs devant Dieu, en sorte que l’homme le plus honnête, le plus décent et le plus moral n’a pas plus de droit à Sa grâce que la pauvre pécheresse dégradée. Il nous dit que l’homme tout entier — corps, âme, esprit, raison, intelligence — tout est, dans chaque individu, si corrompu, si souillé, qu’il n’y a que le précieux sang du propre Fils de Dieu qui puisse mettre le meilleur de tous en état de paraître juste devant Lui ; — et même que le meilleur de tous n’a pas moins besoin de ce sang que le pécheur le plus éhonté qu’il y ait sur la terre. — Il nous abaisse tous à un triste niveau de péché, de culpabilité et de ruine. Il prouve que le plus honnête, le plus aimable est devant Dieu aussi impur, aussi haïssable que la malheureuse prostituée qui est rejetée et méprisée de tous. Sentez-vous le besoin d’une délivrance ? Désirez-vous éviter le jugement ? Vous trouverez la délivrance là où elle est offerte aux plus vils et aux plus indignes : dans le sang de Jésus Christ. Votre vie est perdue ; l’héritage, que vous avez à attendre, c’est la mort et le jugement ; rien ne peut vous procurer la rédemption, si cette culpabilité, cette malédiction, cette ruine n’ont pas été supportées par un autre.

Mais continuons. — Voilà Jéricho soigneusement fermée. Point de moyen d’en sortir, et pour unique place de sûreté, la maison à la fenêtre de laquelle flottait le cordon écarlate. — Et quel est l’état de ce monde ? Il est, comme Jéricho, fermé pour la destruction ; ce monde n’est que la prison dans laquelle les pécheurs, trouvés coupables devant leur Juge, sont renfermés en attendant l’exécution. La sentence a déjà été prononcée (Jean 3, 18). Ne pensez pas que la question de savoir si l’homme est coupable ou non soit douteuse aux yeux de Dieu. La mort de Son Fils l’a depuis longtemps résolue. « Nous sommes tous par nature enfants de colère ». « Tout le monde est coupable devant Dieu ». Qu’a-t-il donc à attendre ? Ce n’est pas la condamnation, car il est déjà jugé et condamné ; c’est l’exécution du jugement. Mais, ici aussi, il y a une maison de refuge, une maison qui ne croulera pas dans la terrible ruine ; une maison faite de pierres vivantes marquées par le sang. Cette maison se compose de tous ceux qui se confient dans le précieux sang de Christ ! Oh ! fuyez donc, et cherchez-y un refuge ! Bientôt, bientôt la terre chancellera entièrement comme un homme ivre ; bientôt le jour de l’Éternel des armées sera là, et qui pourra subsister quand il paraîtra ?

Mais avant ce subit et redoutable jugement suspendu sur leurs têtes, à quoi s’occupent les hommes ? Hélas ! les insensés ! ils s’amurent à peindre et à décorer leur cachot. L’homme est si aveuglé sur l’avenir, il met tant d’empressement à écarter la pensée de la mort que tout rappelle autour de lui, et celle du jugement inévitable qui l’attend, qu’il prend plaisir à embellir et à parer la place même qui doit être son tombeau. Il se plante un jardin, il se construit une agréable habitation et il oublie qu’elle est la cellule du condamné dans laquelle il attendra quelques jours peut-être l’exécution de la sentence prononcée contre lui. Il en était de même à Jéricho : les hommes de guerre contemplaient, du haut de leurs remparts, l’armée des Israélites dont ils bravaient les attaques. Qui pourrait escalader d’aussi hautes murailles ? Qui pourrait enfoncer des portes aussi solides ? Et les jours se succédant sans amener, de la part des Israélites, aucun assaut contre la ville, les habitants de celle-ci s’affermissaient sans doute toujours plus dans leur confiance ; ils s’estimaient plus en sûreté que jamais contre ces ennemis auparavant redoutés. Il en est ainsi de ce monde : « Parce que la sentence contre les mauvaises œuvres ne s’exécute pas immédiatement, à cause de cela le cœur des fils des hommes est au-dedans d’eux plein d’envie de faire le mal » (Eccl. 8, 11). Parce que la patience de Dieu a été longue envers la terre, et qu’Il n’a pas soudain exercé le jugement que les pécheurs ne méritent que trop, les hommes en prennent occasion de dire qu’il n’y a point de jugement à craindre.

Or que firent les Israélites à l’égard de Jéricho ? Ils n’essayèrent pas de battre en brèche les murailles ou d’enfoncer les portes ; non, mais, au commandement de Dieu, ils firent tranquillement le tour de la ville, en portant l’arche de l’Éternel, et au son des trompettes retentissantes dont sonnaient sept sacrificateurs. Ils en firent de même, une fois chaque jour, durant six jours : tout dans la ville était encore aussi ferme et aussi solide que jamais. Pas une pierre ne s’était détachée des murailles. Comme le peuple de la cité devait rire et se moquer de l’apparente folie des Israélites ! Quel mal pouvaient lui faire les sons bruyants des trompettes que faisaient entendre quelques prêtres ? Était-ce là cette force que l’on avait tant ouï vanter ? Était-ce là tout ce que le Dieu d’Israël pouvait faire ? Étaient-ce là tous les jugements dont on les avait menacés ? Probablement que, la première curiosité satisfaite, la plupart n’y firent plus attention et retournèrent, comme de coutume, à leurs affaires ; ou, si peut-être les sons éloignés des trompettes parvenaient jusqu’à leurs oreilles, ils riaient de ces Israélites insensés qui pouvaient perdre leur temps à de telles futilités.

Cher lecteur, n’est-ce pas là encore la peinture fidèle du monde ? Il a reçu avertissement sur avertissements pour lui rappeler que le Seigneur vient ; mais ces avis retentissent aux oreilles des hommes comme de vaines paroles. En effet, ils ont tellement négligé cette vérité : « Le Seigneur est à la porte », qu’elle semble à plusieurs aussi étrange que nouvelle. Tous se sont endormis et ont volontiers oublié cette effrayante vérité. Néanmoins la parole de l’Éternel demeure certaine : « Voici, il vient avec les nuées et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé, et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui » (Apoc. 1, 7). Les hommes peuvent, il est vrai, se moquer et douter ; c’est même ce que la Parole du Seigneur a prévu, quand elle a dit : « Aux derniers jours, des moqueurs viendront marchant dans la moquerie selon leurs propres convoitises, et disant : Où est la promesse de sa venue ? Car depuis que les pères se sont endormis, toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création » (2 Pier. 3, 3, 4). Mais comme, au temps de Noé, le déluge vint soudainement sur le monde, et que tous périrent à l’exception de huit personnes qui étaient dans l’arche, ainsi la venue du Seigneur surprendra ce monde d’une subite destruction, et ils n’échapperont point.

Il en fut ainsi de Jéricho. — Six jours s’étaient écoulés ; — le septième arriva. — De nouveau, les sacrificateurs avec les trompettes, l’arche et l’armée firent le tour de la ville ; mais ce jour-là ils en firent sept fois le tour. Jéricho demeurait debout et menaçante… Le septième tour arriva ; — les derniers sons des trompettes allaient se faire entendre — Josué dit au peuple : « Criez ; car l’Éternel vous a donné la ville… Le peuple donc jeta des cris et l’on sonna des trompettes. Et quand le peuple eut ouï le son des trompettes, et eut jeté un grand cri, la muraille tomba sous elle-même ; et le peuple monta dans la ville, chacun devant soi, et ils prirent la ville, et ils détruisirent entièrement, par le tranchant de l’épée, tout ce qui était dans la ville, et homme, et femme, et enfant, et vieillard, les bœufs, les moutons et les ânes… Et ils brûlèrent par le feu la ville et tout ce qui y était ».

Ce fut une destruction des plus redoutables et des plus soudaines ! Qu’étaient devenus maintenant les rires et les railleries qu’on avait faits des Israélites ? Où étaient ces remparts qui s’élevaient jusqu’aux cieux, et ces vaillants hommes de guerre ? Telle sera aussi la destruction qui tombera sur ce monde comme un éclair. Le Seigneur Lui-même descendra du ciel. Vêtu d’un vêtement teint dans le sang, et suivi par les armées des cieux, Il frappera les nations, et Il foulera la cuve du vin de la fureur de la colère du Dieu Tout-puissant (Apoc. 19, 13-15 ; És. 63, 1-6).

Mais quand ces choses arriveront, les hommes verront-ils le jugement approcher ? En seront-ils avertis ? Non, les avertissements, ils les avaient déjà reçus. Ils ont entendu la Parole de Dieu sur ce sujet et ont tenu son témoignage pour une fable, précisément comme à Jéricho l’on méprisait les sons lointains des trompettes ; ils l’ont négligé, méprisé, rejeté. « Mais, quant à ce jour-là, et à l’heure, personne n’en a connaissance, pas même les anges des cieux ». « De même aussi, comme il arriva aux jours de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait : mais au jour où Lot sortit de Sodome, il plut du feu et du soufre du ciel, qui les fit tous périr : il en sera de même au jour où le Fils de l’homme sera manifesté » (Matt. 24, 36 ; Luc 17, 28-30). Chacun continuera ses affaires accoutumées. Comme à l’ordinaire, le commerçant pensera à son trafic, l’homme de peine à ses travaux, le paresseux à ses plaisirs, l’ivrogne aura le verre à la main et le profane le jugement sur les lèvres ; l’impur réfléchira aux moyens de satisfaire ses convoitises : alors, en un moment, en un clin d’œil, chacun sera saisi par l’apparition du Seigneur. Le silence du désespoir remplacera l’agitation affairée des milliers de ceux qui, se nommant chrétiens, avaient le nom de vivre, mais étaient morts. Que ne donnerait pas alors un homme pour une seule heure de sa précédente vie ! Ah ! maintenant les mondains peuvent se moquer ; ils peuvent étouffer la pensée de l’avenir, sous l’amas des soucis, des richesses et des plaisirs ; ce jour les surprendra comme un larron dans la nuit ; et, assurément, ce jour s’approche rapidement.

Cher lecteur, êtes-vous prêt ? Êtes-vous nettoyé, lavé, à l’abri de toute cette destruction ? — Vous entendez parler de la miséricorde de Dieu. Des pécheurs indifférents à leurs âmes, insouciants de Jésus, essayent de tranquillisent leur conscience en disant : « Dieu est miséricordieux ; si nous ne faisons point de tort à notre prochain et que nous menions une vie honnête et décente, Il ne nous punira pas comme les impies ». Mais rappelez-vous Jéricho. Hommes, femmes et enfants, le nourrisson à la mamelle et le vieillard aux cheveux blancs, tous périrent également par le commandement de l’Éternel. Peu importait ce qu’avait été leur vie, il n’en était nullement question ; la seule question était celle-ci : Sont-ils protégés par le cordon écarlate ? Se sont-ils réfugiés sous ce signe libérateur ? Dieu est, en effet, infiniment miséricordieux et pitoyable ; Il a donné le sang de Son Fils pour de pauvres pécheurs, pour un monde qui Le hait. Il montre ce sang comme la preuve de Sa miséricorde et de Son amour : le pécheur qui a cherché là un refuge est sauvé, mais nulle part ailleurs. Ceux-là sont toujours disposés à parler de la miséricorde de Dieu, qui affectionnent ou se permettent quelque péché secret, quelque convoitise favorite ; qui, tout en méprisant le précieux sang de Christ, désirent continuer, si possible, à demeurer dans leur légèreté et leur indifférence, et cherchent pourtant à se persuader qu’à la fin tout ira bien pour eux.

Que devenait Rahab au milieu de cette destruction ? Sa maison était sur la muraille même qui s’ébranla et s’écroula ; fut-elle ensevelie sous les ruines ? Non : sa maison ne tomba point, car le cordon écarlate était à la fenêtre. Quand tout chancelait autour d’elle, quand les craquements répétés des murailles croulantes apprirent que l’heure de la vengeance était venue, sa maison demeura ferme. Or le même Dieu, qui préserva de la ruine la maison de la pécheresse, a fait cette promesse : « Encore une fois, je secouerai non seulement la terre, mais aussi le ciel… afin que les choses qui sont immuables demeurent ». Vous appuyez-vous, cher lecteur, sur ce qui « est immuable », sur la Parole du Seigneur ? « Les cieux et la terre passeront, mais ses paroles ne passeront point ». C’est là le seul fondement assuré.

Bâtissez sur ce fondement de la Parole de Dieu, comme dit le Seigneur Jésus Lui-même : « Quiconque donc entend ces miennes parole et les met en pratique, je le comparerai à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc, et la pluie est tombée, et les torrents sont venus, et les vents ont soufflé, et ont donné contre cette maison, et elle n’est pas tombée, car elle avait été fondée sur le roc ». Il ne s’agit pas seulement d’écouter ce que Dieu dit, mais il faut le croire et agir en conséquence. Rahab crut ce qu’elle avait entendu, aussi agit-elle conformément à sa foi. Elle attacha le cordon écarlate à la fenêtre ; elle recueillit chez elle sa famille qui fut sauvée avec elle. Lorsque, dans Jéricho, l’épée des Israélites n’épargnait ni homme, ni femme, ni enfant, où étaient Rahab et ses parents ? Ils étaient sauvés et en sûreté près du camp d’Israël ; car Josué avait dit aux deux hommes qui avaient exploré le pays : « Entrez dans la maison de la prostituée et faites-en sortir la femme et tous ceux qui sont à elle, comme vous le lui avez juré. Et les jeunes hommes, les espions, entrèrent et firent sortir Rahab, et son père, et sa mère, et ses frères, et tous ceux qui étaient à elle ; ils firent sortir toutes les familles des siens, et ils les laissèrent en dehors du camp d’Israël ».

Jéricho ne pouvait être consumée par le feu tant que la pauvre pécheresse n’avait pas été éloignée et mise à l’abri du danger. De même, tout pauvre pécheur, quel qu’il soit, qui se confie dans le sang de Jésus — quelque avili, désespéré, odieux à lui-même qu’il puisse être, est pourtant sauvé, délivré du jugement, aimé d’un amour éternel, héritier de la gloire et cohéritier de Christ. Et quand ce monde et toutes les choses qui y sont seront brûlées, lui, en paix, dans la gloire, chantera avec allégresse le cantique : Digne est l’Agneau de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction… « car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu, par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple et nation ! ».

Cher lecteur ! le temps est court désormais ! « Encore très peu de temps, et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas ». Environné de myriades de saints glorieux, Jésus apparaîtra bientôt. Et au milieu d’une de ces radieuses et triomphantes légions célestes, se trouvera la pécheresse de Jéricho, jadis si méprisée ; ainsi que tous ceux qui, comme elle, après avoir bien connu ce que c’est d’être pécheurs, auront bien connu aussi ce que c’est d’être sauvés par le sang de l’Agneau.

Puissiez-vous y être aussi, chers lecteurs, affranchis comme elle de toute condamnation, lavés comme elle dans le sang précieux de Christ, couronnés comme elle d’une lumière et d’une joie incorruptibles !


Note

Josué est un type de Jésus. — Leurs noms sont les mêmes. — Comme le premier introduisit les Israélites dans la terre de Canaan, ainsi Jésus introduira Son peuple dans la Canaan céleste. — Josué vint avec le peuple de Dieu pour exterminer les Cananéens idolâtres et corrompus ; Jésus paraîtra avec Ses saints, qui sont par millions, pour juger les hommes méchants et impies. À Sa venue ses rachetés, alors en vie, seront transmués et enlevés avec les saints ressuscités, au-devant du Seigneur, en l’air, comme Rahab et sa famille, qui vivaient au milieu du monde condamné, furent mis à l’abri de la destruction de Jéricho et recueillis auprès du camp d’Israël.

Rahab est mentionnée encore dans les passages suivants :

Matthieu 1, 5 nous apprend qu’elle devint membre du peuple de Dieu, et même qu’elle épousa l’un de ceux de qui, selon la chair, descendit le Christ : Salmon, père de Boaz.

Dans la revue de cette nuée de témoins dont la foi est offerte à notre imitation (Héb. 11, 31), il est fait mention de Rahab : « Par la foi, Rahab la prostituée ne périt pas avec ceux qui n’ont pas cru, ayant reçu les espions en paix ».

Enfin Jacques, voulant montrer que la foi sans les œuvres est morte, cite Rahab, après avoir parlé d’Abraham (2, 25) : « Et pareillement Rahab aussi, la prostituée, n’a-t-elle pas été justifiée par les œuvres, ayant reçu les messagers et les ayant mis dehors par un autre chemin ? ».



  1. Jéricho est un type du monde ; on y plantait et l’on y bâtissait, on y mangeait et l’on y buvait, on y prenait et donnait en mariage, sans s’occuper de Dieu et en comptant sur la durée des choses périssables. « Il en sera de même quand le Fils de l’homme viendra ». D’ailleurs, ce qui est dit ici de Jéricho et du monde ne paraîtra pas hasardé, si l’on se souvient que « l’iniquité des Amoréens devait arriver à son comble », avant que Dieu fît entrer Israël dans le pays de Canaan (Gen. 15, 16).