Traité:Un grand sujet de joie

De mipe
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(Luc 1, 46-55, 67-79 ; 2, 1-38)J. Lebrat 1910

Si l’on jette un coup d’œil, même rapide, sur les passages indiqués ci-dessus, il est facile de voir qu’un même objet occupe tous les cœurs, et les remplit d’une joie débordante, qui s’exprime en louanges, en adoration, en actions de grâces. Ceux dont le cœur est ainsi rempli ne sont pas d’entre les « heureux du siècle », mais des gens d’une humble condition ; ce qui les réjouit n’est donc pas ce que les hommes estiment essentiel au bonheur. Mais tous, chacun à sa place et selon sa mesure, apportent leur note dans l’harmonie de ce concert qui monte de la terre vers le ciel, et dont le ton est donné par le ciel même.

Quel est le sujet d’une telle joie, le motif de toutes ces louanges ? Un petit enfant vient de naître à Bethléhem, cité de David, dans des circonstances particulières ; sa mère est une vierge appelée Marie, de la maison de David ; mais le désordre est tel en Israël, que cette fille de tant de rois vit dans l’obscurité, et que son fiancé, Joseph, appartenant à la même famille et héritier des droits royaux en Israël, exerce la profession de charpentier, dans une ville méprisée de la Galilée. Cette humble vierge a reçu, par la grâce de Dieu, l’insigne honneur d’être choisie pour être la mère de l’enfant merveilleux qui vient de naître. Il a été conçu par la puissance du Saint Esprit, et, même comme né de femme, Il est appelé « Fils de Dieu ». À Lui, nommé avant Sa naissance, « Jésus, Fils du Très-haut », appartient le trône de David, Son père, et sur la maison de Jacob, le règne à toujours, « et il n’y aura pas de fin à son royaume » (Luc 1, 31-33).

Et cependant, le peuple de Jéhovah, Israël, assujetti aux Gentils à cause de ses péchés, doit subir le joug de ceux auxquels Dieu a donné l’empire du monde. Marie et Joseph ont dû faire le voyage de Galilée en Judée, pour se rendre « dans la ville de David qui est appelée Bethléhem, parce que Joseph était de la maison et de la famille de David, pour être enregistré avec Marie, la femme qui lui était fiancée, laquelle était enceinte. Et il arriva, pendant qu’ils étaient là, que les jours où elle devait accoucher s’accomplirent ; et elle mit au monde son fils premier-né, et l’emmaillota, et le coucha dans la crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie ». C’est ce petit enfant, venu ainsi au monde, qui remplit tous ces cœurs d’allégresse et réjouit non seulement eux, mais aussi le ciel : « une multitude de l’armée céleste louant Dieu et disant : Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et sur la terre, paix, et bon plaisir dans les hommes ! ».

La nouvelle de Sa naissance a été annoncée par un ange à « des bergers demeurant aux champs et gardant leur troupeau durant les veilles de la nuit ». Ces hommes simples ont été troublés par la présence soudaine du messager céleste au milieu d’eux ; il est resplendissant de la gloire du Seigneur, qui éclate au milieu des ombres de la nuit. Ils sont effrayés, on le serait à moins : « Et ils furent saisis d’une fort grande peur ». Que l’homme se trouve, d’une manière ou d’une autre, en la présence de Dieu, il tremble. Étaient-ils meilleurs que d’autres ? Non. Étaient-ils plus coupables ? Non, sans doute. Mais la conscience parle quand on est devant Dieu. Qu’arrivera-t-il ? Sera-ce le jugement faisant valoir l’autorité d’une loi constamment violée, dont les foudres vont tomber sur eux et les consumer ? Les étrangers dominent sur Israël et foulent sa terre à cause de ses péchés. Ces bergers eux-mêmes, que sont-ils ? De pauvres coupables devant la justice de Dieu. Comment échapper ? Mais l’ange leur apporte un message de grâce et non de jugement : « N’ayez point de peur, dit-il, car voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple ; car aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Et ceci en est le signe pour vous, c’est que vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche ».

« N’ayez point de peur ! » C’est la grâce qui rassure. Déjà cette parole s’était fait entendre à Daniel « stupéfié », et en qui n’était restée aucune force, lors de la vision qu’il avait eue sur le Hiddékel : « Ne crains pas, Daniel » (Dan. 10, 12 et 19). Bien d’autres l’entendront dans la suite et en seront rassurés. Mais la grâce ne veut pas seulement que nous soyons rassurés, elle veut que notre cœur se réjouisse : « Voici, je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple ! ». Que la grâce est merveilleuse ! Vous avez eu, dans votre vie peut-être, un sujet particulier de joie ; vous l’avez goûtée, mais elle a été de courte durée, comme les joies de ce monde, auxquelles l’homme s’abandonne souvent sans réserve, mais que d’autres ne peuvent partager avec lui. « Un grand sujet de joie pour tout le peuple » ne peut se rattacher qu’à quelque événement important pour tous ceux qui appartiennent à la même nationalité. Cette joie est augmentée d’autant, que tout le monde peut y avoir part. Quel est donc le grand sujet de joie que l’ange annonce ? La domination étrangère va-t-elle prendre fin ? Le peuple de Jéhovah va-t-il enfin recevoir parmi les nations la place, ordonnée de Dieu, qu’il devrait occuper et qu’il occupera un jour (Deut. 32, 8) ? Hélas ! la captivité ne semble pas près de finir. Le peuple, Jérusalem elle-même, a passé d’un joug sous un autre, et qui brisera celui qui pèse maintenant sur lui ? Il dure encore, et n’est pas près de finir, ce jour dont il est dit : « Tous tes ennemis ouvrent la bouche sur toi ; ils sifflent et grincent des dents, ils disent : Nous les avons engloutis, oui, c’est ici le jour que nous attendions ! Nous l’avons trouvé, nous l’avons vu ! » (Lam. 2, 16). Tous avaient dû se soumettre au décret de l’empereur, à ce joug de fer !

Mais : « Aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ». Merveilleuse grâce ! Dieu, notre Dieu, s’est souvenu « du serment qu’il a fait à Abraham notre père » ! Il y a espérance, oui, il y a espérance pour nous et pour le peuple, quelque misérable que soit notre état. Il nous délivrera, fera cesser notre captivité, nous rétablira, nous bénira. Nos péchés seront ôtés. Voici l’aurore d’un jour nouveau : « L’Orient d’en haut nous a visités », et nous jouirons de la faveur de notre Dieu, car « un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur », nous est né ! C’est le vrai Fils de David, Jéhovah Lui-même dans ce monde, au milieu de Son peuple, malgré l’abjection et la ruine de ce dernier ! Or voyez la forme qu’il a prise : « Et ceci en est le signe pour vous, c’est que vous trouverez un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche ». Il a pris ici-bas la dernière place, celle de la plus profonde faiblesse. Que les pensées de Dieu sont différentes des nôtres !

Mais le message est là, simple, clair, incontestable. Voici les chœurs célestes célébrant ce fait extraordinaire : « Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et, sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes ! ». Les anges se courbent et adorent ce qui n’est pourtant pas en leur faveur, et chantent le mystère insondable de l’amour divin : « Dieu manifesté en chair » ! L’intérêt que Dieu porte aux hommes, aux hommes qu’Il aime, quoiqu’ils se soient détournés de Lui et L’aient offensé, n’excite point de jalousie chez les anges, mais les comble d’admiration et les remplit de joie. Le bon plaisir de Dieu est dans les hommes : « Ses délices étaient dans les fils des hommes » (Prov. 8, 31). L’homme des éternelles délices de Dieu est là ; la grâce a paru, et de quelle manière merveilleuse ! Jéhovah a pris la forme d’« un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche ». La place qu’Il a prise dans ce monde est la dernière. Qui l’eût pensé ? C’est ainsi que Dieu opère toujours : Il a « choisi les choses faibles de ce monde pour confondre les fortes ». C’est ce qui Lui convient, ce en quoi Sa puissance se manifeste, ce qui Le glorifie. Nous avons à nous en souvenir.

Immédiatement la foi des bergers s’empare de la parole de Dieu : « La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10, 17). Telle est la base inébranlable de la foi : « Dieu a parlé ». Cela lui suffit. Le cœur ne reste pas indifférent alors à l’objet que la Parole de Dieu présente : il le lui faut ; il faut qu’il le connaisse. Les bergers ne se contentent pas de dire : Quelle glorieuse vision ! Quelle merveilleuse révélation ! Combien Dieu nous aime et comme Il nous a honorés ! mais : « Allons jusqu’à Bethléhem, et voyons cette chose qui est arrivée et que le Seigneur nous a fait connaître ». La décision est prompte, l’effet immédiat : « Et ils allèrent en hâte, et ils trouvèrent Marie et Joseph, et le petit enfant couché dans la crèche ». Il y a dans cette scène simple, mais grande, qu’ils ont sous les yeux, un intérêt puissant qui lie leur cœur à Celui qui s’est abaissé d’une telle manière. Il faut aussi que votre cœur et le mien connaissent le lien d’amour qui a amené Jésus à prendre cette place ici-bas. La Parole de Dieu n’a pas besoin d’être confirmée, mais avez-vous essayé de sonder l’humiliation de Celui qui a daigné devenir « un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche », pour vous servir ici-bas, pour vous sauver ? Non seulement Il est venu sur la terre, mais Il a pris la condition la plus humble pour que nous puissions Le connaître, c’est-à-dire connaître Dieu, et pour que cet abaissement touche nos cœurs, les attire et les gagne. Cela est digne de Dieu ; ce sont les profondeurs de Son amour. Comment les misérables auraient-ils pu L’approcher s’Il fût venu dans la splendeur de la gloire de Salomon ? Une reine de Sheba peut-être, mais vous et moi ?… Or voici qui parle plus puissamment à nos cœurs que toute la gloire de Salomon : la crèche de Bethléhem, et le petit enfant à qui elle sert de berceau : Il est « un Sauveur, le Christ, le Seigneur ». Un Sauveur ! C’est d’un Sauveur que vous avez besoin, c’est un Sauveur qu’il vous faut « aujourd’hui » ; et c’est « aujourd’hui » que vous pouvez Le trouver, apprendre à Le connaître. Il ne vous Le faut pas pour demain, mais pour « aujourd’hui ».

Les bergers de Bethléhem laissent, oublient leur troupeau. Une seule chose les occupe. Le messager céleste a dit : « Aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur ». Tant d’âmes de nos jours disent : « Nous le savons bien ». Eh bien, c’est bon de le savoir, mais cela ne suffit pas : il faut Le connaître, Lui. Par la Parole de Dieu qui me présente Jésus comme Sauveur, je suis assuré qu’Il est mon Sauveur, le Sauveur d’êtres perdus, mon Sauveur, non parce que je me suis approché de Lui, mais parce que « le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19, 10). Il s’est approché de moi. Or, je suis perdu et, comme tel, j’ai part à ce salut. Il a été accompli pour moi. Qu’ai-je fait pour l’obtenir ? Il demeure éternellement ma part, par la foi. Quelle grâce ! Est-ce tout ? Je suis sauvé, oui, mais peut-être mon cœur manque-t-il de paix, de joie ? Il faut qu’il soit mis en contact avec Celui qui a accompli ce salut, qu’il Le connaisse. Le signe : « Un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche » n’eût rien été pour les bergers, s’ils n’eussent cru le message de l’ange. Ils n’avaient aucune raison pour ne pas le croire. Et vous-même, l’avez-vous cru ?… Maintenant qu’ils avaient cru, leur cœur est rendu plus heureux à la vue de ce qui leur avait été annoncé : il est rempli de reconnaissance et de louanges envers Dieu. « Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de toutes les choses qu’ils avaient entendues et vues, selon qu’il leur en avait été parlé ». Leur cœur en était tellement rempli, qu’ils « divulguèrent la parole qui leur avait été dite touchant ce petit enfant ». Ce qui fait de nous, non seulement des pécheurs sauvés par grâce, mais des témoins de Jésus ici-bas et des adorateurs, c’est la connaissance de Jésus.

Supposons que le message de l’ange fût annoncé à quelque grand personnage dans ce monde. Un petit enfant emmailloté et couché dans une crèche ? C’est vrai peut-être, mais je ne puis m’y rendre, aller dans une étable, pour y voir quoi ? « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? », a dit Nathanaël. Combien d’autres ont pensé qu’il n’était pas digne de Dieu d’agir ainsi ; et pourquoi ? Parce que ce n’est pas la manière de faire de l’homme. « Viens et vois », dit Philippe à Nathanaël. Telle est encore l’invitation que nous vous adressons. C’est aussi celle que Jésus adresse aux deux disciples de Jean, qui Lui demandent : « Où demeures-tu ? Venez et voyez. Ils allèrent et virent où il demeurait ; et ils demeurèrent avec lui ce jour-là ». Abaissez-vous, grands de ce monde, nobles personnages, savants distingués, puissants potentats ! Venez voir quelque chose qui dépasse en grandeur tout ce que l’homme peut concevoir, le signe de Dieu en mystère, « la sagesse cachée, laquelle Dieu avait préordonnée avant les siècles, pour notre gloire ; qu’aucun des chefs de ce siècle n’a connue (car s’ils l’eussent connue, ils n’eussent pas crucifié le Seigneur de gloire), mais selon qu’il est écrit : Ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Cor. 2, 6-9 ; És. 54, 4). Courbez-vous devant le grand mystère de la piété : « Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire » (1 Tim. 3, 16). Ce grand mystère commence à se dérouler à la crèche de Bethléhem, pour se terminer dans la gloire, en passant par la croix. Ne le fallait-il pas ? Votre état et le mien le requéraient, et l’amour de Dieu l’a consommé. Venez et vous serez confondus : la joie remplira votre cœur ; la reconnaissance et la louange en déborderont. Que Dieu vous donne de venir !

Peut-être trouvez-vous qu’aller dans l’étable, à la crèche à Bethléhem, vous humilierait trop. Eh bien ! venez dans le temple à Jérusalem, non point pour en admirer la splendeur ou contempler la magnificence du culte de Jéhovah. Vous y trouverez encore « le petit enfant Jésus » que Joseph et Marie apportent pour Lui faire selon l’usage de la loi. « Ils viennent le présenter au Seigneur (selon qu’il est écrit dans la loi du Seigneur, que tout mâle qui ouvre la matrice sera appelé saint au Seigneur) » (Ex. 13, 2, 12, 15). Ils offrent le sacrifice des pauvres : « une paire de tourterelles ou deux jeunes colombes ». Ah ! dites-vous, c’est trop misérable !

Ne vous rebutez pas, considérez ce groupe : un homme respectable, un vieillard « juste et pieux, attendait la consolation d’Israël : et l’Esprit Saint était sur lui. Et il avait été averti divinement qu’il ne verrait pas la mort que premièrement il n’eût vu le Christ du Seigneur ». Voyez, il tient ce petit enfant dans ses bras, « le petit enfant Jésus » ; sa face rayonne ; et la joie qui remplit son cœur s’exprime en louanges devant Dieu, parce qu’il a conscience que Dieu Lui-même est devant lui. Oui, « le mystère de la piété est grand » ! Écoutons ce que dit Siméon : « Maintenant, Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut ». Le roi des terreurs n’a plus de terreurs pour lui. La délivrance d’Israël qu’il attendait, n’est pas encore opérée, l’œuvre de la rédemption n’est pas encore accomplie, mais il est là, Celui qui sauve. Quelle sérénité, quelle joie ! Vous n’avez peut-être jamais vu un chrétien à ses derniers moments, s’avançant vers ce qu’on appelle l’heure fatale, rempli de paix et de joie, parce que Jésus est son Sauveur et qu’il jouit de Lui. Il a confiance en la douce parole adressée par Jésus à un brigand, mourant à côté de Lui sur la croix : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Pour ce chrétien aussi, cette parole est vraie : il a connu, pendant sa carrière ici-bas, Jésus comme son Sauveur, sa paix, sa joie ; dans le paradis, il sera plus près de Lui. Comment ne se réjouirait-il pas ? Or cette parole est vraie, parce que le bien-aimé Sauveur l’a dite. Celui qui fut le « petit enfant emmailloté et couché dans une crèche », est le même qui « a porté nos péchés en son corps sur le bois ». Si d’autres manquent de cette joie, n’est-ce pas parce que Jésus Lui-même ne remplit pas leur cœur à cette heure suprême ?

M’est-il permis maintenant de vous demander : « Sous quel aspect se présente à vous la mort, lorsque vous l’envisagez en face ? ». Réfléchissez, et que votre conscience réponde ! Peut-être vous imaginez-vous que tout sera fini ? Non, dit l’Écriture : « Il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela le jugement » (Héb. 9, 27). Peut-être, ayant appris de l’Écriture que Dieu, à la création, souffla dans les narines de l’homme « une respiration de vie, et que l’homme devint une âme vivante » (Gen. 2, 7), avez-vous conscience que tout ne va pas bien ? Mais pensez-vous qu’étant honnête, aimable, probe, serviable, religieux même, tout ira bien à la fin ? Or que dit l’Écriture ? « Tous ont péché. — Le salaire du péché, c’est la mort. — Sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission » (Rom. 3, 23 ; 6, 23 ; Héb. 9, 22). Tirez la conclusion vous-même. Il vous faut Christ ; il vous Le faut pour être sauvé ; il vous Le faut pour avoir affaire à Dieu en justice ; il vous Le faut pour vous en aller en paix ; il vous Le faut pour être heureux maintenant. Le bonheur de Siméon ne consistait pas seulement dans ce qui le concernait lui-même. L’âme heureuse n’est pas égoïste, car le cœur de Dieu ne l’est pas ; elle pense à d’autres qui trouveront en Jésus la paix, la joie. « Mes yeux ont vu ton salut, lequel tu as préparé devant la face de tous les peuples : une lumière pour la révélation des nations, et la gloire de ton peuple Israël ». Cet homme heureux se réjouit dans l’étendue de la délivrance de Dieu, parce qu’il est près de Lui, qu’il jouit de Sa présence, de Sa pensée. Les nations elles-mêmes, longtemps plongées dans les ténèbres de l’éloignement de Dieu, seront amenées à Sa lumière pour jouir de Sa grâce. Israël, le peuple bien-aimé, mais coupable, aura en Lui sa place de bénédictions, de joie et de gloire. Pour Siméon, tout est en Christ.

Ensuite, Siméon bénit Joseph et Marie. La grâce l’élève moralement au-dessus d’eux, quelque grand que fut leur privilège, car, « sans contredit, le moindre est béni par celui qui est plus excellent » (Héb. 7, 7). De même jadis, Jacob avait béni le Pharaon (Gen. 47, 7-10). Le patriarche, héritier des promesses, mais étranger en Égypte, au moment même où il devait dire : « Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais », bénit le puissant roi d’Égypte.

Voici maintenant un autre cœur qui a été broyé par les douleurs de la vie : une femme de la tribu d’Aser, fort avancée en âge, « veuve d’environ quatre-vingt-quatre ans ». Peut-elle attendre quelque chose dans ce monde où, si elle a eu quelque joie, sa joie a été si courte ! Les douloureuses amertumes ont été sa part. Combien de tristesses allons-nous lire sur son front ridé, maintenant qu’ayant enseveli ses plus chères affections, elle avance, courbée et d’un pas pesant, vers le terme prochain de sa vie ! Mais non, elle n’est pas triste ; elle est de ceux qui « attendent la consolation d’Israël » ; elle aussi est venue au bon moment dans le temple, et a vu « le petit enfant ». C’est dans le temple, qu’elle avait passé, en humble servante du Seigneur, la plus grande partie de sa vie de jeûnes et de prières. Ses jeûnes sont finis, ses prières exaucées ; elle aussi est heureuse. De quoi ? De la fidélité de son service, dont elle est satisfaite, direz-vous peut-être ? Non, pas un mot d’elle ne sort de sa bouche. Elle « louait le Seigneur, et parlait de lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance ». Louer le Seigneur, parler de Lui, quel privilège ! Que de choses nous-mêmes, si nous sommes remplis de l’amour de Christ, n’avons-nous pas à dire de Celui qui « s’est anéanti, abaissé, qui est devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » !

Jusqu’ici, nous avons vu les anges, les bergers, Siméon, Anne, se réjouir d’une joie sans réserve, mais d’autres encore l’ont partagée : Élisabeth, Zacharie, Marie, ont le cœur rempli de ce « grand sujet de joie ». Comme Sara autrefois, Élisabeth a reçu la faveur de concevoir, par la miséricorde de Dieu, un fils en sa vieillesse ; son opprobre parmi les hommes est ôté. Ce fils doit occuper une place distinguée au milieu du peuple. Il sera pour elle et Zacharie « un sujet de joie et d’allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance ; car il sera grand devant le Seigneur, et il ne boira ni vin, ni cervoise ; et il sera rempli de l’Esprit Saint déjà dès le ventre de sa mère. Et il fera retourner plusieurs des fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu. Et il ira devant sa face dans l’esprit et la puissance d’Élie, pour faire retourner les cœurs des pères vers les enfants, et les désobéissants à la pensée des justes, pour préparer au Seigneur un peuple bien disposé ». Il y a là de quoi remplir de joie le cœur d’un père et d’une mère ; mais à cause de son incrédulité, Zacharie est rendu muet, jusqu’à ce que soit accomplie la parole qui lui a annoncé cette bonne nouvelle. Il peut alors se réjouir avec Élisabeth. Et quand il ouvre la bouche, rempli de l’Esprit Saint, il prophétise en célébrant la bonté et la grâce du Dieu d’Israël qui a visité et sauvé Son peuple. Le thème de sa louange n’est pas son propre fils, mais un autre : le petit enfant qui bientôt sera emmailloté et couché dans une crèche à Bethléhem ; c’est Lui qui est suscité comme « une corne de délivrance dans la maison de David, son serviteur, selon ce qu’il avait dit par la bouche de ses saints prophètes, qui ont été de tout temps… ». Quant au fils qui lui est né, ce n’est pas lui qui est cette « corne de délivrance », quoiqu’il doive être « grand devant le Seigneur » par la position que la grâce lui a faite : « Tu seras appelé prophète du Très-haut, car tu iras devant sa face pour préparer ses voies, pour donner la connaissance du salut à son peuple dans la rémission de leurs péchés, par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, selon lesquelles l’Orient d’en haut nous a visités, afin de luire à ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix ». Un seul peut établir et assurer toutes ces bénédictions à jamais, non pas le fils de Zacharie, mais Celui dont l’ange va bientôt dire aux bergers : « Je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple ; car aujourd’hui, dans la cité de David, vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur ». Zacharie se réjouit en lui par le Saint Esprit ; Élisabeth en fait autant. Quand Marie vient vers elle dans les montagnes, Élisabeth reconnaît en elle la mère de son Seigneur.

Marie elle-même, par la faveur de Dieu, vase d’une telle bénédiction, humble servante du Seigneur, qui, par la puissance du Saint Esprit, a reçu la grâce de concevoir, puis de mettre au monde l’enfant de Bethléhem, que dit-elle ? « Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit s’égaie en Dieu, mon Sauveur ». Elle appelle Dieu, son Sauveur. La grâce seule peut mettre ces paroles dans la bouche d’une créature humaine, qui la connaît, qui en jouit : « Car il a regardé l’humble état de son esclave. Car voici, désormais toutes les générations me diront bienheureuse ; car le Puissant m’a fait de grandes choses, et son nom est saint ; et sa miséricorde est de générations en générations sur ceux qui le craignent ». La grâce dont elle est l’objet l’abaisse à ses propres yeux, parce qu’elle s’est abaissée jusqu’à elle ; Élisabeth appelle Marie bienheureuse, parce qu’elle a cru le message de l’ange ; Zacharie n’avait pas cru, et en a porté la peine. Marie elle-même peut dire maintenant : « Toutes les générations me diront bienheureuse, car le Puissant m’a fait de grandes choses ». Son cantique rappelle les promesses faites aux pères et dont elle célèbre l’accomplissement. L’aurore de la bénédiction d’Israël lui apparaît. Qui donc accomplira toutes ces grandes choses dont elle parle ? Elle sait que l’enfant qu’elle va mettre au monde sera « grand et sera appelé Fils du Très-haut ; et le Seigneur lui donnera le trône de David, son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume ». Est-il étonnant qu’elle se réjouisse ?

Oui, il n’y a que la grâce, la connaissance de Jésus, la connaissance de Dieu en Jésus, pour mettre le cœur en paix et le rendre heureux, pleinement heureux ! Cher lecteur, êtes-vous heureux ? Tous ceux-ci l’étaient, et qu’est-ce qui faisait leur joie ? Jésus.

Mais pourquoi eux seuls ; pourquoi tout le peuple ne se réjouit-il pas avec Élisabeth, Zacharie, Marie, Siméon, Anne, les bergers et les anges ? Le messager céleste n’avait-il pas dit aux bergers : « Je vous annonce un grand sujet de joie qui sera pour tout le peuple » ? De quelle manière les hommes répondent-ils à l’étendue de la grâce et de l’amour de Dieu envers eux tous ? Chose triste à constater : Parlez-leur philosophie, histoire, géographie, astronomie, mathématiques, politique, etc. ; parlez-leur des découvertes, du progrès de l’esprit humain dans tous les domaines, les hommes s’en passionnent. Parlez-leur du petit enfant de Bethléhem, vrai sujet de joie, ils n’en veulent rien savoir. Cependant « ses origines sont d’ancienneté, dès les jours d’éternité » (Mich. 5, 2). « Son royaume est un royaume éternel qui ne passera point à un autre » (Dan. 7, 14 et 27). Il est « le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs » (Apoc. 19, 16). Il a d’autres gloires encore que je ne puis décrire toutes. La Bible entière est remplie de Lui, du commencement de la Genèse à la fin de l’Apocalypse. Le Saint Esprit nous dit : « Si toutes les choses que Jésus a faites étaient écrites une à une, je ne pense pas que le monde pût contenir les livres qui seraient écrits » (Jean 21, 25). Mais qui s’intéresse à Lui ; qui s’occupe de Lui ? Est-il grand, de nos jours, le nombre de ceux qui attendent Sa venue ? N’est-il pas aussi restreint que l’étaient ceux qui attendaient autrefois « la consolation d’Israël » ? Ce que Jésus a dit à Ses disciples, au moment de Son départ : « Je m’en vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14, 2-3), occupe-t-il beaucoup de cœurs ? Désire-t-on Le voir, être avec Lui ? À la fin du livre qui clôt la révélation de Dieu, Il dit : « Oui, je viens bientôt » (Apoc. 22, 20). Pouvez-vous, vous-même, dire : « Amen ; viens Seigneur Jésus » ?

Comme autrefois, Dieu, dans Sa grâce, avait dirigé le cœur de quelques-uns d’entre Son peuple vers cette espérance bénie annoncée par les prophètes, et, sur le point de s’accomplir, il en est de même aujourd’hui où l’aube de la venue de Jésus semble poindre à l’horizon. Le cri de minuit : « Voici, l’Époux vient ! » s’est fait entendre et a réveillé bien des cœurs. Êtes-vous de ce nombre ? Le monde va son train ; l’église professante croit s’acheminer vers un avenir meilleur pour la terre ; elle a dit en son cœur : « Mon maître tarde à venir » ; elle organise le monde pour un long temps de prospérité en l’absence du Seigneur ; mais manger et boire avec les ivrognes, battre les serviteurs et les servantes, ne peut certes pas convenir au Maître. Le cri : « Voici l’Époux vient », a été accompagné de cet appel : « Sortez à sa rencontre ! ». N’est-Il pas digne que vous abandonniez tout pour aller à Lui ? Vous dites peut-être : Je ne crains pas de mourir, j’ai le pardon de mes péchés ! Très bien ; mais telle n’est pas ma question. Je demande : Attendez-vous Jésus ? Êtes-vous sorti à Sa rencontre ? Seriez-vous bien heureux de Le voir ? L’âme qui L’attend empruntera ces paroles du psaume 130 : « Mon âme attend le Seigneur, plus que les sentinelles n’attendent le matin, que les sentinelles n’attendent le matin ! » (v. 6). Tout est joie à la venue de Jésus, pour ceux que la grâce a préparés pour L’attendre. Quel bonheur de voir Celui dont il est dit : « Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ». Nous savons « qu’il verra du fruit du travail de son âme et sera satisfait » (És. 53, 11). Il se présentera à Lui-même, l’assemblée « glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable » (Éph. 5, 27). Quelle joie pour Lui de l’avoir auprès de Lui ! Quelle joie pour elle d’être avec Lui pour toujours, car nous serons toujours avec le Seigneur !

Maintenant les siens L’attendent au milieu de la nuit sombre et froide de ce monde qui L’a dédaigné, méprisé, couvert de honte et d’opprobre, cloué au bois maudit ; car le monde n’a pas voulu, ni ne veut de Lui. C’est ce même Jésus qui a dit : « Moi, je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin ». — « Et l’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ». Et que celui qui entend dise : « Viens ». Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22, 16-17). Si vous ne pouvez dire : « Viens », vous unissant à la voix de l’Esprit et de l’Épouse, écoutez l’invitation : « Et que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie ».

Écoutez encore le mot : « Aujourd’hui », et que Dieu vous donne de ne pas répondre : « Demain », car cela pourrait vous être fatal. Aujourd’hui, Jésus se présente encore à vous comme Sauveur. Demain, c’est le jugement. Aujourd’hui, le Saint Esprit dirige les affections du racheté vers Jésus qui vient, afin qu’il se réjouisse dans l’assurance d’être bientôt avec Lui, et de pouvoir dire sans faiblesse, avec tous les bienheureux objets de l’amour de Christ : « À Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang ; et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père ; à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » (Apoc. 1, 5, 6).