Messager Évangélique:Pour moi, vivre c’est Christ

De mipe
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Ces paroles par lesquelles l’apôtre Paul nous dit ce qu’était sa vie, nous montrent ce qu’est pratiquement la vie chrétienne, comment cette vie se réalise dans l’âme d’un serviteur de Dieu. Placée au milieu d’un monde misérable et souillé par le péché, environnée de difficultés et d’afflictions de toute sorte, en dépit de la faiblesse du vase qui la porte en lui, tout dans cette vie respire comme un parfum du ciel, pur et vivifiant : on y sent le bonheur, on y voit partout au milieu des circonstances les plus diverses et souvent les plus pénibles, l’amour, la paix, la joie, le dévouement, comme un reflet de Christ.

Ailleurs, l’Écriture nous présente la vie en elle-même en dehors de nous, la vie éternelle qui était auprès du Père manifestée sur la terre, vue, entendue, touchée de nos propres mains. L’apôtre Jean nous annonce et nous déclare cette vie, « ce que nous avons vu et entendu et que nos propres mains ont touché », car la vie a été manifestée ; et puis il nous parle de la vie communiquée, de « ce qui est vrai en lui et en nous », nous apprenant quels sont les caractères propres de la nature nouvelle en contraste avec ceux du vieil homme, nous montrant aussi quelles sont les relations de la nouvelle vie et l’atmosphère au milieu de laquelle elle est appelée à se mouvoir, c’est-à-dire « la lumière ». La justice et l’amour sont les traits qui la font reconnaître ; elle a communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ ; elle marche dans la lumière ; elle ne pèche pas et ne peut pas pécher, et le méchant ne la touche pas, parce qu’elle est de Dieu, mais le monde entier gît dans le méchant.

Mais Dieu n’a pas voulu nous montrer la vie en dehors de nous seulement, dans la personne de Christ, ou nous faire connaître ses traits essentiels en nous, en contraste avec notre vieille nature, d’une manière abstraite et absolue ; Il a voulu aussi dans Sa bonté nous faire lire dans le cœur d’un de Ses serviteurs et nous apprendre ainsi quels sentiments, quels ressorts d’activité, quelles expériences, quelle vie, en un mot, s’y développe sous l’influence de la grâce par la puissance du Saint Esprit. La faiblesse du serviteur, toutes les circonstances douloureuses au milieu desquelles il se trouve placé, n’ont d’autre effet que de faire ressortir davantage la puissance et la beauté de la vie qui le remplit et qui l’entraîne vers la gloire. Celui que nous avons devant nous, c’est un homme « ayant les mêmes passions que nous », mais sa vie est ornée de tous les fruits de l’Esprit, parce que ce n’est plus lui qui vit, mais Christ vit en lui : ce qu’il vit dans la chair, il le vit dans la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et qui s’est livré Lui-même pour lui.

« Pour moi, dit Paul, vivre c’est Christ », et dans cette parole l’apôtre nous révèle le secret de son bonheur et de ce service d’amour et de dévouement dans lequel nous le voyons engagé. Oui, Paul avait discerné la beauté de Christ, et de l’abondance du cœur il parle de « l’excellence de la connaissance de Jésus Christ son Seigneur » : ce cœur est à Christ sans partage, c’est Christ qu’il veut, c’est vers Christ qu’il tend. Selon la chair, Paul eût pu se glorifier de plusieurs avantages, lui qui était de la race d’Israël, pharisien, le plus ardent zélateur de la tradition des pères, et quant à la justice qui est par la loi, étant sans reproche ; mais Christ qui lui était apparu sur le chemin de Damas, avait tout changé pour lui : ce qu’il avait estimé le plus haut, il en faisait joyeusement la perte, tenant toutes choses pour des ordures, « afin de gagner Christ ». En Christ glorieux il avait discerné une justice qui n’était pas de l’homme, ni de la loi ou des œuvres de l’homme, « la justice qui est par la foi en Christ, la justice de Dieu moyennant la foi » ; et Paul désormais veut être trouvé en Christ, ayant cette justice. De sa justice à lui, et de tous les avantages dont sa chair eût pu se glorifier, il n’en fait point de cas, il les estime comme une perte à cause du Christ. Les yeux fixés sur Christ, il marche ainsi vers le salut, vers la pleine et entière délivrance, pour Le connaître Lui et cette puissance par laquelle Il a triomphé de la mort dans le complet anéantissement de Lui-même, en grâce, renonçant à tout, souffrant et mourant, Lui juste pour les injustes. Tourné vers le but, Paul suit les traces de son Seigneur : pour lui, vivre c’est Christ ! Il marche en avant dans l’obéissance et la dépendance ; — laissant les choses qui sont derrière, et s’avançant vers celles qui sont devant, vers la résurrection et la gloire, il court vers le but. Sur cette route il y a des difficultés de toute sorte, des liens, des privations, d’envieux prédicateurs, des ennemis de la croix du Christ, il y a la faiblesse du serviteur ; mais Paul a appris que la grâce de Dieu suffit ; il peut tout par Celui qui le fortifie. Devant le regard de sa foi, les circonstances par lesquelles il passe et qui semblent devoir l’accabler et l’arrêter, sont arrivées pour l’avancement de l’évangile et elles lui tourneront à salut par les prières des saints et les secours de l’Esprit de Jésus Christ ; les liens qui le retiennent captif sont un encouragement pour plusieurs pour annoncer Christ avec plus de hardiesse, sans crainte ; la mort même, si elle vient, n’est pas un obstacle, mais mourir est un gain, parce que la mort, c’est le chemin qui mène à Christ. Au lieu d’être à la merci des circonstances, la foi les domine ; toute la puissance de Christ se réalise dans la faiblesse de Son serviteur, par le Saint Esprit, absorbant tout ce qui est mortel jusqu’à ce que par cette même puissance par laquelle Christ peut s’assujettir toutes choses, le modèle et son image soient rendus pareils dans la résurrection du corps.

Celui qui marche ainsi n’estime pas avoir atteint déjà le but ; mais il est sur le chemin du salut ; il a franchi la porte qui y donne accès ; il est racheté. Comme Israël au désert, il a l’Égypte derrière lui ; le sang de l’Agneau et les eaux de la mer l’abritent de ce côté : devant lui, il entrevoit Canaan, mais tout à l’entour, il n’y a que le désert, le chemin de Canaan ; et comme le peuple de Dieu, ayant pour lui et avec lui Celui qui l’a tiré d’Égypte, il marche en avant vers le but, Dieu Lui-même lui étant comme les forces de la licorne. Dieu a commencé une bonne œuvre, et Il l’achèvera (comp. Nomb. 23, 19-24 et Phil. 1, 6). — Précieuse assurance !

La vie du chrétien, telle que l’épître aux Philippiens nous la représente, n’est pas l’activité égoïste et inquiète de la propre justice cherchant à se faire une position devant Dieu, et à gagner une vie qu’elle n’a pas ; ce n’est pas non plus l’indifférence insouciante de la contemplation mystique : c’est la vie, c’est le bonheur, et un bonheur vrai, expansif comme la grâce elle-même dont il est le fruit. Que nous regardions au-dedans ou au-dehors — à l’état du cœur et aux expériences de l’âme ou au service extérieur — c’est une vie de travail dans l’obéissance et la dépendance de Dieu, le travail du salut, le chemin certain vers la perfection et la complète délivrance dans la gloire. Dans l’objet qu’il poursuit et qui déjà possède son cœur, le chrétien trouve son propre bonheur ; et, en même temps, le modèle parfait de son service et la source de ce dévouement, de cette puissance et de ces tendres et ardentes affections qui font de lui le serviteur de ses frères. « Pour moi, vivre c’est Christ ! ». La vie qui s’exprime ainsi rend à la fois heureux en conduisant au salut dans la gloire, et fait marcher sur les traces de Celui qui, oint du Saint Esprit et de puissance, allait de lieu en lieu, faisant du bien. Nous serons heureux et nous servirons Dieu, dans la mesure dans laquelle nous aussi, chacun en particulier, nous pourrons dire avec vérité : « Pour moi, vivre c’est Christ ! ».

Il est bon que nous nous jugions nous-mêmes devant de telles paroles et que nous nous demandions sérieusement si « vivre », pour nous aussi, « c’est Christ » et pas autre chose ? En sommes-nous là réellement — pratiquement ? Nous aussi, si nous sommes pressés des deux côtés, ne sommes-nous partagés qu’entre le désir de déloger pour être avec Christ — « ce qui est beaucoup meilleur » — et le dévouement absolu à Son service, qui nous fait trouver bon de « demeurer en la chair », si telle est la volonté du Seigneur ? Est-ce que libres ainsi de toute entrave, nous sommes devenus les imitateurs de l’apôtre ? Est-ce que nous marchons suivant le modèle que nous avons en lui, combattant le même combat que nous avons vu en lui ? Dieu le veuille et Dieu le fasse ! — Jésus dit toujours : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ! ».



  1. Voir une lettre en complément de cet article.