Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 21

De mipe
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Le 28 décembre 1828

Dieu parle beaucoup de Ses richesses dans l’Écriture, comme si c’était trop pour Lui que de les contenir en Lui-même, et qu’Il eût besoin de les manifester. C’est pour cela qu’Il nous « a mis à part, qu’Il nous a préparés d’avance, qu’Il nous a choisis dès le commencement comme des vases de miséricorde », dans lesquels Il veut faire éclater les richesses de Sa grâce, par les richesses de Sa miséricorde maintenant, et par les richesses de Sa gloire plus tard. Qu’il est doux de penser que, puisque nous sommes des vases de miséricorde à cause du grand amour dont Il nous a aimés, nous avons la preuve qu’Il nous a mis à part pour manifester en nous les richesses de Sa gloire !

Par nature nous sommes des vases de colère disposés pour la perdition ; mais Dieu nous ayant délivrés de la colère en la déchargeant sur la tête de Jésus, et ayant mis Jésus dans nos cœurs, il n’y a plus pour nous que compassion et miséricorde. Combien la pensée que tel a été le but de Dieu, devrait nous préserver des doutes ! Plus Il donne, plus la grâce abonde par-dessus le péché, et plus Ses richesses en gloire seront éclatantes. Sa grâce n’a-t-elle pas surabondé envers nous ? Nous avons été prédestinés, appelés, justifiés et glorifiés en Lui ; tous nos péchés nous ont été pardonnés ; nous avons été vivifiés, fortifiés, « réengendrés pour une espérance vivante, pour un héritage incorruptible, sans souillure et inflétrissable » ; « nous avons été rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints dans la lumière » ; notre portion c’est « Christ en nous » ; toutes choses travaillent ensemble pour notre bien ; la toute-puissance fait un défi à tous nos ennemis ; notre bouclier s’est interposé entre l’âme rachetée et le destructeur : « l’Éternel passera par-dessus la porte, et ne permettra point que le destructeur entre dans vos maisons pour frapper » (Ex. 12, 23). « Comme les oiseaux volent au-dessus de leur nid, ainsi l’Éternel des armées garantira Jérusalem, la garantissant et la délivrant, passant outre et la sauvant » (És. 31, 5). Il étend ses ailes de chérubin, les ailes de Son alliance d’amour, la quadruple présence des quatre plus excellentes créatures (Éz. 1 et 10) : le bœuf, le premier des animaux domestiques ; l’homme, le premier être de la création ; le lion, le premier des animaux sauvages ; et l’aigle, le premier des oiseaux, tous unis en un seul corps, et étendant leurs ailes. Ces chérubins dirigeaient les roues de la providence avec une sagesse infinie, car tout leur corps, leur dos, leurs têtes, leurs ailes et les roues étaient remplis d’yeux tout autour ; ce sont là, dit le prophète, les êtres vivants que je vis auprès du fleuve Kebar. Nous avons une description de cette vision dans le premier chapitre d’Ézéchiel, et là elle est appelée la vision de la représentation de la gloire de l’Éternel. Le bœuf peut représenter le Père ; le lion et l’homme réunis peuvent représenter le Fils prenant notre nature et l’unissant à la nature divine ; et l’aigle peut représenter l’Esprit étendant Son influence sur toute l’œuvre de Dieu. C’était là la figure mystique placée dans le saint des saints au-dessus de l’arche. Et les chérubins abaissaient leurs regards sur le propitiatoire qui manifestait la mort et la résurrection du Sauveur, lorsque le souverain sacrificateur faisait son service, au grand jour de l’expiation. Ainsi nous voyons que l’expression demeurer sous les ailes du chérubin, signifie qu’on est sous les soins d’un Père, d’un Dieu réconcilié en Jésus Christ, où l’on est en sûreté parfaite et où l’on jouit d’une bénédiction céleste ; et à cela se joint la douce promesse « qu’Il accomplira toute la bienveillance de sa bonté et l’œuvre de la foi avec puissance », « afin que nous soyons des vases à honneur et bien utiles au Maître », « et que dans les siècles à venir Il fasse voir la surabondante richesse de sa grâce, par sa bonté envers nous », « quand Il sera venu pour être glorifié dans ses saints ». Christ glorifié en nous ; nous glorifiés en Lui ! Et comprenons-nous bien ce mot gloire ? Il est entièrement au-dessus de toutes mes conceptions, et rien autour de moi ne peut m’en donner une idée. Quelles créatures merveilleuses nous sommes ! de frêles vases de terre, mais des vases qui ne sont point brisés par les coups multipliés de la tribulation. Et cependant nous ne sommes point cachés ; nous sommes, au contraire, exposés aux regards des hommes, des anges et des démons, à la louange de la gloire de la grâce de Celui qui nous soutient par Sa force toute-puissante. Et assurément Il ajoute beaucoup encore à la gloire de Son abondante miséricorde et à la manifestation des richesses de Sa bonté, de Sa patience et de Sa longue attente, Lui qui veut ainsi garder Ses vases de miséricorde, sans permettre qu’ils se découragent, jusqu’à ce qu’Il les introduise en Sa présence comme plus que vainqueurs ! Quelle espèce de vase aimeriez-vous le mieux être ? Vase d’or, ou d’argent, ou de bois, ou de terre ? Il me semble que plus la matière est grossière, mieux on voit l’habileté de l’ouvrier qui la façonne pour l’usage du roi.

Il m’est venu une pensée toute nouvelle au sujet du livre de Job, que j’ai lu dernièrement au culte de famille, mais seulement quand je suis arrivée au dernier chapitre. Quoique je ne me rencontre avec aucun commentateur, je ne puis m’empêcher de croire que cette histoire ne soit un type de celle du peuple juif. Les aventures d’un seul individu ne peuvent être destinées, il me semble, à occuper tous les siècles. Une épouse aussi tendre que l’Église ne saurait prendre plaisir à s’entretenir continuellement avec son bien-aimé, des aventures et des sentiments d’un étranger, quand elle a à exprimer la plénitude débordante de ses propres sentiments. Nous n’aurions pas aimé que David eût invité toutes les générations subséquentes à ne faire résonner leurs instruments que pour le chanter lui seul. Il me paraît que le Seigneur a souvent fait passer Ses prophètes par des circonstances propres à expliquer les choses obscures qu’Il leur faisait proférer, quoique une telle explication ne fût qu’un voile sombre au travers duquel il était difficile d’apercevoir les mystères qui se trouvaient au-delà. Mais nous qui avons la lumière de l’évangile, nous pouvons pénétrer dans les plus sombres retraites de la providence et de la grâce, et trouver au-delà de chacune d’elles notre Emmanuel.

Et assurément il n’y a que la sagesse divine qui puisse, comme dans le livre des Psaumes et dans celui de Job, exprimer tout à la fois la situation et les sentiments de l’écrivain, du Seigneur, de Son Église, et de chaque croyant en particulier, jusqu’à la fin du temps. Ne trouvez-vous pas que ce qui nous est dit du retour de Job au bonheur, coïncide d’une manière frappante avec les promesses relatives à l’Église ? Les reproches dont les chrétiens accablent l’Église affligée, ne sont-ils pas semblables à ceux que Job recevait de la part de ses amis, quand ils affirmaient qu’il était rejeté pour toujours à cause de ses péchés ? Et les prétentions continuelles des Juifs ne sont-elles pas les mêmes que celles de Job dans ses discours à ses amis ? Ils soutiennent, comme lui, qu’ils ne sont pas des pécheurs dignes d’être rejetés ; les moqueries des hommes n’ont pu en rien les humilier ; ils affirment avec hardiesse qu’ils ne sont pas punis à cause de leurs péchés ; Dieu leur a envoyé successivement divers serviteurs, et enfin Il leur a envoyé Son Fils unique, mais jamais ils n’ont voulu s’humilier ; ils ont repoussé toutes Ses exhortations et ils les repousseront encore, jusqu’à ce que Dieu paraisse et qu’Il prenne lui-même sa cause entre Ses mains.

Alors l’humiliation sera le premier sentiment de leurs cœurs à l’égard de Dieu : « Ils regarderont vers Celui qu’ils auront percé, et ils en mèneront deuil » ; alors ils diront : « J’avais ouï de mes oreilles parler de toi ; mais maintenant mon œil t’a vu ; c’est pourquoi j’ai horreur d’avoir ainsi parlé, et je m’en repens sur la poudre et sur la cendre ». Alors on connaîtra que les pensées de Dieu à leur égard ont été « des pensées de paix, et non pas d’adversité, pour leur donner une fin telle qu’ils l’attendaient ; alors ils l’invoqueront, et ils le prieront, et Il les exaucera » ; « alors on verra la fin du Seigneur ; parce que le Seigneur est abondant en compassions et miséricordieux ».

Ce qui me fait penser qu’Élihu représente Christ, c’est 1° que le nom d’Élihu veut dire : Il est mon Dieu ; 2° qu’il dit qu’il est pour le Dieu fort ; 3° que lorsque Dieu commande à Job, au chapitre 42, 8, de prier pour ses amis, afin que leur folie puisse être pardonnée, il n’est pas fait mention d’Élihu, comme s’il n’en eût pas eu besoin. Maintenant si vous trouvez qu’il en vaille la peine, veuillez examiner ces divers parallèles ; Dieu est contre ceux qui contestent avec Job (Soph. 2, 8-11 ; És. 51, 22, 23). Au chapitre 42, 8, nous voyons que Job est en bénédiction à ses ennemis (Zach. 8, 13 ; Éz. 34, 26 ; És. 66, 21). Il parlait droitement en ce qu’il n’était point rejeté. Au verset 9, il est dit que Job fut exaucé (Jér. 30, 17-20 ; Éz. 20, 40-42 ; És. 65, 18-19). Le verset 11 nous apprend que Job est enrichi par ses amis qui viennent à lui lorsque la prospérité lui est rendue (És. 60, 1, 10, 12, 13). Par la bénédiction du Seigneur, qui est celle qui enrichit, il reçoit le double de ce qu’il avait auparavant (És. 40, 1-2 ; Mal. 3, 10-12 ; És. 51, 11 ; 60, 14). Il nous est dit, au verset 15, qu’il donna un héritage à ses enfants (Ps. 45, 16). Il y a aussi quelque chose de remarquable dans le nom des filles de Job ; Jémima signifie le jour ; Ketsia, casse agréable, ou excellentes épices ; Kéren-Happuc, beauté. Dans le jour qui est appelé d’une manière emphatique le jour du Seigneur, Il descendra dans Son jardin, au milieu de Ses plantes aromatiques, et l’aspic rendra son odeur par l’efficace de Sa présence (Cant. 1, 12) ; alors Il dira à la fille de Jérusalem : « Tu es toute belle, mon amie, et il n’y a point de tache en toi » (Cant. 4, 7). Lorsque Job eut été rendu à son premier état, il vécut encore longtemps (És. 65, 20). Enfin nous voyons, verset 17, que la bénédiction dont parle Éliphaz (chap. 5, 17-27), comme appartenant au juste affligé, fut le partage de Job.

Dites-moi ce que vous pensez de tout cela. Peut-être me répondrez-vous : Vous avez rempli toute votre lettre de choses qui ne me sont pas applicables. « Oui, Seigneur ! toutefois les petits chiens mangent sous la table les miettes des enfants ». Oh ! combien de miettes de consolations, préparées pour les enfants, ne pouvons-nous pas ramasser pour nous nourrir, nous qui sommes les petits chiens ! Mais il faut que je termine ; j’espère que vous serez contente de la longueur de cette lettre, si toutefois vous n’en êtes pas fatiguée. Je serais heureuse d’être pour vous un ruisseau de consolations, et de contribuer à l’accomplissement du désir du Seigneur, qui est que votre paix coule comme un fleuve pour se vider dans l’océan de Sa gloire ! Assurément s’il nous était accordé d’être un petit ruisseau de consolations pour quelque enfant de Dieu dans l’affliction, et une seule goutte d’eau dans l’océan de sa gloire, nous n’aurions pas vécu inutilement.

Ce qui vous arrive au sujet de votre école est fort triste, mais c’est un bien d’être éprouvé pour la cause de Dieu. Lisez Ésaïe 40, 28-31, et considérez les rapports qui existent entre les possessions de Jéhovah et ce qui est promis à Ses enfants qui s’attendent à Lui. Qu’Il est bon de nous enseigner à Lui montrer notre amour ! « Si vous m’aimez, gardez mes commandements ». En effet, l’amour doit nécessairement faire connaître ce qu’il éprouve à celui qui en est l’objet. Que notre foi soit telle qu’elle puisse saisir les promesses et les tenir serrées dans sa main ! Que l’ami céleste se montre sans cesse à votre âme, et vous fasse parvenir Sa lumière, même au milieu des circonstances en apparence les plus propres à l’intercepter complètement ! Puissiez-vous faire de plus en plus chaque jour l’expérience qu’il y a suffisamment en Jésus pour satisfaire à tous vos besoins, quels qu’ils soient et quels qu’ils puissent être ! Et si vous sentez qu’il y a des profondeurs cachées au-dedans de l’iniquité, rappelez-vous qu’il y a aussi dans l’amour de Jésus des profondeurs que votre œil n’a jamais encore vues, que votre oreille n’a jamais encore entendues, et qui jamais ne sont même montées à votre cœur. « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de toute paix dans la foi, pour que vous abondiez dans l’espérance, par la puissance de l’Esprit Saint ! ».

Votre sincèrement affectionnée

T.A. Powerscourt